Je me connecte

E-mail*
Mot de passe*

> Mot de passe oublié?

Je m'inscris

*Champs obligatoires

Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent.
1. Mon Compte
2. Mes activités
3. Mes Newsletters

Vous devez lire et accepter nos conditions générales de vente et d’utilisation *

* Mentions obligatoires

Je souhaite recevoir la newsletter :

Je m'enregistre

Mot de passe oublié ?

Ewa

« Un TGV médicalisé offre des capacités en plus, des contraintes en moins »

DGS
Jeudi
26/03/2020 de 18h à 19h
Reportage Covid-19
Train médicalisé arrivée à nantes

Le 25 mars à Paris, le quai n° 1 de la gare de l’Est était le théâtre d’une chorégraphie parfaitement réglée. Soignants, personnels du Samu, police nationale, secouristes, protection civile, cheminots de l’Escale, de la Suge et de Gares & Connexions… tous s’affairaient à préparer le départ d’un premier TGV médicalisé, un TGV Duplex, destiné à rejoindre Strasbourg. Christophe Lallot, numéro deux de la SUGE Ile-de-France Nord-Est, 46 ans, était chargé de coordonner le dispositif sûreté mis en place pour cette opération inédite. Voici son témoignage.

« Le 25 mars, nous sommes arrivés à 11 heures du matin, nous avons rejoint le quai n° 1 où le TGV était stationné depuis la veille au soir sous la surveillance de la Suge. Notre mission consistait à sécuriser l’installation à bord des équipes soignantes – une cinquantaine de personnes – et le chargement du matériel médical, très volumineux, dans le TGV Duplex qui devait partir à 17 heures pour Strasbourg. Je crois que 200 cheminots, tous métiers confondus, s’étaient portés volontaires pour cette opération.

200 bouteilles d’oxygène

Le périmètre avait été sécurisé au préalable par mes équipes, en coopération avec les forces de police. Il fallait éliminer tout risque d’intrusion sur la zone et rendre le lieu le plus « stérile » possible afin que les soignants mobilisés puissent travailler sereinement : rue d’Alsace neutralisée (pour laisser le champ libre aux ambulances), zone du quai sécurisée pour avoir zéro badaud, zéro journaliste présent, à l’exception d’un caméraman autorisé à filmer l’opération (vidéo en ligne sur notre site ici). Les équipes médicales formaient une véritable armée. Le PC était installé dans la voiture-bar du train. A l’heure dite, tout s’est parfaitement coordonné, chacun savait ce qu’il avait à faire, les différentes étapes, le timing à respecter… Aucune anicroche, aucune hésitation… C’était comme une armée qui montait au front, dans un contexte de « médecine de guerre » il est vrai. J’ai été impressionné par le volume de matériel médical à embarquer : de très nombreux respirateurs et malles, des civières, des brancards et au moins 200 bouteilles d’oxygène. Avec les agents, nous avons aidé à les transporter et à les charger à bord. Des agents de la police nationale l’ont fait, eux aussi, car il manquait quelques chariots de manutention. Tout le monde se sentait concerné, tout le monde s’impliquait. Et je peux vous dire qu’une bouteille d’oxygène, non seulement ça pèse son poids, mais en plus, ce doit être manipulé avec précaution…

Avec le train, des capacités en plus, des contraintes en moins

Pour ce type de transport sanitaire, les avantages du train par rapport à un hélicoptère, un avion ou une ambulance sont évidents : une grande capacité d’accueil aussi bien pour les passagers que pour le matériel, avec un confort garanti. Aucun risque d’embouteillages ni de secousses ou d’à-coups pendant le trajet… Bref, des capacités en plus, des contraintes en moins : c’est ce qu’on peut faire de mieux. Le train est parti à l’heure : le premier tour de roues a eu lieu à 17 h 05 comme prévu. Ce type d’opération sera certainement renouvelée et les cheminots sont prêts à recommencer. Après le départ du train, pendant le debrief avec mes équipes, je sentais que tous étaient fiers d’avoir contribué à la réussite de cette opération inédite… Comme me l’a dit ma fille de 13 ans le soir même : « Dans vingt ans, vous serez dans les livres d’histoire ! » Peut-être, qui sait… »

Propos recueillis par Anne Jeantet-Leclerc

Ewa

Deux à trois TGV sanitaires devraient circuler chaque semaine

DGS
Jeudi
26/03/2020 de 18h à 19h
Reportage Covid-19
Train médicalisé arrivée à nantes

Après le succès des trois premiers TGV sanitaires, la SNCF est en train de passer à « l’industrialisation » de l’opération. « La Direction générale de la Santé prévoit d’en faire deux à trois par semaine », annonce Pierre Meyer, le dirigeant national des Opérations (DNO) à SNCF Réseau.

Deux nouveaux TGV sanitaires devraient ainsi partir le 1er avril, l’un pour Rennes avec 12 patients, l’autre pour Brest (en passant par Saint-Brieuc) avec 24 malades. Ce seront alors 5 TGV médicalisés qui auront acheminé en une petite semaine, depuis le 26 mars, une centaine de malades atteints du Covid-19 vers des centres hospitaliers de la Nouvelle-Aquitaine moins engorgés.

L’idée d’utiliser des TGV pour le transport de patients est née après les attentats de 2015, comme le raconte Pierre Meyer : « Après les attentats, j’ai été contacté par le professeur Pierre Carli et le docteur Jean-Sébastien Marx, du Samu de Paris, qui se posaient la question de savoir si la SNCF pourrait les aider avec du transport massif de blessés. Nous nous sommes rencontrés, puis avons organisé pendant deux jours, en mai 2019, l’exercice « Chardon ». Il s’agissait alors de ramener de nombreux blessés de Metz et Nancy vers la région parisienne. L’idée était que ce soit le plus proche possible de la réalité. Les figurants blessés ont été grimés de façon très réaliste. Nous avons vu ce qu’il fallait faire (ou pas) et avons évidemment effectué un retour d’expérience (REX) ».

Le Samu a contacté la SNCF

Lorsque l’épidémie de Coronavirus a pris de l’ampleur, le Samu a recontacté la SNCF pour lancer le TGV médicalisé. Il a fallu 48 heures pour remettre en place le process. « Nous savions ce qu’il fallait faire, cela nous a énormément facilité la tâche », souligne Pierre Meyer, en expliquant l’étendue de la tâche. « On sait que le diable se cache dans les détails », ajoute-t-il.

Le premier TGV sanitaire Strasbourg – Angers – Nantes a aussi, bien sûr, servi de rodage. Désormais, avant chaque départ de TGV médicalisé (en général 48 heures avant), se met en place une petite dizaine de « lots techniques » correspondants à différentes activités, comme le lot matériel, le lot équipage, le lot sillon, le lot gare ou encore le lot sûreté. Chacun travaille de son côté avant de se rejoindre pour voir si tout est prêt la veille du départ du TGV. Une organisation qui nécessite la collaboration de près de 200 personnes.

La gendarmerie sécurise les PN

En amont, il faut tracer les sillons avec des horairistes souvent en télétravail alors que les outils utilisés nécessitent des moyens lourds. En lien avec la gendarmerie, la SNCF fait aussi surveiller des passages à niveau (PN) à risques pour éviter tous passages en force de véhicules routiers qui se mettraient en travers de la route du TGV. « Nous ne transportons pas des passagers comme les autres. Ce sont des patients intubés, parfois placés dans le coma qu’il faut acheminer dans les meilleures conditions possibles », souligne Pierre Meyer.

Le train utilisé est une double rame, préalablement décontaminée avec des produits virucides validés par la direction générale de la Santé (DGS). La première rame ne transporte pas de malades mais des agents de la SNCF : conducteurs de réserve très expérimentés, dont un conducteur cadre-traction, un dépanneur d’un technicentre et un chef de bord, dont la présence est obligatoire pour respecter la réglementation, et enfin quelques agents de la Suge qui font un travail très utile de reconnaissance des lieux, sécurisent les parcours en s’assurant notamment qu’il n’y aura personne au moment de l’embarquement des malades.

La première rame sécurise la deuxième

Cette première rame permet d’assurer la sécurité de la seconde rame qui transporte les malades. « La première rame fait bouclier, par exemple en cas de heurt avec un chevreuil », explique Pierre Meyer. Bien que le Samu embarque de nombreuses bouteilles d’oxygène à bord, la principale crainte, c’est l’aléa de circulation qui bloquerait la rame, l’empêchant d’être alimentée. « Il existe un système de secours avec des groupes électrogènes à bord permettant une alimentation vitale. Mais elle est évidemment limitée dans le temps », précise le DNO.

24 patients au maximum par rame

Dans la seconde rame médicalisée, les salles du bas, où des civières sont fixées aux sièges, sont réservées pour les malades. Les salles du haut sont utilisées par le personnel médical afin qu’il puisse se reposer. Chaque voiture peut accueillir au maximum quatre patients dans sa salle basse, chaque patient étant surveillé par une équipe médicale de quatre à cinq personnes. Il y a donc un maximum de 24 patients par rame. Et au total une cinquantaine de personnel médical. Le matériel médical (bouteilles d’oxygène mais aussi respirateurs, pousse-seringues…) est placé dans les racks à bagages. Et l’espace du bar est transformé en poste de commandement.

Interrogé par LCI le 30 mars, le professeur Carli a expliqué l’intérêt de l’opération : « Quand on fait bouger un TGV, qui est énorme, on peut prendre en charge une vingtaine de patients de réanimation, c’est-à-dire qu’on déplace le service d’une ville moyenne de 200 000 habitants à peu près, c’est ça la capacité en réanimation d’une ville, et donc lorsque ces services sont surchargés, qu’ils multiplient les interventions, qu’ils multiplient les annexes de la réanimation, c’est une possibilité d’apporter un peu d’air… »

Marie-Hélène Poingt

 

Ewa

Trains sanitaires en d’autres temps ou sous d’autres cieux

Récemment retirées de service, les voitures ambulance Corail se distinguaient par leur large porte centrale coulissante.

Très médiatisé, le TGV médicalisé n’est pas la première application au mode ferroviaire du transport sanitaire, et de loin. Envisagé en France dès la fin du XIXe siècle pour les transports militaires, ce type de transport donnera naissance à deux trains spéciaux du PLM en 1892. Après les horreurs de la Première Guerre mondiale, qui ont dépassé de loin les capacités de transport des trains spéciaux pour blessés couchés et poussé à l’aménagement de voitures voyageurs classiques pour le transport de blessés, est venu le temps des voitures « sanitarisables », d’ordinaire affectées au transport de voyageurs, mais facilement transformables pour le transport de blessés en temps de guerre, par démontage des aménagements intérieurs et ouverture d’une porte d’accès spéciale, plus large que les accès habituels, pour faciliter le chargement et déchargement des brancards. Une illustration de ces principes est donnée par une voiture OCEM construite en 1932 pour le PLM qui fait aujourd’hui partie de la collection de la Cité du Train de Mulhouse, présentée dans son aménagement pour le transport de brancards en position longitudinale.

Mais d’autres matériels plus récents ont également appliqué ces principes. Peut-être avez-vous aperçu une des 27 voitures ambulance Corail VU75 et 80 (So) construites pour la SNCF entre 1976 et 1982 par De Dietrich. Très utilisées jusqu’au début des années 2000 dans les trains d’agence, en particulier les trains de pèlerins vers Lourdes ou pour les acheminements vers Berck, ces voitures (d’abord peintes en vert et gris, puis en livrée Corail couchettes, bleu foncé et blanc) se reconnaissaient extérieurement par leur large porte d’accès coulissante centrale. Intérieurement, l’aménagement se distinguait par l’emplacement longitudinal des 60 couchettes (en configuration « voyage groupe ») et par la présence de deux locaux spéciaux, un pour le personnel et une tisanerie, à l’emplacement des toilettes dans les voitures Corail (les deux toilettes, plus vastes qu’en version classique, étant à leur tour aménagées à l’emplacement de deux portes d’accès).

Au moment du lancement du TGV médicalisé, beaucoup se sont demandé pourquoi les voitures ambulance Corail n’ont pas été utilisées. Une réponse simple est que les dernières ont été garées en 2016 (une voiture est destinée à la collection du patrimoine de la SNCF) et que les TGV avaient l’avantage sur elles d’être autorisées à 300 km/h, point décisif pour parcourir de longues distances. Et pourquoi des Euroduplex, visiblement si bas de plafond ? Du fait de leur accessibilité, nettement supérieure à celle des TGV à un niveau…

Et hors de France ? Alors que le premier TGV médicalisé était mis en route, les Chemins de fer d’Inde annonçaient, le 28 mars, la conversion d’une voiture couchettes (en position « normale », c’est-à-dire transversale, contrairement aux usages en France) en compartiments d’isolement instrumentés.

Patrick Laval

Ewa

Des malades du Grand Est embarqués dans le TGV sanitaire

tgv medicalise

Chargé de matériel médical, un TGV sanitaire a quitté la gare de Paris Est le 25 mars à 17 h 05, puis a passé la nuit à Strasbourg. Ce matin, de 6 heures à 11 heures, devait débuter la longue opération d’embarquement des malades. Vingt malades devaient arriver de plusieurs hôpitaux, notamment de Mulhouse, pour être acheminés vers des hôpitaux de l’ouest du pays moins touché par l’épidémie. A bord du train également, 50 personnes, personnels médicaux et logisticiens et un conducteur.

Visionnez ci-dessous les images du TGV sanitaire et l’embarquement des malades :

Et la seconde vidéo (trop lourde pour être intégrée directement sur notre site) : https://bit.ly/tgv-medicalise-26-mars_v2

 

Ewa

Le premier TGV sanitaire va évacuer des malades du Grand Est

rame tgv sur la ligne a grande vitesse est europeenne e1585139825415

Il n’y a pas que des avions sanitaires qui peuvent évacuer des malades. Pour la première fois, un TGV médicalisé est utilisé pour transporter des malades atteints du coronavirus. Il les évacuera du Grand Est vers des territoires moins touchés par cette épidémie.

Chargé de matériel, le TGV doit quitter aujourd’hui la gare de Paris-Est pour rejoindre Mulhouse et Strasbourg. Il transportera demain une trentaine de malades vers des hôpitaux où il y a de la place dans l’ouest de la France.

Un concept validé en mai 2019

Cette rame Duplex, qui sert habituellement au transport de voyageurs, est aménagée pour recevoir des brancards. Elle avait déjà servi lors d’un exercice de crise, le 21 mai dernier lors d’une simulation d’attentat réalisée avec les équipes du Samu. Il s’agissait alors de « valider le concept » et de transformer rapidement, en deux heures, une rame pour la rendre apte au transport de blessés et permettre leur évacuation de centre-ville à centre-ville, vers des « plateaux hospitaliers lourds », explique le directeur du Samu de Paris, le professeur Pierre Carli, dans une vidéo mise en ligne par l’AP-HP (voir : ici ).

L’exercice, baptisé « Chardon », avait alors mobilisé 400 personnes et nécessité un travail de presqu’un an, en partenariat avec la SNCF. « L’exercice Chardon revisite le concept du train sanitaire », indiquait alors le professeur Carli, qui évoquait aussi la possibilité d’utiliser ce TGV médicalisé pour d’autres types de scénario comme une épidémie…

L’utilisation de ce TGV sanitaire est aujourd’hui une première en Europe, a de son côté affirmé le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui était interrogé le 24 mars à l’Assemblée nationale lors des questions d’actualité.

M.-H. P.