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Ewa

L’autorisation par Bruxelles de camions plus gros inquiète les acteurs du fret

Le terminal ferroviaire 
au port de Zeebrugge. © DR

L’apparition de camions plus longs et plus lourds sur les routes européennes, actuellement en discussion au niveau de la Comission, mobilise une vingtaine d’organisations professionnelles de la logistique, dont l’association Fret Ferroviaire Français du Futur, 4F. Elles s’inquiètent des conséquences de la mesure, notamment sur le fret ferroviaire et estiment que le texte, dans sa forme actuelle, entrainerait « de graves effets secondaires » et « des répercussions au-delà du secteur des transports ».

Un nouveau paquet de réformes, en négociation à Bruxelles, prévoit de réviser la directive relative aux poids et dimensions des véhicules de transport de marchandise. Elle envisage d’autoriser le trafic international de certains camions, dont la capacité de chargement n’est pas adoptée par tous les Etats. La circulation de ces systèmes modulaires européens, ou EMS, est aujourd’hui limitée à l’intérieur de certaines frontières.

Des camions de 40 à 60 tonnes

Le texte actuellement en vigueur fixe le poids et la longueur maximum des véhicules routiers (combinaisons) autorisés en trafic national et international en Europe à 18,75 m pour un poids total maximal de 40 tonnes. Une possibilité est donnée aux Etats de déroger dans les limites de 60 tonnes et de 25,25 m. Pour l’Union européenne, la multiplication de ces EMS peut réduire l’impact du transport routier notamment sur l’environnement. Pour les organisations mobilisées, ces poids-lourds XXL sont incompatibles avec l’engagement de l’UE d’augmenter le fret ferroviaire de 50% d’ici 2023 et de le voir doubler d’ici 2050.

La liste des arguments mis en avant par les organisations est longue. Selon elles, l’autorisation de ces nouveaux ensembles nécessiterait des changements logistiques et d’infrastructures importants sur les sites portuaires, pour assurer la compatibilité avec des terminaux de transbordement, leurs voies d’accès et les manœuvres sur place. Plusieurs types de matériel roulant ferroviaire et de navire sont incompatibles avec le format des EMS au point « d’entraver les progrès du transport intermodal de marchandises », souligne 4F, Rail Freight Forward ou encore Die Bahnindustrie.

Une dégradation accélérée des routes

Les acteurs du fret redoutent aussi de lourdes conséquences sur les infrastructures routières. Le poids des véhicules va entrainer leur dégradation accélérée et nécessiter des investissements considérables dans le renforcement de chaussées ou d’ouvrages d’art. Or, si le transport intermodal et le secteur ferroviaire dans toute l’Europe, ont déjà fait l’objet de plans d’investissements, beaucoup reste à faire.

En matière de sécurité, l’introduction de 44 tonnes sur les routes, soulève aussi des questions, notamment pour le transport de matières dangereuses. Encore une fois, face à des temps de freinage plus longs, des rayons de manœuvres plus importants, … les infrastructures existantes vont se retrouver peu adaptées.

 

Ewa

Les opérateurs de fret craignent que SNCF Réseau ne puisse pas suivre si l’Etat ne lui en donne pas les moyens 

Franck Tuffereau

Les opérateurs de fret attendent la présentation du plan de relance pour le fret ferroviaire, conformément à ce que prévoit la LOM. Franck Tuffereau, coordinateur de l’alliance 4F et délégué général de l’Afra (Association française du rail), explique à VRT les attentes du secteur.

Ville, Rail & Transports. Quel bilan dressez-vous de l’année 2020 et du début 2021?

Franck Tuffereau. Notre secteur a moins souffert que d’autres, comme le tourisme ou la restauration. Le ferroviaire a assuré des acheminements qui n’étaient pas proposés par la route. Le fret ferroviaire n’est pas en détresse comme peut l’être le transport de voyageurs.

Toutefois, en plus de la crise sanitaire, le secteur a souffert de la mise en service du nouveau logiciel d’attribution des sillons, baptisé SIPH, pour organiser le nouveau service en décembre dernier. Sa mise en place a rencontré de grandes difficultés. SNCF Réseau s’est mobilisé et a mis sur pied une cellule de crise. Des horairistes non concernés par ce logiciel, y compris des horairistes de réserve, ont été appelés pour surmonter les difficultés et des sillons de dernière minute ont été attribués.

Le transport de fret a été davantage pénalisé que le transport de voyageurs dont le service annuel est préparé plus en amont, 18 mois en avance. Cela apporte plus de visibilité dans la construction du service. Aujourd’hui, nous rencontrons encore des difficultés même s’il y a des améliorations.

VRT. Quelles sont les pertes du secteur ?

F. T. De nombreuses entreprises ferroviaires de fret sont dans le rouge. Durant le premier confinement, l’industrie lourde par exemple a arrêté sa production.

Au début de la crise sanitaire, le volume a baissé de 20 à 30 %. Désormais les trafics ont repris, notamment la sidérurgie et l’industrie automobile. Il y a eu un gros effort réalisé par l’Etat qui a décidé d’instaurer la gratuité des péages durant les six derniers mois de 2020 et de les réduire de moitié sur toute l’année 2021 pour toutes les entreprises ferroviaires de fret.

Mais aujourd’hui, les clients manquent de visibilité sur les mois à venir.

VRT. Que demandez-vous ?

F. T. L’alliance 4F qui a été créée, a formulé un certain nombre de préconisations. Elle demande un milliard d’euros pour la sauvegarde du fret ferroviaire et 1,5 milliard d’euros par an sur une dizaine d’années pour arriver à l’objectif de doubler la part du fret ferroviaire à l’horizon 2030.

La grosse difficulté, ce sera de tenir dans le temps. Il y a des promesses mais on a déjà connu dans le passé des plans pour sauver le fret qui se sont perdus avec le temps.

Il y a aussi le plan d’urgence qui prévoit plus de quatre milliards d’euros en faveur de SNCF Réseau. Le ministre des Transports doit désormais présenter le plan de relance pour le fret ferroviaire comme le prévoit la loi d’orientation des mobilités (LOM) dans son article 178.

La LOM aurait dû être appliquée au 1er janvier mais les équipes techniques ont pris du retard. Nous nous attendons à ce que le plan de relance reprenne les préconisations de l’alliance 4F. Nous sommes plutôt optimistes.

Mais comme il y a énormément d’actions et de travaux qui concernent l’infrastructure ferroviaire dans les années à venir (notamment la résorption des nœuds ferroviaires), nous craignons que SNCF Réseau ne puisse pas suivre si l’Etat ne lui en donne pas les moyens. D’autant que son contrat de performance avec l’Etat n’est pas encore écrit. C’est notre grosse crainte.

VRT. Dans ce paysage, quel doit être le rôle de Fret SNCF ?

F. T. Nous avons besoin de Fret SNCF pour l’avenir du secteur. Fret SNCF a intérêt à se développer sur les créneaux qui lui apportent une situation pérenne. Cette entreprise va obtenir une aide spécifique pour les wagons isolés. Cela devrait aussi inciter d’autres acteurs à se positionner sur ce créneau.

Nous souhaitons mettre en place des systèmes informatiques pour optimiser ce type d’activité. L’alliance 4F planche avec des groupes de travail sur ces systèmes et cherche des prestataires pour mettre en place des dispositifs qui permettent de relancer le fret ferroviaire. Nous portons à la fois des demandes d’aide publique et des engagements des opérateurs.

Propos recueillis par Marie-Hélène Poingt