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Ewa

La SNCF est revenue dans le vert en 2016

Après avoir affiché plus de 12 milliards d’euros de pertes en 2015 (mais principalement dues à des dépréciations d’actifs), la SNCF fait son retour dans le vert… class= »western rtejustify » style= »margin-bottom: 0cm; line-height: 150% »>
en enregistrant un résultat net de plus de 567 millions d’euros en 2016. Pourtant, l’année a été difficile, marquée par un rude contexte économique, les grèves, les attentats, les inondations et une crise dans l’acier et les céréales, qui ont plombé l’activité à hauteur de 700 millions d’euros, rappelle la SNCF.

La marge opérationnelle à 4,1 milliards d’euros a reculé du fait de « la baisse de la rentabilité des activités ferroviaires voyageurs ». Pour résister à la concurrence et se mettre au diapason du low cost qui s’est diffusé dans les transports, la SNCF a en effet décidé de maintenir sa politique de petits prix.

Pour rester dans les clous, le groupe ferroviaire affirme avoir réalisé 825 millions d’euros de gains de productivité. Notamment via des économies dans la politique d’achat ou des serrages de vis dans la production. « Grâce à une forte réactivité sur le plan commercial et à une maîtrise exemplaire de nos charges, nous affichons un résultat positif », commente Guillaume Pepy, le président du directoire de SNCF.

Le chiffre d’affaires atteint lui 32,3 milliards d’euros en hausse de 2,8 % (mais en régression de 1,5 % à périmètre et change constants). Le trafic TGV a fortement souffert à l'international : Eurostar recule de 8,9 % et Thalys de 8,2 %. En revanche, le trafic domestique augmente de 1,9 % hors effets des grèves. "Les prévisions 2017 tablent sur un redémarrage de 2,5 à 3 %", assure Guillaume Pepy. Côté gares, le revenu de concessions commerciales affiche une hausse de plus de 8 %.

Un tiers du chiffre d’affaires est désormais réalisé à l’international. L’activité est tirée par SNCF Logistics qui se développe notamment en Europe (et représente désormais 30 % du chiffre d'affaires du groupe) et par Keolis, qui a renforcé ses positions en Allemagne, Angleterre ou encore en Australie

12 400 recrutements ont été effectués en 2016 par le groupe, mais au final les effectifs sont restés stables, affirme la SNCF, puisque, si 2200 emplois ont été supprimés au sein du GPF, plus de 2000 ont été créés dans les filiales. 

Durant toute l’année 2016, les investissements se sont poursuivis à un niveau très élevé (8,6 milliards d’euros), dont 93 % en France et 83 % dans le ferroviaire. Le seul programme de renouvellement a atteint 2,8 milliards avec près de 1100 km de voies renouvelées. En 2017, il est prévu de porter les investissements à 9 milliards. Le groupe veut accélérer son offre porte-à-porte, amplifier les innovations digitales et poursuivre son développement à l’international en augmentant sa part dans le chiffre d’affaires de 2 à 3 points.

L’avenir s’annonce toutefois compliqué à anticiper, entre les incertitudes sur l’évolution des péages ferroviaires (l’Arafer vient de rejeter les propositions de SNCF Réseau pour 2018) et sur l’exploitation des futures lignes à grande vitesse, Tours-Bordeaux et Bretagne-Pays-de-Loire (qui vont générer des pertes de 90 millions d'euros entre juillet, date de leur mise en service, et fin décembre, essentiellement sur la ligne nouvelle Tours-Bordeaux).

 

Côté positif, il faudra aussi prendre en compte la baisse de la CST (Contribution sociale territoriale) qui pèse sur l’activité TGV et qui est appelé à diminuer de 250 millions d’euros cette année (et 420 millions sur six ans). Et l’avenir dira si c’est positif ou négatif, il faudra aussi faire avec la concurrence qui va bientôt pointer son nez dans le transport régional et peut-être aussi prochainement dans les Intercités. 

 

MHP

 

Un départ sur 3 n’est pas remplacé

12 400 contrats de travail ont été signés avec la SNCF l’an dernier. La moitié dans la branche ferroviaire (dont un peu plus de 3000 avec SNCF Réseau, environ 3000 à SNCF Mobilités). L’autre moitié des embauches a été réalisée pour les autres activités du groupe.

Dans le groupe ferroviaire, on compte 1800 à 2000 départs non remplacés. Soit un départ sur 3 pas remplacé.
Du fait des résultats positifs présentés par l’entreprise, 350 à 400 euros seront versés par agent dans le cadre de l’intéressement.

 

Quelques chiffres

13,5 millions de voyageurs transportés quotidiennement en France et partout dans le monde

8,3 milliards d’investissements dont plus de 90 % en France et dont plus de 80 % pour les activités ferroviaires

16,4 milliards d’achats auprès de 31000 fournisseurs dont les 3 quarts sont des petites et très petites entreprises, permettant de créer ou maintenir 164 000 emplois chez ces fournisseurs

La sécurité a progressé selon la SNCF qui insiste sur le fait que le nombre d’ESR (Evénement remarquable de sécurité) a reculé de 21 %, « soit la plus forte baisse depuis 15 ans ».

Le nombre colis suspects a doublé entre 2014 et 2016, faisant perdre 275 000 minutes.

Ewa

L’Arafer dit non aux péages prévus par SNCF Réseau en 2018

Le gendarme du ferroviaire a indiqué le 8 février avoir « rejeté les péages présentés par SNCF Réseau pour l’horaire de service 2018 » Selon l’Autorité, « le nouveau barème de redevances ne répond pas aux exigences de la réglementation, en particulier européenne, et méconnaît les engagements pris il y a deux ans par le gestionnaire des infrastructures de réformer sa tarification. »
L’Arafer préconise d’appliquer une facturation à la tonne-km ou à la « silhouette » (c’est-à-dire par type de train), comme c’est le cas dans la plupart des pays européens, alors que la tarification retenue par SNCF Réseau est basée sur le train-km qui présente le risque de discrimination entre les entreprises ferroviaires puisqu’elle ne « reflète pas fidèlement le coût direct d’utilisation du réseau ».
De plus, les majorations tarifaires envisagées par SNCF Réseau ne sont pas suffisamment justifiées et risquent de nuire à certains opérateurs, estime l’Arafer.
Elle a de plus ouvert une procédure en manquement à l’encontre de SNCF Réseau qui a modifié en 2017 les conditions d’accès au réseau ferré. Le régulateur veut vérifier que ces nouvelles règles du jeu sont conformes avec la réglementation.

Ewa

« 60 % de notre activité est en négociation cette année »

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Entretien avec Frank Lacroix, directeur général de TER.

Confronté à la baisse du trafic voyageurs et au mécontentement croissant des régions, le nouveau directeur général arrivé il y a un an à la tête de l’activité TER expose ses projets : renverser la tendance en baissant la facture pour les régions. Il vient de signer une convention exemplaire à ses yeux avec Grand-Est. Mais doit maintenant convaincre les autres, notamment Paca, de suivre le même chemin. En attendant l’arrivée de la concurrence.

  Ville Rail & Transports. Quel est le bilan de l’activité TER en 2016 ?
Frank Lacroix. 2016 se situe dans la continuité des années précédentes : entre 2012 et fin 2015, le trafic a reculé de 4,4 % en cumulé. Cette tendance s’est poursuivie si on fait abstraction des jours de grèves qui ont aggravé la situation l’année dernière. Mais avec le plan de relance que nous avons mis en place, nous ressentons les premiers bénéfices : les chiffres sont encourageants depuis septembre. En novembre et décembre, nous avons engagé un accompagnement marketing en ciblant à la fois les abonnés (avec des tarifs particuliers, des remises sur abonnements) et les occasionnels (avec des prix ronds). Plutôt que de continuer à perdre des voyageurs (cette perte atteindrait 7 % entre fin 2015 et 2020 si nous ne faisons rien), notre ambition est d’en gagner entre 5 et 10 %.
Pour atteindre cet objectif, nous devons nous mobiliser sur la qualité de service. Car les raisons pour lesquelles nous perdons des voyageurs ne sont pas seulement liées à la concurrence des autres modes ou au faible prix du carburant.

VR&T. Comment expliquez-vous cette désaffection des clients et le mécontentement des régions ?
F. L. La dérive existe depuis un bon moment : nos coûts augmentent et nos clients se détournent de nos offres. Je comprends parfaitement le niveau d’attente de nos clients. Et les régions ne peuvent supporter une dérive des coûts permanente. Si nous ne faisons rien, les autorités organisatrices paieront 14 % de plus pour un service identique. Dans le même temps le nombre de voyageurs déclinera et la perte de productivité sera de l’ordre de 23 %.
D’où l’intérêt du plan de transformation que nous avons souhaité coconstruire avec les autorités organisatrices. Les régions ont changé de taille, leurs responsabilités sont plus grandes puisqu’elles sont chargées de la mobilité sur leur territoire. Le transport ferroviaire n’est donc plus qu’un élément de la mobilité, il n’est qu’une pièce du puzzle.
Faire partie d’un grand groupe est une opportunité formidable de croissance.
Il faut donner toute la priorité aux trains du quotidien et réaliser les transformations appelées de ses vœux par Guillaume Pepy. C’est la mission qu’il m’a confiée et qui se traduit par le plan CAP TER 2020. Tout le monde est mobilisé dans l’entreprise et pas seulement les 28 000 collaborateurs de TER.
SNCF Réseau doit y contribuer aussi. Car une grande partie des difficultés, des retards, vient des problèmes d’infrastructures. Le contrat de performance est un des éléments de réponse, ainsi que tout le process industriel qui va se mettre en place.
Notre plan de transformation doit aboutir à ce qu’en 2020, nous soyons les meilleurs du marché pour que les clients aient envie de nous choisir.

VR&T. En quoi consiste ce plan ?
F. L. Le plan de transformation que j’ai présenté il y a quatre mois repose sur trois grands chantiers. D’une part notre offre doit être mieux ciblée. On ne peut pas « traiter » de la même façon la desserte des territoires périurbains, celle des territoires ruraux ou encore les liaisons entre deux grandes villes. C’est ce que nous faisions jusqu’à présent. Or, la desserte des territoires n’a rien à voir avec le mass transit par exemple. Nous avons retravaillé nos concepts d’offre, nous les avons rationalisés et désormais, nous proposons une offre segmentée et adaptée à chacun.
En juillet prochain, nous aurons une application très concrète de ces principes en Bretagne où nous avons revu notre offre TER en lien avec l’arrivée du TGV. Nous proposons ces concepts aux régions qui peuvent chacune les décliner selon leurs caractéristiques. Nous mettons aussi en place des accompagnements marketing.
Le deuxième chantier concerne la transformation numérique du TER. En fin d’année, nous allons déployer notre CRM [outil de gestion de la relation avec les clients, NDLR]. Ainsi, nous disposerons d’outils nous permettant de connaître nos clients pour les suivre et leur proposer des services adaptés. Nous nous sommes également engagés en fin d’année dernière à proposer toutes nos offres via le numérique : désormais, il est possible d’acheter son billet sur smartphone. Nous allons continuer dans cette voie, et dès la fin de cette année, toutes nos offres, en particulier les abonnements, seront numérisées.
L’industrialisation de notre production constitue notre troisième chantier. Nous constatons qu’il y a autant de performances qu’il y a de régions. Nous sommes en train de réaliser une revue générale des processus de production des trains et des services pour repérer les meilleurs. Puis nous standardiserons ces process et nous les déploierons partout. Un exemple : le taux de fraude peut atteindre 18 % dans certaines régions, alors qu’il est de 7 % dans d’autres. A chaque fois, dans chaque domaine, il y a une région qui fait 30 % de mieux que les autres. Nous nous inspirerons des pratiques les plus efficaces. Une fois que nous aurons défini les grands principes, ils seront déclinés par région en fonction de leurs spécificités.

VR&T. Comment éviter la pénurie de conducteurs comme cela s’est produit en 2016 ?
F. L. 2016 a été une année particulière avec les grèves et le manque de conducteurs dans certaines régions. Nous avons réagi. Nous faisons en sorte que la gestion quotidienne de la traction soit optimisée. De plus, nous avons engagé un énorme effort en matière de recrutements : plus de 1 000 conducteurs ont été recrutés pour être formés en 2016, alors qu’il n’y en avait que 470 en 2013 et 500 en 2014. Nous en recruterons encore 1 200 cette année. Supprimer des trains parce qu’on n’a pas assez de conducteurs n’est pas acceptable. Nous devons être capables d’une anticipation plus forte via la constitution d’une réserve de conducteurs : nous disposons déjà de moyens de réserve mais nous sommes en train de voir comment nous pouvons mieux les dimensionner.

VR&T. Et comment améliorer la ponctualité ?
F. L. Le taux moyen de régularité est de 91 %. Il pourrait donner l’impression que nous sommes performants. Mais il n’en est rien. Nous devons faire beaucoup plus. Certains trains sont chroniquement en retard. Ce sont eux sur lesquels nous focalisons notre attention. Il faut les traiter en priorité.
Autre impératif : faire en sorte que les trains ne soient pas en retard parce qu’il y a eu des travaux sur la voie. Cela passe par une meilleure collaboration entre Réseau et Mobilités.

VR&T. L’annonce de ce programme n’a apparemment pas suffi pour la région Paca qui a stoppé les négociations avec la SNCF en vue de renouveler sa convention…
F. L. Dans cette région, il y a des difficultés spécifiques liées notamment au matériel et à des problèmes d’embouteillage sur le site de la Blancarde. Elles expliquent en partie des problèmes de ponctualité.
Pour en revenir aux négociations que nous avions engagées, la région a décidé de diminuer unilatéralement de l’ordre de 250 millions d’euros la facture. Or, nous étions en train de négocier avec elle pour définir une trajectoire d’amélioration des services et de baisse des coûts. Mais nous avions une divergence sur le montant de la contribution régionale pour l’année 2016, dernière année de la convention. La région a fixé unilatéralement le niveau et le prix de la convention.
La situation un peu ubuesque : Paca est pour moi une région où devrait s’appliquer mon plan transformation. Les performances ne sont pas les meilleures et le TER est plus cher qu’ailleurs. C’est l’un des sujets sur lequel on pourrait devenir plus efficace. Toutefois, il faut se méfier des comparaisons : une des raisons au prix élevé du train-km tient au fait qu’il y a beaucoup de gares à desservir : la vitesse des trains joue sur ce coût. En disant cela, je ne me défausse pas, Paca est pour moi une région prioritaire.
Je propose de m’engager sur une trajectoire financière qui prévoit l’amélioration des performances et une baisse de la contribution financière de la région. Mon ambition est d’arriver à une baisse de 5 à 10 % du coût voyageur-km. Nous allons augmenter la fréquentation de l’ordre de 7 % et donc baisser le coût voyageur-km dans l’ordre de grandeur que je viens d’indiquer. C’est d’ailleurs ce que nous allons faire dans le cadre de la convention signée avec Grand-Est. Si c’est possible dans une région comme Grand-Est qui n’est pas la moins performante, je pense que c’est possible ailleurs.
Cela ne me décourage pas de lancer mon plan de transformation pour la région Paca. Nous avons un plan à court et moyen terme pour y redresser la production des TER. Par exemple, nous allons diviser par deux le nombre de suppressions de trains et baisser les retards. J’ai d’ailleurs présenté à la fin de l’année dernière au directeur général des services mon plan détaillé. Ce plan, nous sommes en train de le déployer. J’ai même invité la région à le copiloter. J’espère qu’en apportant les preuves de notre efficacité, nous pourrons reprendre les discussions pour évoquer une nouvelle trajectoire.

VR&T. A vous entendre, la convention avec Grand-Est est l’exemple à suivre ?
F. L. C’est la première convention signée de l’ère post-transformation régionale. C’est aussi un contrat exemplaire : le niveau d’exigence très élevé de la région me convient. L’objectif de la hausse de la recette à réaliser m’engage à hauteur de la moitié. Des pénalités élevées seront appliquées si la performance du service n’est pas au rendez-vous car nous sommes vraiment engagés. Enfin, dans la convention, un article définit le cadre de la mise en concurrence : elle pourra avoir lieu à partir de 2021. Nous définirons ensemble son périmètre pour que l’arrivée de la concurrence ne déséquilibre pas le contrat. C’est un point de vue convergent de la région et de la SNCF. C’est dans l’intérêt de la région et c’est une volonté de partager.

VR&T. Quelles sont les autres conventions qui devraient prochainement aboutir ?
F. L. Cette année sera intense en termes de négociations contractuelles. Nous avons écrit beaucoup d’avenants pour harmoniser les échéances des conventions des régions qui fusionnent. En Occitanie, nous entrons dans les négociations. C’est intéressant car c’est une région qui vient d’organiser les Etats généraux du rail et de l’intermodalité. La région veut donner une place centrale au rail dans la mobilité. Elle prévoit d’investir quatre milliards d’euros pour développer les transports. L’amélioration de la qualité de la production ferroviaire est un point fondamental.
D’autres régions sont concernées par les renouvellements de convention, comme la Bourgogne-Franche-Comté ou la Normandie. En Pays de Loire, nous sommes en train d’écrire un avenant en vue de la prochaine négociation.
En Bretagne, l’enjeu est d’absorber la croissance de l’offre apportée par la grande vitesse, avec une trajectoire financière maîtrisée. Au total 60 % de notre chiffre d’affaires est en négociation cette année.

VR&T. Comment intégrer les lignes TET qui vont devenir des TER ?
F. L. On connaît les lignes TET qui vont devenir des TER : elles représentent 70 % des lignes et vont être transférées aux régions entre 2017 et 2020. Ce qui représente 10 % de volume de TER en plus. C’est l’équivalent d’une région de plus à gérer. C’est la bonne solution pour garantir la pérennité et l’intégration des Intercités dans la mobilité. Nous devrons dégager des synergies et réduire au maximum leur déficit. Nous allons engager un très gros travail avec les régions pour les intégrer, pour les optimiser. Cela dans une logique multimodale.

VR&T. Certaines régions ont d’ores et déjà indiqué qu’elles souhaitaient la concurrence… Paca ou Les Pays de la Loire, par exemple.
F. L. Les Pays de la Loire prévoient de mettre en concurrence grosso modo 10 % de l’offre. Nous proposons de procéder comme avec Grand-Est.
Mais pour l’instant, le cadre législatif qui doit autoriser l’expérimentation de la concurrence n’existe pas encore. Rappelons que l’Europe a programmé l’ouverture à la concurrence en 2023. C’est-à-dire demain.
Puisque les régions le veulent, puisque la concurrence arrive, il doit y avoir une phase de préparation. Nous sommes prêts à avancer. Ce n’est pas une petite affaire. Il faut que l’expérimentation soit utile et qu’on puisse en tirer les leçons.
Cette mise en concurrence ne me fait pas peur. Je vais mettre toute mon énergie pour que la SNCF soit en pôle position. J’espère que nous augmenterons la part du ferroviaire dans les mobilités régionales. Je ne suis pas dans la logique de dire : attention ! on va perdre des parts de marché. Au contraire, en organisant toutes les mobilités, en jouant le jeu, en aidant les collectivités à organiser mieux les mobilités sur leurs territoires, on va augmenter de façon évidente les transports publics. Le marché présente un potentiel de croissance considérable.

VR&T. Keolis se dit prêt à être candidat en cas d’appel d’offres…
F. L. Je ne crois pas qu’il puisse y avoir une compétition entre Keolis et TER. Nous avons une expertise exceptionnelle et d’énormes atouts pour l’emporter. Nous serons au rendez-vous de la compétitivité. De son côté, Keolis a une grande expertise sur la mobilité. On peut imaginer des offres innovantes dans lesquelles les opérateurs associeraient leurs forces.
Enfin, les régions aussi auront encore plus de compétence puisque lorsque la concurrence arrivera, elles auront sans doute bien avancé sur leur vision en matière de multimodalité.
Propos recueillis par
Marie-Hélène POINGT

 

Ewa

La SNCF part à la conquête des jeunes

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La SNCF a lancé le 25 janvier TGVmax, un abonnement illimité qui s’adresse aux jeunes de 16 à 27 ans. « TGVmax, c’est le pouvoir de voyager en illimité sur tous les TGV et Intercités à réservation obligatoire, vers toutes les destinations, tous les jours sans exception. Même les jours de grands départs », assure la SNCF. Mais tout de même avec une restriction : « les trains de très forte affluence, très prisés par les professionnels ne sont pas ouverts », ajoute-t-elle. Les Ouigo et les iDTGV ne sont pas accessibles avec cette carte. Un simulateur permet de visualiser les trains accessibles avec cet abonnement pendant le mois à venir.
L’abonnement est vendu au prix de 79 euros par mois. Pour son lancement, la SNCF le vend à un euro jusqu’au 28 février. Seule contrepartie, l’abonnement se fait sur douze mois et prévoit un engagement de trois mois minimum. Faute de quoi des frais de dossier de 15 euros seront prélevés. Une fois passé ce délai, l’abonnement peut être résilié ensuite à tout moment. Sinon, sa reconduction se fait tacitement.
TGVmax est totalement digitalisé : il s’achète sur un Internet et on peut annuler son voyage juste avant le départ du train choisi. Le voyage se fait en seconde classe. On peut faire jusqu’à six réservations simultanément mais on n’a le droit d’effectuer qu’un seul trajet par jour au départ de la même ville.
Le nombre de ces TGVmax mis en vente ne sera pas limité contrairement à ce qu’a déjà fait la SNCF dans le passé avec les forfaits illimités à utiliser sur le réseau des iDTGV : en janvier 2015, elle avait ainsi lancé 10 000 forfaits iDTGVMax à 59,99 euros qui étaient partis comme des petits pains. Un ballon d’essai avant ces nouveaux abonnements illimités spécifiquement dédiés aux jeunes. Un public qui a une fâcheuse tendance à se détourner des trains au profit du covoiturage et que la SNCF a bien l’intention de reconquérir avec des produits moins chers et plus simples.
M.-H. P.

Ewa

Ile-de-France : les défis de Guillaume Pepy

Guillaume PEPY - SNCF

Moderniser un réseau vieillissant et saturé tout en assurant des transports de qualité aux trois millions de Franciliens qui l’utilisent quotidiennement, tel est le défi lancé à la SNCF. Comment l’entreprise compte-t-elle relever ce challenge ? C’est la question que le Club Ville Rail & Transports a posé à son président, Guillaume Pepy. Les transports jouent un rôle important dans l’attractivité des régions. En Ile-de-France, trois millions de voyageurs utilisent les Transiliens chaque jour, dans des conditions parfois difficiles. Et si les Parisiens ont tous la chance d’avoir un mode de transport en commun à moins d’un kilomètre de chez eux, au-delà du périphérique ce n’est plus le cas que pour un habitant sur deux. La SNCF est-elle prête à relever le défi consistant à proposer des transports de qualité pour l’ensemble des Franciliens ? C’est la question que François Dumont, directeur de la rédaction de Ville Rail & Transports a posé au président du directoire de la SNCF, invité comme grand témoin du Club Ville Rail & Transports. Avant de répondre, Guillaume Pepy a dressé un état des lieux sans concession de la situation. « En France, 70 % du trafic ferroviaire se fait sur 10 % du territoire situés en Ile-de-France, alors que c’est sur cette partie que le réseau est le plus obsolète. » L’alimentation électrique de la ligne C, par exemple, a pour moitié plus de 100 ans. « Nous devons faire face aux besoins des usagers et à la nécessité de renouvellement du matériel sur un réseau en décalage entre son état et les attentes. » La SNCF conduit d’énormes travaux de régénération. Prévoyant d’y consacrer 800 millions en 2017. « Mais ces travaux entraîneront des perturbations, car il faut supprimer des trains, ralentir… Il y a une quadrature du cercle dont il faut sortir par l’industrialisation des méthodes, plaide M. Pepy. Notre défi est de moderniser le réseau de façon différente, en pénalisant le moins possible les usagers. » Mais il prévient : « La bagarre de la qualité se gagnera dans la durée. D’ici 2023, tout le matériel sera neuf ou rénové et cela changera la vie des gens. » Cela coûtera dix milliards, mais permettra un saut de confort, à infrastructures identiques. Ce changement nécessitera la remise à plat des grilles horaires. Et pour cela, le président de la SNCF prévient : « pour le RER C, par exemple, nous souhaitons que nos interlocuteurs nous aident à inventer un nouveau schéma de transport. Il faut un système ferroviaire qui se réinvente. On ne fera pas mieux avec la méthode d’aujourd’hui », assure Guillaume Pepy qui se veut confiant : « Quand on regarde ce qu’on est capable de réinventer, on peut être relativement optimiste. »
Jean-Paul Vermes, président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Ile-de-France, région qui regroupe 650 000 entreprises, insiste sur l’importance de transports efficaces. « Si la région capitale veut devenir un pôle majeur en Europe et dans le monde, il faut qu’elle bénéficie de transports de bonne qualité, permettant aux collaborateurs d’aller travailler dans de bonnes conditions en un minimum de temps. C’est pourquoi nous nous félicitons des efforts réalisés pour améliorer la situation et de la création du Grand Paris Express, d’Eole ou du tram express Nord. » Mais le président de la CCI rappelle aussi son attachement à la création de CDG Express, « nécessaire à l’attractivité touristique de la région », tout en soulignant que les entreprises sont de grands contributeurs aux financements des transports en commun, via le versement transport. « Il y a urgence à améliorer les transports franciliens, c’est essentiel pour les entreprises et si la région veut accueillir les JO et l’Exposition universelle, ces infrastructures doivent être prêtes à temps », prévient-il.
Si le président de la SNCF comprend l’impatience des usagers, il rappelle que dans la plupart des métropoles « la création de nouvelles infrastructures demande au moins 15 ans : cinq de débats, cinq d’études et cinq de travaux. Le projet Eole, prévu pour 2024, aura mis presque 17 ans à aboutir, alors qu’il bénéficiait d’un gyrophare considérable ». Améliorer le service s’avère pourtant plus urgent depuis le passage à la carte Navigo à prix unique qui a entraîné une augmentation de 7 % du trafic. Hausse qui aurait probablement été supérieure s’il n’y avait pas eu les grèves et qui serait une bonne chose… si la situation n’était pas déjà difficile. Un théorème interne à la SNCF affirme en effet qu’un pour cent de trafic supplémentaire entraîne une perte de 0,2 % de la régularité des trains. « Cela ajoute aux difficultés, reconnaît M. Pepy. Il faut mettre de plus en plus de voyageurs dans les trains, alors que cela coince déjà. » Pour répondre à l’augmentation de fréquentation, il milite pour qu’on consacre plus d’énergie à ce qui existe, en l’améliorant. « On en a sous le pied. On n’a pas assez réfléchi et investi. Il faut se retrousser les manches. La SNCF va travailler sur les systèmes d’exploitation en mettant de l’intelligence sur la commande du réseau et la régulation, ce qui permettra de faire passer un train toutes les 108 secondes là où on en fait passer actuellement un toutes les 120-180 secondes. »
« Il est nécessaire d’avoir des bons réseaux de transport publics pour assurer le développement économique, poursuit Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut). Cela permet d’assurer le bon fonctionnement de l’emploi, de réduire le chômage et d’être présent dans la compétition mondiale des métropoles. » Et il y encore une marge de progression en Ile-de-France, dans la mesure où on est encore loin des 100 % d’usagers ayant un transport en commun à moins d’un kilomètre de chez eux. Marc Pélissier de la Fnaut Ile-de-France enchaîne : « La situation des transports dans notre région est difficile. » Heureusement, il existe des points d’amélioration à court terme. Marc Pélissier se réjouit ainsi de la mise en place d’un programme de renouvellement du matériel, mais s’inquiète : « Est-on sûr qu’on aura les dépôts et les ateliers adaptés pour accueillir ces matériels et les équipes pour s’en occuper ? De même aura-t-on des conducteurs formés en nombre suffisants pour prendre en main ce nouveau matériel ? » Son inquiétude se justifie par le manque de conducteurs sur certaines lignes de RER, avec pour conséquence des suppressions de trains. « Le recrutement des conducteurs en Ile-de-France est difficile, parce que le métier n’est pas attractif et les conditions de vie dans la région pas simples, reconnaît Guillaume Pepy. Leur recrutement est une course de vitesse qu’on va essayer de gagner. » Le représentant des usagers franciliens se dit prêt à discuter de l’évolution de dessertes, mais s’interroge sur la philosophie générale, « qui semble être de dire que la desserte qui existe depuis 30 ans ne pouvait pas marcher et qu’il faut l’alléger. N’est-ce pas contradictoire avec la hausse du trafic ? » Si le passe Navigo à 73 euros par mois a entraîné une hausse du trafic, il convient de rappeler que les utilisateurs ne payent que 30 % de son coût. Ce sont les contribuables régionaux qui prennent en charge la différence, soit 70 %. « Et chaque année il y a un point de plus pour les contribuables et un de moins pour les voyageurs », assure M. Pepy. « Cela suffit ! » prévient le président de la Chambre de commerce. « Nous ne voulons pas que les entreprises soient davantage taxées. » « La nouvelle tarification avantageuse pour les abonnés est devenue incohérente pour ceux qui payent sans abonnement, remarque Marc Pélissier. Le coût de certains trajets Paris – banlieue revenant plus cher que le prix de l’abonnement hebdomadaire, et les offres touristiques sont parfois plus chères pour un titre trois jours qu’une carte Navigo à la semaine. Nous plaidons pour une remise à plat de la grille tarifaire. »
A François Dumont qui l’interrogeait sur le lissage des pointes voyageurs, le président de la SNCF confirme que « la période de concentration va de 7h15 à 8h45, avant ou après le trafic est fluide. Il serait idiot d’investir cinq milliards pour cela. Mieux vaut obtenir un étalement des déplacements ». Le faire par la contrainte étant utopique, reste la négociation avec les entreprises. Comme elles n’ont pas intérêt à voir arriver leurs collaborateurs fatigués après avoir voyagé dans de mauvaises conditions, il faudra qu’elles acceptent de négocier des horaires variables permettant d’étaler leurs déplacements. « Cela se fera, mais il faut du temps. Et il faut que cela se fasse, car si la hausse de trafic continue sur l’hyperpointe, cela va craquer. Il faut mieux répartir les déplacements », encourage M. Pepy. Outre une amélioration des conditions de voyage, le président de l’AUT attend de la SNCF une meilleure gestion des situations dangereuses. « Récemment la présence d’animaux sur les voies a entraîné un arrêt du trafic sur dix kilomètres à la ronde durant une matinée. Le problème aurait sans doute pu être géré de manière plus efficace. » Idem, pour la gestion des colis suspects, qui devrait pouvoir être traité de manière à pénaliser moins longtemps les voyageurs. Concernant la sécurité, le président de la SNCF constate : « Nous n’avons pas encore le bon mode d’emploi pour le traitement des colis suspects ou la façon de détecter les substances chimiques. » Il y aurait pourtant à faire. « Des pays comme Israël traitent quotidiennement des colis suspects par dizaine en utilisant des chiens, des robots. Tant qu’on n’aura pas les mêmes moyens en France, on aura des interruptions qui mènent au chaos. » Mais le président de la SNCF prend le problème des interruptions de trafic en considération. Tous les deux ou trois jours la circulation en Ile-de-France est perturbée par un suicide. « Le plus gros incident survenu ces dernières années s’est produit un vendredi à 18h à la gare du Nord. Il a suscité cinq heures d’interruption, parce qu’il a fallu appeler un photographe judiciaire. Cela a touché 250 000 à 300 000 personnes. Nous devons arriver à maîtriser le processus de traitement de ces gros incidents. Pour limiter la gêne des usagers. Il faut former les intervenants aux bonnes procédures, afin de limiter les temps d’intervention. » Jean Paul Vermes insiste sur la nécessité d’informer en cas de problème. « Cela permet d’éviter l’angoisse vécue par les voyageurs. Même dire qu’on ne sait pas combien de temps un problème va durer, c’est mieux que ne rien dire. » Guillaume Pepy l’admet. « Les tuyaux d’information fonctionnent, la quantité est là. Mais nous avons encore un problème de qualité. Nous souffrons notamment du fait que lorsqu’il y a un colis suspect, le temps d’interruption du trafic est inconnu. Donc la prévision de rétablissement l’est également. On est en train de réaliser des modèles de prévision tenant compte des statistiques afin de pouvoir donner des infos. » Et il faut, de plus, un système intelligent de circulation et des contrôles de commande. « Nexteo, ATS Plus, mettront plus d’intelligence dans le réseau d’Ile-de-France », assure M. Pepy
Antoine Grumbach, architecte, urbaniste, qui a étudié le mode de fonctionnement des 35 métropoles de plus de dix millions d’habitants constate : « Avant, l’espace public c’était la rue, aujourd’hui c’est le système de transport. Ce qui nous fait vivre ensemble, c’est la possibilité de se déplacer d’un point à l’autre le plus facilement possible. L’espace public, c’est le tressage de toutes les mobilités du piéton au cycliste en passant par l’autopartage… La mobilité de tous est importante, c’est là que se concentre l’identité métropolitaine. Les problèmes de précarité, d’isolement, liés au transport sont graves et ne font que s’aggraver. A Paris on est gâté en ce qui concerne la qualité des transports, les efforts sont à faire sur la banlieue. Les gares sont des points stratégiques et doivent devenir des stations-service de la vie quotidienne. » C’est pourquoi il regrette que l’on n’ait eu la volonté de faire des nouvelles gares du Grand Paris des espaces publics avec tous les services de la vie quotidienne : Pôle emploi, Etat civil, Police. « En France on a du mal à valoriser les quartiers autour des gares. On construit encore des gares comme au XIXe siècle sans valoriser le foncier, et tous les partenaires, SNCF, Stif, se renvoient la balle en disant que ce n’est pas leur problème. » L’urbaniste évoque aussi le problème du rabattement vers des gares. « Lorsque les parkings sont gratuits, ils sont pleins à craquer, quand ils sont payants il n’y a personne. » Il constate qu’il manque d’espaces pour de nouveaux modes de transport autour des gares. « Il y a dix ans il n’y avait pas BlaBlaCar, Autolib’… même la mise en place de système à câble pour arriver aux gares d’Eole pose problème. Il y a un continent à mettre en place pour travailler sur l’intermodalité qui crée des services. Il est urgent de réfléchir à un grand plan de tressage de toutes les mobilités. Aujourd’hui tous les problèmes sont traités de manières différentes, alors qu’il faudrait une approche systémique extrêmement complexe. La SNCF à un rôle à jouer et doit comprendre qu’elle est porteuse du réseau des espaces publics. » Guillaume Pepy ne dément pas. « Je n’enlève pas un mot au diagnostic d’Antoine Grumbach. La difficulté est institutionnelle. Si, dans le Grand Paris les gares ont été oubliées, c’est parce qu’elles n’étaient chez personne, donc chez tout le monde. On a vu des projets d’architectes sans service ni commerce, avec peu d’intermodalité et pas de volonté d’en faire des lieux de vie, ni d’irriguer les quartiers autour. C’était mal parti. On essaye de rattraper des projets qui ont déjà des partis pris. Au Japon le sujet aurait été traité différemment. Là-bas la gare est avant tout un lieu de vie, de ville et de services alimentée par les transports publics. En France, on a pris les choses à l’envers et on galère pour rattraper. Quand nous sommes à la manœuvre, comme à Lille-Flandre ou à Saint-Lazare, nous sommes capables de faire des gares lieux de vie, avec des commerces, un bout de nouveaux quartiers. S’agissant d’Eole, la question des gares est sur le métier, mais il y a un grand nombre d’intervenants, ce qui rend les choses un peu plus compliquées. » Antoine Grumbach l’invite à ne pas baisser les bras. « Il faut pousser à travailler ensemble. On peut réussir. » Didier Fremaux, de Transdev, apporte une touche d’optimisme : « En 1984, à Lyon, on a décidé de transformer la ligne D en ligne sans conducteur, alors que les trains étaient déjà en fabrication. S’il a été possible de faire ce changement alors que les tunneliers tournaient et que le matériel était commandé, pour les gares du Grand Paris il doit être possible de faire des modifications puisqu’on est encore dans la phase papier. On ne remet en cause que des plans, pas de la construction. C’est difficile, mais c’est sans doute possible. » Alain Krakovitch, directeur du Transilien, illustre l’importance de ne pas faire de concession quand on réalise un projet, avec l’exemple de la gare de Vert-de-Maisons, sur le RER D, en correspondance avec le Grand Paris Express. « On va faire arriver la ligne 15 dans une gare saturée, alors qu’on avait la possibilité de la mettre sur la zone de fret où il y aurait eu la place pour des bus, des commerces. Pour des raisons, notamment politiques, on ne l’a pas fait. Elle va arriver dans un endroit saturé, où on ne peut pas faire la moindre intermodalité. Il faut progresser sur la question de la responsabilité d’un projet et faire en sorte qu’il ne s’arrête pas au seul transport, mais prenne en compte la gare et ses alentours. Si on ne le fait pas lors des études, après c’est difficile à rattraper. »
Rosa-Parks – en ce qui concerne du moins les commerces – est pour beaucoup l’exemple de ce qu’il ne faut plus faire. Située en plein XIXe arrondissement de Paris, avec 150 000 personnes à moins d’un kilomètre, cette gare n’a été construite qu’avec deux commerces. « C’est un ratage complet, il y a du béton, des vitres, un sol en bois, mais le système a pris soin d’éloigner la source de financement aisé qu’est le retail. Une source de financement qui demande juste de lui laisser de la place », regrette le président de la SNCF qui constate qu’en France on a « les marchands et les centres commerciaux en horreur, par rapport au geste de l’architecte. Il est encore considéré comme ultralibéral de mettre des commerces dans des gares. Pour Rosa-Parks on a préféré faire une gare-pont à 500 millions d’euros. » Si on a du mal à mettre des commerces dans les gares, c’est aussi parce qu’il faut obtenir des autorisations administratives. Guillaume Pepy se souvient : « Lors de la rénovation de la gare Saint-Lazare, il a fallu deux ans de discussions avec les autorités, la ville et les associations de commerçants pour obtenir ces autorisations. Cela n’a pas été facile, car notre pays vit toujours sur l’idée que des nouveaux commerces tuent les anciens, alors qu’au contraire ils attirent le client. La galerie commerçante Passage du Havre fonctionne mieux depuis qu’il y a des boutiques à Saint-Lazare, parce que les gens qui font leurs courses peuvent profiter à la fois des magasins de Saint-Lazare et de ceux du Passage du Havre. » L’autre frein à l’implantation de commerces en gare est politico-idéologique. « Dans notre pays les commerces ne sont pas quelque chose dont on est fier, qu’on a envie de montrer, et sur lequel on puisse s’appuyer. Or c’est un mode de financement indispensable. L’avant-projet de gare du Nord justifie des investissements de plusieurs centaines de millions d’euros. Seuls les commerces et l’immobilier pourront apporter ce financement », prévient M. Pepy. Les voyageurs, eux, apprécient les commerces qui leur facilitent la vie au quotidien. « Il est temps de passer du transport contraint au transport accepté. Ce qui implique que les trains fonctionnent, mais aussi que les collaborateurs qui cherchent une boulangerie en rentrant chez eux en trouvent dans les gares, que l’on doit transformer en centres de vie, en minicentres commerciaux. Il faut y mettre des services comme La Poste », plaide Jean-Paul Vermes. « Je suis attaché au développement du retail dans les gares, mais également à d’autres types de service, tempère Antoine Grumbach. On peut utiliser le train pour apporter des services dans des endroits qui en ont besoin : des consultations médicales, de la formation… Les gares doivent avoir un rôle sociétal et pas seulement commercial. »
Message reçu par la SNCF qui met en place des services annexes et s’est engagée dans la création d’espaces de coworking et de tiers-lieu dans les gares. « Cela démarre doucement. Les espaces existent, mais il faudra rompre les habitudes, créer de nouvelles façons de travailler », constate le président de la SNCF qui prévoit de mettre des espaces de coworking dans 180 gares d’Ile-de-France d’ici 2017. « Mettre des services dans les gares n’a d’intérêt que si c’est industrialisé. Aujourd’hui Véligo, espaces sécurisés pour vélos, ne fonctionne pas très bien parce qu'il n’y en a pas assez. Quand aura équipé l’ensemble des 350 gares franciliennes, cela ira mieux. C’est ce qui s’est passé lorsqu’on a placé des consignes automatiques, dans les gares pour retirer ses colis. Il y en a désormais dans la moitié des gares d’Ile-de-France, soit 200 et cela donne une vision totalement différente du service », précise Alain Krakovitch.
Qu’en est-il de la connectivité sur le réseau d’Ile-de-France ? « A la différence de la RATP, nous n’avons pas de société de télécoms à qui confier l’exclusivité de la connectivité des trains. C’est l’affaire des opérateurs. Ils ont pris beaucoup de retard. En région parisienne il reste de nombreuses zones d’ombre. Nous sommes dans un plan de rattrapage qui coûtera des milliards d’euros aux opérateurs. Orange est en avance sur cette dynamique et vient de terminer la ligne Paris – Lyon en 4G. Ce qui a nécessité la pose de centaines d’antennes. SFR est juste derrière. Sur le RER C, des travaux ont été faits intra-muros pour l’équiper en 3G/4G. L’effort est en cours et la promesse client est qu’en 2020 la totalité des voyages possibles en Ile-de-France seront couverts par la 3G/4G. On n’aura pas besoin d‘un système Wi-Fi supplémentaire comme c’est le cas pour les TGV, car à 320 km le roaming se fait moins bien. Mais le Wi-Fi gratuit sera installé dans 200 gares d’Ile-de-France fin 2017 », promet M. Pepy.
Où en est l’interconnexion du Grand Paris ? « Le Grand Paris devait aussi être un projet d’interconnexions, mais la masse financière pour les 28 interconnexions, estimée à un milliard d’euros, n’ayant pas été prévue, on assiste à un ping-pong entre le Stif et le Grand Paris pour savoir qui va payer. Cela se fera. Nous sommes dans une phase de rapport de force et on peut regretter que lorsque ce projet a été chiffré, il y a eu une impasse sur les gares d’interconnexion, alors que la valeur du Grand Paris c’est justement d’assurer cette interconnexion », précise M. Pepy.

Valérie Chrzavzez-Flunkert
 

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Pollution à Paris. Plus de gratuité en cas de pic ?

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Le Stif n’a pas tardé à faire ses comptes et à réagir suite aux six jours de gratuité des transports franciliens lors des épisodes de pollution début décembre. Le 19, il indiquait que l’efficacité de la mesure paraissait limitée au regard de son coût, estimé à 23 millions d’euros. p { margin-bottom: 0.25cm; direction: ltr; color: rgb(0, 0, 10); line-height: 120%; text-align: left; }p.western { font-family: « Times New Roman »,serif; font-size: 12pt; }p.cjk { font-family: « Times New Roman »; font-size: 12pt; }p.ctl { font-family: « Times New Roman »; font-size: 12pt; }a:link { }

La mesure « n’est clairement pas soutenable financièrement vu la fréquence des pics de pollution et leur durée », affirme le Stif dans son communiqué. En effet, à partir des données annuelles d’Airparif, on peut considérer que la mesure la mesure pourrait s’appliquer de 15 à 20 jours par an, soit un coût de 60 à 80 millions d’euros.

La somme aurait pu servir à « investir pour baisser de manière durable la pollution. Avec 23 millions d’euros, le Stif aurait pu acheter 50 bus électriques qui auraient roulé 14 ans sans émettre de pollution », est-il ajouté. Enfin, la mesure est « perçue comme injuste par les associations d’usagers et son influence sur le comportement des automobilistes est négligeable ». Si l'absence de validation ne permet pas de compter précisément le nombre de voyageurs, des comptages partiels de la RATP indiquent qu'en moyenne, le réseau compterait 5 % de trafic supplémentaire.

Une extrapolation faite à partir de lignes 2, 5 et 9 du métro qui disposent de systèmes de comptages automatiques sur les rames, et où le trafic a augmenté le trafic de 3 % à 12 % selon les jours. dont la moyenne est de 5 % environ. Dans le RER A, il n'a pas été constaté d'augmentation significative. De son côté, la SNCF estime aussi à environ 5 % la hausse de fréquentation sur les autres lignes RER (sauf le B qui a subi une panne) et Transilien.

Le bureau du Stif a donc mandaté sa présidente, Valérie Pécresse, pour présenter au conseil de janvier des options « soutenables financièrement », soit en faisant appel à des financements supplémentaires spécifiques – Etat, collectivités locales – pour maintenir la gratuité, soit en substituant à celle-ci un tarif incitatif.

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Transdev engage un recours contre Ouibus

Selon nos informations, Transdev vient de saisir l’Autorité de la concurrence à l’encontre de la SNCF pour abus de position dominante. La plainte vise la filiale de transport par autocar de la SNCF, Ouibus. Elle reproche à la SNCF, société monopolistique, d’avoir recapitalisé Ouibus qui continue à multiplier les créations de lignes tout en multipliant les pertes. Transdev demande à l’Autorité de la concurrence des mesures conservatoires afin que la SNCF ne puisse plus recapitaliser Ouibus.

Le secteur du transport longue distance par autocar, libéralisé depuis plus d’un an, fait l’objet d’une compétition féroce, qui a déjà fait ses premières victimes. En quelques mois, on est passé de cinq à trois compagnies de bus. La question se pose aujourd’hui de savoir qui aura les reins assez solides pour supporter longtemps la guerre des prix. Et qui sera la prochaine victime.

En saisissant la justice, Transdev tente d’y apporter une première réponse. La filiale de la Caisse des dépôts réfléchit de son côté à restructurer le réseau de sa filiale de bus Isilines. La compagnie Isilines, qui subit également de grosses pertes (quelques dizaines de millions d’euros) devrait annoncer l’année prochaine quelles lignes elle conserve et quelles lignes elle supprime.
Marie-Hélène Poingt

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Retard. La SNCF réhausse ses conditions d’indemnisation

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« Ce sera la meilleure garantie d’Europe ! », a affirmé Rachel Picard, la directrice de Voyages SNCF, en présentant le 29 novembre les nouvelles modalités de remboursement de l’entreprise en cas de retard A partir du 1er décembre, la SNCF va rembourser tout retard de TGV ou d’Intercités à partir d’une demi-heure quel que soit le motif de la perturbation. Jusqu’à présent, elle ne s’estimait pas tenue de le faire lorsqu’un événement extérieur était en cause.
La SNCF va donc plus loin que le demande la réglementation européenne qui impose une compensation à partir d’une heure de retard. « Aucun autre de nos concurrents ne va aussi loin », se félicite Rachel Picard.
Cette nouvelle garantie ne concerne toutefois pas Ouigo, Ouibus ou iDTGV pour lesquels la réglementation européenne s’applique.
Autre nouveauté, pour simplifier les démarches, le parcours pourra être totalement digital : pour être indemnisé, le voyageur pourra demander un bon voyage sur Internet, puis l’utiliser sur n’importe quel canal de vente. Le montant remboursé, fixé au minimum à 25 % du prix du billet, augmente avec la durée du voyage.
« C’est notre façon de dire notre considération pour nos clients et de montrer que la ponctualité représente une priorité pour nous, commente la patronne de Voyages SNCF. Aujourd’hui, neuf trains sur 10 sont à l’heure. Nous sommes déjà parmi les meilleurs d’Europe. »
Elle estime que cela va pousser l’entreprise à faire davantage d’efforts en faveur de la ponctualité. Mais cet engagement risque d’être coûteux. Rachel Picard, qui refuse d’en dévoiler le coût, se borne à préciser que l’entreprise devrait rembourser chaque année 30 % de voyageurs en plus.
« Pour l’usager c’est une bonne mesure, a réagi Bruno Gazeau, le président de la Fnaut. Pour une fois, la SNCF va au-devant de nos desiderata », a-t-il ajouté.
M.-H. P.

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« Nous ne pouvons pas fonctionner avec des stop-and-go »

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Entretien avec Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau.

Cinq mois après son arrivée à la tête de SNCF Réseau, Patrick Jeantet livre ses priorités. Cet ingénieur polytechnicien de 56 ans fait siennes les priorités de son prédécesseur, Jacques Rapoport :  modernisation du réseau, industrialisation de la maintenance, développement de la maintenance prédictive, et bien sûr sécurité avant tout. Il s’apprête à signer avec le gouvernement un contrat de performance qui définira une trajectoire sur les dix ans à venir.

  Ville Rail & Transports. Quels constats faites-vous cinq mois après votre arrivée à la tête de SNCF Réseau ?
Patrick Jeantet. Les équipes sont compétentes et engagées. Il y a un engagement fort, non seulement physique sur le terrain en cette période intense – les cheminots ne comptent pas leurs heures – mais aussi dans l’attachement à l’entreprise.
Nous menons de nombreux chantiers sous exploitation. Les mesures de sécurité sont importantes. Nous réalisons 1 500 chantiers par an, dont les deux tiers se font la nuit.
Je fais aussi le constat que les coûts de maintenance sont élevés car le réseau est ancien. Aujourd’hui, sur les 50 000 kilomètres de voies circulées du réseau, on compte 5 000 km où les vitesses sont limitées, en augmentation de 600 km/an. Il faut inverser cette tendance. Pour remettre le réseau en état, à la cadence actuelle, il faudra – au moins pour la partie voies –, dix à 15 ans.
En ce qui concerne la signalisation, dont l’âge moyen atteint 24 ans, nous sommes écartelés entre des technologies de différentes périodes, allant de 1930 à 2016. Des équipements qui datent du début du XXe siècle coexistent avec les dernières technologies informatiques ce qui implique d’avoir des agents ayant des connaissances et des savoir-faire multiples. C’est une gestion compliquée car cela touche à la formation et à la transmission de ces savoirs qu’il ne faut pas perdre au sein de l’entreprise.

VR&T. Votre stratégie s’inscrit-elle dans le droit fil de celle déjà définie par votre prédécesseur, Jacques Rapoport ?
P. J. La priorité numéro un aujourd’hui est de maintenir et rénover le système ferroviaire. Cette année, nous allons investir 2,6 milliards d’euros en régénération sur le réseau. Cet effort représentera trois milliards en 2020. Il devrait être inscrit dans le contrat de performance que nous signerons avec l’Etat avant la fin de l’année.
La sécurité demeure bien évidemment le fondement de nos actions.

VR&T. Quelles sont vos autres priorités ?
P. J. Dans le domaine de la signalisation, nous avons deux grands projets d’ERTMS, un sur la ligne Paris – Lyon, qui nous fera gagner en capacité et un autre sur l’axe Marseille – Vintimille.
En Ile-de-France, Nexteo est un projet majeur. C’est un système similaire à celui utilisé dans le métro. Il va être adapté au ferroviaire lourd. Cette innovation est une étape qui nous permettra d’arriver au train automatique. On peut penser que les premiers trains autonomes circuleront en banlieue dans 10 à 15 ans. C’est stratégiquement important pour la SNCF et son positionnement à l’international.
Un autre grand sujet concerne l’industrialisation de la maintenance. Il y a quelques années, nous avions un train-usine, ou « suite rapide ». Maintenant, nous en avons trois et nous allons en avoir un quatrième pour la zone dense en Ile-de-France. Un train-usine offre une productivité entre trois à cinq fois supérieure aux méthodes classiques de renouvellement. Nous voulons aussi accélérer le développement des nouvelles technologies pour la maintenance prédictive. 20 000 capteurs équipent aujourd’hui le réseau. Nous allons désormais entrer dans la phase de l’exploitation des données. A partir des analyses, nous pourrons anticiper les opérations à mener grâce à la maintenance prédictive. Notre objectif est d’avoir des petits capteurs robustes et bon marché. Nous travaillons beaucoup avec des start-up dans le cadre de nos « Fab Lab », les 574, qui sont notamment situés à Toulouse, Nantes et Paris. Nous en ouvrirons bientôt un à Lyon. Nous réalisons chaque année 460 000 km d’inspection visuelle à pied et 100 000 km d’inspections vidéo et numérique. Nous pourrons en faire beaucoup plus en démultipliant ces nouvelles technologies.

VR&T. Où en est le contrat de performance que vous devez signer avec l’Etat ?
P. J. Nous sommes en train de finaliser les discussions avec l’Etat. Nous devrons soumettre le contrat pour avis à l’Arafer. Le texte fixe une trajectoire financière à SNCF Réseau, dans le droit fil des annonces faites en juin par Manuel Valls en matière d’investissement et de renouvellement du réseau. En contrepartie, l’Etat nous demande des indicateurs de qualité et de performance et des indications sur la politique ferroviaire de SNCF Réseau.

VR&T. La dette de SNCF Réseau est-elle tenable ?
P. J. Le récent rapport du gouvernement explique que SNCF Réseau va conserver son endettement et que celui-ci sera revu dans trois ans. C’est vrai qu’actuellement, nous empruntons à des taux extrêmement intéressants. Nous venons même d’emprunter à un taux négatif. Mais à terme, cela posera question. Nous payons en effet 1,5 milliard d’euros de frais financiers annuels.
Aujourd’hui, ce qui m’importe c’est d’avoir une trajectoire d’investissements dans le temps. Nous signons des contrats avec des entrepreneurs pour lesquels il est fondamental d’avoir de la visibilité. Nous avons allongé la durée des contrats pour les suites rapides qui sont maintenant de huit ans. Ainsi, nous pouvons fiabiliser nos engagements pour développer une réelle politique industrielle.
C’est la même chose du point de vue des effectifs. On ne peut pas fonctionner avec des « stop and go ». Nous devons pouvoir faire des prévisions d’effectifs. Un contrat de performance sur dix ans, avec une revoyure trois ans après, répond à cette nécessité.

VR&T. Au moment de la présentation de la réforme ferroviaire, la direction de SNCF Réseau s’était engagée à réaliser 500 millions d’euros d’économies en cinq ans. Deux ans après, où en est cet objectif ?
P. J. Il est un peu tôt pour faire un bilan. Mais nous allons parvenir à économiser les 500 millions annoncés. Près des deux-tiers seront réalisés sur les achats. Nous profitons par ailleurs d’un contexte concurrentiel favorable.

VR&T. Et comment réaliser le programme d’économies récemment annoncé par Guillaume Pepy et baptisé 4X5 ?
P. J. Ces économies porteront essentiellement sur des frais de structure. Cela passera par une analyse détaillée de chaque process. Mais les nombreux travaux de développement du réseau nécessitent plus de moyens humains.
Nous manquons d’agents sur le terrain. La réalisation des LGV a absorbé énormément de ressources propres à SNCF Réseau. Une fois ces lignes terminées, ces ressources seront redéployées. Par ailleurs, je suis en train de renégocier avec l’Etat pour augmenter nos effectifs pour les nouveaux projets de développement.

VR&T. Allez-vous contester le redressement fiscal dont SNCF Réseau fait l’objet ?
P. J. Oui. Nous le contestons auprès de l’administration.

VR&T. Comment va se boucler le montage pour réaliser CDG Express ?
P. J. Le montage de CDG Express est concessif. Il sera financé par du capital apporté par ADP, SNCF Réseau et de la dette. Ce financement de projet ne doit pas être consolidé dans les comptes d’ADP ou de SNCF Réseau. Nous pourrions d’ailleurs voir notre quote-part baisser si un autre investisseur public, comme la Caisse des dépôts, entre au tour de table. Le remboursement de la dette et la rémunération du capital se feront par les tarifs payés par les passagers du train et une taxe payée par les passagers aériens (à l’exclusion de ceux en transit). L’avant-projet doit se terminer en mars. Nous avons mené beaucoup d’études d’exploitation qui ont permis d’affiner notre investissement. Nos scénarii permettent de rendre le système plus robuste, y compris pour le RER B.
    Propos recueillis par
    Marie-Hélène POINGT
    et François DUMONT

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Bernard Roman veut donner une nouvelle impulsion à l’Arafer

Un peu plus de trois mois après son arrivée à la tête de l’Arafer, Bernard Roman a présenté le 7 novembre sa vision sur le rôle qu’il entend faire jouer au gendarme du secteur ferroviaire et routier Le successeur de Pierre Cardo a insisté sur sa volonté de donner une nouvelle impulsion à l’Arafer en ouvrant largement le dialogue avec l’ensemble des acteurs concernés et en éclairant les grands débats publics à venir.

Première concrétisation, l’Arafer va publier prochainement une étude sur l’ouverture à la concurrence dans le secteur ferroviaire et organiser un colloque sur ce thème au printemps prochain. « J'ai conscience, a-t-il déclaré lors de sa première rencontre avec la presse, que certaines questions seront sensibles, qu'il s'agisse des personnels ou de l'évolution des structures. » Car, selon lui, « certains principes issus de la réforme ferroviaire restent aujourd'hui peu compatibles avec un fonctionnement concurrentiel du secteur. Je pense par exemple à la gestion des gares, simple direction autonome au sein de SNCF Mobilités, ou au statut d’Epic de SNCF Mobilités, qui pourrait être regardé comme constitutif d'une aide d'Etat dès lors que cet établissement bénéficie de la garantie implicite de l’Etat et interviendra pleinement dans un secteur concurrentiel ». La solution proposée par les députés Gilles Savary et Bertrand Pancher de transformer SNCF Mobilités en société anonyme à capitaux publics lui paraît ainsi tout à fait « envisageable ».
L’ancien député socialiste du Nord (il a démissionné de son mandat pour devenir président de l’Arafer) a également annoncé qu’un rapport sur l’action du régulateur ferroviaire serait publié au printemps 2017, « à l’instar du rapport sur le transport routier de voyageurs ». Il souhaite aussi que la tarification du réseau soit réformée : trop ancienne, elle a été conçue en 2008, rappelle-t-il. « Les évolutions annuelles successives ont été faites selon des logiques essentiellement budgétaires (augmenter les recettes de SNCF Réseau) avec pour conséquences une perte progressive de lisibilité et une prévisibilité très imparfaite pour les opérateurs », souligne le nouveau patron de l’Arafer. De plus, selon lui, cette tarification n’est pas conforme aux principes européens de tarification. Et il rappelle qu’en septembre dernier, l’Autorité a publié le document de référence du réseau 2018, incluant une proposition de réforme.

Après la consultation publique, qui doit durer deux mois, et un dialogue « poussé » avec SNCF Réseau, le conseil d’administration du gestionnaire d’infrastructures devra se prononcer le 30 novembre sur ce projet. Reste que ce qui est envisagé ne répond pas à toutes les questions posées par l’autorité, notamment celle portant sur les majorations tarifaires proposées pour les TGV.

Bernard Roman ne comprend pas non plus pourquoi la couverture du coût direct fait l’objet d’une tarification au train-km et non pas à la tonne-km qui permettrait de rémunérer le phénomène d’usure de la voie. « Plus un train est lourd, plus il use la voie », rappelle-t-il.

L’Arafer, chargé de valider les principes de tarification, a demandé à SNCF Réseau de travailler davantage sur ces questions. De même, elle réclame la refonte de la tarification des gares. « Le principe de tarification essentiellement basé sur une logique de couverture des coûts est en effet inadapté à une régulation efficace des gares de voyageurs. Il convient d’évoluer vers une régulation pluriannuelle plus incitative », estime-t-elle.

Tout cela dans un esprit de « coconstruction » car si Bernard Roman affirme se situer « dans la ligne » de son prédécesseur en matière d’indépendance et salue le travail réalisé, il tient à « ajouter une petite donnée personnelle : l'indépendance n'exclut pas le dialogue. »

M.-H. P