Le département breton, qui a lancé un service de rapprochement il y a plus de trois ans, mène une politique active de promotion du covoiturage et développe notamment un réseau d’aires de covoiturage Le Morbihan est souvent cité comme un département en pointe sur le covoiturage. La mise en place d’une politique d’incitation date de fin 2005. Le conseil général décide alors de considérer la pratique comme un transport semi-collectif et de mener une politique active. Un service de rapprochement est mis en place par l’opérateur Green Cove Ingénierie, qui édite le site national 123envoiture. « Cela nous a permis de commencer avec 1 800 inscrits, explique Marc Letourneux, qui s’est détaché sur le projet pendant trois ans à plein-temps. Aujourd’hui, nous sommes à 8 900 membres et à environ 6 000 projets proposés en permanence. » Cette progression n’est pas due au hasard. Dès le départ, le département s’est donné les moyens de sensibiliser les particuliers mais aussi les entreprises et les administrations. « Nous avons aidé les directions volontaires à mettre en place une stratégie de communication en direction de leurs salariés, à développer des rubriques dédiées sur l’intranet, des documents d’information à glisser dans les bulletins de salaire… raconte Marc Letourneux. Quand c’était possible, nous avons suggéré la mise en place d’un référent covoiturage dans l’entreprise capable d’expliquer ce qu’est le covoiturage, de répondre aux questions, d’aider les personnes qui n’ont pas Internet à s’inscrire. » La même démarche a été adoptée en direction des collectivités du territoire. Le département a fourni des outils clés en main pour qu’elles puissent informer leurs administrés : articles déjà rédigés pour les bulletins municipaux, affiches, flyers. « Nous avons aussi multiplié les accès au service en lançant des minisites territoriaux, en proposant d’inclure le moteur de recherche sur les sites des villes », explique Marc Letourneux. Mais la mise en place du service de rapprochement s’est également accompagnée d’une politique ambitieuse d’implantation d’aires de covoiturage sur tout le territoire. « La multiplication des aires sauvages posait un problème de sécurité, note le chargé de mission. Cependant, ce n’est pas la seule raison qui nous a poussés à développer des parcs de stationnement dédiés : il y avait aussi une volonté de donner de la visibilité à la pratique. » Aujourd’hui, le département compte 35 aires de covoiturage, le long des gros axes routiers mais aussi dans l’arrière-pays, pour interpeller la population. Le conseil général a réaménagé des espaces existants, créé des nouveaux parcs mais aussi développé une politique de partenariat avec la grande distribution, de manière à pouvoir utiliser les parkings de supermarchés comme lieu de rendez-vous pour les covoitureurs. « La pratique existait déjà, explique Marc Letourneux. Nous nous sommes entendus pour l’organiser. » Le conseil général fournit la signalétique qui permet d’aiguiller les automobilistes vers des places éloignées de l’entrée. Tout le monde y trouve son compte. « Nous avons aussi mis en place une politique de labellisation des parkings existants dans les communes rurales », note Marc Letourneux, qui tient à cette présence sur tout le territoire afin que le covoiturage devienne un élément familier de l’univers des conducteurs et qu’un jour le déclic se fasse : «Tiens ! pourquoi pas moi ? »
Nicolas REYNAUD