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Ewa

« La gratuité des transports sera l’un des grands thèmes des prochaines municipales »

Maxime Huré

Interview de Maxime Huré, maître de conférences à l’Université de Perpignan, et chercheur à Sciences Po Lyon.

Ville, Rail & Transports. Vous avez été amené à travailler sur l’instauration de la gratuité à Dunkerque. Quelle a été votre mission ?
Maxime Huré. Dans le cadre d’un collectif de jeunes chercheurs [l’association VIGS, NDLR], nous avons été sollicités par Dunkerque dès 2015, donc peu après les élections municipales. Nous avons formé une petite équipe et avons vite compris que la nouvelle équipe municipale souhaitait mettre en place la gratuité en deux temps (d’abord la gratuité le week-end avant de passer à la gratuité totale) et disposer d’une évaluation du dispositif par des chercheurs.
En effet, en France, il y a eu peu de recherches sur le sujet, sinon des positions un peu idéologiques de chercheurs qui n’avaient pas travaillé la question.
Nous avons lancé en mars 2017 une première étude pour évaluer les effets de la gratuité le week-end. La communauté urbaine souhaitait un regard sur trois aspects : elle souhaitait savoir si la gratuité se traduirait par une hausse de la fréquentation, s’il y aurait de nouveaux usagers et s’il y aurait un report modal. Nous avons constaté une hausse de fréquentation de près de 30 % le samedi et de 80 % le dimanche.
Il faut noter que cette mesure très politique d’instaurer la gratuité a été accompagnée d’un projet de renforcement de la qualité du réseau puisque presque 65 millions d’euros ont été investis sur cinq ans, pour mettre en place notamment des bus en site propre.

VR&T. Quels changements avez-vous constatés ?
M. H. Un nouveau public est arrivé dans les transports publics. Parmi eux, nous avons constaté qu’il y avait des individus en situation de grande pauvreté ainsi que des personnes âgées qui se sentaient un peu isolées. Ces personnes ont profité de cette mesure pour retisser du lien social. Nous avons aussi observé un retour dans les bus des familles, qui ont profité du dispositif pour se rendre à des manifestations ou à des activités récréatives. Clairement, le public familial va lâcher la voiture pour prendre le bus. Enfin, un public de jeunes entre 16 et 18 ans a également profité de la mesure. Des usagers classiques se sont retrouvés dans des bus bien remplis, ce qui a parfois pu donner lieu à des réactions négatives de leur part.

VR&T. Avez-vous observé un report modal ?
M. H. Nous avons adressé un questionnaire à 400 personnes. Sur la question du report modal, nous devrons encore vérifier les chiffres. Mais à la question : quel mode de transport avez-vous abandonné ? 67 % ont dit qu’ils avaient renoncé à la voiture pour prendre le bus le week-end, 33 % la marche et 16 % le vélo (sachant que les modes n’étaient pas exclusifs les uns des autres).
Les chiffres sur la bicyclette sont à relativiser puisque la pratique du vélo à Dunkerque qui est très faible : sa part modale est de 1,2 %.

VR&T. Les objectifs des élus ont-ils été atteints selon vous ?
M. H. Les élus voulaient aussi rendre de nouveau attractif le centre-ville. Cette mesure y contribue très clairement : les bus sont surfréquentés lors de grandes manifestations organisées dans la ville. Les commerçants, qui se montraient réservés avant le lancement du dispositif, se montraient plutôt satisfaits six mois après.

VR&T. Que pouvez-vous dire aux opposants de la gratuité ?
M. H. Certaines idées reçues ont été battues en brèche comme l’affirmation selon laquelle les réseaux gratuits seraient plus dégradés que les autres. A Dunkerque ou à Châteauroux, rien de tel n’a été observé. On observe qu’il y a plus d’usagers et que les politiques investissent davantage contrairement à ce qu’on pourrait croire.

VR&T. La gratuité peut-elle être mise en place par n’importe quel réseau selon vous ?
M. H. On voit que la gratuité des transports ne concerne pas que les petites villes. Peu à peu, les seuils sont dépassés. Dunkerque rassemble plus de 200 000 habitants, Tallinn plus de 400 000. Ce sont souvent des réseaux où les recettes générées par les transports ne sont pas très élevées et se situent en dessous de 8 %. Certains chercheurs disent qu’au-dessus de 5 %, il n’est pas possible pour un réseau de passer à la gratuité. Or, Paris, Grenoble ou Clermont ont des recettes bien supérieures et y réfléchissent.
Ce que l’on observe, c’est que les collectivités qui mettent en place la gratuité ne le font pas toutes pour les mêmes raisons. Certaines le font car leur réseau est peu utilisé et se disent qu’ainsi il aura une meilleure utilité sociale. C’est ce qu’avait fait Châteauroux en 2001.
D’autres veulent redynamiser leur centre-ville. C’est le cas de Dunkerque mais aussi de Clermont. D’autres encore le veulent pour lutter contre la pollution atmosphérique, comme à Grenoble, Dunkerque, ou encore en Allemagne où la mesure sera expérimentée dans trois grandes villes.
La gratuité est avant tout une mesure très politique qui répond à des objectifs variés.

VR&T. N’y a-t-il pas tout de même quelques limites ?
M. H. La question du financement se pose, non pas à court terme, mais à long terme : il faut se demander si, à une échéance de dix à 15 ans, on aura assez de ressources pour la financer.
C’est une question cruciale pour les grands réseaux comme Paris qui doivent construire un budget sur le long terme et qui risquent la sursaturation.
Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne pourront pas passer du jour au lendemain à la gratuité. Mais c’est une mesure qui peut se mettre en place progressivement.
Et ponctuellement. La gratuité existe les jours de pollution. On peut aussi penser à des mesures ciblées telles que la gratuité le week-end, ou sur les lignes de nuit, les lignes de plage… Ce peut être une mesure qui va s’imposer progressivement. Elle sera un des thèmes très présents lors des prochaines élections municipales.

Propos recueillis par Marie-Hélène POINGT

Ewa

Auvergne-Rhône-Alpes teste le Wi-Fi dans les TER

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Après le TGV, le Wi-Fi fait son entrée dans les TER en Auvergne-Rhône-Alpes, une première en France depuis le 28 août. Mais l’arrivée du haut débit 3G/4G dans les trains régionaux reste très mesurée puisqu’elle démarre une expérimentation sur 18 mois dans trois rames sur l’axe Mâcon – Lyon – Valence, repérables grâce à un pictogramme sur les rames connectées.

Pour l’heure, c’est une première technologie maison SNCF-21net-VSCT qui est mise en œuvre incluant un portail de connexion (wifiter.sncf) avec un ensemble de services et le recueil en temps réel des avis des clients pour « assurer un codéveloppement » du Wi-Fi, selon les dirigeants de la SNCF. A l’automne, une deuxième technologie concernera un nouveau vitrage « haut débit » permettant de renforcer le signal 3G/4G sur les lignes Lyon – Bourg-en-Bressse et Lyon – Clermont – Roanne, deux systèmes aussi déployés sur les TER d’Occitanie et Normandie. Enfin, une troisième solution spécifique à Rhône-Alpes en partenariat avec Orange et Faiveley sera installée début 2019 sur Lyon – Grenoble.

Claude FERRERO

Ewa

Espagne : SNCF Logistics prend le contrôle de Comsa Rail

La locomotora diésel-eléctrica 335.003 de Comsa (Euro 4000 de Vossloh), parada en la salida de la estación de Martorell esperando que salga un cercanías, para retomar su marcha en dirección astellbisbal.

Déjà présente dans l’entreprise ibérique Comsa Rail Transport à hauteur de 25 % de l’actionnariat, la SNCF vient d’acquérir la totalité du capital de cette filiale. Désormais, ses dessertes marchandises menées dans la péninsule se feront sous la marque européenne « Captrain ».

L’ensemble Comsa a été constitué en 2009 avec des capitaux familiaux et la compagnie s’est spécialisée dans la construction d’infrastructures ferroviaires en Espagne, puis à l’international où elle réalise à présent la moitié de son chiffre d’affaires, notamment en Europe de l’Est et en Amérique latine. A partir de ses chantiers notamment pour les lignes à grande vitesse AVE, Comsa a créé une filiale Transport qui assure aujourd’hui, par exemple, la traction de trains de charbon ou de minerais, ainsi que de conteneurs.

Ewa

Arabie saoudite : le nouveau calendrier de la LGV « du désert » se précise

Medine La Mecque Talgo trains des sables

Trois étapes viennent d’être convenues pour la mise en service du train à grande vitesse entre Médine et La Mecque (Arabie saoudite). Dès l’automne 2018, une desserte commerciale sera assurée entre les deux villes saintes, mais seulement les jeudis, vendredis, samedis et mardis. Cette phase à 200 km/h deviendra quotidienne en janvier 2019, et le service complet à 300 km/h sera offert en septembre 2019.

Ce calendrier a été conclu entre le gouvernement de Riyad via Saudi Railways Organization (SRO) et Al Shoula, le consortium des constructeurs saoudiens et espagnols qui mène ce projet dit « Haramain » depuis octobre 2006. Les circulations devaient débuter le 15 mars dernier, mais les difficultés se sont accumulées : retard dans l’infrastructure assurée par des entreprises chinoises (avec son prolongement sur la signalisation), chaleur et dunes de sable à maîtriser, des gares inachevées sans compter avec les bisbilles financières entre les protagonistes vu les délais rallongés.

Pourtant, les essais ont commencé avec succès dès le 31 décembre 2017 et les 36 rames Talgo seront bientôt toutes à pied d’œuvre en Arabie saoudite. La facture globale de cette LGV est maintenant estimée entre sept et dix milliards d’euros : les 450 km seront à écartement UIC et électrifiés en 25kV60Hz avec une vitesse maximale de 320 km/h. 160 000 voyageurs en moyenne sont attendus chaque jour pour un trajet de deux heures et demie entre les deux terminus.

Michel GARICOÏX

Ewa

Lyon parie sur le développement de Bluely par Bolloré

Bluely Bolloré Lyon

Après l’arrêt d’Autolib’ à Paris, la question de l’avenir de son homologue Bluely à Lyon se pose de deux façons : le fiasco parisien menace-t-il de la même façon la métropole lyonnaise ? Ou bien, y a-t-il une recette de la réussite du modèle du système d’autopartage de Bolloré dans la capitale des Gaules ? Les déclarations des responsables de la métropole de Lyon incitent à évacuer la première hypothèse pour prendre en compte les facteurs positifs de Bluely. De son côté, l’entreprise Bolloré, sollicitée, n’a pas donné suite sur le futur de la désormais plus grande vitrine de son savoir-faire dans l’autopartage en France.

Si le silence est assourdissant, la cause est entendue malgré tout pour Karine Dognin-Sauze, vice-présidente (LREM) chargée de la Mobilité intelligente à la Métropole : « Nous sommes engagés dans une démarche pérenne pour développer un modèle économique visant la rentabilité. » Selon elle, il s’agit bien d’un « modèle gagnant-gagnant » entre Bolloré et la métropole pour un déploiement intelligent des nouveaux usages de l’électromobilité grâce à une évolution des comportements. « En tant que collectivité, nous jouons un rôle de facilitateur, on avance en nous adaptant avec des retours sur expérience. » La qualité de la relation et les objectifs partagés par les partenaires seraient donc un gage d’assurance pour Bluely. Même si Pierre Hémon, délégué (EELV) aux Mobilités actives de la métropole, met la pédale douce : « Bluely, c’est une belle vitrine opaque qui ne donne pas beaucoup de chiffres. C’est regrettable à l’heure de l’open data, et si elle n’est pas rentable on devrait savoir si elle permet ou non la démotorisation des trajets et le passage aux transports en commun »

A la grande différence d’Autolib’ en délégation de service public, le dispositif lyonnais fait l’objet d’une convention avec des obligations réciproques des deux partenaires : Bolloré conduit sa propre politique commerciale et d’investissement tandis que la collectivité intègre l’offre Bluely dans sa politique globale de communication et lui donne accès à son domaine public moyennant redevance (100 euros/an/place de stationnement et 1,25 % sur le chiffre d’affaires). Cette redevance est aussi en vigueur pour l’autre système d’autopartage lyonnais créé par la SEM LPA avec Citiz et Yea!, augmentée à 250 euros/place/an car il s’agit de véhicules à essence. Louis Pelaez, président de LPA, a annoncé que Citiz a atteint son équilibre financier en 2017, dix ans après son lancement.

Et Yea, le nouveau système en free floating créé en octobre 2017 avec 100 véhicules, lance 50 automobiles supplémentaires cet été pour répondre à la demande. « Nous aurions pu craindre que Yea! se substitue à Citiz, notamment sur les trajets courts, or, nous avons constaté une accélération du rythme des locations. Citiz a augmenté son kilométrage parcouru de 50 % depuis début 2018 tandis que Yea! répond à l’attente d’une clientèle de jeunes urbains », se félicite Christine Giraudon, directrice marketing de LPA.

Sur le terrain, il apparaît que les trois systèmes (boucle, stations, free floating), malgré des craintes de concurrence potentielle, visent des clientèles et des longueurs de trajets différentes : 65 km en moyenne pour Citiz, 15 km environ pour Yea!, des trajets courts autour de 6 km pour Bluely. A priori, un cercle vertueux où chacun trouve son créneau dans un environnement complémentaire et favorable : « la dynamique de l’autopartage est forte à Lyon comme au plan national, avec des abonnés de Bluely en progression constante », commente Pierre Soulard, directeur de la Mobilité urbaine à la métropole. Une chose est sûre : la collectivité pratique « des conditions d’accueil transparentes et équitables » pour les opérateurs et entend soutenir et promouvoir leur développement. Bluely, créé en octobre 2013, n’est qu’à la moitié du chemin qui a conduit Citiz à l’équilibre et, selon la métropole, Bolloré va accentuer son implantation en connaissance de cause.

D’ailleurs, l’opérateur Blue Solutions ne manque pas de communiquer pour vanter le succès de Bluely à l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry et sur ses offres promotionnelles auprès des étudiants, en période de soldes, etc. Des comités de pilotage trimestriels complétés par des reportings techniques hebdomadaires permettent d’échanger sur des questions stratégiques comme l’emplacement des stations, où l’intérêt de l’entreprise (fréquentation/rentabilité) rejoint celui de la métropole (desserte des nouveaux quartiers). Les études Qualité récurrentes font état de la satisfaction des abonnés sur la propreté des voitures, et d’une demande d’une disponibilité et d’un maillage plus importants de Bluely. « Il faut trouver l’équilibre entre la masse critique pour répondre à l’intérêt général de l’autopartage et le risque industriel assumé par l’opérateur », résume Pierre Soulard, confiant dans le pari de Bolloré. L’entreprise, selon lui, a fait le pari de l’électromobilité pour être prête lors du décollage du véhicule électrique et de la recharge intelligente partagée (un tiers des bornes sert aussi aux non-utilisateurs Bluely). Blue Solutions devrait donc poursuivre l’amélioration des performances de ses batteries tous formats à Lyon. Une décision pour se positionner comme un fournisseur fiable à Lyon, futur marché important, où le prochain passage à l’électrique du parc du réseau de bus du Sytral concerne plus de mille véhicules.


Claude FERRERO

*Bluely : 300 véhicules (130 en 2013), 12 700 abonnés. Citiz : 107 véhicules, 2 800 abonnés. Yea! : 150 véhicules.

Ewa

Des navettes autonomes à la demande attendues en septembre à Rouen

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Une première européenne ! C’est ce qu’affirment les promoteurs du service de navettes autonomes à la demande qui vont circuler à partir de septembre à Rouen, au beau milieu de la circulation. Ce service est porté par Rouen Normandy Autonomous Lab, résultat d’un partenariat public-privé doté d’un budget de 11 millions d’euros et regroupant la métropole de Rouen, la région Normandie, Transdev, Renault, la Matmut et la Caisse des dépôts.

Après 18 mois de travaux et une phase de test, le service est prêt pour être lancé sur la commune de Saint-Etienne-du-Rouvray. Dès septembre 2018, (sous réserve d’autorisation), et jusqu’à décembre 2019, il suffira à ceux voulant le tester, de télécharger une application pour pouvoir commander l’une des quatre ZOE électriques autonomes, mais aussi dès fin 2018, une navette i-Cristal de 12 places, codéveloppée par Transdev et Lohr.

Ces véhicules desserviront trois lignes totalisant 10 km, avec 17 points d’arrêts en correspondance avec les lignes du réseau de transport en commun de la métropole de Rouen. Les quatre Renault ZOE dédiées à ce projet sont équipées d’une technologie leur permettant de circuler sur routes ouvertes, en intégrant les contraintes de trafic, les autres véhicules, les ronds-points, les piétons… Pour des raisons réglementaires, un safety driver est présent dans toutes les voitures, prêt à reprendre la main si nécessaire.

Mais comme nous avons pu le vérifier, sa présence servira surtout à rassurer et informer les personnes empruntant le service. Car les véhicules ne sont pas laissés sur la route sans vigilance. Depuis le PC central des bus de Rouen, un poste de commandement a été installé. Tous les véhicules autonomes y sont géolocalisés, leur comportement contrôlé. Il est même possible d’y établir une communication avec les passagers en mode audio et vidéo. C’est depuis ce poste que l’opérateur peut intervenir en cas de nécessité. C’est de là notamment qu’en cas de pluie, il peut réduire la vitesse des véhicules, ou les arrêter.

La période de test avec utilisateurs permettra de vérifier l’acceptabilité sociétale de ce type de service de mobilité autonome, partagée et à la demande, et de prendre en compte les remontées d’informations délivrées par les voyageurs. « L’intérêt pour nous est d’avoir de vrais clients, pour avoir un retour d’utilisation et pouvoir commencer à travailler sur le business model. Car l’objectif est de vérifier que ce type de transport peut s’inscrire dans la continuité du transport public du premier ou dernier kilomètre, et de construire une offre de transport efficace, plus personnalisée, plus écologique et plus connectée, qui va transformer les frontières entre transport particulier et collectif », détaille Thierry Mallet, PDG de Transdev. « Nous allons voir comment les habitants vont s’approprier le service qui sera mis à leur disposition gratuitement. L’améliorer en prenant en compte les remarques, pour trouver le bon compromis vitesse/confort afin que cette expérimentation puisse donner lieu à généralisation », ajoute Frédéric Sanchez, président de la métropole Rouen-Normandie.

Valérie Chrzavzez

Ewa

« Je souhaite lancer le premier RER métropolitain »

Benoît Simian,
député LREM de Gironde

Benoît Simian, député LREM de Gironde et rapporteur du budget Transports à la commission des finances de l’Assemblée nationale, connaît bien le monde des transports, tout particulièrement la SNCF où il a travaillé (il est actuellement détaché) et avec laquelle il entretient des relations en tant qu’élu (il est aussi maire de Ludon-Médoc). Pour améliorer les transports du quotidien, il soutient l’idée de développer des RER métropolitains et mise sur le train à hydrogène, pour revitaliser des petites lignes.

 

Ville, Rail & Transports. Que peut-on attendre de la future loi d’orientation des mobilités (LOM) ?
Benoît Simian. Les Assises de la mobilité ont suscité beaucoup d’espoir chez nos concitoyens et parmi les acteurs du secteur. Il y a eu beaucoup d’écoute de la part des pouvoirs publics. Mais il est vraiment dommage d’avoir changé ce qui était initialement prévu : la LOM devait comporter trois volets : une partie programmation, un volet sur la réforme ferroviaire et un autre sur la stratégie liée à la mobilité.
Finalement, le gouvernement a choisi de passer par ordonnances sur la réforme ferroviaire. Et cela a éclipsé tout le reste. Or, tout traiter dans la même loi avait du sens pour disposer d’une vision d’ensemble.
J’entends parfois dire que le déclin du fret ferroviaire est dû à l’ouverture à la concurrence. Mais si on a échoué, c’est justement parce qu’on n’avait pas prévu un nouveau modèle pour le fret ferroviaire avant de le libéraliser C’est pourquoi il n’aurait pas fallu déconnecter la réforme ferroviaire de tout le reste.
Après la réforme ferroviaire, il nous restera donc à traiter la stratégie des mobilités et la loi de programmation. J’applaudis quand la ministre des Transports explique vouloir mettre le paquet sur les transports du quotidien et sur la régénération du réseau. On arrête le « tout TGV » même s’il ne faut pas faire du TGV bashing.
Les Français ne veulent pas forcément aller plus vite. Ils veulent un transport fiable. Je serai donc attentif en tant que rapporteur du budget à ce que les crédits alloués à la régénération soient effectivement affectés à ce poste.

VR&T. Concrètement quels projets pourraient voir le jour demain grâce à la LOM ?
B. S. La LOM doit définir une stratégie des mobilités, réfléchir aux mobilités du futur et proposer une boîte à outils. Car la révolution des mobilités doit être menée par les élus locaux eux-mêmes.
De ce point de vue-là, Bordeaux et sa région offrent un excellent cas pratique. Je crois beaucoup aux RER métropolitains préconisés par Elisabeth Borne.
Je souhaite notamment relancer la ligne du Médoc (Bordeaux – Le Verdon). Entre Bordeaux et Macau, qui se situe sur une zone dense, je propose de faire circuler un tram sur le réseau ferré national. Ce qui réduirait les coûts : un tram coûte 3 millions d’euros, contre 7,5 millions pour un train. Ce pourrait être le premier RER métropolitain !
Pour le financer, j’en appelle à la solidarité des territoires : Bordeaux Métropole, la Nouvelle-Aquitaine, et les intercommunalités concernées devront se mettre autour de la table pour signer un contrat de mobilité (autorisé par la LOM). La participation financière des communes sera possible grâce au « versement mobilité » que devrait prévoir la LOM.
Sur le tronçon allant de Macau jusqu’à Soulac-sur-Mer, où il faut gagner la bataille de la congestion et de la pollution, je propose une autre solution : lancer une étude pour recourir à un train à hydrogène. De ce fait, nous n’aurions pas besoin de refaire la caténaire comme c’est prévu dans le CPER puisque cet équipement est arrivé en bout de course, mais nous en attendons toujours la réfection. Nous pourrions ainsi économiser plus de 45 millions d’euros.
Alstom a déjà développé un train à hydrogène en Allemagne, le Coradia iLint, mais il n’est pas duplicable en France. Alstom a besoin d’une enveloppe de 50 millions d’euros pour investir en recherche-développement dans ce domaine. A priori, il suffirait d’équiper les TER avec une pile à combustible adaptée. Ce qui reviendrait à dépenser un million d’euros par train. Si nous devons développer une centrale photovoltaïque à proximité, cela nous coûterait au maximum 10 millions d’euros. Cela a d’autant plus de sens que nous sommes dans un parc régional naturel.
Début juin, une réunion de travail sera organisée sur ce projet avec la SNCF, l’Ademe et la Nouvelle-Aquitaine. Une autre suivra avec Alstom et l’EPSF. Il faut avancer étape par étape. Si on veut concrétiser notre projet dans cinq ans, il faut le lancer maintenant, d’autant qu’un appel à projet hydrogène est prévu. Une étude sera rendue publique début juillet par la région, la métropole et la SNCF.
L’hydrogène peut représenter une bouffée d’oxygène pour les petites lignes.

VR&T. Quels financements préconisez-vous pour alimenter l’Afitf ?
B. S.Il faut disposer de recettes affectées. Je regrette le fiasco de l’écotaxe, abandonné fin 2014, et qui nous a fait renoncer à 800 millions d’euros annuels. Simplement parce que les Bretons n’en voulaient pas. On aurait réglé toute l’équation financière avec l’écotaxe.
Aujourd’hui, je pousse pour une taxe affectée aux régions (une taxe « régio-transit » puisqu’il faut bannir le terme écotaxe), qui leur donnerait la capacité fiscale d’investir sur l’une de leurs principales dépenses, le ferroviaire.
Or, actuellement, on entend dire que la ministre des Transports souhaite lancer une vignette poids lourds alors que la Commission européenne veut interdire l’eurovignette à partir de 2022 pour la remplacer par une indemnité kilométrique.
Au niveau national, on peut s’inspirer du modèle proposé par l’Unipef (Union nationale des ingénieurs des ponts et forêts) ; qui estime qu’en 2031, lorsque les premières concessions d’autoroutes arriveront à échéance, on pourrait maintenir les péages et affecter les recettes à l’Afitf.
Ce serait un gage de financement pour l’avenir.
Je pense qu’au niveau local, il faut être girondin, au niveau national, il faut être innovant. Ainsi, on pourrait aussi sortir de la pause, car je ne peux pas croire qu’on ne lance plus de projets d’infrastructures dans ce pays.

VR&T. Vous avez fait partie du Comité d’orientation des infrastructures présidé par Philippe Duron. Quelle position avez-vous soutenue ?
B. S. Il faut lancer des lignes nouvelles lorsque le réseau est saturé, lorsque c’est justifié. c’est typiquement le cas de Bordeaux – Toulouse, qui est un corridor européen et a droit de ce fait à des subventions européennes à hauteur de 20 %. Alain Rousset [président de la Région Nouvelle-Aquitaine, NDLR] a proposé de faire une société de projet sur le modèle du Grand Paris. Cet axe, qui contribuera à améliorer les transports du quotidien, a aussi du sens pour le transport de fret.
Je me suis battu aussi pour le grand contournement routier de Bordeaux pour qu’il figure dans le rapport : la réalisation n’est pas prévue avant 2037, mais le rapport indique qu’il convient d’engager des études pour lesquelles il faudra obtenir des crédits.
Par ailleurs, il faut continuer à investir sur la route. Il ne faut répéter pas la même erreur que celle faite avec le ferroviaire dans lequel on a sous-investi pendant des années. On en paye désormais les conséquences. L’avènement du véhicule autonome, le développement actuel du covoiturage montrent que la route a de l’avenir.
Actuellement, ce qui me préoccupe beaucoup, c’est la situation des contrats de plan Etat-région : l’état de réalisation est extrêmement bas. En Nouvelle-Aquitaine, le taux de réalisation des engagements de l’Etat n’est que de 8 %. Et on est à mi-parcours !
En réalité, l’Etat a beaucoup trop promis, et du coup ne tient pas ses engagements. Cela crée un doute sur la parole de l’Etat. On a tellement peu investi ces dernières années qu’il y a des ralentissements partout sur le réseau ferré. Désormais, on se pose la question des fermetures… D’où mes propositions pour revitaliser les petites lignes.

Propos recueillis par Marie-Hélène Poingt

Ewa

N’oublions pas encore une fois le fret ferroviaire

© Getlink

Par Jacques Gounon, PDG de Getlink

Contrairement aux idées reçues, le fret ferroviaire fonctionne en France, et a un avenir.
Je ne reviens pas sur le secteur public : de nombreux rapports ont mis en évidence son manque de compétitivité qui a coûté plusieurs milliards d’euros à la collectivité et surtout aux usagers des transports publics qui n’ont pu bénéficier de l’argent englouti dans le fret, à leur détriment.
Cette situation a conduit au recul spectaculaire du fret ferroviaire en France, alors que cette activité progressait partout en Europe. Sa part dans le transport de marchandises a été divisée par deux en dix ans, pour tomber sous la barre des 10 %. A rebours de l’objectif de 25 % fixé par le Grenelle de l’environnement. Car, pour ne donner que quelques chiffres : un train de fret remplace 50 camions sur nos routes et permet de diviser par quatre l’émission de dioxyde de carbone (CO2) par tonne-kilomètre, comme l’a établi l’Agence européenne de l’environnement.
Le gouvernement a donc raison de s’engager pour relancer la filière. Elisabeth Borne a réuni l’ensemble des acteurs le 3 mai dernier et un plan de redressement doit être présenté. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a souligné l’importance de l’enjeu le 16 avril : « Le fret ferroviaire représente un levier essentiel pour le dynamisme économique de notre pays et pour une mobilité propre. »
Pour que le fret « marche », plusieurs conditions sont indispensables.

D’abord, il faut que les acteurs visent l’excellence opérationnelle. C’est notre objectif avec notre filiale Europorte, qui a enregistré une marge opérationnelle de six millions d’euros en 2017. Les puissants outils numériques mis en place, des chaînes hiérarchiques courtes et responsabilisées et l’engagement au quotidien de ses salariés, ont permis à Europorte de se développer en étant profitable.

Deuxième condition : rétablir les conditions d’une concurrence saine entre acteurs. L’Etat actionnaire doit être le garant de cette concurrence et non son perturbateur. Le projet de réforme de la SNCF peut accélérer les choses. La filialisation de Fret SNCF permettra sa responsabilisation. Mais pourquoi attendre 2020 ? Fret SNCF, qui a accumulé 4,3 milliards d’euros de dette depuis dix ans aurait depuis longtemps été déclaré en faillite si elle ne bénéficiait pas du soutien, que l’on pourrait considérer comme abusif, de sa société mère. Continuera-t-elle à déstabiliser le marché pendant les deux prochaines années en continuant à creuser ses pertes ?

Troisième condition : rendre la circulation des marchandises plus flexible que celle des passagers. L’Etat-régulateur doit y contribuer et supprimer les contraintes excessives et jamais traitées. La gestion des sillons devra être simplifiée pour coller à la réalité du terrain : délai de réservation réduit (deux ou trois mois au lieu de un an) et longévité accrue (24 heures au lieu de trois heures), à l’instar de ce qui se fait en Allemagne, Belgique ou Grande-Bretagne. L’Etat pourra aussi définir un réseau à « priorité fret » garantissant des sillons prioritaires disponibles pour des trafics essentiels (sidérurgie, céréales…). Sur le plan social, la négociation de la convention collective devra identifier une branche fret spécifique et soumise à des contraintes distinctes de celles de la branche passagers.

La prochaine loi d’orientation sur les mobilités (LOM) devra tenir compte de ces aspects et sanctuariser les indispensables et importants investissements permettant de relancer le fret ferroviaire.
Un service minimum a été instauré pour les passagers. Pourquoi ne pas en instituer un pour les marchandises, en prévoyant la possibilité de réquisition des postes d’aiguillages ? Les grèves qui durent depuis plus de deux mois fragilisent le secteur. L’indemnisation par SNCF Réseau des pertes doit être complète et rapide, pour permettre un redémarrage du secteur.
Alors, arrêtons avec le « fret bashing ». Le gouvernement y est déterminé, et tant mieux. Il veut rompre avec l’immobilisme pour rétablir une concurrence saine entre tous les acteurs. Il faut soutenir le management de la SNCF pour qu’il mène à bien les réformes engagées. Oui, le fret ferroviaire a un bel avenir. Si tous le veulent.

Ewa

Réforme SNCF : qu’en restera-t-il pour l’usager ?

Gilles Savary

Par Gilles Savary, ancien député national et européen, rapporteur de la loi ferroviaire de 2014, consultant.

 

La réforme de la SNCF votée par le Parlement est incontestablement la plus aboutie de toutes celles qui l’ont précédée.

Non pas que les précédents gouvernements soient restés immobiles, ni la direction de la SNCF, comme on l’entend dire. L’entreprise a incontestablement évolué, par la force des choses ou de stratégies adaptatives, mais sous la hantise d’un rapport de force syndical conservateur si ce n’est « propriétaire », et sans toucher à l’essentiel d’accommodements politiques de l’après-guerre.

Depuis la directive européenne 91/440, premier acte d’un projet de création d’une Europe du rail capable d’affronter celles de la route et de l’aérien, toutes les grandes nations ferroviaires d’Europe ont entrepris de moderniser leurs chemins de fer avec des résultats qui déclassent peu à peu notre prestigieuse SNCF dans les benchmarks de ponctualité, de qualité de service, de fiabilité, et même de sécurité, sans parler de sa situation financière. Ce faisant, elles ont, tant bien que mal, anticipé les bouleversements qui ont affecté les besoins et les comportements de mobilité avec l’avènement du numérique, que l’on peut résumer par une prise de pouvoir de l’usager et du marché, sans ménagement pour les illusions monopolistiques des compagnies historiques.

Faute de cela, la SNCF s’est employée à contourner ses propres handicaps en se modernisant empiriquement ; en intégrant des offres de mobilité alternatives au rail, et en créant des filiales de droit privé sur les marchés européens ou domestiques en matière de voyageurs (Keolis), de fret (VFLI) ou même de travaux sur voies (Sferis), avec des résultats édifiants pour ceux qui doutent encore de l’intérêt d’une réforme de la maison mère.

En France, les gouvernements successifs, tétanisés par la menace syndicale latente, ont adopté un robuste et interminable double jeu qui a consisté à voter à Bruxelles toutes les étapes de la construction de l’Europe du rail, et à y résister à Paris par les artifices les plus insoupçonnables, à commencer par « l’erreur d’aiguillage » de la réforme Pons de 1997 créant Réseau ferré de France. En séparant juridiquement le réseau de la SNCF, la France se posait en meilleur élève de la classe européenne, alors qu’il s’agissait d’un trompe-l’œil consistant à cantonner la dette ferroviaire dans un RFF coquille vide, et à conserver au sein de la compagnie d’exploitation SNCF l’ensemble des prérogatives d’infrastructures.

Depuis lors, sont passées par là les ouvertures « honteuses » et bâclées du fret en 2006, puis de l’international voyageurs en 2009 à trois semaines de la deadline européenne, sans oublier la grand-messe du Grenelle de l’environnement en 2007 en faveur du « tout-TGV » au mépris d’un audit alarmiste sur l’état du réseau historique, et d’une aggravation incontrôlée de la dette ferroviaire.

Ce n’est qu’en 2014, par la loi Cuvillier du 4 août 2014, que le gouvernement Ayrault a entrepris, de « remettre l’église au milieu du village » en transférant les 55 000 cheminots chargés de l’infrastructure à SNCF Réseau (ex-RFF). Toutefois, les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette réforme s’est arrêtée au milieu du gué, l’inertie des quatre chantiers de LGV engagés sous Nicolas Sarkozy contrariant par ailleurs la réorientation des investissements d’infrastructures en faveur du réseau historique, engagée par Frédéric Cuvillier et Alain Vidalies.

D’une certaine façon, la réforme Borne a rompu avec des années d’ambiguïtés et de divines prudences en poussant tous les curseurs de la réforme à leur terme : ouverture à la concurrence, statut des personnels, gouvernance de l’entreprise.

Elle n’a pas été abordée avec la plus grande délicatesse, face à des cheminots qui ne sont pas seuls responsables des atermoiements du passé. Mais après tout, le recours à une loi ordinaire et les précautions prises avec la CGT en 2014, n’avaient pas empêché deux semaines de grève dure.

En tout cas, à forfanter d’attaquer le statut des personnels par la face nord, le gouvernement a certes montré plus d’endurance que ses prédécesseurs mais au prix d’un mouvement social habilement mené qui accouche à la fois d’une renaissance syndicale improbable et de concessions gouvernementales très significatives.

La SNCF sort du vote parlementaire armée pour affronter l’avenir et stopper le déclin du rail, mais il n’est pas sûr qu’elle soit de sitôt en ordre de marche, au point que l’usager perçoive rapidement les dividendes d’une réforme qu’il a spectaculairement accompagnée de sa patience et d’une résilience sans précédent.

Il aura fallu 20 ans pour que le réseau, monopole public naturel, soit replacé au cœur de la stratégie ferroviaire nationale. Il n’est pas assuré qu’il y soit prêt. C’est pourtant sur SNCF Réseau, sans échappatoire possible, que vont désormais se déplacer les enjeux de productivité, de prix et de compétences, tellement le coût de l’infrastructure sera décisif du redressement du rail.

De son côté l’Etat devra cibler et sécuriser dans la durée ses choix d’investissement d’infrastructures et tenir fermement à distance les pressions politiques qui s’exercent sur eux, s’il veut régénérer rapidement le réseau du quotidien et éviter de rouvrir le robinet de la dette après avoir vidé la baignoire. La persistance de ses engagements sur des projets budgétivores en investissement comme en exploitations, comme le tunnel Lyon – Turin, le canal Seine – Nord, CDG Express ou les deux branches de GPSO, n’en résout pas limpidement l’équation.

Enfin, s’il est une concurrence qui est notoirement néfaste à la SNCF, c’est celle de ses syndicats politiques qui rivalisent de surenchères sans grand rapport avec l’intérêt des chemins de fer et de leurs usagers. A cet égard, nonobstant son essoufflement logique, le succès incontestable de la grève intermittente engagée en mai, pourrait bien leur inspirer une guérilla sporadique d’ici les élections professionnelles de novembre. Leur résultat sera éclairant du degré de consentement du corps social de la SNCF à se tourner vers l’avenir.

Si cette réforme, finalement plus française qu’allemande puisqu’elle transpose au rail le modèle français éprouvé des réseaux de service public urbains, est un gage d’avenir pour la SNCF et nos chemins de fer, encore faut-il que ces conditions internes convergent pour que les usagers en perçoivent concrètement les bienfaits.

Ewa

Uber devient un acteur du transport public à Nice

Ph Pradal ©DR

A Nice, la régie Ligne d’Azur a présenté le 4 juillet une nouvelle offre de transport proposée avec Uber. La plateforme de VTC américaine proposera le soir à partir de 20 heures du transport individuel au prix fixe de six euros, ce qui permettra de prendre le relais de lignes de bus complémentaires du tramway, qui s’arrêtaient alors de fonctionner à cette heure-là. Philippe Pradal, adjoint au maire de Nice, chargé des Transports, explique à VR&T les raisons de ce choix.

Ville, Rail & Transports. Pourquoi cette nouvelle offre ?
Philippe Pradal. Il s’agit d’une expérimentation visant à offrir aux abonnés annuels de la Régie Ligne d’Azur une offre de transport nocturne de 20h à 2h30 à partir ou vers six stations de tramway pour un tarif unique de six euros. Ce dispositif fonctionne sur le trajet de lignes de bus éligibles (que nous avons définies) et qui sont exclus de la desserte par notre service de bus nocturne (Noctambus ou arrêt du tramway). L’aspect collinaire du territoire de la ville de Nice nous a invité à imaginer ce dispositif dont l’activité relève plus d’un transport à la demande que d’un transport classique. Cette expérimentation permettra de vérifier la pertinence de cette hypothèse.

VR&T. Quel est le principe financier retenu ?
Ph. P. Le tarif pour l’usager sera de six euros par course. Il est possible que le coût réel de la course soit supérieur au tarif fixé. Dans ce cas, les parties sont convenues d’une répartition financière à parts égales, c’est-à-dire 30 000 euros chacune.

VR&T. Pourquoi avoir choisi une offre VTC ? Et pourquoi le choix Uber ?
Ph. P. La régie Ligne d’Azur a défini le cadre de son expérimentation puis a recherché les différents partenaires capables de mener cette expérimentation. L’objectif principal est de comprendre les mobilités de nos usagers pour nous assurer que notre offre de transport est adaptée à leurs besoins. Il était donc nécessaire de rechercher un partenaire disposant de l’infrastructure de traitement des données pour valider l’expérimentation.
Des contacts ont également été pris avec les taxis afin de leur proposer une expérimentation similaire. Des réunions techniques se dérouleront très prochainement.

VR&T. Envisagez-vous de recourir aux services d’autres plateformes ?
Ph. P. Non, une fois les différents sites évalués, nous disposerons de données fiables et nous serons en capacité de définir l’offre du réseau.

VR&T. Est-ce que ce service vous permet de supprimer quelques liaisons assurées par du transport public traditionnel ?
Ph. P. C’est tout le contraire, cette expérimentation ne supprime aucune offre du réseau de transport mais représente un service supplémentaire pour nos abonnés. Notre stratégie vise à faire de notre régie l’intégrateur des différentes solutions de mobilité proposées sur notre territoire. Les abonnés doivent pouvoir bénéficier d’un panier de services de mobilité. L’objectif est d’une part de favoriser le report modal, d’autre part d’apporter une réponses aux différents besoins de déplacements.

VR&T. Quel est le coût pour la collectivité ?
Ph. P. Il n’y a aucun coût supplémentaire autre que le partage avec le partenaire, de la compensation due par les trajets dont le coût réel est supérieur au tarif fixé.

VR&T. Si l’expérience se révèle positive, envisagez-vous de l’élargir ? Si oui, où ?
Ph. P. Avec l’arrivée de la ligne 2 de tramway sur le secteur ouest – est de notre territoire, nous nous demandons si nous pourrions développer une expérience similaire que nous souhaitons proposer en priorité aux taxis.

VR&T. Jusqu’où une collectivité peut-elle recourir à ce type de prestations ? Ne craignez-vous pas une dépossession d’un service public aux intérêts du privé ?
Ph. P. Il n’y a aucune dépossession du service public : il s’agit d’une offre intégrée au service public, opérée par un privé comme dans le cadre d’un marché public.

VR&T. Demandez-vous à avoir accès aux données d’Uber sur les déplacements ?
Ph. P. L’accès aux données nous permettra d’identifier les besoins en mobilité et permettra de vérifier la pertinence d’une telle offre.

VR&T. Combien de temps vous êtes-vous donnés pour évaluer l’expérience et quelle sera la prochaine étape ?
Ph. P. La convention d’expérimentation prévoit deux mécanismes : une durée d’un an et l’atteinte du plafond de compensation soit 30 000 euros par chaque partenaire. La prochaine étape consistera à analyser la pertinence de l’offre et son recalibrage, si nécessaire. L’étude des données pourrait éventuellement permettre de définir un cahier des charges pour répondre aux exigences de la commande publique et ouvrir la possibilité à n’importe quel opérateur d’assurer ce service.

Propos recueillis par Marie-Hélène POINGT