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Ewa

Sitinao participe au tramway de Reims

Plus de 50 km de bordures dans différents profils, aspects et couleurs, des pièces courbes et des raccords équiperont la voie du tram mais aussi les chaussées, les aires de stationnements et les voies piétonnes proches En septembre 2008, Bonna Sabla (groupe européen Consolis, spécialisé dans l’industrie des produits en béton préfabriqués) lançait sa nouvelle marque Sitinao, offrant une large gamme de solutions en béton préfabriquées pour les aménagements urbains. Un an après, certaines réalisations sont significatives. Sur le plan environnemental, Sitinao s’inscrit dans la charte Ecoprogram de Bonna Sabla. Celle-ci, par son volet industriel, prévoit la réduction des émissions de CO2, le recyclage des eaux et le tri des déchets. Côté produits, l’offre propose des solutions préconisées par le Grenelle de l’environnement, comme les modes de circulation doux avec équipements pour pistes cyclables et transports en commun. Par exemple, Sitinao participe actuellement à la réalisation de la première ligne du tramway dans la ville des Sacres. Reims Métropole et le GIE Tram Reims Construction ont en effet retenu la société pour certains aménagements. De l’ordre d’un million d’euros, la commande porte sur les équipements nécessaires aux requalifications des voiries reliant au nord les quartiers d’Orgeval au secteur sud de Bezannes. Plus de 50 km de bordures dans différents profils, aspects et couleurs, des pièces courbes et des raccords équiperont la voie du tram mais aussi les chaussées, les aires de stationnements et les voies piétonnes proches. Les livraisons ont démarré le 23 février dernier au rythme de plus de 1 000 m par semaine et s’achèveront au cours du premier trimestre 2010. En relation constante avec les conducteurs de travaux des entreprises (six zones de chantier sont approvisionnées simultanément), un coordinateur de chantier Sitinao assure la planification des quatre usines de production. Depuis avril 2009 Sitinao a aussi mis en ligne un site Web développé pour satisfaire les besoins des professionnels de la conception à la réalisation d’un projet. Créé à partir d’une base de données dynamique, le catalogue « produits » est accessible soit par une approche visuelle, soit par mots-clés. Les schémas techniques par produit et les nuanciers d’aspects et de teintes sont également consultables. « Nous avons voulu aller plus loin qu’un simple site produits et références, en créant un espace personnalisé pour les maîtres d’œuvre et en leur donnant des accès privilégiés tels que tarifs et fiches techniques, explique Michelle Catherin, chef de projet marketing. De plus, ils peuvent réaliser leur demande de devis en ligne et télécharger toutes les pièces nécessaires à leurs projets (schémas, vues 3D, photos haute définition) de manière à les inclure dans leurs propres dossiers. »
Michel BARBERON
 

Ewa

Bombardier en Chine : joint-ventures et codéveloppement

Probablement mieux que ses grands rivaux, Bombardier a su s’intégrer dans le paysage chinois, en se dotant de joint-ventures Le 28 septembre dernier, Bombardier Sifang Transportation Ltd (BST, à Qingdao), joint-venture de Bombardier et du constructeur chinois CSR Sifang, annonçait la signature d’un contrat avec le ministère chinois des Chemins de fer (MOR) pour la fourniture de 80 trains à très grande vitesse basés sur la nouvelle technologie Zefiro 380 du constructeur canadien. Ce contrat impressionne d’abord par son ampleur : 80 trains pour un total de 1 120 voitures, représentant une valeur de 27,4 milliards de RMB, soit 2,7 milliards d’euros. La firme de Montréal avait déjà enregistré plusieurs succès en Chine sur la grande vitesse intermédiaire avec trois contrats, entre 2004 et 2007, portant sur la fourniture d’un total de 80 EMU – 40 de 8 voitures et 40 de 16 dont 20 équipées en voitures-couchettes, destinés aux lignes passagers (PDL) chinoises à 250 km/h. Sans oublier également, en 2007, la signalisation de la ligne Canton – Wuhan. Bombardier n’est pas moins heureux sur les autres segments du marché ferroviaire. En matière de transports urbains, citons les APM de Canton et de l’aéroport de Pékin et, plus généralement, la fourniture à ce jour de quelque 1 300 voitures de métro et de nombreux systèmes de propulsion et de contrôle aux principaux métros du pays. Allié à Dalian Locomotives and Rolling Stock Co. Ltd, l’entreprise canadienne a aussi participé à la construction de 500 locomotives électriques de marchandises de grande puissance achetées par le MOR. Evoquons enfin la conception et la fabrication des voitures spécialement conçues pour le train du Tibet, destinées à une exploitation en haute altitude… Bien qu’y faisant des affaires depuis plus de 50 ans, Bombardier s’est véritablement implantée en Chine dans les années 90, ouvrant à cette époque plusieurs filiales mais aussi, originalité par rapport à ses grands concurrents, trois joint-ventures avec des partenaires locaux. La première, la Changchun Bombardier Railway Vehicles C° Ltd (CBRC), construit essentiellement du matériel roulant pour métro. La deuxième, BST, celle qui a emporté le contrat pour les Zefiro 380, se concentre sur la conception et la fabrication de voitures voyageurs et autres matériels roulants pour les trains, dont les EMU à grande vitesse. La troisième, Bombardier Changzhou Propulsion System Co (BCP), produit, en collaboration avec les installations européennes du groupe, les systèmes de propulsion Mitrac équipant ses EMU. Probablement mieux que les partenariats stratégiques signés par Siemens, Alstom ou Kawasaki, souvent porteurs de controverses, notamment sur les transferts de technologie, dont Bombardier s’affranchit grâce à ses joint-ventures : « Comme pour nos précédents contrats d’EMU à grande vitesse, celui relatif au Zefiro 380 a été passé au nom de BST, tandis que BCP fournira le système de propulsion. Point n’est besoin pour nous de négocier un quelconque transfert de technologie avec une partie tierce », confirme Jianwei Zhang, président de Bombardier Chine, pour qui les coentreprises « traduisent un engagement fort, profond et de long terme, en phase avec les ambitions ferroviaires chinoises, qui s’inscrivent également dans la durée. » Le constructeur canadien peut ainsi mener sur place « une stratégie fondée sur un codéveloppement innovant, la valorisation de la production locale et une image d’entreprise forte et unique ». En outre, Bombardier ne se plaint pas de ne pas être soutenu, au contraire de ses rivaux, par les autorités canadiennes. Moins exposé aux vicissitudes diplomatiques, moins porteur de l’orgueil national, le groupe cultive d’ailleurs lui-même en Chine l’apolitisme : « Il n’y a pas chez nous de division “affaires gouvernementales”. » « Nous ne rencontrons les dirigeants que pour parler affaires : quel est votre projet ferroviaire et comment pouvons-nous vous aider ? point final ! », assure Jianwei Zhang, qui refuse également d’employer agents ou autres intermédiaires. « L’écoute attentive du client, l’analyse approfondie de ses besoins et la résolution rapide et efficace de ses problèmes constituent les portes d’entrée les plus efficaces. » Et probablement aussi les moins coûteuses.
 

François BOUCHER

Ewa

Recrutement : l?industrie ferroviaire serait-elle devenue attractive ?

L’industrie du train a le vent pour elle. Elle embauche donc en conséquence « Maîtriser le plan de charge de la machine industrielle pour éviter la surchauffe. » Selon un DRH du secteur, les problèmes qui se posent en ce moment au ferroviaire sont d’abord des problèmes de riches. Là ou des secteurs comme l’automobile se serrent la ceinture et suppriment des emplois par milliers, l’industrie ferroviaire garde un volume de recrutements enviable. En France, le secteur ferroviaire recrute toujours plus : depuis cinq ans, autour de 17 000 personnes par an. Il n’y a pas de secrets, les recrutements sont liés aux contrats. Et l’on sait que les projets de LGV ou de TCSP fleurissent depuis quelques années. Et puis, il y a la réforme du secteur, qui a créé en France un besoin accru de cadres techniques et d’experts ferroviaires. Il y a eu successivement la création de RFF, des organismes certifiés, de l’ERA, de l’EPSF (sur le site de laquelle une trentaine de postes sont toujours à pourvoir), l’arrivée des nouveaux entrants… sans parler du personnel de la future autorité de régulation. Pour pourvoir leurs postes de techniciens, les constructeurs ferroviaires sont conscients qu’ils doivent organiser eux-mêmes une partie de la formation propre à leurs métiers, dans une démarche proche du compagnonnage. On manque de soudeurs, de dresseurs et de peintres. « Ce sont des métiers presque artisanaux, où l’essentiel est d’organiser la transmission du savoir des anciens. Cela passe par une politique volontariste de contrats en alternance », témoigne Jean-Michel Remy, DRH de Bombardier France. Avec ses commandes régionales (AGC, puis le Francilien pour lequel 400 emplois ont été créés), Bombardier tourne à plein régime à Crespin. Ce niveau plafond de production correspond à environ 2 000 emplois. Chez Alstom, on a recruté 1 000 salariés en France en 2008 (pour 9 000 postes en France et 27 000 dans le monde). « Pas facile d’intégrer autant de personnes sur une période aussi courte », reconnaît Bruno Guillemet, le DRH d’Alstom Transport. Dans leurs embauches de cadres, les constructeurs cherchent des ingénieurs motivés par l’international, de préférence bi ou trilingues, idéalement biculturels. Chez Siemens Transportation Systems, où les cadres représentent 85 % de l’effectif sur les 750 personnes, l’anglais est obligatoire, plus une autre langue pour les fonctions à l’export. « Le marché français est trop réduit pour nos besoins de recrutement, souligne Bruno Guillemet. On cherche à diversifier nos sources de recrutement. Pour certains postes basés à Saint-Ouen, on lance le recrutement directement en Allemagne. » Lassés d’être en concurrence dans leur recrutement avec d’autres secteurs supposés plus attractifs, comme le BTP ou l’énergie, les industriels du secteur ont lancé un mastère ferroviaire pour former des cadres d’un bon niveau. Des étudiants rapidement opérationnels dès l’embauche, capables d’appréhender toutes les dimensions du secteur. Mais ces promos de 40 étudiants par an ne suffisent pas à nourrir les besoins. La FIF aimerait inciter quelques grandes écoles (ENTP ou Estaca) à offrir des formations sectorielles. « La crise a permis au ferroviaire d’être enfin vu comme un secteur qui se développe, où il y a de la passion et où l’on peut réaliser de belles carrières, notamment à l’international », souligne Bruno Guillemet. « Le train est un beau produit, et dans le ferroviaire tout se fait en synergie, jamais de manière cloisonnée, c’est ce qui attire les gens. »
 

Guillaume LEBORGNE

Ewa

Tver, l?usine mastodonte travaille en autarcie

TMH dispose de 17 sites, mais l’usine de Tver est de très loin la plus grande. Avec plus de 93 hectares, c’est une véritable ville 93 hectares, 9 km de long, 10 000 employés, et des halls d’assemblage dépassant les 500 mètres. Bienvenue à Tver dans le plus grand site ferroviaire de Russie et d’Europe. A 167 km de Moscou en direction de Saint-Pétersbourg se trouve la gigantesque usine de construction ferroviaire de Tver. Si l’on feuillette les plaquettes décrivant l’historique du site, on apprend qu’il a été constitué en 1898 par le groupe franco-belge Dyle et Bacalan et la ville de Tver. L’usine a survécu à toutes les périodes de l’histoire de la Russie et de l’Union soviétique, s’imposant comme la spécialiste de la production de trains de passagers de l’espace ferroviaire russe dont elle estime avoir fourni 95 % de l’effectif. La capacité actuelle de production serait de 1 200 voitures de train, de 13 000 bogies et de 17 000 paires de roues par an. La direction de l’usine estime avoir consacré 100 millions d’euros, entre 2003 et 2006, à un programme de modernisation des ateliers. Les halls de montage et de construction de cette usine que l’on a bien voulu nous faire visiter sont étonnamment « sains » et ressemblent à s’y méprendre à leurs cousins occidentaux. Certains éléments trahissent toutefois l’importance du retard technologique russe. Malgré la fierté de disposer de certains équipements « modernes », comme des presses thermiques ou des postes de découpage au laser, la plupart des équipements sont d’honorables machines-outils allemandes – et parfois françaises – des années 80. « Quand on doit rattraper le retard, on se trouve toujours dans une mauvaise position, c’est pourquoi nous avons décidé de nous mettre immédiatement au niveau en concluant ce partenariat. Nous avons beaucoup à apprendre des Français », reconnaît Alexander V. Shmargun, le directeur technique de l’usine. A Tver, la quasi-totalité des pièces des trains sont fabriquées. On y débite toujours des planches pour les intérieurs et l’on découpe des pièces primaires en acier de façon très artisanale. « Nous n’avons pas vraiment le choix, confie le responsable des relations publiques de l’usine, nous sommes forcés de produire des équipements comme les garnitures de plafonds ou de plancher [en Acier !] car nous ne trouvons pas sur le marché de fournisseur proposant une qualité suffisante. »
 

Guillaume LEBORGNE

Ewa

Alstom fait ses gammes en Russie

Depuis la signaturele 31 mars 2009 du partenariat stratégique entre Alstom et Transmashholding (TMH), la crise s’est installée et a retardé les faramineux projets d’investissement de RZD « Quand vous rentrerez en France, vous passerez le message suivant à vos autorités. Il n’est pas suffisant d’aimer la Russie, on peut aussi travailler avec elle. Les vainqueurs ne sont pas ceux qui attendent les commandes, mais ceux qui commencent à produire le plus vite possible. Voyez Nokia, s’ils avaient attendu les commandes pour produire leurs téléphones portables, aujourd’hui, ils seraient ruinés. » Abandonnant un parterre de journalistes français médusé, le vice-président des chemins de fer russes (RZD), Boris Lapidus, semblait satisfait de sa sortie. Dans le restaurant de Moscou, où RZD recevait, début septembre, une délégation française invitée par Alstom, les RZD avaient choisi, délicate attention, de passer en boucle un film sur leur partenariat fructueux avec… Siemens sur le train rapide Sapsan. Un peu plus de six mois après avoir signé un partenariat stratégique avec le constructeur ferroviaire national russe au nez et à la barbe de Bombardier, Alstom est-il toujours le bienvenu en Russie ? La réponse est arrivée le lendemain de la bouche du président des chemins de fer russes, Vladimir Yakounine. « C’est oui. » Tout en rondeur et en diplomatie, le tsar du secteur ferroviaire russe s’est extasié sur les apports de l’industrie française – et allemande – et sur les fruits très attendus du partenariat entre Transmashholding (TMH) et Alstom. « En Russie, c’est le chef qui décide et lui seul, traduit le PDG d’Alstom Transport, Philippe Mellier. Le chef c’est Yakounine, et il est ravi qu’Alstom se soit jeté à l’eau pour devenir le partenaire stratégique dans TMH. » La concrétisation de l’idylle russe n’est pourtant pas aisée. Alstom est moins avancé dans son aventure qu’il ne l’imaginait en début d’année. La faute à la crise qui a méchamment frappé le pays. La principale source de revenu de RZD, le fret, a plongé de 20 % en un an et la Russie tarde à enclencher son gigantesque plan d’investissement pour le secteur ferroviaire. Sans que cela n’ait été exprimé de manière officielle, la gigantesque commande de 1 210 voitures de train-hôtel à double étage qui devait sceller le mariage franco-russe a pris du retard. Dans un imbroglio apparemment typique du marché russe, l’affaire a été confiée à Alstom-TMH, qui est prefered bidder, sans que la commande ne soit véritablement passée. RZD, qui souhaite cependant avancer sur ce projet, dont l’avènement est prévu pour l’inauguration des JO de Sotchi a demandé la réalisation d’un prototype que nous avons pu visiter lors de l’exposition ferroviaire 1 520 de Moscou. C’est la méthode empirique russe. On construit un proto un peu grossier (la première version est limitée à 160 km/h alors que la ligne est prévue pour 200), puis un deuxième plus dégrossi, puis on affine le produit au fur et à mesure du lancement de la production. De quoi donner des cauchemars aux ingénieurs d’un groupe comme Alstom, obsédé par le respect des spécifications et la qualité du process industriel. Philippe Mellier se veut philosophe : « Ici, le client aime toucher le produit avant de dire “ je prends ”. C’est la méthode russe, ça ne va pas changer comme cela, à nous de nous y adapter. » Mais jusqu’à quel point ? Des voix s’élèvent maintenant pour demander qu’un site Alstom flambant neuf sorte de terre : « si j’étais Alstom, j’investirais très vite dans une usine de construction ferroviaire sur le sol russe, sans attendre une commande », incite Boris Lapidus. « Construire une usine ? Il n’en est pas question », répond fermement François Lacôte, directeur technique d’Alstom Transport. « Bien entendu, la production sera russe, souligne Philippe Mellier, mais elle sera localisée dans les usines de TMH. On ne va pas aller construire une usine alors que l’on dispose de l’appareil industriel de TMH. Nous allons le moderniser, améliorer la productivité. Dans une usine qui produit 300 locomotives par an, on en fabriquera 800. » La réforme de TMH n’a toutefois pas encore débuté. Il reste à finaliser l’accord d’actionnaires entre Alstom et ses partenaires russes, ce qui devrait prendre entre 3 et 6 mois. Un conseil d’administration sera ensuite nommé puis le dirigeant de l’entreprise désigné (selon nos sources, il s’agira de Franck Lecoq, l’ancien directeur des achats d’Alstom Transport). Viendra ensuite la création de la coentreprise de développement pour les produits et composants. « Avec TMH, on s’inscrit dans le moyen et long terme, insiste Philippe Mellier, On ne livre pas juste les trains et on s’en va ! » Pour l’heure, deux projets sont lancés. D’abord le « double deck », puis le développement de la « P20 », une locomotive (CoCo) surpuissante (avec une chaîne de traction dérivée de la gamme prima) qui vise à remplacer à elle seule deux locomotives de 3 600 watts. Alstom a veillé à ne pas mobiliser trop de ressources d’ingénierie sur ses différents projets russes pour ne pas disperser ses forces. « Ce serait la meilleure manière de se planter », considère Philippe Mellier. Les projets de bases de fournitures low cost ou les « Logans du rail » viendront donc dans un deuxième temps, quand Alstom aura le sentiment d’être bien installé. Côté fournisseurs, Alstom a facilité l’entrée de Hübner pour les intercirculations du train-hôtel à deux niveaux, et celle de Knorr-Bremse pourrait suivre pour les freins. La spécialisation de TMH sur son métier de constructeur ferroviaire – et non plus d’équipementier – devrait s’organiser sur le moyen et long terme. Dans chaque site, les activités moins « cœur de métier » seront isolées, elles apprendront ensuite à travailler de manière autonome, comme fournisseur interne, puis externe, avant d’être séparées du groupe et confiées à des grands équipementiers désireux de se développer en Russie. La question subsidiaire, et très explosive, est posée par la très évidente surcapacité de TMH. Dans une ville de 500 000 habitants comme Tver, les 10 000 emplois de TMH sont vitaux. Alstom sait qu’il lui faudra des années pour restructurer cet archipel de sites ferroviaires. Officiellement, tout se fera « au fil de l’eau » sans plaquer de modèle français sur les usines russes. « Il faut veiller à ne pas casser l’ingéniosité », a insisté Philippe Mellier.
 

Guillaume LEBORGNE

Ewa

La France présente son savoir-faire ferroviaire en Thaïlande

Les groupes français sont allés donner un aperçu de leur savoir-faire lors d’un symposium organisé par la mission économique de Bangkok et Ubifrance La Mission économique française de Bangkok et Ubifrance ont organisé, le 30 mars dernier, un symposium sur le savoir-faire français en matière ferroviaire.
SNCF International, Alstom, Thales, Systra, Dextra, Alcatel-Lucent et le Meeddat avaient, côté français, fait le déplacement, pour parler organisation, financement, maintenance, systèmes clés en main, intégration de réseaux, signalisation, communication, PPP et autre intermodalité… devant un parterre thaïlandais de choix, dont le vice-ministre des transports, Prajak Glawgraharn.
Le réseau ferré de Bangkok se compose de deux systèmes principaux. Le premier est celui de la MRTA (Mass Rapid Transit Authority). Il s’agit d’une ligne de métro souterraine, dite bleue, longue de 21 km, dont l’exploitation est assurée par la société Bangkok Metro Company Ltd (BMCL). Le second est le Skytrain. Ce métro aérien se déploie sur deux lignes, vert clair et vert foncé (Sukhumvit et Silom), soit 23 km en tout, auxquels il conviendra de rajouter prochainement les quelque 7,5 km de deux extensions en voie d’achèvement. Il dépend de la Bangkok Metropolitan Administration (BMA) qui en a confié l’opération à la Bangkok Transit System Company (BTSC). Ajoutons à ces deux systèmes l’Airport link, propriété de la State Railway of Thailand (SRT), reliant sur 28,6 km, l’aéroport de Suvarnabhumi au centre-ville, qui devrait ouvrir d’ici la fin de l’année et, accessoirement, les trains de banlieue de ladite SRT.
Le vice-ministre Prajak Glawgraharn a assuré, lors du symposium, qu’une phase initiale, dotée d’un budget de 313 milliards de baht (6,7 milliards d’euros), avait d’ores et déjà été approuvée, pour construire 137 km de voies. Une seconde phase, portant sur 285 km supplémentaires, doterait Bangkok, pour près de 10 milliards d’euros de plus, d’un formidable réseau totalisant 8 lignes et pas loin de 500 km. Elle en est au stade des études de faisabilité.
La phase initiale prévoit tout d’abord des extensions majeures. La ligne bleue s’allongerait de 23 km, et les deux lignes vertes du Skytrain de 26. Deux nouvelles lignes sont également planifiées : la rouge, sorte de RER long de 41 km, divisée en deux tronçons (un troisième n’a pas encore été approuvé) qui desservira, exploitée par une filiale dédiée de la SRT, les banlieues nord et ouest de Bangkok, ainsi que la ligne violette, longue de 23 km, courant vers le nord-ouest de la capitale, qui sera bâtie sous la houlette de la MRTA. Le calendrier prévisionnel de ces projets est extrêmement ambitieux, avec des travaux débutant en 2009 ou 2010 (plusieurs lots de génie civil ont déjà été attribués), et se terminant à l’horizon 2012/2016. L’expérience récente de l’Airport link, plusieurs fois retardé, incite cependant à la prudence.
Car des obstacles se dressent, politiques, financiers et techniques qui, d’ailleurs en partie liés entre eux, risquent d’entraver le bon déroulement des chantiers. L’instabilité politique règne dans le pays depuis le coup d’Etat. « Quel gouvernement aura-t-on dans six mois ? Aura-t-il la même inclinaison pour le ferroviaire qu’aujourd’hui ? Et la rivalité traditionnelle entre les autorités nationales et la municipalité de Bangkok, comme l’important lobby routier, ne sont-ils pas susceptibles de gripper les processus ? » s’interroge un observateur sur place.
Le financement de ces projets reste de surcroît aléatoire. Ni le budget de l’Etat ni les emprunts levés sur le marché financier local n’y suffiront. L’aide internationale est appelée à la rescousse. La Jica, l’agence japonaise de développement, a accordé en 2008 un premier prêt pour la ligne violette, et vient d’en octroyer un autre pour la ligne rouge. Un troisième, au bénéfice des extensions de la ligne bleue, n’est pas exclu. La Banque asiatique de développement et la Banque mondiale sont également sollicitées et la Chine a présenté une offre, plutôt destinée cependant à la modernisation du réseau national. Côté français, on se déclare prêt, indique la Mission économique de Bangkok, « à évaluer l’intérêt de la Thaïlande pour une coopération financière sur ses projets de transports en commun. » Le recours à des partenariats public privé (PPP) constitue une autre source de financement sérieusement envisagée, notamment pour les lots électromécaniques des lignes de la MRTA. Mais l’on en revient à l’instabilité politique du pays, et au relatif manque de transparence, qui a jusqu’à présent caractérisé sa gouvernance : « quel opérateur étranger osera ici se lancer dans une aventure de PPP ? » se demande notre observateur.
Les difficultés d’ordre technique, enfin, sont parfaitement résumées par Daniel Dunoyé, directeur du développement d’Alstom pour l’Asie-Pacifique : « L’hétérogénéité du réseau actuel et l’absence de spécifications génériques suffisantes pour envisager de façon satisfaisante l’interopérabilité rendent son expansion problématique. »
La concurrence, en outre, est rude. Alstom a réalisé le design des voies et la ventilation des tunnels sur la ligne bleue, mais Siemens, associé à des partenaires locaux, s’est jusqu’à présent taillé la part du lion, avec des contrats clés en main sur les lignes vertes et bleue et sur l’Airport link. Le Français espère se rattraper sur les futurs projets. Thales fait également montre d’ambition, marquant un très fort intérêt pour la signalisation de la ligne violette, et semblant bien placé pour poursuivre une série à succès en billettique : fournisseur des systèmes de la ligne bleue et de l’Airport link, il a aussi procédé à la modernisation de celui du Skytrain. Or, BMCL et BTS ont récemment créé une joint-venture, que devrait rejoindre la SRT, pour l’intégration de leurs billetteries, aujourd’hui incompatibles. « Vu notre expérience au service de chacun, nous sommes assurément les mieux à même de monter la plate-forme commune », estime Patrick De Cock, vice-président en charge du développement en Asie Pacifique.
« L’image des groupes français est excellente, conclut Yemchai Chatkeo, vice-gouverneur de la MRTA. Reste à connaître leurs prix et conditions. » Dont acte.
 

François BOUCHER

Ewa

Alstom entame sa campagne de Russie

Comme prévu, Alstom et le constructeur russe TMH ont confirmé leur alliance stratégique et la prise de participation d’Alstom dans TMH Le Président des chemins de fer russes (RZD),Vladimir Yakounine nous invite à (re)lire Tolstoi. « J’imagine que chaque français sait que la moitié du roman Guerre et Paix a été écrite en langue française. Dans ce temps là, la coopération entre nos deux pays était importante. Je crois qu’elle s’apprête à connaître un nouvel essor » a-t-il expliqué lors de la présentation officielle du partenariat entre Alstom et le principal constructeur ferroviaire russe, Transmasholding (TMH). Alstom et TMH s’apprêtent en effet à écrire des pages majeures de la collaboration entre les deux pays. Les deux entreprises ont scellé le 31 mars un partenariat stratégique en signant un accord sur une prise de participation à hauteur de 25 % de Alstom dans le groupe russe (2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires 2008, 65 000 employés). Du fait de la crise économique et de l’instabilité du rouble, le prix de la vente sera fonction des résultats de TMH sur la période 2008/2011, Alstom se contentant de verser un acompte de 75 millions de dollars (56,7 millions d’euros). Imaginée par Patrick Kron, cette solution a le mérite de protéger le groupe français des aléas de la crise et des incertitudes liées au contexte russe. Cette précaution prise, c’est bien le départ d’une gigantesque aventure russe pour le constructeur ferroviaire français. Il va s’agir de transformer un archipel d’usines ferroviaires soviétiques en un groupe industriel solidaire, capable de répondre aux gigantesques besoins des RZD, chiffrés à 1 000 locomotives par an. Comme nous l’annoncions en octobre dernier dans La Vie du Rail International, le transfert de compétences se fera par un jumelage entre les centres de compétence du groupe français et les 12 sites russes qui seront spécialisés par types de matériel. Très vite, Alstom aimerait revendre les parties les moins « cœur de métier » de l’activité de TMH à ses équipementiers favoris pour qu’ils l’accompagnent dans ce voyage en Russie. Le dossier Russe ne concernera au départ que quelques dizaines de cadres chez Alstom : « l’idée n’est pas d’envoyer des charters de nos salariés en Russie » assure-t-on chez Alstom. Le premier développement commun porterait sur une locomotive électrique développée à l’usine de Novocherkassk et livrable dès la mi-2010. Si la majorité de la production de cette flotte russe sera localisée sur place, 20 % à 25 % devraient être construits dans les sites d’Alstom Transport, ce qui assure un volume important d’activité au constructeur français pour les années à venir dans les domaines à haute valeur ajoutée de son activité. Officiellement les commandes de RZD n’iront pas automatiquement à Alstom/TMH, mais sachant que RZD est coactionnaire à hauteur de 25 % de TMH, il est probable que l’opérateur russe regardera d’un œil bienveillant les offres remises par sa filiale. Par ailleurs, comme l’a rappelé Vladimir Yakounine, le marché potentiel pour TMH concerne non seulement la Russie, mais également tout l’espace à écartement « 1 520 », à savoir les pays de la CEI, les pays Baltes ou la Finlande, sur lequel le mastodonte RZD (1,2 million de collaborateurs) a une influence certaine.
 

Guillaume LEBORGNE

Ewa

Les Européens confrontés à la percée asiatique

Hitachi n’est pas le bienvenu en Europe. Après le choix du japonais pour un mégacontrat en Grande-Bretagne, la révolte gronde Les supporters ne sont pas tous chauvins. Le nouveau ministre britannique des Transports, Geof Hoon, a beau être un abonné du Derby City Football Club, dont le sponsor du maillot est Bombardier, il vient de préattribuer le plus important contrat ferroviaire jamais passé en Grande-Bretagne au constructeur japonais Hitachi (au sein du consortium Agility, avec John Laing et Barclays), de préférence au seul industriel basé localement, à Derby, Bombardier. Un contrat de 8,5 milliards d’euros portant sur la construction de 1 400 voitures du futur train Super Express anglais attribué à un étranger, cela fait un peu désordre en pleine crise.
Pensant tuer dans l’œuf tout débat sur l’emploi local, Geof Hoon a cru bon d’indiquer que le consortium choisi était « britannique » et que le contrat permettrait de sauvegarder 12 500 emplois. A l’entendre, on aurait presque cru que le choix d’Hitachi constituait un élément fort du plan de relance britannique. Mais les Anglais ne sont pas nés de la dernière pluie. Les observateurs ont beau refaire le compte, ils ne trouvent dans cette affaire que 200 à 500 emplois locaux, ceux qui seront créés dans le futur site d’assemblage d’Hitachi, une « usine tournevis », selon les termes d’un industriel. Le reste de la construction se fera au Japon et transitera par bateau.
Alors que les négociations exclusives entre le consortium Agility et le DfT (ministère britannique des Transports) viennent de débuter et que l’offre d’Express Rail Alliance (Bombardier, Siemens, Angel Trains et Babcock & Brown) est gardée en réserve par le DfT, la pression monte à Derby. Une campagne, « Change Track » (changeons de voie), vient d’être lancée par le journal local, le Derby Evening Telegraph, qui préconise de revenir sur la décision et de choisir Bombardier, soutenue par les syndicats, les politiques de tous bords au Derby City Council et par l’industrie locale.
Il n’y a pas qu’en Grande-Bretagne que le choix d’Hitachi a été vécu comme un violent électrochoc. Toute l’industrie ferroviaire européenne est aujourd’hui sur les dents. « Il y a quelques années, la question de l’arrivée des constructeurs asiatiques sur le marché européen faisait doucement rigoler les industriels. Aujourd’hui, plus personne n’a envie de rire », témoigne un constructeur. Si l’on ne trouve personne pour remettre « techniquement » en question la victoire d’Hitachi, beaucoup s’insurgent du choix du gouvernement britannique : « Ce sujet de l’industrie ferroviaire japonaise est bien connu de l’OMC comme un sujet de négociation avec le Japon, et je suis surpris que les Anglais aient le droit de procéder ainsi. Il est incroyable qu’un gouvernement prenne une telle décision d’achat. Nous avons informé le gouvernement britannique des enjeux relatifs au commerce entre Europe et Japon, et nous leur avons demandé d’exiger la réciprocité mais, apparemment, nous n’avons pas été entendus. En somme, les salariés de Bombardier Derby n’auraient pas le droit de construire des trains pour le Japon, cependant que leur gouvernement achète des trains à un constructeur japonais », s’insurge le directeur général de l’Unife (Union des industries ferroviaires européennes), Michael Clausecker.
Du côté japonais, évidemment, on prétend que si les Européens ne sont pas présents sur le marché japonais, c’est parce qu’ils n’ont pas véritablement essayé et qu’il n’en tient qu’à eux de venir s’y frotter. Chiche ? Ce n’est pas aujourd’hui possible, estime Michael Clausecker : « L’industrie européenne représente 40 à 50 % du marché global, mais, au Japon, elle est proche de 0 %. Il est évident que le gouvernement japonais ferme son marché. L’usage extensif de la clause de sécurité opérationnelle leur permet d’exclure 98,5 % des achats ferroviaires du marché international, en limitant le droit de répondre aux appels d’offres aux seuls groupes nationaux. Et, dans le même temps, des constructeurs qui produisent au Japon sont cordialement invités à concourir ici, en Europe. C’est une situation très déséquilibrée et injuste », plaide-t-il. Quand on leur parle de leur clause de sécurité, les Japonais répliquent en général que les normes européennes, notamment les STI, constituent également une barrière à l’entrée. Sauf que les Japonais ont visiblement réussi à entrer malgré les STI et que celles-ci sont librement téléchargeables sur le site de l’ERA (Agence ferroviaire européenne). Hitachi est d’ailleurs correspondant en Europe des organismes de normalisation CEN et Cenelec, ce qui serait inenvisageable au Japon. « Il n’y a aucune condition légale qui permette à un opérateur européen d’exclure d’un appel d’offres un prestataire non européen », tranche Michael Clausecker. « Or c’est exactement ce qui se produit au Japon : les procédures d’achat pour les nouveaux trains régionaux, Intercity ou à grande vitesse ne sont jamais publiées de manière internationale ni ouvertes aux prestataires européens », dénonce-t-il. Et d’ajouter : « Les inclinations d’une région pour choisir l’industriel régional plutôt qu’un autre, c’est quelque chose dont nous pouvons nous accommoder. Nous ne pouvons par contre pas accepter le fait que des pays ferment purement et simplement le marché. »
Mais que faut-il alors faire ? Faudrait-il fermer les portes, mettre en place, sur le modèle des Etats-Unis, un « Buy European Act » ? « Ce n’est pas une bonne réponse, estime Michael Clausecker. Notre objectif doit être de travailler en faveur de l’ouverture des marchés. Nous pensons cependant que les pays qui ferment leurs marchés et, dans un même temps, sponsorisent leur industrie ferroviaire pour qu’elle aille conquérir des marchés internationaux doivent faire l’objet d’une demande de réciprocité. Si elles ne jouent pas le jeu, elles ne devraient pas être autorisées à participer aux appels d’offres. »
La vente à perte sur le marché européen est la grande hantise des industriels. « Que fait aujourd’hui la Commission européenne pour s’assurer qu’Hitachi n’utilise pas certains contrats grassement rétribués au Japon pour vendre à perte en Europe ? Si personne ne s’occupe de cela à Bruxelles, les constructeurs asiatiques vont pouvoir faire beaucoup de mal à l’industrie européenne », s’inquiète Jean-Claude Raoul, conseiller technique à la Fédération des industries ferroviaires (FIF). Lors de sa visite au Japon avec le commissaire européen Antonio Tajani, en janvier, Dominique Bussereau l’a clairement laissé entendre : les Japonais ne pourront concourir sur le marché français s’ils n’ouvrent pas les portes. « Le temps de marchés fermés est fini en Allemagne ou en France, de même qu’aux Etats-Unis ou en Chine sous certaines conditions. Pourquoi pas au Japon ? », questionne Michael Clausecker.
Mais cette stratégie pourrait se retourner contre les Européens car un jour ou l’autre, à la demande de ses constructeurs, le Japon se mettra en règle avec les lois du commerce international et fera mine d’ouvrir son marché comme le font les pays occidentaux. Après tout, le risque est mince de voir les Européens s’implanter sur ce petit marché très spécifique et mature et où l’on trouve déjà trois constructeurs de renom. Ce jour-là, les industriels européens devront trouver un plan B. Et de toute urgence car depuis dix ans les Asiatiques ont senti venir la tendance verte et ils se préparent à fabriquer des trains « écolos » légers, simples et économes en énergie, comme ceux qui sont aujourd’hui commandés pour le marché anglais. « On ne peut difficilement à la fois être exigeant sur les questions environnementales et écarter ceux qui sont les plus performants sur ce sujet d’un revers de main », convient un industriel. A l’heure ou le 7e PCRD (programme commun européen de recherche et développement) ferroviaire marque un net retrait par rapport au précédent, les industriels européens doivent de toute urgence faire porter leurs efforts sur la R&D pour rester – ou redevenir ? – les plus performants.
 

Guillaume LEBORGNE

Ewa

ThyssenKrupp prêt à dévoiler les secrets du Transrapid

L’industriel allemand propose à Pékin de produire certains éléments clefs de son train futuriste Formellement, ThyssenKrupp n’a pas cédé la technologie du Transrapid à la Chine. Mais un pas dans ce sens a été franchi fin janvier, en marge de la visite du Premier ministre chinois Wen Jiabao à Berlin. Les deux parties ont signé une « déclaration d’intention » à l’issue de laquelle certains composants du train à sustentation magnétique pourraient être fabriqués par des usines chinoises. « Nous nous sommes mis d’accord pour entamer des discussions. Si elles aboutissent, nos partenaires chinois obtiendront une licence leur permettant de produire les systèmes de sustentation et de guidage du train », détaille une porte-parole de ThyssenKrupp. En échange, l’industriel allemand espère convaincre la République populaire de prolonger la ligne de Transrapid reliant le quartier d’affaires de Shanghaï à son aéroport. Ce tronçon de 31 km constitue à ce jour l’unique au monde sur lequel le train développé par Siemens et ThyssenKrupp connaît une exploitation commerciale. A plusieurs reprises, ces dernières années, Pékin a annoncé la création de voies supplémentaires jusqu’à la ville touristique de Hangzhou, à 200 km au sud-ouest de Shanghaï. Mais suite aux protestations des riverains, qui craignent des nuisances dues à d’éventuelles radiations, l’affaire est gelée. Pour donner un second souffle au projet, ThyssenKrupp se résout aujourd’hui à dévoiler certains des secrets de la sustentation magnétique. « Les systèmes de sustentation et de guidage sont des éléments cruciaux [de ce savoir faire] », affirme Herbert Jansen, spécialiste du Transrapid et directeur des activités ferroviaires de l’organisme de certification TÜV Rheinland. « On touche là au cœur du train magnétique. » ThyssenKrupp précise que « l’utilisation de cette licence sera limitée au seul marché chinois ». « Nous n’avons pas l’intention de céder notre technologie », martèle le groupe. Cependant, le train futuriste allemand, jugé trop coûteux, est un véritable échec commercial, et ces derniers mois des rumeurs évoquaient une vente des brevets à la Chine. Un scénario qui reste d’actualité, selon Herbert Jansen. « Dans dix ans, les Chinois commercialiseront le Transrapid aux Européens », pronostique l’expert.
 

Antoine HEULARD

Ewa

Les chinois CNR et CSR à l’assaut de la planère rail

L’industrie ferroviaire chinoise monte en gamme et aborde avec succès des marchés de plus en plus sophistiqués La première locomotive à vapeur chinoise, la Fusée de Chine, sortit des ateliers de son constructeur, Tangshan Xugezhuang Machinery Works, en 1881. C’est dire si l’industrie ferroviaire de l’empire du Milieu ne date pas d’hier ! Elle ne fut cependant véritablement lancée que par le régime de Mao Zedong, dont l’isolement impliquait qu’il se dotât de moyens de production indépendants et fiables. Sur le plan structurel et organisationnel, la base du modèle actuel fut ainsi instituée en 1958, avec la création du Bureau de l’industrie des locomotives et du matériel roulant du ministère des Chemins de fer, qui supervisait la production de quelque 27 usines dans tout le pays. Sur le plan technique, c’est aussi à cette époque que la Chine commença à produire ses premières locomotives diesel et électriques, ainsi que ses premiers autorails.
En 1986, pour répondre aux nouvelles exigences de la politique d’ouverture et de réformes engagée par Deng Xiaoping, le Bureau se transforma en entreprise dotée de l’autonomie de gestion, laquelle fut, en 2000, restructurée en deux entités distinctes et concurrentes, la China Northern Railway Locomotive & Rolling Stock Industry Corporation (CNR) et la China Southern Railway Locomotive & Rolling Stock Industry Corporation (CSR.)
C’est donc à deux géants présents sur tous les segments du marché que l’on a affaire : voitures et wagons traditionnels, locomotives, automotrices électriques et diesel, transports urbains, grande vitesse, etc. CNR revendique 20 filiales, 100 000 employés et une production pour l’année 2007 de 370 locomotives électriques, 460 locomotives diesel, 2 300 voitures, 1 100 véhicules de transport urbain et 26 000 wagons. CSR annonce pour sa part 16 filiales et 80 000 employés.
L’immense marché chinois est boosté par un programme d’investissement hors normes, tant en infrastructures qu’en matériel roulant. Le ministère des Chemins de fer (MOR) a ainsi annoncé en novembre 2008 son intention d’acheter au cours des deux prochaines années pour 300 milliards de RMB (près de 35 milliards d’euros) de locomotives, wagons, voitures et autres rames automotrices électriques ou diesel ! CSR et CNR se taillent bien sûr la part du lion, y compris, de plus en plus, sur les équipements à forte valeur ajoutée (grande vitesse, métro), au fur et à mesure que les transferts de technologie concédés par leurs partenaires étrangers produisent leurs effets.
Fortes de carnets de commandes nationales confortables, CNR, CSR et leurs filiales se sont lancées sans complexe sur les marchés internationaux. « Elles y font valoir deux atouts majeurs : des prix et une rapidité d’exécution quasi imbattables », explique un expert du secteur.
Les pays en développement ou émergents d’Asie, d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Amérique latine et, plus récemment, d’Asie centrale, Kazakhstan et Ouzbékistan notamment, où CSR a enregistré en 2008 de grosses commandes de motrices, ont jusqu’à présent constitué le cœur de leur clientèle export. Essentiellement pour du matériel classique : wagons, voitures, locomotives diesel ou électriques… Mais depuis deux ou trois ans, les firmes chinoises diversifient leurs marchés tant sur le plan géographique que sur celui du matériel vendu.
Elles prospectent ainsi avec succès l’Océanie. En 2007, la compagnie minière australienne Rio Tinto a passé commande à CNR Qiqihar de 240 wagons lourds et 100 wagons plats. Fortescue, autre groupe minier, est, lui, client de CSR, qui lui a fourni près de 1 000 wagons. Les deux groupes, soit dit en passant, intéressent fortement les Chinois, puisqu’on a appris, le 20 février, que le groupe d’aluminium chinois Chinalco allait monter de 9 à 18 % au capital de Rio Tinto, et que CIC, le fonds souverain chinois, s’apprêtait à entrer au capital de Fortescue. CNR Qiqihar a par ailleurs percé en Nouvelle-Zélande, où elle vend des wagons plats, tandis que CNR Changchun met au point un prototype de bogie destiné à fonctionner sur le réseau à voie étroite (1 067 mm) du pays.
Mais c’est probablement sur les métros que l’expansion de CNR et de CSR est la plus spectaculaire. CNR Changchun a, en 2008, enregistré son plus gros contrat export à ce jour, d’une valeur de 360 millions d’euros : 455 voitures pour le métro de Téhéran. CSR n’est pas en reste : le groupe indien Reliance, concessionnaire du métro de Bombay, a passé commande à CSR Nanjing Puzhen, en mai 2008, de 16 rames : un contrat de 110 millions de dollars. L’an passé, en Argentine, CSR Sifang a emporté un marché de 24 locomotives et 160 voitures pour la ligne San Martin du grand Buenos Aires, tandis que le groupe d’investissement chinois Citic a signé un contrat de 850 millions de dollars avec le gouvernement pour l’acquisition de 279 voitures qui renouvelleront la flotte du métro de la capitale argentine. 60 de ces voitures seraient déjà en commande ferme, le reste, en attente de financements encore hypothétiques. Mais nul doute que si le projet se concrétise, Citic se tournera vers CSR et/ou CNR pour fournir ces matériels. Le MTR de Hongkong, enfin, opérateur d’un des métros les plus performants du monde, a lui aussi sollicité les deux rivaux : CSR, via Nanjing Puzhen allié à l’Australien UG, fournira plusieurs rames de métro léger qui rouleront sur le réseau des Nouveaux Territoires, et CNR Changchun, 10 rames, 80 voitures au total, pour le réseau urbain du MRT.
Autre évolution intéressante à l’actif de CNR, une coopération « Sud-Sud. » Sa filiale de Datong a en effet créé en 2007, avec l’entreprise indienne Semco, Datong Semco Railway Traffic Co (DSRT), une JV spécialisée dans la fabrication d’essieux et de roues. DSRT a aujourd’hui pour clients non seulement la plupart des constructeurs indiens de matériel roulant, mais vend aussi en Asie du Sud-Est, en Australie et aux Etats-Unis.
Des essieux, des roues et d’autres pièces détachées – moteurs ou parties de moteurs, pièces moulées et forgées, etc. –, CSR et CNR en exportent également vers d’autres pays développés, eux-mêmes producteurs de matériel ferroviaire : Japon, Corée et… Europe. Une étape avant d’y vendre des véhicules complets ? CSR l’a pour sa part presque franchie en signant en 2007 un partenariat avec Sovereign Train, société anglaise d’exploitation et de leasing de matériel ferroviaire cofondée par deux opérateurs privés, Grand Central et Grand Union. Grand Central avait annoncé dans la foulée vouloir acquérir, via Sovereign Train, des rames électriques à grande vitesse Polaris de CSR Ziyang pour remplacer son matériel vieillissant. L’affaire n’est pas encore conclue, mais elle pourrait en appeler d’autres : DfT, le ministère britannique des Transports, a récemment décidé d’inviter CSR Nanjing Puzhen, via China Sourced Railway Equipment Ltd (CSRE), une société montée par Grand Central, à participer à un appel d’offres relatif à la fourniture de 200 automotrices diesel, pour un montant de 300 millions de livres, aux chemins de fer britanniques. Philippe Mellier, le président d’Alstom, a réagi contre cette décision, estimant que Nanjing Puzhen, pas plus que ses homologues, ne respectait les clauses de non-réexportation des technologies transférées par leurs partenaires étrangers (Alstom, mais aussi Siemens, Bombardier, Kawasaki et d’autres). Pour Philippe Mellier, tant CNR que CSR devraient se voir refuser, pour ce motif, l’accès aux appels d’offres européens. Le problème est-il spécifique à Alstom ? L’un des grands concurrents du constructeur français estime avoir établi avec ses partenaires chinois « des relations de confiance et d’estime réciproques, propres à empêcher ce type de problème de survenir ».
Côté chinois, on a évidemment protesté. Le conflit ne sera cependant définitivement tranché que lorsque CNR et CSR auront démontré leur autonomie, en développant des produits réellement innovants. Les deux entreprises mettent en avant leurs efforts en matière de recherche. CSR dispose en particulier d’un centre de R&D sur les convertisseurs à Zhuzhou, d’un second travaillant sur la grande vitesse à Sifang et d’un troisième aux Etats-Unis, spécialisé dans les systèmes électriques appliqués au rail, établi en partenariat avec l’université du Michigan. Même son de cloche chez CNR, où l’on annonce deux instituts de recherche, la création prochaine d’un centre de R&D sur les locomotives à Dalian, la mise au point de nouveaux équipements, comme, tout récemment, des wagons lourds de fret de 40 t spécifiquement dédiés aux besoins des compagnies minières australiennes, et la prise de brevets sur différentes inventions ou améliorations d’équipements existant.
Quoi qu’il en soit, CSR et CNR augmentent régulièrement leurs capacités, preuve de leur confiance en l’avenir. Dernier exemple en date : CSR Zhuzou Locomotive affirme avoir investi 1 milliard de RMB (116 millions d’euros dans un plan d’extension et de modernisation, avec l’ambition affichée de devenir le numéro 1 mondial des locomotives électriques.
Bref, la pression de l’offre chinoise s’accroîtra sur les marchés ferroviaires internationaux, et il faudra bien, bon gré, mal gré, s’y habituer.
 

François?BOUCHER