La municipalité de Jouy-en-Josas a lancé, en février, un transport à la demande sur la commune. Marie-Hélène Aubert, adjointe au maire de Jouy-en-Josas en charge des solidarités, travaillait à ce projet depuis quatre ans avec le centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville. La municipalité de Jouy-en-Josas a lancé, en février, un transport à la demande sur la commune. Marie-Hélène Aubert, adjointe au maire de Jouy-en-Josas en charge des solidarités, travaillait à ce projet depuis quatre ans avec le centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville.
Différents scénarios avaient été étudiés, du prestataire extérieur à la régie directe. Tous se sont révélés trop coûteux pour la commune qui s’est tournée vers une formule originale, un partenariat avec l’antenne locale de la Croix-Rouge. Car parmi toutes ses activités, la célèbre association pratique occasionnellement le transport non médicalisé. Elle le ferait dans une soixantaine de villes en France.
A Jouy-en-Josas, pour effectuer les transports à la demande, l’antenne locale de la Croix-Rouge n’a pas eu à acheter de véhicule. Elle utilise celui qui sert habituellement à la maraude ou à l’assistance lors de rassemblement où un poste de secours est nécessaire. Et pour le conduire, elle fait appel à des conducteurs bénévoles. Mais l’association se défend de toute concurrence. Elle n’intervient que là où les transports urbains sont absents ou mal adapté pour des personnes se déplaçant avec difficulté. Mieux, grâce à ces courses pour le TAD, elle joue pleinement son rôle caritatif. Car, c’est pour la Croix-Rouge l’occasion d’entrer en contact, et de le maintenir, avec des personnes âgées, plutôt isolées, donc potentiellement sujettes à des petits soucis de santé. Les chauffeurs peuvent ainsi témoigner de changements de comportement, de chutes éventuelles, de blessures à surveiller.
Toutes les demandes sont d’abord centralisées au CCAS de Jouy-en-Josas qui les transmet ensuite à la Croix-Rouge. Quant au tarif, les personnes intéressées doivent d’abord s’inscrire et payer une cotisation de 20 euros par an. Ensuite, les trajets sont gratuits.
A Lyon, le constructeur français de véhicules industriels Renault Trucks a mis sur pied un plan de déplacements entreprise (PDE) visant à faciliter les trajets domicile – travail comme ceux internes au site. Parce qu’il est le premier employeur privé du département du Rhône, avec 5 300 salariés sur 180 ha, le constructeur français de véhicules industriels Renault Trucks a mis sur pied un plan de déplacements entreprise (PDE) visant à faciliter les trajets domicile – travail comme ceux internes au site. Initiée par la direction de son établissement de Lyon, la démarche a débuté par une vaste enquête auprès des salariés, en mai 2010, à laquelle près de 64 % des salariés ont répondu. Grâce à ce questionnaire, l’employeur a pu établir une carte détaillée des zones d’habitation des employés : pas moins de 600 communes réparties sur 9 départements et deux régions (Rhône-Alpes et Bourgogne).
Selon l’enquête, ils sont 72 % à utiliser leur véhicule personnel pour se rendre au travail. Ils sont toutefois 48 % à souhaiter changer de mode de transport et seulement 25 % estiment que la voiture est le moyen de transport le mieux adapté. 12 % utilisent déjà les transports en commun, enfin 3 % sont adeptes du covoiturage, 4 % du vélo, de la trottinette et de la marche. Parmi les solutions envisagées : le covoiturage (15 % émettent le vœu de covoiturer), des transports en commun plus fiables et plus réguliers ou l’utilisation du vélo. A court terme, pour répondre à la demande de covoiturage, la direction de Renault Trucks envisage un partenariat avec le Grand Lyon et son site Internet (www.covoiturage-grandlyon.com) opérationnel depuis cinq ans et dans lequel un espace sera dédié aux salariés de Renault.
A moyen terme, l’entreprise souhaite apporter des réponses aux cyclistes qui jugent les pistes cyclables insuffisamment développées et sécurisées. Une mesure a par ailleurs déjà été prise, l’extension du service interne de minibus par l’achat d’un 3e véhicule et des horaires étendus. La navette autorise deux types de trajet : soit d’un point à un autre de l’établissement pour les besoins de réunion, soit en complément des transports publics. Afin de répondre au problème du dernier kilomètre, les salariés sont transportés jusqu’au pôle multimodal d’où partent métros, tramways, bus et trains régionaux. Ils disposent désormais de deux lignes avec des trajets fixes et réguliers. Et les résultats sont là : « Depuis la mise en place de ce nouveau système au 1er décembre 2010, l’utilisation des navettes enregistre une progression constante », assure l’entreprise. De 280 personnes quotidiennement transportées fin novembre, les navettes internes en convoient 410 par jour depuis début janvier. » Une belle progression.
«Le transport à la demande, c’est aussi un outil de lutte contre la désertification des campagnes », assure Gilles Jacquard, président de la communauté de communes du Briennois (CCB), dans l’Aube, à une quarantaine de kilomètres à l’est de Troyes. Début février, le conseil de la CCB a voté, à l’unanimité, la création de ce service. «Le transport à la demande, c’est aussi un outil de lutte contre la désertification des campagnes », assure Gilles Jacquard, président de la communauté de communes du Briennois (CCB), dans l’Aube, à une quarantaine de kilomètres à l’est de Troyes. Début février, le conseil de la CCB a voté, à l’unanimité, la création de ce service. Baptisé Tinéa pour transport intercommunautaire du nord-est aubois, il se déploiera sur un territoire de 23 communes où habitent quelque 7 350 personnes. « Ces habitants ont les mêmes souhaits et les mêmes nécessités de déplacements que ceux des grandes agglomérations », poursuit Gilles Jacquard. C’est-à-dire : se rendre en ville pour faire des courses, rencontrer des amis, faire du sport… « La différence, c’est qu’ils sont plus disséminés qu’en milieu urbain ». Il y a six ans, le président de la CCB avait imaginé une desserte classique en bus, selon des lignes définies. Mais, quelques études plus tard, il a pris conscience de la dispersion des utilisateurs et de leur volonté d’individualisme qui leur fait préférer des véhicules plus petits. Ce sont ces constantes qui ont conduit la CCB à s’appuyer sur les Taxis dienvillois. « Il ne s’agit pas de concurrencer les taxis, mais de leur apporter un revenu complémentaire. » Car si le prix du trajet à la demande est forfaitaire pour les usagers – 5 euros pour les adultes et 3 pour les moins de 16 ans –, la communauté de communes compense le manque à gagner pour les taxis par rapport au prix d’une course libre. Toujours afin de ne pas tuer la concurrence, la CCB a choisi de ne proposer le service à la demande que le mercredi et le samedi pour que les enfants puissent se rendre à des activités sportives, artistiques ou simplement se rencontrer, et le jeudi matin afin que les habitants puissent se rendre au marché hebdomadaire de Brienne-le-Château.
Le choix des taxis permet également de minimiser les coûts de fonctionnement. Pas d’achat de bus, ni de coût d’entretien. Seule l’acquisition d’un logiciel spécifique a été nécessaire pour un montant de 42 000 euros. Auquel s’ajoutent les coûts de fonctionnement estimés à 15 000 euros par an, en partie compensée à hauteur de 5 000 euros par l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs qui gère plusieurs sites de stockage dans le département). Le logiciel acheté par la CCB sert à gérer les courses, à compenser les coûts et à établir des statistiques. « Le contrat avec les Taxis dienvillois se termine dans trois ans. On fera alors un bilan. C’est encore un avantage de la souplesse du partenariat. On pourra ajuster l’offre et la demande, éventuellement tout arrêter ».
Le réseau de transport départemental des Mouettes, confié à Keolis Charente-Maritime, a lancé début janvier, un service de transport à la demande par taxis. Le réseau de transport départemental des Mouettes, confié à Keolis Charente-Maritime, a lancé début janvier, un service de transport à la demande par taxis. Logiquement dénommé Taxi Mouettes, il a été mis en place en deux temps : le 2 janvier, dans les cantons de Saint-Agnant, Aulnay, Loulay, Matha, Saint-Hilaire de Villefranche, Saint-Jean d’Angély, Saint-Savinien, Tonnay Boutonne, et le 31 janvier, dans ceux d’Archiac, Burie, Gémozac, Jonzac, Mirambeau, Montendre, Montguyon, Montlieu-la-Garde, Pons, Saint-Genis-de-Saintonge, Saintes-Est, Saintes-Nord, Saintes-Ouest, Saujon, et Saint-Porchaire.
Complémentaire du réseau de bus existant, Taxi Mouettes propose des courses de taxis à jours et horaires fixes vers une ou plusieurs villes de référence pour des usagers qui habitent en milieu rural et ne peuvent se déplacer. Le service est donc limité à certaines destinations comme les marchés principaux des cantons, les permanences des services publics, les services de santé et de loisirs, les arrêts de lignes principales de bus ou les gares. L’arrivée dans le chef-lieu de canton se fait vers 9 heures et les retours à domicile prévu vers 11 heures ou 12h30. « Nous avons travaillé pendant cinq mois avec les élus locaux qui connaissent bien leur population pour couvrir les bassins de vie », explique Jean-Paul Peyry, vice-président du département en charge de la Mobilité et des Transports.
Le coût du trajet s’élève à 2,20 euros. L’aller et retour à 3,80 euros, mais 3 euros seulement pour les moins de 26 ans.
De nouvelles solutions techniques émergent pour optimiser la gestion des places de stationnement, faciliter la vie des automobilistes, qui émettront ainsi moins de CO2. Ces innovations permettant l’identification en temps réel des places de libres sur la voirie et la transmission de l’information sur le smartphone de l’usager. Tour d’horizon. Que de temps perdu à la recherche d’une place de stationnement. Selon l’étude Sareco de 2005, en moyenne 10 % des véhicules en circulation à un instant t cherchent un stationnement. La société d’ingénierie du stationnement avait évalué Grenoble, Lyon et Paris. Et c’est une moyenne. « Cela peut aller jusqu’à 60 % dans des petites rues parisiennes, descendre à 4 ou 5 % sur les axes de transit, précise Eric Gantelet, président de Sareco. La valorisation de la nuisance au niveau national est de l’ordre d’un milliard d’euros par an pour près de 10 millions d’heures perdues par an. » Les automobilistes parisiens le savent tous : passer quinze minutes à chercher une place n’a rien d’extraordinaire. Un cauchemar auquel ils vont peut-être échapper dans quelques années avec le développement de tous nouveaux systèmes de gestion dynamique des places de stationnement sur voirie. Informé en temps réel, l’usager peut se diriger directement vers l’emplacement disponible.
Une invention qui n’a rien de saugrenu car bien sûr ces véhicules qui tournent en rond polluent copieusement. Mais aussi parce qu’elle permet une gestion fine du stationnement, par catégorie d’usagers, et une optimisation de l’utilisation des places. D’autant que, paradoxalement, plus les voitures bougent, moins il y a de circulation ! C’est la démonstration qu’a faite en 2003 JMJ Conseil dans une étude sur l’impact des politiques de stationnement sur la circulation et l’environnement, pour le Prédit. « Le critère le plus important est celui de la rotation rapide des voitures, y est-il précisé. Si l’on admet que l’essentiel de la consommation de carburant dans les centres-villes, se fait dans les derniers mètres, lorsque le conducteur tourne à la recherche d’une place, plus le taux de rotation des véhicules est rapide, moins cette distance est longue et donc moins forte est la pollution de l’air. » Avec une bonne rotation, la distance finale est en effet ramenée de 1 600 à 400 mètres, soit une différence de 6 300 véhicules par km et une économie d’énergie de 180 tonnes de pétrole par an, la pollution étant elle aussi divisée par quatre.
La première motivation des villes sera peut-être de mieux faire rentrer l’argent du stationnement dans les caisses. Ainsi ce n’est sans doute pas un hasard si le premier système déployé à grande échelle, celui de Streetline à San Francisco (voir page suivante) est proposé par un fabricant d’horodateurs. L’orientation de la surveillance est en effet un autre des atouts des systèmes de suivi en temps réel de l’occupation de l’espace. En France, la première expérimentation s’est déroulée à Lyon début 2009, sous l’égide du Prédit (Optisur : optimisation de la surveillance et du contrôle du stationnement de voirie), en partenariat avec Parkéon et Lyon Parc Auto. Un système d’analyse de présence des véhicules et de calcul de la durée du stationnement grâce à des capteurs (fabriqués par C-Zam) noyés dans la chaussée tous les 2,5 mètres sur quelques dizaines de mètres. Libre à l’exploitant ensuite de transmettre ou non l’information via Internet, panneaux d’affichages en ville ou smartphones aux automobilistes pour les guider ou bien aux services de contrôle pour les PV…
« Le système a montré qu’il était opérationnel. C’est très utile pour garantir la rotation des véhicules sur les places à durée limitée, type stationnement minute ou emplacement de livraison », raconte Lionel Vernerie responsable marketing parkings France de Parkeon. Par ondes radio, le capteur transmet en effet l’information à une borne sur laquelle un voyant vert ou rouge indique à l’automobiliste s’il a dépassé la durée autorisée et « c’est très dissuasif », estime-t-il (voir encadré). Suite au pilote lyonnais, Parkeon développe un produit qu’il espère commercialiser en 2011, dont le concept a été présenté au dernier salon Intertraffic d’Amsterdam. « Les capteurs ont atteint un faible coût, poursuit-il. La technologie a de l’avenir car on a de plus en plus besoin de gérer l’usager et son véhicule de façon individuelle. »
Depuis juin, la société toulousaine Lyberta expérimente sa solution développée fin 2009 sur 4 places d’une rue de Toulouse. « Le plus de notre produit, c’est son capteur différentiel développé par le CNES qui détecte les variations de champs magnétiques avec une grande finesse, explicite Patrick Givanovitch, son directeur général. La 2e innovation, c’est le protocole de rang : tous les capteurs communiquent entre eux par RFID et si l’un tombe en panne, il est remplacé automatiquement par le suivant. » L’information est réactualisée toutes les 10 secondes et diffusée aux clients sur leurs smartphones ou par SMS pour les possesseurs de mobiles plus classiques.
En y associant des badges dans les voitures, une option non indispensable mais bien pratique, il est possible de dématérialiser totalement le paiement, de faire payer à la minute et de débiter l’utilisateur en fin de mois. La fonctionnalité du système étant avérée, il sera déployé sur une cinquantaine de places et avec 100 badges fin novembre. L’aéroport de Blagnac serait également intéressé, ainsi que Nice, qui projette d’instaurer le stationnement intelligent « afin de fluidifier la circulation » précise-t-on à la communication de la ville. Le coût ? Environ 100 euros le capteur, mais le modèle économique reste à préciser : il est probable que les collectivités demandent un prix du km linéaire. Le système de Lyberta est filaire, il faut donc une fine saignée de 6 cm de profondeur dans la chaussée, mais les capteurs sont ensuite alimentés par l’électricité de la ville. Un système « préféré au Wifi car il n’a pas besoin de piles qui sont polluantes », poursuit Patrick Givanovitch. Thierry Cotelle, vice-président de la commission Développement économique à Toulouse espère lui aussi « fluidifier la circulation et faciliter le stationnement aux résidents ou aux livreurs notamment. L’important, c’est aussi l’usage social que l’on fait de la technologie ». Technologie émergente oblige, aucune recherche n’a été faite sur le sujet. Mais « d’une façon générale, elle est intéressante si elle apporte un vrai service à l’usager sans porter atteinte à l’équité spatiale et sociale, note Danièle Vulliet, chargée d’études stationnement au Certu. Attention par exemple au fait qu’à peine 20 % de la population détient un smartphone. »
De son côté, SmartGrains est une start-up parisienne qui démarre fort. Sa solution repose sur des capteurs électroniques autonomes en forme de mini-soucoupes. « Sans fil, sans travaux, fixés à la colle chimique, on peut équiper 1 000 places en une semaine » détaille Cédric Gepner, l’un des trois cofondateurs. Ils détectent eux aussi les variations de champs magnétiques en 3 D et communiquent l’information « libre/occupé » à une console de gestion. Premier marché visé, celui des parkings publics, de centres commerciaux et d’hypermarchés. Après un démonstrateur aux Halles et à Levallois-Perret, début 2011, SmartGrains équipera 50 allées et 3 000 places de surface du parc de Vélizy 2 « dans lequel il n’est pas rare de tourner 30 minutes », et l’information sera donnée dès la bretelle d’autoroute. Sur la voie publique, c’est à Issy-les-Moulineaux que le pilote de 300 places sera opérationnel le 25 novembre, avec Vinci Park, exploitant des parcmètres isséens et SFR (SmartGrains ayant remporté le concours SFR Jeunes talents Innovation 2010). « L’application est uniquement centrée sur le guidage sur iPhone, même si elle permet aussi de cibler le contrôle et d’exploiter les données des historiques pour les PDU », commente Cédric Gepner. Côté tarif, les associés restent discrets, mais envisagent de cofinancer l’installation en échange d’un partage des revenus d’exploitation.
Bien que prometteurs, ces systèmes « ne doivent pas se substituer à une politique de stationnement réglementé », souligne Danièle Vulliet. Et il faudra rechercher le bon équilibre sous peine d’un résultat contre-productif. « En diminuant le nombre de voitures qui cherchent une place, on réduit les émissions de gaz à effet de serre. Mais savoir qu’il va trouver facilement à se garer peut encourager l’usager à utiliser sa voiture… » Quoi qu’il en soit, il est parti pour se développer. Le secrétaire général de la FNMS, Edouard Lecomte, relève que l’adoption, cet été, de la directive ITS par le parlement européen, « obligera à terme à mettre des systèmes d’information à disposition des utilisateurs des services de la mobilité ». La Commission doit, dans les sept ans, adopter des spécifications fonctionnelles et techniques, qui permettront l’interopérabilité et la continuité des solutions ITS en Europe. Il est également temps pour ces systèmes de s’interfacer plaide Edouard Lecomte. « On ne peut plus concevoir que chacun fasse son truc dans son coin : il y a les services à la mobilité des transports publics, ceux des automobilistes, du stationnement… L’enjeu pour tous les acteurs de la mobilité, c’est qu’ils communiquent tous entre eux. »
L’enjeu des gares françaises n’a pas généré le débat qu’il aurait mérité. Elles sont loin de remplir les services qu’on attend d’elles. La plupart sont inadaptés aux défis de demain. Jean-Claude Favin Lévêque propose des solutions radicales pour réhabiliter la gare. Les gares ferroviaires voyageurs semblent un non-sujet dans le grand débat sur la révolution du transport des décennies à venir. Dans l’avant-projet de schéma national des infrastructures de transport (Snit) récemment publié par la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer vie, elles sont totalement absentes (hors l’accessibilité des personnes à mobilité réduite). Quant au discours officiel de la SNCF, il apparaît franchement décalé, intellectualisant « la ville dans la gare », mettant en avant des projets de cabinets médicaux, de salons de coiffure et autres services de la vie quotidienne, ce qui laisserait supposer que les fondamentaux du voyage sont satisfaits pleinement et durablement. Il faut reconnecter avec la réalité qui est bien différente : les gares françaises, maillon essentiel de la future chaîne de transport, sont loin d’être prêtes.
Le rapport de la sénatrice Fabienne Keller, remis au Premier ministre le 10 mars 2009, avait lancé une première alarme. Un demi-siècle de défaut d’investissements dans ce secteur nécessitait un rattrapage chiffré à plus de 8 milliards sur 10 ans. Approche d’urbaniste, il ciblait l’aménagement des quartiers de gares (sujet incontestable en lui-même) et négligeait l’aspect transport. La gare y était abordée comme bâtiment voyageurs et non dans son rôle de centre de production au service des entreprises de transport. Constatons que le ferroviaire n’utilise que le seul mot gare, alors que l’aérien distingue aérogare (terminal voyageurs) et aéroport, système dont le premier n’est qu’un élément. A défaut d’autres mots, le bâtiment voyageurs (qui reste du langage de cheminot) renvoie à l’aérogare et la gare à l’aéroport – il faudrait parler de « ferroport » –, ensemble englobant le faisceau de voies (équivalent des pistes et taxiways), les voies et quais voyageurs (les portes et salles d’embarquement), les installations industrielles, les stationnements, le poste d’aiguillage (la tour de contrôle). Malgré ses défauts, ce rapport portait un message juste : Les gares françaises étaient inadaptées aux besoins créés par le développement du ferroviaire et de la multimodalité que la politique européenne de transport et le Grenelle de l’environnement français promouvaient.
Les gares françaises ont à faire face à quatre défis. Le premier est celui de la capacité des grandes gares. La plupart sont dès aujourd’hui saturées, ce que tout voyageur empruntant les gares parisiennes, celles de Lyon-Part-Dieu, Bordeaux ou Toulouse peut facilement vérifier. Elles sont incapables d’absorber la croissance forte de trafic annoncée pour les vingt ans à venir. Pour le seul trafic TER, une multiplication par 4 est envisagée d’ici 2030. Dans cette hypothèse, la gare de Poitiers accueillerait le trafic actuel de Bordeaux et Lille-Flandres, celui de la gare du Nord ! Le mot capacité recouvre d’ailleurs deux notions différentes. La première est celle du plan de voies (les voies et quais pour le voyageur), déterminant le nombre de trains départ et arrivée. La deuxième est celle du bâtiment voyageurs, qui doit absorber des flux de personnes entrant et sortant et « stocker » celles en attente (salles d’attente, restaurants et cafés, commerces, quais). Ces flux sont aujourd’hui augmentés et complexifiés par l’intégration des multiples transports collectifs (bus, métro, tram) qui convergent vers la gare.
Le deuxième est celui de la couverture du territoire et de l’accès donné ainsi au réseau ferré. Il y a 3 000 gares en France, en comptabilisant toutes les stations, des très grandes gares aux haltes TER. Mais leur répartition sur le territoire remonte majoritairement à une SNCF d’avant-guerre, desservant un monde rural et où la vitesse de référence restait les 100 km/h. D’une part, le ferroviaire est aujourd’hui au service d’un milieu urbanisé, où les TER relient des hubs multimodaux. D’autre part, la référence temps/distance est donnée par la grande vitesse. Il y a là de quoi remettre en cause notre paysage historique. Enfin, la dimension européenne permise par la grande vitesse et l’ouverture va vraisemblablement amener l’apparition de très grands hubs ferroviaires, espacés de 300 à 500 km. Dans cette vision, Strasbourg a un grand avenir de carrefour de l’Ouest-européen et de porte ferroviaire vers l’Est. Paris et sa mosaïque de gares saturées apparaît bien mal armée pour l’avenir et plus particulièrement accueillir les compagnies concurrentes de la SNCF.
Le troisième défi est celui du modèle économique. Les gares n’ont toujours été qu’un poste de coûts pour l’entreprise nationale. Celle-ci n’a pas aujourd’hui les ressources financières pour assurer leur futur. Pourrait-on imaginer le développement d’Aéroport de Paris à la charge d’Air France ? Dans ce contexte, il faut imaginer et mettre en place un nouveau modèle économique. Il apparaît à l’évidence que les grandes gares peuvent entrer dans un schéma d’entreprise, où le fonctionnement et le développement sont financés par le trafic et les activités annexes qu’il génère. Les petites gares ont par nature un bilan coût/recettes totalement déséquilibré.
Le quatrième, enfin, est celui de l’ouverture à la concurrence. Cela pèsera sur l’infrastructure car la concurrence est plus consommatrice d’espaces. Mais c’est surtout une révolution culturelle et organisationnelle que d’accueillir des compagnies rivales dans une même infrastructure monopolistique par nature et conçue dans cette optique.
Comment aborder ces défis ? Quelles structures, quelles responsabilités ? La SNCF a tardivement créé la branche Gares & Connexions (G&C) sous la pression des règlements relatifs à l’ouverture à la concurrence. Mais dans la pure tradition cheminote de la rubik’scube organisation, la gare a été « saucissonnée » par les métiers : le plateau de voies est sous l’autorité de la Direction des circulations ferroviaires (DCF), l’exploitation opérationnelle sous celle des transporteurs (TGV, TER, Transilien) et le bâtiment voyageurs revient à G&C. La vision globale et transverse est rendue impossible par ce découpage. La DCF n’est pas « intéressée » à l’augmentation du nombre de trains. Les transporteurs ne voient pas d’un bon œil des évolutions d’espace, créatrices de capacité d’accueil de leurs concurrents. G&C, dans l’esprit du rapport Keller, s’est replié sur le bâtiment et l’urbanisme du quartier de la gare. Personne ne porte une vision du « ferroport » qui intègre toutes les fonctions utiles aux compagnies : accueil voyageurs, gestion des circulations, stationnement et garage des rames (quais et voies annexes) et enfin celles d’assistance recouvrant des services aussi diversifiés que la maintenance, la logistique ou l’avitaillement. Dans ce monde kafkaïen, le nouvel entrant ira parler avec la DCF, terre d’aiguilleurs, de voyageurs pour le choix de ses quais puis avec son concurrent SNCF pour la gestion de son information-voyageurs. Bon courage à eux car il était difficile de faire plus compliqué !
Pour parfaire cette balkanisation, une ligne invisible découpe la gare en puzzle cadastral puisque la propriété de l’ensemble, et donc les responsabilités afférentes, est partagée entre Réseau ferré de France (RFF) et la compagnie nationale. Il est donc naturel de ne pas trouver les gares dans l’avant-projet de Snit. Tous ces acteurs, SNCF, RFF, DCF, G&C, TGV, TER sont plus préoccupés de leurs territoires respectifs que de stratégie des gares. Aucun n’a pour ambition de répondre aux questions posées ci-dessus. Aucun n’est même légitime pour le faire. D’ailleurs, qui l’est en France ?
A l’heure du renouveau du chemin de fer et plus généralement des transports collectifs urbains, les gares ont pourtant un rôle essentiel à jouer. Elles ont été négligées trop longtemps. Il est temps que le surf communicationnel laisse la place à la réflexion stratégique. Il faut commencer par une véritable étude sur le devenir des gares dans le renouveau ferroviaire. L’approche doit couvrir le concept de « ferroport » allant du quartier de gare aux installations ferroviaires et industrielles les plus reculées. Elle doit être prospective, stratégique, transverse, globale et couvrir non seulement les investissements mais également les principes d’organisation : réglementation, propriétés, modèles économiques, acteurs autorisés, gouvernance.
Cette étude préparera les choix relevant du niveau politique, c’est-à-dire :
– Le cadre réglementaire qui fixera les structures, le périmètre du service public, le positionnement et les responsabilités des acteurs publics ou/et privés, le ou les modèles économiques.
– Le schéma national d’aménagement des gares qui viendra naturellement prendre sa place au sein du Snit.
Pour ma part, j’apporte au débat les propositions suivantes :
– La création d’une société anonyme (Gares de France), filiale commune de SNCF et RFF, actionnaires majoritaires au nom de l’Etat, et au capital ouvert aux investisseurs. Cette société prendrait la propriété des grandes gares dans un modèle similaire à celui d’Aéroport de Paris et dans une logique entrepreneuriale. Elle porterait le savoir-faire français à l’export avec la capacité d’investir dans des projets extérieurs ou de prendre la gestion de gares dans le monde.
– Le transfert de la propriété des autres gares aux régions qui pourraient en déléguer l’exploitation opérationnelle à des acteurs autorisés (Gares de France ou des entreprises de transport).
La SNCF ne peut plus aujourd’hui porter seule la politique des gares. Elle n’en a pas la légitimité dans un contexte de concurrence. Elle n’en a pas les ressources économiques. Elle n’en a pas le pouvoir car le sujet déborde de son domaine de responsabilité et touche d’un côté au périmètre de RFF et de l’autre à celui des collectivités territoriales. Il est temps que la France pense à ses gares et décide de sa politique en cohérence avec son ambition de transport.
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