En route vers la voiture sans conducteur
En France, la ville de La Rochelle teste depuis mi-mai et pendant deux mois un véhicule collectif entièrement automatisé, Cybus, dans le cadre du programme international Citymobil (voir VR&T n° 519 du 4 mai 2011, p. 18). Fruit de dix ans de recherche, cette navette robot a été réalisée en partenariat avec l’Inria et la société Induct. Cet engin sans pilote peut embarquer jusqu’à huit passagers sur un parcours de 2 km dans des conditions réelles de circulation. « Une première mondiale », se réjouit Fawzi Nashashibi, responsable du projet à l’Inria. « Notre objectif est de démontrer les capacités d’une cybercar à évoluer dans un environnement urbain et périurbain. » Le guidage dynamique est assuré par des télémètres lasers qui scannent les environs de l’auto en temps réel à 360° et jusqu’à 200 m de profondeur. « Ce dispositif de détection permet de construire un modèle tridimensionnel de l’environnement en temps réel », poursuit-il. Il est complété par un GPS et des caméras pour la reconnaissance des obstacles (piétons, véhicules…). Toutes les informations enregistrées sont transmises par un système télématique à un serveur qui va superviser les opérations : gérer les flux, les arrêts, surveiller l’état des batteries… Contrairement à d’autres prototypes robotisés, Cybus ne suit pas une trajectoire préenregistrée sur un axe spécialement calibré. Elle peut s’adapter à la circulation, accélérer, freiner ou dévier de sa trajectoire pour éviter des collisions ou contourner des obstacles. Une fois à bord, le passager sélectionne sa station de destination sur un écran tactile. Il n’y a qu’un bouton stop pour arrêter la machine en cas de problèmes. « Dans un premier temps, une personne sera nécessaire à bord pour des raisons juridiques, le code de la route interdisant l’utilisation de véhicule sans conducteur. Mais dès que la sécurité sera totalement assurée, Cybus pourra devenir un vrai service de transport collectif autonome, propre et durable, parfaitement adapté à la ville », assure Fawzi Nashashibi.
Un mode de transport complémentaire
Les ambitions du projet restent toutefois modestes et réalistes. « Cybus se veut un service complémentaire aux autres modes de transport existants, il s’agit avant tout de s’intégrer dans un système intermodal, précise Fawzi Nashashibi. Les débouchés sont cependant nombreux : Cybus pourrait servir dans les aéroports, les gares, complexes industriels et zones d’activités. On l’imagine bien aussi évoluer dans les espaces urbains encombrés, notamment les centres historiques et piétonniers, les quartiers résidentiels, les parcs ou les lieux difficiles d’accès. » Si les tests de La Rochelle sont concluants, l’engin pourrait séduire d’autres villes soucieuses de se donner une image moderne ou de lancer des services innovants en faveur d’une mobilité plus douce. Vitrine technologique, Cybus a également un intérêt économique à faire valoir auprès des collectivités. Si sa technologie est encore chère – impossible à chiffrer pour l’instant –, l’investissement pourrait être rentabilisé rapidement à l’usage, selon M. Nashashibi. « Le fonctionnement d’un système de navettes automatisées est moins lourd à gérer et coûte moins cher qu’une ligne de bus traditionnelle, laquelle demande une infrastructure lourde et des besoins humains », assure-t-il.
Comme la voiture volante, la voiture sans conducteur renvoie encore largement à la science-fiction. Pourtant, la cybercar entièrement ou partiellement automatisée existe déjà et pourrait s’imposer dans les villes dans les années à venir. La technologie robotique est déjà présente dans les voitures actuelles, à travers le développement important des systèmes dits d’aides à la conduite : freinage automatique d’urgence, régulateur de vitesse adaptatif, parking assisté… Si ces assistances ne visent pas encore à remplacer le conducteur, « elles sont autant de signes précurseurs à la robotisation de l’automobile », estime Bruno Bonnell, ancien patr
Le dossier complet est réservé aux abonnés ou aux détenteurs d’un porte-monnaie électronique, connectez-vous pour y accéder.
*Formule numérique sans engagement à partir d’un 1€ par mois !
Publié le 20/03/2024
Publié le 20/09/2021