
+ 5 %. C’est la hausse moyenne des prix qui sera appliquée sur les voyages en TGV à partir du 10 janvier prochain. Une augmentation en deçà de l’inflation, comme l’avait demandé quelques jours auparavant le ministre des Transports, Clément Beaune, appelant de ses voeux un « bouclier tarifaire » pour protéger le pouvoir d’achat des Français, en particulier des jeunes.
En plus de l’inflation (+ 6 %), la SNCF a calculé qu’elle serait confrontée à une envolée de sa facture énergétique de 180 % entre 2022 et 2023. De ce fait, elle estime qu’elle va faire face à une hausse de ses coûts de 13 % en 2023, « malgré tous nos efforts d’économies et de productivité« , a expliqué Christophe Fanichet en dévoilant le 18 novembre la nouvelle politique tarifaire applicable uniquement aux TGV Inoui et Ouigo, qui sont intégralement financés par les recettes voyageurs. Les prix des Intercités devraient toutefois être calqués sur le même modèle mais c’est à l’Etat, autorité organisatrice, de le dire. Quant aux tarifs des TER, ils dépendront des décisions de chaque région, décisionnaires en la matière.
Bouclier tarifaire
Pour moduler la hausse des tarifs en tenant compte du profil de ses clients, la SNCF a imaginé un dispositif d’autant plus compliqué qu’il repose aussi sur le yield management (les tarifs augmentent par pallier, avec la demande). Ainsi, le « bouclier tarifaire » mis en place pour les TGV se traduit par des tarifs inchangés pour les grilles de prix les plus bas du TGV Inoui. L’ensemble de la grille des prix du Ouigo, le TGV à bas coût de la SNCF, est également maintenu au même niveau. « Ouigo représentera en 2023 plus de 20% de l’offre TGV avec plus de la moitié des billets vendus à moins de25 €. En moyenne, ce sera plus d’1 million de billets par mois qui seront proposés à moins de 25€« , souligne la SNCF.
De même, les cartes Avantages (4,1 millions de cartes vendues à ce jour) qui peuvent être utilisées en seconde classe sur les TGV Inoui restent à 49 euros et continueront jusqu’en septembre 2023 à donner accès aux mêmes prix plafonnés (pas plus de 39 euros pour les trajets de moins de 1h30, 59 euros pour les voyages de moins de 3 heures et 79 euros pour les trajets d’une durée supérieure). Les cartes d’abonnement Max Jeunes et Seniors sont enfin bloquées au tarif de 79 euros. « Plus de 75 % de nos billets sont vendus à tarifs réduits« , affirme Alain Krakovitch, le directeur de TGV-Intercités.
Les augmentations de tarifs cibleront en revanche ceux qui sont déjà les contributeurs à plus forte valeur ajoutée : les professionnels, mais aussi les paliers maximums des tarifs loisirs TGV 2nde et 1ère, ainsi que les abonnements Max actifs et forfaits.
Conditions de remboursement plus restrictives
Les conditions d’échange et de remboursement deviennent aussi plus restrictives. Alors qu’il était possible de se faire rembourser gratuitement jusqu’à trois jours avant le départ d’un train, cette facilité ne s’appliquera plus que jusqu’à six jours avant. Après, les frais augmenteront, passant de 15 euros actuellement à 19 euros. Un montant équivalent à celui pratiqué par la concurrence mais dont les conditions d’applications restent plus avantageuses, affirme Christophe Fanichet, qui justifie la mesure par le triplement du nombre d’échanges et de remboursements entre 6 jours et 3 jours quelques avant le départ. « C’est ce qui explique que, alors qu’un train affiche complet une semaine avant, il reste des places libres le jour du départ« , souligne Alain Krakovitch. Cette mesure doit permettre de remettre en vente suffisamment à l’avance des places et donc de mieux remplir les trains. Et accessoirement de renflouer les caisses : les frais perçus par la SNCF lors des échanges et remboursements rapportent quelques dizaines de millions d’euros, une manne bienvenue pour absorber l’effort de la SNCF pour ne pas trop augmenter ses prix.
Car il n’y a pas que les voyageurs qui seront appelés à absorber une partie de l’inflation. La SNCF a décidé de prendre à sa charge la moitié du surcoût, estimé à « plusieurs centaines de millions d’euros ». Le prix à payer, selon Christophe Fanichet, pour maintenir l’attractivité du train. Sans pour autant réduire à néant sa profitabilité.
L’objectif du groupe reste de doubler le trafic ferroviaire à l’horizon 2030. Cela passe aussi, assure la direction, par la poursuite du développement de l’offre TGV et donc des investissement (un demi-milliard doit être investi l’an prochain dans l’activité TGV). « Notre volonté c’est de rester au niveau de remplissage actuel : + 80 % alors qu’on était plutôt autour de 65 % il y a 4 ou 5 ans« , souligne Alain Krakovitch. Alors que des compagnies aériennes low cost annoncent qu’elles vont cesser de vendre leurs billets à prix cassés face à l’envolée de leurs coûts, la SNCF espère faire la différence.
Marie-Hélène Poingt









