C'est confirmé. « Le 23 novembre la Normandie va commander, avec de l'argent qui vient de l'Etat, soit 720 millions d'euros 40 nouveaux trains pour changer les Corail qui existent aujourd'hui sur les lignes Paris – Rouen – Le Havre et Paris – Caen – Cherbourg », a déclaré Guillaume Pepy, président de la SNCF, en déplacement à Rouen.
« Les Corail ont 40 ans et sont obsolètes. Les nouveaux trains arriveront fin 2019 », a-t-il ajouté au cours d'un débat avec des décideurs sur le thème de la mobilité.
Le parc de 40 rames permettra de reprendre en partie les liaisons Paris – Rouen – Le Havre et la totalité des Paris – Caen – Cherbourg.
Les rames Omneo Premium sont une déclinaison de type intercités de la plate-forme à laquelle appartiennent aussi les Regio 2N.
Dans la version destinée à la Normandie, « le diagramme proposé est pour une rame de dix caisses, soit 135 m, avec quatre bogies moteurs, ce qui permet d’atteindre 200 km/h avec des performances d’accélération meilleures qu’un Corail ou un TGV », précise Vincent Pouyet, directeur Commercial, Bombardier. « Question temps de parcours, on gagne un peu sur la traction et beaucoup aux arrêts par rapport au Corail. » Avec une ou deux minutes gagnées par arrêt, le temps de parcours serait ainsi diminué de 10 minutes sur Paris – Cherbourg. « Les temps d’arrêt très réduits vont nous faire gagner plus qu’une accélération de 1 m/s2 », précise Benoît Gachet, directeur Produits et Marketing Bombardier. Car comme dans les autres trains de la gamme Omneo, l’accessibilité depuis le quai joue un rôle majeur : « Nous avons fait des études avec des universités françaises sur les temps d’échanges, qui ont montré que rentrer de plain-pied comme sur un Regio 2N est plus efficace. »
« Il y a aussi eu un travail sur les bagageries, sur le comportement des voyageurs. Il vaut mieux une bagagerie ni trop loin de là où l’on est assis, ni trop près des portes pour éviter le blocage des flux. C’est ainsi que nous avons étudié le Premium, avec de larges couloirs qui permettent de passer de gros bagages », indique Benoît Gachet. Et Vincent Pouyet ajoute que les voyageurs disposeront d’un espace aux dimensions des bagages « avion » sous les sièges. « Sur cette version, on est à 430 places assises. Bien sûr, il y a une première classe en 2+1, avec des pas de sièges très généreux : 2 050 mm en vis-à-vis en première classe et 1 900 en deuxième classe. Avec un siège de la classe Eurostar ou Thalys, que ce soit fonctionnellement ou dimensionnellement. Et comme avec 3 m de largeur de caisse, on dispose de plus d’espace, nous sommes arrivés à mettre deux accoudoirs entre les sièges de deuxième classe, ce qui est rarement possible ! »
L’essentiel des places assises se retrouvera dans les caisses longues à deux niveaux. « Sur les caisses courtes, nous avons conservé les deux portes par côté, dont la largeur a été légèrement réduite (ouvertures de 1 300 mm au lieu de 1 600 mm). Selon les véhicules, on a intégré soit deux toilettes, soit un espace vélos et un espace distributeurs de boissons. Ces parties qui assurent les échanges et réunissent les espaces fonctionnels sont isolées par des portes de salle des parties pour les voyageurs », résume Vincent Pouyet.
Ces portes de salle différencient nettement la version intercités du Regio 2N, destiné aux TER. « Alors que les TER sont des trains pour habitués, le Premium sera un train qui permettra de réserver sa place. Il fallait donc rendre ces dernières visibles, ce que l’on obtient avec ce diagramme », souligne Benoît Gachet. Vincent Pouyet précise les différences avec la version régionale : « Le siège intercités est équipé d’une liseuse et l’éclairage est complètement assuré par LED, ce qui permet de régler l’intensité. Les revêtements sont un peu plus "nobles" que les surfaces brillantes antigraffiti, avec de la moquette plutôt que du lino, ce qui absorbe les bruits et les vibrations. Il s’agit de créer une ambiance "cosy", de la qualité perçue, avec demi-cloisons dont le revêtement rappelant le bois donne un peu de cachet. » Bref, on monte en gamme, même si, à part la dimension et le matériau des sièges, il n’y a pas de grande différence entre les deux classes. Ces sièges intégreront un porte-objet, une tablette, ainsi qu’une poubelle qui pour une fois ne prendra pas trop de place, tout en restant accessible. Et non seulement chaque voyageur disposera d’une prise électrique comme dans la plupart des trains mis en service ces quinze dernières années, mais une prise USB sera également intégrée au siège. Ce dernier indiquera également, sur une poignée côté couloir, la réservation des places de la rangée.
Les personnes à mobilité réduite bénéficieront d’un emplacement dans la voiture UFR de première classe avec toilettes universelles et places d’accompagnants, à proximité immédiate de la cabine du conducteur et du local ASCT, avec bouton d’appel d’urgence.
Si l’Omneo Premium doit également intégrer les systèmes d’information voyageurs les plus récents, il innovera en offrant le Wi-Fi. Ce qui ne sera pas aussi simple et aussi bon marché à installer que dans un bus, reconnaît Benoît Gachet.
Avec l’Omneo Premium, « il s’agit de trouver le bon compromis entre la capacité et le niveau de confort, résume Vincent Pouyet. Une rame, c’est 430 places. En UM2, c’est 860 places, voire plus de 900 avec les strapontins : de quoi remplacer un Corail de dix caisses (720 places), avec un meilleur niveau de confort. »
P. L.