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Ewa

Strasbourg pousse son tram vers l’Allemagne

En 2013, la ligne D franchira le Rhin pour desservir la ville allemande de Kehl Le tramway de l’agglomération strasbourgeoise va franchir le Rhin et desservira la ville allemande de Kehl en 2013. Le conseil de la communauté urbaine de Strasbourg s’est prononcé en faveur du projet soutenu par son président, Roland Ries : l’extension de la ligne D au-delà de son terminus actuel Aristide-Briand est prévue sur deux sections. Soit 1,8 km (trois stations) pour 20 millions d’euros sur la partie française, et 1,1 km (deux stations) pour 22,5 millions d’euros, comprenant une passerelle mixte tram-vélo à construire au-dessus du Rhin. Le terminus se situera sur la place de la gare de Kehl, ville allemande de 35 000 habitants accolée à l’agglomération strasbourgeoise.
Les travaux commenceront en 2011. L’enquête publique préalable n’est pas nécessaire, l’ensemble du tracé se trouve sur la voirie publique. « Le projet s’inscrit, pour sa partie française, dans le cadre des appels à projets de transports urbains lancés suite au Grenelle de l’environnement », affirme Roland Ries. Un quart de l’investissement en infrastructures est subventionnable, voire davantage si Port-du-Rhin (2 000 habitants) est reconnu comme un quartier à désenclaver prioritairement dans le plan banlieues. En novembre, Strasbourg avait déjà présenté son projet d’extension de la ligne A vers l’ouest (3,4 km pour 47 millions d’euros). « En tant que président du Gart, j’ai vu que les collectivités présentaient un maximum de projets pour subventions, y compris ceux qui n’étaient pas très avancés », reconnaît Roland Ries.
A Strasbourg, l’opposition critique la faible densité de population desservie par cette extension. Le tracé prévu remplacera l’actuelle ligne de bus 21 de la Compagnie des transports strasbourgeois, l’une des lignes les moins fréquentées du réseau avec 3 000 voyages/jour. « Nous utilisons le tramway comme moteur de l’urbanisation », répond Roland Ries. La partie allemande du tracé devrait bénéficier d’un financement binational, à négocier avec les collectivités locales, et d’un soutien européen dans le cadre des projets Interreg. Un parking-relais de 250 à 300 places est prévu à la gare de Kehl. Un centre commercial en cours d’achèvement devrait renforcer l’attractivité de cette commune, déjà fréquentée par les Strasbourgeois pour des achats alimentaires.
Pour renforcer les liens entre Strasbourg et l’Allemagne, Roland Ries préconisait jusqu’à présent un projet de tram-train, prévu pour 2014. « Le tram-train Obernai – Strasbourg – Offenbourg n’est pas encore financé. Le projet est complexe institutionnellement et techniquement. A terme, les deux infrastructures seront complémentaires », estime-t-il. Les flux n’ont jamais été mesurés précisément de part et d’autre du Rhin, et l’étude sur la fréquentation potentielle des extensions décidées n’est pas encore prête. Une enquête dite « ménages-déplacements », en cours de réalisation auprès de 5 500 foyers dans le département du Bas-Rhin, apportera des informations statistiques sur les flux de déplacements dans le bassin de vie de Strasbourg et environs. Les collectivités organisatrices, côté français, n’ont pas jugé utile de donner un caractère transfrontalier à cette enquête, qui mobilise un budget de 1 million d’euros. Les résultats, définis en parts modales, seront connus cet été. Ils permettront aux autorités organisatrices d’affiner leurs politiques publiques en matière de déplacements.
 

Olivier MIRGUET

Ewa

Caen cherche à se procurer des tramways TVR

Caen serait prête à reprendre les trams sur pneus Bombardier de Nancy Le rachat des rames de tramway sur pneus de Nancy par le réseau caennais. Voilà le grand « buzz » du moment pour la presse locale des deux seules villes équipées d’un tramway sur pneus Bombardier (TVR). Nancy (Communauté urbaine du Grand Nancy) dément et Caen (Caen la mer) fait taire les cancans : « Nancy ne nous a jamais proposé ses rames et nous n’avons jamais contacté Nancy à ce sujet », jure Eric Vève, le président du syndicat mixte Viacités. Confrontées à la problématique de développement de leur réseau, les deux villes se reposent pourtant aujourd’hui la question de leur TVR. Promis à un bel avenir à la fin des années 1990, ce tramway bimode est devenu un objet collector – une cinquantaine de rames en tout –, suite à un lancement explosif dans ses deux vitrines françaises. Presque dix ans après en avoir arrêté la production, Bombardier est d’accord pour relancer la chaîne, mais il fixe le minimum de production à vingt véhicules. « C’est un chiffre tout à fait atteignable si Caen, Nancy ou d’autres collectivités passent une commande groupée », estime Alain Bertrand, responsable des contrats de Nancy et de Caen chez Bombardier.
Alors que Nancy renvoie ses décisions sur le matériel roulant à l’horizon 2013, Caen souhaite rapidement prolonger son tramway au nord et au sud, et estime avoir besoin de 10 rames (4 rames pour traiter la saturation et 6 pour les extensions). Et elle entend statuer sur ce sujet d’ici à la fin de l’année. Pour les élus caennais il y a cinq possibilités. La première, qui aurait leurs faveurs, serait de convaincre Bombardier de leur livrer moins de 10 rames. « Nous avons des arguments à faire valoir, dans la mesure où la maintenance a été sous-évaluée par les candidats à la DSP. Cette erreur de jugement coûte 500 millions d’euros par an à Keolis et au groupement STVR dont fait partie Bombardier, et ce jusqu’au terme du contrat, en 2032. Peut-être souhaiteraient-ils s’affranchir d’une partie de cette facture », propose Eric Vève. Le deuxième scénario serait que Caen passe une commande groupée avec une autre collectivité locale pour atteindre la barre fatidique des 20 rames. Malgré les visites en 2008 de délégations de Washington et de la province chinoise de Jiangxi, les contacts commerciaux semblent au point mort sur ce produit, qui ne figure plus sur le site Internet de Bombardier. Cet état de fait inspire à Caen une troisième solution potentielle : et si Bombardier cédait son tram sur pneu à un autre constructeur pour qu’il reprenne le flambeau, Lohr Industrie, par exemple ? Difficile d’y croire. La quatrième hypothèse n’est guère plus reluisante : conserver les TVR sur leur ligne en site propre et mettre en place des bus en voies réservées pour les extensions. La dernière possibilité alimente les rumeurs locales : si Nancy se décide à ne plus exploiter ses rames Bombardier, Caen se propose de lui racheter 10 rames. Techniquement, le transfert est possible, mais les véhicules devraient être adaptés, ceux de Caen étant utilisés uniquement en site propre. « Bombardier serait prêt à accompagner ses clients et à faire évoluer le véhicule », assure Alain Bertrand. Malgré les démentis, une rencontre entre les deux exécutifs est prévue pour aborder le sujet.
 

Guillaume LEBORGNE

Ewa

Nantes fait une pause sur le tramway

La ville de Nantes se donne un an pour décider si elle « refait » du tramway Une réflexion d’un an. C’est ce que vient d’annoncer Jean-Marc Ayrault, maire et président de la communauté urbaine. « Nous allons continuer d’agir sur les transports, mais les incertitudes financières et le stade de développement de notre réseau nous indiquent qu’on ne peut plus seulement raisonner en termes d’investissements. Il faut aussi de la performance. La priorité pour obtenir le maximum d’impact sur la clientèle est aujourd’hui d’améliorer celle des bus. 2009 sera en même temps une année d’évaluation et de prévision. Nous saurons en 2010 quelles seront nos nouvelles priorités en busway ou tramway. »
Au placard, donc, pour le moment, les nouveaux trams qui tenaient la corde. Pas de raccordement de la ligne 1 et le la ligne 2 au nord de la ville, seulement – pour le préparer quand même – le déménagement, l’aménagement de stations et l’élargissement d’un pont. Pas de lancement d’une 5e ligne pour l’île de Nantes, ce quartier en plein essor, centre-ville programmé des années 2020.
En revanche, lancement de dix « lignes de bus structurantes », cinq d’ici 2013, cinq autres entre 2013 et 2020. Pas une mince affaire ! De 4 à 5 millions d’euros d’investissement chacune pour les porter à 10 000 voyageurs par jour. Ce grand projet bus sera le chantier de transport du mandat politique jusqu’en 2014. « Dix fois 10 000 voyageurs, c’est l’équivalent d’une bonne ligne de tramway en termes de fréquentation », affiche Jean-François Retière, le vice-président transports de la communauté urbaine, dans un bel effort de communication. Au moment du bilan, l’équipe de Jean-Marc Ayrault s’appuiera sur des réalisations parallèles. Celles des trams-trains de la région Pays de la Loire au départ de Nantes vers Clisson au sud-est, et surtout vers Châteaubriant, au nord de l’agglomération.
Limitée dans ses investissements lourds, Nantes se trouve aussi contrainte par des dépenses d’entretien plus conséquentes que jamais. Elle dépense 11 millions d’euros dès cette année dans son matériel roulant. Ce seront 147 millions d’euros entre 2007 et 2009 pour la rénovation de rames vieilles de trente ans, la commande de huit nouvelles avec quatre en option pour rouler quand les premières seront à l’atelier, ainsi que la réfection de six à dix kilomètres d’infrastructure de tramway. Un bilan de son PDU 2000-2010 va être effectué avant d’en voter un nouveau pour 2010-2020.
 

Hubert HEULOT

Ewa

Oslo ou la naissance d’une agglomération

Oslo et sa banlieue ont désormais une autorité organisatrice commune pour leurs transports publics. Une révolution ! Depuis le 1er janvier 2008, Oslo et sa banlieue organisent ensemble les transports en commun de la capitale norvégienne, une petite métropole tout juste millionnaire étirée sur la rive de son fjord. Concrètement, Oslo Sporveier, la compagnie municipale de la capitale, et SL, la société publique du comté voisin d’Akershus, ont fusionné, pour former une nouvelle structure baptisée Ruter. Du coup, l’échelle des cartes change. On ne devrait plus assister, comme ce fut le cas récemment, à la fermeture d’une ligne de métro à la frontière communale faute d’accord sur le financement des déficits ! En ville, on voit aussi dans cette réforme l’occasion de prendre du champ : la politique des transports devrait désormais être moins dépendante des hésitations de l’hôtel de ville d’Oslo, qui ont fait des dégâts au début de la décennie.
La nouvelle autorité organisatrice veut montrer qu’elle existe, et a choisi l’offensive pour peser face à ses autorités tutélaires. Ruter a publié à la fin de l’été dernier un plan stratégique, K2009, qui a une triple ambition : établir un programme opérationnel d’ici 2012, définir des objectifs – avec des résultats concrets, et donc des infrastructures nouvelles – pour 2015, et esquisser une perspective jusqu’en 2025. « Le plan K2009 n’est pas un programme d’investissement, précise Hans Andreas Fristad à la direction de l’organisation. Certaines mesures ont d’ores et déjà été décidées à l’hôtel de ville d’Oslo et dans l’Akershus ; d’autres non. Nous voulons clairement influencer les politiques. Soit nous suivons la tendance actuelle des investissements, soit nous réussissons à accélérer le mouvement. » Une telle accélération est d’ailleurs nécessaire si la ville d’Oslo entend remplir ses propres objectifs environnementaux, pointe-t-il.
La municipalité d’Oslo, justement, n’a pas une position très claire. « Nous-mêmes, nous ne comprenons pas tout, reconnaît M. Fristad. Ce n’est pas un secret de dire que la ville n’est pas très favorable aux tramways. Elle paie les nouvelles rames du métro, mais elle n’investit rien dans les trams. Alors, on trouve de l’argent ailleurs, notamment du côté de l’Etat. » Cependant, note-t-il, Oslo laisse faire. « L’adjoint aux transports a déclaré qu’on ne construirait pas un kilomètre de tram tant qu’il serait en place. Mais finalement, on en a construit beaucoup ! » De fait, tous ont en mémoire les errements de 2002-2004 : pour faire des économies, on avait fortement réduit le réseau de tramways (et aussi fait circuler moins de bus, et même moins de métros). Les autorités avaient dû reculer, devant l’ampleur des protestations des usagers… et sans doute la chute des chiffres de fréquentation. Ce n’est qu’au début 2006 qu’on a retrouvé – puis largement dépassé – le niveau de 2001 !
Ruter peut maintenant se targuer de bons résultats, retrouvés notamment grâce à un effort sur les fréquences, et une baisse du prix de l’abonnement (tandis que les tickets à l’unité ont augmenté). En 2008, la fréquentation a augmenté de 6 %, avec 187 millions de voyages à Oslo (dont 39 % en métro, 37 % en bus et 21 % en tram) et 55 millions dans et depuis l’Akershus (essentiellement en bus, et aussi en train). Le taux de couverture dépasse les 60 %, une jolie performance. Autre bonne nouvelle pour l’autorité organisatrice : elle va pouvoir récupérer, jusqu’en 2027, 39 % des revenus de la « troisième partie du paquet d’Oslo » (Oslopakke 3), manne venue des produits du péage urbain installé aux portes de la capitale, et abondée par l’Etat. C’est d’ailleurs une révolution : jusqu’à présent, le péage urbain ne servait qu’à construire des routes. Il va désormais aider aussi les transports publics, et participer au comblement des déficits d’exploitation. Il est à ce propos intéressant de noter que, tandis que la fréquentation des transports publics augmentait fortement, le nombre d’automobiles franchissant les postes de péages de l’agglomération a baissé de 8 % sur les trois derniers mois de 2008.
Le plan stratégique de Ruter est particulièrement ambitieux. L’objectif est de voir la fréquentation progresser de 18 % d’ici 2012 et de 70 % d’ici 2025. La part des transports collectifs passerait ainsi dans l’ensemble de la zone de 27 % aujourd’hui à 30 % en 2012 et 44 % en 2025. Dans la (très vaste) commune d’Oslo, elle progresserait de 35 % aujourd’hui (46 % dans la zone centrale, à l’intérieur du périphérique) à 39 % en 2012 et 53 % en 2025… Pour y arriver, l’autorité organisatrice propose de renforcer le réseau tous azimuts. Avec plus de métros, plus de tramways, des bus… Certes, son premier plan stratégique fait encore la part belle à Oslo. Mais les banlieues ne devraient pas pour autant être oubliées, assure-t-elle. Les progressions les plus spectaculaires y sont d’ailleurs espérées. Grâce peut-être aussi à un tram-train, qui n’est pour l’instant qu’évoqué dans K2009. Une étude est en cours.

Le métro
Le métro d’Oslo est le fruit de l’assemblage de bouts de lignes réalisé au fil du temps, qui vont de l’ancien tramway suburbain de l’Holmenkollbanen (ouvert en 1898) au bouclage de la ligne circulaire (en 2006). C’est dans la capitale norvégienne qu’a été ouvert le premier tunnel urbain de Scandinavie, en 1928 : ce « prémétro » avant la lettre prolongeait dans le centre l’Holmenkollbanen, de son terminus de Majorstuen à Nationaltheatret. Quant à la première ligne de métro (T-bane), elle date de 1966, entre la gare centrale et Bergkrystallen. Oslo a longtemps eu un réseau en deux parties : à l’ouest, les vieilles lignes héritées des trams, avec leurs caténaires ; et à l’est, le T-bane, électrifié par troisième rail. Les deux morceaux se sont rencontrés en 1987 à la station Stortinget, au pied du Parlement, mais sans interconnexion. Celle-ci n’est venue qu’en 1993, une fois la ligne de Sognsvann équipée d’un troisième rail. Celle d’Østerås a suivi deux ans plus tard, tandis que les deux branches occidentales restantes (Holmenkollbanen et ligne de Kolsås) étaient reliées au reste du réseau grâce à l’emploi d’un matériel bimode.
Le métro d’Oslo comporte aujourd’hui cinq lignes, numérotées de 1 à… 6, en tronc commun dans le centre-ville. Particularité du système : depuis l’achèvement de la ligne circulaire (Ringen) en 2006, les lignes 4 et 6 qui la desservent assurent un service continu, changeant de numéro à hauteur de Nydalen au nord. Cette ligne 4/6 passe donc deux fois dans les stations du centre, avant et après le « looping » du Ringen. Sa partie ouest vers Kolsås (la ligne 6) a été fermée pendant plus d’un an en 2003-2004, faute d’accord sur le financement du déficit d’exploitation entre Olso et le comté d’Akershus. La branche a été à nouveau fermée en 2006, cette fois-ci pour travaux : il s’agit de la moderniser, de mettre ses stations aux normes et d’installer un troisième rail. Elle vient d’être rouverte jusqu’à Åsjordet, et devrait l’être jusqu’à Jar (à la frontière) en 2010. Le reste devrait suivre, si tout va bien, d’ici la fin 2012.
Le programme de Ruter en matière de métro ne rencontre pas d’oppositions majeures. Outre l’achat de rames supplémentaires à Siemens, la reconstruction de la ligne de Kolsås et le cas particulier de l’Holmenkollbanen (voir ci-après), son principal objectif est d’arriver à doubler les fréquences de passage sur les branches les plus chargées – à l’est – qui devraient passer de 15 à 7 minutes 30, et ce alors que le tunnel central est proche de la saturation. D’où des travaux à prévoir, surtout pour la signalisation, dans ledit tunnel, et la construction d’un court raccord entre la ligne de Vestli, la plus chargée, et la ligne circulaire. On pourrait ainsi répartir les charges plus facilement. Ruter envisage aussi la reconstruction de l’importante station de Majorstuen. En revanche, l’autorité organisatrice reste très réservée quant à la construction d’une station supplémentaire entre Majorstuen et le centre-ville, pourtant prônée par la mairie (vu qu’il y a 2 km sans arrêt). Sa construction serait très coûteuse, ses accès peu aisés, et la zone est bien desservie par les tramways, plaide Ruter.

Le cas particulier de l’Holmenkoll-banen
L’Holmenkollbanen est un cas particulier dans le paysage des transports publics d’Oslo. Construite par étape entre 1898 et 1916, cette charmante ligne serpente dans les quartiers résidentiels du nord-ouest de la ville, desservant notamment le fameux tremplin de saut à ski d’Holmenkollen. De son passé de tramway, elle a gardé l’alimentation par caténaires et aussi des quais très courts, qui ne peuvent accueillir que des rames de deux voitures. L’Holmenkollbanen a été prolongé dans le centre-ville d’Oslo jusqu’à Nationaltheatret en 1928 puis Stortinget en 1987. Il a été intégré au réseau du métro en 1995, avec le numéro 1.
Mais si le numéro 1 est flatteur, les performances de cette ligne, ne sont pas jugées satisfaisantes. « Nous avons un problème de capacité dans le tunnel du métro, explique Hans Andreas Fristad chez Ruter. Et en 2010 ou 2011, quand nous aurons reçu notre nouveau matériel roulant pour les autres lignes, nous ne pourrons plus nous permettre d’y faire circuler les rames de l’Holmenkollbanen, qui sont beaucoup trop courtes ! » Bref, l’actuelle ligne 1 prive ses sœurs des sillons dont elles ont besoin pour faire face à la demande. Et il ne serait pas rentable d’engager de coûteux travaux pour tripler la capacité de la doyenne du réseau, et la mettre aux normes du reste du métro. En effet, elle en est de loin la moins chargée, et, à contretemps, est plus fréquentée le week-end et l’été, puisqu’elle sert essentiellement à emmener les habitants de l’agglomération en promenade.
En 2003 déjà, l’Holmenkollbanen avait été raccourci à son parcours originel, son terminus oriental étant ramené à Majorstuen (certaines missions continuant à travers le centre jusqu’à Bergkrystallen aux heures de pointe). Mais les protestations des usagers ont obligé les autorités à reculer. La ligne 1 s’arrête donc depuis le début 2005 à Helsfyr, à l’est du centre (avec toujours des services pour Bergkystallen en pointe). « L’Holmenkollbanen ne dessert pas des quartiers très peuplés, mais des quartiers où vivent des gens très influents » qui tenaient à pouvoir aller au centre d’Oslo sans changement, note à ce propos M. Fristad. Ils devraient bientôt déchanter, car la ligne va à nouveau être raccourcie. Mais en contrepartie, elle sera modernisée.
Il y avait en fait deux possibilités pour l’avenir de l’Hollmenkolbanen : le rattacher au réseau de tramways, ou le rendre compatible avec le reste d’un réseau de métro appelé à être entièrement alimenté par troisième rail (quand bien même son exploitation serait en temps normal déconnectée des autres lignes). « Nous avons les tramways, nous avons le métro, et nous ne voulions pas d’un troisième système, explique M. Fristad. Et nous voulions que l’Holmenkollbanen soit compatible avec l’un ou l’autre, de façon à pouvoir faire circuler quand même des services directs vers le centre-ville en cas de besoin, notamment lors des grands événements. » Le prochain grand événement est pour bientôt : Oslo va accueillir en 2011 les championnats du monde de ski nordique, et la plupart des épreuves se dérouleront à Holmenkollen. Finalement, le conseil municipal a tranché : la ligne 1 restera un métro. Les caténaires seront remplacés par un troisième rail, et les stations seront allongées pour pouvoir accueillir de nouvelles rames de trois voitures (qui seront donc deux fois plus courtes que sur le reste du réseau). Elle sera limitée à Majorstuen… sauf en cas de grands événements.

Les tramways
Les tramways – trikk en norvégien – font partie du paysage d’Oslo depuis 1875. Electrifiés entre 1894 et 1900, leur réseau a été continuellement étendu jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Ils ont depuis lors connu des hauts et des bas. Les premières fermetures de lignes ont commencé en 1947, et le conseil municipal a voté leur suppression pure et simple en 1960. L’idée était alors de les remplacer par des bus diesel, jugés plus flexibles, la plupart des lignes suburbaines devant être annexées par le métro. Mais faute d’argent pour acheter les bus dans l’immédiat, les choses ont traîné, jusqu’à ce que la ville revienne sur sa décision, en 1977. Les trams ont été peu à peu rénovés, et on a même agrandi leur domaine au début des années 1990, notamment vers le nouvel hôpital central (Rikshospitalet). Et puis, au début des années 2000, patatras ! Lancées dans une vaste chasse aux économies, les autorités locales ont alors fait leurs comptes, et ont calculé que les bus étaient de 50 à 80 % moins chers à exploiter. Sur les huit lignes que comptait alors le réseau de trams, quatre devaient être raccourcies et deux supprimées. 22 % des rails étaient appelés à être recouverts de goudron. Et, à assez court terme, c’est-à-dire vers 2006, le réseau subsistant devait être réduit à trois lignes de bybane – ou tram moderne, le terme norvégien est une traduction directe de l’allemand Stadtbahn -, dont deux auraient récupéré les deux branches du métro encore équipées de caténaires, l’Holmenkollbanen et la ligne de Kolsås au-delà de Jar.
Finalement, il n’en a rien été. Certes, la période a été assez agitée, avec de nombreux changements d’itinéraires, des annonces rapidement démenties… Un seul bout de ligne a été fermé en novembre 2002, au nord vers Kjelsås. Il a été rouvert exactement deux ans plus tard, après avoir été partiellement détruit, puis reconstruit. Il faut dire que les usagers ont beaucoup protesté, et que les bus de substitution transportaient de 30 à 40 % de passagers de moins que le tramway. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ce tronçon était en site propre lors de sa construction en 1934. C’est dans les années 1960 qu’on a permis aux voitures de rouler sur les voies d’un tram qui était alors condamné… Pour la petite histoire, Ruter prévoit maintenant de reconstruire le site propre.
Le calme est aujourd’hui revenu dans les tramways d’Oslo. Certes, il n’y a plus que six lignes, mais elles sont plus fréquentes. Leur domaine a même été agrandi depuis la réouverture de la branche de Kjesås, puisque c’est désormais en tram qu’on atteint Bebekkestua, station de la ligne de métro de Kolsås fermée pour travaux. Et devant la gare centrale (Oslo S), on s’active maintenant pour reconstruire la place du Chemin de fer (Jernbanetorget), appelée à devenir dans quelques mois une station majeure du réseau. Le tableau n’est pas pour autant idyllique : les trikk d’Oslo sont souvent englués dans la circulation, ils attendent aux feux, la vente de tickets par le wattman les ralentit… « Entre le moment où le conseil municipal a décidé de supprimer les trams en 1960 et le moment où il est revenu sur sa décision, il y a eu dix-sept longues années sans aucun investissement, justifie Hans Andreas Fristad chez Ruter. En 1977, quand on s’est à nouveau intéressé aux tramways, ils étaient complètement délabrés. Bien sûr, on a fait des efforts depuis, mais on n’a jamais vraiment rattrapé le retard ! » Et les errements du début des années 2000 n’ont pas arrangé les choses !
Aujourd’hui, l’hostilité de la mairie d’Oslo n’est plus aussi marquée. A tout le moins, elle ne prône plus la suppression des tramways en ville ! Mais, remarque M. Fristad, la plupart des aménagements réalisés ces dernières années l’ont été sur des axes appartenant à l’Etat norvégien, et non sur une voirie communale parfois délaissée. La modernisation devrait se poursuivre, avec davantage de sites propres, l’installation d’automates aux arrêts, l’acquisition de nouveaux véhicules, etc. Le renforcement des fréquences a permis à l’exploitant de parler de « trottoir roulant » (rullende fortau). Les efforts devraient continuer dans ce sens.
A plus long terme, Ruter mouille sa chemise, et propose de nombreuses extensions. Certaines sont acquises, d’autres pas. On peut notamment citer un nouveau barreau nord-sud dans l’hypercentre et le déménagement des voies dans le nouveau quartier de Bjørvika, près de la gare, où une autoroute urbaine doit céder la place à un boulevard plus civilisé. Autre réalisation spectaculaire : la desserte de la zone de Fornebu. La commune de Bærum, voisine d’Oslo, voulait un métro automatique, gage de modernité, pour ce nouveau bout de ville high-tech né là où se trouvait l’aéroport jusqu’en 1998. Finalement, ce devrait être un tramway. Et ce tramway serait prolongé en ville par une nouvelle ligne, ou plutôt par des petits bouts de lignes, qui viendraient structurer et désenclaver les nouveaux quartiers qui naissent ou vont naître sur les terrains délaissés par les activités industrielles et portuaires au bord du fjord. Ce projet a déjà un nom : fjordtrikken. Ruter vient de lancer un appel d’offres pour une étude de tracé. Si elle prévoit de nombreux tramways nouveaux, l’autorité organisatrice ne veut tout de même pas trop irriter la mairie d’Oslo. Du coup, elle glisse dans son rapport quelques mots qui remettent en cause la pérennité à long terme de certains morceaux du réseau jugés trop urbains pour pouvoir devenir vraiment performants (et qui avaient été particulièrement menacés il y a quelques années). Ce qui ne l’empêche pas, en attendant, d’y prévoir d’importants travaux…

Les bus
Comme un peu partout dans le monde, les bus urbains (rouges) sont numérotés à deux chiffres et les bus suburbains (verts) à trois. Sous le haut patronage de Ruter, ils ont été confiés à plusieurs opérateurs, de la compagnie municipale d’Oslo UniBuss à Veolia Transport. Ruter préconise le renforcement des fréquences sur certaines lignes fortes – les plus chargées ayant vocation à être au moins en partie remplacées par des trams. Un site propre de bus est en projet au nord-est, le long du boulevard périphérique, entre Storo et Bryn. En banlieue, l’idée est de proposer un réseau simplifié, maillé autour du réseau ferré, qui s’articulerait autour de lignes fortes.
 

François ENVER

Ewa

La rénovation du dépôt des trams bruxellois touche à sa fin

La rénovation de ce site historique classé va s’achever en ce début d’année La rénovation du dépôt des tramways de la STIB (Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles) à Woluwé-Saint-Pierre, prise en charge par CFE Brabant, va s’achever en ce début d’année. Ce site historique classé héberge également le Musée du transport urbain bruxellois. Cette rénovation a concerné le remplacement de la couverture de toiture, la réparation et le renforcement des charpentes d’origine en bois, la restauration des façades, la remise en état du bâtiment d’exploitation et du musée avec l’annexe « 1941 » en préservant leur caractère historique. CFE, qui modernise aussi le dépôt toujours en activité pendant les travaux, vient de choisir un pont roulant Europont équipé d’un palan Verlinde Eurobloc VT (constructeur et exportateur français d’équipements de levage et de manutention) pour la réhabilitation du musée et du dépôt. Commandé par radio et d’une capacité de 1,6 t, il sera utilisé pour la manutention des éléments en toiture des tramways (convertisseurs auxiliaires, caténaire…) dans le cadre des programmes d’entretien et de maintenance des rames. Tous les déplacements, levage, descente, longitudinal, ou transversal sont à variation continue de vitesse. « Le matériel Verlinde proposé par Europa-Levage, distributeur et intégrateur pour la Belgique, proposait une très bonne fiabilité, ainsi que le meilleur rapport qualité/prix du marché », justifie un ingénieur Techniques Spéciales chez CFE. Ce groupe de BTP, dont Vinci détient 47 % du capital, est organisé autour de cinq pôles d’activités. En particulier, la construction et la rénovation d’infrastructures de génie civil et de bâtiments : tunnels, ponts, routes, murs de quais… Et des prestations de travaux multi-techniques comme l’électrification d’infrastructures ou la mise en œuvre de signalisation ferroviaire.
 

Michel BARBERON

Ewa

Succès au rendez-vous pour le tram de Ténérife

En 2008, plus de 13 millions de voyageurs ont goûté au tramway de Tenerife mis en service en juin 2007. Un formidable succès Les vingt rames du tramway de Tenerife, l’une des sept îles de l’archipel espagnol des Canaries, font fi de la circulation routière dense bloquée aux feux de signalisation. Visibles de loin avec leurs flancs aux couleurs vives ou pelliculés de publicités, elles ont la priorité aux intersections et 35 minutes leur suffisent pour parcourir les 12,6 km de la ligne 1 et ses 21 stations. Leurs trois bogies moteurs leur permettent de grimper allégrement des rampes moyennes de 5 %, avec un record à 8,5 % ! Toujours en montée, le matériel Citadis 302 d’Alstom démarre ainsi du niveau 0 de la mer, le long du port de la capitale Santa Cruz, pour atteindre La Laguna, cité inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco située à 600 m d’altitude. Cette première ligne d’un réseau naissant a en effet dû s’adapter au relief très accidenté de l’île. Mais aussi prendre en compte des densités de population élevées, de l’ordre de 50 000 habitants au km2 par endroits, desservir les deux hôpitaux de l’île dont les visiteurs génèrent un important taux de déplacements. Elle a dû s’insérer dans des artères historiques étroites d’une vingtaine de mètres, traverser des zones commerciales à forte circulation, passer à moins de cinq mètres d’un théâtre où des mesures particulières ont dû être prises pour l’isoler des vibrations et du bruit lors des représentations… Budget global de cette réalisation dont les travaux avaient débuté en juin 2004 : 340 millions d’euros. Une partie de cette somme a été consacrée à l’introduction d’un mobilier urbain, à des travaux complémentaires d’embellissement de la ville en prenant un concept de projet de ligne avec une réurbanisation menée de façade à façade.
Sur les 339 000 habitants de l’agglomération de Tenerife et de La Laguna, 186 000 ont un arrêt près de chez eux. « Cela a été l’un des aspects clé de la réussite du tramway. Nous avons en effet été en mesure de placer le tracé là où il était attendu », insiste Andrez Muñoz, directeur général de MTSA, l’entreprise Métropolitaine du Tramway de Tenerife qui l’exploite. A l’image d’autres villes qui se sont lancées dans une telle aventure, le succès ici ne s’est pas fait attendre. En 2008, quelque 13 millions de passagers ont emprunté ce nouveau mode de transport. Aujourd’hui, avec presque 50 000 voyageurs par jour ouvrable sur la ligne, MTSA enregistre un taux de fréquentation bien supérieur à ses ambitions d’origine. Ce sont ainsi 1 260 000 passagers qui prennent le tram par mois, soit 27 % de plus que fin 2007. Significatif aussi de l’engouement, 55 % des voyages ne se faisaient pas avant par le réseau d’autobus urbain Titsa qui dessert l’île. Curieusement, celui-ci est encore en concurrence directe avec le nouveau tram et certains trajets de bus longent carrément la ligne ferroviaire ! Un non-sens qui s’explique cependant. A l’époque où le projet de tramway avait été lancé, l’entreprise de bus Titsa ne dépendait pas du Cabildo, le Conseil de Tenerife, mais du gouvernement des Canaries, l’équivalent en quelque sorte d’un conseil régional chez nous. Titsa a depuis été réaffecté au Cabildo qui gère les transports sur son île, le gouvernement des Canaries se chargeant des liaisons avions et bateaux inter-insulaires dans l’archipel. Un transfert de compétences qui laisse deviner une proche réorganisation…
Autre particularité, unique en Espagne, le tramway de Tenerife circule en continu le week-end, une attente forte de la population puisque la ligne traverse des secteurs où les Canariens aiment se rendre les fins de semaine. « Un mois après la mise en service commercial, le Cabildo a demandé que l’on assure un service nocturne les vendredis et samedis. Trois rames tournent 24 heures sur 24, ainsi que les veilles de jours fériés, avec des intervalles de trente minutes environ. La fréquentation justifie cette extension du service : il y a près de 2 500 personnes par nuit », précise Philippe Niais, de Transdev. Celui-ci est aussi chargé par le Cabildo d’étudier un projet de Pass, une billetterie sans contact équivalente au Navigo parisien, qui permettrait d’avoir une seule carte pour l’ensemble des transports de l’île. Un système de transports en site propre qui devrait se développer très largement dans l’avenir et décongestionner les 1 400 km de routes.
Dès le mois de juin prochain, une ligne de tram n° 2 en construction depuis mars 2008, entrera en service. Longue de 3,7 km et destinée à relier les zones de Tincer à la Cuesta, elle se distingue aussi par d’importantes pentes jusqu’à 8,5 %. « Un facteur qui, comme pour la ligne 1, nous oblige à adapter le mobilier et à chercher des solutions pour faciliter l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite », précise Damien Varenne, chef de projet Systèmes de transport à Transdev. Si 2,3 km de la ligne 2 sont entièrement nouveaux, le reste sera jumelé avec la ligne 1 et deux de ses six stations seront communes. Cette ouverture pour laquelle six rames supplémentaires ont été commandées, va permettre à 65 % de la population de l’agglomération d’avoir un arrêt à proximité. La demande attendue est de 6 500 passagers par jour, soit une augmentation de la fréquentation d’environ 17 %.
Cette ligne 2 devrait en fait constituer l’embryon d’un nouvel axe à prolonger dans le futur puisque le sud de la capitale
est une zone d’expansion de la population. Et c’est loin d’être fini. Mi-2009 toujours, le financement des travaux pour l’extension de la ligne 1 reliant Trinidad à l’aéroport en 2011 doit être programmé. Si tous ces développements ont jusqu’à présent surtout été centrés sur les pôles principaux de Santa Cruz et de La Laguna, le Cabildo prévoie de relier Tenerife Nord et Tenerife Sud par une liaison ferroviaire. Et les autorités évoquent aussi la possibilité d’une autre liaison ferrée par le côté Nord…
 

Michel BARBERON

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Prolongation contestée du tramway à Marseille

La communauté urbaine de Marseille Provence Métropole a voté la prolongation du tramway Un prolongement du tramway par la rue de Rome, entre la Canebière et la place Castellane, via la préfecture. Ce sera une voie unique d’environ un kilomètre qui fera sa jonction avec la ligne 2 du tramway sur la Canebière, à hauteur du cours Belsunce, et qui comprendra entre trois et quatre stations, celles-ci permettant le croisement des rames. Le coût est estimé à 30 millions d’euros, financés en partie grâce au plan d’investissement quinquennal du conseil général des Bouches-du-Rhône. Cette branche du tramway fait partie d’un plan de requalification du centre-ville décidé conjointement avec la municipalité conduite par Jean-Claude Gaudin en vue de « Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture ». Si elle est destinée à assurer « une meilleure connexion entre les transports en commun venant du Sud et le Nord de la ville », la création de cette voie unique permettra essentiellement la requalification de la rue de Rome, un axe commerçant en perte de vitesse. Ce tronçon de 1 km fait partie d’un projet de nouvelle ligne de tramway jusqu’au quartier des Catalans, élaboré par l’ancienne majorité communautaire. Projet auquel le socialiste Eugène Caselli, président de la communauté urbaine depuis avril 2008, avait mis son veto, avant de concéder ce kilomètre au nom de la « gouvernance partagée ». Eugène Caselli avait en effet été élu président alors que la droite était majoritaire en sièges. Un « accord de gouvernance partagée », passant notamment par un partage des vice-présidences, avait été trouvé pour permettre la gestion de la communauté. C’est au nom de cet accord que déjà le 5 février dernier, lors de l’examen du plan de requalification du centre-ville par le conseil municipal de Marseille, la gauche marseillaise, minoritaire dans l’assemblée municipale, avait voté en faveur de la création de cette prolongation du tramway. « Nous avons accepté, même si ce n’était pas notre position. Avec trente millions d’euros nous avons d’autres priorités, mais nous sommes dans un travail collectif et nous avons fait des gestes », a reconnu Patrick Menucci, maire PS des 1er et 7e arrondissements, et vice-président de la communauté urbaine. Pour certains proches de l’exécutif, comme le communiste Frédéric Dutoit, « ce tramway sur voie unique ne servira à rien ». Mais le temps presse déjà et l’UMP Renaud Muselier, vice-président de la communauté urbaine, a prévenu : « Pour que le tramway circule à la fin juin 2012, il faut commander les rames dès le mois d’avril 2009 au titre de la tranche conditionnelle du marché en cours. » Le plan de requalification du centre-ville comprend d’autres mesures visant à réduire la circulation automobile et à favoriser les transports en commun et le vélo : semi-piétonnisation du Vieux-Port, déplacement du pôle d’échanges de la Bourse afin de refondre le réseau de transport du centre-ville, stationnement résident facilité, etc. Pour que la ville soit prête pour « Marseille 2013 », il n’y a donc pas de temps à perdre.
 

José SOTO

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Le métro et le tramway de Séville innovent

Construites par CAF, les voitures du futur métro circulent actuellement sur le réseau de tram de Séville Prévue pour le 30 septembre puis reportée à Noël, la mise en service du métro de Séville doit se faire par tranches avant l’inauguration de la première ligne, prévue durant la Semaine sainte. Elle marquera l’arrivée en Espagne de dispositifs comme les portes de quai, mais également d’un tramway partiellement alimenté par des batteries. En effet, les rames actuellement en circulation sur l’unique ligne de tram vont être transférées au métro et seront remplacées par des convois hybrides.
La première ligne du métro de Séville « est un chemin de fer métropolitain avec les caractéristiques d’un métro léger », précise la Junta (gouvernement) d’Andalousie, autorité propriétaire des infrastructures via les Chemins de fer andalous. Longue de 18 km, la ligne 1 court sur un tracé ouest – sud-est avec 22 stations entre Olivar de Quintos et Ciudad Expo. Essentiellement en souterrain, elle reprend partiellement des tunnels déjà creusés il y a trente ans. Elle devait fonctionner dès juillet 2006, mais des vestiges médiévaux, des difficultés sur les ouvrages d’art et, le 26 novembre 2008, des entrées de boue à la station Puerta de Jerez ont retardé l’échéance.
Desservant directement 250 000 des 470 000 habitants de l’agglomération, cette liaison aura dans toutes ses stations des portes de quai, un système de sécurité et une innovation en Espagne que devrait poursuivre Barcelone, notamment avec sa ligne 9 automatique en construction. A Séville, ce dispositif a été adjugé par la Junta à l’entreprise Faiveley Transport.
Autre particularité, les premières rames de ce métro circulent déjà depuis presque un an en surface sur une ligne de tramway unique de 1,35 km ouverte le 28 octobre 2007 et qui a restauré un mode de déplacement disparu ici en 1962. En effet, la municipalité sévillane avait décidé dès septembre 2004 d’édifier dans l’hypercentre historique ce tronçon, par souci de lutter contre la pollution et la détérioration des vieilles pierres dont celles de la cathédrale et de la fameuse tour de la Giralda. Ce tram a donc vu le jour pour se mettre au « développement durable » disent les uns, par électoralisme suggèrent ses adversaires, puisque le métro avait du retard mais pas la date des élections municipales…
Toujours est-il que ce tram dit « Metrocentro » circule bien entre Prado de San Sebastian et Plaza Nueva avec des convois de cinq voitures construites par CAF. Cette ligne est à écartement UIC et à double voie, sauf devant la cathédrale où les rails se chevauchent par « souci de l’environnement ». Et elle accueille par anticipation le matériel roulant du futur métro.
A ce tour de passe-passe, doit s’ajouter une modification de l’alimentation du tramway, aujourd’hui par caténaire. En effet, toujours préoccupée de l’esthétique dans un secteur urbain piétonnisé, la municipalité va faire démonter les mâts et la ligne aérienne dans les vieilles rues, car CAF doit livrer de nouveaux véhicules, élaborés dans son usine andalouse de Linares (l’ex-site des automobiles Santana, dans la province de Jaén). Autre première outre-Pyrénées, cette deuxième génération de rames sera équipée de batteries pour s’affranchir des quelque 250 m sans caténaire. Ensuite, la ligne sera prolongée dans la ville de 2,8 km, de manière plus traditionnelle, notamment pour créer des échanges intermodaux à la gare centrale de Santa Justa.
Si le tramway est exploité par Tussam (la régie municipale des transports urbains), le métro proprement dit l’est en concession par Metro Sevilla. Cette société a été adjudicataire des travaux, mais aussi des opérations commerciales. Elle rassemble des entreprises du BTP comme Dragados et Sacyr, ou des industriels locaux tels que Gea21 et le constructeur ferroviaire CAF.
 

Michel GARICOÏX

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Les très grandes ambitions de Montpellier

L’agglomération montpelliéraine possède un réseau de transports publics prospère. L’offre s’étoffe et les voyageurs affluent Le réseau de tramway de Montpellier est promis à un quasi-doublement de la longueur cumulée de ses trois lignes dont la troisième verra ses travaux commencer en mars pour une mise en service en 2012. Actuellement long de 35 km avec deux lignes, il atteindra 58,8 km avec la mise en service de la 3e ligne et deux petites extensions de la ligne 1 à chacune de ses extrémités dont la première, à Odysseum (0,6 km) sera inaugurée le 1er septembre prochain.
Mais d’ores et déjà plus de 50 km sont pré-programmés pour une nouvelle étape, celle de l’horizon 2020, dont la dimension politique est forte.
Georges Frêche, président (divers gauche) du conseil d’agglomération de Montpellier, a rendu compte le 17 janvier des conclusions d’une commission ad hoc présidée par Robert Subra, vice-président de Montpellier-agglomération, et composée d’élus de la commune centre et de plusieurs communes périphériques. Chargée de tracer les grandes lignes du réseau futur, elle a arrêté la création de plusieurs extensions des lignes en service ou de celle en construction, et de deux lignes entièrement nouvelles, numérotés 4 et 5.
« Nous faisons le premier réseau de tramway en France, le plus complet, le plus dense », a affirmé George Frêche, tout en reconnaissant que « rien n’est définitivement arrêté ».
Robert Subra a détaillé le parti général : « Nous choisissons des voies uniques à l’extérieur, dans des zones où nous préférons ne pas passer dans tous les villages pour privilégier la vitesse, et où nous organisons un système de rabattement. »
Le vice-président de l’agglomération citait en référence le projet d’extension de la ligne 2 vers Poussan (ouest), d’une longueur de 19 km de voie unique pour un coût de 130 millions d’euros, soit un prix imbattable de 6,8 millions d’euros au kilomètre. Cette extension, qui est un des éléments clés du programme à l’horizon 2020 arrêté par la commission ad hoc, utiliserait largement les emprises de l’ancienne ligne Midi Montpellier-Paulhan. Elle s’inscrit dans la perspective d’un extension de l’agglomération vers l’étang de Thau par l’adhésion de la Communauté de communes du nord du bassin de Thau (autour de Mèze) à Montpellier-agglomération. Dans la perspective d’une adhésion de la Communauté d’agglomération du Bassin de Thau (autour de Sète), bloquée à ce jour par l’opposition de Frontignan, « cette extension de la ligne 2 serait prolongée de Poussan jusqu’à Sète, permettant de faire un triangle avec le TER Sète – Montpellier et le tramway périurbain Sète-Poussan-Montpellier », explique George Frêche.
Parmi les autres grands prolongements à l’horizon 2020, figurent l’extension est de la ligne 2 vers Castries (7 km, 50 millions d’euros) ; celles de la future ligne 3 vers le littoral touristique, depuis Pérols son terminus programmé (à la limite de l’agglomération actuelle soit à 800 m des plages…), jusqu’à Palavas centre d’un côté (2,5 km, 45 millions d’euros), La Grande-Motte de l’autre (11,5 km, 110 millions d’euros), et au nord dans Juvignac (1,5 km, 25 millions d’euros) ; et enfin l’extension de la ligne 1, côté sud-est vers les centres de loisirs et funéraire de Grammont (2 km, 35 millions d’euros) et vers une éventuelle gare TGV à Boirargues (1,5 km, 35 millions d’euros).
Deux toutes nouvelles lignes sont enfin prévues.
D’abord une ligne 4 qui courrait du quartier Ovalie, proche du nouveau stade de rugby Yves-du-Manoir, jusqu’à la zone de recherche Agropolis au nord de l’agglomération. Sont d’ores et déjà prévues deux extensions, jusqu’à Clapiers au nord, et route de Bionne à l’ouest. Le total affiche 14 km de voie nouvelle pour 300 millions d’euros. Cette nouvelle ligne emprunterait les voies de la ligne 1 d’Albert 1er à Saint-Eloi. Elle serait la première à ne pas desservir la gare Saint-Roch, utilisant les boulevards circulaires autour de l’hypercentre côté nord, un itinéraire jadis recommandé par les opposants au tracé actuel de la ligne 2 qui souhaitaient mailler le centre historique. « Le tramway empruntera le boulevard du Jeu-de-Paume, c’est un vœu de Mme Mandroux (maire PS de Montpellier) », a précisé Georges Frêche.
Enfin, le président de la Communauté d’agglomération explique que « sur la demande de Jean-Pierre Grand » (maire de Castelnau-le-Lez), une ligne 5 reliant le terminus intermédiaire de Notre-Dame de Sablassou, au nord-est de la ligne 2, à la station Place de l’Europe, dans le nouveau centre-ville des bords du Lez, serait tracée à travers les quartiers de la Pompignane et des zones d’activité en forte croissance du Millénaire (5 km, 75 millions d’euros).
Notons que M. Grand (UMP villepiniste) souhaite faire ainsi de Notre-Dame de Sablassou un centre intermodal avec l’établissement d’une station TER sur la ligne RFF Nîmes-Montpellier qui tangeante le tramway. Ce dernier projet vient d’être l’objet d’une évaluation par RFF. Il est soumis à une forte contrainte topographique (voies en profond remblai) alors que la SNCF suggère le développement d’une station existante, deux kilomètres en amont, aux Mazes-Le Crès, très au large. Cette dernière serait en correspondance avec l’extension de la ligne 2 du tramway vers Castries.
Le total de ces projets à l’horizon 2020 cumule entre 52 et 61 km de voies nouvelles et entre 685 et 750 millions d’euros. Ils ne sont pour l’instant pas financés – l’agglomération attend encore la réponse du gouvernement à sa demande d’augmentation de subvention pour la ligne 3, qui devrait être donnée en mars. Plus encore, ils dépendent largement de l’évolution politique du périmètre de l’agglomération de Montpellier, suceptible de se muer en communauté urbaine par fusions successives. Plusieurs de ces projets constituent d’ailleurs un argument de poids dont Georges Frêche entend bien se servir pour convaincre ses voisins parfois récalcitrants de rejoindre la métropole en constitution. Tel le maire de Palavas, Christian Jeanjean, dont la commune a quitté l’agglomération montpelliéraine le 1er janvier 2005, ce qui a rendu l’accès des plages par transport public singulièrement onéreux et difficile. Un comble pour une grande ville située à 8 km de la Méditerranée.
 

Michel Gabriel LEON

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Nantes franchit un pas dans l’exploitation de son réseau

Les transports publics du nord de la ville sont transformés, l’économie de l’ensemble du réseau est transfigurée Six-cents mètres qui changent beaucoup de choses. Nantes vient d’allonger sa 3e ligne de tramway. Apparaissent une station, un parking-relais. Le tram accède à un dépôt de bus qui devient mixte bus/tram. Les transports publics du nord de la ville en sont transformés, l’économie de l’ensemble du réseau est transfigurée.
La Semitan (société d’économie mixte des transports de l’agglomération nantaise) améliore d’abord sa desserte du Sillon de Bretagne, quartier riche en logements HLM et en administrations. Le parking-relais de 220 places compte singulièrement dans la réorganisation. Au nombre de 38 à Nantes (5 700 places), ces équipements fonctionnent bien, ils sont remplis à 80 %. Le dernier-né est destiné au nord-ouest de l’agglomération, Saint-Herblain et au-delà vers Saint-Nazaire. Grâce à lui, la ligne 3 de tramway, 72 000 voyageurs par jour, devrait gagner bon nombre de fidèles. Plusieurs lignes d’autobus s’arrêtaient déjà à ce futur terminus avant qu’il n’existe. Autre intermodalité, un abri-vélo : 35 places couvertes dont les deux tiers sécurisés. Une première à Nantes. Jusqu’ici, c’est seulement dans le centre-ville et à l’université que des systèmes plus élaborés que des appuis-vélos avaient été mis en place. En particulier, la location en libre-service.
Hormis ces nouveaux services au public, c’est dans l’exploitation de son réseau de transports que Nantes franchit un pas. La Semitan parachève la gestion de ses rames de tramway ligne par ligne. Chacune possède maintenant son centre d’entretien courant et de remisage, en général en bout de ligne. Les 22 rames de la ligne 3 ne se rendront plus qu’au nouveau dépôt. « Une réorganisation stratégique », indique Jean-François Hélas, directeur des infrastructures et du développement à la Semitan. Elle anticipe, par les espaces ainsi créés au bout des lignes, en complément du garage historique au siège de la Semitan, en centre-ville, sur l’augmentation prévue du parc à venir. 35 rames s’ajouteront dans les prochaines années aux 79 existantes. Des milliers de kilomètres par an en déplacements inutiles de rames à vide de leur lieu d’exploitation vers les ateliers sont évités. Les conducteurs aussi (1 000 au total) se déplacent moins. Ils sont affectés à trois dépôts fixes. En périphérie, plus facile d’accès que le centre. Il y a là quelques cohérences.
 

Hubert HEULOT