Transdev n’aura pas vraiment fait d’étincelles en 2016. Mais le groupe n’a pas démérité non plus. Ses résultats en demi-teinte – légère hausse de l’activité, avec un CA à 6,7 milliards d’euros contre 6,6 milliards en 2015 mais repli de presque 20 % du résultat net – sont toutefois
bien accueillis par Thierry Mallet, le PDG arrivé à l’été dernier, car ils « sont le signal de la reprise de la croissance après des années de décroissance ». 2015 avait marqué la consolidation du redressement de l’entreprise mise à mal suite à sa fusion avec Veolia entamée en 2011. 2016 avait alors été présentée comme une année offensive, qui devait permettre d’asseoir la remontée du groupe.
Or, conjoncture oblige, les résultats récemment présentés ne sont pas si flamboyants. Mais au-delà des chiffres, l’entreprise « possède un extraordinaire potentiel », estime-t-il encore. Car sur son cœur de métier, le transport public, qui représente 85 % de son activité, les affaires marchent plutôt bien. Hors France, la hausse du CA s’établit ainsi à +2,2 %.
Depuis le 1er janvier le groupe est aux manettes du réseau d’Arthois-Gohelle autour de Lens et de Béthune, le sixième périmètre de transport urbain de France, qu’il a arraché à Keolis l’an passé. Les contrats avec Amsterdam et Eindhoven aux Pays-Bas ont été renouvelés récemment, ils devraient permettre à la filiale de la Caisse des dépôts de devenir le leader du bus électrique. Le groupe a également démarré son contrat ferroviaire en Nouvelle-Zélande et remporté plusieurs contrats en Allemagne et aux Etats-Unis. En tout ce sont près de 200 millions d’euros de gains commerciaux en contrats nouveaux.
Mais la tendance est moins rose du côté des activités en B to C : les services commerciaux de taxis à la demande et de shuttle et les cars longue distance d’isilines, sont « bousculés par une concurrence frénétique ». Contentieux oblige avec Ouibus auprès de l’Arafer, aucun chiffre n’est divulgué sur l’activité des cars « Macron », mais le patron rappelle que les prix de vente sont « en dessous de prix de revient ». Et que le groupe préfère « recentrer l’offre, donc ne pas multiplier les lignes pour ne pas multiplier les pertes », précise Thierry Mallet. Tout en restant « en ligne avec le plan de marche ». Richard Dujardin, directeur général France complète : « L’équilibre est toujours visé en 2019. La vraie question est d’ici là combien de cash aura été consommé ? »
Quant à l’activité de taxi partagé, développée aux Etats-Unis, elle subit de plein fouet la concurrence, notamment d’Uber. « Il y a un important enjeu de taille critique, a encore précisé Thierry Mallet. Il nous est déjà arrivé de sortir de certaines villes, notamment à Denver où nous avons revendu à une compagnie plus grosse parce que l’activité n’était plus profitable. »
Toujours est-il que le résultat net opérationnel en pâtit : à 124 millions d’euros, il est en retrait de 15 % par rapport à 2015. Et le résultat net part du groupe perd 19,5 % passant de 82 à 66 millions d’euros. Une bonne nouvelle toutefois : la dette a continué à décroître (-148 millions d’euros), passant à 592 millions d’euros. « Elle a été divisée par trois depuis 2012, cela va nous permettre de bâtir l’avenir », a encore salué Thierry Mallet.
Et l’avenir, ce sera dans un premier temps de trouver de nouveaux actionnaires. Car après la montée de la Caisse des dépôts à 70 % du capital, réalisée en 2016, les 30 % encore détenus par Veolia doivent être vendus. Ces partenaires idéaux, Transdev les imagine : « un industriel pour nous aider à progresser dans les nouvelles mobilités, adossé à un financier » afin de compléter le tour de table. Et s’il n’y a pas de date butoir officielle, le patron estime tout de même qu’« aboutir en 2017 serait un objectif raisonnable ».
Candidat à l’exploitation du futur métro de Doha, Transdev, qui pour se redresser s’est replié dans 19 pays (en 2012, le groupe était présent dans 27 pays) envisage sérieusement un développement dans une zone où il n’a jamais pris pied, le Moyen-Orient. Il entend en effet se positionner sur la plupart des marchés de cette zone, citant notamment le renouvellement du contrat pour le jeune métro de Dubaï ou encore des opportunités qu’il saisirait si elles se présentent en Arabie saoudite.
Dans le même temps, la relance de l’activité en Asie en JV avec RATP Dev est au programme. En France, le groupe bataille toujours à Lille contre Keolis l’actuel délégataire et est candidat à Caen (de même que le sortant Keolis et RATP Dev). La relance commerciale sera une fois de plus le mot d’ordre pour 2017. Partout, le leitmotiv reste le même : la croissance doit être « rentable ». Ambition ? « Atteindre un rythme de 5 % sur tous nos métiers d’ici à 2020 », a précisé Thierry Mallet. Il faudra également poursuivre l’amélioration de la compétitivité, sachant que sur le marché français, « neuf fois sur dix, le gagnant sera le moins disant ».
Et pour être en ordre de marche afin de répondre à toutes les demandes de mobilité, Transdev a acquis en 2016 Urbis Park services, lui permettant de doubler le parc de places gérées (130 000) et de se positionner comme troisième acteur sur le marché du stationnement. Il prévoit enfin d’accélérer sur les innovations, via son living lab et sa digital factory, un incubateur interne. Les investissements dans les start-up, ainsi que les partenariats comme celui qui vient d’être signé avec Renault, devraient se multiplier.
Du côté des innovations commerciales, le groupe garde le même credo – la mobilité future sera autonome, électrique et partagée – mais il y ajoute qu’elle doit être connectée et personnalisée. « Les choses ont vraiment changé, a prévenu Yann Leriche, directeur de la Performance et de la Stratégie commerciale. L’expérience des clients ne doit pas être bonne, elle doit être excellente, sinon on les perd ! »
Cécile NANGERONI