Près de 160 milliards d’euros en 2016 : le marché de l’industrie ferroviaire a atteint un sommet en 2015. La croissance au cours de la dernière période, 2013-2015, par rapport à 2011-2013 a été de 3 %, encore mieux que prévu (2,7 %). La croissance devrait se poursuivre à un rythme très proche, pour atteindre un volume de 185 milliards d’euros en 2021. C’est ce qu’établit la sixième édition de l’étude World Rail Market Study, réalisée pour le compte de l’Unife par Roland Berger, et présentée lors d’Innotrans, le 20 septembre à Berlin. Le matériel roulant (57,3 milliards) et les services (61,4 milliards) ont représenté ensemble 72 % du marché total. Le matériel roulant a crû de 5,8 %, la signalisation suivant de près, avec 4,9 %, secteur dans lesquels ERTMS et CBTC continuent à jouer un rôle de premier plan. Les infrastructures ne sont pas à la traîne. Au cours des deux dernières années, 26 000 kilomètres de voies ont été construits, surtout dans le transport urbain et la grande vitesse, portant le réseau ferroviaire mondial à plus de 1,6 million de kilomètres de voies. C’est avant tout dans la zone Asie-Pacifique que les nouvelles lignes ont été réalisées, notamment en Inde et en Chine. La Chine a réalisé 6 200 km de voies à grande vitesse en deux ans… Et, comme, dans le monde, 40 % des voies sont électrifiées, l’électrification représente pour la suite un marché considérable.
Pour les cinq prochaines années, les experts tablent sur une croissance de 2,6 % par an. La plus forte croissance est attendue dans le transport urbain, cependant qu’en valeur absolue, la demande sera la plus forte dans le transport régional et en longue distance. Le rythme de croissance le plus élevé est attendu en Europe occidentale (3,1 %), devant l’Afrique et le Moyen-Orient (3 %), l’Europe orientale (2,8 %), l’Asie-Pacifique (2,6 %), l’Amérique latine (2,3 %), l’Amérique du Nord (2,2 %), la zone CEI fermant la marche avec 0,9 %.
Croissance forte et solide dont se réjouissent évidemment les industriels. Henri Poupart-Lafarge, par exemple, se demande quel type d’activité bénéficie aujourd’hui d’une telle croissance continue. Un bémol toutefois. La part de marché accessible a décliné dans le monde, pour passer au cours des deux dernières années de 68 % à 63 %. C’est le cas « particulièrement de certains marchés asiatiques qui se ferment progressivement aux fournisseurs étrangers », souligne Philippe Citroën, directeur général de l’Unife.
A côté de la Chine (qui se referme progressivement), le Japon (jamais ouvert) pose un autre problème. Les auteurs de l’étude mettent en exergue la part microscopique de marché réalisée par des industriels étrangers dans le matériel roulant au Japon : 0,25 %.
Certes, aujourd’hui encore, la moitié de la part de marché de l’industrie ferroviaire mondiale est réalisée par les industriels européens. Mais la position est fragile. Alors que certains marchés se ferment, le ferroviaire européen est, lui, de plus en plus libéralisé, et l’expansion des fournisseurs extra-européens est de plus en plus forte. D’où un appel de l’Unife à des actions plus vigoureuses des instances européennes. Appel qui s’inscrit évidemment dans la continuité de la résolution sur l’industrie ferroviaire votée en juin par le Parlement européen à l’initiative de la députée Martina Werner.
F. D.