Neuf ans après l’annonce du contrat entre Alstom et Amtrak, l’entreprise ferroviaire publique américaine, le matériel construit par le français aux Etats-Unis, entre en service aujourd’hui. Un trajet inaugural s’est déroulé entre Washington et New York Penn Station, en présence du secrétaire d’Etat aux Transports Sean Duffy et d’Henri Poupart-Lafarge, directeur général d’Alstom.
En août 2016, la conception et la construction de 28 nouveaux trains à grande vitesse, destinés au Couloir nord-est (CNE) qui relie Boston et Washington D.C étaient attribuées à Alstom. Le support technique et la fourniture de composants pour la maintenance des nouveaux trains, inclus dans le contrat, en portaient le montant total à 1,8 milliard d’euros.
Pour cette ligne parmi les plus fréquentées des Etats-Unis, qui couvre environ 730 km, Amtrak souhaitait renouveler une flotte vieillissante baptisée Acela, au moyen de rames neuves, de plus grande capacité et de plus grande vitesse. L’opérateur a opté pour l’Avelia Liberty, de la gamme de trains à grande vitesse Avelia d’Alstom. La nouvelle rame peut transporter jusqu’à 27 % de passagers en plus par rapport aux trains Acela actuellement en service. Elle est composée d’une motrice compacte et de neuf voitures, avec la possibilité d’en ajouter trois supplémentaires. Le train, capable d’atteindre la vitesse de 300 km/h, circulera dans un premier temps à une vitesse maximale de 260 km/h, conformément aux capacités de l’infrastructure. Chaque motrice est équipée du système Crash Energy Management (CEM) d’Alstom. L’Acela de nouvelle génération permettra davantage de départs quotidiens, des arrêts limités et la possibilité pour les passagers de choisir leur place avant le voyage. A bord, les 386 sièges disposeront d’un Wi-Fi haut débit gratuit compatible 5G, de ports USB individuels, de prises de courant et de liseuses.
Un matériel à 95% « made in USA »
Amtrak est le nom commercial de la National Railroad Passenger Corporation, qui dessert 500 gares dans le pays et a enregistré un record historique de fréquentation en 2024, avec 32,8 millions de clients (+15% par rapport à 2023). Le contrat remporté par Alstom s’inscrit dans le cadre d’un investissement de 2,35 milliards de dollars dans le corridor Nord-Est (NEC) et la modernisation du service Acela. Plus de 180 sous-traitants répartis dans 29 États ont fourni les composants d’un matériel à 95 % « made in USA ». Plus de 1 200 travailleurs ont contribué au projet dont 700 à Hornell, implantation américaine d’Alstom aux Etats-Unis, depuis 1997.
Plusieurs autres usines du français ont été mises à contribution : Belfort pour les motrices, La Rochelle pour la conception du train , les systèmes de contrôle et de gestion, Le Creusot pour les bogies, Saint-Ouent pour le design et la conception, Tarbes pour les chaînes de traction, Valenciennes pour les intériorismes, Villeurbanne pour les systèmes d’information passagers et l’électronique embarquée. Hornell, situé dans l’Etat de New-York, près de la frontière canadienne, assurera une partie de la maintenance du NexGen Acela dans le cadre d’un contrat de 15 ans, avec option pour 15 années supplémentaires.
Le site a aussi bénéficié de lourds investissements pour fabriquer un autre type de matériel. En juin, Alstom a annoncé le démarrage d’une nouvelle unité qui produira des caisses en acier inoxydable pour véhicules ferroviaires de transport de passagers. Ce type de carrosserie destiné au marché américain était jusque-là confié à une usine brésilienne du groupe. Alstom a donc décidé de localiser sa production aux Etats-Unis « pour renforcer les chaînes d’approvisionnement nationales du secteur ferroviaire américain ». La première commande porte sur 200 voitures de train de banlieue à plusieurs niveaux pour le système Metra de Chicago.
Principal fournisseur de matériel roulant outre-Atlantique, Alstom a déjà livré 12 000 véhicules neufs ou rénovés aux agences ferroviaires américaines.
Siemens également fournisseur d’Amtrak
En 2021, le Congrès a adopté l’Infrastructure Investment and Jobs Act (IIJA) qui prévoit une enveloppe de 66 milliards de dollars pour le secteur ferroviaire (56,3 milliards d’euros). Près de 22 milliards de dollars seront directement affectés à l’Amtrak sur cinq ans, pour réparer ou remplacer les équipements vieillissants, moderniser la flotte, ou améliorer l’accessibilité des gares. 44 milliards sont destinés à la Federal Railroad Administration (FRA) pour soutenir divers projets d’amélioration du transport ferroviaire de passagers et de marchandises principalement dans les infrastructures.
Outre les équipements fournis par Alstom, Amtrak a également pris livraison le 24 juillet de la première rame Airo, fabriquée par Siemens sur son site de Sacramento. Elle est entrée en phase de test avant une mise en service en 2026 sur un premier réseau régional, Cascades, parcourant le Nord-ouest du pays.
Enfin, un troisième appel d’offres est attendu d’ici la fin de l’année pour le renouvellement de la flotte ferroviaire américaine, cette fois sur le segment de la longue distance.