
De retard en retard… Le TGV M ne sera pas livré à SNCF Voyageurs début 2026 comme l’espérait l’entreprise, mais quelques mois plus tard, peu avant l’été 2026. La mise en service des premiers TGV nouvelle génération sur l’axe Paris-Marseille devrait commencer le 1er juillet, annonce aujourd’hui SNCF Voyageurs.
Toutefois la compagnie ne pourra mettre en service que quatre rames alors que la saison estivale s’ouvrira. Elle rate donc les grands départs d’été et va devoir ronger son frein puisqu’il lui faudra attendre septembre pour disposer de huit rames, un nombre jugé minimal par la direction de SNCF Voyageurs pour commencer à avoir un vrai effet sur le marché.
La direction de l’entreprise espérait en réalité une petite dizaine de rames pour commencer cet été le service sur l’axe Paris-Lyon-Marseille, l’un des plus fréquentés du réseau. « Selon un calendrier partagé avec SNCF Voyageurs, nous livrerons progressivement neuf rames jusqu’à fin juin. À partir de l’été, les livraisons suivront à un rythme soutenu de deux rames par mois en moyenne« , précise de son côté Frédéric Wiscart, le président France d’Alstom. Mais livraison de rame ne veut pas dire mise en exploitation commerciale immédiate.
SNCF Voyageurs viserait désormais plutôt les grands départs de Noël pour profiter pleinement de l’effet TGV M . Fin 2026, le parc détenu par la compagnie atteindra 14 exemplaires. En attendant, les équipes planchent d’arrache-pied pour allonger la durée de vie de TGV plus anciens et pouvoir offrir suffisamment de sièges face à la demande.
Trois ans de retard
Rappelons que 115 exemplaires du TGV Avelia ont été commandés à Alstom en 2018 par l’opérateur public. Depuis, la date de livraison des premières rames a déjà été reculée à plusieurs reprises. Elle était initialement prévue en 2023. Il y a peu, on l’attendait fin 2025, puis début 2026. Le retard atteint désormais quasiment trois ans.
SNCF Voyageurs explique ces contre-temps par les retards pris par Alstom. Le constructeur « n’a pas produit de rames en quantité suffisante, nous en avons quatre en essai de pré-exploitation, et nous en aurons six en mai, ce qui nous permettra d’en lancer quatre en exploitation commerciale au 1er juillet« , a expliqué à l’AFP Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs.
De nombreux problèmes techniques ont aussi joué, apparus lors des essais en ligne réalisés par la direction du Matériel de la SNCF. Parmi les derniers en date, il a fallu résoudre, selon nos informations, des problèmes de « couplage et de découplage » des rames (qui doivent permettre de faire rouler des rames simples ou doubles), mais aussi des problèmes de fonctionnement de portes, d’autonomie des toilettes et de climatisation. Des sujets importants qui ont demandé d’allonger la phase des essais. Il est vrai que le train est nouveau et qu’il a fallu partir d’une page blanche, rappelle-t-on côté Alstom qui a travaillé sur le projet en partenariat avec la SNCF.
SNCF Voyageurs doit désormais attendre l’homologation du TGV, un processus également long et complexe. La compagnie, qui mène actuellement des essais de pré-exploitation, a remis le 9 décembre le dossier d’autorisation de mise sur le marché auprès de l’ERA (European Railways Agency). Avec l’objectif d’obtenir enfin une autorisation de circulation commerciale.
La compagnie Velvet et le Maroc aussi concernés
SNCF Voyageurs espère aussi aller ferrailler ailleurs en Europe. A commencer par l’Italie où la compagnie voudrait faire rouler à l’horizon 2027 ses premiers TGV nouvelle génération. 15 rames ont été commandées dans ce but.
Elle n’est pas seule à attendre son TGV nouvelle génération. La compagnie Velvet, qui se présente comme le premier opérateur français de la grande vitesse ferroviaire, a aussi commandé douze trains Avelia Horizon. De même le Maroc a acheté 18 trains de ce type à Alstom pour les lancer à l’occasion de la Coupe du monde de football qu’il accueille en 2030. Et qu’il lui faudra donc réceptionner au moins un an avant.
La SNCF se dit certaine de ne pas avoir été impactée par ces commandes car Alstom a décidé de se réorganiser pour accélérer la production de ses trains à grande vitesse en lançant notamment une seconde ligne de production à Valenciennes. Cette ligne de production va être dédiée à ces commandes de Velvet et du Maroc.
Des enjeux financiers énormes
A la clé, les enjeux financiers sont énormes. Le contrat passé avec la SNCF s’élève à 4 milliards d’euros, financés à fonds propres par la compagnie. Des pénalités vont jouer et l’image d’Alstom risque de nouveau d’en prendre un coup. « Nous nous demandons pourquoi Alstom prend autant de commandes au risque d’accumuler les retards« , se demande un syndicaliste côté Alstom. Reste que les pénalités sont en général plafonnées, un effet protecteur pour Alstom.









