Quel nouveau paysage ferroviaire demain ?

Depuis décembre 2024, trois filiales de la SNCF exploitent des liaisons TER gagnées après les appels d’offres lancés par les régions Sud, Hauts-de-France et Pays de la Loire. Le 29 juin, Transdev s’élancera à son tour sur la ligne Marseille–Toulon–Nice. Quels services en attendre et quel nouveau paysage demain ? Ville, Rail & Transports a réuni les principaux acteurs du secteur pour en débattre lors de la 15ᵉ édition des Grands Prix des Régions.
Peu en ont conscience mais le transport ferroviaire régional a déjà beaucoup changé. Jean-Aimé Mougenot, directeur TER délégué chez SNCF Voyageurs, rappelle que cinq appels d’offres avaient été attribués au 15 mai, dont trois remportés par la SNCF, via des sociétés dédiées : SNCF Voyageurs Sud Azur, SNCF Voyageurs Étoile d’Amiens et SNCF Voyageurs Loire Océan. Le 16 mai, un nouvel appel d’offres a par ailleurs été attribué à la SNCF par la Bourgogne-Franche-Comté. Contrairement à une idée répandue selon laquelle « la concurrence n’avance pas très vite en France », Jean-Aimé Mougenot démontre que le processus s’accélère : dix appels d’offres sont actuellement en cours, auxquels vont s’ajouter quatre autres d’ici 2026. « Cela représente 115 millions de trains-kilomètres par an, soit environ 60 % du trafic TER sous délégation de service public à l’horizon 2030 ».
Le modèle change d’autant plus que les régions prennent en main l’ensemble des missions, de l’exploitation des TER à la distribution des billets, en passant par le matériel roulant. Une nouvelle étape dans le long processus de régionalisation engagé depuis le début des années 2000.
Le changement est conséquent pour la SNCF comparé au système intégré et monopolistique qui prévalait jusqu’alors. Le groupe a mis sur pied de nouvelles sociétés dédiées, qui fonctionnent de manière complètement autonome, comme le demandent généralement les cahiers des charges. L’autonomie est juridique, comptable, organisationnelle, et repose sur un personnel dédié.
« Cela implique de nouvelles responsabilités pour les équipes, en particulier pour l’encadrement. Chaque société détient son propre certificat de sécurité (CSU) et sa licence ferroviaire, alors qu’auparavant, un seul certificat national couvrait l’ensemble du périmètre SNCF »
— Jean-Aimé Mougenot
Pour l’opérateur historique, le point de bascule a eu lieu le 15 décembre dernier avec le transfert de 1 200 agents et la transmission des matériels et des systèmes d’information. Malgré la complexité logistique, Jean-Aimé Mougenot évoque « une belle réussite ». Les objectifs de production ont été tenus, avec de fortes hausses de charge sur les lignes Étoile de Nice et Étoile d’Amiens, tandis que la montée en puissance de Loire Océan devrait être plus progressive.
Augmentation de l’offre
Pour Jean-Pierre Serrus, vice-président chargé des transports à la région Sud, l’ouverture à la concurrence voulue par les élus ne procédait pas d’un choix idéologique mais d’une approche pragmatique.
« Pour l’exécutif régional, cette ouverture représentait une opportunité d’augmenter l’offre de transport et d’en améliorer la qualité, au bénéfice direct des usagers »
— Jean-Pierre Serrus
La réflexion a été amorcée dès 2017-2018, à travers un premier appel à manifestation d’intérêt destiné à évaluer l’appétence des opérateurs. Constatant un réel intérêt, la région a dû monter en compétence sur le sujet car aucune autorité organisatrice n’avait jusqu’alors ouvert ses TER à la concurrence.
La consultation a porté sur deux lots représentant 35 % de l’offre régionale de trains-kilomètres : le lot dit « des métropoles » (un peu moins de 10 %), attribué à Transdev, et le lot « Côte d’Azur » (plus de 20 %) – « ligne la plus circulée de France après l’Île-de-France » –, remporté par la filiale de la SNCF.
La période de transition entre l’ancien et le nouveau modèle s’est étalée de 2021 à 2024 et a nécessité un travail conséquent sur plusieurs volets : transfert du matériel roulant, mise à disposition des données, création de centres de maintenance pour chaque opérateur – des équipements subventionnés mais qui, précise l’élu régional, sont juridiquement conçus comme des « biens de retour » devant revenir à la région
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Publié le 12/05/2025 - Valérie Chrzavzez