Revendication de longue date des syndicats, le salaire minimum pour les cheminots est peut-être en passe de devenir une réalité outre-Rhin Plusieurs rounds de négociations ont débuté cet été entre les représentants des salariés et les compagnies ferroviaires : la DB mais aussi les opérateurs privés, Keolis et Veolia en tête, participent aux tractations. Une première.
L’objectif : définir des règles de rémunérations communes à l’ensemble du secteur. En la matière, les disparités sont énormes depuis l’arrivée de la concurrence. A titre d’exemple, un conducteur de train de la DB perçoit 31 700 euros lors de sa première année d’embauche : jusqu’à 30 % de plus que chez certaines compagnies privées.
Pour ces dernières, où les syndicats sont moins puissants, les faibles coûts de main-d’œuvre représentent un avantage concurrentiel de taille, le critère de prix étant primordial lors de l’attribution d’une franchise.
« Cette situation est une incitation au dumping », dénoncent les syndicats Transnet de DGBA. D’autant qu’entre-temps la DB a lancé une contre-offensive, transférant une partie de ses salariés dans des filiales « low cost », aux conditions salariales moins favorables.
« Il est temps de mettre un terme à cette spirale », affirment les représentants des cheminots, qui ont convoqué cette table ronde. Car en Allemagne il n’existe pas de salaire minimum unifié équivalent au Smic français. Mais si les partenaires sociaux d’une branche parviennent à s’accorder sur une rémunération plancher, le gouvernement peut la valider et l’inscrire dans la loi. Outre-rhin, peu de secteurs ont réussi à s’entendre. Les cheminots parviendront-ils à faire exception ?
Rien n’est moins sûr, tant il semble difficile de concilier les exigences de l’opérateur historique et celles de ses rivaux. Ces derniers plaident pour un Smic modéré, alors que la DB espère indexer le salaire minimum sur ses propres standards. Quant aux syndicats, ils ont déjà fait savoir qu’ils ne signeraient pas un accord tarifaire « vers le bas » et menacent de déclencher une grève générale en cas d’échec. Pour ne rien arranger, toutes les parties prenantes ne sont pas assises autour de la même table. Les opérateurs privés mènent leurs discussions en parallèle de l’opérateur historique. « La route est longue », souffle-t-on, un brin pessimiste, dans les coulisses des négociations.
Antoine HEULARD
Publié le 05/04/2024