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5 years experience in web development.

Ewa

RATP Dev renouvelée à La Roche-sur-Yon

CTY, filiale de RATP Dev, a remporté l’appel d’offres pour le contrat de délégation de service public pour la gestion et l’exploitation du réseau de transports de La Roche-sur-Yon (Vendée), à partir du 1er janvier 2017 et pour six ans. Ce réseau de transports urbains et à la demande dessert 13 communes de La Roche-sur-Yon Agglomération. « Sur les trois dernières années, le nombre de voyageurs a augmenté de 24 % alors que le nombre de kilomètres produits est resté maîtrisé, avec une évolution de 7 % », rappelle RATP Dev.

Ewa

Benoît Tiers prend la tête du digital à la SNCF

Benoît Tiers, directeur de la Transformation digitale de CMA CGM, rejoindra SNCF à partir du 12 septembre comme directeur général Digital & Systèmes d’information du groupe SNCF. Il succède à Yves Tyrode qui rejoint en septembre le groupe BPCE.
Benoît Tiers prend la tête d’une direction générale regroupant les responsabilités Digitales, Télécommunication et Systèmes d’information. Cette direction générale aura pour principale mission de mettre en œuvre de manière opérationnelle le programme #DigitalSNCF.
Benoît Tiers a commencé sa carrière dans l’informatique technique en 1983 chez Sogidec. En 1994, il prend la direction de l’activité exploitation/maintenance d’Euriware et assure à ce titre, le montage du contrat d’infogérance globale du site de Cogema-La Hague. En 2001, il est directeur général des opérations d’Euriware avant d’en devenir président-directeur général et parallèlement directeur de la Business Unit Conseil Systèmes d’Information de Cogema. En novembre 2005, Benoît Tiers est promu directeur des systèmes d’information d’Areva.
Il rejoint Sanofi en novembre 2009 pour prendre la direction de la technologie avant de devenir directeur de la transformation digitale de CMA CGM en mars 2014.

Ewa

Chine : la ligne 3 du métro de Chengdu entre en service

La phase une de la ligne 3 du métro de Chengdu, sur laquelle circulent 144 voitures de métro équipées des systèmes de traction d'Alstom, est entrée en service commercial le 31 juillet. Cette phase une, qui couvre plus de 20 km et comprend 17 stations, relie le nord-est au sud-ouest de Chengdu.
Construite en trois phases, la ligne 3 de Chengdu mesurera 50,4 km de long au total et comprendra 37 stations. Alstom a remporté plusieurs contrats qui prévoient la fourniture de systèmes de traction pour les 432 voitures de métro de cette nouvelle ligne, à savoir 144 voitures pour la phase une et 288 voitures pour les phases deux et trois, dont les essais devraient démarrer en 2018. Les systèmes de traction destinés à ces trois phases sont fabriqués par la coentreprise locale d'Alstom, Shanghai Alstom Transport Electrical Equipment Co. Ltd. (Satee) (1), en Chine, et par Alstom en France et en Belgique, les pièces étant fournies par Tarbes et les logiciels par Charleroi. Par l'intermédiaire de Satee, Alstom fournit son système de traction OptOnix, qui a été spécialement créé et développé pour le marché chinois.

(1) Créée en 1999. Alstom détient une participation de 60 %.

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« La SNCF fait très bien du TGV. Mais en zone dense… »

Yves Ramette

Entretien avec Yves Ramette, Président du pôle de compétitivité I-Trans Après toute une carrière à la RATP, Yves Ramette a rejoint en 2013 la SNCF et RFF, pour préparer le « gestionnaire d’infrastructure unique dans la région capitale », avant de devenir directeur général de SNCF Réseau, toujours en Ile-de-France. Le 1er avril 2016, il a passé le relais à Didier Bense. Membre de l’Académie des technologies, désormais conseiller du président de SNCF Réseau, il devient président du pôle de compétitivité I-Trans. Pour VR&T, il revient sur les exigences du mass transit dans la région capitale et sur la nécessaire transformation de la SNCF pour y répondre. Le processus est en cours mais le chemin est long.

 

 

Ville, Rail & Transports. Avant d’entrer à la SNCF, vous avez fait l’essentiel de votre carrière à la RATP. Qu’avez-vous constaté en changeant d’entreprise et en découvrant le réseau ferroviaire francilien ?
Yves Ramette. Ma première surprise en arrivant à la SNCF (Réseau IDF) a été l’état de vieillissement du réseau. Ce réseau francilien mérite beaucoup d’attention, selon les mêmes critères que j’ai connus à la RATP. Je ne parle pas de sécurité, mais des effets de la sollicitation du réseau et de la densité des circulations : le réseau doit être performant, en toutes circonstances, et assumer sa responsabilité sur la régularité.
Un deuxième sujet m’a interpellé immédiatement à propos de l’ingénierie de l’exploitation. On a un peu « abandonné » cette discipline. Je précise que je ne parle que de la zone dense. La SNCF fait très bien du TGV, il n’y a aucun doute. Mais la zone dense a manqué d’ingénieurs et d’exploitants en charge de promouvoir les nouvelles technologies de contrôle commande et de supervision de l’exploitation, la gestion des flux, l’information aux voyageurs, la formation des personnels comme la relation à l’innovation. Ces sujets de « mass transit » ont été sous-estimés ces dernières années.

VR&T. Est-ce dû à l’effort porté sur le TGV ?
Y. R. Peut-être. L’Ile-de-France peut s’interroger. Pas seulement l’Ile-de-France d’ailleurs, car il y a d’autres zones denses en France. Mais pour cette région qui transporte quotidiennement plus de trois millions de voyageurs, cette région où tout est plus compliqué en exploitation, alors oui, le retard pris lui est préjudiciable.
En Ile-de-France, il y a beaucoup d’endroits où on ne s’est pas réinterrogé sur les plans de voie qui font référence à des situations historiques figées. Il faudrait pouvoir dire : j’arrête l’exploitation de la gare de Lyon pendant un an et je refais le plan de voies pour le rendre plus performant… Mais ce n’est pas possible !
C’est vrai aussi de la maintenance du réseau. Quand on dit : la caténaire de la ligne C a cent ans, il faut la changer. On a raison, il faut le faire ! Mais qui accepte que la ligne C avec ses 600 000 voyageurs par jour soit fermée pendant six mois ? Personne ! Il faut donc trouver d’autres méthodes d’interventions pour intensifier et massifier les travaux de remise en état du réseau. Heureusement, le Stif, qui a compris le challenge auquel est confronté SNCF Réseau, nous a beaucoup aidés ces dernières années et continue de le faire. Les élus ont admis qu’il fallait intervenir autrement qu’on ne le faisait : disposer d’interruptions de circulation plus importantes, fermer des lignes les week-ends, les mois d’été, les vacances scolaires intermédiaires, et pendant de plus longues périodes les nuits, industrialiser nos interventions, innover dans nos partenariats industriels…

VR&T. Etat du réseau, retard de l’ingénierie, quel autre sujet d’étonnement ?
Y. R. Les systèmes d’exploitation ! C’est un sujet majeur ! Nos systèmes d’exploitation doivent être renouvelés et modernisés. Et doivent disposer pour être efficaces d’un réseau en bon état.
Sur le renouvellement des systèmes d’exploitation, trois décisions ont été prises : la première c’est de créer, comme à la RATP, des postes de commandement unifiés par ligne. C’est le cas prototype de « Denfert-Rochereau », sur la ligne B. Nous sommes partis d’un poste de commandement de la RATP, où nous avons installé, côte à côte, des responsables de la SNCF et de la RATP qui gèrent ensemble la ligne de bout en bout en partageant les décisions. Le RER E disposera, dans le cadre du projet Eole, d’un centre de commandement unifié pour gérer la totalité de la ligne, avec les agents de circulation, la relation à l’énergie électrique, les régulateurs. A terme, il y aura un PCC par ligne de RER. Après la ligne E, le prochain rendez-vous sera celui de la ligne D.

VR&T. Qu’en est-il de l’accord récent entre RATP et SNCF concernant le système d’exploitation Next ?
Y. R. Nous sommes montés d’un cran. C’est dans la continuité de l’accord de coopération avec la RATP sur le dossier Nexteo pour Eole… mais cela concernera maintenant tous les RER…
Il y a une troisième décision, dont je suis fier avec les équipes compétentes de la SNCF, qui prévoit la prise en charge de la supervision des circulations des RER au-delà des parties centrales gérées par Next. L’appel d’offres est en cours de dépouillement ! L’idée, c’est d’avoir une supervision de l’ensemble de la ligne, qui ira par extension successive. Cela commencera par le tronçon central avec le système Next, qui dispose de son propre outil de supervision. Le régulateur ou l’aiguilleur se concentreront sur la gestion des situations d’exploitation dégradées et ne perdront plus de temps à se focaliser sur ce qui est répétitif.
« PCC », « Next », « ATS », ces systèmes d’exploitation permettront à l’Ile-de-France de retrouver toute sa place et le meilleur niveau dans le mass transit mondial.

VR&T. Le déploiement du nouveau matériel, le futur RER 2N NG, va accompagner le renouvellement de l’infrastructure ?
Y. R. Oui, et il est aussi très important de ne pas manquer le rendez-vous entre le renouvellement du matériel roulant, la modernisation des infrastructures et la mise en œuvre des nouveaux systèmes d’exploitation. Le Stif est en train de revoir le schéma directeur du matériel roulant en IDF et il essaye d’accélérer les renouvellements des matériels roulants. Il faut que les nouveaux systèmes d’exploitation soient collés à ce planning. On ne peut pas implanter les nouveaux systèmes sur du matériel qui ne l’a pas prévu… Même s’il est récent comme le Francilien. A l’inverse, si le matériel est renouvelé trop tôt, le rendez-vous avec les nouveaux systèmes pourrait être manqué… et manqué pour cinquante ans ! C’est bien compris par les opérateurs, c’est bien compris aussi par le Stif.

VR&T. L’avance technologique de la RATP dans le mass transit est reconnue et vous vous y référez. Est-ce à dire que la SNCF est mauvaise ?
Y. R. Mais non ! La SNCF a son propre calendrier et ses plates-formes ferroviaires sont beaucoup plus compliquées dans les différentes composantes qu’à la RATP. La RATP, s’appuie sur un système fermé et dédié à un seul type de circulations, un système dédié. La SNCF est nationale ! Quand l’Ile-de-France tousse, Toulouse s’enrhume !
Sur 10 % du réseau du réseau ferré national, il s’écoule 70 % du trafic. Il faut faire des efforts pour améliorer la performance du réseau francilien ! Beaucoup d’efforts ! De plus, la SNCF a eu une relation historique avec RFF qui n’a pas aidé à la mise en perspective du système ferroviaire. Les deux entités se sont trop opposées et cela a fait perdre du temps et sans doute de l’argent… mais surtout a décroché ses ingénieurs des meilleures solutions à adopter pour disposer d’un système mass transit à la hauteur des ambitions légitimes des voyageurs du quotidien. Cela ne nous a pas mis sur les bonnes priorités au bon moment. C’est derrière nous ! Il faut profiter de la réforme du ferroviaire et de la prise de conscience partagée pour aller de l’avant !

VR&T. Les cheminots sont-ils formés pour relever ces nouveaux défis ?
Y. R. A la SNCF il y a beaucoup de professionnels de très haut niveau. Beaucoup de jeunes aussi qui sont prêts à relever les défis qui s’imposent à leur entreprise, en particulier ceux de la modernisation indispensable dans tous les sens du terme. C’est bien… cela booste ! Mais il y a provisoirement encore un manque d’expérience et de constance dans les décisions : la priorité aux voyageurs du quotidien doit être plus qu’un credo !
En Ile-de-France, peut-être plus qu’ailleurs il faut de la compétence, de l’expérience et de la fidélité au territoire…
Il ne faut pas se tromper ! Un créneau de perdu, ce sont des années de report… Les dirigeants de la SNCF d’aujourd’hui sont conscients de la responsabilité qui pèsent sur leurs épaules pour les années qui viennent et du degré de conviction qui s’impose sur les priorités.

VR&T. Mais le métro est tendu aussi.
Y. R. Dans le métro, il y a toujours une alternative proposée au voyageur : en cas de problème sur une ligne, comme il y a une station de métro dans paris intra-muros tous les 500 mètres, le voyageur peut poursuivre son trajet sans trop de dommages. Cette situation n’est pas possible avec le RER SNCF. Les lignes sont longues de plus d’une centaine de kilomètres, disposent de branches et vont au-delà de la région administrative. Le système est très complexe. C’est très remarquable de le faire fonctionner au plus près des conditions nominales tous les jours ! C’est un système très exposé physiquement et médiatiquement. Les cheminots doivent faire preuve de beaucoup de professionnalisme, de constance, d’initiative.

VR&T. Que leur manque-t-il ?
Y. R. Ce qui manque, c’est la relation à l’innovation et à la remise en cause, dans beaucoup de domaines comme la technologie, l’organisation, les méthodes d’intervention sur le réseau, l’utilisation du numérique comme soutien à la performance… C’est remarquable d’avoir des postes d’aiguillage des années 1930, une caténaire de 100 ans, des plates-formes de voies figées depuis de trop nombreuses années ou un système de signalisation qui date des années 1950. Cela veut dire qu’on a réussi à les faire tenir ! Mais il y a un moment où il faut remplacer tous ces équipements et moderniser l’exploitation. On ne peut plus attendre ! Et il faut que les décideurs, les techniciens et les exploitants de la SNCF soient tenaces…
La SNCF est capable de moderniser le réseau francilien ! On va avoir bientôt un exemple avec le PAI de gare de Lyon (le poste d’aiguillage informatique qui va remplacer un poste de 1930). Cela représente l’aboutissement d’un chantier quotidien qui aura duré cinq ans ! La bascule aura lieu le week-end du 17 mars 2017 !

VR&T. Et le management ?
Y. R. La grande maison SNCF a l’obligation se moderniser aussi dans son système managérial. La SNCF est restée sur une relation à caractère national, très pyramidale.
En Ile-de-France, on peut responsabiliser plus vite et plus intensément les acteurs de terrain compte tenu de la compacité du territoire et de la mise en œuvre récente d’un système managérial très décentralisé et responsabilisant.

VR&T. A-t-on réussi à enclencher le renouvellement de l’infrastructure ?
Y. R. Nous sommes sur le chemin du renouvellement des infrastructures en IDF : le bon niveau des investissements nécessaires compte tenu de l’état du réseau est évalué à 800 millions d’euros par an pendant au moins dix ans. Le temps du ferroviaire est un temps long. Les politiques l’ont compris.

VR&T. Il y a un mouvement amorcé par Jacques Rapoport, le prédécesseur de Patrick Jeantet à la présidence de SNCF Réseau, de confier aux entreprises privées des missions importantes. Traduction en Ile-de-France ?
Y. R. Nous avons donné la conception-réalisation à Thales pour la reconstruction du poste de Vitry. Ce type d’opération « clés en mains » est une première à la SNCF !
L’appel d’offres pour le renouvellement de la caténaire de la ligne C est de même nature : un appel d’offres « conception-réalisation ».
Pour Nexteo, nous avons même confié à Siemens la conception-réalisation et la maintenance sur une longue période.
Pour la suite rapide Ile-de-France qui sera l’outil industriel du programme de renouvellement « voie-ballast » des prochaines années, nous avons demandé aux industriels d’innover dans les processus de production et dans le matériel de travaux avec un contrat de réalisation sur plusieurs années…

VR&T. L’intervention si vaste des industriels n’est pas dans les mœurs de la SNCF.
Y. R. C’est vrai, mais il n’est pas question de transférer la maîtrise d’ouvrage de nos activités ! Le problème, c’est que la SNCF fait mais ne sait pas encore bien faire faire. Or, c’est aussi difficile de faire faire que de faire. Et cela amène à la transformation de certains métiers. Nous avons besoin d’un nouveau tissu industriel à nos côtés et nous accompagnerons le mouvement. C’est une question essentielle pour réaliser le programme de modernisation de notre réseau dans les meilleures conditions.

VR&T. Non sans résistances ?
Y. R. Là où c’est difficile, c’est quand on fait réaliser des chantiers par des entreprises qui manquent d’expérience dans le métier. Ces entreprises demandent des interventions plus importantes en soutien de notre part.
La SNCF doit apprendre à faire faire et les entrepreneurs doivent apprendre à faire dans des conditions qui correspondent à nos exigences. Nous sommes dans une dynamique positive, et nous n’avons pas le choix. Le plan de charge monte terriblement en IDF et c’est une chance !

VR&T. Comment la gravir sans contrat de performance avec l’Etat ?
Y. R. SNCF Réseau a une bonne stratégie industrielle. C’est plus facile d’avoir une relation industrielle renouvelée dans ces conditions, et c’est plus clair pour notre personnel aussi.

VR&T. Vous avez personnellement, à la RATP, contribué à préparer le métro du Grand Paris. A la SNCF, vous avez soutenu Eole et la rénovation du réseau. Pas de contradiction ?
Y. R. Le programme du Grand Paris a sa propre logique pour irriguer des territoires qui ne l’étaient pas jusqu’à présent. Je suis très fier d’y avoir participé. N’oublions pas que les ressources du Grand Paris sont des ressources en plus.
Pour Eole, la RATP et la SNCF étaient ensemble sur ce projet. C’est la deuxième liaison est – ouest dont toute la région a besoin ! Je me suis beaucoup investi pour « aller chercher avec les dents » le financement et je ne le regrette pas. Beaucoup m’ont aidé au premier rang desquels le préfet Carenco.
Suivront d’autres projets comme la TLN (Tangentielle Nord), le T4, le tram-train Massy – Evry, la TGO (Tangentielle Ouest), l’électrification de Paris – Troyes ou les aménagements de la ligne Massy – Valenton ouest. Tous ces projets vont se développer à partir de maintenant.

VR&T. Un peu trop, peut-être ?
Y. R. C’est beaucoup, c’est vrai mais ce sont les politiques qui décident. Et il y a un peu de compétition entre les projets. Peut-être faudra-t-il travailler sur le lissage. Mais il ne faut surtout pas interrompre les décisions qui ont été prises. Comme le mass transit a un bel avenir en Ile-de-France, les projets franciliens sont importants pour les conditions de transport offertes par la région capitale et pour la performance durable du réseau dans les 50 ou 100 ans qui viennent.

Propos recueillis par
François Dumont

Ewa

Hongkong : un modèle économique en questions

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Réputés dans le monde pour son réseau performant, sa carte Octopus, son métro MTR et ses tramways à impériale, les transports de Hongkong font rêver les professionnels du transport. Emmanuel Vivant, PDG de RATP Dev Transdev Asia et directeur général des tramways de Hongkong est venu expliquer devant le Club VR&T le modèle économique de ces transports publics rentables sans bénéficier d’aucune subvention. Grand témoin du Club Ville Rail & Transports consacré à Hongkong, Emmanuel Vivant a d’abord planté le décor. Rappelant que l’ancienne colonie britannique est un territoire de 1 100 km2, peuplé par sept millions d’habitants bénéficiant d’un PIB (à parité de pouvoir d'achat) de 56 500 dollars par tête, soit le double de celui de la France. Rétrocédée à la Chine en 1997, cette région de la République populaire de Chine bénéficie d’un statut particulier. Le territoire a gardé sa monnaie, son système juridique hérité du droit britannique et dispose d’un système économique différent du reste du pays : pas de TVA, pas de taxes à l’import ou à l’export, un bouclier fiscal de 17 %, pas de régulation sur le temps de travail, pas de négociation collective… Pour Emmanuel Vivant, « la création d’un Smic, il y a cinq ans, a été une révolution ! », Mecque du capitalisme, Hongkong est la ville la plus dense du monde avec 35 000 habitants au km2 en moyenne et jusqu’à 55 000 habitants au km2. Mais seul 20 % du territoire est urbanisé. La péninsule est constituée d’îles montagneuses et d’espaces non développés, vierges et préservés.
A Hongkong, 90 % des déplacements se font en transports publics (taxis compris). Les habitants ont le choix entre un réseau ferré de 230 km, 6 000 bus, un tram, des ferries… Et si la région ne compte que 400 000 voitures, soit le taux de véhicules particuliers le plus faible du monde dans une métropole, cela fait tout de même 100 véhicules par kilomètre de route, car le réseau est limité. Les habitants privilégient donc les transports en commun avec lesquels ils font deux voyages par jour en moyenne, soit 12 millions de déplacements quotidiens, 5 millions en métro, 4 millions en bus, le reste en minibus, tram et ferries. Plus de 95 % des habitants ont au moins une carte Octopus, carte de paiement des transports sans contact, qui a inspiré l’Oyster card de Londres.
Les transports publics hongkongais sont peu régulés. « On parle de non-interventionnisme positif, précise Emmanuel Vivant. Le gouvernement laisse les acteurs se débrouiller et n’intervient par petites touches que pour corriger les problèmes. » Il y a peu de coordination et beaucoup de concurrence dans le marché. Le tram, par exemple, est en compétition avec 50 lignes de bus, les passagers ont donc le choix. L’économie est ouverte, mais dominée par de grosses sociétés privées qui se sont développées avec l’immobilier. Les deux sociétés de bus appartiennent à des grands groupes immobiliers, idem pour le ferry, et c’était également le cas du tram avant que RATP Dev et Transdev ne le reprennent. Seul le métro fait exception. Historiquement c’était une société gouvernementale qui a été mise en bourse après la crise asiatique. Il y a peu d’appels d’offres. « Le gouvernement donne des franchises d’exploitation de dix ans, mais tant que le travail est bien fait, elles sont renouvelées. En revanche s’il considère que le service s’est dégradé il peut remettre les droits d’exploitation en compétition. Ce qui est déjà arrivé. » C’est un modèle très capitalistique. Les opérateurs possèdent tous leurs moyens de production. MTR possède les tunnels, les trains…
Les transports publics ne bénéficient d’aucune subvention publique. Ce sont les utilisateurs qui payent le service. « Le métro bénéficie toutefois de subventions pour le “droit à développer”, et récemment le gouvernement a accordé des aides pour certaines lignes de ferries desservant des îles peu habitées que les opérateurs considéraient non viables et menaçaient d’abandonner. Pour assurer la pérennité du service, le gouvernement a accordé de faibles subventions aux opérateurs », précise le PDG de RATP Dev Transdev Asia.
Autre spécificité bien connue des transports hongkongais : les opérateurs se dotent de revenus annexes, notamment la publicité et l’immobilier. C’est ainsi que beaucoup d’immeubles de la ville de Hongkong ont été développés par MTR, car la société de métro finance le coût de création de nouvelles lignes en ayant recours à l’immobilier. Pour cela elle demande au gouvernement de lui accorder des mètres carrés à développer autour des stations qu’elle achète au prix « green field ». « MTR achète ces terrains à la valeur “5” pour y construire des lignes de chemin de fer, elle en fait des allotissements qu’elle revend à des promoteurs immobiliers. L’entreprise peut les revendre “10” avec le droit à développer, ou “8” et prendre 50 % des plus-values des appartements, ou encore “8” avec obligation de lui rétrocéder une partie des constructions. » C’est ainsi que l’opérateur de métro en est arrivé à gérer 15 centres commerciaux. « Si le modèle hongkongais suscite la curiosité des Européens, vus de Hongkong nos systèmes sont considérés comme socialistes », s'amuse Emmanuel Vivant.
Après cet état des lieux, le patron du réseau de tramways de Hongkong a évoqué son expérience de transporteur. En 2009, la filiale chinoise de RATP Dev Transdev Asia a repris l’exploitation du tramway hongkongais vieux de 112 ans, en le rachetant à un promoteur immobilier. « Nous avons amélioré le service, notamment en mettant en service des trams plus modernes mais ressemblant aux anciens, car les habitants y sont très attachés. Nous voulions montrer qu’un opérateur peut apporter quelque chose de plus par rapport à un promoteur immobilier. » Ces trams, dits « Signature » très modernes, sont construits dans les ateliers du transporteur. Chaque jour le « Ding Ding », comme on le surnomme, fait voyager 200 000 passagers dans l’une des 164 rames à deux étages circulant sur un réseau 13 km plus une boucle de 2,5 km. Et ce pour la modique somme de 0,25 euro le ticket, sans aucune subvention. Ce qui en fait le mode de transport le moins cher de l’île, mais aussi le plus fréquent et le plus accessible avec 120 arrêts. Un tous les 250 mètres. Mais la concurrence avec le métro et le bus reste rude. « Il nous faut continuer à convaincre et innover. C’est ainsi que nous avons été les premiers à proposer de l’information en temps réel, ou que nous avons mis en place une organisation scientifique du service ayant comme objectif d’attirer plus de passagers avec des ressources limitées. » L’exploitant compte 630 employés. « Nous exploitons sept relations différentes en collectant les données d’Octopus et en utilisant un algorithme qui affecte les moyens pour minimiser les temps d’attente et les surcharges. » L’entreprise exploite à ses risques et périls, « chaque euro qu’on investit doit rapporter et nous sommes propriétaire de tout : les trams, la voie, les dépôts… » Les recettes annexes représentent une part importante du chiffre d’affaires de l’entreprise, qu'Emmanuel Vivant n’a pas souhaité préciser. Des revenus qui viennent de la publicité, à la fois sur les trams et les abris, mais aussi de la privatisation des rames pour des événements privés, de la commercialisation de produits dérivés. Et l’entreprise vient de mettre en place un tram dédié aux touristes avec audioguide.

Le système hongkongais a des qualités évidentes. Mais il est si éloigné du nôtre qu'il semble difficile de s'en inspirer. « Si on peut, on le fait peu », regrette Daniel Cukierman, président de DC Consultant et lui-même ancien CEO de Veolia Transport RATP Asie. « Le système hongkongais est la preuve que la valeur créée avec les infrastructures peut être récupérée par ceux qui font les investissements. Ce qui n’est pas le cas chez nous où c’est l’immobilier qui récupère cette valeur, et dans une moindre mesure les collectivités. » La société du Grand Paris a raté l’occasion de s’inspirer de cet exemple. « En gardant 800 mètres autour des gares, la SGP aurait pu ainsi financer son métro. » Autre leçon qu’il tire de cet exemple, « c’est que gagner de l’argent n’est pas honteux et n’empêche pas d’être bon ». Regrettant qu’en France cela reste tabou. « C’est comme si les services publics ne devaient pas gagner d’argent. Pour Eole, on va faire des gares cathédrales. C’est bien, mais cela ne permettra pas de profiter du trafic pour obtenir des revenus supplémentaires. » Daniel Cukierman s’étonne aussi que les collectivités préfèrent se priver de revenus plutôt que de faire de la publicité sur leurs trams. « Ce qui se fait à Hongkong nous démontre qu’on peut équilibrer une entreprise avec un service de qualité et des prix du ticket plus bas que chez nous. Il est donc surprenant qu’en construisant le Grand Paris, un métro automatique, qui va permettre d’économiser le coût des conducteurs, on prévoie tout de même d’avoir un service déficitaire à subventionner. »

On sait d'autre part que les villes chinoises sont tentées par le modèle HK. Mais, pour Jean-François Doulet, maître de conférences à l'Institut d'urbanisme de Paris, codirecteur du Centre franco-chinois Ville et Territoire et auteur de La ville made in China, ce modèle est difficilement reproductible en raison de la nature du régime foncier. « Le système économique urbain chinois est fondé sur la captation de la plus-value foncière non partagée, au profit exclusif des municipalités. La ville capte la plus-value financière pour se doter d’une manne qui lui permet d’investir et de subventionner les transports publics. Ce mode de fonctionnement chinois est très résistant, même si depuis la fin des années 90 on voit apparaître des innovations en matière de financement, qui se rapprochent de ceux de Hongkong. » Cela a été le cas pour la ligne 13 ou 4 à Pékin ou l’extension de la ligne 2 de Shenzhen. Mais « ces expériences restent un phénomène microscopique à l’échelle chinoise ». Toutefois, depuis dix ans la Chine semble opérer une mutation vers la métropole intégrée, qui devient le nouveau paradigme et pourrait faire évoluer l’articulation urbanisme et transport. « Mais jusqu’à présent le développement des réseaux de transports publics en Chine ne s’est pas fait dans un cadre favorisant la densité ou l’intégration fonctionnelle, relativise-t-il. Le modèle tend à étaler les villes en raison de la captation de la plus-value foncière par les municipalités chinoises qui préfèrent développer des réseaux routiers parce que c’est plus facile et que cela valorise plus rapidement les nouveaux terrains. » Mais c’est de plus en plus critiqué, des mutations s’opèrent. « La Chine, qui est entrée dans une phase de croissance économique ralentie, va chercher à optimiser les territoires et augmenter les niveaux de régulation, ce qui devrait être propice à la densification et à l’articulation des transports, et donc à se rapprocher de ce qui se fait à Hongkong. » Le pays entre dans une nouvelle échelle : celle de la grande région urbaine. Le TGV chinois a fait émerger une vingtaine de clusters urbains qui sont au cœur de l’aménagement du territoire. Se pose alors la question de la valorisation de l’aménagement autour de ces gares. « On expérimente des formes de captation de la plus-value foncière entre municipalité et province. Les projets de TER vont poser la question des gares et des modalités de financement de leur aménagement. Ce tournant du développement urbain et des réseaux de transport et de la mobilité va-t-il apporter des choses inédites et voir émerger un modèle chinois ? L’avenir le dira, mais la Chine hérite d’un système très peu favorable aux transports collectifs et à leur intégration dans la dynamique urbaine, constate M. Doulet. Et pour le moment le modèle chinois reste très résistant à ce qui se fait à Hongkong, où l’on ne considère pas que les transports collectifs sont un service public, alors qu’en Chine ils bénéficient de subventions des titres de transport. » La question des gares et de leur intermodalité reste centrale en Chine. Est-ce que les promoteurs vont s’adapter ? De quelle façon ? « Autour des gares chinoises, on constate un fort dynamisme de services de mobilité avec la mise en place de vélos en libre service, de navettes partagées, de minibus exploités par des associations de propriétaires privés, ou de centres commerciaux… Il y a des singularités en termes de mobilité, de réactivité et d’adaptabilité mais elles ne touchent pas encore le cœur du financement via l’immobilier. »

Quelles leçons tirer du modèle hongkongais ? Emmanuel Vivant retient d’abord sa culture commerciale. « La demande guide l’offre, parce que seul le client paye et qu’il n’y a pas de subvention. » Il cite également en exemple le développement des revenus annexes, la rigueur de gestion, la culture de l’autosuffisance, et enfin l’efficacité opérationnelle de MTR et des autres opérateurs. Mais le PDG de RATP Dev Transdev Asia considère que les transports de Hongkong pourraient s’améliorer en s’inspirant de ce qui se fait chez nous. Notamment en ce qui concerne la coordination intermodale. A Hongkong l’intermodalité n’est pas un sujet. Comme les opérateurs sont concurrents, ils n’ont pas intérêt à faciliter le passage d’un mode à l’autre. Un inconvénient toutefois limité car il y a tellement d’offres point à point, que les voyageurs ont rarement besoin de changer. Le véritable point faible des transports Hongkongais c’est le manque d’information multimodale pour les voyageurs, toujours pour des raisons de concurrence. Autre piste d’amélioration : la tarification, « car la carte Octopus n’est qu’un porte-monnaie électronique qui n’offre pas de discount ». Le patron des trams a pu vérifier que dans ce domaine les choses n’étaient pas faciles à mettre en place. « Nous avons demandé la possibilité de proposer des transferts gratuits bus/tram, ce qui est difficile à obtenir car cela peut être considéré comme de la compétition déloyale avec d’autres modes. » Si les transports Hongkongais ont de quoi inspirer l’Europe, ils pourraient encore se perfectionner en jouant la carte de l’intégration tarifaire et de l’information, en proposant des pôles d’échanges mieux conçus, en développant des modes doux, (marche à pied ou vélo), des espaces publics de qualité, où encore en améliorant les problèmes de congestion qui pénalisent les bus.

 Nathalie CHRZAVZEZ-FLUNKERT

 

 

Testez vos connaissances sur le métro hongkongais

 

Vous pensez tout savoir sur le MTR, pour Mass Transit Railways ? Le PDG de RATP Dev Transdev Asia, vous propose un quiz. Selon vous ces affirmations sont-elles fondées où font-elles partie du mythe ?

MTR ne touche pas de subventions
Faux : l’entreprise ne touche pas de subventions d’exploitation (sauf tarifs spéciaux pour les personnes âgées), mais il existe des subventions d’investissement, de deux natures, du cash sur certaines lignes et des droits de développement immobilier sur les autres. MTR mixe le développement immobilier et les subventions cash lorsqu’il n’y a pas de terrain à développer.

MTR bénéficie de terrains gratuits.
Faux : mais l’entreprise les achète à des tarifs préférentiels, à la valeur du terrain agricole et n’a pas à payer de droits pour en changer l’usage.

Grâce à l’immobilier MTR est extrêmement rentable.
Vrai et Faux : l’entreprise a des marges opérationnelles de 50 % mais elle les utilise pour financer des investissements colossaux. Sa rentabilité est de 6 %.

MTR finance ses opérations avec l’immobilier.
Faux : les opérations sont excédentaires, grâce aux revenus des voyageurs et de la publicité. L’immobilier ne finance que la part des investissements non couverte par les excédents d’exploitation.

MTR est devenu d’abord un développeur immobilier.
Vrai et Faux : l’entreprise possède 13 millions de m2 à Hongkong, dont 267 000 m2 qu’elle gère. Mais MTR reste culturellement une entreprise ferroviaire. L’immobilier n’est qu’un département.

MTR a inventé le développement immobilier.
Faux : l’utilisation de la valorisation des terrains pour financer a été un modèle classique du développement des lignes de chemin de fer au XIXe et début XXe siècle. Cela s’est fait aux Etats-Unis, en Angleterre, au Brésil ou au Japon. A Hongkong tous les opérateurs le font d’une façon ou d’une autre. Son institutionnalisation est en revanche unique et liée notamment à l’histoire de Hongkong et de sa rétrocession du Royaume-Uni à la Chine. Comme les gouvernements des deux pays ne voulaient pas investir à Hongkong, cela a incité l’entreprise à avoir recours à un développement autonome sans que le gouvernement ait besoin de s’endetter pour financer des projets.

Ewa

Guingamp garde son exploitant

Guingamp Communauté a renouvelé son contrat avec la Société des transports urbains de Guingamp (la Stug, regroupant Jezequel Tourisme et Voyages Nicolas) pour exploiter son réseau de transport public Axéobus, qui dessert les six villes de la communauté de communes, soit plus de 20 000 habitants. Le nouveau contrat, qui débute le 19 septembre et durera deux ans, représente un chiffre d’affaires de 500 000 euros.
« Avec ce renouvellement, Réunir compte à ce jour 33 réseaux urbains exploités par ses entreprises adhérentes, desservant des territoires de 7 000 à 240 000 habitants », rappelle le réseau de PME de transport de voyageurs Réunir.

Ewa

Keolis a renégocié son contrat à Boston

Après avoir enregistré 30 millions de pertes l’an dernier à Boston, Keolis a réussi à renégocier le contrat qui le lie à l’autorité organisatrice MBTA (Massachusetts bay transportation authority) pour l’exploitation des trains de banlieue. Ce contrat remporté en 2014 par Commuter Services, coentreprise réunissant Keolis à hauteur de 60 % et sa maison mère la SNCF pour 40 %, s’est très vite révélé un puits sans fond.

L'ex-exploitant Transdev, qui s'était fait chasser des terres bostoniennes par Keolis au terme d’une lutte acharnée, avait pourtant prévenu : le contrat signé par son concurrent, pour huit ans, d'un montant total de 2,64 milliards de dollars, serait extrêmement difficile à tenir. Tout particulièrement ses engagements sur la ponctualité (99 % des trains à l’heure contre 95 % auparavant), avec le bonus-malus qui en découle.

Certains observateurs américains ont aussi fait valoir, pour la défense de Keolis, que le matériel roulant, en particulier les locomotives vieillissantes, pourrait en partie expliquer les difficultés.

Sommé par sa maison mère de ne plus s’engager à l’avenir dans de telles aventures, Keolis a engagé les grands moyens pour se sortir de ce bourbier. Le groupe a notamment envoyé à Boston quelques-uns de ses meilleurs collaborateurs (dont Franck Dubourdieu arrivé depuis la fin de l’hiver dernier et devenu n° 2 à Boston) qui ont commencé à redresser la barre au prix d’investissements importants pour fiabiliser le matériel et d’une réorganisation de la maintenance et des roulements. Des gains de productivité ont aussi été réalisés.

Fort de ces premiers résultats, le groupe français a demandé à revoir les termes du contrat. Le 11 juillet, l’autorité organisatrice MBTA a reçu un feu vert pour le faire évoluer. « Il ne s'agit pas d'un nouveau contrat mais ce sont des ajustements qui prennent en compte ce que nous avons déjà réalisé pour améliorer la maintenance du matériel roulant et les dépenses que nous avons engagées », explique Jacques Damas, le directeur exécutif groupe Ferroviaire et Industriel.

Résultat, pour Keolis, le contrat est réévalué de 15,3 millions de dollars annuels supplémentaires. 11 millions iront dans son budget d’exploitation et les 4,3 millions d’euros restants iront à des investissements complémentaires sur le parc ancien qui nécessite des remises à niveau.

Keolis prend donc des engagements sur l’amélioration des services. En contrepartie, de nouvelles pénalités sont mises en place, pouvant aller jusqu’à 1,8 million de dollars annuels.

La direction de Keolis estime qu’avec ces « ajustements » le montant des pertes devrait être divisé par deux cette année. « On se donne une année de plus pour être rentable », indique Jacques Damas. Selon lui, Keolis va engager de nouveaux chantiers pour améliorer les performances des trains de banlieue de Boston, notamment le système de distribution des billets, la lutte contre la fraude ou encore les actions marketing pour attirer des voyageurs, par exemple les touristes. « Nous nous sommes réinstallés dans une tendance à la hausse. Le trafic a progressé et le chiffre d’affaires a augmenté de 3 à 4 % l’an dernier, commente Jacques Damas. L’augmentation de notre rémunération est directement liée au développement de l’activité », conclut-il, comme pour couper court aux commentaires de ceux qui, comme le concurrent malheureux Transdev, avaient prédit que le contrat, gagné après une compétition inéquitable basée un prix trop bas, n’était pas tenable.    

Marie-hélène POINGT

Ewa

Keolis et Abellio choisis pour le S-Bahn Rhin-Ruhr

Les autorités organisatrices des transports VRR (Rhin-Ruhr) et NWL (Westphalie-Lippe) ont choisi Keolis et Abellio pour exploiter les lots A et B des dessertes S-Bahn du bassin Rhin-Ruhr. Ces dessertes  qui sont assurées jusqu’en décembre 2019 par DB Regio, totaliseront 11,9 millions de trains-km par an (soit l’équivalent du TER en région Paca) après le changement d’exploitant.
Remporté par Keolis pour une durée de 12 ans, le lot A regroupe les lignes S1 Dortmund – Solingen et S4 Lütgendortmund – Unna, soit 4,8 millions de trains-km par an. Abellio remporte de son côté le lot B pour 15 ans, c’est-à-dire les dessertes régionales RB3 Dortmund – Duisbourg, RB40 Hagen – Essen et RB41 Wesel – Wuppertal, ainsi que les lignes S2 Dortmund – Recklinghausen/Essen, S3 Oberhausen – Hattingen et S9 Hagen – Recklinghausen/Haltern am See, soit un total de 7,1 millions de trains-km par an. Quant au contrat en cours avec DB Regio NRW pour les lignes S6 et S11, il doit être prolongé jusqu’en 2023 « pour des questions d’harmonisation des périodes contractuelles ». Ce changement d’exploitants intervient dans une phase de modernisation profonde du réseau Rhin-Ruhr, qui comprend également la généralisation des quais de 76 cm, la commande de rames Stadler Flirt adaptées à cette hauteur de quai et le passage à une fréquence de base de 15 minutes en heures de pointe et de 30 minutes en heures creuses ainsi que sur les lignes les moins fréquentées.

 

Ewa

Catastrophe des Pouilles : erreurs humaines

« C’est comme un crash d’avion » a commenté in situ Massimo Mazzilli, maire de Corato, quelques heures après le nez-à-nez survenu le 12 juillet vers 11h40 à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Bari. Et effectivement… style= »margin-bottom: 0cm; line-height: 100% »>
la violence du choc a été énorme : des deux rames de quatre caisses entrées en collision sur la voie unique entre les gares de Corato et d’Andria, seules deux voitures de chaque train sont clairement identifiables. Une autre caisse est extrêmement endommagée et les trois voitures restantes sont totalement pulvérisées. Après deux jours de recherches très difficiles parmi les débris, les autorités se sont accordées sur 23 morts et 43 blessés. Parmi les morts figurent le conducteurs des deux trains, ainsi que des étudiants et des personnes se rendant à l’aéroport international de Bari. Si l’enregistreur juridique (« la boîte noire ») du train parti de Bari a été rapidement retrouvé sur les lieux, la cause directe de la collision a été assez rapidement connue, moins de deux jours après l’accident : le chef de gare d’Andria a donné la voie libre au train pour Corato, alors que cette voie était toujours occupée. En effet, un troisième train était ce jour-là au départ de Corato, alors qu’habituellement, la voie unique vers Andria ne laissait passer que deux trains en proivenance de Corato.

Difficile pour autant de faire du chef de gare d’Andria le seul coupable. L’enquête administrative a également interrogé le chef de gare de Corato. De plus,la cause profonde de la collision n’est peut-être pas uniquement à rechrecher dans les deux gares.

Cet accident, qui restera l’un des pires en Italie ces dernières décennies, n’est pas survenu sur le réseau national RFI, mais sur celui des Ferrovie del Nord Barese (anciennement Ferrovie Bari-Nord), électrifié sous 3 kV continu. Ce réseau d’intérêt local relie Bari et Barletta, sur l’Adriatique, mais via l’arrière-pays (la grande ligne RFI étant établie le long du littoral) et l’aéroport international. Depuis 1937, ce réseau est exploité par la compagnie privée Ferrotramviaria, qui a succédé à la société belge d’origine (Société Anonyme des Chemin de fer économiques de Bari-Barletta et extensions).

Dans le milieu ferroviaire, Ferrotramviaria jouissait jusqu’au 12 juillet d’une réputation de sérieux, n’ayant jamais connu d’incident majeur et ayant récemment investi dans du matériel roulant moderne : les automotrices détruites dans la catastrophe étaient une Alstom Coradia ELT 200 de 2005 et une Stadler Flirt ETR 342 de 2009. En revanche, la gestion des circulations est tout sauf moderne sur la voie unique de l’accident, autorisée à 100 km/h et recevant plus de 60 trains par jour. En effet, le cantonnement téléphonique y est de rigueur : le train progresse entre les gares de croisement si les agents circulation de ces gares, après échanges consignés dans un registre, lui donnent la voie libre… en l’absence d’un autre train, bien entendu. Et tout aussi évidemment, « un des deux trains n’aurait pas dû être là » comme l’a répété Massimo Nitti, Directeur général de Ferrotramviaria, dans son intervention huit heures après la collision. Le dirigeant a ajouté que l’on avait joué de malchance : « si la collision était survenue en alignement et non en courbe, l’issue aurait sûrement été toute autre : les conducteurs auraient au moins cherché à actionner le frein [d’urgence] et ces deux trains peuvent s’arrêter dans les 250 mètres ». Ironie du sort supplémentaire : le lancement de la mise à double voie de la section entre Corato et Barletta n’était plus qu’une question de mois, « avec fin des travaux d’ici 2017 », toujours selon Massimo Nitti. Ce qui explique sans doute le maintien jusqu’à présent d’une technique primitive pour la gestion des circulations sur voie unique, cette dernière devant être doublée à plus ou moins court terme…

C’est ainsi que la collision des Pouilles a mis en lumière les retards pris dans la modernisation de la ligne de Bari à Berletta, pour laquelle les financements de l’Union européenne étaient disponibles depuis…  avril 2012, pour une fin des travaux attendue en juin 2015. Même si les terrains en bordure de voie avaient été expropriés depuis 2013, les blocages administratifs se sont accumulés et le délai de remise des offres pour le doublement de la ligne avait été reporté au 19 juillet 2016. Trop tard pour éviter la catastrophe.

patrick.laval@laviedurail.com

Ewa

Paris et Cisco connectent la place de la Nation pour mieux la réaménager

En 2013, Cisco avait fait le buzz en expérimentant un boulevard connecté à Nice. Le géant américain des équipements de réseau en a tiré plusieurs enseignements et propose sa V2 du monitoring de la ville à Paris qui depuis le 28 juin dispose de 50 capteurs place de la Nation. Tout comme sur la côte d’Azur, il s’agit d’une expérimentation d’un an, financée par Cisco. « Le Boulevard Victor-Hugo à Nice nous a permis de tirer des enseignements technologiques, organisationnels et de modèle économique, détaille Jean-François Balcon, chargé du développement Smart Cities et responsable du marché des collectivités locales chez Cisco France. Ainsi, nous sommes convaincus de la nécessité d’organiser un réseau multiservice et multitechnologie – fibre, Wi-Fi, Lora, le réseau radio bas débit large bande qui permet de transmettre les données des capteurs et est très prometteur dans l’IOT [Internet of Things, NDLR] – pour pouvoir déployer facilement les applications métiers dans la ville. » Dans une ville où environ 65 % des services sont délégués, les contraintes sont nombreuses et faire dialoguer entre eux des métiers différents (stationnement, éclairage, déchets, etc.) sur une seule architecture de communication n’apparaît pas comme la meilleure des solutions techniques.

Pour mémoire, à Nice, 200 capteurs avaient été installés en haut des candélabres, dans la chaussée ou encore sur les containers pour collecter en temps réel les données de circulation, d’éclairage public, de qualité de l’air, dans le but d’optimiser la gestion de la ville et de proposer de nouveaux services (comme le stationnement intelligent). Cisco regroupe les données sur une plateforme technologique dans le double dessein de mieux les maîtriser et de les rendre publiques afin de favoriser l’innovation des start-up. « A Nice, différents chantiers techniques de validation ont été lancés et la ville lance maintenant des consultations sur des périmètres pas très éloignés du boulevard connecté d’il y a trois ans. Les appels d’offres se font néanmoins brique par brique », poursuit-il.

De son côté, Cisco estime avoir bien progressé dans sa compréhension des enjeux de la métropole durable et donc des besoins des collectivités locales, notamment grâce à ce test grandeur réel. De plus, l’IOT a beaucoup évolué ces dernières années. C’est donc tout naturellement que l’entreprise californienne a répondu présente à l’appel de la municipalité parisienne dans le cadre du projet « Réinventons nos places » de réaménagement de sept grandes places parisiennes. Celle de la Nation présente de nombreux défis et l’installation d’une cinquantaine de capteurs et d’une vingtaine de caméras « permet d’y mesurer finement un grand nombre d’usages liés aux déplacements, la qualité de l’air ou le niveau de bruit. L’ensemble des informations récoltées permettent une meilleure compréhension de l’espace public, de son utilisation par les Parisiens, des endroits inutilisés, des lieux de regroupement, des lieux de passages. Tout cela sera pris en compte afin de répondre au mieux aux enjeux », espère-t-on à la Ville de Paris. Les données des capteurs sont par ailleurs restituées sur deux bornes tactiles que les Parisiens peuvent consulter et mises en ligne sur opendata.paris.fr.

Naturellement, l’idée générale est de redonner de l’espace aux modes doux sur cette place qui comptabilise jusqu’à huit voies de circulation routière et où convergent dix artères. « Autant nous disposons déjà de nombreuses informations sur les automobiles et les transports en commun via les caméras, boucles de comptage, voitures connectées et données du ticketing, autant nous avons besoin de mieux comprendre le fonctionnement des flux de piétons et de cyclistes, poursuit Jean-François Balcon. Car on cherche à évaluer comment les habitants se réapproprieront les lieux lorsque l’automobile sera moins présente. »

« C’est de l’urbanisme tactique », a précisé Jean-Louis Missika, adjoint à l’Urbanisme à la mairie de Paris, fin juin. « Cela nous permet de tester des solutions, de jouer avec des hypothèses de réaménagement pour savoir quelles seront les conséquences pour les automobilistes, les piétons, les cyclistes, les riverains. » Cisco mesurera donc la mobilité douce et prévoit de répondre à plusieurs questions : combien de personnes viennent sur la place ? Dans quels sens se dirigent-elles ? Viennent-elles seules ou en groupe ? A pied, à vélo, en skateboard ? Combien de temps y restent-elles ? Quel est le niveau de bruit et son impact sur la fréquentation de la place ?

La firme utilisera notamment les données transmises par les smartphones et autres tablettes des visiteurs de la place – sachant qu’un Français possède en moyenne trois objets connectés et qu’il devrait en avoir sept en 2020 ! – , pour peu que l’option Wi-Fi soit activée. Un peu à la manière des traces GSM, les identifiants des terminaux recueillis par ondes Wi-Fi permettent en effet de réaliser des cartographies de data, cartes de chaleur notamment. L’idée étant ensuite de mieux positionner les bancs, de décider s’il faut baisser l’intensité lumineuse des candélabres, de trouver comment rendre le jardin public plus attractif, etc.

Cisco France s’est par ailleurs associée à des start-up, comme Placemeter, « qui utilise les images des caméras Cisco pour, après floutage, compter les piétons et les cyclistes, dénombrer les mouvements et établir une cartographie des directions empruntées ». Les traces de connexion Wi-Fi sont quant à elles analysées par CMX (Cisco Connected Mobile Experience) ; tandis que Breezometer analysera la qualité de l’air…

cecile.nangeroni@laviedurail.com