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Ewa

« Une femme sur deux a déjà été victime de sexisme à la SNCF »

Portrait d'une agente de maintenance dans un technicentre

Journée internationale des droits des femmes. « Ma belle », « ma cocotte », des remarques déplacées sur une tenue vestimentaire, des posts sexistes, jusqu’au harcèlement sur les réseaux sociaux. Alertée par une première enquête réalisée en 2015 montrant que 100 % des femmes avaient déjà été victimes de harcèlement dans les transports, la SNCF publie tous les deux ans un baromètre interne sur le sexisme ordinaire. A partir d’un questionnaire auprès des agentes. Premier constat : la lutte contre le sexisme, c’est pas gagné ! En interne, une femme sur deux déclare avoir été victime de sexisme au sein du groupe ferroviaire.

Interview d’Anne-Sophie Nomblot, présidente du réseau SNCF Mixité qui compte 12 000 agents membres. Un quart sont des hommes.

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Anne-Sophie Nomblot, présidente de SNCF Mixité.

Ville, Rail & Transports : Vous lancez une « Tournée Mixité » dans une quinzaine de villes françaises. Pourquoi et en quoi consiste-t-elle ?
Anne-Sophie Nomblot : Cette année, ce n’est pas un train, mais une exposition itinérante dans 13 gares de grandes villes. Dix mille kilomètres de tournée sur  les thèmes du sexisme, du harcèlement, des stéréotypes d’orientation, de la parentalité. Car même si la SNCF a un train d’avance sur ces sujets, le constat est sans appel : notre dernier baromètre établi à partir d’un questionnaire auprès de 2000 agentes (en 2024, nous interrogerons peut- être aussi des hommes), révèle qu’une femme sur deux a déjà été victime de sexisme dans l’entreprise [32 000 femmes sur 140 000 salariés]. C’est énorme. Et ces actes ne sont pas le seul fait des anciennes générations. Comme le montre le récent rapport du Haut conseil à l’égalité hommes-femmes, avec les contenus numériques, les clichés sexistes sont de plus en plus présents dans la jeune génération. Si l’on fait le pari qu’ils disparaîtront avec le renouvellement des générations, on se met le doigt dans l’œil ! Le baromètre mesure qui en est victime, à quelle fréquence, la nature des propos (sexisme « bienveillant », dénigrement en lien avec le genre, avances sexuelles non désirées), la progression du nombre d’actes, les mesures utiles pour lutter contre le sexisme ordinaire et le harcèlement.

Quelles sont les femmes les plus exposées ?
A la lecture des 2 000 réponses au questionnaire : les jeunes, les alternantes et les roulantes : conductrices et contrôleuses.

Comment lutte la SNCF ?
Les licenciements pour ces causes se multiplient : plusieurs dizaines l’an passé. Notre mot d’ordre, c’est la tolérance zéro, y compris pour les cadres dirigeants. Une formation dédiée, en e learning, est obligatoire pour tous dans l’entreprise et 21000 agents ont été  formés à ce jour. Le nombre d’alertes envoyées à la direction de l’éthique du groupe progresse et la première cause d’alerte, c’est le harcèlement sexuel. De plus en plus de personnes osent parler du sexisme, du harcèlement sexuel, des violences conjugales aussi. Elles ne relèvent pas que de la sphère privée, c’est aussi le sujet de l’entreprise, les femmes se rendent compte que l’entreprise agit, elles se sentent de moins en moins seules : le service d’action sociale de la SNCF, Optim’Services, accueille des femmes et des hommes victimes de violences conjugales. Le groupe accorde trois jours de congés pour faire les démarches juridiques et financières d’aide au déménagement ; on a rédigé un guide des recours. Nous essayons d’être une entreprise rassurante sur ces questions en apportant des réponses concrètes : hébergement d’urgence, déblocage d’aides financières.

Récemment, une conductrice de TER a porté plainte contre un collègue qui avait publié des posts à caractère sexuels et diffamatoires sur les réseaux sociaux la concernant. Vous l’avez publiquement défendu. La parole se libère ?
L’enquête est en cours, je ne peux pas en dire plus. Oui, les langues se délient, beaucoup de femmes m’appellent en direct. Et les dirigeantes parlent du sexisme qu’elles ont pu subir durant leur carrière.

Les stéréotypes sexistes sont-ils un frein à l’embauche ?
Oui. La SNCF a de gros besoin de recrutement et les stéréotypes à l’orientation professionnelle vont bon train. Nous avons du mal à recruter des conductrices, des agentes de sûreté, des chaudronnières, des soudeuses, tous ces métiers faussement estampillés masculins. Et avec la réforme du collège, les choix d’orientation se font de plus en plus tôt, à l’âge où les adolescentes ont des difficultés à démentir ces stéréotypes, s’inscrire en contre.

Propos recueillis par Nathalie Arensonas

Ewa

Femmes et hommes très inégaux devant la mobilité

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L’inégalité hommes-femmes s’illustre ces dernières semaines dans le débat sur la réforme des retraites dont la mesure phare – le recul de l’âge de départ à 64 ans – risque de creuser l’écart des pensions à cause des écarts de salaires pendant la vie active et des carrières des femmes en accordéon parce qu’elles s’occupent (le plus souvent) des enfants. Eh bien, cette inégalité se révèle aussi dans la mobilité, comme nous l’apprend une note du Forum Vies Mobiles publiée peu avant la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.

Quand, comment et pourquoi se déplacent-elles ? Comme pour les retraites, la place des femmes dans la gestion du foyer et des enfants a des incidences sur leurs modes de déplacement. « Les pratiques de mobilité féminines sont influencées par les rôles sociaux traditionnels (…)  et traduisent un plus grand centrage sur le foyer que pour les hommes », écrit le think tank. Par exemple, 75% des accompagnements des enfants et des personnes âgées sont assurés par les femmes.

Les différences se manifestent dans le choix des modes de transport qui sont finalement très genrés et traduisent le rôle des femmes dans les tâches familiales et ménagères. En moyenne, chaque semaine, un homme parcourt 118 km de plus qu’une femme et se déplace deux heures de plus (près de 11h30 contre près de 9h30). Mais visiblement pour des activités et des trajets  moins complexes et moins utilitaires que les femmes qui cumulent domicile-travail, courses, accompagnement les enfants à l’école, aux activités de loisir, tâches administratives…

La mobilité, miroir des inégalités hommes-femmes

Si les femmes sont de plus grandes marcheuses et plus grandes utilisatrices des transports collectifs que les hommes, leurs déplacements dans l’espace public sont pourtant synonymes de sentiment d’insécurité, particulièrement le soir. 100% des femmes auraient subi du harcèlement sexuel dans les transports en commun au moins une fois dans leur vie, lit-on dans la note du Forum Vie Mobiles. Elles sont deux fois plus nombreuses que les hommes à avoir peur dans les transports en commun (source Institut Paris Région), et déploient « des stratégies qui constitue une charge mentale » : éviter une station de transports quitte à allonger leur trajet, veiller à son style vestimentaire, esquiver les interactions en détournant le regard ou en paraissant absorbées par un livre, etc.

Peur dans les transports collectifs, trajets complexes, on comprend qu’elles soient « plus réticentes à l’idée d’abandonner la voiture au profit de modes plus durables ». Même si elles ont moins souvent le permis B que les hommes (80% contre 90%). Lesquels sont à 84% les responsables présumés d’accidents mortels (chiffres 2019, ministère de l’Intérieur).

La mobilité, miroir des inégalités de genre ? « Elle contribue aussi à les entretenir », estime le think tank.

L’étude complète : ici

Nathalie Arensonas