Je me connecte

E-mail*
Mot de passe*

> Mot de passe oublié?

Je m'inscris

*Champs obligatoires

Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent.
1. Mon Compte
2. Mes activités
3. Mes Newsletters

Vous devez lire et accepter nos conditions générales de vente et d’utilisation *

* Mentions obligatoires

Je souhaite recevoir la newsletter :

Je m'enregistre

Mot de passe oublié ?

Ewa

La crise met la recherche sur la mobilité en ébullition

La défense Parvis

Tribunes, enquêtes, forums, webinaires, recherches, enquêtes sur la mobilité, avant et après le Covid-19… La crise sanitaire mondiale a immobilisé les corps et mobilisé les esprits. Avec une question en toile de fond : va-t-on redémarrer comme avant ? Et le faut-il ? Passage en revue, ci-dessous, des interrogations et des positions.  Une rubrique que vous retrouverez dans le prochain numéro de VRT dans un nouvel ensemble, Réservoir MOB, consacré précisément à la recherche, à la prospective, et au débat dans le monde de la mobilité.

Répétition générale

La crise née du Covid-19 n’est-elle qu’une parenthèse appelée à se refermer ? Le 12 mars, Emmanuel Macron en doutait, et déclarait qu’il nous faudra demain « tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour ». On évoque ici ou là le retour de l’Etat Providence, un nouveau New Deal ou l’esprit du Conseil national de la Résistance… Sera-t-on alors armé pour affronter un défi environnemental bien plus terrifiant que le virus ? Le philosophe et sociologue Bruno Latour écrit dans une tribune au Monde, le 25 mars, que tout se passe « comme si l’intervention du virus pouvait servir de répétition générale pour la crise suivante, celle où la réorientation des conditions de vie va se poser à tout le monde, et pour tous les détails de l’existence quotidienne qu’il va falloir apprendre à trier avec soin ». Il est loin d’être le seul à s’exprimer ainsi. « Je pense que cette crise sanitaire agit comme un accélérateur de la prise de conscience de la catastrophe écologique », dit par exemple l’anthropologue Frédéric Keck, dialoguant avec le vétérinaire et épidémiologiste François Moutou. On cite Churchill et son « Never waste a good crisis ». Reste qu’un Bruno Latour, pour l’instant, s’en tient à la triste conclusion que pour la « guerre » à venir, « l’Etat nation est aussi mal préparé, aussi mal calibré, aussi mal dessiné que possible car les fronts sont multiples et traversent chacun d’entre nous. C’est en ce sens que la «mobilisation générale» contre le virus ne prouve en rien que nous serons prêts pour la suivante ».

Vu du ciel, tout est clair

Et pourtant, si l’on a des doutes sur l’«enchâssement » (mot de Latour) de la crise sanitaire dans la crise écologique, les images de la planète vue du ciel sont faites pour les dissiper. Les photos de Wuhan diffusées en février par la Nasa ont fait le tour de la Terre. L’interruption de l’activité liée au coronavirus s’est soldée par une chute de la pollution. L’ESA l’a elle aussi constaté, et fait apparaître la spectaculaire diminution de concentration de dioxyde d’azote (NO2) au dessus de l’Europe entre le mois de mars 2019 et la période 14-25 mars 2020. Autre conséquence, la chute de la pollution sonore, estimée par exemple pour l’Ile-de-France par Bruitparif dans une fourchette de 75 à 87 % des émissions sonores dues à la circulation routière.

L’enchâssement se manifeste aussi d’une tout autre façon : le 7 avril des chercheurs d’Harvard publiaient une étude établissant un lien entre exposition aux particules fines et mortalité au Covid-19.

Quelle sortie de crise?

Saisir l’occasion pour éviter le pire, c’est ce que demandent le 9 avril les 150 Français réunies dans la Convention citoyenne pour climat, dans leur Contribution au plan de sortie de crise invitant à ne pas relancer tout bonnement la machine comme après la crise de 2008. Ils avancent cinquante propositions qui n’étaient pas destinées à être rendues publiques mais qui ont opportunément fuité. Au programme — on n’en sera pas surpris — , la mise en place d’un plan d’investissement pour les transports en commun et pour les voitures sans essence, la relocalisation de certaines activités stratégiques pour éviter le transport de marchandises sur des milliers de kilomètres et garantir une plus grande autonomie alimentaire, énergétique et sanitaire. Pour encourager d’autres modes de transport que la voiture individuelle, les citoyens proposent de rendre obligatoire et d’augmenter (entre 500 et 1 800 euros par an) la prime de mobilité durable prévue par la Loi d’orientation des mobilités. Dans la même ligne, assez naturellement, le Haut conseil pour le climat, le 21 avril, dans son rapport spécial, Climat, santé, mieux prévenir, mieux guérir, demande une « relance pas grise, mais verte ».

Des chercheurs de l’Institute for Climax Economics (I4CE) proposent un plan reposant sur un financement public de 7 milliards d’euros par an accompagné d’une trentaine de mesures. Le plan prévoit d’investir sur sept secteurs particulièrement importants, dont quatre concernent directement la mobilité : le déploiement des voiture bas carbone, les infrastructures de transport en commun, les infrastructures ferroviaires, les aménagements cyclables. Plan de relance essayant de faire rimer volonté de reprise de l’activité économique et vertu écologique.

On attend pour les prochains jours des propositions du cercle de réflexion The Shift Project, tenant compte en revanche du fait que, comme le dit au Monde son président, Jean-Marc Jancovici, « l’avenir va s’écrire pour l’essentiel dans un contexte de décrue économique ». Des propositions plus précises devaient être présentées en juin par The Shift Project, touchant (entre autres) la mobilité quotidienne, la mobilité longue distance, le fret, ou l’industrie automobile. Nous en reparlerons. Comme personne n’a selon lui sérieusement travaillé sur un vrai green deal — contraction de l’énergie associée à une contraction de l’économie — Jean-Marc Jancovici s’attend à ce qu’après la crise ressortent les projets provisoirement remisés dans les cartons. Et Daniel Boy, directeur de recherches au Centre de recherches politiques de Science Po interrogé par Le Monde, loin de voir dans la pandémie comme une aube annonciatrice du grand soir, s’attend à une « course à retrouver la croissance, le pouvoir d’achat, des industries qui tournent ». De fait, la crise économique considérable doublée d’une crise sociale dont l’ampleur se révèle jour après jour, se traduisent par des plans aux allures de sauve qui peut. Les écologistes dénoncent des plans de sauvetage d’Air France (7 milliards) ou de Renault (5 milliards) sans contrepartie environnementale. Chronique de Stéphane Foucart dans Le Monde : « Que de la catastrophe il puisse naître quelques chose : c’était l’espoir de ceux qui se soucient de l’environnement. Il aura fallu très peu de temps pour que cet espoir soit douché. » Et pourtant, l’économiste Daniel Cohen et le banquier Nicolas Théry veulent y croire. Pour eux, « le monde néolibéral inventé part Margaret Thatcher et Ronald Reagan a été tué par le coronavirus ». Ils croient possible un monde de coopération et de solidarité, et recommandent un fort financement des investissements climatiques grâce à une dette à très longue durée.

Fin de l’hypermobilité ?

Optimistes, trois responsables du Forum Vies Mobiles, Think tank de la SNCF, invitent dans Les Echos à une « réinvention capitale de nos mobilités ». Pour eux, « l’expérience concrète et partagée du confinement, qui ébranle la société tout entière et le système économique sur lequel elle s’est bâtie, peut être l’occasion de prendre des mesures plus radicales qu’on ne le pensait possible pour préparer un futur désiré et plus durable.» Et d’inviter à sortir d’un « système d’hypermobilité à bout de souffle ». On reconnaîtra dans ce propos ce qu’on peut lire en creux dans l’étude récente du Forum sur les mobilités (voir les pages Réservoir MOB du prochain VRT de mai).

De son côté Gabriel Plassat, pour La Fabrique des Mobilités, le 31 mars, prend l’image du Produit minimum viable (PMV), qui « constitue pour un entrepreneur le meilleur (c’est-à-dire le plus simple, économique et rapide) moyen de tester ses hypothèses sur tout ou partie du marché qu’il vise. » Le Covid-19 vient, dit-il, de faire apparaître notre Mobilité minimum viable : « Finalement, un volume non négligeable de mobilité n’était pas indispensable ».

Scruter les nouvelles pratiques

Avant de changer éventuellement de monde ou plus modestement de modes (de transport), il faudra tirer les leçons du confinement. Le Forum Vies Mobiles a mené très vite une enquête sur les changements de pratiques mais aussi de conception de la mobilité auprès de 1500 Français représentatifs de la population (revoyant une partie des quelque 12000 personnes interrogées dans le cadre de son enquête nationale sur les déplacements). Résultats : 62% des Français apprécient de passer moins de temps dans les transports, 38% ont pris conscience que leurs déplacement pourraient être faits davantage à pied ou à vélo, 38% des habitants de l’agglomération parisienne ont envie de la quitter.

Le cabinet 6T, avec l’Ademe, procède, lui, à une enquête portant sur 2000 Français représentatifs de la population et faisant un zoom sur certains territoires, pour voir la possible évolution des mobilités. Comme nous le dit Nicolas Louvet, DG de 6t, « on va être particulièrement attentifs à ce qui touche le télétravail. » Voir en particulier si la pratique, conçue au sens strict non comme simple travail à distance mais comme possibilité d’éviter un déplacement, ne suscite pas d’autres déplacements. A surveiller aussi, dans les pratiques des Français lors de la période de confinement et à l’orée du déconfinement, tout ce qui touche au vélo. Rappelons à ce propos la réactivité du Cerema qui a sorti le 14 avril une fiche sur les aménagements cyclables des villes et le confinement.

L’Institut pour la ville en mouvement (IVM Vedecom) a pour sa part mis en place une plateforme internationale d’observation et d’échanges « pour repérer, dans cette situation exceptionnelle de pandémie mondiale, l’émergence de pratiques, de comportements pour continuer à imaginer et developper des solutions innovantes ». Et publie dans ce cadre un billet Crise du Covid qui, conformément au programme de recherche de l’IVM sur les «hyperlieux mobiles», remarque : « Un peu partout, les banques, les coiffeurs, et même les tribunaux deviennent mobiles pour continuer à offrir un service à une grande partie de la population désormais recluse ».

Signalons aussi l’initiative de la Fabrique de la Cité. Dans A travers les villes en crise, série d’entretiens avec des experts, généralement animés par Cécile Maisonneuve, sa présidente, le think tank de Vinci essaie d’évaluer les effets de la crise dans le monde et de dégager des pistes pour la sortie. Exemples de Barcelone, San Francisco, Boston, Lyon, Singapour, Medellin…

Le Pavillon de l’Arsenal a, lui, ouvert un forum virtuel, Et demain on fait quoi ?. Nicolas Ledoux, président d’Arcadis France, y invite à tester de nouveaux modèles d’organisation des entreprises qui génèrent moins de déplacements. L’agence Vraiment Vraiment remarque que le trottoir moyen français est « bien loin de pouvoir accueillir deux personnes se croisant à 1 mètre de distance », et considère que, d’un sujet anecdotique et technique, « l’épidémie fait passer la gestion de l’espace public à un critère à part entière de la résilience urbaine ». Dans un monde imprévisible Raphael Ménard, architecte, président d’Arep, affirme « la nécessité d’un urbanisme du soin (ou du care) », et attend de l’architecture qu’elle se réinvente, prenant pourquoi pas exemple sur le Japon, où traditionnellement l’on construit « de façon légère, pour une durée de temps brève ».

Transports publics pas si sûrs…

De grands investissements pour les transports publics, demande-t-on souvent. Pas si sûr qu’on les obtienne. Et d’ailleurs, sont-ils si sûrs ? Aux Etats-Unis, des spécialistes de santé publique estiment que la différence de vitesse de propagation du virus entre Californie et Etat de New York s’explique par la densité de population, beaucoup plus importante sur la côte Est. Mais aussi par le mode de transport. « A New York, le réseau de transport en commun est beaucoup plus développé. Les contacts directs sont beaucoup plus nombreux qu’avec la traditionnelle voiture individuelle comme à San Francisco, même si c’est malheureux pour la planète », disait au Monde début avril le professeur Romain Pirracchio, chef du service de réanimation de l’hôpital Zuckerberg de San Francisco. New York vs Californie ? L’image, assez vite apparue, résume de façon frappante un débat très lourd qui commence dès le déconfinement et ne sera pas sans effet sur les investissements. Et le transport public, synonyme de promiscuité, antonyme de la nouvelle valeur de « distanciation sociale » ne s’en sort pas bien. L’autopartage non plus. Voir à ce sujet la tribune des consultants du Boston Consulting Group Joël Hazan, Benjamin Fassenot et Pierre-François Marteau, sur le retour irréversible de la suprématie de la voiture individuelle. La crainte de Jean-Yves Le Drian sur le relations internationales pourrait bien s’appliquer aux mobilités : que « le monde d’après ressemble au monde d’avant, mais en pire.»

Vertu des métropoles ?

Et justement, quel rôle a joué la métropolisation dans la crise ? Dans AOC, le géographe Jacques Lévy relève un paradoxe : « on pourrait en effet s’attendre à ce que les grandes villes soient beaucoup plus touchées que les autres espaces : d’une part, ce sont les hubs de mobilité et c’est surtout par elles, leurs gares, leurs ports, leurs aéroports, que les virus arrivent du reste du Monde ; d’autre part, les interactions de diverses natures y sont considérablement plus nombreuses qu’ailleurs et elles sont réalisées au contact c’est-à-dire avec des distances faibles ou nulles entre les corps et durant un temps significatif : espaces publics denses, transports de masse, cinémas, théâtres, salles de concerts, magasins, lieux touristiques, congrès, universités, hôpitaux. » Or, relève-t-il, « dans toutes les situations où l’on dispose de données suffisamment fines, c’est le contraire qui se produit. Le cas le plus spectaculaire est la Corée du Sud : la moitié de la population du pays habite l’aire métropolitaine de Séoul (25,7 millions d’habitants sur 51,5). Or le Grand Séoul ne représente 8% des contaminations et 3% des morts. » Et de se demander si « les citadins bénéficient d’une immunité particulière qui serait liée à leur forte exposition permanente à des agents pathogènes multiples ». Le texte de Jacques Lévy a été écrit bien avant les pics attendus, et on restera prudent tant qu’on ne connait pas les chiffres définitifs de la pandémie. Eric Verdeil, géographe aussi, prolonge la réflexion dans The Conversation et s’appuie sur un « article de chercheurs nord-américains montrant la vulnérabilité plus grande des espaces périphériques face aux pandémies ». Mais plus qu’à une analyse « en termes de différenciation des territoires, voire d’inégalités entre les différents espaces », Verdeil souligne les liens qui connectent les territoires à travers les échelles. Et voit dans les travaux des géographes Sandrine Berroir, Nadine Cattan et de leurs collègues une illustration cartographique forte des liens intenses structurant l’espace français, offrant « une contribution utile à la compréhension des dynamiques du Covid-19».

Quand localisation rime avec globalisation

L’avenir sera-t-il local ? Un territoire canadien (Dalhousie, dans le Nouveau Brunswick) se targue de produire de la nourriture locale. Intéressant, mais, comme le remarque le Forum Vies Mobiles, pour produire cette nourriture recueillant tous les labels vertueux de production locale ou de vente locale, la province fait venir grâce à des accord internationaux des ramasseurs de Jamaïque et du Mexique. D’où l’idée d’une enquête, permettant de mettre en regard de cette réalité ce que savent les consommateurs et ce qu’ils en pensent. L’enquête a été infléchie pour tenir compte des effets du confinement… qui devrait provisoirement interrompre la pratique, et remettre à plus tard le projet d’interroger les migrants. Intéressant, alors que les Français (sondage Odoxa pour les Echos et Radio classique) font de l’autonomie agricole de la France (93%) la priorité. Pas si simple, le retour aux champs.

François Dumont

Ewa

Le nombre de trajets domicile-travail en covoiturage a chuté de 90 %

Julien Honnart

Julien Honnart, président et fondateur de Klaxit, société de covoiturage domicile-travail, explique à VRT les conséquences de la crise sanitaire pour son activité.

Ville, Rail & Transports. Quelle est la situation de Klaxit aujourd’hui ?

Julien Honnart. On constate une chute du nombre de trajets en covoiturage de l’ordre de 90 %. Nous avons donc fait une pause dans les lancements de notre service pour les entreprises et les collectivités. Mais ce n’est qu’un décalage de revenus à prévoir. En revanche, les discussions commerciales en cours se poursuivent : deux nouvelles villes ont signé avec nous en mars, et deux autres la première quinzaine d’avril. Plusieurs autres sont en cours de contractualisation. Nos 7 millions d’euros de revenus ne sont pas impactés puisqu’ils étaient déjà signés et ne dépendent pas des volumes de trajets.

VRT. Comment voyez-vous la reprise ?

J. H. Nous anticipons une reprise progressive à partir de la mi-mai, de nouveaux lancements de services pour des entreprises et des villes en juin et un redémarrage complet de l’activité à la rentrée de septembre. Le covoiturage, surtout quand il est pratiqué avec un équipage fixe, permet de limiter drastiquement les contacts par rapport à un voyage en transport en commun.

VRT. Quelles sont les mesures mises en place ?

J. H. Nous travaillons à un plan de réactivation de notre base d’utilisateurs et allons mener des actions de communication de grande envergure avec nos entreprises et collectivités clientes. Nous suivrons évidemment les recommandations sanitaires des autorités. Nous appliquons d’ores et déjà des consignes de sécurité détaillées sur notre blog ( https://blog.klaxit.com/2020/03/23/covid-19-klaxit-nouvelles-mesures-de-securite-pour-vos-covoiturages-indispensables/ )

Propos recueillis par Yann Goubin

Ewa

Heetch a lancé un fonds de solidarité pour ses chauffeurs

Teddy Pellerin, heetch

Teddy Pellerin, le confondateur de Heetch, dresse un premier bilan de la crise sanitaire sur l’activité de la plateforme de VTC.

Ville, Rail & Transports. Quel est l’impact de la crise sur votre activité ?

Teddy Pellerin. On a perdu entre 85 et 80 % de notre activité, en fonction des semaines. C’est peut-être un peu mieux que certains de nos concurrents. Cela peut s’expliquer par notre présence en banlieue. À Paris, l’activité est quasi-nulle. Les clients utilisent notre service de façon différente : pour aller faire des courses ou pour passer au drive et récupérer les marchandises commandées.

VRT. Comment voyez-vous la reprise ? En « V » comme on a pu l’entendre ?

T. P. Pas du tout ! Ce sera très long. Il est possible qu’il y ait des récidives du Covid-19, et donc de nouvelles mesures.

Mais la mobilité urbaine sera sans doute moins impactée que la mobilité nationale ou, pire, la mobilité internationale. Même si cela restera difficile de toute façon.

On pourrait toutefois bénéficier d’un effet report, lié à la crainte des usagers des transports en commun, ou des embouteillages subis par les automobilistes. Bien sûr, les VTC n’échappent pas encombrements, mais au moins les clients n’ont pas à se garer en arrivant à destination.

VRT. Quelles sont les mesures mises en place pour la reprise ?

T. P. On a créé un fonds de solidarité pour nos chauffeurs d’un demi-million d’euros. Il est abondé par les commissions habituellement perçues (15 %) qui sont reversées à ce fond. Pour les 1 000 chauffeurs les plus fidèles à Heetch, nous leur avons versé fin avril une prime 200 euros. Et pour 3 000 autres chauffeurs, nous leur versons une aide forfaitaire de 100 euros pour constituer un kit de sécurité sanitaire. Ces 4 000 chauffeurs sont ceux qui génèrent 80 % de notre volume d’activité.

On a noué un partenariat avec un garage qui équipe les véhicules des chauffeurs d’une vitre en plexiglas. Elle sépare l’avant du véhicule de l’arrière, donc le conducteur des passagers. Certains de nos chauffeurs l’ont déjà installée et en sont très satisfaits. C’est sécurisant pour les clients.

On a regardé aussi cette sorte de plastique qui enferme le conducteur dans une sorte de bulle, comme on a pu en voir en Chine. C’est sans doute plus hermétique, mais aussi plus anxiogène. On a préféré la vitre de plexiglas.

VRT. Faut-il des masques et du gel hydroalcoolique ?

T. P.On a déjà fourni du gel. Mais pour les masques, c’est difficile de les imposer, parce qu’on n’aurait pas pu en fournir.

On verra comment la situation évolue, s’il est plus facile de s’en procurer. Mais, de toute façon, beaucoup se sont équipés et en portent déjà.

Propos recueillis par Yann Goubin

Ewa

Un premier ballon d’oxygène pour le transport routier

Malgré le report modal voulu par la Commission européenne, le transport routier de marchandises a continué sa progression au détriment des autres modes.

Considéré comme une activité économique prioritaire, le transport routier doit bénéficier de 390 millions d’euros de mesures de trésorerie décidés par le gouvernement fin avril. Un premier ballon d’oxygène pour un secteur durement touché par la crise sanitaire. Selon une enquête réalisée par la FNTR (Fédération nationale des transports routiers), 84 % des entreprises de TRM se trouvaient en arrêt total ou partiel de leur activité, hors entreprises transportant des produits alimentaires, entre le 6 et le 15 avril. Les chefs d’entreprise estiment en moyenne une baisse de 48 % de CA par rapport à la même période de 2019. Près d’un quart (21 %) des entreprises ont perdu plus de 75 % de CA, indique l’organisation professionnelle. Et on compte de nombreux allers ou retours à vide. Les trois secteurs les plus impactés sont le transport lié au secteur de l’automobile (92 % entreprises à l’arrêt total), le déménagement (75 %) et la livraison de meubles et de menuiseries (75 %).

Marie-Hélène Poingt

Ewa

L’activité des 13 sites d’Alstom redémarre

Alstom usine

Le 24 mars, Alstom a suspendu ses activités de production dans ses 13 sites en France mais tout en maintenant, explique le constructeur, « les activités clés comme celles liées à la maintenance, aux pièces de rechange et, dans une certaine mesure, et aux systèmes d’alimentation et de recharge par le sol ». Ce qui lui a permis d’assurer les services de maintenance auprès de ses clients. Le constructeur a aussi maintenu son activité « de gestion des fournisseurs ».

Pour redémarrer ses sites, Alstom indique avoir défini « un référentiel sanitaire » pour ses 13 sites avec les organisations syndicales nationales et locales, et basé sur les recommandations des autorités publiques et sur les gestes barrières. « Chaque site a mené son analyse des opérations poste par poste et revu l’organisation du travail en conséquence, que ce soit les flux, les horaires, l’aménagement des lieux… », explique un porte-parole. Le but étant de minimiser les contacts, voire si possible de les supprimer. « En cas d’impossibilité, les salariés doivent porter plus d’équipements de protection, notamment des masques », souligne Alstom. « Globalement, la mise en place de ces pratiques permet, depuis début avril, la réouverture des activités industrielles en toute sécurité pour répondre aux besoins des clients et assurer la continuité industrielle ». Pour les salariés qui le peuvent le télétravail est maintenu.

L’un des premiers à redémarrer, le site de Valenciennes a repris le 6 avril. Tous les sites ont redémarré, au moins en partie. L’objectif est une reprise à hauteur de 50 % vers la dernière semaine d’avril pour monter à 100 % d’activité la première moitié de mai. 

M.-H. P.

Ewa

Nouveau contrat de bus électriques pour Keolis dans le Grand Copenhague

Keolis Danemark Bus electriques

Keolis étend sa présence au Danemark en remportant un contrat attribué par Movia, l’autorité organisatrice des transports de l’île de Sélande (Sjælland) portant sur l’exploitation et la maintenance de 47 bus, dont 32 électriques, desservant les cinq grandes villes de la région du Grand Copenhague. D’un montant de « plus de 100 millions d’euros », ce contrat prendra effet en juin 2021 pour une durée de dix ans, plus deux ans en option, et entraînera l’embauche de 170 personnes.

Avec ce contrat, Keolis devient « l’un des principaux opérateurs de bus électriques au Danemark », où l’exploitant est également présent sur les tramways d’Aarhus (en service depuis décembre 2017) et Odense (qui doit être inauguré en août 2021).

Patrick Laval

Ewa

Keolis garde la franchise Southeastern jusqu’à deux ans de plus

Govia reste l’exploitant pour 18 mois, voire 24, des trains entre Londres et le sud-est de l’Angleterre.

Dans le cadre de la suspension des franchises britanniques « à titre temporaire » par le ministère britannique des Transports (Department for Transport, DfT) du fait de l’épidémie de Coronavirus, les exploitants en place poursuivent leurs opérations « au jour le jour ». Pour ce qui est de la franchise Southeastern, dont le contrat avait déjà été prorogé jusqu’au 31 mars dernier suite à l’annulation de l’appel d’offres pour son renouvellement, l’exploitant Govia a été reconduit de gré à gré par le DfT le 30 mars pour une durée de 18 mois, avec 6 mois de plus en option (jusqu’au 31 mars 2022). Regroupant Keolis (35 %) et le groupe Go-Ahead (65 %), Govia garde ainsi jusqu’à deux années supplémentaires l’exploitation des trains classiques et à grande vitesse entre Londres et le sud-est de l’Angleterre (1 751 km de lignes, 640 000 voyageurs quotidiens avant le Coronavirus).

Exploitant depuis 2006 de la franchise Southeastern, qui a lancé ses trains régionaux sur la ligne à grande vitesse HS1 fin 2009, Govia a connu une récente amélioration de la qualité de service sur son réseau, avec 81 % de voyageurs satisfaits selon l’enquête nationale la plus récente. Et l’exploitant considère que cette prorogation « permettra à Keolis et à son partenaire de booster la capacité et la ponctualité sur son réseau et, à court terme, de se concentrer sur la fourniture de services aux travailleurs clés pendant l’épidémie de Covid-19 ».

Patrick Laval

Ewa

Quatre transporteurs routiers entrent dans le capital de CFF Cargo

Fret CFF SBB Suisse

Plus rien ne s’oppose à l’entrée du consortium Swiss Combi dans le capital de CFF Cargo, à hauteur de 35 %. Estimant que cette privatisation partielle de la division fret des Chemins de fer fédéraux suisses « ne mène pas à la suppression d’une concurrence efficace », la Commission de la concurrence (Comco) suisse l’a approuvée, après quatre mois d’examen « approfondi » pour cause de risque de « création d’une position dominante collective ».

Fin août dernier, les transporteurs routiers suisses Planzer, Camion-Transport, Galliker et Bertschi s’étaient rapproché des CFF dans le but de prendre une participation dans CFF Cargo via le consortium Swiss Combi, mis sur pied à cet effet. Au sein de ce consortium, Planzer et Camion-Transport sont en position de force, avec 40 % chacun, Bertschi et Galliker y participant à hauteur de 10 % chacun.

Mise sur pied en 2001, la division CFF Cargo se présente comme « le leader sur le marché du fret suisse », ayant transporté 32,8 millions de tonnes de marchandises en 2019 et revendiquant « plus d’un quart de l’ensemble des prestations du trafic marchandises » en Suisse. Son chiffre d’affaires en 2019 a été de 712 millions de francs suisses (675 millions d’euros).

À noter que cette ouverture du capital de CFF Cargo ne concerne pas sa branche internationale SBB Cargo International, dont le capital est actuellement détenu par CFF Cargo et l’opérateur de transport combiné Hupac. Dans les prochaines semaines, la part de CFF Cargo dans SBB Cargo International devrait être reprise directement par les CFF.

Patrick Laval

Ewa

Vincent Ducrot succède à Andreas Meyer à la tête des CFF en pleine crise du Coronavirus

De gauche à droite : Vincent Ducrot et Andres Meyer.

Directeur général des CFF depuis 2007, Andreas Meyer (58 ans) a été remplacé à la tête des Chemins de fer fédéraux suisses le 1er avril par Vincent Ducrot (57 ans). Au fils de cheminot passé par la Deutsche Bahn succède le dirigeant des Transports publics fribourgeois (TPF), qui avait quitté les CFF en 2011, après 18 ans de carrière.

Un bilan mitigé

Interrogé par l’ATS (Agence télégraphique suisse), Andreas Meyer met à son actif l’augmentation de 50 % du trafic voyageurs, le développement du secteur immobilier, l’assainissement de la caisse de pension et de CFF Cargo, mais aussi le maintien de la concession du trafic grandes lignes.

Côté critiques, il reconnaît que des améliorations sont nécessaires au niveau de la ponctualité. Les problèmes « ont été clairement identifiés et des solutions sont en cours de réalisation », précise-t-il à l’ATS. Interrogé sur les reproches du personnel et des syndicats d’avoir perdu le contact avec eux, le DG sur le départ estime que « ces sentiments sont liés à la numérisation de l’entreprise » et l’instauration d’une nouvelle dynamique. Toutefois, « nous n’avons pas toujours bien su expliquer à notre personnel ce que nous faisions », reconnaît-il.

Une reprise « en deux ou trois étapes »

Prévue depuis septembre, cette succession s’effectue dans un contexte « relativement compliqué », selon les termes utilisés par le nouveau DG dans le cadre de sa conférence de presse inaugurale, retransmise par vidéo.

Présenté dans le monde entier comme un cas modèle, le système ferroviaire suisse n’en est pas moins touché par les conséquences de l’épidémie de Covid-19. Pour faire face à une chute de la demande de l’ordre de 80 à 90 %, les CFF ont réduit leur offre d’environ 25 % en trois étapes. Mais pour Andreas Meyer, dans une interview publiée dans Le Temps, « il n’est pas exclu – et je l’espère – qu’il en reste des traces durables : cela pourrait par exemple être bénéfique pour une meilleure répartition des déplacements entre les heures de pointe et les heures creuses ».

Tant l’ancien que le nouveau DG des CFF envisagent déjà la reprise après la crise actuelle. Si Andreas Meyer voit les défis à la lumière de la situation actuelle (chantiers interrompus, mises en service des trains à deux niveaux Bombardier Twindexx et du tunnel de base du Ceneri), son successeur voit vers l’avenir, ajoutant que « les gens auront de nouveau envie de sortir ». Mais il concède que « nous ne pouvons pas revenir à la normale en un seul coup ». « Nous attendons de connaître les règles du jeu du redémarrage de l’économie », estime Vincent Ducrot, envisageant une reprise « en deux ou trois étapes ».

P. L.

Ewa

La Suède maintient les liaisons aériennes « socialement essentielles »

En dépit de l'épidémie, la continuité des relations vers le grand Nord (ici, l'aéroport de Kiruna) et l'île de Gotland est garantie.

Alors que dans le reste de l’Europe, les aéroports se vident, faute de voyageurs, en Suède, où le confinement n’est pas obligatoire, le maintien de certains vols intérieurs a été rendu obligatoire « à titre provisoire » par le gouvernement, le 6 avril. Cette décision concerne en particulier les vols vers le nord du pays (comprenant la Laponie suédoise) et l’île de Gotland (au milieu de la mer Baltique), « afin de garantir des transports de personnes et de matériel socialement essentiels ». Sur les relations concernées, l’alternative à l’avion est le train de nuit vers le grand Nord (une quinzaine d’heures de temps de parcours) ou des traversées maritimes de trois heures environ vers Gotland.

Tout comme les trains de nuit et liaisons maritimes citées ci-dessus, les liaisons aériennes garanties seront assurées dans le cadre d’une délégation de service public organisée par Trafikverket, l’agence nationale des Transports. Les contrats avec les compagnies aériennes seront d’une durée de cinq mois maximum, pour une valeur totale de 105 millions de couronnes (10 millions d’euros).

À noter que Gotland et le nord du Norrland figurent sans doute parmi les régions les moins touchées d’Europe par le coronavirus (respectivement 12 et 81 cas au 6 avril), alors que Stockholm, avec plus de 3 100 malades déclarés, réunit près de la moitié des cas identifiés en Suède…

P. L.