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Ewa

Un accord et des couacs entre la France et l’Allemagne

Le sommet ferroviaire franco-allemand du 31 août à Berlin a certes permis de préparer des accords techniques qui doivent être ratifiés lors d?Innotrans. Mais les tensions entre la SNCF et la DB sont prêtes à resurgir à tout moment Louis Nègre, le président de la FIF (Fédération des industries ferroviaires) ne devrait pas être mécontent : les Français et les Allemands ont réussi à s’entendre. En partie… Pour les Français, la FIF et, pour les Allemands, la Deutsche Bahn avaient préparé le terrain en organisant deux « réunions de sherpas », en avril à Berlin et en juillet à Paris, comme le rappelle Jean-Pierre Audoux, le délégué général de la fédération. Réunions qui s’étaient bien passées. Cependant, les propos peu amènes échangés entre responsables ferroviaires français et allemands (pour s’en tenir à nos colonnes : interview de Rüdiger Grube, patron de la DB, réponse de Guillaume Pepy et de Dominique Bussereau) ont empoisonné l’atmosphère. Rüdiger Grube et Guillaume Pepy ont décidé de faire la paix à Rome avant les vacances. Mais le ministre des Transports allemands Peter Ramsauer ayant à nouveau attaqué début août la fermeture du marché français, et lancé un tonitruant Es reicht ! (ça suffit !), la SNCF s’est sentie trahie.
Le 31 août à Berlin, Peter Ramsauer, Dominique Bussereau, Rüdiger Grube et Guillaume Pepy ont tout de même pu discuter ensemble dans une « bonne ambiance », selon le ministre allemand. Même si, précise-t-il, cela n’avait « rien d’une discussion de salon de thé ». Dominique Bussereau, pour sa part, a trouvé le climat « gemütlich » (chaleureux). Bien plus chaud en tout cas que la réunion glaciale tant redoutée. Et, pour le secrétaire d’Etat français, la réunion a permis de « mettre de l’huile dans les rouages » et d’expliquer le contexte français aux Allemands : rapport du sénateur Grignon sur l’expérimentation de la concurrence dans le TER, renouvellement des exécutifs régionaux, trains d’aménagement du territoire, mise en place de l’Araf.
Selon nos informations, si les Français et les Allemands s’en sont tenus à un accord a minima, c’est faute d’un deal plus global, initialement envisagé, aux termes duquel les Français se seraient engagés à ouvrir le transport régional à la concurrence, tandis que les Allemands auraient appliqué la directive eurovignette.
La rencontre a débouché sur un projet de groupe de travail de « haut niveau ». Formé au niveau des ministères et secrétariats d’Etat, il s’efforcera de faire avancer la coopération sur des sujets concrets. A la FIF, on énumère : un approfondissement de l’accord de reconnaissance mutuelle des matériels, une accélération de l’harmonisation technique, des dispositions communes contre le bruit ferroviaire, le réveil de l’organisme de coopération ferroviaire Deufrako en sommeil depuis des lustres, la mise au point d’une clause de réciprocité permettant de s’assurer d’une concurrence équitable entre les industriels de divers pays, notamment asiatiques, et l’Europe, fondée sur l’ouverture réciproque des marchés. Les parties prenantes envisagent une ratification du document de travail par les ministres des Transports à Berlin lors d’Innotrans, le 21 septembre. Sont concernés : EBA et EPSF (autorités de régulation), FIF et VDB (fédérations d’industries), RFF et DB Netz (gestionnaires d’infrastructure), ainsi que Deutsche Bahn et SNCF (entreprises historiques).
Les sujets qui fâchent devaient attendre. Cependant, dès le lendemain, Peter Ramsauer, qui s’exprimait avec Rüdiger Grube devant la presse, donnait l’impression de repartir de plus belle. La France aurait selon lui « promis d’ouvrir pas à pas à la concurrence son trafic régional de passagers ». Autre doléance de la Bahn rappelée par le ministre : « l’impossibilité d’organiser des liaisons autonomes en France », à cause des restrictions sur le cabotage ou la taxe sur les locomotives étrangères. De son côté, assurait-il, l’Allemagne s’engagerait à lever les obstacles à la concurrence sur son trafic grandes lignes.
Le terme de « promesse » employé par le ministre allemand a semblé malvenu… d’autant qu’il ne correspond pas à ce qu’a dit Dominique Bussereau. Les Allemands ont en fait donné le sentiment de vouloir sortir vainqueur du sommet de Berlin, avec des annonces fortes (dont celle sur la circulation d’un ICE dans le tunnel, lire ci-dessous) qui laissent entendre qu’ils ont fait plier les Français… ce qui n’est manifestement pas le cas.
A la SNCF, où on est « un peu » exaspéré, la direction se tait, mais de bonnes âmes font observer, mine de rien, que la séparation entre gestionnaire d’infrastructure et entreprise ferroviaire est loin d’être achevée en Allemagne, et que la Commission européenne s’y intéresse de très près ; que la DB réalise, selon ses derniers résultats semestriels, 50 % de son bénéfice avec DB Netz, situation dont ne peuvent plus bénéficier les entreprises ayant mené à bien la séparation ; que la concurrence au jour le jour dans le transport régional n’est peut-être pas si équitable que cela ; ou encore que le refus allemand de voir mis en place un régulateur européen est plutôt suspect ; on imagine même que, face à des difficultés avec l’opinion publique (grave problème de climatisation cet été, problèmes récurrents de roues, situation calamiteuse de la S-Bahn berlinoise), les attaques anti-françaises permettent de détourner l’attention. En guise de dégel, c’est raté. Dominique Bussereau, germanophile convaincu, doit être peiné par cette mésentente qui ne s’éteint pas. Reste qu’il s’apprête à quitter son poste après avoir conclu un accord franco-allemand. Modeste peut-être, mais remarquable vu le climat.
 

François DUMONT et Antoine HEULARD

Ewa

La SNCF expérimente le multilot/multiclient

Le plan de Fret SNCF vise à concentrer un volume important de marchandises sur quelques grands axes et à savoir à l?avance quels moyens engager, mois par mois. Beaucoup craignent que ce plan aboutisse au report du fret sur le réseau routier La mobilisation ne faiblit pas. Le 6 juillet, des syndicats de cheminots, des associations de protection de l’environnement et des élus de gauche ont organisé un rassemblement à Paris pour demander la suspension du plan de Fret SNCF et l’ouverture d’un débat public. Le lendemain, le comité de suivi de l’engagement national pour le fret ferroviaire se réunissait au secrétariat d’État aux Transports pour faire un point d’étape. L’occasion pour certains chargeurs de redire leurs craintes sur la réorganisation du transport des wagons isolés. Certaines fédérations professionnelles du secteur industriel et des transports, en particulier la Fédération française de l’acier, le Comité des constructeurs français d’automobile et l’Union des industries chimiques, appellent la SNCF à revoir ses projets de réorganisation. Elles demandent plus précisément « un report du démarrage du multilots/multiclients » à échéance beaucoup plus lointaine. « Le communiqué de ces fédérations industrielles, qui ne sont pas les clients avec qui nous discutons, fait perdre de vue l’objet de la réforme de Fret SNCF, qui est de développer le transport ferroviaire de marchandises. Le système actuel est ruineux et inefficace, c’est pourquoi nous revoyons complètement notre offre », a déjà répondu Pierre Blayau dans un entretien aux Échos du 5 juillet dernier. Et le directeur général délégué de SNCF Geodis d’ajouter : « Au fond, il faudrait que nous subventionnions les coûts logistiques des grandes entreprises. » Même tonalité dans les propos de Sylvie Charles, la directrice de Fret SNCF, affirmant que des discussions pour réorganiser les acheminements sont en cours pour 80 % des volumes transportés (un peu moins de 300 000 wagons isolés ont été traités par la SNCF en 2009). Avec des clients du secteur de la sidérurgie et de la chimie, Fret SNCF expérimente depuis début juillet son nouveau service de multilots/multiclients sur quatre lignes : deux entre Woippy d’une part et Marseille et Lyon d’autre part ; une entre Marseille et Bordeaux, une autre entre Dunkerque et la région parisienne. Neuf plateformes sont concernées. Jusqu’alors, les clients envoyaient leurs wagons au fur et à mesure de leurs besoins, sans préavis. Le nouveau dispositif leur demande des prévisions et des engagements sur des volumes. L’engagement se fait chaque mois, quinze jours avant le début du mois. « En contrepartie, nos clients auront un retour régulier sur la localisation de leurs wagons, dans une continuité tarifaire », affirme Sylvie Charles. Un système de bonus-malus va être mis en place. Il sanctionnera les volumes non respectés de la part des clients et les retards dus à SNCF. Ce dispositif a été assoupli à la demande des chargeurs qui souhaitent que le malus s’applique à leurs volumes globaux et non point par axe. Selon Fret SNCF, l’expérimentation va permettre de tester les processus de prise de commande et la façon dont les commandes sont intégrées aux systèmes d’information. « L’un de nos objectifs est de permettre à nos équipes de bien s’installer, car elles vont devenir des gestionnaires des axes. Elles doivent s’assurer que le fret a bien été acheminé de bout en bout », souligne Sylvie Charles. Fret SNCF pense acheminer environ 200 000 wagons annuels multilots/multiclients. Des solutions sur-mesure sont aussi prévues avec des clients qui ne peuvent se couler dans la nouvelle organisation. « Ces solutions concernent des flux relativement importants ou des marchandises sensibles traités sur des sites non reliés à nos axes », explique Fret SNCF, qui s’attend à transporter 30 000 à 40 000 wagons isolés de ce type. Sur ce créneau, les prix devraient augmenter de 10, 20 ou 25 % selon les cas. « Les clients d’une même zone peuvent mutualiser leurs envois. Ils ne s’engagent pas sur des volumes mais sur une fréquence de desserte, par exemple deux dessertes par semaine. Et ils paient un forfait », souligne Sylvie Charles. Selon elle, l’expérimentation en cours a déjà buté sur quelques soucis, principalement liés à la qualité des sillons et à des inspections de sécurité sur les essieux des wagons. Celles-ci se traduisent par un nombre beaucoup plus important qu’avant de wagons réformés. « D’où un engorgement des voies. Le contexte de production est tendu pour ces deux raisons. » La bascule complète du système multilots/multiclients est prévue à la fin de l’année, si tout se passe normalement. Un bouleversement qui verra la SNCF abandonner la logique de desserte d’un réseau maillé pour passer à l’exploitation de quelques grands axes. Et qui devrait lui permettre de baisser ses coûts fixes de moitié.
 

Marie-Hélène POINGT

Ewa

Guillaume Pepy tente de remotiver ses cadres

Face à 300 dirigeants de l?entreprise, dans un climat morose, le président de la SNCF a fixé un nouvel objectif : 28 % d?augmentation de chiffre d?affaires d?ici 2015. En attendant les arbitrages de l?Elysée Des applaudissements polis, voire un clair manque d’enthousiasme, disent les plus diplomates, pour ponctuer le discours du président de la SNCF. Et pourtant, ce 5 juillet, Guillaume Pepy n’avait pas face à lui d’irréductibles opposants mais quelque 300 dirigeants de l’entreprise. Une réunion « classique », comme il s’en tient tous les six mois, dans un contexte morose. Guillaume Pepy a voulu rassurer, remotiver. Important, sans doute, au lendemain de la publication d’un long article dans l’hebdomadaire L’Express, intitulé SNCF : « Où mène la voie Pepy ? », alimentant nombre de conversations de couloir chez ces dirigeants. Une rencontre, aussi, à la veille d’un comité d’administration extraordinaire dont rien ne filtrera, chargé de faire le point sur les « plans d’affaires » de l’entreprise, branche par branche, alors que plusieurs arbitrages gouvernementaux – la convention de gestion avec RFF, la question des péages, l’avenir des trains désormais qualifiés d’équilibre du territoire – sont attendus avec impatience, voire inquiétude. Avec, également, en toile de fond la prochaine rencontre officieusement annoncée – sans confirmation ni démenti – entre Guillaume Pepy, Nicolas Sarkozy et Raymond Soubie, son conseiller social à l’Elysée. Une rencontre que l’on dit destinée à « réécrire » la lettre de mission confiée par le président de la République à celui de la SNCF lors de sa prise de fonction.
Dans ce contexte, rassurer, cela passe sans doute avant tout par l’affirmation du fait que le projet Destination 2012 n’est pas rangé dans un placard. Certes, la crise est passée par là. Il était question d’une hausse entre 2007 et 2012 de 50 % du chiffre d’affaires. Sortez les calculettes : ce chiffre atteignant les 24 milliards en 2007 devrait donc atteindre les 36 milliards en 2012, et se trouver situé dans le budget 2010 à 30,5 milliards. Face à ses directeurs d’établissement, Guillaume Pepy a cette fois évoqué l’horizon 2015 et une hausse d’ici là de 28 % du chiffre d’affaires du groupe. Ce qui le porterait à cette échéance à 39 milliards.
Pas si mal, sans doute, pour une entreprise dont son président dit qu’elle se trouve au milieu du gué, « les pieds mouillés alors qu’il pleut du fait de la crise ». Il faut donc continuer à travailler sur les organisations. Il faut également restaurer les marges. Il s’agit ainsi d’améliorer, cette année, la marge opérationnelle en réalisant 200 millions d’euros d’économies sur les charges. Et les investissements devraient être réduits à hauteur de 200 millions d’euros. Des arbitrages devront également être effectués pour les actifs, histoire de savoir ce que l’entreprise peut vendre pour continuer à acheter afin d’assurer son développement.
Sans oublier les « fondamentaux » à préserver. Guillaume Pepy a tenu à le souligner, « la mission régalienne » de la SNCF, son cœur de métier, qui représente la moitié du chiffre d’affaires, c’est le service public. Autrement dit : le Transilien, les TER, Keolis, la maintenance des infrastructures assurée pour RFF. En fait, toutes les activités contractualisées. En ce qui concerne ces infrastructures, le président de la SNCF l’a fait remarquer : il y a une tension permanente sur les moyens qui ne peut plus durer. Et il a annoncé 800 postes supplémentaires à court terme. Un chiffre à relativiser par rapport à la réduction de 400 postes prévue au budget 2010. Sur un même registre, il a estimé qu’il valait mieux faire une ligne à grande vitesse en moins et avoir un bon renouvellement du réseau existant.
Tout ceci en attendant que l’Etat règle les « récifs » qui plombent l’entreprise. Soit les péages, dont la hausse plombe en particulier le TGV, la question des Intercités, Lunea et autres Corail déficitaires, celle enfin de la surcotisation, dite « T2 », pour les retraites payées par l’entreprise, qui n’aurait plus lieu d’être depuis l’entrée en vigueur de la réforme des régimes spéciaux. Des discussions à venir, donc, alors que Guillaume Pepy l’a martelé : « Je ne suis pas là pour être aux ordres mais pour le développement de la SNCF dans l’intérêt des clients et des cheminots. Une entreprise à part entière, où l’Etat joue son devoir d’actionnaire. »
 

Pascal GRASSART

Ewa

Malgré une régularité en berne, des bonus pour les transporteurs franciliens

Le Stif, va récompenser la SNCF et la RATP pour leur « qualité de service ». Surprenant alors que la régularité n?est pas toujours au rendez-vous. Mais ce critère n?entre que pour 25 (SNCF) et 30 % (RATP) dans l?attribution du bonus C’est paradoxal : les trains et les métros franciliens sont en retard, et pourtant la SNCF comme la RATP récolteront un bonus au titre des résultats 2009. Respectivement 2,708 et 10,320 millions d’euros. L’explication est simple : les deux opérateurs obtiennent des notes excellentes sur tous les autres critères de qualité de service – information-voyageurs, fonctionnement des équipements, accueil et vente, propreté… – et compensent ainsi le résultat moyen ou médiocre de la régularité. Et ce d’autant plus facilement que cette dernière ne représente que 30 % du bonus-malus maximum pour la RATP et 25 % pour la SNCF.
Malgré tout, avec la nouvelle génération de contrats (2008-2011) liant les transporteurs au Stif, les critères de régularité pèsent davantage. « 2009 est une année charnière avec un indicateur de régularité plus proche du ressenti des voyageurs », a bien souligné Sophie Mougard, la directrice générale du Stif, en présentant ces chiffres le 28 juin. L’autorité organisatrice a en effet obtenu de haute lutte une différenciation entre les heures de pointe et les heures creuses, afin d’éviter de voir par exemple la RATP « traîner des banquettes »… Ce qui dans le jargon des conducteurs signifie faire circuler des métros quasi vides l’après-midi après une matinée calamiteuse, dans le seul but de respecter les engagements journaliers du contrat. Avec la SNCF, un avenant en ce sens a été signé dès le début de l’année. Avec la RATP, la négociation vient juste d’aboutir, après « un débat dur, long et complexe », estime Thierry Guimbaud, directeur de l’exploitation au Stif.
Son application est rétroactive à compter de janvier 2009 et se ressent donc déjà sur les résultats. Car le changement n’est pas neutre. Exemple : la ligne 13 du métro, dont le critère du temps d’attente – le seul qui existait auparavant – affiche 98,3 %, mais dont l’indicateur de production aux heures de pointe ne donne que 90,8 %. « On attend moins de 3 minutes, mais les trains restent à quai et sont bondés », explicite-t-il. La ligne la plus terrible est suivie par les lignes 1 (92,8 %), 2 (93 %) et 5 (93,3 %). Et il faut noter que seules trois d’entre elles (les 8, 10 et 14) atteignent l’objectif demandé de 96,5 %… Côté RER et SNCF, les mauvais élèves sont les lignes B (78 %), D (84,7 % et Transilien Paris-Nord (Crépy, ligne K, 77,2 %).
Le Stif souligne par ailleurs qu’il vérifie les chiffres donnés par les entreprises via des audits surprises de cabinets extérieurs, et que les résultats du premier baromètre satisfaction « confirment que les indicateurs sont cohérents avec la perception des voyageurs ». Encore insuffisant, estime toutefois la chambre régionale des comptes, qui a pointé les insuffisances du système dans un rapport de 60 pages daté du 26 mars : même si sa relation avec les opérateurs évolue positivement, « le Stif n’exerce pas encore pleinement ses compétences d’évaluation, de pilotage et de contrôle des financements versés aux exploitants », peut-on y lire. La chambre estime que « le poids du critère de régularité n’est pas discriminant » et suggère d’« envisager une augmentation sensible » de la pondération. Tout en notant un progrès : avant 2008, le critère régularité était autant valorisé que celui de l’information aux voyageurs de la SNCF, par exemple (à 22 % du bonus), donc, « si un train ne roulait pas mais que les voyageurs en étaient informés, il n’y avait pas de malus » !
C’est terminé. Les deux transporteurs se voient taxés d’une pénalité pour offre non produite : 3,52 millions d’euros pour la RATP ; 1,61 million d’euros pour la SNCF. Des sommes qui viennent en déduction du bonus qui, sur les seuls critères qualité, aurait été de 13,84 millions d’euros à la régie et de 4,318 millions d’euros côté chemins de fer. Et qu’il s’agisse de ponctualité ou de qualité, la situation est un peu moins bonne qu’en 2008, sauf pour la qualité RATP, dont le bonus atteint de 74 % du maximum contre 60 % en 2008. Le bilan est en demi-teinte, mais la directrice du Stif reste optimiste. « Là où on fait des choses, ça paye », insiste-t-elle, citant le RER D. Et puis, le système doit rester « suffisamment incitatif ». Or il l’est bien : selon la Cour des comptes, « les contributions du Stif représentent 41 % des recettes RATP et plus de 56 % des recettes SNCF ». Et l’impact du bonus-malus sur le résultat net 2008 est de 8,6 % à la RATP et de 19,6 % pour Transilien. Autre commentaire : « Des progrès devront être effectués en vue de l’ouverture à la concurrence, pour que la RATP et la SNCF soient en mesure de présenter au Stif des comptes d’exploitation par mode, puis par ligne. » Mais ça, c’est une autre histoire…
 

Cécile NANGERONI

Ewa

La libéralisation des TER, menace ou opportunité ?

P8100170

Faut-il autoriser la mise en concurrence des lignes de TER de la SNCF ? Si oui, à quelle conditions ? A quelques semaines de la publication du rapport du sénateur Francis Grignon sur les modalités de l'ouverture à la concurrence des TER (attendu pour Pâques), Ville, Rail & Transports ouvre le débat sur ce sujet, hautement sensible en France. Donnez votre avis en laissant vos remarques et commentaires. A vos plumes ! L'OUVERTURE DU TER A LA CONCURRENCE : UNE DEMARCHE « GAGNANT-GAGNANT »

Par Jean SIVARDIÈRE, président de la FNAUT
 

L’ouverture du TER à la concurrence n’est pas une notion nouvelle pour la FNAUT, qui l’avait explicitement recommandée dès 1992, lors d’un colloque qu’elle avait organisé à Tours sur le thème de « l’avenir des lignes ferroviaires régionales ».

A l’époque, ces lignes, qu’on appelait encore « lignes secondaires », étaient à l’abandon et leur déclin paraissait inéluctable. La SNCF cherchait à l’évidence à s’en débarrasser (comme aujourd’hui elle se désengage du trafic des wagons isolés et de certaines relations intercités) : matériel obsolète, horaires inadaptés, correspondances dissuasives… Et à chaque transfert sur route, une part importante de la clientèle abandonnait le transport public pour la voiture.

Le déclin des lignes à faible trafic potentiel n’avait pourtant rien d’inéluctable : en Suisse, de telles lignes étaient bien équipées et exploitées avec succès, soit par les CFF, soit par des opérateurs locaux. Un cas atypique avait aussi attiré l’attention de la FNAUT : celui de la ligne bretonne Carhaix-Guingamp-Paimpol, perpendiculaire à la radiale Rennes-Brest.

L’exploitation de cette ligne avait été affermée par la SNCF à un exploitant privé, la CFTA, intégré par la suite au groupe Connex devenu Veolia Transport. A la surprise générale, la CFTA avait sauvé la ligne d’une disparition certaine par un double succès :
– d’une part une réduction des coûts d’exploitation de plus de 20 % grâce à l’utilisation d’un autorail conçu pour être exploité par un agent unique polyvalent, à la fois conducteur, receveur et responsable du petit entretien ;
– d’autre part une hausse supérieure à 20 % du volume de la clientèle grâce à une action commerciale proche du terrain (de meilleures correspondances à Guingamp, une adaptation des horaires pour capter la clientèle scolaire).

En conclusion de son colloque, la FNAUT n’avait donc pas hésité à affirmer que la SNCF, très performante sur les lignes à fort trafic, n’était pas forcément la mieux placée pour exploiter les lignes à faible trafic voyageurs et fret, ce qui est un métier bien différent et nécessite l’intervention d’opérateurs spécialisés.

Depuis vingt ans, la situation des lignes « secondaires » a radicalement évolué grâce à la régionalisation, une démarche que la FNAUT a soutenu dès que le préfet Gilbert Carrère en a lancé l’idée en 1992. Suite à l’engagement des régions, le TER connaît un succès commercial spectaculaire. Cependant son ouverture à la concurrence reste nécessaire pour deux raisons : d’une part, même si la SNCF est bien loin d’en être la seule responsable, la qualité du service reste très insuffisante, au moins dans certaines régions ; d’autre part les coûts de production de la SNCF sont très nettement plus élevés (de pus de 50 %) que ceux des exploitants privés et même de la Deutsche Bahn.

Bien entendu, l’ouverture à la concurrence n‘est pas la solution miracle. Ce n’est pas elle qui améliorera l’état des infrastructures et sa capacité, ou qui garantira un financement pérenne de l’exploitation. Le libre choix de l’exploitant par chaque région sur chaque ligne peut cependant amener des innovations dans les méthodes d’exploitation du TER et dans le service rendu aux usagers, une réduction des coûts et une hausse des recettes commerciales, donc la possibilité, pour les régions, de continuer à développer l’offre à dépense égale.

L’exemple allemand est convaincant. La concurrence a permis une baisse durable des coûts (de 20 % à 30 %), une nette amélioration de la qualité de service et une forte hausse (30 %) de la fréquentation, qui était déjà élevée. La Deutsche Bahn a réussi à conserver environ 80 % du marché du transport régional, car elle a amélioré sa productivité et ses prestations. Tous les problèmes de coexistence entre l’opérateur historique et les « nouveaux entrants » ont été résolus : sécurité, tarification, billetterie, information des usagers, transferts de personnel et de matériel. En définitive, dans les Länder (de sensibilités politiques très variées) qui ont ouvert leur réseau, l’usager comme le contribuable ont gagné à la mise en concurrence des opérateurs ferroviaires.

La FNAUT est donc favorable à une expérimentation prudente de la libéralisation du TER, en priorité sur quelques lignes fragiles à faible trafic, par exemple des lignes en antenne sur le réseau ferré principal (voire des lignes transfrontalières), ce qui éviterait de déstabiliser la SNCF et lui laisserait le temps de s’adapter. C’est en effet sur ces lignes, dont la Cour des Comptes préconise la fermeture mais dont on aura besoin le jour où le prix du pétrole explosera durablement, que l’innovation technique et commerciale est la plus nécessaire.

On comprendrait mal que, sous de faux prétextes idéologiques, les régions françaises écartent cette piste de progrès, assimilée à tort à une privatisation. Le modèle proposé – une délégation de service public par la région, autorité organisatrice du TER – est depuis longtemps le modèle dominant en transport urbain et a fait ses preuves, il n’a rien à voir avec le système britannique de privatisation régulée. Il ne faut pas confondre service public et entreprise publique : ce qui compte, en ferroviaire comme en urbain, c’est la qualité du cahier des charges imposé par l’autorité organisatrice à l’exploitant, qu’il soit public ou privé. Certains présidents de régions dénoncent les insuffisances de la SNCF, avec une virulence parfois étonnante, mais reconduisent ensuite pour dix ans leur convention TER avec la SNCF, c’est incompréhensible.

En conclusion, l’attitude des décideurs politiques face à l’ouverture du TER à la concurrence ne doit pas relever d’un dogme mais d’une expérimentation pragmatique. L’expérience montre en effet que la libéralisation peut être une démarche « gagnant-gagnant » pour l’autorité organisatrice, l’usager, les nouveaux opérateurs, mais aussi l’opérateur historique qui est incité à améliorer son rapport qualité/coûts et peut alors garder l’essentiel du marché.

 

 

 

 

 

LES CONSEILS RÉGIONAUXPEUVENT ENCORE SAUVER LA SNCF

Par Jean-Claude Favin LÉVÊQUE, consultant indépendant
 

N’importe quel incident de la SNCF peut dégénérer en affaire d’Etat. Un train de nuit Strasbourg – Port-Bou collectionne-t-il les dysfonctionnements, qu’il focalise toute l’attention des médias, donc de la ministre qui fait alors connaître sa colère. Les syndicats s’empressent de fustiger – comme lors de n’importe quel incident – la réduction des effectifs et la casse du service public. Les associations de consommateurs, eux aussi, dénoncent, comme toujours, la vétusté et le défaut d’entretien du matériel. Ces mêmes responsables ont manifesté beaucoup plus de sobriété face à une série de cinq accidents de passage à niveau en moins de deux semaines, dont trois mortels. Une telle inversion des préoccupations du microcosme ferroviaire est symptomatique de son état d’égarement. Le ferroviaire français est malade de son statut d’administration et il n’a à son chevet que des docteurs Knock.

Parlons donc du problème central du ferroviaire français, son intégration dans l’Europe. La différence entre la France et l’Europe en matière ferroviaire est que la seconde a un projet, l’espace ferroviaire unique. L’objectif est de rendre l’ensemble du territoire de la Communauté accessible en train et de développer ainsi ce mode plus économique et écologique. Dans cette réforme vaste et difficile, la France, un grand du ferroviaire, est une bien mauvaise élève. Elle a raté la première étape, celle de l’infrastructure. Elle avait plutôt bien commencé en créant RFF (Réseau ferré de France). Mais, velléitaire, elle en est restée là. Tout en donnant la propriété des voies à RFF, elle a laissé à la SNCF la responsabilité de la gestion des circulations et de la maintenance du réseau. D’où un système unique en Europe par sa complexité, la polémique SNCF/RFF permanente, une planification contestée et l’opacité du modèle économique. Au bilan, un réseau aux coûts élevés, insuffisamment entretenu et qui n’arrive pas à financer le développement nécessaire.

La deuxième étape de la réforme, c’était le fret ferroviaire. Une catastrophe industrielle pour notre pays : pendant la même période d’une dizaine d’années où le trafic allemand augmentait d’un tiers, la France réussissait la performance de voir le sien chuter d’autant. Plutôt qu’accepter la concurrence, la France a préféré saborder son fret ferroviaire. Le marché français est aujourd’hui considéré si hostile et si peu propice aux affaires que les concurrents ont préféré abandonner la partie, hors la Deutsche Bahn qui a les moyens d’attendre son heure.
Approchent la troisième étape sur les trains express régionaux (TER) et au-delà la quatrième et dernière sur les trains grandes lignes. Inutile de dire que si la troisième est dans la lignée des deux premières, la quatrième sera jouée d’avance. La France aura perdu la compétition ferroviaire européenne sans avoir livré une seule bataille. Tous nos espoirs reposent donc sur cette troisième étape. L’Europe souhaite que ces marchés soient attribués par appels d’offres alors que la SNCF a le monopole des TER et que les régions, responsables de ce service public, ont l’obligation de négocier – peut-on appeler cela négocier ? –directement avec l’entreprise publique.

Les régions se trouvent donc en situation d’arbitre sur ce dossier. Leur positionnement à gauche leur fait afficher traditionnellement un soutien infaillible à la SNCF et au monopole. Pourtant, elles ont sous les yeux le retour d’expérience de l’Allemagne où l’introduction de cette concurrence tempérée s’est accompagnée du développement du réseau et du trafic ainsi que d’une baisse significative des coûts. En France, le trafic a aussi augmenté sensiblement depuis le transfert aux régions de cette responsabilité, il y a une douzaine d’années. Mais au prix d’un paradoxe exceptionnel : alors que le ferroviaire est une activité aux coûts majoritairement fixes, la hausse du trafic voyageurs aurait dû se traduire par une baisse des coûts unitaires. Au contraire, ils ont augmenté encore plus vite que le trafic. Bref, un résultat comme seuls les systèmes administratifs savent en produire et bloquant le développement futur.

Certaines régions sont légitimement exaspérées d’être prisonnières d’un système qu’elles savent absurde. La situation est originale. Elles détiennent le sort de la réforme ferroviaire française entre leurs mains. Qu’elles exigent le changement et qu’elles se déclarent prêtes à s’y engager, le gouvernement ne pourrait que suivre l’initiative. Pourtant, le contexte politique n’y est guère favorable. Période électorale, dogmatisme droite/gauche, il faudrait beaucoup de courage et de clairvoyance aux politiques des deux bords pour trouver un chemin dépassionné et enclencher le processus qui permettrait de sortir la SNCF de l’impasse où l’a mise le protectionnisme viscéral de la France.

Le rapport Grignon, arlésienne parlementaire, pourrait sortir prochainement. Il doit être l’occasion de poser officiellement le débat. Ses propositions – ou tout au moins la version officieuse parue il y a quelques mois – sont très discutables sur le fond. Il abonde excessivement dans le sens de la SNCF qui rêve d’imposer à ses concurrents toutes les contraintes que son statut d’administration lui a fait accepter en matière de gestion du personnel et de conditions de travail. Aucune déréglementation n’a été soumise à une telle clause léonine. Les salariés des low-cost aériennes n’ont pas le même contrat de travail que ceux d’Air France ou Lufthansa. Les agents de la Deutsche Bahn sont mieux payés que ceux de ses nombreux concurrents. Cela n’empêche pas ces compagnies de prospérer. Les opérateurs historiques bénéficient des avantages du sortant, de l’antériorité de l’offre, de la connaissance du marché, du contrôle des réseaux commerciaux, de l’exclusivité de moyens rares comme la distribution, de la maîtrise de la gestion des circulations ou des gares, sans compter le plein soutien de l’administration centrale. Bref, ils disposent de nombreux avantages concurrentiels. Cela, la SNCF le sait, mais elle n’en souhaite pas moins couper les ailes aux nouveaux entrants et, notamment, rogner leur compétitivité sur les coûts. Elle espère ainsi alléger les difficiles efforts de productivité qui lui seront nécessaires. Pour la France, cette prétendue équité serait en effet la meilleure méthode pour faire fuir les concurrents. On pourrait alors obtenir le même résultat que dans le fret, un marché français que les acteurs évitent soigneusement. Les régions poursuivront alors leur tête à tête administratif avec la SNCF.

Accessoirement, la SNCF sera marginalisée dans une grande Europe ferroviaire. La France ferroviaire est à l’heure du choix : le sursaut ou la poursuite du déclin. Le sursaut passe clairement par un engagement sans ambiguïté et sans tarder dans la logique européenne. Le dossier des Trains express régionaux est la dernière occasion pour notre pays de s’engager dans une modernisation de son ferroviaire et le faire entrer au rang qui doit être le sien au sein de l’Europe.

Ewa

La SNCF déploie les grands moyens face aux situations perturbées

Pannes, intempéries, mouvement social… Les occasions ne manquent pas à la SNCF d?activer une cellule de crise. Au siège de l?entreprise, depuis un an, une nouvelle salle de crise dotée d?un studio a été créée. Visite des lieux Un véritable studio avec plusieurs caméras et une petite salle de maquillage… Une régie avec ses deux bancs de montage et son matériel de diffusion… « Waouh ! », serait-on tenté de dire. L’équipement, dont la SNCF dispose depuis six mois au cinquième étage de son siège de la rue du Commandant-Mouchotte, rendrait sans doute jalouses certaines télés locales… Le tout jouxte une salle de crise, elle aussi dotée de matériel high-tech, aménagée il y a un an pour remplacer la précédente qui datait de 1999.
« La gestion des situations perturbées existe depuis toujours à la SNCF, parce que la spécificité de l’entreprise, c’est de produire du service en temps réel, donc nos soucis sont vécus en direct par nos clients », assure Pascal Travers, directeur stratégie et communication de crise à la SNCF. Cependant, la première vraie réflexion date des années quatre-vingt. « Une mission a été confiée à un grand spécialiste, Patrick Lagadec, et les dispositifs datent des années quatre-vingt-dix, un peu avant la grève de 1995. » La catastrophe au passage à niveau de Port-Sainte-Foy (qui avait fait 13 morts et 43 blessés en septembre 1997) servira aussi de moteur. Mais le processus très codifié que la SNCF applique aujourd’hui est très récent : il résulte d’un travail lancé il y a un an et demi.

45 minutes chrono pour se présenter
Une organisation « calée sur le temps réel ». Tous les personnels sont en alerte permanente, de façon que le moindre incident remonte immédiatement. Cela part des 21 centres opérationnels de gestion des circulations en région jusqu’au Centre national des opérations ferroviaires à Saint-Lazare, chacun d’entre eux disposant de sa propre salle de crise, qui sera composée à la demande à partir du tableau d’astreinte valable 24 heures sur 24 du vendredi midi au vendredi midi suivant. « C’est en fonction du risque et de l’impact de la crise que le dirigeant national des opérations et la personne d’astreinte du Comex décident d’ouvrir la salle de crise du siège, poursuit-il. Cela se produit en moyenne moins d’une fois par semaine. »
Il suffit d’une grève, d’un incident quelconque sur un axe TGV important, une ligne de RER francilien ou d’un événement affectant plusieurs régions (exemple classique, les intempéries) pour ouvrir la salle de crise de Paris XIVe. « Il vaut mieux l’ouvrir, quitte à la fermer rapidement, plutôt que de rater la crise », précise le directeur.
Une fois l’alerte lancée, la dizaine de personnes concernées doivent se présenter en 45 minutes chrono. Le rôle du dirigeant en question ? « Définir les intérêts de l’entreprise, sa notoriété et le bouclage général de la gestion de crise », explique Pascal Travers, dans son jargon de pro. Quant à la composition de la salle de crise, elle comprend une salle Comex avec systématiquement un membre de la direction générale et production, qui sera responsable de l’ensemble de la gestion de crise, et un responsable de la prise en charge et de l’information des voyageurs.
Côté opérationnel, le personnel est adapté à l’événement et comprend un directeur de crise, un responsable presse et communication, un chargé du Web, et des experts des activités (Voyageurs, Proximité, Transilien, Fret, Infrastructures, Juridique, Sûreté et Logistique). Soit une centaine de personnes susceptibles d’être d’astreinte en salle de crise.
Tout ce petit monde connaît le « road book ». À peine arrivé, chacun s’installe devant un PC donnant accès à la messagerie, à l’outil d’info-voyageurs ou aux outils de suivi des circulations. Il est bien sûr prêt à intervenir puisque, en plus des deux jours de formation, il a eu l’occasion de s’entraîner à plusieurs reprises, lors d’exercices (quatre sessions nationales sont prévues en 2010). Des « trainings » durant lesquels l’entreprise rédige un scénario catastrophe, simule une pression médiatique, des associations de clients et des familles en colère… « Quand il y a des victimes, les crises sont toujours beaucoup plus dures », reconnaît Pascal Travers. L’une des pires expériences est récente : le décès des supporters lillois happés par le RER B près du Stade de France en mars dernier. « Il y a eu beaucoup de réactions hostiles envers la SNCF, nous obligeant à justifier beaucoup de choses… », se remémore-t-il.

Rigueur et réseauscope
Et, parce qu’on ne badine pas avec la codification et la rigueur, chaque vendredi, un briefing est organisé avec les personnes d’astreinte, au cas où. « On y fait le point sur les événements de la semaine écoulée et sur ce qu’on sait de la semaine à venir, production, météo, grève… », explique Pascal Travers. Quand la « salle » est en fonctionnement, le mot d’ordre est toujours : rigueur. « Quatre collectifs de travail ont été identifiés. Le premier s’occupe d’animer la salle sous l’impulsion du directeur de crise, qui définit la stratégie de communication pour la meilleure défense des intérêts de l’entreprise. » Le deuxième est chargé des relations avec les dirigeants nationaux et des points toutes les trente minutes, le troisième fait l’interface avec les régions, le dernier est lié à chaque ligne métier. S’il le faut, les agents y passeront le jour et la nuit. À leur disposition, le tableau numérique interactif, sur lequel on écrit avec le doigt et où s’affiche le « réseauscope » (la carte du réseau ferroviaire)… Et grâce auquel on partage les images avec les salles de crise régionales qui disposent du même « smart board ».
Entre les ruptures de caténaire, la fermeture impromptue de la gare Saint-Lazare en grève, les intempéries, la panne d’Eurostar… la salle flambant neuve a eu l’occasion de fonctionner en 2009. Record de longévité : du 18 décembre à Noël, alors qu’il fallait gérer en même temps la crise Eurostar, les trains bloqués par la neige, le déraillement du RER C à Choisy-le-Roi (36 blessés)… Pour quels résultats mesurables ? Le directeur est soudain moins loquace : « C’est difficile à apprécier… On progresse au fil des crises… On doit encore améliorer l’information temps réel aux voyageurs… » On ne saura pas non plus combien tout cela coûte, mais il est vrai que l’image de l’entreprise auprès des Français n’a pas de prix. Et puis, si le dispositif évite au président d’aller s’expliquer au journal de 20 heures…
 

Cécile NANGERONI

Ewa

Quand la crise entre dans les comptes 2009 de la SNCF

Avec un petit résultat à 3 millions d?euros et un grand milliard de pertes, le groupe SNCF est dans le rouge pour 2009. Petites explications de chiffres et éléments d?analyse pour comprendre le comment et le pourquoi Une perte qui approche du milliard d’euros pour le groupe SNCF en 2009, 980 millions d’euros précisément… alors que le cap du milliard d’euros de bénéfices (1,12) avait été franchi en 2007. Entre-temps, le bénéfice en 2008 s’était limité à 575 millions d’euros. Révélés le 24 mars dernier lors du conseil d’administration de l’entreprise, les résultats définitifs de la SNCF pour l’année 2009 marquent donc en deux années un complet renversement de tendance. Des chiffres à relativiser toutefois, en fonction de ce qui tient à la crise économique mondiale, en toile de fond. Et de ce qui tient, toujours davantage, à ce que Guillaume Pepy, le président de la SNCF et David Azéma, son directeur général délégué Stratégie et Finances, appellent les « récifs ». Ceux qui entraînent une dévalorisation des actifs des activités SNCF déficitaires : Fret SNCF, SNCF Infra, les trains d’aménagement du territoire.
L’autre inversion de tendance marquante tient à ce qui a toujours, selon la formule bien consacrée, servi de locomotive au groupe : l’activité SNCF Voyages avec en première ligne ses TGV. Pour la première fois de leur histoire, ceux-ci ont en effet connu en 2009 « une année blanche », c’est-à-dire sans croissance de leur trafic.
De façon plus générale, cette année « de crise » a servi de révélateur en accéléré des points faibles dits « structurels » de l’entreprise, des trains d’aménagement du territoire au transport de marchandises en passant par l’équilibre économique de l’activité infrastructure et même, pour les années à venir, du « modèle TGV ». Décryptage des points clés de ce que certains responsables de la SNCF décrivent déjà comme ce qui aurait pu être une « annus horribilis ».

980 millions de déficit
Après avoir passé, fièrement, le cap du milliard de bénéfices voici juste deux ans, la SNCF se trouve donc toute proche du milliard… de pertes. La croissance régulière, d’année en année, des résultats de l’entreprise est donc, au moins provisoirement, à conjuguer au passé. Car la majeure partie de la dégradation, à hauteur d’un milliard, tient à une dévalorisation de biens liés à des activités en grandes difficultés économiques pour lesquelles les normes dites IFRS impliquent de réévaluer, constamment, la valeur des actifs.
En négatif, il y a aussi quelque 365 millions liés aux provisions pour les éventuelles cessations progressives d’activité. De l’autre côté de la balance, il y a la plus-value liée à la cession des terrains des Batignolles, à hauteur de 344 millions d’euros. De quoi arriver, tous comptes faits, à 980 millions de déficit. Et ce, même si le résultat net, sans les dépréciations d’actifs, se traduit par un – petit – bénéfice d’exploitation, pour l’année 2009, de trois millions d’euros. Quant au chiffre d’affaires, il est en baisse de 1,2 % à 24,89 milliards d’euros.

1,037 milliard de « dépréciation » des actifs
Le terme de dépréciation d’actif peut sembler obscur. En fait, en fonction des nouvelles normes comptables aujourd’hui imposées, l’entreprise doit chaque année réévaluer la valeur de ses actifs – comme les locomotives par exemple – en fonction de leur valeur sur le marché. Or, en 2009, pour ne prendre que l’exemple de l’activité Fret – le plus caractéristique – la baisse du volume des trafics est estimée, en Europe, entre 15 % et 20 % dans la plupart des pays. Sur cette zone européenne, plus de 800 locomotives sont actuellement « garées ». Il n’existe donc pas véritablement de marché pour les vendre, lorsque l’activité est, comme c’est le cas actuellement, en forte baisse.
Pour le seul fret en France, la dépréciation de ces actifs est donc estimée à 720 millions d’euros. Du côté des infrastructures, l’an passé déjà, la dépréciation des actifs avait représenté 320 millions d’euros. Cette fois, elle concerne presque la totalité des actifs de SNCF Infra, soit 245 millions d’euros supplémentaires. En cause, essentiellement, des pertes liées au contrat passé avec Réseau Ferré de France « sans espoir d’équilibre dans les quatre ans », selon Guillaume Pepy. Et sur cette période une perte estimée, pour les comptes de la SNCF, aux alentours du milliard d’euros. Cette branche qui travaille à l’entretien du réseau ne dégage qu’une marge de 25 millions pour 5,1 milliards de chiffre d’affaires. Comme le souligne encore Guillaume Pepy : « nous avons souhaité conserver un bilan sain. Et donc fait tester un certain nombre d’actifs pour qu’ils soient évalués à leur bonne valeur ».

Le TGV : un modèle économique à revoir
C’est l’année de toutes les « premières » pour le TGV à la SNCF et l’évolution, d’une année sur l’autre, est la plus spectaculaire. En négatif. Après avoir connu les années de croissance à deux chiffres, des hausses de chiffre d’affaires entre 500 et 700 millions d’euros d’une année sur l’autre, pour la première fois de son histoire, le chiffre d’affaires de la branche SNCF Voyages est à la baisse. Une baisse certes légère, de 1,3 % à 85 millions. Mais c’est le signe d’une rupture forte. D’autant plus que la marge dégagée est en baisse « spectaculaire ». Significatif aussi, le parc est estimé en surcapacité de trois rames. Pas encore de quoi déprécier la valeur des actifs, certes, même si la question a été étudiée. Ce serait, selon certains responsables, « la cassure du modèle TGV ». Car au-delà de la crise, de l’évolution du trafic, il y a « l’effet ciseau » provoqué, et ce n’est pas nouveau, par la forte et régulière hausse des péages versés à RFF. Sur ce sujet, un groupe d’étude réunissant l’État, RFF et la SNCF s’est mis au travail. Les copies doivent être rendues à l’été avec de premières recommandations.

Le fret : forte réduction de voilure
À 343 millions d’euros, la perte de Fret SNCF pourrait presque paraître, relativement, limitée puisque l’on prévoyait en début d’année, lors de la présentation du budget 2010, quelque 450 millions d’euros de pertes. Toutefois, pour cette activité déficitaire depuis des années, cela semble avant tout lié à l’importance de la réduction de la voilure. En baisse de 26 %, le trafic s’établit à 26,5 milliards de tonnes/km contre 35,9 en 2008.

Premiers signes positifs
Dès la fin du premier semestre 2009, la direction de la SNCF a « réagi avec force » pour limiter la casse prévisible dans ses comptes. Mesures d’économies, recettes supplémentaires, le « plan de réaction » a ainsi permis de regagner au second semestre quelque 550 millions d’euros. Et le résultat opérationnel courant, négatif à hauteur de 194 millions d’euros au premier semestre, a terminé en positif de 145 millions. La perte de chiffre d’affaires a été « limitée » à 3,6 % et le président Pepy y voit le signe d’une « culture économique bien ancrée et d’une réelle discipline financière ». Pour 2010, si la SNCF n’anticipe pas de dégradation supplémentaire de la situation économique, ni de franche reprise, elle envisage une progression de 4 % du chiffre d’affaires. Un bon signe ? En février 2010, après un mois de janvier atone, le trafic TGV est reparti à la hausse de 4 %.
 

Pascal GRASSART

Ewa

La SNCF se replie, qui prendra la relève ?

Malgré un contexte propice aux modes alternatifs à la route, le trafic de fret ferroviaire dégringole. La crise porte sa part de responsabilité mais la politique de restructuration de Fret SNCF est aussi en cause Paradoxe. La France se lance dans un Grenelle de l’Environnement qui projette le renforcement du rail face à la route, et Fret SNCF ne cesse de réduire la voilure. Fin janvier, le journal l’Humanité dévoilait un document de travail interne de la direction qui prévoit d’ici à 2011 un recul d’un tiers des volumes transportés par rapport à 2008. En cause l’abandon accéléré du wagon isolé, considéré comme responsable des deux tiers des pertes du fret. Si l’on ajoute la crise économique, c’est la dégringolade pour les marchandises acheminées par le rail. « La crise s’est traduite par un recul de 25 % des trafics sur le réseau. C’est rude », reconnaît Hervé de Tréglodé, le directeur du pôle commercial de Réseau Ferré de France (RFF).
Grenelle de l’Environnement oblige, le gouvernement a annoncé en septembre dernier qu’il mettait sur la table 7 milliards d’euros en faveur du fret. Cet « engagement national » vise à améliorer le réseau classique et à créer un réseau orienté fret sur les axes structurants. Il prévoit aussi de soutenir des solutions innovantes telles que le fret ferroviaire à grande vitesse, les autoroutes ferroviaires ou les opérateurs ferroviaires de proximité (OFP). La SNCF a promis d’apporter un milliard pour développer ces pistes d’avenir, ce qui a permis de mieux faire passer son plan de réorganisation autour des seuls axes rentables.
Mais les projets d’avenir demanderont du temps pour se concrétiser. D’où de fortes inquiétudes des industriels face à une SNCF qui représente tout de même encore 85 % du fret ferroviaire en France mais qui ne cesse de se replier. Qui prendra demain la relève si la SNCF n’exploite plus que les quelques axes où transitent les plus gros volumes ? « Certains soutiennent une théorie assez ancienne : si on enlève les branches de Fret SNCF, on ne trouvera pas vraiment de noyau central. En essayant de se concentrer sur le noyau rentable de son activité, Fret SNCF risque de se retrouver avec fort peu de chose », rappelle Hervé de Tréglodé qui ne croit pas à cette thèse : « Toutes les analyses qu’on mène sont favorables au transport ferroviaire. »
Les opérateurs ferroviaires alternatifs, qui sont en train de tracer leur chemin, ne croient pas non plus à la fin du fret de l’entreprise historique. « Ce serait une grave erreur d’estimer que Fret SNCF est en train d’être rayé de la carte. La SNCF est en train de se restructurer. Nous saluons le courage de Pierre Blayau, souligne François Coart, le directeur de la stratégie d’Europorte, la filiale de fret ferroviaire d’Eurotunnel. Fret SNCF est certes contrainte d’abandonner certaines activités en France. Mais dans le même temps, l’entreprise se dynamise à l’étranger, où elle vient de créer CapTrain. Beaucoup de flux qui circulent en France sont internationaux. » François Coart estime que la SNCF tirera des bénéfices de son dynamisme international. Et il s’interroge : « Est-ce que le fait que la France se désindustrialise va générer du trafic en plus ou pas ? Il faut se rappeler que la Grande-Bretagne, qui s’est désindustrialisée, a vu la part du chemin de fer remonter face à la route. Cela s’explique par deux raisons : d’une part, la route a été saturée, d’autre part les flux d’importation en provenance des ports se sont développés. »
Les Europorte, Euro Cargo Rail et autres CFL Cargo comptent bien prendre leur part. RFF évaluait, en décembre 2009, à quelque 15 % la part de marché déjà détenue par la concurrence, une montée en puissance rapide trois ans et demi après son apparition. « La part détenue par les nouveaux opérateurs en France est très positive si on la compare à celle des concurrents de la Deutsche Bahn : celle-ci est de 20 % alors que le secteur ferroviaire allemand est libéralisé depuis dix ans », souligne Hervé de Tréglodé. Il affirme que ses services travaillent à la mise en place d’un réseau modernisé, avec des sillons de qualité. « C’est ce que nous faisons, en mettant notamment en place notre nouvelle plate-forme commerciale et son nouveau système d’information. Une centaine de personnes au total chez RFF travaillent à l’amélioration des sillons. »
Reste toutefois, selon Europorte, à s’attaquer à certains freins comme « le manque d’interopérabilité et la longueur d’homologation des locomotives ». L’opérateur dit « militer pour la transparence et la simplification de ces procédures. Nous souhaitons renforcer le dialogue avec RFF qui nous demande de prévoir très longtemps à l’avance nos sillons. Sinon, nous nous retrouvons avec des sillons de dernière minute. Il faudra obtenir plus de flexibilité. Comme en Belgique par exemple. » L’union faisant la force, les concurrents de la SNCF se sont regroupés au sein de l’Afra (association française du rail) pour mieux se faire entendre. Tout le monde veut y croire. « Si le secteur du fret n’était pas si prometteur, pourquoi autant d’énergie serait-elle dépensée par nous-mêmes et par nos concurrents ? », s’interroge-t-on côté Eurotunnel.
 

Marie-Hélène POINGT

Ewa

Après La Poste et EDF, la SNCF bientôt sur le grill

La Commission européenne estime que la garantie d’Etat est un avantage anormal dans un marché ferroviaire ouvert à la concurrence Fin janvier, la Commission européenne a annoncé qu’elle mettait fin à son enquête sur la garantie financière illimitée accordée par l’Etat français à La Poste. Une enquête qui s’est éteinte d’elle-même après le changement de statut entériné par la loi en France. La Poste n’est désormais plus un Epic, établissement public à caractère industriel et commercial, mais une société anonyme, ce qui du coup supprime de facto son droit à la garantie d’Etat. Il y a quelques années, EDF avait suivi le même chemin. L’enquête de la Commission était suivie de près à la SNCF pour une raison simple : l’opérateur public est aussi un Epic et il dispose aussi de la garantie d’Etat illimitée qui lui permet d’emprunter de l’argent à de meilleurs taux qu’une entreprise classique. Or, il y a un peu moins de deux ans, la Commission européenne a adopté les lignes directrices pour les aides d’Etat dans le ferroviaire. A l’époque, l’exécutif européen avait clairement pointé que les garanties dont disposaient encore certains opérateurs historiques seraient considérées comme des subventions illégales, une disposition contre laquelle le gouvernement français s’était discrètement mobilisé mais sans résultat. La Commission européenne estime que la garantie est un avantage anormal dans un marché ferroviaire ouvert à la concurrence. La France et la SNCF contestent cette analyse, avançant que la réalité de l’avantage économique n’est pas démontrée. Ceci dit, ailleurs en Europe, la plupart des opérateurs y ont déjà renoncé d’eux-mêmes, c’est le cas en Allemagne par exemple. Bruxelles avait donc donné un délai de deux ans à ceux qui ne l’avaient pas fait, délai qui arrive à terme en juillet prochain. Ce qui signifie que cet été la France s’expose potentiellement à une enquête et à l’ouverture d’une procédure d’infraction qui pourrait se terminer devant la cour de justice. La Commission européenne peut se saisir elle-même du problème ou donner suite à des plaintes de concurrents qui s’estiment lésés. On n’en est pas encore là. Officiellement, personne ne se préoccupe du problème pour le moment. Mais en coulisses, les argumentaires sont déjà préparés pour dissuader la Commission européenne d’ouvrir une enquête équivalente à celle qui visait La Poste. Certaines sources pointent que cette enquête avait déjà duré deux ans et demi sans aboutir, et tentent de mettre en doute sa base légale, signe que le problème est déjà pris très au sérieux. Lors de la publication des aides directrices, les syndicats de la SNCF avaient d’ailleurs senti le risque, car toucher à la garantie d’Etat pourrait signifier tout simplement un changement de statut pour la compagnie, comme cela s’est passé pour EDF ou La Poste, ce qui aurait d’autres conséquences pour les employés. Autre aspect qui inquiète les défenseurs de la SNCF, le secteur aide d’Etat aux transports vient de passer de la DG Tren à la Direction générale de la Concurrence. Une direction réputée beaucoup plus inflexible… Dans quelques mois, c’est elle qui devra décider des suites à donner au dossier garantie d’Etat. A suivre donc.
 

Isabelle ORY

Ewa

SNCF-Keolis, un rapprochement sous conditions

Sur mandat de la Commission européenne, l?Autorité de la concurrence française a décidé, après enquête, d?autoriser ce rapprochement, mais à certaines conditions Dans certaines villes, avec la prise de contrôle de Keolis-Effia, le groupe SNCF pourra se trouver être l’opérateur ferroviaire, le gestionnaire de la gare et des services à l’intérieur de celle-ci, l’opérateur de transports urbains et le gestionnaire du parking. Sur mandat de la Commission européenne, l’Autorité de la concurrence française a décidé, après enquête, d’autoriser ce rapprochement, mais à certaines conditions. La SNCF étant en monopole sur le marché du rail national, elle aurait pu tirer avantage de cette situation sur les marchés des transports urbains et des parkings où elle est en train de se développer. Seulement, l’Autorité de la concurrence a jugé qu’il n’était pas acceptable qu’Effia puisse continuer à conduire des contrôles qualité sur des concurrents de Keolis et de disposer, par exemple, des statistiques de régularité des bus de Veolia dans tel ou tel réseau. Effia devra cesser à brève échéance cette activité et aura peut-être même tout simplement intérêt à s’en séparer. La SNCF s’est par ailleurs engagée à répondre de manière transparente et non discriminatoire à toute demande de convention de correspondances garanties qui lui serait faite par un opérateur de transport public routier de voyageurs quel qu’il soit et à mettre à disposition dans les mêmes conditions les horaires prévisionnels de ses transports ferroviaires publics de voyageurs pour l’année à venir et les modifications de dernière minute du plan de transport. Enfin, la SNCF s’est engagée à établir, dans le courant du 1er semestre 2010, un catalogue des services en gare accessibles à l’ensemble des transporteurs routiers de voyageurs desservant les points d’arrêt concernés et à les attribuer de manière équitable et non discriminatoire. En attendant l’Araf, qui doit s’occuper spécifiquement des activités ferroviaires, l’Autorité de la concurrence, qui avait déjà statué en décembre sur la question des gares, s’est clairement emparée du sujet « arrivée de la concurrence » en France. Les conditions fixées par l’Autorité de la concurrence, après avoir entendu les concurrents et certaines autorités organisatrices de transports (AOT), ne semblent pas de nature à poser de problèmes insolubles à la SNCF. Un mandataire indépendant, qui pourra être saisi par les AOT et les concurrents, sera toutefois chargé de veiller à la bonne exécution des recommandations et fera des rapports réguliers sur leur bonne application. « Cette décision met surtout en exergue le défaut de transparence et d’équité de traitement qui pouvait jusqu’ici prévaloir entre la SNCF et ses concurrents dans les appels d’offres urbains et interurbains », glisse un concurrent. Du côté du groupe SNCF, on a de cesse de faire valoir qu’il y a bien pire qu’un monopole vertical. Un monopole horizontal de services aux collectivités.
 

Guillaume LEBORGNE