Parce que l’électromobilité est un sujet qui lui « tient à cœur » et pour « approfondir ce que serait l’évolution d’un modèle automobile nouveau, sobre et durable », dans la perspective de la loi sur la transition énergétique, la ministre de l’Ecologie s’est fait remettre officiellement, le 13 mai, le rapport sur les nouvelles mobilités et les véhicules écologiques. Achevé en janvier dernier au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), ce volumineux rapport (250 pages) coécrit par le député de Paris Denis Baupin (EELV) et la sénatrice du Bas-Rhin Fabienne Keller (UMP) liste 100 recommandations pour repenser le véhicule automobile et la mobilité qui va avec.
Car le véhicule n’est pas tout, il n’est qu’un élément des politiques de mobilité et doit s’inscrire en complémentarité des autres modes. L’une des idées directrices : « il faut porter un imaginaire en matière d’évolution des véhicules qui permette que les valeurs de puissance et de vitesse soient remplacées par la valeur de la convivialité et de la sérénité dans le déplacement, a explicité Denis Baupin. Cela se croise avec l’objectif du véhicule qui consomme 2 litres aux 100 », espéré à l’horizon 2020. Le coauteur du rapport rappelle aussi que les futurs véhicules, à l’image du Renault Twizy, devront être modulaires et « former un continuum entre les 2, 3 et 4 roues ».
Dans ce foisonnant rapport, Ségolène Royal a principalement retenu la stratégie bas-carbone, la définition juridique du covoiturage, le déploiement des points de recharge pour véhicules électriques, l’obligation d’intégrer des places réservées aux véhicules propres dans les parkings des nouvelles constructions. Mais aussi, « l’augmentation progressive de la part des biocarburants dans le mix énergétique. Avec quels moyens ? Quelles méthodes ? Le rapport est intéressant pour savoir comment passer des objectifs à la réalisation », a précisé la ministre le 13 mai. Qui ajoute qu’elle déplore quand « des travaux de grande qualité restent dans les tiroirs ». Ce qui ne devrait donc pas être le cas de ce rapport. Puisqu’elle a d’ores et déjà annoncé retenir deux propositions : « Réfléchir à une définition juridique du véhicule écologique, selon des critères de gabarit, de motorisation, de niveau de consommation ; augmenter la part des certificats d’économie d’énergie dédiée aux projets et politiques de mobilité durable. »
Elle ajoute par ailleurs qu’elle souhaite mener une réflexion sur les moyens d’aider les ménages modestes à remplacer les véhicules les plus polluants. Alors que Denis Baupin assure qu’il ne saurait y avoir de « choix technologique a priori pour peu qu’il s’agisse d’énergie renouvelable » et insiste sur la nécessité que « l’Etat s’affiche comme volontaire », sa comparse, Fabienne Keller, met en avant la nécessité de financements. Absente lors de la remise officielle du rapport à la ministre, elle écrit dans un communiqué : « Le rapport mérite un plan d’action plus global et des engagements clairs sur son financement. » Cependant, à en croire Ségolène Royal, « les moyens financiers existent ». Ne reste qu’à les mobiliser alors ?
Cécile NANGERONI