Le plan France 2030 doté de 30 milliards d’euros, présenté le 12 octobre par Emmanuel Macron, est le « nouvel étage de la fusée », après les mesures d’urgence de 140 milliards d’euros, durant la crise sanitaire, puis le plan de relance qui prévoyait, il y a un an, 100 milliards d’euros. Avec ce nouveau plan d’investissement, le Président de la République veut booster plusieurs filières d’avenir en accélérant leur croissance ou en renforçant la souveraineté industrielle. Il s’agit « d’anticiper les nouveaux besoins, les nouveaux défis et de garantir notre souveraineté écologique dans dix ans en ayant des filières compétitives », explique-t-on du côté du ministère de la Transition écologique.
Les transports du futur vont bénéficier de quatre milliards d’euros. Ou plus exactement l’avion et l’automobile puisque pour le secteur des transports, qui représente tout de même plus de 30 % des émissions de CO2 en France, le plan ne se focalise que sur ces deux modes. Côté aviation, le gouvernement souhaite l’utilisation à court terme de biocarburants avant de passer à la décarbonation complète avec l’utilisation de l’hydrogène à l’horizon 2035, seulement pour les courts et moyens courriers. Le programme en faveur de l’hydrogène va ainsi bénéficier de sept milliards d’euros (comprenant notamment l’effort déjà annoncé dans le cadre du plan de relance) pour l’industrialisation et le développement d’un écosystème.
Côté voitures, l’objectif est de produire en 2030 en France deux millions de véhicules hybrides et électriques (soit l’équivalent actuel de la production nationale tous modèles confondus). Le plan prévoit aussi le maillage du territoire avec un réseau de bornes de recharge rapide permettant une recharge en 20 minutes où que l’on soit.
Pour Valentin Desfontaines, responsable des mobilités durables de Réseau Action Climat, « cette stratégie du tout technologique fait l’impasse sur le report modal. L’absence du ferroviaire en est une bonne illustration, alors qu’il pourrait répondre à la fois aux enjeux environnementaux et aux enjeux de restructuration d’une filière industrielle d’avenir ». Une nouvelle absence du ferroviaire dans la lignée de la loi Climat.
M.-H. P.
Le Luxembourg veut investir 3,2 milliards d’euros jusqu’en 2027 pour accroître les capacités du réseau ferroviaire. Déjà, entre 2008 et 2019, le gouvernement luxembourgeois avait consacré 2,8 milliards d’euros à cet objectif.
Ces investissements s’accompagnent de l’instauration de la gratuité de tous les transports publics dans le pays depuis le 1er mars. Certes, la superficie du pays est modeste (100 km environ du nord au sud et une soixantaine de km au plus de large, 2 586 km², contre 549 000 pour la France métropolitaine) et les transports sont surtout concentrés dans la capitale.
L’objectif est de faire baisser l’usage de la voiture : 47 % des déplacements domicile-travail se font en voiture, contre 19 % en train et 32 % en bus. Rappelons aussi que quelque 200 000 transfrontaliers viennent chaque jour travailler au Luxembourg.
Seules exceptions à la gratuité, la première classe et certains services nocturnes de bus à la demande de certaines municipalités.
Jamais la compagnie ferroviaire allemande n’avait reçu autant d’argent de l’Etat pour entretenir son réseau et moderniser ses matériels. Selon l’accord signé le 14 janvier entre le ministère des Transports et la Deutsche Bahn (DB), 62 milliards de fonds publics seront consacrés aux investissements dans le rail au cours des dix prochaines années.
La DB a de son côté aussi annoncé un financement sur fonds propres à hauteur 24 milliards d’euros, portant le total du programme des investissements à 86 milliards d’euros jusqu’à 2030. Il s’agit du « plus important plan de modernisation jamais réalisé en Allemagne dans le rail », s’est félicité Andreas Scheuer, le ministre des Transports, qui veut faire du train l’un des fers de lance dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Les investissements seront consacrés notamment à la rénovation complète de 2000 ponts, l’accessibilité des gares aux handicapés, la modernisation de 2000 kilomètres de voies par an et l’achat de locomotives.
Bien qu’il soit historique, l’accord ne permettra pas de rattraper le retard d’investissement accumulé depuis des années par la DB, critiquent les experts. « Les moyens sont beaucoup trop faibles pour remettre le réseau à niveau », estime Matthias Gastel, porte-parole des écologistes à l’Assemblée fédérale (Bundestag) sur les questions de transport. « Le programme ne prévoit pas un développement du réseau alors que le gouvernement veut doubler le nombre de passagers d’ici 2030 », fait également remarquer Dirk Flege, le secrétaire général de « Allianz pro Schiene » regroupant ONG environnementales, associations de consommateurs, syndicats et entreprises régionales du rail.
Christophe Bourdoiseau,
A Berlin