Et si les Français n?avaient plus seulement une voiture dans la tête ? Ce titre très évocateur est celui d?un ouvrage à paraître au Certu dans un mois Certes, la voiture est toujours jugée pratique par 20 % de ceux qui l’utilisent tous les jours. Mais elle n’est plus la seule, les transports publics la talonnent à 18,3 %. Elle garde aussi une image majoritairement positive, à 57 % en moyenne, « mais moins qu’auparavant », souligne Jean-Marie Guidez, expert en mobilité au Certu. Et plus notable, l’image des transports collectifs (TC) comme celle du vélo deviennent très largement positives avec respectivement 54 % et 63 %. « De plus, une part non négligeable des citadins, un tiers, affirme avoir une image négative de la voiture, poursuit-il. Les Français envisagent les différents modes de transport selon les lieux, les heures et motifs de déplacements. » Pour preuve, le fait que la proportion d’utilisateurs que le Certu a baptisé les « comparateurs de temps », c’est-à-dire ceux qui choisissent indifféremment l’un ou l’autre mode en fonction du temps de trajet, augmente. « Ils étaient 27 % en 1994 et 36 % en 2001 à Grenoble ; 16 % en 1994 et 19 % en 2003 à Toulouse. » De plus, durant la même période les « automobilistes exclusifs » ont baissé de 4 % à Grenoble et de 10 % dans la Ville rose, passant de 36 à 26 %.
Il subsiste toutefois quelques ambiguïtés dans l’esprit des Français. Ainsi, par exemple, les transports publics sont-ils qualifiés tout à la fois d’économiques et de chers ! Une preuve de plus que la tarification actuelle n’est pas claire ? « La limite est fragile. Les débats actuels sur la pédagogie ou l’antipédagogie de la gratuité, pratiquée dans une quinzaine de réseaux, et de la pseudo-gratuité avec des titres uniques à 1 € sont parfaitement légitimes », commente Jean-Marie Guidez. Excepté le qualificatif de « pratique » cité spontanément pour les trois modes, les qualités et défauts pointés en premier pour chaque mode sont assez significatifs. La voiture ? rapide, polluante et chère. Les transports en commun ? économiques, chers et lents. Le vélo ? écologique et dangereux ! A noter que presque systématiquement « les usagers fréquents survalorisent les qualités du mode de transport qu’ils utilisent, les non-utilisateurs survalorisant ses prétendus défauts, c’est une manière de rationaliser ses choix… », poursuit-il. Bref, plus que jamais, il faut selon Jean-Marie Guidez donner dans « la communication et la pédagogie sur la vérité des coûts des transports collectifs ».
L’expert en mobilité a voulu savoir si les efforts d’investissements ou de communication menés par différentes villes avaient fait évoluer l’image des trois modes. Pas si simple. Mais un classement des villes selon la part de la population qui dit avoir une image positive de la voiture et en même temps négative des transports en commun est un bon indicateur. En tête, Besançon et Montpellier avec 39 %, suivies du Mans (40 %) ; en queue de peloton, Belfort avec 61 %, Pointe-à-Pitre (60 %). A mi-chemin, Lille (49 %, pénalisée par sa multipolarité) ou Brest (48 %). Encore un résultat qui ne doit rien au hasard si l’on pense aux politiques menées localement. « Ceux qui restent à convaincre d’une approche plus équilibrée des modes varient dans une fourchette importante, de 40 à 60 %, ce n’est pas rien comme marge de manœuvre ! », en déduit-il. Et ce n’est toujours pas un « hasard » si l’on retrouve presque le même « classement » quand on s’intéresse aux facilités de stationnement sur le lieu de travail. « C’est la preuve absolue qu’il ne faut en aucun cas dissocier les politiques TC et stationnement. Ne jouer que sur les transports, c’est jeter son argent par les fenêtres », assène-t-il.
Et puisqu’il faut bien trouver « une morale à l’histoire », l’expert du Certu conclut qu’on est « au pied du mur ». Plus d’alternative, « sauf à souhaiter la démobilité par la congestion ». Il propose de s’orienter vers la « ville fiable : celle où l’on ne promet plus d’aller du point A au point B en voiture, mais qui utilise toute la palette des outils (tram, Vélib’, etc.) pour nous promettre qu’on sera à l’heure au rendez-vous ».
Cécile NANGERONI
Il y a 14 années
Il y a 14 années