La SNCF et la Deutsche Bahn, qui discutaient chacune de leur côté avec la branche cargo des chemins de fer suisses, ont finalement renoncé à acheter 49 % de son capital Après des mois de discussions avec la branche cargo des chemins de fer fédéraux suisses, la SNCF et la Deutsche Bahn ont jeté l’éponge : ni l’une ni l’autre ne sont finalement intéressées par une prise de capital de 49 % dans CFF Cargo. C’est cette dernière qui l’a elle-même annoncé le 17 décembre. « La crise actuelle a particulièrement touché la branche des transports en Europe. Tous les chemins de fer sont confrontés à des chutes de chiffre d’affaires dans le transport de marchandises et cherchent à maîtriser la crise par de profondes restructurations. Dans ce contexte, la DB et la SNCF ont renoncé à proposer des offres de participation dans CFF Cargo », écrit la compagnie dans un communiqué. CFF Cargo, qui a essuyé dernièrement d’importantes pertes, estimait pourtant que son intégration à un réseau européen était nécessaire pour ne pas disparaître face à la concurrence. « C’est la fin d’une stratégie d’actions agressives en solitaire », avait annoncé Andreas Meyer, le directeur des CFF en lançant officiellement les pourparlers avec les entreprises candidates il y a 16 mois. Contre 49 % de son capital, CFF Cargo affichait de nombreuses exigences : le nouveau partenaire aurait dû investir, contribuer à redresser les comptes, dégager des synergies et apporter des garanties pour que le réseau de wagons complets couvre l’ensemble du territoire helvétique. Tout était envisageable sauf une cession pure et simple. Mais les Allemands se sont toujours montrés prudents. Ils craignaient de s’attirer les foudres de Bruxelles, alors que beaucoup d’autres entreprises restent à acheter à l’Est. Pour les Français, CFF Cargo est devenu beaucoup moins intéressant depuis qu’ils ont mis la main sur les activités de Veolia Cargo en Allemagne. « Grâce à Veolia, nous traversons la Suisse très facilement », explique un responsable de Fret SNCF. Mais les négociations ne se sont pas pour autant arrêtées. La SNCF pourrait prendre une participation dans une filiale de CFF Cargo présente en Allemagne ou dans un autre opérateur bien implanté dans cette zone. La décision devait être prise avant la fin de l’année. Les Suisses sont désormais contraints à « l’autonomie ». Mais autonomie ne dit pas absence de coopération. « CFF Cargo va se concentrer sur le développement autonome de son activité avec des partenariats ciblés », souligne l’entreprise. Deux types de coopération sont envisagés : d’une part, le développement du trafic de wagons isolés en Suisse et à l’étranger, d’autre part, le renforcement du trafic combiné international. La branche fret des chemins de fer suisses, qui mise sur un développement hors de ses frontières, a déjà créé des filiales en Allemagne et en Italie pour se placer sur un axe de transit nord-sud. Elle va poursuivre les discussions avec les mêmes entreprises présélectionnées : la Deutsche Bahn et la SNCF mais aussi RCA (Autriche), PX Logistic (Trenitalia), BCargo (SNCB), le groupe suisse Hupac et Rail Vision (un groupement d’entrepreneurs suisses). Des décisions sont attendues au printemps 2010.
Marie-Hélène POINGT
Publié à 00:00 - Marie-hélène Poingt