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La ligne 18 s’équipe d’un réseau mobile conçu par TDF



Le calendrier des mises en service des nouvelles lignes du Grand Paris Express ne cesse de s’étirer. A l’automne dernier, le conseil de surveillance de la Société des grands projets (SGP) annonçait une livraison de la nouvelle ligne 15 Sud à l’été 2026 au lieu de la fin 2025. Aujourd’hui, la SGP a indiqué qu’il ne fallait pas l’attendre avant le quatrième trimestre 2026. Un retard de plus pour cette infrastructure qui doit relier sur 33 km Noisy-Champs à Pont-de-Sèvres et était initialement programmée pour 2022.
En cause, les premiers essais automatiques lancés l’an dernier qui ont mis en évidence de nouvelles difficultés, en particulier dans le domaine de la signalisation. Jean-François Monteils, le président du directoire de la SGP, s’en est expliqué. A la fin de l’année dernière, a-t-il rappelé, la décision a été prise de revoir tout le planning et de le faire expertiser par Yves Ramette, ex-DGA du groupe RATP et ex-DG de SNCF Réseau Ile-de-France, et par Didier Bense, qui a passé une grande partie de sa carrière à la RATP et a ensuite remplacé Yves Ramette à SNCF Réseau.
Le nouveau calendrier, validé par les deux experts, prévoit également l’achèvement du premier tronçon de la ligne 16 (Saint-Denis Pleyel- Clichy-Montfermeil) au deuxième trimestre 2027, de même que celui de la 17 (Saint-Denis Pleyel-Le Bourget Aéroport). « Le travail ne peut pas être fait simultanément sur la ligne 15 Sud et sur les lignes 16 et 17« , indique Bernard Cathelain, membre du directoire de la SGP. En revanche, il ne devrait pas y avoir de décalage de calendrier pour les tronçons suivants de la ligne 15, ni pour ceux des lignes 16 et 17.
« Ces annonces sont difficiles. Mais elles ne sont pas anormales« , s’est justifié Jean-François Monteils. « Le projet est d’une ampleur et d’une complexité inédites« , a-t-il ajouté. Parmi les difficultés à gérer, le nombre et surtout la diversité des entreprises à pied d’oeuvre pour réaliser les 200 km de lignes prévues autour de Paris et les 68 gares qui vont les desservir. Plus de 830 entreprises travaillent par exemple sur la 15 Sud.
Un plan d’action est mis en oeuvre pour consolider la réalisation du super-métro parisien. Les essais vont être menés dans les conditions les plus proches de la configuration définitive et la supervision du système de transport va être plus intégrée, grâce notamment au renforcement du rôle de Systra. Il y aura aussi un suivi au plus haut niveau avec la réunion mensuelle d’un comité stratégique. Les retours d’expérience sur la ligne 15 vont bénéficier aux autres chantiers, affirme encore Jean-François Monteils.
L’ancien président de la Chambre régionale des comptes de la Nouvelle-Aquitaine promet un planning désormais « robuste« . Il a été partagé avec Ile-de-France Mobilités, dans la « transparence« , souligne-t-il.
Mais cette « transparence » arrive tard. Et les annonces de la SGP n’ont pas manqué de provoquer la colère de Valérie Pécresse. La présidente d’Ile-de-France Mobilités s’est dite « choquée » par l’ampleur des nouveaux retards annoncés. « C’est une très mauvaise nouvelle pour les centaines de milliers d’habitants et travailleurs de la petite couronne qui l’attendent depuis plus de quinze ans », commente-t-elle dans un communiqué.
Pour l’élue, également présidente de la région, l’expertise réalisée par Yves Ramette et Didier Bense « contredit toutes les informations données jusqu’ici aux membres du Conseil de surveillance de la Société des grands projets« . D’où sa demande de créer « une mission de contrôle et de coordination technique État-Île-de-France Mobilités- Société des grands projets, pour réduire ces nouveaux retards au maximum ».
De son côté, IDFM a déjà désigné les futurs exploitants des lignes 15 Sud, 16 et 17 et le matériel roulant « est en cours de livraison« . Mais la SGP ne sera pas tenue de verser des pénalités pour ces retards. « Nous restons propriétaires de l’infrastructure que nous remettrons à IDFM. IDFM nous versera alors à ce moment-là une redevance. Notre obligation est simplement de prévenir IDFM un an avant la mise en service prévue car c’est à ce moment-là que l’opérateur retenu doit se mobiliser« , explique Jean-François Monteils.
La ligne 18, la plus petite liaison prévue dans le projet de boucle de la capitale (mais aussi la plus contestée en raison de sa faible utilité), n’est pas concernée par les annonces. « Elle sera réalisée mais postérieurement, nous serons en ligne pour la première section et donc pour les suivantes« , commente Jean-François Monteils. Mais Valérie Pécresse souhaite aussi que la mission menée par les deux anciens dirigeants experts soit étendue à la situation de cette ligne « pour laquelle aucune revue de projet n’a été effectuée et qui ne relève pas des mêmes technologies ni fournisseurs« .
Le nouveau calendrier du Grand Paris Express
Ligne 15
Noisy-Champs > Ponts de Sèvres : quatrième trimestre 2026 Pont de Sèvres > Saint Denis – Pleyel : 2031
Saint-Denis – Pleyel > Champigny Centre : 2031Ligne 16
Saint-Denis – Pleyel > Clichy-Montfermeil : deuxième trimestre 2027; Clichy-Montfermeil > Noisy – Champs : fin 2028
Ligne 17
Saint-Denis – Pleyel > Le Bourget Aéroport : deuxième trimestre 2027; Le Bourget Aéroport > Parc des Expositions : fin 2028;
Parc des Expositions > Le Mesnil Amelot : fin 2030Ligne 18
Massy Palaiseau > Christ de Saclay : quatrième trimestre 2026; Massy Palaiseau > Aéroport d’Orly : quatrième trimestre 2027; Christ de Saclay > Versailles Chantiers : fin 2030


La Société du Grand Paris (SGP) a attribué quatre marchés systèmes pour la ligne 18 du Grand Paris Express. Ces marchés concernent la fourniture des façades de quai, le système radio exploitant, le réseau multiservices (y compris les systèmes de surveillance des espaces) et le système de sécurité incendie.
Le marché de l’équipement des façades de quai de la ligne a été attribué au groupement composé de Portalp et Ineo UTS (Equans), pour un montant de 25 millions d’euros. Ce groupement sera chargé d’installer les façades de quai de sept gares (Aéroport d’Orly, Antonypôle, Massy Opéra, Massy Palaiseau, Palaiseau, Orsay-Gif et le CEA Saint-Aubin). L’équipement des trois autres gares de la ligne (Saint-Quentin Est, Satory et Versailles Chantiers) est en option.
« Pouvant atteindre une trentaine de millions d’euros », le marché relatif à la fourniture du système radio exploitation a été attribué à Kontron Transportation. Ce marché porte sur le déploiement de systèmes radio 4G LTE pour la protection civile (voix, données et vidéo), l’installation d’infrastructures de réseaux de radio à large bande, de dispositifs embarqués et de terminaux mobiles nécessaires à l’exploitation. Les échanges entre cette dernière et les voyageurs seront facilités par le débit élevé, qui permettra la visualisation en temps réel, au poste de commande centralisée (PCC), des images de vidéosurveillance et la mise à jour de l’information destinée aux voyageurs. En outre, le personnel d’exploitation et de maintenance disposera également des informations en temps réel et la radio exploitant sera interopérable avec celle de la police et des pompiers.
Le marché de 60 millions d’euros pour la fourniture du réseau multiservices et des systèmes de surveillance des espaces (gares, tunnels et ouvrages de service) par le PCC a été attribué au groupement Eiffage-Vinci. Ce marché comprend la vidéosurveillance, les contrôles d’accès et la détection d’intrusions, la téléphonie et l’interphonie sur l’ensemble de la ligne (y compris le traitement de la vidéosurveillance et de l’interphonie à bord des trains). A noter que ce marché intègre la cybersécurité (protection contre d’éventuelles intrusions, conformément aux recommandations de l’Agence nationale de Sécurité des Systèmes d’Information).
Enfin, le marché des systèmes de sécurité incendie (SSI, qui détecte et signale les départs d’incendies, avec diffusion des alarmes et commande du désensimage) a été attribué au groupement DEF-Clearsy-Bouyer. Chiffré à une quinzaine de millions d’euros, ce marché couvre la fourniture, l’installation, la mise en service, les essais et la maintenance des équipements des SSI et défibrillateurs de la ligne 18. La sonorisation de la gare d’Orly est également comprise dans ce marché.