Alors qu’en Espagne le nouveau gouvernement de coalition, mené par le socialiste Pedro Sanchez, prépare son budget 2020, les villes et les communautés autonomes (les régions) espèrent des coups de pouce pour leurs investissements dans les transports même si elles disposent, à des degrés divers, de ressources financières propres. C’est le cas avec les « Consorcios de Transportes », autorités uniques qui organisent les déplacements et investissent dans les métropoles. Point commun, toutes ont fait le choix des mobilités collectives, d’autant que l’urbanisation va s’accélérant au point que les commentateurs évoquent aujourd’hui une « España vaciada » (vidée) pour les contrées rurales. Passage en revue des projets qui avancent.
A Madrid, la rénovation du tunnel de Recoletos, reliant les terminus de Chamartin et Atocha sur 7 km, a constitué un chantier majeur en 2019. Cette infrastructure draine la plupart des lignes banlieues (Cercanias) de Renfe. Fermé le 2 juin, le tunnel n’a été rouvert que le 17 novembre, une fois les voies, la signalisation, les caténaires et les gares refaites. D’où une meilleure fluidité et davantage de dessertes sur un réseau qui cumule presque la moitié du trafic passagers total de l’opérateur.
D’autres opérations d’ampleur sont en projet comme la reprise de la ligne 5, au sud de la capitale, qui est déjà équipée de l’ERTMS. Mais 2020 verra surtout l’aboutissement de l’appel d’offres lancé par Renfe : il lui faut renouveler la moitié de son parc roulant banlieue, avec 300 rames pour commencer.
Même souci pour MetroMadrid, qui a déjà conclu l’achat de 67 trains pour 700 millions d’euros. Il s’agit aussi de satisfaire la demande, en assurant bientôt le service 24 heures sur 24 en fin de semaine. Cette année également, la ligne 4 sera fermée pour rénovation complète, représentant un coût de 47 millions d’euros.
A Barcelone, la réalisation de jonctions entre différentes lignes fait partie des priorités. Ainsi, TMB (Transports Metropolitans de Barcelona), qui a transporté plus d’un milliard de voyageurs sur l’année 2019, vise l’achèvement de sa ligne 9/10 de métro dont les 48 kilomètres desservent l’ouest de la ville. Selon le Plan directeur des infrastructures de 2001, les quatre antennes finales au nord et au sud progressent, mais la difficile partie centrale (9 km) entre Zone universitaire et La Sagrera peine faute de financements pérennes.
Autre jonction sur la table, celle entre les deux réseaux de tramways (Trambesos au nord, Trambaix au sud) : le trait d’union via l’avenue Diagonal a été au centre des débats pour le scrutin municipal, sans que l’on puisse avancer une date.
De son côté, Valence affiche des chiffres records avec son métro qui a transporté 69,4 millions de voyageurs en 2019. Plusieurs chantiers de prolongements de lignes ont été lancés : c’est le cas pour les chemins de fer locaux (FGV) avec une nouvelle ligne 10 pour le tramway, tandis que Renfe veut poursuivre sa ligne banlieue C1 Valence-Gandia vers Denia, assurant un « Tren de la costa », le long de la Méditerranée.
A Alicante également, les FGV ont prolongé la desserte tramway jusqu’à la gare centrale.
En Pays basque, le doublement Bilbao/Saint-Sébastien (Donostia) s’est poursuivi en 2019 au niveau de Ermua, tandis que sur le chantier du métro donostiarra, 2,8 km étaient excavés à la fin de l’année dernière sur les 4,2 engagés.
En 2020, le tramway de EuskoTren (ET) à Vitoria-Gasteiz sera prolongé de 2,5 km vers Salburua avec introduction du véhicules articulés sur sept segments. Plus au nord, l’opérateur public amorce la transformation en tramway de son ancienne voie ferrée métrique de Bilbao-Atxuri vers Bolueta, étendant ainsi le réseau tram de la capitale de la Biscaye.
Le métro de Bilbao a enregistré 91,5 millions de voyages en 2019.
En Andalousie, les villes passent des compromis avec la Junta de cette communauté, ce gouvernement étant, en effet, engagé dans le financement des réseaux urbains. Ainsi Jaèn est enfin arrivé à un accord pour faire démarrer son tramway.
Málaga prolonge ses deux lignes de métro depuis El Perchel (gare centrale) vers le centre historique, tout comme Séville avec sa ligne 3 depuis Prado vers l’hôpital de Valme.
Autre situation difficile qui semble se débloquer, le tram-train de la baie de Cádiz : commencée il y a 11 ans, cette ligne a pu satisfaire à la connexion de ses rails avec le réseau banlieue de Renfe, mais reste à parachever les caténaires et la sous-station nécessaires.
Michel Garicoïx