De nouveaux modèles pour les Serm

24 projets de RER métropolitains ont été labellisés et sont en attente de financements. Alors qu’une conférence nationale sur le financement des mobilités se profile à partir de mai, Ville, Rail &Transports a réuni le 18 mars des experts pour faire un point d’étape et en tirer les premiers enseignements. Et pour esquisser des business model possibles.
Quelques collectivités ont pris un métro d’avance en lançant leurs premiers services express régionaux métropolitains (Serm). C’est le cas de la métropole de Bordeaux qui a lancé le sien il y a cinq ans et enregistre de belles hausses de trafic : +31 %. Claude Mellier, vice-présidente chargée des infrastructures routières et ferroviaires à Bordeaux Métropole, explique ce résultat. « Nous nous sommes appuyés sur trois lignes ferroviaires existantes et sur six lignes de cars express, ainsi que sur la diamétralisation sur deux lignes. Nous avons ainsi pu proposer un cadencement toutes les demi-heures, ce qui a permis une augmentation notable du nombre de voyageurs, passant de 18 000 à 23 000 actuellement, avec un objectif fixé à 38 000 à la fin de la décennie ».
La mise en service d’une nouvelle halte à la Porte du Médoc et la réouverture d’une gare fermée depuis 1949 témoignent de cette dynamique positive. Autre axe d’amélioration : la création d’un abonnement multimodal (train, tramway et bus), avec un accès au transport fluvial sur la Garonne.
La mise en place de nouvelles liaisons peut cependant connaître des résultats variables. Claude Mellier constate que les cars express sont surtout pertinents sur les trajets dépourvus d’alternative ferroviaire. Elle évoque le succès de la ligne Bordeaux-Créon, qui attire 900 voyageurs par jour en l’absence d’autres moyens de transport, mais souligne le relatif échec de la liaison Bordeaux-Blaye (600 voyageurs par jour), où une voie ferrée fermée aurait dû être réhabilitée. « La population n’adhère pas à une alternative routière lorsqu’une infrastructure ferroviaire est déjà en place», affirme-t-elle.
» Nous nous sommes appuyés sur trois lignes ferroviaires existantes et sur six lignes de cars express, ainsi que sur la diamétralisation sur deux lignes. Nous avons ainsi pu proposer un cadencement toutes les demi-heures. »
Claude Mellier, vice-présidente chargée des infrastructures routières et ferroviaires à Bordeaux Métropole,
Choc d’offre
Éric Steil, directeur marketing et développement de TER – SNCF Voyageurs, salue de son côté le succès des Serm déjà en service, citant en exemple non seulement Bordeaux mais aussi Strasbourg ou le Léman Express. Il démontreque les habitants adoptent rapidement ces nouvelles offres, comme ils l’avaient fait avec les tramways. Il qualifie les Serm de « révolution pour la mobilité du quotidien », essentielle pour réussir la transition climatique.
En tant qu’exploitant, Éric Steil tire plusieurs enseignements des premières expériences. La mise en place d’un Serm crée un « choc d’offre », entraînant une adoption quasi immédiate par les voyageurs, pour lesquels deux approches sont possibles. Soit une montée en puissance progressive, comme à Bordeaux avec des paliers livrés au fur et à mesure, ce qui facilite l’adaptation de l’exploitation. Soit un déploiement massif dès le départ, comme à Strasbourg, où le choc d’offre très ambitieux (800 trains supplémentaires par semaine) a été difficile à « digérer » immédiatement et a nécessité de procéder à des ajustements à la baisse. Dans tous les cas, il est crucial de gérer cette montée en charge avec souplesse.
Éric Steil souligne également que l’offre ferroviaire et routière ne fonctionne pas isolément, mais s’intègre dans un véritable système de mobilité. « L’intermodalité et la multimodalité doivent être pensées en amont, car l’augmentation du nombre de voyageurs entraîne des effets en cascade : saturation des parkings, afflux de vélos, augmentation de la fréquentation des transports en commun à l’arrivée en métropole. ».
« L’intermodalité et la multimodalité doivent être pensées en amont, car l’augmentation du nombre de voyageurs entraîne des effets en cascade : saturation des parkings, afflux de vélos, augmentation de la fréquentation des transports en commun à l’arrivée en métropole »
Eric Steil directeur marketing et développement de TER – SNCF Voyageurs
Bien identifier le service
Il insiste aussi sur la nécessité de penser le voyage dans son ensemble. « Si on raisonne en silo, par mode de transport, on se trompe », explique-t-il.
L’expérience utilisateur doit être au coeur du projet, en assurant une cohérence entre les différents modes de transport, que ce soit en matière d’information voyageurs, de règles d’usage ou de de tarification. Il plaide pour une approche centrée sur le service global, avec une identité forte, comme le Léman Express : « il faut que le service soit vraiment identifié par le voyageur ». Dans ce but, il préconise une tarification simple et accessible, sur un support unique pour tous, comme les abonnements ou les tickets à l’unité, type Léman Pass. Et une collaboration entre les collectivités pour harmoniser les règles et partager les recettes.
Enfin, Eric Steil souligne l’importance d’une gouvernance efficace, citant Bordeaux comme exemple réussi grâce à un plateau projet qui assure coordination et suivi. Un sujet que Claire Rais Assa, directrice adjointe du développement des transports territoriaux à la Société des Grands Projets (SGP) connaît bien, puisque la SGP intervient sur 14 projets de Serm sur les 24 labellisés par le ministère des Transports. Ces 14 projets sont en phase de « préfiguration », une étape essentielle pour préparer les dossiers destinés au ministère afin d’obtenir leur statut officiel.
« Il faut ajuster les projets à la capacité de financement de chaque collectivité. »
Claire Rais Assa, directrice adjointe du développement des transports territoriaux à la Société des Grands Projets (SGP)
Trois piliers structurants pour les Serm
Trois piliers structurent ce travail. Le premier porte sur le schéma d’ensemble pour consolider l’offre de mobilité multimodale sur le territoire, en intégrant le ferroviaire et les autres modes de transport comme les cars express et les réseaux cyclables. Le deuxième pilier porte sur la gouvernance pour élaborer un modèle adapté aux spécificités locales. Par exemple, à Toulouse, le Serm couvre 19 EPCI, tandis qu’en Lorraine-L
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