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Ewa

L’analyse de 6t. L’enjeu du stationnement vélo : pour pédaler il faut d’abord pouvoir stationner

Vélostation de la Place de l'Europe, à Dijon. (Abri vélos sécurisé à proximité de la station de tramway).

L’intérêt renouvelé pour le vélo au déconfinement, venant s’ajouter à une tendance de fond au « retour de la bicyclette »1 observable depuis les années 2000 a fait ressurgir une problématique finalement assez peu médiatisée : que faire de son véhicule, justement lorsqu’il ne roule pas ? Avec la multiplication des vélos en circulation depuis le mois de mai dernier, qu’ils aient été achetés pour l’occasion ou ressortis des caves, outre les embouteillages sur les pistes cyclables, les usagers sont également confrontés à des difficultés de stationnement. Ce manque de place se fait particulièrement ressentir dans les grandes villes, en milieu urbain dense, là où l’habitat est essentiellement collectif et où l’existence d’emplacements spécifiquement adaptés au stationnement des vélos est loin d’être systématique. Si le baron Haussmann a considérablement transformé et modernisé Paris avec ses grands travaux, il a oublié le local vélo…

Par Nicolas Louvet et Camille Krier

Alors que la promotion du vélo comme mode de déplacement respectueux de l’environnement fait désormais consensus, les politiques publiques visant à encourager son développement sont surtout concentrées sur l’usage, notamment avec l’aménagement de pistes cyclables, et sur l’équipement, avec des aides à l’achat ou à la réparation, comme dans le cadre du « Coup de pouce vélo » lancé par le ministère de la Transition écologique et solidaire pour accompagner les mobilités douces à la sortie du confinement. Le stationnement apparaît donc quelque peu oublié dans les politiques vélo, bien que les documents d’urbanisme intègrent cette composante depuis plusieurs années et que des initiatives telles que les « vélobox » à Paris voient le jour dans différentes villes. Le stationnement fait pourtant partie intégrante de ce que Frédéric Héran qualifie de « système vélo »2, au même titre que les infrastructures dédiées à la circulation, les véhicules eux-mêmes ou encore les règlements et politiques facilitant sa pratique. Le stationnement a donc un rôle à jouer dans le développement de ce mode, et ce d’autant plus qu’une bicyclette demeure finalement stationnée la très grande majorité du temps.

A travers une enquête3 auprès d’un échantillon représentatif de la population des grandes villes françaises (plus de 4 000 répondants), 6t-bureau de recherche s’est penché sur la problématique du stationnement vélo et son corollaire, la crainte du vol. L’enquête démontre ainsi que des modalités de stationnement jugées peu pratiques ou peu fiables peuvent constituer un frein à l’usage du vélo, au même titre qu’un risque perçu de vol. Si plus d’un cycliste équipé sur trois a déjà subi un vol de vélo, ils ne sont que 2 % à avoir été touchés par cet aléa au cours de l’année écoulée. La crainte du vol n’en constitue pas moins une préoccupation majeure pour les usagers, qui rechignent régulièrement à laisser leur vélo stationné dans l’espace public, et donc à l’utiliser pour certains déplacements. Ainsi, près de la moitié des cyclistes déclarent qu’il leur arrive de renoncer à enfourcher leur bicyclette par crainte de ne pas la retrouver intacte, ou de ne pas la retrouver du tout.

Plus encore qu’au domicile ou sur leur lieu de travail, où la majorité des cyclistes disposent de possibilités de stationnement hors voirie, bien que parfois jugées peu pratiques, c’est en fait partout ailleurs que le besoin de stationnement sécurisé est le plus criant. Les arceaux vélo, voire les poteaux, grilles ou lampadaires, malgré le renfort d’un bon antivol, sont loin d’être la panacée. Lors d’une sortie au restaurant ou au cinéma, lors d’une course ou d’un rendez-vous médical, il n’est pas toujours possible de stationner son vélo de manière à la fois pratique et sécurisée. Cela peut alors décourager l’utilisation de ce mode pour ce type de motif mais aussi, lorsque plusieurs activités et déplacements sont enchaînés au cours d’une même boucle, pour toute une journée. C’est donc parfois parce qu’il n’est pas sûr de pouvoir stationner son véhicule près du bar où il retrouvera ses amis le soir que l’utilisateur renoncera à partir au travail à vélo le matin. Autrement dit, il suffit qu’une seule opportunité de stationnement fasse défaut dans la journée pour que le vélo soit laissé au garage, pour peu qu’on en ait un.

Il est intéressant de relever qu’à l’inverse, c’est parce qu’un automobiliste estime avoir besoin de sa voiture pour une activité spécifique (accompagner un enfant à l’école, porter des courses), qu’il va finalement l’utiliser pour tous les autres déplacements qu’il enchaînera au cours de sa journée. Dans le doute, on prendra sa voiture mais on laissera son vélo, un paradoxe qui apparaît d’autant plus absurde au vu des nombreux bénéfices du vélo, tant pour l’utilisateur que pour la société, et des inconvénients de la voiture pour la collectivité (pollution, congestion).

Promouvoir des modes de déplacement à même de remplir les objectifs de durabilité inscrits à l’agenda des politiques publiques nécessite alors de reconsidérer le partage modal de l’espace urbain. Cela parait en bonne voie en ce qui concerne les pistes cyclables, mais l’offre de stationnement vélo, notamment en dehors domicile ou du lieu de travail, gagnerait à être renforcée. Permettre aux cyclistes de stationner facilement leur véhicule en toute sécurité, pour chacune des occasions qui compose leur quotidien, constitue ainsi un important levier pour véritablement systématiser l’usage du vélo comme mode de déplacement urbain. Cela permettrait non seulement d’intensifier son utilisation chez les cyclistes mais aussi de convaincre certains non-utilisateurs de se mettre en selle.

1 Héran F., (2014), Le retour de la bicyclette. Une histoire des déplacements urbains en Europe, de 1817 à 2050, La Découverte, 255 p.
2 Héran F., (2018), « Système vélo », Forum Vies Mobiles,
3 6t-bureau de recherché, (2020), Le développement du vélo et de la trottinette dans les grandes villes françaises

Ewa

Bientôt un label pour les employeurs qui s’engagent pour le vélo

tram vélo Toulouse

Le gouvernement veut soutenir les déplacements domicile-travail à vélo. Avec le soutien de l’Ademe, la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) travaille depuis quelques mois sur le label « Employeur Pro-Vélo », qui vise à distinguer et encourager les entreprises publiques et privées favorables à l’usage du vélo pour les trajets domicile-travail. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, vient de lui donner un coup d’accélérateur en lançant officiellement le 30 novembre le programme « Objectif employeurs Pro-vélo » et en prolongeant jusqu’au 31 mars 2021 le « Coup de Pouce Vélo » (une aide de l’Etat de 50 euros à la réparation de vélos).

L’expérimentation du référentiel de ce futur label est en cours dans une cinquantaine d’entreprises publiques et privées, dont l’AP-HP, le département de Seine-Saint-Denis ou le Centre national d’études spatiales (CNES) à Toulouse. Le CNES, par exemple, a organisé des opérations de sensibilisation, proposé des abris vélos couverts (dont 90 nouvelles places créées en 2020 en partie avec l’aide du programme Alvéole), a mis en place un bâtiment dédié aux vélotaffeurs avec vestiaires, douches ou encore des kits de réparation et des casiers chauffants. Une soixantaine de vélos en libre-service permettent au personnel de se déplacer d’un bâtiment à l’autre et des vélos sont aussi mis à disposition pour se rendre dans les entreprises voisines. Enfin, le comité directeur du 9 décembre devrait se prononcer sur l’évolution de la prime transport, déjà en place au CNES depuis 2010, pour prendre en compte le Forfait Mobilité Durable prévu par la loi LOM mais non obligatoire. Ce qui permet au groupe de cocher de nombreuses cases du futur label.

« L’expérimentation du référentiel (sorte de catalogue de mesures dans lequel les employeurs peuvent piocher) se terminera en janvier et les résultats seront présentés en février-mars, pour un lancement du label au printemps 2021, avec une plateforme permettant la dématérialisation complète de l’auto-évaluation », détaille Louis Duthoit chargé de mission sur le label Pro-vélo à la FUB. Le programme gouvernemental vise, d’ici 3 ans, la labellisation de 4 000 entreprises représentant plus de 500 000 salariés et le déclenchement du financement d’actions Pro-vélo prévues dans le label (20 000 nouvelles places de stationnement sécurisé en entreprise, des services…). Il prévoit aussi de faire vivre une communauté d’entreprises ou collectivités qui pourront être labellisées, selon leur niveau d’engagement, au niveau bronze, argent ou or.

Catherine Stern

Ewa

Quand le fret passe sur deux-roues

évacuation des déchets des magasins vnf

ULS, un opérateur logistique local à Strasbourg, associe le transport fluvial et des vélos électriques auxquels sont attelées des remorques pour remplacer les véhicules utilitaires légers dans la logistique du dernier kilomètre. Le satisfecit accordé par un élu écologiste lui a valu une avalanche de critiques mal justifiées.

Tout a commencé par un tweet de David Belliard, adjoint au maire de Paris en charge des transports et des mobilités. Le 13 novembre sur le réseau social, l’élu s’est réjoui de la réussite de l’expérimentation à Strasbourg d’un système de livraison combinant fluvial et vélos électriques. « Génial ! Pour la première fois en France, six tonnes de pavés ont été livrées en péniche, depuis le port du Rhin à Strasbourg, puis à vélo cargo pour les derniers mètres. Comme quoi, le vélo, c’est aussi pour le transport de marchandises ! », a écrit David Belliard, adressant son témoignage de satisfaction à Jeanne Barseghian, maire EELV de Strasbourg.

Des critiques mal fondées

Ces quatre lignes sur le réseau social ont suscité des réactions aussi diverses que le positionnement politique de leurs auteurs. « Le retour des travaux de force comme un progrès social », a jugé l’une des critiques les plus virulentes tandis que Laurence Parisot, ancienne présidente du Medef, s’est interrogée : « Mais… ça coûte combien ? Vous payez ces livreurs à vélo combien ? Quelle prime de pénibilité ? »

L’image d’un vélo, fût-il électrique, tractant 180 kg de pavés a conduit certains lecteurs du tweet de David Belliard à s’interroger sur la pertinence d’un tel outil « vert » dans la chaîne logistique, et plus généralement sur la maturité des élus écologistes qui en assurent la promotion. A Strasbourg, Urban Logistic Solutions (ULS) a décroché plusieurs contrats de transport pour approvisionner des débits de boissons, des commerces et pour acheminer des matériaux de chantier vers la Manufacture, un projet majeur de réhabilitation de friche industrielle en centre-ville. Ce contrat spécifique porte sur la livraison de 700 tonnes de pavés, acheminés par barge fluviale entre le port du Rhin et le centre-ville puis sur les 300 derniers mètres à l’aide de vélos électriques auxquels sont attelées des remorques. ULS a été lauréate en octobre 2019 d’un appel à projets lancé par Voies navigables de France avec l’Eurométropole et la ville de Strasbourg, qui cherchent à développer de nouvelles formes de logistique urbaine.

Une solution logistique du dernier kilomètre

L’entreprise exploite un entrepôt de 20 000 mètres carrés dans le port du Rhin et une plate-forme de 400 mètres carrés à proximité du centre historique de Strasbourg, dans un périmètre où la collectivité interdit toute livraison motorisée à partir de 11 h 30. L’idée est d’y remplacer des camionnettes par des vélos.

La convention pour l’occupation de la plate-forme de transbordement du quai des Pêcheurs a été accordée à ULS par la municipalité précédente, dirigée par le maire socialiste Roland Ries. « Nous avons démontré qu’une chaîne logistique élargie, qui engage une combinaison adroite du fluvial et du vélo-cargo électrique, apporte une solution pour la logistique du dernier kilomètre », se félicite Pierre Desroseaux, directeur territorial adjoint de Voies navigables de France (VNF) à Strasbourg.

« Cette polémique est le fait d’une minorité de personnes qui n’ont pas compris notre innovation, ou font mine de ne pas la comprendre », commente avec un brin d’ironie Thomas Castan, le fondateur et dirigeant d’ULS. L’entreprise exploite sept vélos électriques attelés, deux barges capables d’emporter 122 tonnes de marchandises. Elle emploie 14 personnes. « Nos compagnons sont salariés, à 1 400 euros nets par mois », précise Thomas Castan. « Les marchandises sont chargées par une grue. Aucun salarié ne s’expose à des troubles musculosquelettiques. Les services de prévention de la Carsat peuvent le confirmer », conclut le dirigeant. ULS prévoit de dupliquer son modèle dans une douzaine d’autres villes françaises.

Olivier Mirguet

Ewa

Une solution de stationnement sécurisé pour les vélos testée à Rouen

velo

La pratique du vélo ne cesse de se développer (et encore plus avec la crise sanitaire) mais il reste encore des freins. Selon une enquête du cabinet 6-t, 10 % des personnes interrogées achèteraient un vélo si elles disposaient d’un moyen de stationnement sécurisé dans l’espace public.

D’où la solution présentée par deux entrepreneurs, le cadenas connecté, qui doit être testé à Rouen. Alexandre Molla, ancien chargé du développement chez Uber, puis DG pour la Suisse, et Nicolas Louvet, fondateur et directeur de 6-t, le bureau de recherche sur la mobilité, ont imaginé un système d’attache pour vélos ou trottinettes. Sharelock, c’est son nom, n’est pas seulement un cadenas en « U » mais surtout un dispositif fixé à un potelet, l’élément de mobilier urbain sans doute le plus répandu dans une ville, quelle que soit sa taille.

Ainsi attachés, vélos et trottinettes ne peuvent ni être « emportés », ni embarqués dans une camionnette en quelques secondes. Autre avantage : les villes peuvent avoir une forme de contrôle sur le stationnement des vélos qui ne sont plus disséminés partout, en encombrant les trottoirs.

Le cadenas inventé par Sharelock est également connecté, permettant son verrouillage et son déverrouillage. Avec une procédure mêlant communication avec le téléphone portable du propriétaire du vélo et validation avec le serveur.

La connexion avec le serveur de Sharelock permet également de connaître « l’occupation » du cadenas et sa géolocalisation. Ainsi, chaque cycliste peut réserver sa place via l’application, avant son départ, en quelques clics. Cela permet aussi de collecter des données d’usage, qui peuvent intéresser les collectivités locales.

Si l’installation des cadenas connectés est gratuite pour les collectivités, leur utilisation sera payante pour l’utilisateur : 10 euros par mois avec l’assurance de se faire rembourser 200 euros en cas de vol. Les créateurs de la start-up imaginent aussi une offre premium pour les possesseurs de vélos haut de gamme, prêts à payer plus cher.

La production de ces cadenas (en France) a déjà commencé tandis qu’à Rouen, une centaine de boîtiers sécurisés installés sur des potelets doit être testée pendant quatre à six mois.

Yann Goubin

Ewa

Strasbourg installe des stations-service sur ses pistes cyclables

Inauguration Vélorue Strasbourg vélo

La ville de Strasbourg a inauguré le 16 juin ses trois premières stations-service dédiées aux vélos. Ces bornes d’entretien en libre-service proposent une dizaine d’outils sécurisés (tournevis, clés, démonte-pneus) et une pompe adaptée aux deux formats de valves les plus courants. Elles ont été installées sur les itinéraires cyclables les plus fréquentés de l’agglomération à la cité de la musique, au Parlement européen et près de la gare centrale.

« Notre politique cyclable doit aller au-delà de la réalisation d’infrastructures », estime Jean-Baptiste Gernet, conseiller eurométropolitain en charge des mobilités actives et innovantes. « Ces trois premières stations-service sont un test. Si l’accueil est favorable, nous en installerons d’autres sur le réseau », prévient l’élu. Le coût unitaire de ces bornes s’établit à 2 200 euros.

La collectivité a conclu un accord avec l’association locale d’insertion VéloStation, qui se chargera de l’entretien des bornes et s’engage à intervenir en 48 heures en cas de dégradation. Conçues par l’industriel américain Saris, les bornes mesurent 1,40 mètre de haut et permettent d’accrocher le vélo par la selle pour effectuer les opérations d’entretien dans de bonnes conditions. Les outils permettent de régler les principaux composants d’un vélo (freins, transmission) ou de démonter une roue ou un pneu. Mais les rustines ne sont pas fournies en cas de crevaison.

Strasbourg compte 700 kilomètres d’itinéraires cyclables, dont 100 kilomètres supplémentaires ont été aménagés ces six dernières années. La part modale du vélo s’établit à 11 %, selon la dernière enquête ménages réalisée en 2019.

Olivier Mirguet

Ewa

Un appel à projets pour pérenniser les pistes cyclables

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60 % des déplacements en France font moins de 5 km, il y a donc « une sous-utilisation absurde du vélo », estime Elisabeth Borne, qui multiplie les annonces en faveur du vélo pour éviter un retour en force de la voiture. La ministre de la Transition écologique a ainsi indiqué le 29 mai qu’elle allait lancer ce mois-ci un appel à projets du « Fonds de mobilité active » (mis en place en 2018) pour aider les collectivités qui le souhaitent à pérenniser les pistes cyclables temporaires. « Il y a 1 000 kilomètres de pistes cyclables temporaires qui sont déployés grâce aux collectivités territoriales (…) Je veux encourager très fortement les élus à poursuivre la dynamique (…) l’Etat accompagnera les collectivités pour qu’elles pérennisent ces pistes », a affirmé la ministre lors d’une conférence de presse faisant le point sur la politique vélo du gouvernement dans le cadre du déconfinement.

Le montant budgétaire n’a pas été dévoilé. « Comme le Premier ministre vient d’annoncer une enveloppe d’un milliard d’euros pour des investissements verts, il faut maintenant laisser les cabinets des ministres discuter entre eux », explique à VRT Olivier Schneider, le président de la FUB (fédération des usagers de la bicyclette). Les projets de pérennisation des pistes cyclables pourront faire partie de ces investissements, a précisé Elisabeth Borne.

Les défenseurs du vélo s’inquiètent de coups de frein de certaines villes (tout particulièrement Marseille) qui ont réalisé des pistes cyclables mais se mettent déjà à les enlever sous la pression de tous ceux qui estiment qu’elles prennent trop de place. « Il y a une erreur à ne pas commettre : faire trop rapidement des comptages de cyclistes alors que nous sommes encore dans une phase où le télétravail est largement répandu et les universités sont fermées », souligne Christophe Béchu, le président de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France, également maire d’Angers. « Nous regardons à chaque fois dans quelle mesure l’enlèvement des pistes cyclable est légal ou pas. Nos juristes travaillent sur la question et voient s’il y a de bonnes raisons ou si les élus s’inquiètent du risque électoral », prévient de son côté Olivier Schneider.

Pour inciter les Français à sortir leurs vélos des caves, Elisabeth Borne a également annoncé que l’Etat doublerait l’aide des collectivités à l’achat d’un vélo électrique pour un montant pouvant aller jusqu’à 200 euros. De leur côté, les collectivités pourront abonder l’aide « coup de pouce » (50 euros versés par l’Etat pour faire réparer son vélo) via une plateforme développée par la FUB. Enfin, « pour que le déconfinement ait un aspect très positif », Elisabeth Borne a indiqué qu’à partir de l’année prochaine, mai serait le mois de la fête du vélo.

M.-H. P. 

 

 

Ewa

La pratique du vélo progresse de 44 % avec le déconfinement

pistes cyclables Paris

La pratique du vélo a augmenté de 44 % durant la première semaine du déconfinement, du 11 au 18 mai, selon une étude de Vélo & Territoires, un réseau de 109 collectivités qui a décidé de mesurer au jour le jour son évolution et d’en publier les résultats tous les 15 jours.

L’étude s’appuie sur un échantillon national de 182 compteurs. Du 11 au 17 mai, ces compteurs ont enregistré 44 % de passages de vélos de plus que la moyenne hebdomadaire des passages observée entre le 1er janvier et le 17 mars. Le week-end, l’augmentation est de 151 %. Enfin, comparée à la même semaine en 2019, la fréquentation cyclable progresse de 11 %. Des résultats d’autant plus spectaculaires que la pratique du vélo était déjà en forte hausse en début d’année après les mouvements de grèves dans les transports en commun.

En milieu urbain, la progression est de 27 %. Dans les territoires périurbains, elle augmente de 138 %, et en milieu rural de 197 %. Ces pourcentages sont toutefois à relativiser car le nombre de cyclistes est plus faible. Dans les villes, 1 188 vélos ont été comptés en moyenne par jour et par compteur contre 936 avant le confinement.

L’étude montre aussi une reprise non linéaire de la pratique du vélo au cours de la semaine de déconfinement due à une réouverture progressive des écoles et à une météo capricieuse en début de semaine.

Y. G.

Ewa

Le déconfinement, période à hauts risques pour Paris

Piste cyclable Paris 2019 vélotafeurs

Comment profiter de l’effet confinement qui a conduit à éliminer 75 à 80 % de la congestion routière dans la région parisienne selon les chiffres de Joël Hazan, expert mobilité pour le cabinet Boston Consulting Group (BCG) ? « Cette très nette baisse de la circulation routière, qui s’est produite grâce au télétravail, est très encourageante si la tendance se poursuit », commente l’expert. Toutefois, ajoute-t-il, « si on observe ce qui s’est passé en Asie et en Chine, pour essayer d’anticiper ce qui peut se produire chez nous, il y a plutôt beaucoup de raisons de s’inquiéter : on a retrouvé en quelques semaines le niveau routier de l’année précédente avec une fréquentation des transports publics de seulement 30 %. Les utilisateurs des transports publics se sont reportés sur la voiture individuelle ».

Or, ce risque a été confirmé, selon lui, par un sondage réalisé par BCG auprès de 5 000 personnes dans plusieurs pays d’Europe (France, Italie Allemagne…), USA et Chine. « En Europe, 25 % des personnes nous ont répondu qu’elles utiliseraient beaucoup leur voiture et moins les transports publics. Les Chinois sont encore plus radicaux : 50 % ont dit plus de voiture et 60 % veulent en acheter une ».

La performance économique de Paris menacée

D’après Joël Hazan, dans une ville comme Paris, si les voyageurs refusent de se retrouver confinés dans le métro, les temps de transports vont exploser. « C’est la performance économique de la ville qui est menacée. On ne saurait gérer une ville comme Paris avec 20 % ou 30 % de passagers en moins dans le métro », affirme-t-il. L’expert estime que « si on ne fait rien, près de 10 points de parts modales pourraient basculer des transports publics vers les modes individuels ». Dans ces conditions, le risque de blocage de l’Ile-de-France est fort.

En Chine, on a également observé une grande réticence à l’idée de prendre les VTC. « Le car-sharing en revanche semble moins problématique en Chine : il a quasiment retrouvé son niveau d’activité de l’an dernier », précise Joël Hazan. L’utilisation des VTC a ainsi reculé de 80 % un peu partout dans le monde, les trottinettes ont quasiment disparu mais devraient faire leur réapparition.

En revanche, l’utilisation du vélo est en pleine croissance, incitant les start-up les plus agiles à réorienter leurs priorités vers la petite reine : le trafic a fait un bond de 150 % en Chine, de 50 % en mars à New York, de même qu’à Seattle, Chicago…

L’aménagement urbain à revoir

« Le vélo est clairement le mode de transport à peu près idéal », affirme Joël Hazan. Il estime qu’il faut « profiter de la crise comme une opportunité pour augmenter le recours au vélo et aménager notre espace urbain en conséquence après avoir été depuis plus d’un siècle conçu en fonction de la voiture ».

C’est possible à Paris, où la part modale de la bicyclette est passée de rapidement de 2-3 % à 4-5 % grâce à l’aménagement de très nombreuses et confortables voies cyclables. « On voit des villes qui font des choix très rapides en réussissant à redessiner l’espace urbain, comme Bogotá qui a créé quasiment du jour au lendemain 76 km de pistes cyclables », indique encore Joël Hazan. « On se dit qu’à Paris, on pourrait multiplier par 1,5 voire par 2 la part du vélo dans les déplacements ». Mais pour cela, il faut que « la mairie de Paris et la région Ile-de-France se mettent rapidement d’accord pour construire le plan vélo le plus efficace possible », souligne-t-il.

La maire de Paris travaille sur la question. Dans un entretien au Parisien paru ce jour, elle affirme plancher pour construire des solutions alternatives avec les villes voisines de la petite et grande couronne « pour connecter nos pistes aux routes à vélos qui viendront depuis l’A86 ». Dans Paris, « des pistes cyclables provisoires seront aménagées le long des lignes de métro les plus fréquentées : la 1, la 4 et la 13 », poursuit Anne Hidalgo. « Au total, 50 km de voies, normalement réservées aux voitures, seront consacrées aux vélos ». De son côté, la présidente de région Valérie Pécresse s’engage à financer le plan RER vélo à hauteur de 60 % et se dit prête à mobiliser jusqu’à 300 millions d’euros.

La mairie prévoit aussi de piétonnier les abords des gares et une trentaine de nouvelles rues, ainsi que les gros pôles comme Les Halles pour éviter les engorgements. Et n’exclut pas de pérenniser certains équipements s’ils s’avèrent pertinents.

Le maintien nécessaire du télétravail

Autre axe sur lequel s’appuyer lors de la sortie de crise : le dialogue avec les entreprises pour maintenir dans la durée un certain niveau de télétravail et lisser les heures de pointe pour les salariés obligés de se déplacer.

Enfin, Joël Hazan plaide, à titre personnel, pour d’autres mesures permettant de laisser les voitures au garage, en particulier le péage urbain ou la circulation alternée quelles qu’en soient les modalités, à condition de ne pas créer d’inégalités. Des dispositifs qui ont prouvé leur efficacité dans d’autres pays mais qui ne sont pas à l’ordre du jour en France. Même cette crise ne devrait pas faire évoluer les esprits de ce côté-là.

 

Marie-Hélène Poingt

Ewa

Le Conseil d’Etat valide l’utilisation du vélo pendant le confinement

Future piste cyclable concorde - etoile prévue pour décembre 2019

C’est une petite victoire pour la Fédération des usagers de la bicyclette (Fub) qui avait saisi le Conseil d’Etat pour « faire reconnaître le vélo comme moyen de transport légitime » pendant le confinement. Dans sa requête (texte du référé à télécharger), la Fub expliquait que « le ministère de l’Intérieur, le ministère des Sports ont émis des tweets sur le réseau social Twitter dans lesquels ils ont indiqué que toute pratique sportive du vélo était proscrite. Cependant, le site internet de la police nationale, interrogé sur ce point, est d’avis contraire ».

Le Conseil d’Etat a donné raison à la Fub en estimant que « l’utilisation du vélo relève de la liberté d’aller et venir et du droit de chacun au respect de sa liberté personnelle, et que l’absence de clarté des positions du Gouvernement y portait une atteinte grave et manifestement illégale ». Il a ordonné au gouvernement « d’indiquer publiquement et largement que le vélo peut être utilisé pour les déplacements autorisés durant le confinement ».

Mais le Conseil d’Etat ne se prononce pas sur les amendes et sur les fermetures de pistes

Cette mauvaise interprétation des textes a entraîné de nombreux litiges. La Fub a ainsi reçu « plus de 800 témoignages de cyclistes ayant utilisé leurs vélos pour un motif légitime, aller travailler ou faire leurs courses », qui ont rencontré des problèmes en utilisant leur vélo. « Dans le meilleur des cas, il s’agissait d’insinuations déplacées de la part de représentants de forces de l’ordre » qui prétendaient que « le vélo ne serait pas un moyen de transport autorisé en période de confinement ». Mais dans des dizaines de témoignages, les cyclistes ont reçu une amende de 135 euros, selon la Fub. Sur ce point, le Conseil d’État « a en revanche jugé qu’il n’avait pas le pouvoir de satisfaire la demande d’interrompre les poursuites engagées contre les cyclistes [rappelant] qu’il n’était pas habilité à ordonner des mesures à l’autorité judiciaire ».

Le juge a également déclaré qu’il n’avait pas le pouvoir de satisfaire une autre demande de la Fub, à propos de la fermeture des pistes cyclables dans plus d’une dizaine de régions. La Fub relevait qu’« à l’inverse, aucune voie ouverte aux véhicules terrestres à moteur n’a été fermée ». Cette situation obligeait les cyclistes à emprunter des itinéraires non sécurisés et à faire de longs détours.

Pour la Fub, la décision du Conseil d’Etat va obliger le Gouvernement « à clarifier son discours sur le vélo ».

Yann Goubin

Ewa

Le vélo a le vent en poupe

Piste cyclable Paris 2019

La dernière grève avait montré que le vélo est une alternative efficace pour se déplacer en ville quand le transport public vient à manquer. La crise sanitaire pourrait lui permettre de franchir un nouveau cap avec le lancement de pistes cyclables provisoires au moment du déconfinement. Une opportunité alors que les rues se sont vidées de leurs voitures. Et une solution légère et rapide à mettre en œuvre.

« La crise sanitaire actuelle nous oblige à repenser notre système de mobilité », souligne Valérie Pécresse, la présidente de l’Ile-de-France, en rappelant que « le vélo est un des outils permettant de préserver la distanciation sociale ».

Rappelons qu’en février dernier, la présidente de région avait décidé de financer à hauteur de 50 % un projet de RER vélo, imaginé par le Collectif vélo Île-de-France regroupant 34 associations. Il s’agit d’un réseau de neuf itinéraires représentant 650 km de pistes cyclables protégées, dont la réalisation coûterait environ « 500 millions d’euros », selon le collectif. La région indique désormais qu’elle va « mobiliser 300 millions d’euros pour financer, à hauteur de 60 %, ce réseau régional de voies cyclables continues, sécuritaires et confortables (…). Prioritairement, 4 axes structurants feront l’objet d’aménagement souples et provisoires pour soulager, lors du déconfinement, les lignes de transports en commun les plus fréquentées, comme la ligne 13 du métro et les RER A, B, C et D Sud », précise-t-elle sur son site.

Egalement présidente d’IDFM, Valérie Pécresse souhaite aussi renforcer le service régional de location longue durée Véligo. 5 000 vélos supplémentaires Véligo sont prévus et la région propose une prime à l’achat de 500 euros pour un vélo à assistance électrique.

De son côté, dans un discours devant le Conseil de Paris, la maire Anne Hidalgo a expliqué le 28 avril qu’elle travaille « au développement de pistes cyclables, notamment le long des lignes de métro 1, 4, et 13« , en lien « avec le Préfet de la Région Île-de-France, la Présidente de Région et les présidents de départements avec qui Paris siège au sein d’Île-de-France Mobilités« . D’autres rues pourraient aussi être réservées à la circulation des vélos.

Pour faire le point sur les obstacles à lever, la ministre de la Transition Écologique et solidaire, Élisabeth Borne, a demandé mi-avril, à Pierre Serne, le président du Club des villes et territoires cyclables, également administrateur d’IDFM et ancien vice-président (EELV) de la région chargé des Transports, de proposer des solutions de déplacements basées notamment sur le vélo.

Yann Goubin