L’Ecoliner, un bus sans fuel et sans fils
Sur la voie de gauche de cette autoroute à six voies dans chaque sens (!) qui quitte Los Angeles en direction de l’Est, on roule vraiment plein pot sans aucune difficulté. Rien d’étonnant à cela : c’est la voie estampillée « Carpools only », autrement dit celle réservée aux véhicules qui transportent, outre leur conducteur, au moins un passager. Sur les cinq autres voies, voitures (et camions) avancent désespérément au pas. Avec, bien sûr, leur seul conducteur à bord ! Sous les cocotiers de Californie, le transport individuel (au sens premier du terme) semble vouloir encore se donner l’illusion d’avoir l’avenir devant lui…
Pourtant, les transports collectifs ne restent pas inactifs, loin s’en faut. A preuve, le réseau modèle de Foothill Transit, du groupe Veolia, qui dessert une superficie de 850 km2 incluant la partie est du comté de Los Angeles, autour des vallées de San Gabriel et Pomona, avec une incursion d’une trentaine de kilomètres vers le centre de la métropole. C’était la fameuse promesse de Los Angeles : « Vous travaillerez en ville et habiterez la campagne. » Mais le tramway interurbain construit a l’époque héroïque a vite fait faillite. Et n’a été que bien partiellement remplacé par un métro léger, certes ultramoderne, mais qui, toujours faute de crédits, s’achève encore au milieu de nulle part. « Dans ma voiture et sans bouchons, c’est bien ce qu’ont toujours voulu les Américains », déplore Doran J. Barnes, vice-président Transit Management chez Veolia et directeur exécutif de Foothill. « Une culture de l’autoroute a grandi en même temps que la ville de Los Angeles et, pour relever ce challenge, nous nous devions d’être vraiment très, très bons. »
Bons, assurément, les gens de Foothill le sont. Cet opérateur est reconnu comme l’un des plus performants aux Etats-Unis. Pareil résultat est pour partie attribué à un mode d’organisation considéré, sur un réseau d’autobus, comme unique dans ce pays, à savoir un PPP (Public Private Partnership) entre les 22 villes du comté de Los Angeles, secteur public, et Veolia, entreprise privée qui, par l’entremise de Foothill, assure un rôle d’exploitant confinant souvent à celui d’autorité organisatrice. Ce PPP a démarré en décembre 1988 à titre expérimental. « Rassemblant ainsi le meilleur du public et du privé, nous avons vite découvert qu’un tel modèle, dicté par le souci de satisfaire les clients mais également centré sur les résultats, pouvait se révéler extrêmement bénéfique pour la communauté », commente Doran J. Barnes. « Ainsi, à la différence du secteur public, nous sommes en mesure de mettre plus d’argent sur la table si nous savons que nous pourrons ensuite en gagner davantage encore. »
L’opérateur Foothill, qui dessert 33 lignes régulières, exploite un parc de 260 autobus, essentiellement des marques Nabi (North American Bus Industries) et Orion. La plupart sont récents, les plus anciens ayant à peine dix ans. Seuls 66 véhicules sont encore à plancher haut, et l’effectif des « articulés » s’élève à 30 unités. Mis à part les derniers 18 autobus diesel Gillig dont les jours sont désormais comptés, l’ensemble du parc utilise comme carburant le GNV (gaz naturel pour véhicules), auquel l’opérateur se dit très attaché. Le remisage et l’entretien s’effectuent dans deux dépôts, Pomona et Arcadia, ouverts respectivement en 1997 et 2002. Foothill transporte 14 millions de voyageurs par an. Avec la crise économique, ce trafic est hélas en chute de 10 % sur les deux dernières années…
En mars dernier, le premier « Ecoliner » est arrivé. C’est le tout nouvel autobus électrique que le constructeur américain Proterra appelle « EcoRide BE-35 », et qui est fabriqué à 80 % aux USA. Sa particularité réside à la fois dans la rapidité de sa charge (à peine dix minutes) et dans son autonomie (plus de 60 km). C’est en poursuivant un programme de recherche sur les autobus à pile à combustible subventionné par l’Etat américain que Proterra en est tout naturellement venu à développer ce projet en partenariat avec l’université de Clemson. Deux autres Ecoliner sont arrivés en Californie depuis et, le vendredi 3 septembre, le premier service régulier était officiellement inauguré. « C’est le bus le plus cool que j’ai jamais vu dans ma vie ! », s’enthousiasmait à l’inauguration David Dreier, représentant au Congrès. « Quand je pense qu’il aura mis moins de temps à se recharger que, ce matin même, mon rasoir électrique… »
PORTRAIT D'UN AUTOBUS PAS COMME LES AUTRES
Dix minutes d’arrêt pour la charge de ses batteries, et l’autobus redémarre avec 50 à 70 km d’autonomie ! Aux vitesses commerciales pratiquées, il peut ainsi fonctionner pendant environ trois heures, avant de devoir être à nouveau rechargé. Ces simples chiffres se suffisent à eux-mêmes pour jauger de l’importance du saut technologique accompli. Le nouvel EcoRide BE-35 que son constructeur, l’américain Proterra, compare volontiers à un « trolleybus sans fil », concrétise bien une petite révolution dans la recherche de l’autobus idéal « à zéro émission ». Outre ses performances exceptionnelles, ce véhicule se distingue par l’extrême cé
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Publié le 12/02/2024