En créant Streeteo, filiale dédiée à la gestion du stationnement sur voirie dans la perspective de la mise en œuvre de la loi Maptam au 1er janvier prochain, Indigo espère s’imposer sur cet important…
marché dont l’entreprise a déjà conquis plusieurs places. Créée le 1er juin dernier, la filiale est dirigée par Paul Coiffard, jusqu’alors directeur des régions nord et est d’Indigo. Son adjoint, Maxime Autran, dans le métier depuis sept ans, a fait ses armes dans le stationnement dépénalisé sur voirie en Grande-Bretagne pendant quatre ans et était jusqu’à présent directeur voirie d’Indigo. Présent dans 16 pays avec un chiffre d’affaires 2016 de 860 millions d’euros, le groupe gère déjà 154 contrats (dont 50 incluent le contrôle et le recouvrement) « on-street », comme disent les pros, par opposition au « off-street » du marché historique des parkings. Soit quelque 2 500 km de places de stationnement, 22 000 horodateurs et 1 000 agents de contrôle.
Les horodateurs, c’est bien, mais y adjoindre le contrôle comme le permet la décentralisation et dépénalisation du stationnement, c’est encore mieux. Après Metz, conquis en décembre 2016, qui fait figure de ville-pilote, d’autres collectivités ont récemment signé avec Indigo des contrats qui tombent de facto dans l’escarcelle de la toute nouvelle filiale Streeteo : Beauvais dans l’Oise, ainsi que Nogent-sur-Marne et Alfortville dans le Val-de-Marne. Les offres peuvent être déposées sous le nom d’Indigo, qui bénéficie de son réseau de directions régionales, la filiale se chargeant principalement de l’opérationnel (recrutement des agents de contrôles si nécessaire, mise en place du système de contrôle et de recouvrement, etc.) une fois le contrat signé.
A la clé d’une gestion externalisée du stationnement, soulignent les directeurs, des avantages pour toute la collectivité. D’abord pour les communes et leurs regroupements qui voient les recettes augmenter, « grâce à une tarification adaptée, un taux de respect amélioré, sachant qu’il oscille en France entre 15 et 70 % et qu’on atteint facilement 85 % avec des contrôles automatisés grâce à des véhicules équipés de caméras lecteurs de plaques d’immatriculation comme nous les pratiquons à Madrid », liste Paul Coiffard. « On renforce le taux de rotation des véhicules, donc la disponibilité des places, donc la fluidité du trafic et on améliore un peu la pollution atmosphérique », détaille de son côté Maxime Autran.
Mais des atouts aussi pour les automobilistes qui devraient moins tourner en rond – on estime à 30 % la proportion de voitures qui circulent à la recherche de stationnement en ville – disposent de moyens de paiements facilités (via smartphone notamment), peuvent allonger ou réduire leur durée de stationnement en un clic… On peut aussi proposer du guidage prédictif vers les zones disponibles, comme le fait la start-up OPnGO partenaire d’Indigo à Metz. « On estime avoir réduit à 10 % du trafic le flux de véhicules qui cherchent une place dans la capitale espagnole », assure le directeur général adjoint de Streeteo. A Madrid, Indigo gère en effet toute la panoplie du stationnement depuis 2013.
La plupart des grandes agglomérations se sont préparées à la gestion du stationnement payant sur voirie. Plusieurs ont lancé des appels d’offres pour des marchés de prestations de services ou des délégations de service public : à Strasbourg, Bordeaux ou Montpellier où le groupe s’est positionné, la réponse est attendue très prochainement. On attend bientôt Nice ou Marseille, en tout environ 25 appels d’offres auxquels le groupe entend se porter candidat. A Paris, où la mairie a scindé le marché de six ans en trois lots géographiques d’environ 45 000 places chacun, le groupe s’attend à une réponse dans les toutes prochaines semaines. Il a fait une offre sur chaque lot et affronte les autres grands du secteur : Effia, Urbis Park, EM Park et SAGS. Indigo a proposé comme à Madrid des véhicules propres – hybrides ou électriques – pour le précontrôle avec lecteur automatique de plaque d’immatriculation (Lapi). « Notre métier devient de plus en plus technologique », souligne le directeur général. Une des raisons pour lesquelles Streeteo s’adjoint les services de sociétés innovantes comme Coppernic et Q2C (solutions complètes sur toute la chaîne, du paiement au recouvrement en passant par le contrôle), GenetEc (reconnaissance de plaques minéralogiques) ou Docapost, filiale numérique de La Poste, pour ne citer qu’elles…
Cécile NANGERONI