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Ewa

La SNCF affiche son logo au Benelux

La filiale SNCF Fret Benelux (SFB) décide d’apposer ses couleurs sur l’ensemble de son parc interopérable Belgique-Pays-Bas Décembre 2008. Le logo SFB d’une part et le « carmillon » SNCF d’autre part font alors leur apparition sur les cinq locomotives à l’inventaire. Aux deux premières G 2000-3 BB Vossloh louées pour le démarrage de l’activité vers les Pays-Bas, se sont ajoutées trois Class 66 en décembre 2008 et une quatrième en mars dernier. En effet, l’open access dans ce pays compte deux rotations de plus depuis septembre :
– le 6 septembre, a été lancé avec ITL un aller-retour Anvers – Duisbourg pour le compte d’OOCL.
– le 17 octobre, un aller-retour entre le complexe chimique de Geleen (au nord de Maastricht) et Saint-Priest, près de Lyon.
Ces trafics s’ajoutent aux deux rotations de trains de charbon au départ de Born (à quelques kilomètres au nord de Geleen) vers plusieurs sites français (dont Anglefort, près de Bellegarde) de Ferropem (filiale du groupe espagnol FerroAtlantica) et à l’aller-retour Sloehaven (zone portuaire située à l’est de la ville de Flessingue) – Etival-Clairefontaine pour le papetier du même nom (transport de cellulose).
Depuis le début de l’année, SFB opère également sur la section germano-belge Aix-la-Chapelle – Anvers un transport de conteneurs à destination de l’Italie (Desio). Ce service est assuré pour le compte d’ERS Railways.
Malgré tout, la SNCF vient de perdre après trois ans d’exploitation (décembre 2005-décembre 2008) le transport de produits chimiques entre l’usine belge LVM Limburg du groupe Tessenderlo et la Société artésienne de Vinyle de Mazingarbe, embranchée en gare de Bully-Grenay, près de Lens, qui symbolisait le démarrage de ses opérations en open access de part et d’autre de la frontière. Le trafic, auparavant exploité en coopération, est passé aux mains de la SNCB et de sa filiale fret B-Cargo, qui opère également cette liaison en open access. Interrogé, le chimiquier n’a pas souhaité s’exprimer sur les raisons motivant ce choix. La SNCF a également lancé d’autres services en open access, notamment pour le compte d’un sourcier et d’un sidérurgiste. Un trafic Pont-à-Mousson – Anvers a été sorti de l’acheminement par Sibelit pour être opéré par la SNCF d’un bout à l’autre. Et depuis début février 2009, la SNCF dessert la cimenterie CCB d’Havinnes (près de Tournai), filiale d’Italcementi Group.
 

Laurent CHARLIER

Ewa

SNCF et ITL main dans la main

L’opérateur français et sa filiale allemande vont exploiter conjointement une quarantaine de trains La SNCF et l’allemand ITL (Import Transport Logistik) travaillent ensemble sur des flux franco-allemands et belgo-néerlandais. L’annonce du rachat de 75 % de l’opérateur allemand par la compagnie nationale, le 7 avril 2008, se traduit désormais par une collaboration étroite sur le terrain. A partir de ce mois d’avril, une quarantaine de trains destinés au secteur de la chimie devraient être conjointement exploités. Il s’agira en quelque sorte d’un premier « test ». La conduite sera assurée par ITL sur les sections allemandes et par VFLI, filiale de la SNCF, dans l’est de la France. Les locomotives interopérables de type BB 437000 seraient utilisées. Un premier engin, la BB 437022, s’est d’ailleurs rendu dans la région de Dresde, où est basé le siège d’ITL. Depuis son acheminement, le 18 janvier, il a servi à divers tests et formations, notamment en tractant des convois opérés par l’opérateur allemand.
Cette synergie entre ITL et une entité de la holding Transport et Logistique Partenaires de la SNCF n’est pas la première. La démarche a été inaugurée au Benelux, en septembre 2008, où la filiale belge SNCF Fret Benelux (SFB) et ITL exploitent ensemble une relation entre Anvers et Duisbourg. ITL et l’armateur chinois Orient Overseas Container Line OOCL (Hongkong) ont contractualisé pour assurer la traction de navettes de combiné entre la Ruhr (Duisbourg Intermodal Terminal à Rheinhausen) et le port d’Anvers. Pour cet unique aller-retour hebdomadaire, SFB intervient comme tractionnaire « sous-traitant » de Roosendaal au faisceau anversois Noordzeeterminal, où le changement de traction intervient : la Traxx MS ITL laisse sa place à une G 2000 BB ou une Class 66 SFB. Selon ITL Benelux, cette situation est provisoire : « Il est prévu que nous puissions prochainement poursuivre en Belgique avec la même locomotive électrique. »
 

Laurent CHARLIER

Ewa

2008 : de la robustesse pour la SNCF

Une année relativement bonne et rassurante, bien que le bénéficie du groupe soit en baisse de 48 % 2008 ? « Une année relativement bonne dans un contexte inquiétant pour 2009 », estime Guillaume Pepy. Rassurante, parce que même si le bénéficie du groupe est en baisse de 48 %, « le choix de la croissance est conforté par la hausse de 7 % du chiffre d’affaires ». L’entreprise est performante, car « largement bénéficiaire malgré la crise ». Robuste, « avec cinq ans de bénéfices ». Et elle tient ses engagements. D’une part, le versement d’un dividende pour l’Etat, 183 millions contre 131 en 2007, et les salariés, 207 euros au lieu de 200. De l’autre, le choix conforté du développement et plus de deux milliards d’investissements en fonds propres.
Cela doit contribuer à tenir, même plus difficilement que prévu, le cap annoncé pour 2012, avec un doublement du résultat, à hauteur de deux milliards, et 50 % de chiffres d’affaires en plus, soit 11 milliards. D’ici là, il va falloir passer l’inquiétante année 2009. Pour Transports et logistique, en premier lieu, avec un effondrement des carnets de commande proche des 30 % ces derniers mois. Difficile, d’autant plus que les routiers réduisent leurs marges et attaquent les marchés qui se raréfient. Quant à Voyageurs France Europe, un très fort manque de visibilité marque l’année à venir. Déjà, les premiers mois sont plus que calmes.
Pour la SNCF, il s’agit avant tout de faire face et, déjà, préparer la sortie de crise. Avec pour atout essentiel ce que Guillaume Pepy qualifie de « carré magique ». Il donne à l’entreprise sa robustesse. Ce sont ses quatre « métiers » et surtout un bon partage entre eux. Deux sont de service public, Proximités et Infrastructures, des contrats de longue durée avec de « bons » clients, les régions et RFF. Même si les négociations sont de plus en plus serrées autour des contrats, cela doit permettre de tenir, mieux que d’autres, le choc de la crise. Et deux métiers sont de service, Transports et logistique, certes dans les turbulences, et Voyageurs France Europe, moteur de l’ensemble du groupe et qui peut croire en de bonnes, voire de très bonnes années à venir. Même si le secteur va devenir directement concurrentiel.
 

Pascal GRASSART

Ewa

Budget SNCF 2009 : un exercice périlleux

Comment anticiper un budget quand l’avenir est incertain ? Les acteurs du projet de budget 2009 de la SNCF ont planché sur la question En fonction de la violence de la crise économique, de la difficulté à anticiper ses effets, leur ampleur et leur durée, la présentation, le 28 janvier, du projet de budget 2009 au conseil d’administration de la SNCF relève d’une anticipation particulièrement délicate. Si le groupe veut toujours croire à la croissance, avec une hausse de près de 7 %, elle est avant tout soutenue par ses activités de délégataire de service public. C’est-à-dire Transilien, le TER, la gestion d’infrastructure déléguée. Des activités « sûres », qui ne sont pas directement liées à la conjoncture. Toutefois, de fâcheuses inversions de tendances, jusqu’alors favorables, s’amorcent. C’est le cas pour Voyageurs France Europe, la « locomotive » de tout l’Epic, c’est-à-dire la maison mère sans les filiales. Si le chiffre d’affaires demeure à la hausse, les marges ne font « que » se maintenir, de plus en plus plombées par la hausse des péages. La croissance des activités VFE serait donc « plus modérée » que les années précédentes. Et au sein de la branche transport et logistique, l’activité de fret ferroviaire serait particulièrement touchée. Globalement, la fédération CGT des cheminots évoque une inversion de tendance de la « profitabilité » après une croissance continue de l’EBE (excédent brut d’exploitation) de 2003 à 2007 et une stabilisation attendue en 2008. Comme la direction mise sur une reprise au second semestre 2009, « ce qui est très optimiste », ce syndicat redoute que « l’emploi ne soit la variable d’ajustement ». Pour SUD-Rail, « ce budget, bâti sur le pari d’une reprise de croissance, pose de sérieuses questions de crédibilité ». Et l’on peut « légitimement craindre de douloureux réajustements en cours d’année ». La direction le reconnaît d’ailleurs : « Les hypothèses de construction sont, plus que jamais, sujettes à possibles démentis tant sont importantes les incertitudes sur l’ampleur et la durée de la crise. » En tout premier lieu pour la branche transport et logistique. Et les dirigeants de l’entreprise devront veiller « à ce que le point mort soit maintenu le plus bas possible ». Pour mieux faire face si la conjoncture s’avère « plus tendue que prévu ». Pas de quoi convaincre les syndicats. Tous ont voté contre ce budget. Principalement en raison des suppressions d’emplois, en particulier pour les infrastructures.

Résultat Fret : – 434 millions d’euros.
En 2009, le déficit de Fret SNCF devrait encore se creuser pour atteindre les 434 millions d’euros. Il s’élevait à 258 millions en 2007. Les dernières « re-prévisions » pour 2008 atteignent 325 millions. Toutefois, les comptes pour l’année passée ne sont pas encore définitifs, et Pierre Blayau, patron de la branche, a récemment évoqué les 350 millions de pertes. En 2008, le « retournement de conjoncture », sensible dès mai, s’est accéléré pendant l’été. Quant à la forte dégradation attendue pour 2009, elle est essentiellement due à « la chute des produits du trafic, qui ne peuvent compenser à court terme des efforts supplémentaires de réduction des charges de production ».

Trafic Fret : 35,3 milliards de tonnes-km.
Le trafic prévu en 2009 pour Fret SNCF est de 35,3 milliards de tonnes-km. C’est très loin des 100 milliards de TK affichées comme l’objectif à atteindre, pour un meilleur environnement, dans les années Gayssot. C’est également bien en dessous des 40 GTK, le seuil estimé comme minimal pour que l’activité soit pérenne. Un seuil qui n’est pas franchi, même si l’on ajoute les 4,4 milliards des filiales (VFLI, Naviland Cargo, ITL). Soit 39,7 en tout. En 2007, Fret SNCF était à 40,6 milliards. Pour 2008, c’est 39,6 milliards, dont 2,8 pour les filiales. Soit 39,6 milliards en tout. Selon les prévisions avancées, le trafic devrait donc globalement se stabiliser, avec une perte de Fret SNCF « compensée » par les filiales en 2009. Selon le projet, ce budget 2009 reflète « le retournement violent de conjoncture et la baisse de la production industrielle entamés dès le second semestre 2008 ». Pour Fret, le trafic serait donc en retrait de 4,1 %. Principale raison : la baisse des trafics sidérurgiques et combiné. Parallèlement, le chiffre d’affaires est à la baisse de 5,7 % pour Fret, à 1,5 milliard. C’est dû, en partie, à la montée en puissance des concurrents, qui ont atteint en 2008 les 10 % de part de marché en tonnage transporté. « La montée en puissance de la concurrence se traduira par une pression accrue sur les coûts. »

Trafic TER : + 8,5 %.
Pour les TER, la croissance prévue en 2009 pour les produits du trafic atteint 8,5 %. Soit 5,9 % en fonction de l’augmentation des volumes et 2,2 % liés à la majoration tarifaire. C’est un objectif ambitieux, alors qu’un retournement de conjoncture est envisageable. La croissance est en ligne avec les hausses constatées les années précédentes, particulièrement favorables.

Trafic Transilien : + 1,9 %.
C’est la progression des trafics estimée pour le Transilien, tant pour 2008 que pour 2009. C’est un relatif tassement, inférieur aux progressions de l’ordre de 3 % des années précédentes. Quant aux offres nouvelles, elles se font essentiellement en heures creuses et flancs de pointe.

Résultat VFE : 842 millions d’euros.
Avec 7,7 milliards d’euros, le chiffre d’affaires de VFE va progresser de 290 millions (4 %). Cependant, avec 842 millions, le résultat de l’activité devrait être à la baisse de 57 millions (6 %) en 2009. La locomotive de la maison mère SNCF, c’est nouveau, n’améliore plus ses performances. Explications avancées, outre la crise économique qui pèse sur l’évolution du chiffre d’affaires : la progression de certains postes de charges. Au premier rang desquels, pour l’Epic, les péages versés à RFF, en hausse de 9,3 %. Et la hausse « sensible » des coûts salariaux, évaluée à 4,6 %. Il y a, également, la progression de la facture maintenance, liée à la hausse du coût des matières premières, aux actions entreprises pour améliorer la fiabilité du matériel, à l’ouverture du technicentre de Lyon.

Emplois Epic : au total, 2 600 suppressions.
En 2009, 7 100 départs de l’entreprise sont envisagés, dont 5 400 départs à la retraite. Un chiffre à ajuster puisque, désormais, depuis la réforme sur les retraites, il n’y a plus de « taquet » obligeant l’agent à prendre sa retraite. Quant aux 1 700 « départs naturels », le chiffre est estimé très important par de nombreux syndicats, surtout chez les jeunes agents de l’activité matériel. Ainsi, selon FO, cela vient du fait que « les salaires sont inférieurs à ceux du privé et les conditions de travail au moins aussi difficiles ». Face à ces départs, comme l’a annoncé Guillaume Pepy, le président de l’entreprise, le 2 janvier dernier, il devrait y avoir 4 500 personnes embauchées. Une simple soustraction permet donc d’évaluer à 2 600 les suppressions d’emploi au cours de cette année.

Emplois Infra : 987 postes supprimés.
Dans le domaine de l’infrastructure, 987 postes seraient supprimés. Pour le secrétaire général de l’Unsa Cheminots, c’est « inacceptable. Alors que le volume de travail pour entretenir le réseau doit augmenter ». Et, comme le dénonce la CGT, « alors que M. Bussereau annonce que la SNCF ne serait pas en mesure d’absorber le rythme de renouvellement du réseau ». En fait, seuls les effectifs de la branche Proximités et du domaine matériel seraient à la hausse en 2009.

Emplois Fret : 910 postes supprimés.
Certains chiffres sont trompeurs. Ainsi, les effectifs pour Fret passeraient de 9 680 à 14 132 agents. Toutefois, cela tient au fait que les conducteurs dédiés sont désormais directement rattachés à la « famille Fret ». Si on ne les incluait pas dans les effectifs Fret, comme auparavant, ceux-ci perdraient 910 agents. En 2008, il y avait eu déjà une réduction d’effectifs d’environ 1 300 agents. Et la CGT estime qu’en 2009 les suppressions d’emplois pourraient être de plus de 1 450 postes « avec les nouveaux abandons de trafics à la concurrence et le transfert vers les filiales VFLI et Naviland Cargo ».

Heures sup : 743 postes en moins.
L’utilisation du rachat des heures supplémentaires, exonérées et défiscalisées, selon la loi Tepa (travail, emploi, pouvoir d’achat), représente à elle seule une diminution de 743 postes, répartis dans toutes les activités.

Investissements : 2 milliards d’euros.
Malgré une conjoncture dégradée sur le cœur des activités de l’entreprise, « à la demande du gouvernement », la SNCF maintient le niveau de ses investissements pour l’Epic à 2 milliards d’euros. Parmi les principales opérations avancées : l’acquisition de TGV Duplex (500 millions d’euros), les révisions et les transformations du parc TGV (163 millions d’euros), la participation SNCF à l’acquisition des trains franciliens (85 millions d’euros), l’acquisition de locomotives diesel (170 millions d’euros).
 

Pascal GRASSART

Ewa

DB-SNCF : tous les fronts d’une bataille

Entre la DB et la SNCF, rien ne va plus. Les deux groupes géants du ferroviaire s’affrontent sur tous les marchés. Et tous les moyens sont bons Selon les Français, il leur a fallu l’achat d’EWS et de sa filiale Euro Cargo Rail en mai 2007 par la DB pour se réveiller. Ils se seraient alors rendu compte que la DB serait un adversaire résolu sur le marché français. Selon les Allemands, le marché français est, à l’exception du fret, aujourd’hui encore entièrement fermé. Alors que leur marché ferroviaire, fret, voyageurs régional, et interrégional, est ouvert depuis longtemps. Ils accusent les Français de profiter de ce déséquilibre, en étant des acteurs particulièrement agressifs sur les marchés externes : Veolia, EuRailCo (Transdev/RATP) et Keolis (SNCF) sont actifs en Allemagne dans le transport régional ou interrégional de voyageurs. Cette argumentation trouve depuis longtemps un écho en France et le député européen (PS) Gilles Savary, bon connaisseur du ferroviaire, a souvent alerté sur les dangers de cette absence de réciprocité. Quoi qu’il en soit, la rivalité franco-allemande a pris ces derniers temps un tour plus violent. Elle l’est d’autant plus qu’elle oppose – la DB n’étant pas toujours en Bourse – deux groupes 100 % publics, dépendant de deux Etats qui ne s’entendent plus comme aux premiers temps de la construction européenne, et qui ont pour alliés naturels deux des trois plus grands constructeurs mondiaux : d’un côté Alstom, de l’autre Siemens. Il semble loin le temps où Hartmut Mehdorn, déjà président de la DB, proposait un « Yalta ferroviaire » à Louis Gallois : à toi la grande vitesse européenne, à moi le fret. Déjà sur les marchés tiers, et depuis longtemps, tous les coups bas sont permis. En Chine, un observateur du dossier reconnaissait : « Officiellement, entre Européens, Français et Allemands, on s’embrasse sur la bouche. En réalité, c’est la guerre. » Et aujourd’hui, plus question de grand partage, de gentleman agreement, d’accords de façade. Partout (fret, trafic régional, grande vitesse), le conflit est ouvert.

Jeudi 9 octobre : NTV choisit la SNCF.
Le futur concurrent des FS pour la grande vitesse, Nuovo Trasporto Viaggiatori (NTV), qui a déjà fait le choix de l’AGV, fait entrer la SNCF dans son capital à hauteur de 20 %. La SNCF l’emporte contre la DB et sera le seul partenaire industriel de référence.

Novembre : Mehdorn et Moretti se plaignent à la Commission européenne.
Les FS et la DB reprochent dans une lettre au commissaire européen aux Transports, Antonio Tajani, la « concurrence déloyale » de la SNCF en matière de transport de voyageurs sur leurs marchés respectifs. Les deux compagnies ferroviaires font valoir que leurs deux pays ont ouvert leur marché à la concurrence, ce qui profite à la SNCF alors que le marché français est fermé. Qui plus est, la SNCF participera à partir de 2011 à la libéralisation du rail en Italie. « C’est notre première action (contre la SNCF), mais faute de réponse nous pourrions en envisager d’autres », menacent les présidents Mehdorn et Moretti. De réponse, il n’y aura pas. « Nous avons bien reçu cette lettre », indique-t-on à la DG Tren, « mais le marché européen du transport de passagers n’est pas encore libéralisé. Nous ne pouvons que constater cette manifestation de mauvaise humeur des Italiens et des Allemands, mais avant 2010 nous ne pouvons pas lancer de procédure d’infraction sur ce sujet. » Pour Guillaume Pepy il s’agit d’une « réaction de mauvais perdants » : les FS voient venir en NTV un concurrent. La DB, elle, espérait devenir partenaire du nouvel opérateur.

Jeudi 20 novembre : perquisition à la SNCF.
Bienvenue dans un monde de concurrence… En un premier temps, la SNCF, face à la perquisition de son siège, comme de la direction du fret et d’autres sites, à la demande de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), fait passer un message apaisant : une telle enquête, c’est normal, tous les grands groupes doivent s’y préparer. On dit alors officieusement qu’on a « toutes les raisons de penser » qu’il s’agit d’une autosaisine. Une façon de ne pas jeter de l’huile sur le feu en pointant les concurrents. Changement d’attitude : le 12 décembre, Guillaume Pepy, devant la presse, avance une autre hypothèse. Cela pourrait venir « peut-être de la DB, peut-être de Veolia ».

Mardi 2 décembre : la SNCF remporte IBM Logistics.
Le contrat représente un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel. Soit une augmentation d’environ 15 % du chiffre d’affaires de la branche Transport et Logistique de la SNCF. Ce contrat américain, qui n’a rien de ferroviaire, est essentiel pour un groupe qui entend devenir un acteur mondial de l’ensemble de la chaîne du transport de marchandises… comme la DB a su le devenir. Un contrat remporté contre les plus grands groupes mondiaux du secteur. Notamment contre la DB.

Jeudi 11 décembre : le tribunal de Bordeaux donne raison à la DB.
Une plainte de Veolia, une autre du groupe DB ? A Bordeaux, c’est ainsi que les choses se sont passées. La plainte en référé de Deutsche Bahn Mobility Logistiks est jugée la première. Le tribunal administratif de Bordeaux donne raison au groupe allemand. L’attribution des transports publics à Keolis (SNCF) pour 2009-2013 au détriment de Veolia est annulée. Veolia retire sa plainte, devenue sans objet. Motif de la décision de justice : la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) n’a pas donné à l’appel à candidatures la publicité voulue, en ne le publiant pas au Journal officiel de l’Union européenne. La CUB s’est pourvue en cassation. En attendant, Veolia garde le contrat détenu depuis 2001.

Vendredi 12 décembre : selon le Times, Mehdorn veut prendre une part d’Eurostar UK.
Selon le Times, la DB pourrait bien s’intéresser au capital d’Eurostar UK et compte ainsi « mieux l’exploiter ». Position « prématurée et prétentieuse », pour Guillaume Pepy. Selon lui, le gouvernement britannique prépare la mise en place d’Eurostar en tant que compagnie ferroviaire, sans poser (pour l’instant du moins) la question de la cession d’Eurostar UK. De plus, Eurostar tel qu’il fonctionne est légitime avec quatorze ans d’expérience, un taux de régularité de 92 %, et le statut de marque ferroviaire préférée des Européens. De quoi demander à la DB ce qu’elle pourrait apporter à la desserte de Londres. Mais, pour le président de la SNCF, il n’y a pas de doute : « Tout le monde sait que la DB veut faire du Cologne – Bruxelles – Londres. »

Prochain rendez-vous : qui sera le partenaire de CFF Cargo ?
La division Fret des chemins de fer suisses est à la recherche d’un partenaire stratégique. Une fois de plus, la DB et la SNCF s’affrontent. Et cette fois, Guillaume Pepy avertit : la DB ayant aujourd’hui une position dominante dans le fret, une alliance avec les CFF poserait un problème. Il y aurait alors un abus de position dominante. Et sans doute une lettre du président Pepy au commissaire Tajani.
 

François DUMONT avec Guillaume LEBORGNE

Ewa

SNCF/Renfe : un opérateur commun en vue

L’objectif est clair, offrir huit allers-retours en TGV jusqu’à Barcelone, puis Madrid La SNCF attend avec impatience la grande vitesse entre Perpignan et Figueras. Elle s’y prépare avec son homologue espagnol, la Renfe. Cet été, lors du Sommet de Saragosse, les deux présidents des compagnies, Guillaume Pepy et José Salgueiro Carmona, ont signé une lettre d’intention pour créer d’ici à la fin de l’année une société commune d’exploitation des trains. Elle sera chargée de proposer une politique tarifaire commune, définir les dessertes et l’offre commerciale, puis évoluera avec le temps. Dès 2010, chaque entreprise exploitera ses propres trains : la SNCF proposera deux allers-retours en TGV partant de France jusqu’à Figueras et la Renfe alignera trois allers-retours avec du matériel S 130 jusqu’à Perpignan. En 2012, lorsque les infrastructures iront à Barcelone, la société proposera une offre commune, avec un parc dédié, sur des relations comme Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux et Barcelone. Ce qui est une véritable nouveauté dans les partenariats montés jusqu’à présent par la SNCF. L’objectif est d’offrir huit allers-retours entre les villes françaises et Barcelone, dont trois prolongés jusqu’à Madrid à l’horizon 2014. La part des trafics domestiques devrait être importante, ce qui conditionnera la rentabilité du projet. « L’international seul ne suffira pas. Nous ne sommes pas sur des business comme Eurostar ou Thalys, qui se suffisent à eux-mêmes. Nous sommes sur des business plus modestes », estime Franck Bernard, directeur Europe de Voyageurs France Europe. « Les infrastructures vont peu à peu nous permettre d’aller très loin en Europe. C’est intéressant. Elles vont nous pousser à inventer des relations nouvelles, comme Barcelone – Toulouse ou Barcelone – Marseille ou encore Madrid – Montpellier. Ces liaisons nous permettront de créer du trafic », estime de son côté Mireille Faugère, directrice de VFE. La société détiendra un parc de 17 TGV Duplex provenant de commandes passées par la SNCF. Elles devront être équipées en ERTMS et faire l’objet d’aménagements pour circuler sur les deux réseaux. Actuellement, les deux entreprises planchent sur la forme que prendra la nouvelle filiale, qui sera détenue à 50-50. « La question de la répartition des recettes est ouverte. Et celle des apports respectifs des deux entreprises aussi. Jusqu’à présent, lorsque nous montions des partenariats, on créait une entité d’offres mais qui ne distribuait pas de billets, ni ne possédait de rames. Ces coopérations sont réussies du point de vue commercial. Mais elles sont difficiles à faire vivre. Désormais, comme nous allons évoluer dans un univers concurrentiel, nous voulons que nos filiales soient plus réactives. Avec la Renfe, nous voulons construire quelque chose de très puissant », affirme Franck Bernard. Jusqu’à créer une nouvelle entreprise ferroviaire ? La question est posée. Elle est compliquée et longue à résoudre, avant tout pour des questions juridiques et administratives, estime-t-il. Or, les deux entreprises veulent aller vite. D’où l’idée d’avancer par étapes, avant d’aboutir peut-être un jour à l’intégration ultime. La naissance de cette société signerait sans doute la fin d’Elipsos, l’entreprise commune mise en place par la SNCF et la Renfe pour gérer les trains de nuit. Une société qui n’arrive pas à progresser face à la concurrence féroce des compagnies aériennes à bas coûts. L’arrivée du TGV, autre concurrent redoutable, devrait en avoir raison.
 

Marie-Hélène POINGT

Ewa

NTV : la SNCF dame le pion à la DB en Italie

La SNCF choisie comme partenaire industriel exclusif par le nouvel opérateur italien NTV : un beau succès qui illustre l’ambition européenne de l’entreprise française Nuovo Trasporto Viaggiatori (NTV) a les fonds, il lui manquait le savoir-faire. Après des mois de discussions engagées avec tous les grands noms du chemin de fer européen, le nouvel opérateur ferroviaire italien, créé en 2006 par des entrepreneurs privés, a annoncé avoir choisi la SNCF comme « partenaire industriel exclusif en Italie et en Europe ». Avec la SNCF, qui va prendre 20 % de son capital, NTV s’allie à « celle qui a la meilleure expertise et la plus grande expérience dans l’activité du TGV », explique Luca di Montezemolo, l’un de ses fondateurs, qui est aussi le patron de Fiat et de Ferrari. Le droit d’entrée représente quelque 80 millions d’euros pour la SNCF. Un joli succès pour l’entreprise française, qui dame le pion à sa grande rivale, la Deutsche Bahn, également sur les rangs pour entrer dans le capital de l’italien. Concrètement, trois groupes de travail vont être mis en place pour préparer l’arrivée du nouvel opérateur sur les lignes domestiques italiennes à partir de 2011. Le premier va étudier le système de distribution (réservation, émissions des billets…) à mettre en place. Le second planchera sur la politique marketing, notamment sur les services à proposer aux voyageurs. Un troisième groupe « opérationnel » s’intéressera aux dessertes (horaires, fréquences…). Le tout nécessitera la mobilisation de plusieurs dizaines de personnes à temps plein côté SNCF. Et deux sièges seront réservés à l’entreprise française au sein du conseil d’administration de NTV, qui seront occupés par le président de la SNCF, Guillaume Pepy, et la directrice de Voyageurs France Europe, Mireille Faugère. « Nous allons travailler avec un pionnier, la première compagnie européenne d’une nouvelle génération. Cette compagnie va sans doute réinventer une partie de notre métier », estime Guillaume Pepy. Selon lui, la SNCF va ainsi « participer » au développement de la grande vitesse en Europe. « Notre stratégie, c’est de conserver notre part, qui est de 50 % du trafic européen voyageurs dans la grande vitesse. Nous travaillons pays par pays, au cas par cas. Nous avons déjà des partenariats avec toutes les compagnies ferroviaires historiques qui nous entourent », précise-t-il encore clairement. C’est précisément le cas avec Trenitalia, avec laquelle la SNCF a monté une joint-venture, baptisée Artesia, pour exploiter des trains entre la France et l’Italie. « Il y a de la place en Italie pour de nouveaux opérateurs. Je ne vois pas de contradiction avec notre partenariat avec Trenitalia », commente Guillaume Pepy. « Dans les quatre prochaines années, nous allons assister à beaucoup d’acquisitions et de fusions dans le secteur ferroviaire européen, et en particulier sur le créneau de la grande vitesse. Beaucoup de liaisons européennes vont apparaître », affirme Luca di Montezemolo. Et il poursuit : « Dès que nous aurons du succès en Italie, nous pourrons intervenir hors des frontières. Mais là, je me projette dans l’avenir. En 2010, le marché sera ouvert, on pourra aller de Paris à Florence… » Reste que si un jour NTV décide de sortir de ses frontières, des questions se poseront forcément. Et la SNCF pourrait alors se trouver à l’étroit dans ce partenariat. « Les développements ultérieurs de NTV ? Qui peut le dire ? C’est prématuré de dire que NTV interviendra dans tel ou tel pays. On en reparlera », tranche Guillaume Pepy. Il précise seulement qu’une « montée dans le capital pourrait être possible, mais seulement si le gouvernement italien donne son aval ». En attendant, chacun place ses pions. En Italie, la SNCF va apprendre à travailler avec une toute jeune entreprise ferrée privée. La suite reste à écrire. Avec une certitude pour les nouveaux partenaires : le fait que des entreprises privées et des banques investissent fortement dans le secteur ferroviaire démontre à quel point, à leurs yeux, il semble promis à un bel avenir.
 

Marie-Hélène POINGT

Ewa

Wagon isolé : Fret SNCF mise tout sur son Swing

Le nouvel acronyme lancé par Fret SNCF constitue la dernière chance de l’opérateur historique d’équilibrer ses comptes et de gagner des nouveaux clients « Monsieur Armstrong, qu’est-ce que le swing ? », a un jour demandé une imprudente au grand génie de la trompette. Lapidaire, sa réponse est restée : « Madame, si vous avez à le demander, vous ne le saurez jamais ! ». Lorsqu’un de ses clients lui pose la même question, le patron du Fret, Luc Nadal, se garde bien d’être aussi cinglant, mais sur le fond la réponse pourrait rester la même. Swing, le « Service de wagon isolé nouvelle génération », vaste opération de séduction auprès des clients, constitue, après plusieurs années de restructuration, l’ultime chance d’équilibrer les comptes et de sauver le lotissement. Cette offre « nouvelle génération » – sorte de prolongement commercial du « haut débit ferroviaire » – repose en fait sur trois volets. Primo, plus de fiabilité, à savoir une diminution des délais d’acheminement et une possibilité de suivi des wagons à travers un portail informatisé et des (futurs) outils de géolocalisation. Secundo, plus de flexibilité. Pour les flux non prévisibles, Fret SNCF proposera un système de réservation unitaire sur Internet, jusqu’à J –2. Tertio, pour les autres clients, ceux dont les flux sont prévisibles, la SNCF propose la mise en place d’un « véritable partenariat » : « En cas d’engorgement de nos installations, nous donnerons priorité à leurs envois », précise le dossier de presse. Enfin, Swing prévoit un quatrième volet pour les expéditions à l’étranger. Le projet d’alliance paneuropéenne X-Rail, union de sept chemins de fer historiques, offrira un engagement de fiabilité de plus de 90 %, mais sa mise en place n’est pas encore programmée : « Les grandes régions économiques à desservir ont été définies. Nous visons le lancement de quelques relations européennes en 2009 », explique Luc Nadal. Les trois autres volets Swing devraient, quant à eux, être en place dès décembre 2008. Car il y a urgence. Bien que le lotissement constitue le principal atout de Fret SNCF, il représente également son plus gros point faible. Face à des concurrents centrés sur les trains complets – les activités de triage sont très lourdes en termes d’organisation –, l’opérateur historique se trouve de fait dans une situation de quasi-monopole sur un service dont les clients sont extrêmement friands pour la souplesse, le débit et les facilités de stockage qu’il propose. Sans le wagon isolé, Fret SNCF perd un avantage concurrentiel imparable. Mais c’est bien là le paradoxe. Avec 35 % des tonnages et 40 % de son chiffre d’affaires, le wagon isolé n’en est pas moins responsable de 70 % des pertes de la branche. Fret SNCF se retrouve donc prisonnier d’un service qui lui coûte beaucoup d’argent. D’où le programme de haut débit ferroviaire, annoncé en juin 2007 par Olivier Marembaud, qui se propose de rationaliser le mode de production à l’extrême autour de trois « hubs ». A partir de décembre, des flux à haut débit circuleront entre chacun de ses pôles, soit six ou sept liaisons inter-hubs par jour, qui permettront de massifier les lots et de réduire les coûts. « Il y a un véritable combat à mener auprès de RFF pour qu’ils incluent les plages travaux dans leur programmation des sillons. Mes sept relations inter-hubs ne peuvent fonctionner que si j’ai des bons sillons, fiables, étalés dans la journée », précise cependant Luc Nadal. En entrant dans l’ère du « wagon isolé nouvelle génération », Fret SNCF disposera en décembre d’un mode de production se voulant fiable, flexible et pérenne. Autrement dit : plus de droit à l’erreur. « L’approche commerciale constitue la deuxième étape de Swing. Très clairement, en 2009, il nous faudra aller chercher des nouveaux clients », souligne Luc Nadal, qui prévoit de cibler en priorité les alentours des plateformes de tri. Optimiste, le patron du Fret n’exclut toujours pas un retour à l’équilibre d’ici 2011. Mais tout cela est désormais entre les mains des clients. Si le Swing de la SNCF les laisse de marbre, il ne restera alors pas grand monde pour danser.
 

Guillaume KEMPF