A vendre! Locomotives Alstom appartenant à la SNCF, bon état général, à des prix allant de plus d’1,2 million à plus d’1,3 million d’euros! C’est ce que l’on découvre sur la plate-forme Agorastore : SNCF Transilien cherche à vendre 12 locomotives 27 300. La vente aux enchères sera lancée le 27 juin et se terminera le 30 juin, avec un prix probablement revu à la hausse.
Ces locomotives ont pourtant encore de beaux jours devant elles, malgré leurs 1,6 à 1,9 million de kilomètres au compteur. Alors pourquoi vendre ce matériel de 16 ans à peine ? L’arrivée progressive depuis décembre 2020 sur la ligne N de Paris à Dreux, à Mantes-La-Jolie et à Rambouillet des nouvelles rames automotrices Regio 2N (en remplacement des voitures VB2N) les rend inutiles. La SNCF se retrouve avec des locomotives sans usage dont plus personne ne veut, tant du côté des Régions, des AO françaises et autres exploitants ferroviaires que dans les différentes activités du groupe SNCF.
Ile-de-France Mobilités a donc demandé à la SNCF de revendre ce matériel, et les sommes récupérées, (reversées à l’AO et à Transilien), serviront à financer l’achat de nouveaux matériels roulants.
Lors de la livraison de ces 27 300 (de 2006 à 2010), c’était la première fois qu’une commande spécifique de locomotives était passée pour la banlieue. Ces nouvelles machines modernes devaient permettre d’améliorer la ponctualité sur des lignes au service dégradé. Elles seront finalement 67 à rejoindre le parc francilien. Mais les commandes de nouvelles automotrices confirment que les voitures tractées n’ont plus la cote.
Ce ne sont pas les candidats au rachat qui manquent, en particulier dans le secteur du fret où les opérateurs privés sont demandeurs. Ces machines, bicourant 1500 et 25 000 volts, sont compatibles avec le système européen de gestion du trafic ERTMS. Mais elles peuvent présenter un handicap avec leur limitation à 140 km/h susceptible de rebuter certains acheteurs.
On pourrait s’étonner que la SNCF passe par Agorastore, un site d’enchères des biens des collectivités et d’entreprises publiques. Mais elle ne dispose pas de structure adaptée pour ce type de ventes et la plate-forme dispose d’une bonne visibilité européenne et internationale. De plus, la revente n’entre pas dans les habitudes de la SNCF puisque le matériel est généralement utilisé jusqu’à sa phase d’amortissement, après quoi il est radié.
Mais de nouvelles habitudes pourraient être prises. Avec le déploiement des Regio 2N et la mise en service du RER E sur l’itinéraire de la ligne J vers Mantes, les 27 300 seront bientôt inutiles. Même si on estime à la SNCF qu’il encore trop tôt pour se prononcer, il est possible que le reste de la série connaisse le même sort.
Aux locomotives pourraient également s’ajouter les 15 rames de tram-train Siemens Avanto du T4 dont IDFM se sépare. En dehors de Transilien, seule Mulhouse utilise ce matériel pour son tram-train, tandis que le réseau alsacien n’en veut pas, même pour les pièces détachées. La mise en service le 22 mars dernier sur l’antenne Esbly – Crécy de la ligne P d’une rame Dualis en remplacement d’un Avanto, marque bien le début de la fin de cette série mal aimée.
Philippe-Enrico Attal