Ex-secrétaire d’Etat au développement de la région capitale
Christian Blanc (71 ans) s’est taillé une solide réputation de négociateur et de fonceur, d’homme avec qui l’on tope et d’homme qui claque la porte. Alliance paradoxale, si l’on oublie que la négociation suppose qu’on sache aussi forcer la chance. Il fallait bien cela pour sortir la Nouvelle-Calédonie du guêpier d’Ouvea, réunir à la même table Canaques et Caldoches et négocier les accords de Matignon (1988). Dans un domaine d’une importance historique bien moindre, Jacques Douffiagues, ancien ministre des Transports, aujourd’hui décédé, se souvenait de ce préfet de Seine-et-Marne dénouant comme si de rien n’était une affaire empoisonnante concernant le tracé de la LGV Est. C’est le même homme qui, président de la RATP, puis d’Air France a, chaque fois, claqué la porte. Il choisit pour cela des sujets politiquement clivants et classés à droite, singuliers chez un homme qui fut longtemps de gauche : Christian Blanc a dirigé le cabinet de Michel Rocard au PS (1978-1980) et celui d’Edgard Pisani, commissaire européen (1981-1983). A la RATP (président de 1989 à 1992), lâché par le gouvernement sur la question du service minimum, il démissionne. Nouveau mandat, à Air France (1993-1997) et nouvelle démission, à la suite d’un désaccord avec la tutelle, qui refuse la privatisation. On ne peut résumer son attitude de patron à de brusques départs. C’est sous sa présidence que la RATP lance Méteor, la future ligne 14, et c’est beaucoup. Pas étonnant donc, qu’on l’ait trouvé, des années plus tard, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, secrétaire d’Etat au développement de la région capitale et qu’on ait reproché à cet ancien patron de la RATP d’avoir limité le Grand Paris à un métro automatique. Ce n’était pourtant pas sa volonté ni sa vision. Mais il s’est mal entendu avec le conseil régional de gauche (après tout, cela faisait aussi partie de sa mission que de le déstabiliser), tout comme avec des élus de droite solidaires des projets régionaux qu’il voulait bousculer. Son principal adversaire fut Jean-Paul Huchon avec qui la rivalité est ancienne : tous deux étaient proches de Michel Rocard dans les années 70, quand celui qui allait devenir Premier ministre était maire de Conflans-Sainte-Honorine. Christian Blanc s’est aussi mal entendu avec certains architectes et urbanistes chargés par Nicolas Sarkozy de plancher sur le futur Grand Paris. Jean Nouvel a demandé publiquement sa tête. Un observateur qui le connaît et l’apprécie juge qu’il a eu le tort de s’adjoindre, au Grand Paris, comme directeur de cabinet Marc Véron, qui était avec lui à Air France, et qui étant d’un tempérament proche du sien n’a pas su le tempérer. Christian Blanc est finalement tombé en juillet 2010, officiellement pour une affaire de cigares payés sur fonds ministériels. Il en aurait pris le goût lors d’un voyage révolutionnaire à Cuba en 1967 quand il est militant d’extrême gauche. Devenu président de Merrill Lynch France, le 11 septembre 2001, il sort, dit-on, à 9h de son hôtel, dans le World Trade Center pour fumer un premier cigare, qui lui permet d’échapper aux attentats.