Deux mois après un précédent mouvement de grève, les machinistes de la RATP repartent au conflit pendant trois jours, du 23 au 25 mai. « La RATP prévoit un trafic très perturbé sur le réseau de surface (Bus et Tramway) pour la journée du lundi 23 mai », a indiqué dans un communiqué la Régie qui se dit « en mesure d’assurer 60% d’offre de transport en moyenne sur ce même réseau. Pour rappel, lors du dernier mouvement social du 25 mars, l’offre de transport assurée était de 30% en moyenne (Bus & Tramway). Les réseaux Métro et RER ne sont pas concernés par ce préavis« .
En cause toujours, l’ouverture à la concurrence des bus de la RATP à Paris et en proche banlieue qui doit devenir réalité à partir de 2025. L’autorité organisatrice des transports, Ile-de-France Mobilités, a déjà lancé des appels d’offres sur 4 lots (sur un total de 12 lots) représentant 96 lignes jusqu’à présents exploités par la RATP. Deux autres « vagues » d’appels d’offres, portant à chaque fois sur 4 lots, doivent être lancés cet automne puis au début de l’année prochaine.
Se préparer à la concurrence
Pour se préparer à la compétition face aux autres opérateurs, la direction de la RATP a décidé de revoir l’organisation de travail de ses 18 000 machinistes. Elle a dénoncé, il y a un peu plus d’un an, les accords sur le temps de travail des conducteurs de bus pour se rapprocher des règles du cadre social territorialisé (CST, décret pris en application de la loi d’orientation des mobilités précisant les règles pour l’ouverture à la concurrence des bus et applicable le 1er janvier 2025). Son objectif est d’être compétitif face aux Keolis, Transdev et autres Lacroix & Savac.
La Régie a proposé une « augmentation de 120 heures de travail par an pour se rapprocher des 35 heures de travail hebdomadaires prévues dans le CST , alors que les conducteurs travaillent actuellement 33 heures par semaine, et la suppression de 6 RTT. Il est prévu, en contrepartie, une augmentation salariale de 2600 euros bruts annuels, ce qui correspond à un quatorzième mois », explique un porte-parole. En avril, date limite proposée à la signature des syndicats, aucun accord n’avait été signé. Dans ces conditions, explique-t-on à la RATP, c’est le CST qui s’appliquera automatiquement à partir de 2025.
IDFM cherche à déminer le terrain
Pour les organisations syndicales réunies en intersyndicale et qui manifestaient ce matin devant le ministère de l’Ecologie et des Transports, « ce n’est pas acceptable« . Cemil Kaygisiz, secrétaire général CGT RATP Bus dénonce « le choix fait par la direction d’anticiper l’évolution de nos conditions de travail dès 2022 « . Et prévient que c’est « le début d’un mouvement long« .
De son côté, IDFM cherche à déminer le terrain pour mieux prendre en compte les conditions sociales lors des mises en concurrence des bus. Un « cahier des exigences sociales » vient d’être présenté pour mieux réguler la concurrence lors des appels d’offres pour les bus Optile. Valérie Pécresse, la présidente d’IDFM, a demandé à Jean-Paul Bailly et à Jean Grosset d’entreprendre le même travail pour les bus exploités actuellement par la RATP à Paris et en petite couronne.
MH P