L’idée d’un abonnement unique valable dans toute la France pour voyager dans les trains régionaux, à l’image de ce que fait l’Allemagne, revient en force sur le devant de la scène. Dans une interview accordée le 4 septembre au media en ligne HugoDecrypte, Emmanuel Macron s’est en effet dit favorable à la création d’un « passe rail » sur le modèle allemand. « Toutes les régions qui sont prêtes à le faire avec l’Etat, banco ! », a déclaré le président de la République.
Rappelons que l’Allemagne a lancé en mai le « Deutschlandticket » au tarif de 49 euros par mois pour prendre de façon illimitée les transports publics (publics et privés) sur tout le réseau sauf les grandes lignes, après avoir testé un forfait à 9 euros durant l’été 2022. La mesure remporte un franc succès populaire : près de 11 millions de personnes auraient déjà acheté cet abonnement. Un nombre conséquent d’entre elles n’avaient jamais pris les transports en commun auparavant. Reste que le coût de la mesure augmente (elle est aujourd’hui évaluée à plus de 3 milliards d’euros, prise en charge par l’Etat et les autorités régionales) et que des ajustements pourraient être prochainement nécessaires. Le tout dans un contexte de dégradation de l’infrastructure qui nécessite de lourds investissements de remise en état.
Liberté tarifaire
L’idée paraît complexe à mettre en place en France, non seulement pour des raisons budgétaires, mais aussi parce que les régions défendent avec force leur « liberté tarifaire« . Jusqu’à présent, le ministre des Transports se contentait de plaider pour un billet unique (autrement dit un simple support de paiement utilisable partout en France) souhaité dans deux ans. Sans aller jusqu’à la mise en place d’une tarification unique sur l’ensemble des territoires puisque la politique tarifaire des TER relève de l’exécutif de chaque région. Et que ni l’Etat ni la SNCF n’ont la main sur le sujet.
Or, à ce jour, le chemin pris par les régions ne va pas dans le bon sens : les tarifs des TER varient d’une région à l’autre, les cartes de réduction sont acceptées chez l’une mais refusées chez la voisine, les conditions d’échange et de remboursement ne sont pas les mêmes, les correspondances ne sont pas forcément harmonisées… Chacune défend son pré carré et sa communication auprès de ses électeurs. Comme le constatait récemment la Fnaut, le voyageur doit devenir un expert pour pouvoir voyager. L’annonce présidentielle permettra-t-elle à tous les acteurs de se mettre autour de la table pour enfin discuter dans l’intérêt des voyageurs?
Marie-Hélène Poingt