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 About ling jun jie

5 years experience in web development.

Ewa

OuiTGV et Ouistar dépassés par inOui

Pour parer les attaques, la SNCF a une défense toute trouvée : « Ce sont les clients qui ont choisi », a martelé Rachel Picard, la directrice générale de Voyages SNCF. Et d’expliquer :  « Le marketing, c’est le client qui dicte sa loi. Et moi…

 j’écoute les clients ! ».
Rachel Picard a travaillé avec l’agence de communication de la SNCF, TBWA, et particulièrement avec son agence de designBeing, pour proposer des noms et les tester auprès un panel de clients. À eux de choisir en effet, mais en restant sur un chemin bien balisé. Pour les aider dans leurs choix, il leur était expliqué la stratégie voulue par l’entreprise : une volonté de changement fort, une expérience plus fluide grâce au digital, un service enrichi grâce à des agents aux petits soins, bref une expérience de voyage inoubliable… selon les mots des marketers. Les clients n’avaient plus alors qu’à trancher entre les trois noms restés en finale : InOui donc, mais aussi OuiTGV et OuiStar. En essayant de coller à l’objectif de la SNCF.
Exit donc OuiStar (censé évoquer Eurostar), exit OuiTGV (trop proche de Ouigo et n’évoquant aucun changement), et place à inOui, symbole de la nouveauté et de l’inoubliable.
Et au fait, le choix de Rachel Picard et de TBWA, c’était quoi ?
M.-H. P.

 

Ewa

Route : Bruxelles veut remplacer les vignettes par des péages

Il est enfin sur la table. La Commission européenne a présenté, le 31 mai, l’imposant « paquet routier » qu’elle préparait depuis maintenant plus de deux ans. Si l’attention médiatique s’est surtout…

focalisée sur les aspects sociaux (remaniement des règles de cabotage, lutte contre les sociétés boîtes aux lettres, clarification sur le détachement…), le paquet comprend aussi une révision importante des règles de tarification de l’accès à l’infrastructure routière en Europe.

Bruxelles propose de modifier l’actuelle directive Eurovignette pour introduire une interdiction progressive des vignettes (journalières, hebdomadaires, mensuelles…) et les remplacer par des péages calculés en fonction de la distance parcourue. Elle introduit aussi le principe de variation des redevances en fonction des émissions de CO2, alors que jusqu’ici seuls la pollution atmosphérique (émissions de Nox, particules…), le bruit et la congestion sont pris en compte. Enfin, elle annonce de nouvelles limitations des émissions de CO2 des voitures et camionnettes pour fin 2017 et – ce sera une première – pour les poids lourds en 2018.

La CER, qui représente les compagnies ferroviaires à Bruxelles, s’est félicitée de ces initiatives, indiquant que les péages calculés sur la distance constituent un « excellent premier pas » pour établir une saine concurrence entre le rail et la route. Mais elle estime aussi que Bruxelles doit rendre ce principe obligatoire sur l’ensemble du réseau routier européen, ce que ne prévoit pas la proposition.

France Nature Environnement et le Réseau Action Climat ont appelé le nouveau gouvernement français à « saisir ces opportunités pour rouvrir le chantier de la redevance kilométrique poids lourds avec les acteurs concernés ».

Isabelle Smets

Ewa

Les Uber Green favorisent l’écoconduite

On sait déjà que les véhicules hybrides et a fortiori électriques sont moins polluants que leurs homologues thermiques, mais une étude du cabinet 6-t commanditée par Uber Green…

révèle, en plus, que les conducteurs de ces véhicules adoptent spontanément une conduite plus sûre, sans à-coups, donc moins énergivore et encore moins polluante. Un an après le lancement de ce service dans le Grand Paris, Uber a voulu détailler l’impact de ces 1 500 voitures basses émissions sur les chauffeurs et la clientèle, sachant que plus de 55 000 personnes ont testé l’option Green.

« Pour les analystes de la mobilité, une des principales difficultés est la rareté des données, surtout en ce qui concerne les pratiques émergentes. C’est aujourd’hui le cas pour les voitures hybrides et électriques : tout le monde en parle, mais peu de connaissances sur leurs usages sont disponibles », explique Nicolas Louvet, Directeur de 6-t. Un bureau qui y a vu « l’opportunité de produire des données qui n’existaient pas encore et de les partager ».

L’étude a mis en lumière plusieurs enseignements, à commencer par les économies pour les chauffeurs. Sur le carburant bien sûr, une berline hybride consommant 25 % de moins. Mais aussi sur l’achat : 1 500 euros de moins en moyenne. Et encore plus sur la location du véhicule, en moyenne 20 % moins chère qu’une berline thermique. De plus, les chauffeurs appuient moins sur le champignon. « 51 % des chauffeurs de voitures hybrides roulent le plus souvent possible de manière à utiliser uniquement le moteur électrique et 54 % d’entre eux affirment accélérer le plus souvent possible de manière progressive afin de consommer moins de carburant », précise en outre l’étude.

Autre leçon, conducteurs (43 %) comme passagers (46 %) sont surpris et bluffés par le silence et le confort. Enfin, forts de cette découverte, ils deviennent des ambassadeurs de la technologie, voire des prescripteurs. 31 % des utilisateurs de voitures électriques avec l’option d’Uber déclarent qu’ils les connaissent mieux parce qu’ils en ont discuté avec les chauffeurs et 63 % affirment en avoir déjà recommandé l’achat à un proche. Ils sont aussi 53 % à recommander l’utilisation d’une hybride. Voilà un cercle vertueux qui mérite sans doute d’être exploité.

C. N.

Ewa

La ligne nouvelle chinoise  en service au Kenya

Presque huit mois après la ligne nouvelle de Djibouti à Addis-Abeba inaugurée en octobre dernier, l’ingénierie chinoise remplace un deuxième chemin de fer colonial africain à voie métrique par une voie normale. Cette fois, c’est au Kenya…

entre le port de Mombasa, sur l’océan indien, et la capitale Nairobi. Deux villes déjà reliées par une ligne à voie métrique construite par les Britanniques et les Indiens entre 1896 et 1901, dont les performances (capacité et vitesse) ne permettaient plus de transporter le fret en provenance du port.

Le 31 mai, le président kenyan Uhuru Kenyatta a officiellement ouvert la ligne nouvelle, logiquement nommée Standard Gauge Railway (SGR, soit « chemin de fer à voie normale »). Le chef d’Etat, en pleine campagne électorale, a emprunté à l’occasion le tout premier train de voyageurs Madaraka Express (Madaraka signifiant « autodétermination » en swahili), après avoir lancé, la veille, le train inaugural de fret.

Long de 472 km, le nouvel itinéraire entre les deux principales villes du Kenya est en grande partie parallèle au tracé de l’ancienne voie métrique du Chemin de fer Kenya-Ouganda. A voie unique, la ligne nouvelle est conçue selon les normes chinoises de catégorie 1, robustes et nécessitant un faible niveau de maintenance. Posée sur traverses béton, cette voie accepte une charge de 25 tonnes par essieu (soit plus que les 22,5 t/essieu du réseau classique français) et autorise le passage de trains de voyageurs jusqu’à 140 km/h (120 km/h en pratique) et des trains de fret jusqu’à 80 km/h.

De quoi permettre aux trains sans arrêt de relier Mombasa à Nairobi en quatre heures et demie (contre neuf heures en bus ou une douzaine d’heures par l’ancien Lunatic Express), pour un prix de 900 shillings (7,75 euros) en classe économique, soit légèrement moins que le bus, le billet en classe Business étant quant à lui trois fois plus cher. Deux types de Madaraka Express relient les nouvelles gares monumentales de Mombasa et Nairobi : les Intercity sans arrêt et le County Train desservant les sept gares intermédiaires de Mariakani, Miasenyi, Voi, Mtito Andei, Kibwezi, Emali et Athi River.

Côté fret, Kenya Railway Corp a déclaré que l’envoi d’un conteneur EVP entre Mombasa et Nairobi reviendrait à 50 000 shillings (429 euros) par le SGR, contre 90 000 shillings (775 euros) par la route, en huit heures maximum (soit un gain de temps pouvant atteindre 24 heures). Mais c’est surtout en capacité que le fret bénéficiera de gains colossaux, qui devraient permettre de décongestionner l’axe routier entre Mombasa et Nairobi.

La nouvelle voie ferrée entre ces deux villes est censée être le premier tronçon d’un nouveau réseau à voie normale couvrant également l’Ouganda, le Rwanda et le Sud-Soudan. En poursuivant au Kenya par la phase 2, entre Nairobi et Malaba, à la frontière ougandaise. Egalement confiés à CRBC, les travaux de la phase 2 ont été officiellement lancés en octobre dernier. Alors que côté ougandais, les 273 km jusqu’à Kampala ont été attribués à une autre entreprise chinoise, China Harbour Engineering, qui doit mener à bien les travaux d’ici la mi-2020.

Financée à 90 % par la Banque Exim de Chine et construit par China Road & Bridge Corporation (CRBC) entre fin 2014 (soit un an après le lancement symbolique des travaux) et début 2017, la ligne nouvelle Mombasa – Nairobi est revenue à 2,8 milliards d’euros. Même s’il est censé accélérer le développement du Kenya et créer plusieurs dizaines de milliers d’emplois, cet investissement inquiète l’opposition politique et la Banque mondiale. Certains y voient aussi une mainmise de la Chine, qui souhaite ouvertement disposer ici d’une tête de pont pour accéder au cœur de l’Afrique. Une Chine devenue, le temps de la construction de la ligne nouvelle, le premier partenaire commercial du Kenya, détrônant l’Inde, partenaire privilégié de longue date. Quoi qu’il en soit, gare à ceux qui dégraderont le plus important projet d’infrastructure réalisé au Kenya depuis son indépendance, octroyée en 1963 : la BBC rapporte que le président Kenyatta ferait passer une loi condamnant à mort par pendaison toute personne se livrant à un acte de vandalisme sur la ligne nouvelle…

P.L.

Ewa

Ils/elles bougent

Grégoire Forgeot devient directeur du RER D / Linda Huguet quitte Alstom pour Keolis / Stéphane Cougnon va piloter la transformation de la Gare du Nord

 

 

Grégoire Forgeot devient directeur du RER D
Julien Dehornoy ayant été nommé directeur-adjoint du cabinet d’Elisabeth Borne, ministre des Transports, c’est Grégoire Forgeot d’Arc qui le remplace à la direction de la ligne D du RER à SNCF Transilien. Diplômé de HEC (1993-1996), Grégoire Forgeot d’Arc a été notamment directeur délégué TER Basse-Normandie (2005-2008), directeur délégué TER Lorraine (2008 – 2010) ; Chief operating officer de Thalys (2010-2013). Il était dernièrement directeur du réseau commercial de la SNCF.

Linda Huguet quitte Alstom pour Keolis
Linda Huguet devient responsable de la communication internationale chez Keolis. Linda Huguet est rattachée à Marsid Greenidge, Director International Communications and Public Affairs. L’ancienne responsable des relations avec les médias d’Alstom Transport remplace à ce poste Ségolène Deeley, qui devient directrice de la communication et des publications de la plateforme Australie de Keolis.

 

Stéphane Cougnon va piloter la transformation de la Gare du Nord
Stéphane Cougnon a rejoint SNCF Gares & Connexions le 2 mai 2017 en qualité de directeur du Programme Gare du Nord – Transformations 2024.
Diplômé de l’Ecole Supérieure des Travaux Publics (1993), il a successivement occupé les postes d’ingénieur travaux au sein de Colas, de senior manager Infrastructures chez Eurodisney Développement et de directeur de l’Aménagement au sein du BET Gaudriot. De 2007 à 2013, il a exercé les fonctions de directeur du Développement chez Icade Promotion.

En 2013, il intègre Espaces Ferroviaires, la filiale de développement immobilier du Groupe SNCF comme directeur de l’Aménagement, avant de devenir directeur général adjoint entre 2015 et 2017.

Stéphane Cougnon aura pour mission d’accélérer les réalisations et de coordonner les projets de transformation de la gare du Nord et de la gare de l’Est. Il rejoint l’équipe de Benoît Brunot à la direction du Développement de SNCF Gares & Connexions.

Ewa

L’alliance franco-allemande Alleo sur la voie de la reconquête

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Alleo, qui fête cette année ses dix ans, est en train de rattraper le retard subi en 2016. L’offre à grande vitesse franco-allemande proposée en coopération par la SNCF et la Deutsche Bahn a en effet fortement subi l’année dernière…

le contrecoup des attentats perpétrés en France et de l’accident de la rame d’essai du TGV Est survenu fin 2015. « Alors que nous affichions un trafic en hausse de 5 à 10 % par an au tout début de la coopération, puis de +3 à +5 % à partir de 2012, le trafic a chuté en 2016 en atteignant 1,6 million de passagers contre 1,8 million l’année précédente », relate Emmanuel Mroz, le directeur d’Alleo côté France. « En 2017, notre objectif est de rattraper ce retard et même de gagner encore du trafic. Nous sommes sur la bonne voie », ajoute-t-il.

Les évolutions de dessertes proposées depuis 2016 devraient y aider. Tout particulièrement l’ouverture de la deuxième phase du TGV Est en juillet dernier, qui a permis de gagner 30 minutes entre Paris et Stuttgart et une dizaine de minutes entre Paris et Francfort. A cette occasion, l’offre a été augmentée et portée à 5 allers-retours chaque jour entre Paris et Stuttgart (en 3 heures 08 pour le meilleur temps de parcours) et à 6 allers-retours quotidiens entre Paris et Francfort (3 heures 38, meilleur temps de parcours). De plus, un train relie chaque jour Francfort à Marseille.

Un billet combiné a également été mis en place permettant de prendre facilement et avec un seul titre de transport une correspondance entre les trains Alleo et sept destinations importantes (Hambourg, Berlin, Heidelberg et Kassel côté allemand, Bordeaux, Montpellier et Marne-la-Vallée, côté français). « Nous avons dû fournir un travail important pour trouver les meilleures correspondances et des tarifs avantageux qui ne correspondent pas à l’addition du prix des deux billets. Cela répondait à une vraie demande », commente Emmanuel Mroz.

Pour conquérir de nouveaux voyageurs, Alleo mise aussi sur le service. Le Wi-Fi sera proposé à bord des trains gratuitement à partir de juillet. Et une réflexion est lancée sur l’extension des périodes de réservation : aujourd’hui, il est possible de le faire jusqu’à 4 mois avant, pourquoi pas plus ? s’interroge Alleo.

Enfin les responsables franco-allemands vont prochainement plancher sur la suite de l’accord de coopération Alleo prévu pour durer jusqu’en 2020. Il y a du potentiel estime-t-on, puisque si sur la ligne Paris – Stuttgart, le train accapare 65 à 70 % des parts de marché face à l’avion, il n’en détient que 30 à 35 % sur l’axe Paris – Francfort. En attendant, 10 000 billets vont être vendus en France au prix promotionnel de 29 euros en seconde classe (39 euros en 1re) du 1er au 10 juin pour des voyages à effectuer du 19 juin au 30 septembre sur les lignes Alleo. Et 10 000 billets seront vendus aux mêmes conditions côté allemand pour marquer les dix ans de l’accord.

M.-H. P.

Ewa

« La mobilité, contre une France fracturée à l’extrême »

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Tribune de Dominique Busserea, ancien ministre, député Les Républicains
et président du conseil départemental de Charente-Maritime, président de l’Assemblée des départements de France, vice-président du Gart.

En signant en commun, avant le second tour de l’élection présidentielle, une tribune sur la liberté fondamentale que représente la mobilité, mes collègues députés (Philippe Duron, Gilles Savary, etc.) et moi avons non seulement effectué une démarche politique forte mais également tiré collectivement les conséquences du premier tour.

Deux éminentes personnalités, le démographe Hervé Le Bras et le géographe Christophe Guilluy expriment, en termes proches, les mêmes conclusions.

Hervé Le Bras constate : « L’émergence géographique de l’extrême droite a des raisons objectives : là où elle obtient ses meilleurs résultats c’est là où les problèmes économiques et sociaux sont les plus graves… Que l’on cartographie le taux de chômage, la proportion des jeunes sans diplôme, la pauvreté, la fréquence des ménages monoparentaux ou le niveau d’inégalité locale, on obtient des répartitions très semblables : une grande zone au nord de la ligne Le Havre/Belfort, le rivage méditerranéen jusqu’à cent kilomètres de profondeur, la vallée de la Garonne entre Toulouse et Bordeaux… On peut parler de périphérie, de sentiment d’abandon… »

Le constat est donc clair : les périphéries des agglomérations et des villes moyennes, la ruralité ont exprimé et expriment un sentiment de délaissement et d’abandon.

Il est évident que l’absence de services (téléphonie mobile, Internet, transports de proximité) est perçue par bon nombre de nos concitoyens comme fracturante et qu’ils en tirent un sentiment d’exclusion avec des conséquences politiques très claires.

L’amélioration de toutes les mobilités est donc – sans exclusive ! – une des manières d’effacer ce sentiment d’abandon.

Les chiffres fournis en 2016 par l’Observatoire de la mobilité piloté par l’Union des Transports publics et ferroviaires (UTP) montrent que les Français font preuve d’un véritable engouement pour les transports collectifs et la mobilité durable mais que paradoxalement par rapport à 2015 le taux d’utilisation du TER a perdu trois points.

De même l’UTP constate que l’augmentation de recettes, dans le transport public incombe exclusivement aux grands réseaux (+4 %) qui augmentent l’offre (+1,5 %) et la concentrent sur des lignes à fort potentiel de clientèle. Dans les agglomérations de taille moyenne, l’offre n’a augmenté que de 1,1 % et dans les plus petites collectivités, les chiffres sont différents : l’offre ne progresse que de 0,5 % et la fréquentation de 0,6 %.

Face à cette situation et aux difficultés financières des collectivités (les élus ne diminuent pas par plaisir l’offre et la qualité des services publics) il faut donc rappeler – comme le fait régulièrement le Gart – qu’il est nécessaire d’investir massivement dans l’amélioration des transports au quotidien.

Chacun sait ce qu’il faut faire : donner une vraie qualité de service aux clients, baisser la fraude et surtout l’acceptabilité de la fraude, rétablir la sûreté sur les réseaux, garantir un service permanent malgré les conflits sociaux…

Dans nos territoires ruraux, malgré les aberrations de la loi Notre, il faut conforter le rôle des départements dans les transports de proximité (covoiturage, transports sociaux par taxis au profit des plus défavorisés) et donner aussi plus de liberté aux régions, ce qui passe par l’ouverture immédiate de la concurrence pour les TER.

Enfin les enjeux sont financiers : le transport public est sous-financé par ses clients et l’effet de ciseau augmente : entre 2003 et 2013, la dépense a progressé de 6 % dans les transports urbains et la recette a baissé de 12 %.

Les recettes tarifaires doivent donc couvrir au minimum la moitié du coût tout en favorisant la mise en place d’une tarification sociale intelligente, selon la réalité des revenus et l’éloignement et non pas en fonction du statut social ou de l’âge.

Enfin, nous ne ferons pas l’économie de revenir sur les décisions néfastes du quinquennat achevé : la suppression de l’écotaxe et l’augmentation de la TVA dans les transports du quotidien.

J’en reviens ainsi à la conclusion de notre tribune pluraliste, citée plus haut : « Liberté, égalité, fraternité, telle est la devise notre République. Tel est également, dans ce second tour de l’élection présidentielle, le chemin du projet que nous choisissons pour une qualité de service des transports au bénéfice de nos compatriotes et de nos entreprises. »

Ewa

Zone à circulation restreinte : Paris accélère, la métropole s’apprête à démarrer

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Six mois après l’interdiction de circuler aux véhicules non classés, c’est-à-dire ne bénéficiant d’aucune vignette Crit’Air, soit les voitures de plus de 20 ans, la Ville de Paris enclenche la phase 2…


au 1er juillet. A cette date, il ne sera plus possible d’entrer dans Paris du lundi au vendredi entre 8h et 20h avec un véhicule qui a reçu la pastille Crit’Air 5, de couleur grise. Il s’agit des voitures particulières diesel datant d’avant 2001 (norme Euro 2), ainsi que des utilitaires antérieurs à 2002. Les poids lourds, autobus et autocars Crit’Air 5 quant à eux ont été immatriculés avant octobre 2006 (entrée en vigueur de la norme Euro IV) et seront bannis 7 jours sur 7 sur l’ensemble du territoire parisien. De plus, l’absence de vignette Crit’Air sur le pare-brise deviendra verbalisable, à hauteur de 68 euros (PV minoré à 45 euros et majoré à 180 euros). Un décret publié début mai par l’Etat précise en effet que l’absence de vignette peut désormais être sanctionnée.

C’est une nouvelle étape importante pour la première zone à circulation restreinte (ZCR) de France – qui représente la totalité du territoire parisien excepté le périphérique et les deux bois. La municipalité rappelle qu’elle a mis en place depuis 2015 une série d’aides pour accompagner la transition vers des mobilités propres et notamment le remboursement du passe Navigo, les réductions sur les abonnements Autolib’ ou encore jusqu’à 400 euros pour l’achat d’un VAE.

Pour mémoire, le plan antipollution de la Ville de Paris visant initialement à éradiquer le diesel de ses rues en 2020 a été adopté en février 2015. La mise en œuvre des interdictions est prévue pour être progressive. Après les autocars antérieurs à octobre 2001 interdits en juillet 2015, les voitures diesel de plus de 20 ans au 1er juillet 2016, l’interdiction concerne maintenant les véhicules plus récents. Depuis le 16 janvier, la vignette Crit’Air devenue obligatoire est venue simplifier la compréhension du dispositif pour le public.

Jusqu’à présent les interdits touchaient environ 16 % du parc automobile francilien, soit 1 véhicule sur 7, mais la mairie estimait que seuls 1 % d’entre eux circulait réellement en semaine dans Paris, soit quelque 30 000 moteurs. Dans le même temps 6 % du parc de deux-roues a été banni. Avec la nouvelle phase, seront proscrits des rues de la capitale environ 4,5 % des véhicules immatriculés en Ile-de-France. Une faible part. Pourtant selon Christophe Najdovski, l’adjoint chargé des déplacements parisiens, qui s’exprimait en janvier lors du pic de pollution durant lequel ces mêmes véhicules sont restés au garage, ils sont à l’origine « de 11 % des émissions de particules fines et de 15 % des émissions d’oxyde d’azote. »

Pour la prochaine phase du plan, la municipalité n’a pas fixé de calendrier officiel. Elle explique généralement qu’elle souhaite poursuivre en discutant avec les territoires voisins. Mesure pertinente, étant donné que la pollution atmosphérique ne s’arrête pas au périphérique. « Nous voulons discuter de l’extension de la ZCR à l’échelle de la métropole du Grand Paris et non plus seulement à Paris intra-muros. Je ne veux donc pas préempter des décisions futures qui pourraient être prises avec d’autres communes du Grand Paris », affirmait ainsi Christophe Najdovski en début d’année.

Pourtant, rien de ce genre n’est encore à l’ordre du jour au sein de l’intercommunalité regroupant 131 communes dont Paris et couvrant sept millions d’habitants. « C’est prématuré pour nous et la métropole n’a pas toutes les compétences, notamment en matière de police », explique-t-on à la Métropole du Grand Paris (MGP). La décision de Donald Trump le 31 mai de se retirer de l’accord de Paris a été l’occasion pour la collectivité de rappeler son engagement en faveur du changement climatique et de la pollution atmosphérique : « En France, 48 000 morts par an, soit 9 % de la mortalité nationale, sont causés par les particules fines et 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur la planète. Les faits sont indiscutables », évoque la MGP.

« L’élaboration du Plan climat-air-énergie métropolitain a été lancée dès le 23 mai 2016 soit quelques mois seulement après la création de la métropole, c’est pour nous un marqueur fort, fait encore remarquer ce porte-parole. A terme, il sera un outil de lutte contre la pollution de l’air. » Par ailleurs, la MGP devrait lors de son prochain conseil, le 23 juin, émettre un avis défavorable sur la révision du Plan de protection de l’atmosphère (PPA) en Ile-de-France au motif d’une importante déception en réceptionnant l’enveloppe de l’appel à projet « Villes respirables en 5 ans ». L’aide de l’État, attribuée lors des derniers jours du Ministère Royal, se monte à 123 000 euros seulement sur le million potentiellement attribuable.

La métropole ambitionne pourtant d’être très active sur la question des mobilités « propres ». Ainsi, dans le cadre de son plan « la métropole roule propre ! » lancé à l’automne dernier, propose-t-elle une subvention allant jusqu’à 5 000 euros aux habitants des départements de petite couronne – 9 000 euros pour les professionnels – se séparant d’un vieux diesel pour acheter une voiture électrique, hydrogène, hybride rechargeable ou GNV. Une aide à l’achat d’un VAE est aussi offerte à ceux qui envoient à la casse un ancien deux-roues motorisé. Six mois après, une cinquantaine de subventions auraient été versées.

La MGP encourage enfin le développement d’un maillage dense de pistes cyclables et soutien l’implantation des stations de Vélib’ au travers de deux fonds. Pour chaque station Vélib’, une mairie pourra toucher 10 000 euros de la MGP, soit 50 % du coût réel, dans la limite de 400 stations en tout pour la métropole. Il est tout de même un sujet où ville et métropole sont parfaitement en phase, c’est celui de la création d’un réseau international de coopération, baptisé Guapo et annoncé de concert par Anne Hidalgo et Patrick Ollier en juin 2016. Cet Observatoire mondial des villes sur la qualité de l’air consacré à la lutte contre la pollution atmosphérique doit faciliter le partage de connaissances, avec le soutien de l’OMS. Sa plate-forme collaborative a vocation à devenir un véritable hub mondial sur la qualité de l’air…

Cécile NANGERONI

Ewa

La nouvelle bataille du stationnement

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La dépénalisation du stationnement programmée le 1er janvier prochain se prépare en ce moment.
Les grandes métropoles qui ont fait le choix de déléguer le contrôle du stationnement payant ont lancé leurs consultations. Dans le cadre de la compétition lancée par Paris, les offres finales ont été remises il y a quelques semaines et le résultat devrait être connu courant juin. Des négociations sont aussi en cours à Bordeaux, les premières offres ont été remises à Strasbourg ainsi qu’à Montpellier…

Les acteurs traditionnels, Indigo, Effia ou Transdev Stationnement, sont sur la brèche. Mais
on voit aussi arriver des candidats de l’étranger. Notamment d’Espagne où la dépénalisation du stationnement est déjà pratiquée. Des acteurs chinois se montrent intéressés par le marché européen. Mi-mars, Les Echos révélaient que Shougang, l’un des plus grands groupes sidérurgiques chinois, avait remis une offre pour reprendre Indigo, le numéro un en France.

Autre bouleversement : la tendance de nombreuses villes à réduire la place de la voiture dans leur centre ainsi que la digitalisation des métiers imposent de repenser le modèle économique. Avec de nouveaux challenges portés par l’arrivée d’opérateurs, notamment les pure players du digital qui se développent vite et bousculent le marché avec des offres tarifaires low cost.

VR&T a interrogé les patrons de trois sociétés, Sébastien Fraisse, directeur général adjoint d’Indigo, Fabrice Lepoutre, directeur général d’Effia, et François Bruyant, président de Transdev Stationnement. Points de vue.

Ville, Rail & Transports. Quel bilan dressez-vous de votre activité en 2016 et quelles sont les perspectives pour 2017 ?

Sébastien Fraisse. Pour Indigo, 2016 a été une année record puisque nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 860 millions d’euros, en hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. Tous nos marchés sont en hausse. La croissance a été particulièrement dynamique à l’international (notamment en Europe, tout particulièrement en Espagne, mais aussi au Brésil ou aux Etats-Unis). La France représente désormais la moitié de notre activité.

En 2017, nous espérons la même tendance, avec certainement une croissance plus dynamique à l’international, qui devrait alors représenter plus de la moitié de notre chiffre d’affaires.

Francis Lepoutre. Malgré tous les vents contraires en 2016, Effia a réalisé une année très solide avec une hausse de 3 % de son chiffre d’affaires à 145 millions d’euros. Nous avons réalisé une superbe année sur le plan commercial, avec 19 contrats remportés auprès de donneurs d’ordres publics et privés.

Conjuguée à une politique commerciale B to C très active, cette dynamique nous permet de réaliser un début d’année en fanfare avec une hausse du CA de plus de 11 % par rapport à 2016 sur le premier trimestre. Si l’on fait abstraction de Paris intra-muros, qui subit les conséquences de la politique de la ville en matière de restriction de la circulation, tous les clignotants sont au vert et l’année 2017 sera un très bon millésime.

Par ailleurs nous venons de nous implanter en Belgique à travers l’acquisition de la société Alfa Park, qui représente la première étape de notre développement à l’international. Enfin, nous nous positionnons résolument sur les appels d’offres en cours pour la gestion de la voirie dans le cadre de la dépénalisation du stationnement, qui représente des perspectives très intéressantes dans les trois années qui viennent.

François Bruyant. Le groupe Transdev, qui est l’opérateur des mobilités du groupe de la Caisse des dépôts (Transport et Stationnement) a renforcé de manière très importante ses capacités dans les métiers du stationnement en parcs et en voirie. En complément de ces activités, directement ou à travers ses SEM partenaires (stationnement public et privé parcs et voirie, parcs d’aéroports gérés, parcs-relais), Transdev Stationnement a procédé fin 2016 à l’acquisition de 100 % des activités d’exploitation du groupe Urbis Park (250 collaborateurs) et de 10 % de la société des actifs gérés.

Ces activités (dont le chiffre d’affaires n’est pas consolidé) représentent actuellement un ensemble global de 130 000 places gérées (Paris et IDF, Montpellier, Bordeaux, Metz, Nancy, Laval, Marseille…) Soit un doublement du nombre de places entre 2016 et 2017. Cela contribue à l’expertise du groupe Transdev et lui permet de compléter l’offre multimodale du parcours client, de répondre aux attentes des collectivités et d’apporter une offre de stationnement prenant en compte les enjeux de mobilité au sens large.

Nous assistons depuis plusieurs mois, à l’approche de la mise en œuvre de la loi Maptam prévue au 1er janvier 2018, à un très fort développement des appels d’offres de gestion et contrôle du stationnement payant de voirie (associés ou non à la gestion de parcs du stationnement).

Nous avons été les premiers à remporter ce type d’appel d’offres (avec celui de la ville de Suresnes, en cours de déploiement), et nous sommes également présents dans toutes les grandes consultations en cours (Paris, Bordeaux…), mais aussi dans de nombreuses villes moyennes.

Par ailleurs nous privilégions les offres de gestion globale du stationnement urbain (parcs et voirie), qui nous permet d’apporter une valeur ajoutée complémentaire liée à la connaissance des enjeux globaux de mobilité (transport et stationnement), aux synergies possibles et de profiter des innovations développées par le groupe Transdev.

VR&T. Comment imaginez-vous les parkings de demain ?

Sébastien Fraisse. Les sujets dont on parlait depuis plusieurs années (apporter des services nouveaux) se concrétisent. Ainsi, nous avons lancé début mai à Boulogne-Billancourt le premier « parking Midas ». L’automobiliste peut faire réviser sa voiture, changer les pneus. Il peut aussi récupérer un colis.

Nous partons du constat que les parkings peuvent aussi servir à la vie quotidienne. Ils doivent faire partie du parcours de l’automobiliste.

Autre projet que nous lancerons en septembre également en Ile-de-France : nous avons neutralisé deux niveaux dans un parking de la Défense, soit 1 600 m2, pour aménager un site dédié à l’événementiel qui sera géré par Culture et Patrimoine. Des concerts pourront être organisés ainsi que des expositions, il sera aussi possible d’y boire un verre. Nous allons donner un autre usage aux parkings. Car ce parking avait été surdimensionné et cela répond à la demande de notre délégataire. Ce sera original et sans équivalent dans la région parisienne.

Dans le cadre de la requalification des centres-villes, on envisage aussi des animations dans les parkings. La France est très en retard par rapport à d’autres pays dans ce domaine. Très souvent pour des questions de réglementation. En Colombie par exemple, le tiers du chiffre d’affaires d’Indigo ne provient pas directement du stationnement mais d’autres activités.

Enfin, je vous rappelle qu’Indigo, qui se positionne comme le leader du stationnement, souhaite élargir son activité à la mobilité. Actionnaire de Smoovengo, nous avons signé le 9 mai le contrat Vélib’. Le service pourra s’appuyer sur nos parkings en centre-ville où les vélos pourront être réparés ou stockés.

Fabrice Lepoutre. Nous travaillons sur trois axes pour le client. D’abord, nous améliorons l’expérience client en rendant l’accès aux parkings plus simple à travers un parcours digital plus fluide. Ensuite, nous proposons des services pour rendre nos sites plus conviviaux : en ce moment par exemple nous généralisons les boîtes à lire, qui reposent sur une démarche participative : chacun dépose un livre et emprunte ceux déposés par d’autres. Enfin nous travaillons sur une offre full service : jusqu’à présent un client payait un espace de stationnement pendant un espace-temps donné. Demain, il accédera à un bouquet de services autour de la voiture, parmi lesquels le stationnement : il pourra en amont réserver le lavage de sa voiture, le changement des pneus, le chargement électrique, etc. le tout en quelques clics sur une appli ergonomique, avec des tarifs compétitifs. En venant chez nous, le client gagnera du temps. Pour cela nous nouons des partenariats avec des entreprises spécialisées et c’est ce qui nous a conduits fin 2016 à prendre le contrôle de la start-up L2O, qui a inventé un dispositif de lavage écologique très innovant.

François Bruyant. Les parkings en ouvrage vont être impactés par les contraintes et le contrôle accru du stationnement en voirie : le comportement des automobilistes changera forcément. On pense que cela devrait les inciter à fréquenter davantage les parkings. Peut-être aussi les nouvelles politiques de stationnement des collectivités pourraient accélérer de nouvelles formes de travail comme le télétravail.

D’ores et déjà, les clients nous demandent plus de simplicité, des services personnalisés et des offres tarifaires attractives. Nous cherchons à leur simplifier la vie avec des comparateurs modaux, des supports uniques de paiement et des services, comme la possibilité de récupérer un colis ou de réaliser des travaux d’entretien de leur véhicule quand il est au parking.

Nous menons aussi une réflexion basée sur notre expertise de la mobilité et notre connaissance du parcours client. Nous tirons parti de la mutualisation de nos services. Par exemple, à Thonon, où nous venons de remporter un marché liant le stationnement en voirie et en parcs, nous pouvons jouer sur les synergies avec Transdev présent localement pour améliorer l’intermodalité. Le parking est l’un des maillons de l’intermodalité. C’est aussi un hub naturel du dernier kilomètre pour la logistique urbaine.

VR&T. Comment vous positionnez-vous par rapport aux start-up ?  

Sébastien Fraisse. Pour le moment, les start-up n’ont pas bouleversé le paysage. Nous avons créé un acteur digital : OPnGo qui occupe le créneau. Ce système permet d’entrer et de sortir dans des parkings sans ticket, grâce à une adresse mail, sa plaque d’immatriculation, et bien sûr ses références bancaires.

Fabrice Lepoutre. En amont, la concurrence sur les appels d’offres est toujours plus intense, il faut se battre sur chaque affaire. En aval, on voit apparaître une concurrence sur les tarifs entre différents parkings, favorisée par l’émergence des acteurs du digital qui font désormais partie du paysage. Face à cela Effia réagit à deux niveaux : premièrement, nous sommes sur une ligne de modération tarifaire (pas d’augmentation en 2016 ni en 2017). Deuxièmement nous ne croyons pas à une hypothétique ligne Maginot face aux acteurs du digital, et nous avons choisi de travailler avec eux en concluant notamment un accord stratégique avec la start-up Onepark.

François Bruyant. Nous accompagnons les automobilistes tout au long de leur parcours avec des services classiques (information, réservation…) mais aussi via des applis de guidage de recherche de places, ou l’intégration dans les applications multimodales comme Moovizy ou Optimod’, et le développement en partenariat avec des start-up de plateforme de propositions de services liées à l’utilisation et l’entretien du véhicule. Nous travaillons avec une cinquantaine de start-up.

VR&T. Où faut-il selon vous implanter les parkings ?

Sébastien Fraisse. Il y a un enjeu propre à la grande couronne parisienne dans le cadre du Grand Paris avec la réalisation de gares nouvelles. Il faudra forcément se poser la question de nouveaux parkings. Ces gares sont construites dans l’objectif d’offrir un accès rapide à Paris, l’Ile-de-France. Certains arriveront en bus ou en deux roues. Mais il faudra aussi penser aux automobilistes en leur proposant des parcs-relais. L’enjeu est très important. En province aussi, le stationnement est le maillon qui permet aux automobilistes de passer de leur voiture à un autre mode. C’est ce que nous proposons à Toulouse où nous avons construit un nouveau parking sous les allées Jean-Jaurès que la ville souhaitait requalifier pour revoir la place de la voiture.

Fabrice Lepoutre. La construction de parkings dans les centres-villes relève à présent de l’exception : les coûts de construction et d’exploitation des parkings, qui ont explosé au cours des 20 dernières années compte tenu de l’évolution des réglementations, rendent très difficile la rentabilisation de nouveaux ouvrages, surtout lorsqu’ils sont souterrains. En outre, les centres-villes sont déjà plutôt bien équipés, et l’émergence du costationnement (qui rend possible, dans certaines conditions, l’accès au public à des parkings privés) contribue à accroître la capacité disponible. Enfin, avec la loi Maptam les voiries devraient être globalement mieux gérées, ce qui chassera les voitures-ventouses et créera des capacités supplémentaires.

Les nouveaux parkings seront à l’avenir implantés dans les zones où les capacités en stationnement sont insuffisantes pour couvrir les besoins, c’est-à-dire en périphérie des centres-villes (parcs-relais) et dans les quartiers nouveaux ou faisant l’objet de réhabilitation, à la condition qu’ils puissent être mutualisés pour des usages complémentaires : bureaux, commerces et logements.

François Bruyant. Les collectivités cherchent avant tout une prise en compte de leurs contraintes spécifiques et donc des projets « sur mesure », avec une forte composante locale.

Pour les nouveaux ouvrages (moins nombreux cependant), les collectivités comme les clients privés recherchent aussi de plus en plus une optimisation du nombre de places avec une meilleure connaissance et prédictibilité des usages alternatifs, des mutualisations possibles, des techniques de stationnement automatisés (parc d’aéroport pour l’instant).

On assiste à la poursuite de la mise en cohérence des politiques transport et stationnement, en particulier avec une réflexion sur une meilleure utilisation des parcs-relais.

Propos recueillis par Marie-Hélène POINGT

Ewa

Club VR&T. Start-up et transports publics : « je t’aime moi non plus »

Les Start-up ont des idées dont le transport public pourrait bénéficier à condition que ces deux modèles d’entreprises parviennent à se comprendre. Pour les aider à mieux communiquer, Stéphane Schultz, du cabinet 15marches, animait le Club Ville Rail & Transports avec comme témoins…

Yann Leriche, directeur de la performance de Transdev, Olivier Vacheret, patron du numérique au Stif, et trois fondateurs de start-up, Julien Honnart, Yann Hervouet et Grégoire Bonnat.

 

Start-up et grands groupes de transport public n’ont pas grand-chose en commun, mais ces entreprises que tout sépare ont beaucoup à s’apporter. C’est ce que Stéphane Schultz, directeur de 15marches, conseil en stratégie et innovation, a tenté de démontrer lors de son intervention au Club Ville Rail & Transports. « Start-up et grands groupes se différencient par leurs modèles économiques. Nous allons essayer de comprendre leurs spécificités pour rechercher comment améliorer les conditions d’ouverture du marché des transports publics aux entreprises innovantes afin de permettre l’émergence de nouveaux services. » Aujourd’hui, quand on parle de start-up, on est souvent dans le cliché. Vu d’un grand groupe, la start-up c’est une entreprise qui travaille sur le Web, qui est plus agile, plus innovante et plus créative que les grands groupes. Mais qu’en est-il réellement ? « Ce qui différencie une start-up d’une entreprise classique, c’est son modèle économique. La start-up a un business model “scalable“. C’est-à-dire permettant l’automatisation des processus et ayant la capacité de s’adapter à une forte augmentation de son volume d’activité. » Pour illustrer son propos, Stéphane Schultz cite l’exemple d’Uber. « Cette start-up est parvenue à faire correspondre offre et demande. Avec Uber, plus il y a de demande, plus il y a de chauffeurs pour y répondre, d’où un premier cercle vertueux. Et comme les chauffeurs ont plus de clients, ils parcourent moins de trajets à vide. On peut alors baisser le prix de la course pour une même recette, ce qui suscite plus de demandes. C’est le deuxième cercle vertueux. La start-up atteint ainsi un objectif de rendement. Ce modèle vertueux demande de la technologie et de l’optimisation juridique et réglementaire. Si le modèle est scalable, c’est grâce au statut des chauffeurs. Quand il y a de la demande, Uber envoie aux conducteurs des injonctions pour les inciter à aller là où il y a des besoins. Et pour les attirer en période d’affluence, le service module les tarifs à la hausse, ce qui contribue également à dissuader les passagers. Uber n’a rien inventé, c’est ce que font les TGV ou les compagnies aériennes depuis 30 ans. Comme les conducteurs sont des contractuels, l’augmentation de la demande ne leur profite pas, mais Uber leur garantit le même niveau de recette en les faisant travailler plus. Les gagnants sont les usagers qui payent moins cher leur course et Uber qui peut augmenter sa commission. Celle-ci est passée de 15 % à 25 %, mais le point d’équilibre n’est pas encore atteint, il se situe autour de 27 %. » Si l’on compare avec le modèle économique des entreprises de transports publics, on est dans un modèle économique différent et qui n’est pas scalable. « A la RATP, quand la demande augmente, le nombre de chauffeurs/véhicules reste limité, il y a donc moins de couverture et plus de temps d’attente. On est dans le cadre d’une organisation avec des coûts fixes importants et des effets de seuil. Au-delà d’un certain nombre de passagers dans un bus, il en faut un autre. Ce modèle s’optimise de manière moins linéaire, puisqu’il a des rendements par palier. Le modèle Uber est plus liquide. A la RATP, pour réagir à une hausse de trafic, il faut du temps, celui de commander un bus et de former un conducteur. »

Une start-up se développe en six étapes. « Cela commence par la recherche. Celui qui lance une jeune pousse part de quelque chose qui n’existe pas. Il faut prendre le temps de trouver une preuve de concept, avant de lancer un bêta test, puis de commercialiser le service pour parvenir d’abord à de la croissance locale, puis internationale. Car l’objectif d’une start-up, c’est l’hégémonie mondiale. Les start-up visent le monde, affirme M. Schultz. Mais c’est une économie du gâchis : sur 10 000 start-up qui se créent, seules 200 survivent. A leurs débuts, les jeunes pousses ont très peu d’utilisateurs. Mais si le succès est au rendez-vous, le décollage se fait suivant une courbe de développement en crosse de hockey, très rapide. Et quand cela démarre, il est trop tard pour réagir, lorsqu’on est concurrent », prévient M. Schultz. Les hôteliers en ont fait les frais avec Airbnb. Au départ ils ne croyaient pas à ce service, parce que pendant un an et demi, Airbnb ne représentait pas grand-chose. Mais quand c’est parti, le développement de la plateforme s’est fait de manière exponentielle… Et ce modèle est scalable et nécessite peu de moyens pour pouvoir être dupliqué. « Pour Uber il suffit de trois personnes pour ouvrir une ville », affirme M. Schultz.

Beaucoup de start-up échouent du fait de leur modèle financier. Lancer une start-up ne demande pas beaucoup de moyens. Il suffit d’un peu de « love money » obtenu auprès de son entourage pour tester un marché. Pour aller plus loin il est facile de décrocher 500 000 euros auprès de business angels. C’est ensuite que cela se corse. Pour aller plus vite que les autres, une start-up ne peut pas se contenter de consolider ses résultats, et d’avoir du bénéfice à reverser à ses actionnaires. Il lui faut traverser une longue période appelée « vallée de la mort ». Une période durant laquelle elle a besoin de beaucoup d’argent pour se développer. Pour cela, il lui faut convaincre des venture capitals d’investir les 10, voire 100 millions nécessaires pour continuer. Ces investisseurs misent sur différents projets en espérant que le succès d’un d’entre eux permettra de les rembourser. En face, le marché des transports publics fonctionne sur des subventions et des fonds propres. La recherche et développement lui coûtent énormément d’argent, et les actionnaires de ces entreprises leur demandent de la marge. Ce n’est pas la même compétition. On a d’un côté des systèmes subventionnés qui proposent de faire du service public, et de l’autre des services qui proposent de fonctionner en risques et périls. « Il n’en reste pas moins que ces entreprises bousculent le marché des transports publics en arrivant avec leurs offres. Que répondre à une société qui leur propose de charger gratuitement une application dans le téléphone des conducteurs de bus pour leur fournir un système d’exploitation, alors que la collectivité a un marché de neuf millions d’euros en recours à la chambre régionale des comptes ? Comment réagir quand une filiale de Google leur dit : j’ai modélisé votre ville et je suis capable de vous dire que dans deux ans vous aurez des congestions à tel endroit, et je suis capable d’optimiser vos stationnements et de libérer 50 % des places en heures creuses ? Comment réagir lorsque leur service marketing met deux ans à préparer les horaires et qu’une boîte leur propose de le faire en temps réel de manière plus précise ? Les entreprises de transport public ont des services lourds et coûteux et elles trouvent en face d’elles des entreprises qui proposent de faire la même chose qu’elles avec un smartphone pour zéro. Cela pose des questions », constate M. Schultz. Mais ces Start-up, capables d’apporter des solutions intéressantes pour le marché du transport public, se trouvent pénalisées par leur manque de connaissance de ce marché. « Elles ne comprennent pas toujours comment fonctionne le marché des transports publics. Beaucoup ne savent pas à qui s’adresser pour proposer leurs services. Faut-il s’adresser aux opérateurs, aux collectivités locales ? Si ces jeunes pousses veulent travailler dans le transport et avoir un contrat de service public, elles doivent se présenter au bon moment et au bon endroit, tout en parvenant à se positionner, non pas comme un concurrent, mais comme un partenaire, avec la bonne stratégie. » Ce qui amène M. Schultz à demander aux représentants du Stif et de Transdev comment leurs entreprises peuvent aider les start-up à accéder à leur marché.

« Ce n’est pas facile pour les start-up d’aborder nos marchés, car le code des marchés publics n’est pas favorable à cette agilité », reconnaît M. Schultz qui juge toutefois que « travailler avec des start-up, quand on est dans le transport public permet d’avoir un autre point de vue sur les méthodes, la manière d’approcher les problèmes, une démarche différente pour répondre aux besoins de mobilité et aux problèmes des voyageurs ». C’est pourquoi le Stif est à l’écoute de ce que ces entreprises proposent, même si cela implique de faire le tri dans le foisonnement d’initiatives pour faire émerger des solutions qui ont de la valeur. « C’est intéressant pour nous de travailler avec des start-up, car elles ont de bonnes idées qui nous interpellent et nous amènent à faire des expérimentations avec elles. Mais le code des marchés nous oblige à attendre la fin du marché pour remettre un appel d’offres. On ne doit pas doublonner. Il y a un problème de passage à l’acte. Depuis dix ans le Stif subventionne des entreprises qui produisent des informations pour les voyageurs via leur smartphone. Mais on veut aussi de l’information sur site, car on veut éviter de creuser le fossé entre les gens qui ont accès à la technologie et les autres, c’est le rôle du service public. » Pour Yann Leriche, directeur de la Performance de Transdev, la question est moins d’aider les Start-up, que le client. D’autant qu’il prévient : « En voulant aider une start-up, un grand groupe peut la tuer. » C’est pourquoi, Transdev qui travaille avec innov+, une start-up qui propose de la reconnaissance faciale destinée à vérifier que les conducteurs ne s’endorment pas au volant, ne cherche pas à lui imposer d’exclusivité. « Lutter contre l’endormissement au volant est un sujet de sécurité important pour nous, et c’est pourquoi nous avons mis en place un partenariat avec cette entreprise. Mais on ne peut pas être exclusif, car notre marché ne lui suffirait pas pour vivre. On a un modèle gagnant/gagnant. On prend de l’avance en l’aidant à développer sa technologie, mais innov+ doit pouvoir la vendre à tous. » Yann Leriche ajoute que « la différence de business model entre start-up et grands groupes démontre qu’on ne fait pas la même chose. Les start-up recherchent un business model scalable, qui crée des services qui ne sont pas les mêmes que ce que nous proposons. Le service public garantit la continuité de service, pas les plateformes. » Et il souligne que pour améliorer les transports, les start-up ne sont pas les seules à proposer des solutions. « Il ne faut pas oublier les PME. Leur business model n’est pas forcément scalable, mais elles peuvent innover et apporter des choses. » Si Yann Leriche reconnaît que son groupe peut être en compétition avec ces entreprises, il se dit favorable à ce que les Américains appellent la « coopetition ». « Parce qu’on peut être en compétition dans certains domaines et coopérer sur d’autres sujets pour se rendre tous plus fort. C’est dans cet esprit que Transdev a lancé le Catalogue open data et invite tous les acteurs de la mobilité à partager leurs données pour faire naître de nouveaux services. »

Stéphane Schultz a ensuite demandé à des dirigeants de start-up de témoigner sur la manière qu’ils avaient trouvée pour travailler dans le secteur du transport public. Tous ont d’abord souligné que pour s’adapter au marché des transports, il fallait faire preuve de souplesse et d’adaptation. Padam, start-up créée il y a deux ans par Grégoire Bonnat, a déjà testé trois modèles économiques. « Le premier était une solution de transports à la demande de soirée en BtoC. Puis nous sommes passés à une offre de transports alternatifs pour des personnes ayant des trajets complexes, et récemment Padam s’est encore repositionné pour proposer du transport à la demande sur réservation, dans des petits véhicules. On cherche la concordance entre le marché et le produit pour trouver une croissance de long terme. C’est normal de ne pas viser juste du premier coup. Notre première analyse du marché était bonne, mais il a évolué très vite. A ses débuts Uber était plus cher que le taxi, et en un an il est devenu moins cher. Il a fallu s’adapter. Comme, dans le transport public, la barrière à l’entrée est élevée, et qu’il y a beaucoup de contraintes pour être coopérateur de transport public, à commencer par la capacité financière, nous ne cherchons pas à rentrer frontalement. On travaille avec des acteurs du marché. On a construit un produit qu’on met à disposition des opérateurs comme Transdev, dans des villes où Uber ne sera jamais présent, parce que la masse critique permettant aux chauffeurs de gagner leur vie ne peut être atteinte. On se positionne en sous-traitant des opérateurs, en proposant un mode de transport flexible, pertinent sur certains contextes et de plus en plus utilisé en complément d’un réseau. On offre une solution générique pouvant être déployée de la même manière partout sans développement spécifique. On investit dans un produit que l’on vend à plusieurs clients. Si vous me demandez comment aider les start-up, je vous répondrais : pas avec des subventions, il n’y a rien de moins scalable. On veut juste pouvoir travailler dans une logique d’entreprise à entreprise, avoir des relations décomplexées parce qu’on a un alignement d’intérêts. On veut être considéré comme une entreprise avec un modèle particulier, pas juste comme une bande de jeunes adeptes de technologie. »

Instant System est une autre start-up qui propose des applications mobiles pour aider les gens à se déplacer dans les villes en utilisant tous les modes de transports existants, y compris l’autopartage, le vélo, et en intégrant la solution de stationnement. Yann Hervouet, son cofondateur explique : « L’objectif est qu’un maximum de gens utilisent le service et de développer le covoiturage. On peut travailler avec les opérateurs de transport qui, même s’ils ont des filiales numériques qui peuvent être en concurrence avec nos activités, sont suffisamment intelligents pour se dire qu’ils ne doivent pas uniquement travailler avec elles, mais tenter d’autres technologies. On travaille avec Keolis, RATP Dev, pour des régies locales et des collectivités. Pour Vianavigo et le Stif, on a trouvé des collaborations efficaces dans une logique intégrée de vente de solutions qui nécessitent des adaptations. Il y a besoin d’accompagnement pour les déployer. Lorsque nous sommes allés proposer notre service à Bordeaux, la collectivité a compris ce qu’on proposait et y a vu une opportunité. Bordeaux est une ville très saturée et le covoiturage est une opportunité de réduire l’usage de la voiture seule. Nous avons pu constater que l’accès aux services publics est une aventure compliquée en France. On gagnerait à faciliter l’accès à la commande publique. Dans ces commandes publiques, on voudrait acheter un service de covoiturage avec un contrat de trois ou quatre ans. Dans la réalité, il faut savoir s’adapter très vite en utilisant les utilisateurs, faire preuve d’agilité. Le produit n’est jamais fini. »

Ce qui amène M. Schultz à poser la question du prix d’une application mobile. « Combien coûte la création d’une plateforme, sa maintenance, sa mise à jour ? » « Il y a d’abord le coût de la création, mais on construit sur du sable. Le service doit évoluer en permanence. Chez Instant System, on a six développeurs à plein temps. On est sur des coûts de fonctionnement de 250 000 à 500 000 euros par an », assure Yann Hervouet. Grégoire Bonnat précise : « Si on ne fait pas évoluer une plateforme, au bout de deux ans l’application est morte. » Et Olivier Vacheret, responsable du Numérique au Stif, ajoute que e-navigo, demande 250 000 euros/an d’investissements pour faire évoluer la plateforme en fonction de l’évolution des OS, de la taille des téléphones…

Julien Honnart, cofondateur et PDG de WayzUp, a fait le choix de travailler avec des entreprises, à qui sa start-up propose du covoiturage pendulaire spécialisé domicile  travail. « Pour réussir, il faut un maximum de monde au même endroit pour avoir une masse critique et que l’offre rencontre la demande. Et pour cela, la technologie ne suffit pas, il faut aussi de la confiance. On va dans des bassins d’emplois mal desservis par les transports pour proposer notre service à de gros employeurs qui nous apportent des conducteurs et des passagers. Cela rassure de covoiturer des collègues ou des salariés des entreprises voisines. Pour que la sauce prenne il faut qu’au lancement il y ait un maximum d’inscrits. Dans les zones où on est implanté huit personnes sur dix trouvent des trajets correspondants à leur demande. On est en Ile-de-France, à Lille, en Haute-Savoie, mais aussi à Tulles, où notre service a remplacé un bus. Les entreprises s’abonnent annuellement pour pouvoir proposer notre service qui remplace à moindre coût un réseau de mininavettes privées. Notre modèle est réplicable, et si on l’applique sur toute l’Ile-de-France, il n’y a plus de congestion. » Pour se développer, WayzUp s’est aussi associé à des partenaires ayant une force de frappe commerciale, comme ID automotive, société de location longue durée qui propose ALD community, un service de covoiturage domicile – travail à l’ensemble de ses clients, en partenariat avec la start-up, mais aussi avec Bemobi, filiale de La Poste qui propose sa solution de covoiturage à ses salariés. Mais le patron de WayzUp critique, « pour gagner en souplesse, il serait bon de remplacer l’appel d’offres – où l’on réfléchit deux ans en amont et qui est déjà dépassé quand on met en pratique le produit – par des interfarces de programmation applicatives, ouvertes, qui permettent de se greffer rapidement pour proposer un nouveau service. Concernant la concurrence, l’autorité organisatrice a tout intérêt à privilégier un seul opérateur pour ne pas disperser sa masse critique, mais au niveau au-dessus, le Stif a intérêt à intégrer toutes les solutions dans sa plateforme pour proposer une meilleure couverture ». C’est d’ailleurs ce qui a été fait. Pour proposer une solution de covoiturage, le Stif a préféré recenser tous les services qui existaient avec leurs spécificités et leur territoire, plutôt que de se limiter à choisir un seul opérateur. « Il y en a une quinzaine qui sont complémentaires. Ensemble, nous avons travaillé dans une approche de collaboration multiopérateur pour produire un socle qui interrogera l’ensemble de l’offre. Cela a nécessité que ces entreprises concurrentes se mettent autour de la table. Mais tout le monde a joué le jeu, et cela va aboutir à un standard francilien que l’on proposera lors de la Semaine de la mobilité en septembre prochain, et nos travaux seront reversés à la Fabrique des mobilités, se félicite Olivier Vacheret. Cette open innovation est un cas pratique qui peut être généralisée. On est dans un écosystème très favorable à ce type d’approche, car on a des petits acteurs et cela simplifie le dialogue. Si demain on essaye de faire la même chose avec le taxi, le VTC ou le stationnement, dans le tour de table les rapports de force ne seront pas les mêmes et la volonté de coopérer pas identique. Dans tous les projets d’innovation, dès qu’on travaille avec une grande entreprise il y a beaucoup d’hésitation à coopérer. Cette expérience sur le covoiturage servira peut-être d’exemple. »

C’est aussi le souhait de Stéphane Schultz, qui voit dans cette coopétition la construction d’une brique technologique. Il salue l’ambition du Stif de la mettre à disposition des autres régions de France, ce qui leur permettra d’éviter d’avoir à tout reconstruire. « Créer des briques exportables et les proposer à la Fabrique de la mobilité, c’est le meilleur moyen de lutter contre ceux qui arrivent avec leur solution et qui ont leur propre écosystème. C’est une façon de proposer une troisième voie, où la collectivité crée les meilleures conditions pour que le meilleur gagne l’accès aux marchés. Il faut parvenir à construire la mobilité avec des briques ouvertes qui n’obligent pas à tout réinventer à chaque fois et faire en sorte que toute amélioration profite à tous. Il faudra 20 ans pour parvenir à des normes. Dans cette perspective, aujourd’hui lorsqu’on construit, il convient de se demander comment faire pour rendre son projet interfaçable, y compris avec des choses qui n’existent pas encore. » Tout un programme !

Valérie Chrzavzez-Flunkert