« Le cœur et le cerveau des lignes 16 et 17 ». C’est ainsi que Bernard Cathelain, membre du directoire de la Société du Grand Paris, présente le centre d’exploitation des futures lignes 16 et 17 du Grand Paris Express, situé à Aulnay en Seine-Saint-Denis. « Les bâtiments sont à 95 % achevés », précise la Société du Grand Paris (SGP), maître d’ouvrage.
Le site, gigantesque, s’étend sur 50 000 m2. A cheval sur les communes d’Aulnay-sous-Bois (Seine Saint-Denis) et de Gonesse (Val-d’Oise), il est implanté sur une partie de l’ancien site de PSA, où la fabrication d’automobiles s’est arrêtée en 2013. Sur les 180 hectares que comptait le site de PSA, la SGP en a racheté 20 en 2017 dans la partie nord-ouest, sur 1,6 km le long de l’autoroute A3 et A1.
Le site d’Aulnay est l’un des deux seuls centres d’exploitation du métro du Grand Paris, avec celui de Palaiseau, sur la 18, à accueillir, à la fois des ateliers de maintenance du matériel, des ateliers de maintenance de l’infrastructure et Poste central de commandement (PCC). C’est depuis ce poste que seront exploitées les lignes 16 (Saint-Denis Pleyel – Noisy-Champs) et 17 (Saint-Denis Pleyel – Le Mesnil-Amelot), qui fonctionneront tous les jours de la semaine, 24 heures sur 24.
47 trains pourront être accueillis en même temps sur les huit voies de l’atelier. cinq permettront la maintenance courante jusqu’au niveau 3 (le contrôle et la sécurité des équipements : freins, climatisation, mobilier intérieur…) .
Deux autres voies, spécifiques à la maintenance dite renforcée, permettront d’intervenir sur toutes les parties du train. Elles sont pour cela équipées d’une fosse pour l’une et de moyens de levage pour l’autre. La dernière voie est aménagée pour faciliter l’entretien des bogies.
Cet atelier est flanqué d’un second atelier de cinq voies, destiné au nettoyage des trains, de jour comme de nuit. Quatre voies permettront l’entretien intérieur des rames, tandis qu’une cinquième voie sera dédiée au nettoyage extérieur des trains à l’aide de nettoyeurs haute pression. Les opérations régulières de lavage seront effectuées par une machine à laver, installée dans un troisième bâtiment. Cette machine, équipée de rouleaux, comme ceux utilisés pour les véhicules routiers, et complètement automatisée permettra de nettoyer l’extérieur du train en moins de 10 minutes. L’eau utilisée sera recyclée à 80 % au minimum.
Au sud du site, on peut déjà voir le long et haut atelier (540 m sur 23 m de haut) destiné à la maintenance des infrastructures. « Le cahier des charges demandait de très nombreux accès, pour apporter les différentes pièces. C’est donc cette forme très allongée qui s’est imposée », explique Baptiste Pagneux, responsable unité centre exploitation et maintenance à la Société du Grand Paris. Le bâtiment servira en effet de magasins pour abriter des pièces imposantes comme des redresseurs qui peuvent peser 5 tonnes, ou les ventilateurs utilisés pour le désenfumage.
Ce bâtiment servira également d’atelier de maintenance pour les véhicules ferroviaires de maintenance de L’infrastructure. Il comprendra trois voies accessibles par le nord du bâtiment. Deux pour la maintenance courante mais de différentes longueurs selon les types de train (une de 130 m, une de 80 m), équipées d’une fosse et de passerelles mobiles afin de s’adapter aux différents modèles de véhicules. Une troisième voie, plus courte (30 m), servira à la dépose des bogies.
Même s’il s’agit de bâtiment industriel, l’aspect esthétique n’a pas été oublié. L’architecte Mark Wilson a imaginé une toiture à pans coupés, qui donne un effet plissé, vu du ciel. Cela fait référence aux sheds, ces toits en dents de scie typiques des ateliers industriels du XIXe siècle qui laissaient entrer la lumière naturelle.
Le long de la facade nord-ouest, le plasticien Yann Kersalé, qui travaille la lumière comme une matière, a installé des panneaux de couleur jaune visibles de jour depuis l’autoroute, et encore plus de nuit, grâce à des rubans de Led.
L’installation des équipements des ateliers (plateforme, pont roulant, machine à laver) et des voies ferrées du site, avec leur alimentation électrique, et leur signalisation vont se poursuivre jusqu’à l’été 2024. C’est alors que les essais du site pourront commencer, puis les essais avec les trains et les marches à blanc pour une mise en service en 2026 de la ligne 16 pour sa partie Saint-Denis-Pleyel – Clichy-Montfermeil et de la 17, pour la section Saint-Denis-Pleyel – Le Bourget-Aéroport. La SGP annonce un investissement de 500 millions pour la construction du centre d’exploitation d’Aulnay.
Yann Goubin