Jeudi 26 novembre 2020, VRT a organisé dans ses locaux une conférence 100% digitale ayant pour thème les métros automatiques et intitulé « Métros, Trams, Trains : Cap sur l’autonomie », avec la participation de SIEMENS (Paul-Edouard Basse), KEOLIS (François Vinsonneau) et SYSTRA (François Gravil).
Vous pouvez revoir gratuitement cette conférence sur le site de VRT : https://www.ville-rail-transports.com/evenement/conference-metros-trams-trains-cap-sur-lautonomie/video/
21h35, mardi 17 septembre, ligne 1 de la RATP, 100% automatisée : un énorme bruit suivi d’étincelles surviennent à la station Palais Royal. A l’origine de l’incident : « une disjonction d’intensité« , explique la RATP. Autrement dit, il y a trop de courant sur la ligne et l’alimentation électrique disjoncte. « Ce n’est pas exceptionnel, c’est impressionnant mais c’est sans risque pour le voyageur », tempère le transporteur. Problème, l’incident entraîne une réaction en chaîne.
Il provoque tout d’abord une avarie matériel sur une rame à la station Concorde. Elle est évacuée et pour réorganiser le trafic sur la ligne, les régulateurs du poste de contrôle centralisé (PCC) prennent la main « afin que le service se poursuive », indique la RATP dans ses explications.
21h50, le service se poursuit certes, mais une rame avec des voyageurs à bord se lance dans une course folle et omet de marquer l’arrêt à trois stations consécutives : Concorde, Champs-Elysées-Clémenceau, Franklin D. Rossevelt. « Une mauvaise programmation », résume la Régie. Comprendre, une erreur de programmation d’origine humaine.
La ligne 1 est entièrement automatisée depuis fin 2012 et le système de sécurité automatique a heureusement parfaitement joué son rôle, évitant une collision : « Il a détecté l’anomalie [le métro en roue libre] et l’arrêt de la rame s’est fait en toute sécurité en amont de la station Georges-V, où une autre rame stationnait », explique la RATP. Pour comprendre, le système de contrôle-commande (communication based train control – CBTC) dont est équipée la ligne 1 (comme la 14) contrôle le trafic grâce à une communication continue entre les rames et un ordinateur central chargé de gérer tous les métros sur la ligne. Objectif, augmenter le débit en réduisant l’intervalle de temps entre deux trains aux heures de pointe jusqu’à 85 secondes, et fluidifier le trafic avec des trains qui arrivent en stations de manière régulière.
Mardi soir, le CBTC « a parfaitement fonctionné », se félicite la RATP, et la rame lancée à 50 km/h a fini par s’arrêter à la station Georges-V, s’immobilisant à quelques mètres de celle en stationnement. Une enquête interne est tout de même en cours concernant la « mauvaise programmation ». Selon nos informations, l’agent chargé de la régulation au PCC se serait trompé de rame : au lieu de donner l’ordre à la rame défectueuse de filer sans voyageur et sans arrêt vers le terminus (en « haut le pied » dans le jargon ferroviaire), il a envoyé cet ordre au métro rempli de voyageurs ! Qui ont tiré en vain le signal d’alarme…
Encore combien d’années ? On a beau désespérer du calendrier hasardeux du métro automatique Grand Paris Express qui ne sera pas au rendez-vous des JO de 2024, une chose est sûre, au fond du gigantesque cratère de 53 mètres de profondeur, au pied de l’Institut de lutte contre le cancer Gustave-Roussy (IGR), la centaine d’ouvriers, les hydrofraises, les pelleteuses, et autres engins de creusement mettent du cœur à l’ouvrage sur le chantier phénoménal de la future gare de Villejuif-IGR sur la ligne 15 Sud. Si tout va bien, elle sera en service en 2025 (voir le tracé).
En activité 24h/24h, le chantier a déjà produit 600 000 m3 de déblais acheminés par une route spécifique, vers l’autoroute A6. Sur ce site où se croiseront la ligne 15 Sud et la ligne 14 de la RATP, les amorces sont faites pour que le futur tunnelier qui creusera le prolongement sud de la ligne 14 entre Olympiades et l’aéroport d’Orly entre en action. On n’ose pas donner de date, mais le calendrier est fixé aux JO de 2024 pour relier au final Saint-Denis-Pleyel à l’aéroport d’Orly.
Au fond de ce puits de 63 mètres de diamètre, la statuette de sainte Barbe, patronne des mineurs et des travailleurs souterrains, est déjà en place, prête à protéger les pilotes des deux tunneliers qui se croiseront dans l’une des gares les plus profondes du Grand Paris Express (GPE), dessinée par l’architecte Dominique Perrault. Tous les deux attendent encore leur nom de baptême. Celui de la ligne 14 œuvrera fin 2019. Une quinzaine de mètres plus bas, c’est le tunnelier de la ligne 15 Sud qui déploiera ses mâchoires début 2020, en provenance de la gare d’Arcueil-Cachan où il est en cours de montage, à ciel ouvert.
Le bout du tunnel ?
« Nous avons aménagé une passerelle piétonne au-dessus du puits de départ afin que les Cachanais puissent voir le tunnelier dont la roue de coupe est déjà en place, avant qu’il parte à l’assaut des 3,4 km de tunnel entre Cachan et Villejuif-IGR », explique Jack Royer, chef de projet à la Société du Grand Paris, pour le secteur Bagneux-Cachan. Une manière de faire patienter jusqu’à mi-2025 les riverains qui endurent de lourds travaux de génie civil depuis leur démarrage en 2015, dans cette commune du Val-de-Marne déjà desservie par le RER B. « Avec le GPE, ils pourront dans six ans rejoindre rapidement l’ouest de la capitale sans passer par Paris », avance Jack Royer. Et si tout va bien, la Défense en 2030 (les travaux ne sont pas encore lancés pour le tronçon entre Pont-de-Sèvres et La Défense).
Le RER B et le Grand Paris Express y seront interconnectés, ce sera l’une des plus fréquentées de la ligne 15 Sud, avec 95 000 voyages par jour selon les estimations de la SGP. Une fois construite, la gare conçue par l’atelier Ar-thème accueillera un immeuble de bureaux de six étages, projet de la SGP et de la ville de Cachan. En attendant, c’est l’état-major de Vinci Construction, attributaire de la ligne 15 Sud entre Fort-d’Issy et Villejuif et de la ligne 14 Sud (Olympiades – aéroport d’Orly) qui est installé sur la base-vie de ce chantier titanesque.
Les riverains commenceront à apercevoir le bout du tunnel avec les premiers travaux de terrassement prévus au printemps 2019, suivis de la pose des appuis définitifs du tablier du RER B, la gare du Grand Paris étant construite sous le viaduc du RER.
Sainte-Monique, priez pour eux
A Bagneux, les dizaines de milliers d’habitants des barres HLM qui encerclent la future gare du Grand Paris Express, située Rond-Point des Martyrs, en sont encore loin. Ils voient le ballet incessant des grues devant leurs fenêtres et doivent composer depuis 2015 avec les travaux de la ligne 15 Sud, mais aussi du prolongement de la ligne 4 du métro, depuis Montrouge. La tour Pasteur et ses 15 étages de logements ainsi que ses commerces ont été détruits il y a quatre ans pour accueillir la base-vie du génie civil de la gare. Coincée entre la route et le chantier en activité permanente, l’église Sainte Monique est comme écrasée. « Le curé nous a demandé d’améliorer la signalétique pour rendre l’église plus visible », confie un représentant de la Société du Grand Paris. Les fidèles manquent à l’appel.
Ici quatre chantiers cohabitent : celui de la ligne 4 de la RATP, celui du tunnelier du Grand Paris Express, celui de la gare de Bagneux, et enfin, les travaux du projet de l’écoquartier Victor Hugo. A 150 mètres du rond-point des Martyrs, de son église et des HLM, le tunnelier Ellen (du nom de la navigatrice Ellen Mac Arthur) a commencé à creuser depuis le puits Robespierre de Bagneux vers Arcueil-Cachan le 14 février dernier. « Dans un mois [début avril, NDLR], Ellen atteindra le tympan Est de la gare de Bagneux pour ensuite la traverser et passer sous l’ouvrage de la ligne 4 du métro en juin 2019 », explique Jack Royer. Comme la navigatrice, le tunnelier poursuivra ensuite sa course en solitaire jusqu’à la gare d’Issy-Vanves-Clamart, à raison de 16 mètres par jour, soit quatre kilomètres en 16 mois. Dès mi-2021, les habitants de cette partie désolée de Bagneux, dans les quartiers nord de la commune des Hauts-de-Seine, seront reliés à Paris par le métro.
Il leur faudra attendre 2025 pour emprunter le Grand Paris Express. Si la « gare monument » conçue par l’atelier Barani (trois niveaux, 120 mètres de long, 28 de large, les quais à 33 mètres de profondeur), dimensionnée pour accueillir 60 000 voyages/jour, a vu ses parois moulées posées fin 2018, le terrassement de la « boîte » de la gare doit démarrer en avril. La gare sera prête fin 2024 selon les prévisions de la SGP, mais les habitants de Bagneux devront attendre 2025 pour l’emprunter, le temps que les autres stations du tronçon sud du Grand Paris Express soient elles aussi livrées.
Nathalie Arensonas
Ligne 15 Sud : de Pont de Sèvres à Noisy-Champs
Date prévisionnelle de mise en service : mi-2025
33 km
22 communes desservies (plus d’un million d’habitants)
250 000 à 350 000 voyageurs à l’heure de pointe du matin
16 gares reliées en 37 minutes, interconnectées avec des lignes de RER, métro, tramway et/ou transports en commun en site propre.Attributaires des lots de génie civil :
Gare Fort-d’Issy-Vanves-Clamart (exclue) et la gare Villejuif-Louis-Aragon (inclue) : Vinci Construction, Spie Batignolles TPCI, Dodin Campenon Bernard, Spie Fondations et Botte Fondations
Gare de Fort-d’Issy-Vanves-Clamart : Bouygues Travaux Publics (mandataire solidaire) et trois filiales du groupe Soletanche Bachy
Réalisation du tunnel foré entre les Noisy-Champs et Bry-Villiers-Champigny : groupement Alliance, composé de Demathieu Bard Construction (mandataire), NGE Génie Civil, GTS, Guintoli, Impresa Pizzarotti, Implénia, Franki Foundations Belgium et Atlas Fondation
Arrière-gare de Noisy-Champs, à la jonction des lignes 15 Sud et 16 : groupement constitué des entreprises Parenge, Dacquin parois moulées et Léon Grosse TP (mandataire du groupement)
Tronçon T2A entre les gares Villejuif-Louis-Aragon et Créteil-l’Echat : groupement constitué de Bouygues Travaux Publics, en qualité de mandataire solidaire, et de : Soletanche Bachy France, Soletanche Bachy Tunnels, de Bessac et de Sade.
Les étapes de construction d’une gare du Grand Paris express : visionner la vidéo (source: SGP)
Le 31 juillet au soir, la ligne 1 du métro parisien a craqué. Douze navettes sont restées bloquées dans les tunnels. Entre 3 200 et 3 800 voyageurs se sont retrouvés sans beaucoup d’information, sans grande lumière, sans ventilation, et en pleine chaleur. Certains, dans une des rames, sont descendus d’eux-mêmes sur les voies. La RATP, en dépêchant près de 200 agents à la rescousse, et avec le renfort des sapeurs pompiers, a évacué tous les passagers. En définitive, il y a eu plus de peur que de mal. Mais ce test grandeur réelle va amener la RATP à réexaminer au moins son information en situation de crise qui, ce soir là, n’a pas été à la hauteur. Après la pagaille de Montparnasse, ce dernier week-end, le transport en Ile-de-France a de nouveau été mis à rude épreuve.
A 20h10, le 31 juillet une navette (terme que la RATP emploie sur les métros automatiques) est tombée en panne sur la ligne 1, La Défense – Château-de-Vincennes, entre Saint-Paul et Bastille. Quelle est la cause de la panne ? A la RATP, un porte-parole précise qu’il s’agit d’un « problème dû au train ». Autrement dit, il ne s’agit pas d’un sujet d’infrastructure, comme un rail cassé, ni d’une panne du système d’automatisation. Pas possible pour l’instant d’en dire plus: la rame est en cours d’expertise à l’atelier de Fontenay .
Non. Certes, la fermeture du tronçon central du RER du 28 juillet au 26 août nécessite, comme dit un communiqué de la RATP , « un renfort exceptionnel » de l’offre sur la 1, qui relie elle aussi La Défense à Nation. Mais on est à une cadence des trains à 90 secondes, que la RATP a l’habitude de tenir. Cela dit, la fermeture du tronçon central du RER pour des travaux fait sans doute que plus de gens que d’habitude en cette période de l’année ont été touchés par l’incident. Ils seraient entre 3 200 et 3 800 selon des chiffres de la police.
La situation s’éternisait dans la rame en panne, d’autres étaient de ce fait arrêtées, des passagers se sont naturellement impatientés et ont tiré les signaux d’alarme. Ce qui a pour effet de couper le courant de traction sur tout un tronçon et, de ce fait, de couper pour l’essentiel la lumière dans les rames, de couper la ventilation réfrigérée, d’ouvrir les portes des trains. 22 signaux en tout ont été tirés, entraînant des coupures sur de nombreux trains, paralysant la ligne tout en rendant la situation très difficilement supportable pour les voyageurs bloqués. L’incident est devenu surincident.
Dans l’un des trains les voyageurs ont décidé de sortir du train eux-mêmes. La RATP, passé 40 minutes d’immobilisation, a décidé de procéder à l’évacuation de tous les usagers. Ce qui suppose l’installation d’échelles pour que les gens puissent descendre dans les tunnels, la mobilisation de personnels pour les aider, etc.
Les consignes de sécurité veulent qu’au delà d’un arrêt d’une demi-heure sur une ligne automatique, on fasse repartir les trains manuellement. Avant que cela soit possible, encore faut-il rétablir le courant, et avant cela s’assurer qu’il n’y a plus personne dans le tunnel. Pas d’autre solution que de demander aux agents de parcourir la ligne à pied.
Les passagers se sont plaints de ne pas être informés. La RATP reconnaît que, s’il y a eu des annonces sonores dans les stations et sur les quais, des informations sur les écrans des stations aussi, dans les navettes, l’information a été déficiente, se limitant pour l’essentiel à la diffusion de consignes de sécurité comme de ne pas descendre sur les voies. Certes, le compte twitter de la ligne a fonctionné et donné des informations en temps réel. Mais portant plus sur le fait que le service était interrompu que sur les perspectives de reprise, info toujours très difficile à manier. Et tout le monde n’est pas sur twitter. Les demandes d’informations des voyageurs, déclenchées en poussant des gros bouton près des portes, arrivent directement au PC qui s’est trouvé saturé par de très nombreux appels. Et qui pouvait d’autant moins répondre qu’il lui était impossible de donner des informations sur le moment de la reprise du trafic.
La RATP va faire une enquête interne, sur l’incident, conformément à ce qu’a demandé Valérie Pécresse qui a fait part de son indignation.
François Dumont
La fréquentation en hausse du métro et le matériel roulant vieillissant expliquent le projet « Avenir Métro », présenté début avril par Annie Guillemot, présidente du Sytral, aux commandes de l’opération avec les TCL/Keolis.
Au total, 430 millions d’euros seront investis d’ici à 2023, dont 140 millions pour l’achat de trente nouvelles rames Alstom. Ce montant sera complété notamment par les commandes de 18 autres rames, aujourd’hui en option, et par celles de systèmes d’automatisme (90 millions d’euros) et d’information voyageurs. Les rames au nouveau design, signé Fabrice Pouille et RCP, seront climatisées, dotées d’éclairage LED. De meilleures performances en accélération et freinage permettront une récupération d’énergie, avec « un objectif de 25 % d’économie d’énergie », selon Edwige Besse Barci, directrice de l’Equipement et du Patrimoine au Sytral.
Le métro représente plus de la moitié des 1,6 million de déplacements des TCL chaque jour, en hausse de 20 % depuis 2010. Et la fréquentation du réseau devrait continuer à augmenter : +40 % d’ici 2023 (+60 % à 2030) sur la ligne B, +15 % à 2023 (+25 % à 2030) sur la ligne D et, aux mêmes dates, +2 % et +4 % sur la ligne A. Pour répondre à l’augmentation des capacités aux heures de pointe, la ligne B verra son matériel roulant entièrement renouvelé avec 30rames, et passera au pilotage automatique intégral. Cette ligne, qui assure la desserte de la Part Dieu et sera prolongée vers les Hôpitaux-Sud, accueillera les quatre premières rames en 2019 en pilotage automatique cohabitant avec les rames avec conducteurs, jusqu’à l’automatisation intégrale à partir de mi-2020. La ligne D sera dotée en 2023 du nouveau pilotage automatique déployé sur la ligne B, en remplacement du système qui en fit le premier métro automatique « grand gabarit » en 1991. Dix nouvelles rames renforceront la ligne D qui bénéficiera également de trains de 4 voitures (au lieu de 2), un dispositif expérimenté depuis 2015 et dont « l’exploitation délicate donne toute satisfaction ».
L’automatisation de la ligne B, « préparée très en amont », devrait entraîner la suppression de 47 postes de conducteurs de métro, compensés principalement par des départs en retraite et par des reclassements dans l’exploitation/maintenance du parc et le PC réseau.
Claude Ferrero
L’autorité organisatrice des transports de Dubai, RTA, a attribué le 29 juin le contrat d'extension de la ligne rouge de métro automatique au consortium Expolink (Alstom mandataire, avec l’espagnol Acciona et le turc Gulermack). Un contrat de 2,6 milliards d’euros. La part d’Alstom n'est pas précisée. Le constructeur français fournira 50 rames Metropolis ainsi que les systèmes de communication et d'alimentation électrique et sera notamment chargé de la pose de voies. Acciona et Gulermack sont chargés du génie civil. Thales, indique le communiqué de RTA, fournira les « systèmes technologiques ». Thales, rappelons-le, équipe déjà le métro de Dubai de ses automatismes. Sur les 50 rames commandées à Alstom, 15 seront affectées au prolongement, et 35 iront upgrader le métro existant. Systra et Parsons, partenaires à 50/50, en tant que consultant général, sont déjà chargés du suivi du contrat, de la revue des études, et de la supervision du chantier, des essais et de la mise en service.
La ligne rouge doit être prolongée de 15 km (11,8 km en viaduc et 3,2 en souterrain) et sept stations, afin de desservir en 2020 les sites de l'Exposition universelle. Dubai attend 25 millions de visiteurs pendant les six mois que durera Expo 2020. Le métro offrira une capacité théorique de 46 000 voyageurs par heure dans les deux sens. On s'attend à ce qu'il en transporte 125 000 par jour en 2020 et 275 000 en 2030. « Route 2020 », le prolongement de la ligne rouge, doit être mis en service le 20 mai 2020, cinq mois avant l'ouverture de l'Exposition. Il devrait y acheminer 20 % des visiteurs.
Cette commande est une belle revanche pour Alstom. En 2005, l'appel d'offres pour le métro automatique de Dubaï, avait opposé Alstom, Siemens et Mitsubishi. Dubai, toujours à la pointe, était le premier dans la région à se lancer dans un métro automatique. Et les grands groupes comptaient bien sur cette vitrine. On s’attendait à un match Alstom – Siemens ; mais le consortium japonais, alors considéré comme outsider, l’avait emporté au grand dam d'Alstom, qui se voyait bien placé, le métro ayant été conçu par le français Systra. Mitsubishi, qui ne maîtrisait pas la technologie, avait dû aire appel à Thales.
F. D.
Entretien avec Eric Cazeaux, directeur de la division Mobility de Siemens France
Après avoir remporté les automatismes des lignes de métro 14, 1 et 4 de la RATP, Siemens s’est vu attribuer par la SNCF le système d’exploitation des futurs trains du RER E. Depuis les débuts de Méteor, l’industriel joue un rôle de premier plan dans la modernisation du système de transport en Ile-de-France. Entretien avec Eric Cazeaux, sur les perspectives en France et dans le monde des solutions modernes de mass transit. Ville Rail & Transports. Vous avez créé à Toulouse le centre mondial du Val, tout en gardant les automatismes à Châtillon (voir VR&T n° 582 de décembre 2015 ou ici). N'est-ce pas étrange de séparer automatismes de métro et métros automatiques ?
Eric Cazeaux. Ce sont deux métiers assez différents, qui se complètent. D’un côté, nous fournissons les automatismes aux exploitants, comme la RATP ou la SNCF en France, sans matériel roulant. Et ces automatismes ne sont pas destinés à fonctionner sur un seul type de trains. A titre d’exemples, nos automatismes équipent les trains Siemens à Riyad, mais aussi les trains d’autres constructeurs à Barcelone, à New York, ou encore à São Paulo. Ce que nous cherchons en ce cas, c'est à intégrer harmonieusement nos systèmes à de nombreux trains, à de nombreux enclenchements, à de nombreuses portes palières ou autres systèmes de protection des quais. Cette capacité d'intégration est essentielle ; elle constitue une véritable compétence de nos équipes.
L'approche pour le Val et le Neoval est différente. Il n'y a qu'un seul matériel roulant, un seul enclenchement, un seul poste de conduite ou de supervision, auxquels il faut être intimement intégré. Il ne s'agit pas ici de rechercher de l'ouverture et de la variabilité, mais plutôt de la fermeture, garante de performance et de réduction des coûts.
VR&T. Vous espériez que la ligne 18 du Grand Paris Express soit équipée d'un Val. Mais la SGP a fait le choix d'un métro à roulement fer et au gabarit du métro parisien. Qu'en pensez-vous ?
E. C. Je le regrette, mais il y a heureusement d'autres opportunités en France et dans le monde pour le Val ou le Neoval. Voyez notamment l’appel à candidature pour un people mover de cinq stations destiné à l'aéroport de Los Angeles. Il s'inscrit dans une vaste opération de modernisation de cet aéroport, qui est l'un des tout premiers au monde. Il y a d’autres projets à Hongkong, à Londres, en Chine, à Dubaï, dont les appels d'offres ne sont pas encore publiés.
VR&T. Y a-t-il d'autres perspectives que celles des dessertes d'aéroports ?
E. C. Oui, dans les grandes métropoles, et notamment en Chine. Certes, la Chine ralentit, mais elle allait tellement vite qu'elle continue à avancer. Et elle connaît des besoins importants. Il existe une volonté très forte de construire, dans les villes, des feeder lines, qui peuvent être des tramways, des métros légers ou des monorails. Les grandes métropoles qui disposent déjà de réseaux de métro lourd importants avec de longues interstations ont besoin de ces lignes pour rabattre plus facilement les populations des zones denses vers leurs réseaux. Les besoins existent également pour les métropoles de moindre importance qui n'ont pas encore de réseau de métro. Les tramways peuvent répondre à leurs besoins, de même que les monorails ou les métros légers.
Sur le sujet des tramways, la Chine a une approche différente de la France. Le tramway a partout une fonction première qui est de transporter des passagers, mais il a en France deux objectifs secondaires : la rénovation urbaine et l'exclusion de l'automobile par l'occupation de l'espace. La Chine, elle, a besoin de transporter des gens massivement. Les Chinois s'intéressent donc à la performance du système et à sa capacité à ne pas trop occuper la voirie. Car le phénomène de congestion auquel leurs villes sont aujourd'hui confrontées devient létal.
VR&T. Où en est le marché des automatismes de métro ?
E. C. Il s'agit toujours d'une activité assez forte grâce, notamment, à de grands marchés clé en main au Moyen-Orient. Malgré la baisse du cours du brut, les pays de cette région continuent à investir, essentiellement dans des métros sans conducteur de grande et moyenne capacité ainsi que dans des projets d’APM. Spécialistes du métro sans conducteur, nous nous positionnons sur le marché des automatismes.
VR&T. Et en France ?
E. C. L’actualité en France, c’est l'appel d'offres en cours pour la rénovation des lignes B et D du métro de Lyon. En Ile-de-France, nous sommes engagés dans la rénovation du RER E et l’automatisation intégrale de la ligne 4 du métro parisien. Quant au métro automatique du Grand Paris Express, l’appel d’offres vient de sortir pour la ligne 15 Sud.
VR&T. Vous avez remporté Nexteo, le nouveau système d'exploitation des trains conçu pour Eole, qui va équiper le RER 2N NG. Que représente Nexteo ?
E. C. C'est un système qui préfigure ce que seront les systèmes d'exploitation des RER franciliens. Cela concerne donc des longueurs de ligne très importantes et un grand nombre de trains. Nexteo, qui est un CBTC, va apporter aux RER les fonctionnalités des systèmes d'automatismes les plus modernes. Il va les doter des réserves de capacité et d’une possibilité d'absorption des perturbations qu'ils n'ont pas aujourd'hui. Dans les systèmes qui ne sont pas des CBTC, aussi performants soient-ils, en cas de perturbation, la reprise de la marche est assez longue. Le principe du CBTC, avec son canton mobile et déformable, offre une grande souplesse alors qu'un système de cantonnement fixe est beaucoup plus contraignant. Nexteo permettra ainsi de faire passer dans le nouveau tunnel est – ouest 28 trains à l'heure.
VR&T. C'est le système tout entier que vous fournissez et maintenez ?
E. C. Oui, et c'est une véritable nouveauté. Il s’agit d’un marché de conception-réalisation accompagné de deux tranches de maintenance de 15 ans. A ma connaissance, c’est une première dans ce domaine en France.
VR&T. Nexteo, c'est pour toute l'Ile-de-France ?
E. C. Il revient à la SNCF – ou au Stif – de répondre à cette question. Ce que je peux dire, c'est qu'il y a une stratégie Next, et une instance, Nexteo, qui est l'application de Next à l'axe est – ouest. Nexteo est le germe de Next. Ce n'en est pas la fin. Il faudra sans doute des adaptations pour appliquer le système à un axe RER nord – sud car chaque ligne à ses spécificités, mais qui ne nécessiteront pas de recommencer à partir de zéro.
VR&T. Avec Nexteo, la SNCF va donc mettre les RER au niveau des métros ?
E. C. Encore faut-il pour cela que le système soit complété. Avec Nexteo nous fournissons un système de supervision de la zone dense. Mais si l'on s'en tenait là, les extrémités, est ou ouest, resteraient encore sous le contrôle de supervisions de zone, à la différence de ce qui se fait à la RATP, où un centre de contrôle unique est chargé de la performance de toute la ligne. Dans la culture ferroviaire nationale qui est celle de la SNCF, l'exploitation se fait par zones, ce qui ne permet pas la gestion dynamique de l'ensemble de la ligne d'un RER. C'est pourquoi SNCF Réseau a prévu d'équiper les extrémités est et ouest, où il n'y a pas Nexteo, d'un ATS, c'est-à-dire d'un système de supervision qui va permettre à la ligne E d'être exploitée comme une seule ligne, et non pas comme des segments traversant des régions. L'appel à candidature pour ce système a été lancé.
VR&T. Le vendredi 22 janvier, la ligne 1 du métro parisien, que vous avez entièrement automatisée avec la RATP, s'est arrêtée pendant plusieurs heures. Que s'est-il passé ?
E. C. J'ai sur ce sujet un devoir de réserve vis-à-vis de notre client, la RATP. Je relèverai simplement qu'il n'y a eu aucun impact sur la sécurité. Toutes les décisions prises par les systèmes ont garanti la sécurité des personnes. Ce qui est fondamental.
VR&T. Après avoir automatisé en service la ligne 1, vous avez remporté le contrat pour la ligne 4. Est-ce le même système ? Le même défi ? Quelles différences entre les lignes ?
E. C. Le système CBTC est globalement le même sur les deux lignes. Il a fait ses preuves d’adéquation aux besoins d’exploitation du métro parisien et bénéficie du retour d’expérience de l’automatisation de la ligne 1. Le contrat Paris ligne 4 confirme notre compétitivité et la confiance de la RATP en Siemens pour le passage en sans conducteur d'une ligne existante. Les défis principaux sont les mêmes, notamment la transition douce vers l’automatisation intégrale sans perturbation de l’exploitation pour les voyageurs et l’atteinte immédiate d’excellence en matière de disponibilité et de qualité de service en général. Les différences entre les deux projets portent plutôt sur les conditions de son déploiement : phasage du déploiement du système sur la ligne 4 prenant en compte l’extension de la ligne vers le sud, cohabitation de trois types de trains là où un seul était nécessaire sur la ligne 1, évolution de la réglementation, notamment en matière de cybersécurité.
VR&T. Les automatisations de lignes anciennes constituent-elles un marché important pour vous dans le monde ?
E. C. La rénovation des lignes anciennes vers des technologies modernes à base de CBTC est déjà depuis plusieurs années un véritable marché pour nous en France comme à l'export, suivant la dynamique lancée par Paris et New York à la fin des années 90. L'objectif pour nos clients est avant tout d'augmenter la capacité de transport et la disponibilité de leurs lignes, tout en réduisant leurs coûts de possession. Ainsi la plupart des grandes villes en développement disposant de métros « historiques » engagent ce type de programme de modernisation sur la durée, le plus souvent à l'occasion d'une rénovation complète des flottes de trains.
Propos recueillis par
François DUMONT
C’est en Autriche, dans son usine viennoise de Simmering, que Siemens a présenté pour la première fois le matériel roulant destiné à deux des six lignes du métro automatique de Riyad. En tant que membre du consortium Bacs, qui a remporté les lignes 1 et 2 (soit 64 km des 175 km du futur réseau de la capitale saoudienne), Siemens livrera, outre leurs 74 rames, l’électrification ainsi que la signalisation et les systèmes de communication nécessaires à l’exploitation sans conducteur. Composées de deux caisses (29 rames pour la ligne 2) ou quatre caisses (45 rames pour la ligne 1), en aluminium, ces rames du type Inspiro auront une vitesse maximale de 90 km/h. Elles ont été adaptées aux conditions climatiques de Riyad, avec une climatisation renforcée et une protection des bogies, de la chaîne de traction, des freins et des portes contre l’intrusion du sable.
Le matériel commencera ses essais sur rail à Wildenrath (Allemagne) en mars, alors qu’une rame séjourne dans la chambre climatique du centre d’essais de Vienne-Arsenal (Autriche).
Alstom a remporté un contrat de 190 millions d'euros pour la signalisation et l'infrastructure d'une partie de la ligne 3 du métro du Caire Alstom fournira à son client, la National Authority for Tunnels (NAT), qui gère les 78 kilomètres du réseau, un système de gestion du trafic, ainsi que l'équipement de signalisation des stations, un système de ventilation, des ascenseurs et des escalators.
Au Caire, Alstom a déjà fourni ses modèles de train Metropolis ainsi que ses systèmes de signalisation pour les lignes 1 et 2, et des parties de la ligne 3.