Pour Lionel Gros, Telt (Lyon-Turin) doit se préparer à passer de maître d'ouvrage à exploitant

Imaginé il y a plus de trente ans, le tunnel ferroviaire Lyon-Turin prend forme. Il doit être achevé à l’horizon 2033. Invité du Club VRT le 11 septembre, Lionel Gros, directeur général adjoint de la société TELT (Tunnel Euralpin Lyon-Turin), également directeur ferroviaire, a fait le point sur l’avancée des travaux et défendu cet ouvrage hors norme.

société TELT.
Le projet Lyon-Turin a mis du temps à émerger, reconnaît Lionel Gros, directeur général adjoint de la société franco-italienne Telt (Tunnel Euralpin Lyon-Turin), qui s’exprimait le 11 septembre lors d’un Club VRT. « Mais ce temps a été mis à profit pour peaufiner les études géologiques et à présent, les choses avancent et se concrétisent », affirme-t-il.
Le maillon manquant du corridor ferroviaire Est-Ouest
Il présente cet ouvrage comme le maillon manquant du corridor ferroviaire européen entre l’Est et l’Ouest de l’Europe, l’un des neuf axes du réseau transeuropéen de transport. La construction de la section transfrontalière de 65 km entre Saint-Jean-de-Maurienne, en France, et Susa, en Italie, a démarré.
Ce tunnel ferroviaire, qui va devenir le plus long du monde, sera composé de deux tubes, mesurera 57,5 km de long et passera sous le Mont-Cenis, à la base de la montagne.
Cette configuration lui permettra d’avoir un dénivelé beaucoup moins fort que la ligne historique du tunnel du Fréjus et de réduire la pente de 32 % actuellement, à moins de 12 %, de manière à abaisser de 40 % la consommation d’énergie nécessaire pour tracter les trains.
Plus de 3000 personnes interviennent sur les chantiers, ce qui fait du Lyon-Turin, le plus grand employeur de Maurienne. « Nous creusons actuellement 600 mètres par mois à l’aide de marteaux-piqueurs et d’explosifs.
Nous venons de réceptionner cinq tunneliers, le premier est entré en action le 22 septembre, ce qui permettra d’avancer bien plus rapidement », annonce le directeur général adjoint de Telt, la société franco-italienne qui rassemble près de 250 collaborateurs, répartis équitablement entre la France et l’Italie.
À ce jour, 113 km de sondages ont été effectués et 44 km de galeries creusées, dont 18 km pour le tunnel de base, soit un quart du linéaire total de l’ouvrage. La livraison de l’ensemble, prévue initialement pour la fin de l’année 2032, est désormais programmée pour la fin 2033.
Encore un chantier de 3 milliards à attribuer
Les travaux nécessaires à la réalisation de ce projet hors norme ont été divisés en 12 chantiers, dont les trois quarts côté français : neuf chantiers de creusement, deux de retraitement des matériaux et un pour l’équipement du tunnel jusqu’à sa mise en exploitation.
Tous les marchés de génie civil ont été attribués, mais le chantier de conception, de construction et de maintenance des équipements est encore en cours de passation.
D’un montant de 3 milliards d’euros, il constitue l’un des plus importants marchés européens de travaux. « Les entreprises sélectionnées pour répondre à l’appel d’offres sont sur le point de rendre leurs propositions pour équiper 65 km de lignes nouvelles et 140 km de lignes principales afin de créer une infrastructure ferroviaire totalement interopérable », précise Lionel Gros, en rappelant que ces voies seront exploitées dans dix ans et pour les 100 prochaines années.
Telt devra donc s’assurer, lors de l’attribution de ce marché, que les propositions « sont modernes » et pensées dans une démarche de performance. « Cela passera par de la maintenance prédictive et l’installation d’équipements conçus pour être facilement remplacés et mis à niveau en fin de vie », souligne Lionel Gros.
Se préparer à la future exploitation
Telt a lancé un appel d’offres de trois lots afin d’avoir un accompagnement jusqu’à la mise en service de la ligne transalpine. L’entreprise veut s’assurer d’une assistance à la conduite d’opération, ainsi qu’une assistance à la maîtrise d’ouvrage technique qui lui apportera un appui en ingénierie.
Elle veut aussi être accompagnée dans sa future mission d’exploitation de la ligne avec l’assistance d’un « shadow operator » ou d’un « gestionnaire d’infrastructure virtuel », terme préféré par Lionel Gros. Ce « GIV » l’aidera à s’organiser, à former les équipe
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Publié le 12/05/2025 - Valérie Chrzavzez