Transdev enregistre un chiffre d’affaires en forte progression en 2024 et double son résultat net qui ne dépasse toutefois pas 43 millions d’euros. Très tourné vers l’international, le groupe français de transport public devrait passer sous contrôle allemand d’ici à la fin de l’année. Mais « restera français », insiste Thierry Mallet, son PDG.
A quelques mois du nouveau pacte d’actionnaires qui doit voir l’Allemand Rethmann (1) monter au capital de Transdev à hauteur de 66%, et la Caisse des dépôts descendre à 34%, Thierry Mallet; dirigeant du groupe de transport public, annonce avoir franchi la barre des 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024 (+7,7%), et plus que doublé son résultat net, à 43 millions d’euros.
« Des résultats commerciaux historiques », se félicite le dirigeant. Avec toutefois l’impérieuse nécessité de redresser les marges « à un niveau raisonnable : entre 1,5% à 2%, contre 0,4% aujourd’hui », tempère-t-il. « Une très belle année, une dette contrôlée à 1,2 milliard d’euros, ce qui nous donne des marges de manœuvre pour des acquisitions [Transdev veut notamment se renforcer au Canada et en Europe centrale, ndlr], mais il y a encore du boulot… », résume Marcos Garcia, directeur juridique et financier. La famille Rethmann sera-t-elle, par exemple, plus regardante que la Caisse des dépôts sur les objectifs de croissance de la profitabilité ?
Les Etats-Unis, deuxième terre de conquête
Au chapitre des succès commerciaux, Transdev a réalisé en 2024 une belle moisson de contrats, en offensif et en défensif, sur cinq principaux marchés. En France où l’opérateur de transport ne réalise plus qu’un petit tiers de son chiffre d’affaires (2,8 milliards d’euros), il a gagné les réseaux de Saint-Malo, Mulhouse, La Rochelle, Chambéry, Limoges, Valence-Romans, le nouveau contrat Véligo en Ile-de-France (40 000 vélos en location longue durée).
A l’international où le groupe tire plus des deux tiers de ses revenus, les Etats-Unis sont sa deuxième terre de conquête (2,7 milliards d’euros de CA) depuis le rachat du mastodonte nord-américain First Transit en 2022 « qui nous fait gagner des parts de marché », souligne Thierry Mallet. L’Allemagne, la troisième (1,5 milliard de CA), suivie des Pays-Bas (800 M€ de CA) avec le gain de la concession des transports publics de la province d’Utrecht, et de la Suède (646 M€) avec deux contrats ferroviaires.
Transdev a aussi démarré l’an dernier l’exploitation du tramway de Melbourne (Australie), plus grand réseau de tramway au monde (4,2 milliards d’euros de CA sur 9 ans) raflé à son concurrent Keolis. Et fin 2024, le groupe a célébré la première année d’exploitation du métro de Quito, en Équateur.
L’année 2025 verra les dix derniers lots de lignes de bus RATP attribués par Ile-de-France Mobilités, les résultats des appels d’offres sont attendus en avril, Transdev est candidat. Et fin juin, le challenger de la SNCF prendra les commandes de la ligne ferroviaire régionale Marseille-Toulon-Nice, premier acte tangible de l’ouverture à la concurrence des lignes TER. A cette date, Alstom ne pourra livrer qu’une partie des 16 rames à double étage commandées par la Région Sud. Douze rames seront louées à trois régions « solidaires » (Centre-Val-de-Loire, Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes), le temps que le constructeur ferroviaire honore totalement sa commande.
En passe de privatisation
Mais 2025 sera surtout marquée par la privatisation de Transdev puisque le groupe familial allemand Rethmann devrait donc acquérir 32% du capital de l’opérateur français auprès de la Caisse des dépôts, faisant de lui l’actionnaire majoritaire avec 66% des parts. La Caisse en conservant 34%. La consultation des instances représentatives du personnel (IRP) s’est achevée il y a quelques jours, l’opération doit maintenant obtenir l’approbation des autorités administratives et réglementaires compétentes.
Devant les craintes des IRP, Thierry Mallet insiste sur le fait que le siège social de Transdev restera en France, et que le management ne changera pas. « Je reste à bord avec mes équipes », indique le PDG de 65 ans. Un discours qui se veut rassurant tant vis-à-vis des élus, donneurs d’ordre de l’opérateur de transport public, que vis-à-vis de l’interne « Un engagement a été signé il y a quelques jours par la Caisse des dépôts et Rethmann stipulant que l’opération n’entraînera aucune conséquence sur l’emploi, ni au siège ni dans les structures opérationnelles, et que les accords collectifs ne seront pas touchés », indique Jean-Pierre Dubau, délégué syndical CFDT chez Transdev.
(1) Le groupe familial Rethmann est présent dans le transport, le recyclage de déchets, la logistique et l’équarrissage. Pour un chiffre d’affaires de 24 milliards d’euros.