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Ewa

Réouverture de la ligne Perpignan-Villefranche après deux ans de fermeture

Millas

Lundi 21 octobre, le Tribunal de Grande Instance de Marseille a autorisé la réouverture de la ligne Perpignan – Villefranche-de-Conflent (Pyrénées Orientales), deux ans après la collision entre un TER et un bus scolaire au passage à niveau de Millas qui avait coûté la vie à 6 collégiens. Depuis des semaines, des usagers réclamaient que les trains puissent rouler à nouveau, alors que la ligne était sous scellés pour les besoins de l’enquête. « Cette autorisation permet aujourd’hui d’envisager les travaux nécessaires à sa réouverture », a indiqué Carole Delga, président de la Région Occitanie qui a voté le 11 octobre une enveloppe d’un million d’euros pour cela. « Ce train est vital et incontournable, avait affirmé Enric Ballaguer, président de l’association Train en Têt lors de la marche du 22 septembre pour la réouverture de la ligne. Avec des rotations plus importantes et adaptées, il apporterait une alternative aux déplacements en voitures ou en bus, plus coûteux, plus polluants et beaucoup plus longs ». Carole Delga a demandé à SNCF Mobilités « de revoir et de retravailler les horaires de circulation des TER » sur cette ligne.

Catherine Stern

Ewa

Droit de retrait – Les trains sans contrôleur sont-ils sûrs ?

conducteur RER

L’accident survenu le 16 octobre au passage à niveau de Saint-Pierre-sur-Vence (Ardennes), sur la ligne à double voie de Reims à Charleville-Mézières, risque fort d’éclairer d’un jour nouveau la problématique des aspects « sécurité circulation » en exploitation EAS (équipement agent seul, lire aussi ici ). En clair, ce sont les trains dans lesquels le conducteur est le seul agent à bord. En cas de problème, le conducteur dispose du signal d’alerte radio. Mais ce signal d’alerte ne saurait être stricto sensu considéré comme un élément  »de sécurité », puisqu’une défaillance inopinée des équipements embarqués de radio sol-train sur des engins moteurs devant l’émettre ou ayant à le recevoir ne va pas automatiquement conduire à une situation plus sécuritaire, mais plutôt à une situation moins sécuritaire.

Un risque si le conducteur est blessé

Dans l’absolu, l’alerte radio ne constitue certes pas, fort heureusement, la seule façon d’arrêter et de retenir les trains lorsque cela est nécessaire. La protection classique des obstacles reste irremplaçable. C’est traditionnellement une procédure dont les agents de conduite et les ASCT (agents du service commercial train) partageaient la connaissance, et qu’ils pouvaient être indifféremment amenés à appliquer selon les circonstances.

Toutefois, sur les trains circulant en EAS, il n’y a pas, par définition, la présence à bord d’un ASCT. En cas de présence d’obstacle empêchant la circulation sur la voie contiguë (qui peut être le train lui-même pour partie déraillé), il devient indispensable d’empêcher que cet obstacle soit heurté par un train arrivant dans l’autre sens. Cette action relève alors du seul conducteur. Ce dernier doit partir à la protection à distance réglementaire, en emportant pétards et torche à flamme rouge, voire poser la barre de court-circuit (encore dite « coupe-circuit ») entre files de rail.

La question peut alors devenir plus délicate lorsqu’un train EAS, après le heurt d’un obstacle, n’est pas, ou bien n’est plus en mesure d’émettre l’alerte radio, et que son conducteur, à la suite du choc, se retrouve lui-même dans l’incapacité physique de partir à la protection. Certes, des progrès considérables ont été réalisés en matière de sécurité passive pour protéger le conducteur dans sa cabine. Ces progrès intéressent les structures de caisse, avec la mise en œuvre de zones à déformation programmée pour absorber l’énergie du choc et écrêter les accélérations, qui encadrent les espaces « de survie », difficilement déformables, dévolus au conducteur ou aux voyageurs. Mais, selon la nature de l’obstacle heurté, même pareils progrès ne sauraient totalement annihiler le risque que le conducteur ne soit blessé, et ne puisse alors prendre les mesures de sécurité active, à savoir, notamment, se saisir des agrès de sécurité, et se rendre à 1 500 m ou 2 000 m en amont de l’obstacle (pour la voie contiguë), afin de poser les trois pétards sur les files de rail à l’intention du premier train croiseur attendu.

Un modèle accepté à l’étranger

À l’étranger, la circulation d’automotrices ou d’automoteurs avec le seul conducteur est pourtant courante sur beaucoup de réseaux. Elle ne paraît pas poser de vraies difficultés. Et ne suscite pas de réserves quant à la sécurité. L’environnement technique, réglementaire et sociétal peut y être, toutefois, notoirement différent. Et le comportement des automobilistes est plus respectueux des règles du Code de la route concernant le franchissement des passages à niveau. Sans doute un benchmark technique approfondi sur les modalités ici et là adoptées ne serait-il pas sans intérêt. Cela dit, on voit mal aujourd’hui comment la société nationale pourrait renoncer à étendre l’EAS sur les TER, dans un contexte européen d’ouverture de ce marché à la concurrence, où le critère du « moins-disant » ne sera pas le moindre à devoir être pris en compte pour des régions en mal de trouver les financements correspondants.

Les développements actuels, par exemple sur les systèmes de contrôle-commande de type CBTC (Communication Based Technic Control) utilisés pour l’urbain, montrent qu’on est désormais armé pour gérer des liaisons bord-sol « en sécurité ». Ce n’est toutefois pas parce que la technique existe qu’elle est aisément transposable, et que son application dans le « ferroviaire lourd » peut être facile et immédiatement envisageable. Des réponses en matière d’évolution des procédures ou de modification des matériels pourraient sortir dans les temps à venir.

Tobi Maier

Ewa

Sept lauréats pour les Grands Prix de la Région Capitale 2019

Lauréats GPRC 2019

Quatre entreprises, la Ville de Paris, IDFM et la SGP ont été récompensées pour leurs actions en faveur de la mobilité francilienne, le 10 octobre à Paris, lors de la cérémonie de remise des prix de la septième édition des Grands Prix de la Région Capitale.

Cet événement, organisé chaque année par le magazine Ville, Rail & Transports, fait intervenir un jury spécialiste du transport pour sélectionner les gagnants. En faisaient partie cette année, en plus de trois membres de la rédaction de VRT :  Elodie Hanen, directrice générale adjointe d’Ile-de-France Mobilités (partenaire de cet événement), Marc Pélissier, président de la Fnaut Ile-de-France et Bertrand Lambert, journaliste à France 3 (Emission Parigo).

  • Ile-de-France Mobilités a remporté pour le prix Innovation

  • Keolis : le prix Intermodalité et le prix Périurbain

  • La mairie de Paris : le prix Aménagement urbain

  • Transdev : le prix Smart City

  • RATP : le prix Modernisation

  • SNCF Réseau : le prix Gestion de projet

  • Société du Grand Paris : le prix Logistique urbaine

Pour retrouver le détail des projets récompensés rendez-vous ici et découvrez les photos de la soirée sur notre page évènement.

Ewa

Bertrand Gosselin : « Thalys est au cœur du débat sur la place de l’avion et du train »

Thalys

Interview de Bertrand Gosselin, nouveau directeur général de Thalys depuis le début de l’année. Il a remplacé Agnès Ogier, devenue la directrice de la communication et de l’image du groupe SNCF. Il fait le point sur la situation de la compagnie ferroviaire qui relie Paris à Bruxelles, et au-delà aux Pays-Bas et à l’Allemagne, dresse le bilan de l’été et dévoile ses projets.

 

Ville, Rail & Transports. Dans quelle situation était Thalys quand vous avez pris les commandes au début de l’année ?

Bertrand Gosselin. Thalys sortait d’une très belle année 2018, avec un trafic record : 7,5 millions de passagers ont été transportés, permettant à l’entreprise de réaliser le plus gros chiffre d’affaires de son histoire : 527 millions d’euros, représentant une progression de 5 %. Le trafic s’est développé sur toutes les routes vers l’Allemagne, les Pays-Bas, et entre Paris et Bruxelles. Thalys poursuit donc son développement.

De son côté, Izy a vu son activité croître de 6 %. Izy, qui a trois ans, arrive ainsi à maturité. Grâce à cette nouvelle offre à bas prix, nous sommes très fiers d’avoir développé les voyages entre la France et la Belgique. Plus d’1,2 million de voyageurs ont emprunté Izy en trois ans. Dont 800 000 n’auraient pas choisi le train s’il n’y avait pas eu ce service et 500 000 n’auraient pas voyagé du tout. Nous avons donc facilité la mobilité et rempli la mission d’une entreprise comme Thalys qui est de rapprocher les peuples.

 

VRT. Quelles sont les tendances de cette année, notamment de l’été ?

B. G. Sur les premiers mois de cette année, la tendance à la hausse se poursuit. Pour être plus précis, le premier trimestre a été plutôt plat avec un effet « gilets jaunes » qui s’est fait ressentir sur la fin 2018 et le début 2019. Nous estimons avoir perdu 12 millions d’euros de chiffre d’affaires sur un total de 527 millions du fait des grèves et des « gilets jaunes ». Cela représente 2,5 points de hausse non réalisés.

Depuis avril, nous retrouvons une très belle hausse de notre activité. Sur le premier semestre, nous enregistrons une hausse de trafic de 4,8 %. Cette belle dynamique a été confirmée pendant la période estivale puisque 10 % de passagers ont voyagé en plus à bord des trains rouges comparé à la même période de l’année précédente.

 

VRT. Envisagez-vous de nouveaux services ?

B. G. Il y a un peu plus d’un an, Thalys a déjà renouvelé son offre en lançant d’une part, Premium, un service personnalisé et flexible, d’autre part, Comfort dans un esprit Première classe, et maintenu l’offre standard. Lancée en décembre 2017, cette nouvelle offre a rempli ses objectifs et permis de développer le trafic avec une hausse de 13 % sur Comfort et Premium. Elle a vraiment rencontré son public.

Cette année encore, Thalys va évoluer avec trois nouveautés. La première concerne Izy qui va bénéficier d’une nouvelle rame proposant plus de places. C‘est une ancienne rame Eurostar TMST. La deuxième concerne le lancement de deux allers-retours par jour entre Amsterdam et Marne-la-Vallée. C’est une offre vraiment nouvelle pour les Pays-Bas et pour le nord de la Belgique et la zone d’Anvers. Elle répond à deux types de voyages, loisirs et pro. La troisième nouveauté a été lancement, le 29 juin, d’une relation saisonnière Bruxelles – Bordeaux. Il s’agit d’un aller-retour tous les samedis entre Bruxelles et Bordeaux pendant les deux mois d’été ainsi qu’entre Bruxelles et Marseille.

 

VRT. Où en est le programme de rénovation des rames ?

B. G.Ce programme vient de commencer. Il devrait durer plus de trois ans jusqu’en 2023. 26 rames devront être totalement rénovées à cet horizon. Une rame est entrée dans les ateliers près de Lille en avril. Elle devrait en sortir d’ici la fin de l’année. On attend beaucoup de cette rénovation car notre matériel n’est plus tout jeune. Il est toujours très confortable mais donne des signes de vieillissement.

L’intérieur va être entièrement rénové pour conserver le meilleur du confort des sièges de Thalys tout en modernisant le design qui va jouer sur la luminosité. On travaille avec deux designers, le Belge Axel Enthoven et la Française Matali Crasset. Nous aurons 7 % de places en plus pour les voyageurs. Et 15 % d’espace en plus pour les bagages. Avec la possibilité d’embarquer deux vélos non pliés. Ces rames seront baptisées « RubY ».

J’arrive à un moment charnière pour Thalys et je souhaite qu’on profite de cette rénovation pour repenser toute notre offre de service en travaillant sur tout ce qu’on peut apporter avant et après le voyage. Une réflexion est en cours. Nous allons aussi travailler à la modernisation de notre offre de fidélisation. Izy de son côté est novateur. C’est la seule offre à grande vitesse à petits prix à l’international. Nous devons la pérenniser et la développer. Mais nous n’aurons pas beaucoup de marges de manœuvre dans les deux ou trois ans qui viennent du fait de la rénovation du parc historique. De plus, une opération mi-vie du matériel roulant est également lancée depuis 2016. Les deux programmes se superposent.

L’investissement représente un coût total de 250 millions d’euros. Pendant cette période, nous disposons de deux rames de plus : une rame Eurostar que nous louons pour Izy et que nous avons décidé de conserver, ce qui porte notre flotte à 27 rames. Auxquelles s’ajoute une 28e rame que nous louons à la SNCF. C’est une rame réseau mise à nos couleurs qui vient en appui cette année. Aujourd’hui nous disposons donc de 28 rames. Elles permettent de maintenir les rotations car systématiquement il y a deux rames Thalys en rénovation. Sinon, nous aurions dû réduire notre offre. Avec ce parc roulant limité, tout l’enjeu est de trouver des solutions pour pouvoir continuer à nous développer.

 

VRT. Voyez-vous venir la concurrence ?

B. G. Sur l’international, le marché est ouvert depuis 2010. On est en 2019, la concurrence n’est toujours pas là et c’est tant mieux. Mais désormais, nous sentons que le marché devient plus mûr. Flixtrain a fait une demande pour se développer en France et sur Paris – Bruxelles. Il arrivera sûrement sur Paris – Bruxelles en 2021. On ne sait pas encore quels sillons il aura… Pour nous, c’est un challenge. Mais nous disposons d’une grande force grâce à notre offre : nous proposons de la grande vitesse, alors que Flixtrain se positionnera sur une offre classique. Attendons de voir quels seront leurs tarifs, leurs services…

Nous, nous nous positionnons sur la qualité et proposons déjà 30 % de nos places à petits prix sur Thalys et Izy. Nous répondons à l’ensemble des besoins de notre clientèle. Si Flixtrain arrive, ce sera avec l’arme des prix. Avec Izy et des trajets Paris – Bruxelles à 10 euros, nous sommes déjà présents ! Cela reste de la grande vitesse avec un confort de très bon niveau. 

Flixtrain est le premier à afficher ses objectifs mais Trenitalia ne cache pas non plus son envie de venir en France et de prolonger des lignes vers Bruxelles. Rappelons toutefois que la concurrence existe déjà entre Bruxelles et Cologne et entre Bruxelles et Amsterdam.

 

VRT. Thalys ne souffre-t-il pas d’une image d’un train cher ?

B. G.Le sujet prix est travaillé en permanence. Thalys a l’image d’un train de grand confort avec une grande qualité de service, qui permet à chacun de trouver le prix qu’il attend. Actuellement, on recense une soixantaine d’allers-retours en bus entre Paris et Bruxelles et entre Paris et Amsterdam. Et Thalys continue à se développer. On constate un essor de la mobilité et un essor de la mobilité ferroviaire qui est très favorable.

 

VRT. Comptez-vous lancer de nouvelles routes ?

B. G.C’est une réflexion de toujours. Mais actuellement, il y a de fortes contraintes liées à la taille de notre parc et au programme de rénovation. Il y a aussi des contraintes techniques : c’est un challenge de traverser quatre pays européens !

 

VRT. Ne pensez-vous pas que vous allez bénéficier du mouvement « la honte de prendre l’avion « (ou flygskam en suédois) ?

B. G.Il y a beaucoup de débats autour de la place de l’avion. Nous sommes au cœur de ce débat. Nous entendons des acteurs dire vouloir développer la place du train entre Bruxelles et Amsterdam. C’est une question dont nous débattons y compris avec les autorités aériennes sur des origines destinations courtes. On pourrait développer le trafic ferroviaire pour desservir Schiphol entre Bruxelles et Amsterdam. Il pourrait y avoir un premier mouvement dans ce sens dès l’an prochain. Il y a une volonté politique très forte aux Pays-Bas de faire en sorte que tout ce qui est de la courte distance puisse être remplacé par le train. C’est un service de bout en bout auquel il faut réfléchir avec les compagnies aériennes.

Propos recueillis par Marie-Hélène Poingt

Ewa

Inventivité et renouvellement pour les 20 ans de Sifer

Sifer 2019

Lille Grand Palais accueillait pour la neuvième fois le salon Sifer. Une édition qui a également marqué les vingt ans de cet événement biennal, unique en France dans le secteur ferroviaire. Avec un second souffle, comme le montre la diversité des nouveautés exposées pendant trois jours.

Entre conférences et exposition, les 5 400 visiteurs de la onzième édition du Sifer (soit 10 % de plus que lors de l’édition précédente) ont pu vérifier que la filière ferroviaire sait être inventive. Pour preuve, les nombreuses innovations présentées sur quelque 443 stands (en très légère hausse par rapport aux 436 de 2017). Les habitués étaient présents, telles les régions (Hauts-de-France, Ile-de-France, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté) ou les clusters (Mecateam, Neopolia, Mipyrail), mais aussi des entreprises comme DTK, spécialiste des prestations de mesure pour réseaux de tramways, qui a ajouté le Train jaune à sa liste de références en France. Certains exposants ont profité de l’occasion pour célébrer de grandes occasions, comme le spécialiste de la sécurité FS Group, qui a fêté ses dix ans. Il y avait également des nouveaux, comme Météo France, avec ses outils spécifiques pour l’exploitation ferroviaire (surveillance météo, solution Météorage, qui permet d’anticiper la foudre), le Ciffco, filiale formation de Getlink (ex-Groupe Eurotunnel), ou Bayer, qui propose, avec Socofer, ses solutions Smart Weeding System de maîtrise de la végétation sur les emprises ferroviaires.

Camlin Rail

Une inspection automatisée pour les pantographes

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Tous les spécialistes de la traction électrique savent à quel point le passage d’un pantographe endommagé peut être destructeur sur la caténaire. Proposé par l’entreprise nord-irlandaise Camlin Rail, le dispositif Pantobot 3D effectue une capture d’images du ou des pantographes lors des passages de trains (jusqu’à 350 km/h) et, par traitement de ces images, effectue une reconstitution 3D des archets, déclenchant une alarme en cas d’anomalie. Contrairement aux produits concurrents, à placer en surplomb de la caténaire, Pantobot 3D s’installe sur le bord de la voie, à hauteur suffisante.

Rail Europe Solutions

Une deuxième vie pour les traverses

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Produire des traverses, qu’elles soient en bois ou en béton, est une chose, que les sociétés regroupées au sein de Rail Europe Solutions savent déjà faire depuis longtemps. Mais depuis dix ans, Rail Europe Solutions réalise également des actions de collecte, de recyclage, de valorisation ou de réutilisation des éléments récupérés sur les voies ferrées (60 000 tonnes de traverses déclassées par an).

Elag

Un appareil portatif de mesure de profil de roue

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Avec l’appareil portatif Optimess WP, pas besoin de repasser au centre de maintenance pour effectuer une mesure par laser des caractéristiques géométriques des roues de matériel roulant ferroviaire. Une fois en contact avec le boudin de la roue (par exemple en étant posé sur le rail), cet appareil permet en effet, par scan laser, de mesurer le profil, le diamètre de roue et l’écartement des faces internes en quelques secondes, à haute précision (plus ou moins 25 µm). Environ 700 mesures peuvent être effectuées entre deux charges de batterie.

ROV Développement

Un robot nouvelle génération pour inspecter des ouvrages sous voie

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Habitué du Sifer et des grands prix, ROV Développement présentait cette année la nouvelle génération Tor 210 de son robot CameROV d’inspection des ouvrages sous voie, dont 11 exemplaires vont être livrés à SNCF Réseau.

Vollert

Un robot rail-route pour le triage

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Sur une des voies posées dans le hall d’exposition, l’allemand Vollert présentait son robot rail-route Vlex, radiocommandé et destiné aux activités de triage jusqu’à 300 tonnes. Pas mal pour un véhicule à batteries de 4,5 tonnes, qui profite des propriétés adhérentes de ses pneus et dont le guidage est assuré par des galets.

Techni-Industrie

Un bogie pour du transport de fret plus stable

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Sans en avoir l’air, ce bogie est nouveau ! Conçu, industrialisé et réalisé par Techni-Industrie, dans la Mayenne, le TI 2023 A (empattement de 1 800 mm, pour 22,5 tonnes par essieu et 100 km/h en charge en régime S) affiche une masse de 600 kg inférieure au bogie de référence Y25 et 88 à 150 kg de moins que les bogies concurrents à freinage intégré. Plus stable et moins
sensible au déraillement, ce bogie flexidirectionnel », à châssis en H, est moins agressif pour la voie, donc réduit les phénomènes d’usure, de bruit, de fatigue et de contraintes mécaniques, contribuant à une plus grande fiabilité du transport de fret.

Voith

Un attelage automatique de type Scharfenberg pour le fret

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Sous la marque CargoFlex, Voith propose une version pour le fret de l’attelage automatique Scharfenberg, bien connu dans les transports publics depuis un siècle. Le vieux rêve d’automatiser l’attelage des wagons européens est ici réalisé par un système modulaire permettant de combiner les têtes d’attelage, tout en satisfaisant aux exigences de sécurité passive de la norme européenne EN 15227.

Clearsy

Un tapis qui localise les trains

Bien connue pour ses dispositifs contribuant à assurer la sécurité dans le domaine ferroviaire, la PME française Clearsy présentait comme nouveauté son principe de localisation de train Rail-Map, par la simple pose d’un tapis entre les rails. De la sorte, il est non seulement possible de connaître la position des trains, mais aussi de détecter leurs mouvements, voire d’en configurer les courbes de freinage et points d’arrêt.

Patry

Un locotracteur 100 % électrique rechargeable

patry

Mine de rien, les nouveaux locotracteurs Patry peuvent remorquer jusqu’à 3 000 tonnes, soit plus que la plupart des trains de fret actuels en Europe,
de 4 à 10 km/h. Avec leur masse de 16 à 45 tonnes, ces engins à deux essieux (modèle présenté) ou trois sont équipés de batteries de 220 kWh, rechargeables en huit heures. Doté de dispositifs de sécurité (Vacma, limiteur de vitesse, frein pneumatique, sécurité de surintensité, caméra, radiocommande, attelage automatique…), ce locotracteur peut produire jusqu’à 5 000 l/min d’air comprimé !

Strail

Des nouveautés pour la voie !

strail

Sur un des panneaux de voie mis à disposition des exposants, Strail a pu montrer à quel point l’environnement immédiat des rails reste un domaine dans lequel l’innovation n’a pas dit son dernier mot. Cette année, les rails étaient posés sur des traverses en plastique recyclé Strailway, qui s’usinent exactement comme de classiques traverses en bois. Discret, facile à installer et efficace (jusqu’à 6 dB(A) de moins), le minimur antibruit Strailastic_mSW est placé au plus près des émissions sonores, fixé aux traverses au bord de la voie, en limite du gabarit. Egalement présentée, la dalle anti-intrusion Strailgrid est désormais un classique.

ACX Construction Ferroviaire

imgp0309Impossible de rater l’immense pelle rail-route sur pneus et la pelle rail-route sur chenille présentée par ACX Construction Ferroviaire !

Knorr-Bremse

Un étrier de frein compact et des matériaux de friction diversifiés

imgp0306Dans le domaine du freinage ferroviaire, il reste toujours des pistes d’innovation, comme le montre Knorr-Bremse, avec son étrier de frein compact RZTxs pour rames automotrices, qui se caractérise par son faible encombrement, ici avec une garniture de frein à disque en matériaux frittés. Le stand présentait également des matériaux de friction organiques pour garniture de frein à disque et semelles de frein.

Thieme

Des pupitres en polyuréthane aux normes européennes

imgp0303Spécialiste des pièces techniques et fonctionnelles en polyuréthane, Thieme réalise, entre autres, des pupitres aux normes EN 45545 pour les cabines de conduite de matériels roulants ferroviaires. Implanté à quelques kilomètres de l’Alsace, ce plasturgiste allemand compte sur la normalisation européenne pour que ses produits puissent franchir le Rhin. Mission réussie du point de vue notoriété, avec un pupitre bien visible sur son stand à Lille !

Edilon Sedra

Une solution de rénovation des blochets de voie

edilonsedraUne voie comme neuve, c’est ce que promet la solution de remplacement des (bi-)blochets à chausson endommagés proposée par Edilon Sedra, comprenant la pose d’un nouveau blochet intégrant un plateau élastique.

ITT

Un connecteur modulaire « tout-en-un »

imgp0300Sur son stand, ITT a présenté un aperçu de ses connecteurs circulaires modulaires Move Modular Series. Ces organes de connexion, qui utilisent un ensemble de modules enfichables, permettent ainsi une multitude de configurations de contacts pour le transfert d’alimentation, de signaux et données au sein d’un même connecteur.

Ewa

L’industrie ferroviaire après le veto européen

TGV ICE

Siemens et Alstom voulaient créer un champion européen du ferroviaire. La Commission européenne en a décidé autrement. Les questions auxquelles souhaitait répondre la naissance d’un grand groupe restent ouvertes. Comment l’industrie européenne peut-elle rester leader dans le ferroviaire ? Faut-il un grand champion pour le faire ? Comment l’Union peut-elle se défendre face à des concurrents agressifs… dont les marchés sont plus verrouillés que le sien ? Le salon ferroviaire Sifer, à Lille, a permis à VRT, grâce à l’appui d’experts, de formuler les questions qui s’imposent.

Le 6 février dernier la Commission européenne a « interdit le projet d’acquisition d’Alstom par Siemens ». La concentration, expliquait-elle, aurait porté atteinte à la concurrence sur les marchés des systèmes de signalisation ferroviaire et des trains à très grande vitesse.

Aussitôt signifié – parfois même avant qu’il ne le soit – le veto s’est attiré des réactions très vives, de milieux économiques et politiques, venues surtout d’Allemagne et de France. Tout le monde cependant n’était pas mécontent. Bombardier publiait un communiqué se félicitant de la décision.

Après les réactions à chaud, on en est rapidement venu à mettre en cause les règles actuelles de la concurrence. Argument : la Commission a jugé selon un droit obsolète ; il nous faut revoir les règles du jeu dans une économie mondialisée. C’est l’un des sujets des prochaines élections européennes. Face aux inquiétudes croissantes, pour sortir de l’alternative entre le protectionnisme national et l’Europe ouvertement libérale, on entend de plus en plus, en France au moins, le thème, très « en même temps », d’une « Europe qui protège ».

La récente visite du président chinois Xi Jinping en Italie et en France a mis en lumière la menace chinoise qui a plané sur le dossier Alstom-Siemens. Et la réunion Merkel, Macron, Juncker, Xi Jinping, mardi 26 mars à l’Elysée, a permis de poser la question de règles plus « fair » du commerce international.

De fait, à l’occasion du projet de fusion Alstom-Siemens, en lui-même fort important, se posent des questions vitales pour l’Europe. Faut-il un champion européen du ferroviaire ? Comment cette industrie peut-elle rester leader dans le monde ? Quelle menace représente la concurrence chinoise ? De quelle façon faut-il changer les règles du jeu européennes pour mieux protéger l’Union, dans ce domaine et dans d’autres ?

Ces sujets sont très sensibles. D’où un paradoxe. On a envie d’en savoir beaucoup. L’assistance nombreuse au colloque organisé par VRT lors du Sifer l’a montré. Et pourtant, les principaux intéressés, les grands industriels, préfèrent pour le moment garder le silence. Le temps de rebâtir une nouvelle stratégie ou d’œuvrer pour de nouvelles règles du jeu.

Malgré ce contexte délicat, certains experts ont accepté de s’exprimer dans notre colloque. Ils ont fait œuvre utile. Leurs approches – différentes de par leurs compétences, leurs analyses ou leurs convictions – ont permis, dans ce débat de haute tenue, non pas d’apporter des réponses définitives aux sujets du moment, mais de mieux poser les questions. Et, si la décision de la Commission était par eux diversement appréciée, tous invitaient l’Europe à trouver les bonnes réponses aux nouveaux concurrents. En indiquant souvent les mêmes pistes pour ce faire.

Ombre chinoise sur le marché mondial

jp audoux

Jean-Pierre Audoux, délégué général de la Fédération des industries ferroviaires, a pour commencer planté le décor, en faisant une description synthétique et précise de l’industrie ferroviaire mondiale. On en rappellera les principales données. Un marché en forte croissance, passé de 103 milliards d’euros en 2004 à 163 milliards en 2016 (dont 113 milliards accessibles). Des secteurs particulièrement dynamiques : métros automatiques, +8,5 % par an ; signalisation, +5 % par an.

Géographiquement, deux marchés dominent : la zone Asie-Pacifique (nouvel équipement) et l’Europe de l’Ouest (renouvellement).

Et dans cette industrie, indéniablement, la première place est occupée par la Chine, avec le constructeur CRRC et ses 30 milliards d’euros de CA dont on parle beaucoup et qui occupe largement le premier rang mondial. Mais il faut aussi tenir compte de CRCC (88 milliards d’euros dans les infrastructures, quatrième rang mondial) ou de CRSC (4,2 milliards dans la signalisation, troisième rang mondial). Et le pays fait d’énormes efforts de R&D. Jean-Pierre Audoux le souligne : « Si les Européens grâce au programme Shift2Rail ont mutualisé une partie de leurs efforts de recherche, leur ambition financière se limite à un milliard d’euros pour 23 grandes entreprises et quelques dizaines de PME retenues sur les “open calls“. CRRC à lui seul consent en R&D 1,3 milliard d’euros par an – dont environ 250 millions d’euros de subventions de l’Etat : son programme annuel est supérieur d’un tiers à six ans de programme Shift2rail ! »

Les acteurs diffèrent par la taille. De plus, souligne Jean-Pierre Audoux, « les grands leaders mondiaux n’ont pas le même profil ». Se côtoient des pure players, dont l’activité de construction de matériels et équipements ferroviaires est l’essentiel (Alstom, bien sûr, mais aussi CAF, Stadler, Railtech, Vossloh, Talgo… et CRRC), des filiales de conglomérats (Siemens, Thales, Hitachi, Rotem-Hyundai), ou des acteurs bisectoriels comme Knorr-Bremse, Bombardier.

Aussi divers soient-ils, tous font du marketing, de la recherche et de l’innovation et cherchent « des domaines où ils vont faire des percées ». Digitalisation du réseau, train autonome, nouvelles technologies de propulsion, services, systèmes clés en mains, ingénierie financière… Qu’il s’agisse de mettre au point un train à batterie, un train hydrogène, ou l’utilisation de capteurs sur le réseau, cela ne se fait pas sans recherche et innovation. Or, remarque Jean-Pierre Audoux, « on n’est pas forcément capable de la faire tout seul et dans tous ces domaines ».

Shift2Rail 2 est en préparation. Le délégué général de la FIF souhaite « une dimension intrinsèquement supérieure » par rapport au premier programme. Car, dit-il, « nous en avons grand besoin en Europe, au-delà de savoir qui s’allie avec qui ». Il faut mutualiser au niveau européen un maximum de la recherche et de l’innovation sur les programmes qui ont du sens pour l’avenir du mode ferroviaire. D’autant que ce mode n’est pas seul… Et que les autres modes de transport, à commencer par la route, ont plutôt pris de l’avance, ne serait-ce qu’en termes d’image. Le train de demain n’a pas le choix : il sera intelligent et écologique ou ne sera pas. A la FIF, on fait le pari qu’il le sera. Mais cela ne se fera pas tout seul…

philippe leguay

Certes, reconnaît Philippe Leguay, « le géant industriel mondial du ferroviaire est bien chinois ». Mais « la Chine est colossale, et 90 % du chiffre d’affaires de CRRC est fait en Chine. Les 10 % restant sont faits hors de Chine, mais pas en Europe. Si on enlève la Chine et son géant national, les deux premiers industriels sur le marché mondial sont européens, ce qui est rassurant pour l’avenir de l’Europe. Et ce sont Siemens et Alstom… » Aussi, juge-t-il, « c’est une excellente nouvelle que la Commission ait refusé ce qui n’était pas un mariage… mais le rachat d’Alstom par Siemens qui devenait propriétaire à 51 % ». Et qui allait mettre à mal « ce fleuron français quasi centenaire qui rapporte de l’argent à la France, fait rayonner le savoir-faire français et donc européen dans le monde. L’engagement de Siemens, c’était de maintenir l’emploi pendant quatre ans en France. Or, Alstom emploie 35 000 personnes, dont pas loin de 10 000 en France. Le risque maximum c’était 10 000 emplois perdus en France… Aurait-on alors sollicité l’Allemagne pour financer notre régime social et payer les chômeurs ? » Pour Philippe Leguay, la défense de l’industrie européenne, « passe par la défense de l’industrie française en France. Il n’y a pas aujourd’hui de menace réelle des Chinois en Europe ». Et, pour la suite, il y a « d’autres façons que cette fusion de se protéger efficacement de la Chine, en construisant des alliances ». Et en soutenant la recherche. Car, en Chine « le développement ferroviaire est une grande cause nationale. L’Etat est présent et il investit des milliards. Il faut faire la même chose en Europe, pour relever notamment les défis liés au digital à l’IA en mutualisant les efforts ».

Jjerome garciaerôme Garcia, remarque, lui, que « l’industrie européenne reste assez éclatée, avec neuf champions qui, additionnés, arrivent à 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires ». Soit l’équivalent de CRRC. Et il ne faut pas s’étonner que tout ce qui vient de Chine soit colossal : « 1,4 milliard d’habitants à comparer à 500 millions d’Européens… on ne peut pas changer les données démographiques ». Plus significatifs, selon lui, sont « les budgets de développement que la Chine déploie, qui font qu’elle peut nous dépasser ». Et c’est là le problème, plus que la taille. Car, « en matière d’entreprise, personne n’a jamais pu prouver que si l’on est plus gros, on vit mieux et plus longtemps. On peut très bien être à deux milliards d’euros comme Stadler, être très heureux, et faire de très bons trains ».

Ce n’est pas nier l’intérêt que peut présenter un grand groupe. Jérôme Garcia se souvient qu’il y a 25 ans, en 1995, « il y avait un très beau groupe, qui s’appelait Alcatel-Alsthom, qui faisait des télécoms, de l’énergie, du nucléaire des paquebots et des trains ». Pierre Suard, qui le présidait alors, « était convaincu que ce modèle de conglomérat permettrait à Alcatel-Alsthom de résister à Siemens, General Electric, Siemens ou Mitsubishi ». 25 ans plus tard, « ce groupe a été dépecé. Le rachat d’Alstom par Siemens, s’il avait eu lieu, était la dernière étape de sa disparition. »

a bullot

Face au danger chinois Alain Bullot dit, pour sa part, ne pas savoir « si la Chine est compétitive, car l’essentiel de l’activité se fait sur le marché chinois qui promet d’être gigantesque et qui est fermé. Mais je rappelle les salaires moyens : 10 000 euros par an en Chine ;38 000 euros en France ; 43 000 euros en Allemagne. C’est un tout autre sujet que la taille. »

Mais, souligne-t-il « quand on sort de Chine, les choses sont différentes. Quand on va commencer à parler “local content“ c’est-à-dire de part produite sur le sol du client ou avec des partenaires locaux, lors d’une arrivée en Europe, cela ne se fera plus selon les mêmes règles du jeu que celles qui permettent aux Chinois de délivrer des produits aujourd’hui 30 % moins cher ».

Certes, il y a un autre danger. « Hitachi, japonais, a mis la main sur un industriel ferroviaire italien et reconstruit une industrie britannique de façon tout à fait légale et “fair“. Or, il y a quelques années, on n’imaginait pas qu’une partie significative de l’industrie ferroviaire européenne serait japonaise. Il y a aujourd’hui un risque de survenance d’un acteur chinois en Europe, qui ferait l’acquisition d’un européen. L’acquisition de Skoda, heureusement, ne s’est pas faite. » Mais, remarque-t-il sans citer de nom, « il y a d’autres industriels qui sont en mauvaise posture. C’est un scénario possible et il faut qu’on s’y prépare ».

Quant à toutes « les pleureuses » qui s’en prennent à la décision de la Commission, elles oublient que « la commissaire danoise n’a fait qu’appliquer le droit… que les gouvernements lui ont demandé d’appliquer ». La grande question qui se pose maintenant, « c’est comment on protège l’Europe d’un prédateur chinois qui viendrait faire l’acquisition d’une pépite industrielle pour devenir européen ».

Enfin souligne-t-il, au grand export, « on ne dit pas : je vends des trains. On vend des systèmes qui répondent à des besoins. Il faut associer génie civil, signalisation, matériel, maintenance, mise au point d’une concession avec un exploitant sur 30 à 40 ans. La question, ce n’est pas d’être gros ou petit, c’est d’être manœuvrant et de proposer des alliances industrielles pertinentes. Or, à cette question, les Chinois apportent une réponse très simple. C’est : je finance mon client. Je modernise tout. J’amène des ouvriers, des ingénieurs chinois, tous très bons, et j’investis. J’endette mon client. Et quand mon client dit qu’il ne peut plus rembourser je prends possession des actifs. Voir l’acquisition du Port du Pirée. C’est ce modèle-là que nous allons avoir en face de nous dans certains pays ».

Sur deux points, Jean-Pierre Audoux apporte des nuances et des compléments. Certes, reconnaît-il d’abord, « la commissaire a appliqué la loi ». Mais, pour lui, « le problème se pose au niveau de l’absence à Bruxelles d’une vision dynamique de la filière industrielle ». Et, ajoute-t-il, « si on dit : les Chinois ne sont pas en Europe et donc il n’y a pas de concurrence chinoise, on se trompe. Le problème c’est la concurrence dans le monde. Aux Etats-Unis, CRRC a remporté quasiment tous les marchés de métro. Le marché est mondial et il faut raisonner mondial ».

Le second point, c’est le déséquilibre qui existe dans les législations. « On parle de screening, d’examen des investissements étrangers en Europe. En France, grâce à Arnaud Montebourg, on a mis en place un principe permettant de filtrer les investissements », rappelle-t-il. Mais il faut qu’il en aille de même dans tous les pays d’Europe, comme à l’échelle de l’Union.

Les limites du modèle Airbus

Poumartial bourquin c drr Martial Bourquin, sénateur du Doubs, le refus de la fusion Alstom-Siemens « n’est pas seulement celui de la Commission européenne. Toutes les autorités de la concurrence ont été contre cette absorption d’Alstom par Siemens. Nous avons reçu au Sénat Isabelle de Silva, présidente de l’Autorité de la concurrence française, qui nous a dit que cette autorité avait émis un avis négatif. »

« Il faut qu’Alstom, qui a un carnet de commandes de cinq ans et qui est désendetté, soit renforcé avec, pour commencer, des coopérations industrielles. Ce qui était prévu avec Siemens c’était uniquement un accord capitalistique. Nous avons besoin d’un accord industriel qui s’appuie sur des coopérations. » Martial Bourquin pense particulièrement à Thales, par exemple avec « la formation d’un GIE ou d’une filiale commune, pour renforcer Alstom dans la signalisation ». D’autre part, « pour consolider le capital très éclaté d’Alstom nous avons besoin d’une participation au capital de l’Etat ou de la Caisse des Dépôts et consignations ».

Et, pour résister à la concurrence chinoise, il faut tout d’abord avoir des entreprises fortes, dans chaque nation. Face à cette concurrence, « l’exemple à suivre, c’est Airbus. Champion mondial qu’on a constitué mais pas en absorbant une autre société. On l’a fait avec deux Etats, deux entreprises et cela a été un succès mondial ».

Conclusion : « Nous avons besoin d’un champion européen. La fusion-absorption Alstom Siemens était le contraire de ce qu’on doit faire. Ce qu’on doit faire, c’est un Airbus du ferroviaire… comme il nous faut faire des Airbus dans d’autres domaines. »

Alors, le modèle Airbus ? Mais un vrai, et pas un simple slogan comme on a pu l’entendre ? L’idée est examinée… et tempérée par les intervenants.

Un Airbus, dit Alain Bullot, « il y a des années et des années qu’on en parle… Je ne suis pas convaincu que le modèle soit absolument clonable. Là où le sénateur a raison, c’est qu’il s’agissait d’un modèle équilibré, avec des Etats accompagnant un projet industriel, franco-britannique pour commencer puis franco-germano-espagnol. Toujours avec un portage des Etats. Donc cela peut une bonne idée, mais si on le veut, faisons-le vraiment sur les mêmes bases qu’Airbus. Ce n’est pas du tout ce qui nous était proposé avec la cession d’Alstom à Siemens. »

Mais il souligne la différence des secteurs. « En aéronautique, on vend des appareils. En ferroviaire, on vend des systèmes. En Afrique, par exemple, futur marché géant, on va vendre des solutions composées avec des acteurs locaux, combinant différents métiers : génie civil, ingénieries ferroviaires, exploitation et maintenance… Cela va au-delà d’un Airbus du ferroviaire, qui, lui, vendrait le matériel roulant, ou la signalisation. Le modèle Airbus a sa valeur, mais je pense qu’il est insuffisant pour assurer l’avenir du ferroviaire européen. »

Philippe Leguay, lui, a « beaucoup de sympathie pour cette idée qui permet de développer, protéger, construire une industrie qui porte des valeurs européennes, et finance les régimes sociaux de l’Europe. Les divers pays de l’Europe ne vont pas aujourd’hui à la même vitesse, il y a besoin de définir des règles du jeu communes, capables de développer de l’industrie forte. Effectivement, il faut se protéger du géant chinois, et on voit bien que l’Europe est mal protégée au plan économique : il est scandaleux qu’Ansaldo ait pu tomber sous le joug des Japonais. Il faut que l’Europe se ressaisisse, et que son industrie reste la référence mondiale ». Les Chinois, selon lui, ne sont en fait « pas si bons que cela. Ils n’ont pas de produits d’excellence ». Certes, ils sont très présents en Afrique, « continent auquel très peu de pays s’intéressent, dans lequel il y a des besoins, mais pas beaucoup de moyens techniques. Les Chinois sont là plus forts que nous, parce qu’ils vendent des systèmes clés en mains, avec le financement. L’Europe doit être capable de faire de même, en créant une synergie totale de tous les savoir-faire des pays européens, y compris le financement, afin de les porter en dehors de l’Europe ».

Face au thème de l’Airbus, Jérôme Garcia, se dit « un peu réservé pour plusieurs raisons. On a créé Airbus parce que développer un nouvel appareil, à l’époque l’A300, coûtait extrêmement cher. Ce n’est pas tout à fait le cas pour le développement d’un train. On a fait le “work-sharing“, on a découpé l’avion en morceaux et on a dit aux Anglais, vous ferez les ailes, etc. Soit dit en passant, la France s’en est bien tirée puisqu’elle a pris les parties les plus techniques. Ce n’était pas tout à fait égalitaire… d’autant plus que la France avait la responsabilité du système avion complet et des lignes d’assemblage. Même si par la suite cela s’est rééquilibré au profit des Allemands ».

Le contexte est donc bien différent. Peut-être faut-il de grandes fusions dans le ferroviaire. Mais la réplique n’est pas seulement là : « On peut faire des acquisitions. Elles peuvent être défensives. Par exemple acquérir Skoda pour éviter que CRRC ne le fasse, et cela peut de toute façon être en soi une belle acquisition. Mais ce peut être aussi offensif, par exemple pour compléter la gamme. » Alstom, suggère-t-il « pourrait le faire sur les locomotives diesel ou sur des produits à voie métrique, où il n’est pas présent, alors qu’il y a soixante tramways à voie métrique en Europe et que la voie métrique est très répandue en Afrique et en Asie ».

Surtout, estime-t-il, si l’on veut concurrencer CRRC, être gros ne suffira pas. « Et fusionner des acteurs qui ont des produits à prix élevés n’est pas ce qui permet de réaliser des produits à prix réduits. Maserati avec BMW, cela ne permet pas de contrer des voitures chinoises. Les Etats-Unis achètent des métros chinois parce qu’ils sont moins chers. » Il faut donc « réfléchir à la stratégie produit. Le Régiolis est un très beau train mais il ne peut être vendu partout dans le monde. On peut développer des produits plus simples, plus rustiques, plus compétitifs et de qualité, peut-être pas au niveau prix des Chinois mais qui permettront de faire pencher la balance dans les appels d’offres ».

Autre point, c’est le nécessaire appui des Etats. On vend un système à un acteur public qui a besoin d’une réflexion sur ce qu’il faut faire : train, métro, tramway, qu’il faut accompagner en ingénierie, dans la construction de la voie et des dépôts, la maintenance, le matériel, la signalisation, l’exploitation, le conseil en certification. Cela requiert des acteurs multiples, parfois une dizaine. On peut faire confiance aux industriels, mais ça ne marche pas toujours. Que plusieurs ministères européens de l’Industrie coopèrent pour susciter les consortiums, pour assurer la cohérence de l’offre et apporter aussi le financement, c’est essentiel, pour l’Asie du Sud-Est ou le sous-continent indien, ou pour l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Amérique latine. En résumé, plus qu’un Airbus, autant penser à des acquisitions ciblées, à une stratégie produits, et à s’assurer l’appui des Etats.

Jean-Pierre Audoux non plus, ne peut se satisfaire d’un copier-coller. « On peut tirer des enseignements d’Airbus », mais il n’y a pas de solution unique. Pour lui, l’impératif du jour est ailleurs. Il faut créer les conditions d’une concurrence équilibrée. Avoir des règles du jeu loyales sur le marché mondial.

On parle par exemple, dit-il d’instaurer un seuil de valeur ajoutée exigible pour qu’une entreprise puisse répondre à des appels d’offres en Europe. Or, « dans des pays comme la Russie, les Etats-Unis, la Chine, les seuils exigibles de valeur ajoutée locale sont extrêmement élevés : 80 %, 90 %. En Europe, on discute de 50 % cela me gêne un peu. »

Au-delà, l’idée d’un principe de réciprocité « semble gagner la majorité des pays européens, c’est une excellente chose. Créons les conditions pour que l’on ait un marché mondial. Introduisons des critères de responsabilité sociale et environnementale (RSE) dans les appels d’offres. Nous avons un défi mondial sur la recherche et innovation dans notre secteur, relevons-le, grâce à Shift2Rail 2 ».

Demain, l’Afrique

Si la concurrence chinoise n’est pas effective aujourd’hui en Europe, elle l’est sur des marchés tiers. Et, souligne Philippe Leguay, « le marché mûr où les besoins sont énormes, et où nous sommes très peu présents c’est l’Afrique. Ce marché grandit, a des besoins, a des moyens mais n’a pas le savoir-faire. Bel exemple de ce qu’on peut faire, le métro d’Abidjan. Les Coréens apportaient dans le projet initial le financement, le savoir-faire industriel, etc. La Côte d’Ivoire a consulté des ingénieries françaises, a eu aussi recours à une expertise de Keolis en exploitation, maintenance… On s’est rendu compte qu’on pouvait faire un projet moins cher de manière intégré, financé par la France, avec Bouygues, Alstom, Colas Rail, Keolis, et qui va coûter moins cher aux Africains ».

L’Afrique, sujet cher à Alain Bullot. L’Afrique, « c’est 1,2 milliard d’habitants, dont 50 % sont urbanisés. Et ce sera 2,5 à 3 milliards en 2050, dont 65 % d’urbains ». Ce qui veut dire, que d’ici-là, « 700 millions d’Africains vont migrer vers les villes. Plus que la population européenne ». Et cela crée un énorme besoin d’équipement en réseaux. Or, si elle ne réagit pas plus et plus vite, l’Europe « risque de laisser l’Afrique aux Chinois et de perdre l’occasion d’être le partenaire qui aidera l’Afrique à se développer elle-même »

Et la France a une responsabilité particulière. D’abord par l’histoire. Mais aussi parce que le Français sera (source OCDE) la quatrième langue dans le monde en 2050. Nous pouvons travailler naturellement d’égal à égal avec les Africains dont beaucoup de dirigeants ferroviaires se sont formés en France. Nous pouvons mobiliser les compétences des industriels, des exploitants, des outils… prêts à travailler en français avec leurs homologues. « C’est notre intérêt commun, c’est un destin français au sein de l’Europe, c’est un destin européen ».

Quant aux produits plus simples que demande Jérôme Garcia, Alain Bullot abonde et se souvient : « Quand j’étais délégué général de Fer de France, j’ai surpris tout le monde en disant : le chemin de fer doit diviser ses coûts par deux d’ici à dix ans. Ce n’est pas une question de Chinois, c’est une question de concurrence : voiture, camion, véhicule autonome, ce qui nous renvoie à notre propre productivité du mode. » Ce n’est pas infaisable

Le « frugal » n’est pas le seul moyen, mais il peut y contribuer : il cite pour exemple la « relation gare centrale – aéroport international de Kiev, qui vient d’être ouverte. Modèle de “juste nécessaire“ réalisé par les ukrainiens et un européen, le polonais Pesa : voie unique, autorails diesel modernes, mais simples. » Des tas de marché nécessitent « du ferroviaire qui ne coûte pas cher et qui rend le service. Il faut habiter aussi ce créneau. »

Enfin dit-il, « il faut qu’on laisse les industriels faire leur boulot d’industriels. Il y a trop d’usines ferroviaires en Europe. Quand un industriel veut fermer une usine, on lui tombe dessus ; ce faisant, on lui achète un ticket de recul dans la compétition mondiale. Si on veut que les industriels créent de l’emploi, il faut qu’on les laisse adapter leurs outils ». Les Etats ont un rôle, non pas de se substituer aux industriels, mais de créer les conditions pour que les projets de coopération de filière soient efficaces. Et de créer des conditions de réciprocité sur le marché mondial. On n’a toujours pas de Buy European Act effectif. Il le faut. Il faut poser la question du contenu local.

Alors, peut-on dire, comme l’avait il y a peu de temps déclaré Emmanuel Macron, que « le temps de la naïveté européenne est révolu » ? Jean-Pierre Audoux le souhaite. « L’affaire Alstom-Siemens a provoqué une onde de choc au niveau de l’Union européenne. Il y a eu un déclic. J’attends de voir comment cela va se traduire. On peut se défendre avec un Buy European Act. ».

F. D.


Ils nous ont fait profiter de leur expertise

Jean-Pierre Audoux, délégué général de la FIF. Jean-Pierre Audoux a apporté en ouverture du colloque un éclairage sur l’état du marché mondial du ferroviaire. Et sur son évolution. Et a fait un zoom sur ce que représente la puissance ferroviaire chinoise.

Philippe Leguay, directeur international des Systèmes de transport urbain de Keolis. Philippe Leguay est aussi le monsieur Métro automatique de l’UITP. Il a, à ce double titre, une expertise incomparable du marché de la signalisation dans le transport urbain. Et une très grande connaissance du marché international.

Alain Bullot a la liberté de parole d’un consultant indépendant. Et, comme on l’a connu directeur du matériel de la SNCF et délégué général de Fer de France, il connaît les enjeux de l’industrie ferroviaire mondiale.

Jérôme Garcia est président de la société Arterail. Arterail, fournisseur de services pour les exploitants de réseaux de transport et les opérateurs ferroviaires, est spécialisé dans l’optimisation du cycle de vie du matériel roulant. Jérôme Garcia, avant de franchir le pas et de devenir entrepreneur, a été consultant.

Martial Bourquin, sénateur socialiste du Doubs, a été le rapporteur pour le Sénat de la mission d’information sur Alstom et la stratégie industrielle de la France. Retenu à Paris par les travaux parlementaires (la privatisation d’ADP, contre laquelle il bataille), Martial Bourquin s’est adressé à l’assistance au moyen d’une vidéo.


Demain l’Inde ?

Dans vingt ans, les Indiens, dont le mot d’ordre est « Make in India », seront-ils un, nouveau concurrent comme l’est aujourd’hui la Chine ?

A cette question posée depuis la salle, Philippe Leguay répond : « Le marché indien est très différent du chinois. Et nous connaissons bien les deux. Keolis est présent en Chine, à Shanghai, en Inde, à Hyderabad. Les Indiens ont des ambitions, mais pas tout à fait la même motivation, pas les mêmes moyens financiers, pas la même capacité industrielle que la Chine. Donc un très grand marché, potentiel, qui n’a pas tout à fait les moyens de se payer tout ce dont les Indiens ont besoin mais marché sur le point d’exploser. Et qui sera beaucoup plus perméable que la Chine. »

Et Jérôme Garcia tient à bien distinguer en Asie trois zones. « Une Asie fermée : Chine, Corée, Japon. Les trois pays ont leur industrie nationale et, quels que soient les traités de libre-échange, ils continueront à acheter chinois pour les Chinois, etc. Cette Asie compte 1,6 milliard d’habitants. Une Asie du Sud-Est, avec de très grandes agglomérations, qui peut trouver que le géant chinois est encombrant. Et le sous-continent indien, de 1,7 milliard d’habitants environ, vrai terrain de jeu pour l’industrie européenne mais aussi chinoise ou américaine. »


Sept grandes idées à retenir du colloque

On n’attribuera pas les sept idées qui suivent à tel ou tel de nos intervenants. On ne prétendra pas que chacun s’y reconnaît. Mais il nous semble que se sont dégagées lors du débat certaines idées-forces, dont il faudra tenir compte pour définir la stratégie industrielle de la France et de l’Europe. Et qui sortent du simplisme qu’on a observé au lendemain du veto.

• L’effort de R&D chinois est colossal. Il faut pour y répondre en Europe un Shift2Rail 2 de très grande ambition.

• Quelle que soit l’appréciation portée sur la décision de la Commission européenne, l’Europe doit se doter d’outils permettant de rééquilibrer les termes de l’échange ; Buy European Act, local content, normes RSE.

• A côté d’efforts pour la R&D et pour l’innovation, il ne faut pas négliger des produits plus simples, pour disposer d’une gamme complète et résister à la concurrence qui se joue aussi sur les prix.

• Que l’on se réjouisse de l’échec de la fusion ou qu’on le déplore, on voit bien que la constitution d’un grand groupe n’est en soi pas suffisante. La baisse des coûts est une question majeure.

• Qu’on l’imagine présente, ou qu’on la voie encore lointaine, personne ne mésestime la concurrence chinoise. Mais la concurrence dans le ferroviaire est loin d’être la seule et n’est pas la plus dangereuse. La grande question, ce sont les autres modes qui en R&D comme en coûts font aujourd’hui la course en tête.

Modèle Airbus, pourquoi pas. Mais attention au « copié-collé ». il s’agit ici non de vendre des appareils mais des systèmes. Ce qui suppose des alliances sur mesure, complexes, au-delà des métiers du ferroviaire.

• Le grand terrain d’affrontement entre Chinois et Européens, avant l’Europe, pourrait bien être l’Afrique. Où les Européens, et notamment les Français à l’ouest, ont des atouts. Mais où les Chinois ont pris de l’avance…