Encore une bonne nouvelle pour la SNCF : dans la compétition qui l’oppose à Transdev et à Régionéo, la compagnie nationale devrait gagner le premier contrat de TER ouvert à la concurrence dans les Pays de la Loire. Selon nos informations, dans les notations émises par la région, elle l’emporte de peu face à Transdev, mais loin devant Régionéo (co-entreprise issue du partenariat entre RATP Dev et Getlink).
La SNCF devrait donc se succéder à elle-même via une société dédiée pour exploiter, dans dix-huit mois, les dessertes dites du « Tram train ». Cet ensemble regroupe les lignes Nantes – Nort-sur-Erdre – Châteaubriant et Nantes – Clisson. Dans un second temps, elle exploitera également un deuxième ensemble, dénommé « Sud Loire », qui couvre les lignes Nantes – Pornic, Nantes – Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Nantes – La Roche-sur-Yon – Les Sables-d’Olonne, Nantes – La Rochelle, Nantes – Cholet et Angers – Cholet.
Ces lignes représentent 30 % environ du réseau ferroviaire régional. Et un chiffre d’affaires de quelque 500 millions d’euros (hors péages) pendant dix ans, durée du contrat. Environ 350 agents de la SNCF sont concernés.
La SNCF a toujours affirmé qu’elle se battrait pour conserver tous les contrats de TER. Elle est en train de le prouver : après la région Sud qui l’a choisie fin 2021 pour exploiter, à partir de 2024, l’étoile de Nice (Transdev a été retenu pour l’axe Marseille-Toulon-Nice), puis les Hauts-de-France, où elle a remporté en mars une compétition difficile avec des objectifs ambitieux (l’exploitation des TER de l’Etoile d’Amiens), les Pays de la Loire devraient décider de continuer à travailler avec elle.
Parmi les critères qui ont pesé, la baisse des coûts devrait atteindre un peu plus de 25 %. Une jolie performance alors que le réseau ne connait pas de problème majeur actuellement. Dans le cadre d’une compétition qui semble avoir été menée de façon très maîtrisée par la région.
Seul bémol, déjà pointé lors du précédent appel d’offres lancé par les Hauts-de-France : les coûts de pré-exploitation, non négligeables au début de l’exploitation, qui durent entre 18 mois et deux ans, le temps de connaître la ligne, et ne pèsent donc que sur les nouveaux entrants. Ce facteur discriminant devrait sans doute être davantage pris en compte par les autorités organisatrices des transports lors des prochaines compétitions.
Les Pays de la Loire, qui ont signé il y a un an et jusqu’en 2031 une nouvelle convention TER avec la SNCF, prévoit d’ici là une mise en concurrence progressive et totale de leur réseau. Contactées par VRT, la région et la SNCF, n’ont pas commenté notre information. Une réunion du conseil régional est prévue le 23 juin pour la décision officielle.
Marie-Hélène Poingt
Les Pays-de-la-Loire ouvrent à leur tour à la concurrence un tiers environ de leur réseau TER. Roch Brancour, vice-président régional, président de la commission Transports, explique à VRT les grands choix régionaux approuvés ce matin : le découpage en six lots du réseau et le choix des deux premiers lots (« Tram-train »* et lignes « Sud Loire »*) qui seront ouverts à la concurrence à partir de la fin 2023.
Ville, Rail & Transports : Pourquoi avoir choisi ces deux premiers lots pour les ouvrir à la concurrence?
Roch Brancour : Les deux premiers lots qui seront ouverts à la concurrence (Tram-train et Sud Loire) représentent un peu moins du tiers du réseau. Ce sont les deux plus faciles à détacher du reste. Le Tram-train est un service spécifique avec son matériel roulant, son centre de maintenance… Et les lignes Sud Loire ont très peu d’interfaces avec les autres régions. Cela simplifie la procédure, sinon il faudrait s’entendre avec les autres régions desservies par les lignes.
VRT : Quel est le calendrier adopté?
R. B. : Nous allons publier un avis de pré-information en juillet. Puis nous préparerons le cahier des charges qui sera publié dans un an et sur lequel nous nous appuierons pour lancer l’appel d’offres en 2022. Ensuite, après une année de transition et de préparation, le nouvel opérateur (ou la SNCF qui c’est elle qui remporte le contrat) pourra faire circuler les trains. A ce moment-là, à la fin de l’année 2023, notre contrat avec la SNCF arrivera à échéance.
VRT : Vous devrez tout de même signer un nouveau contrat avec la SNCF pour le reste du réseau…
R. B. : A partir de maintenant, nous allons pouvoir ouvrir progressivement notre réseau à la concurrence. Dans la future convention que nous signerons avec la SNCF, il y aura des dispositions permettant de dissocier les lots pour les ouvrir à la concurrence au fur et à mesure. Mais nous ne diffusons pas de calendrier.
VRT : Qu’attendez-vous de l’ouverture à la concurrence?
R. B. : Nous en attendons une croissance de l’offre de trains qui soit soutenable. Dans l’avis de pré-information, nous allons indiquer que nous prévoyons une hausse de plus de 70 % de l’offre ainsi qu’un cadencent à l’heure sur l’ensemble du réseau pendant les périodes creuses et en deçà d’une heure pendant les heures de pointe.
Si on veut attirer de nouveaux voyageurs, il faut aller chercher ceux qui ne sont pas captifs de l’heure de pointe. Mais pas au coût marginal de la SNCF car ce n’est pas soutenable. Mais si on agit comme en Allemagne, on voit que les gains de productivité obtenus permettent de financer la hausse de l’offre.
Pour nous, l’ouverture à la concurrence n’est pas un fin en soi. Mais c’est un moyen de gagner en productivité et de financer plus de trains. Cela peut aussi permettre de lancer des politiques tarifaires pour mieux maîtriser la contribution publique. Les deux premiers lots que nous ouvrons vont nous permettre de mettre en place ce système puis de le déployer progressivement.
VRT : La crise du Covid vous a-t-elle eu des conséquences sur vos décisions?
R.B. : Avec la crise, nous avons pu mesurer la solidité de la SNCF : c’est un opérateur fiable et capable d’adaptation. La crise montre combien il est important de développer le mode ferroviaire mais elle révèle aussi les défis financiers auxquels vont faire face les collectivités à court et moyen terme. Pour assurer la pérennité du système ferroviaire, il faut arriver à mieux en maîtriser les coûts. Le contexte de transition énergétique impose aussi d’augmenter l’offre et de diminuer les coûts.
Propos recueillis par Marie-Hélène Poingt
Tram-train : Nantes-Nort-sur-Erdre/Nantes- Châteaubriant-Nantes/Clisson
Sud Loire : Nantes-Pornic / Nantes- Saint-Gilles-Croix-de-Vie / Nantes-La Roche-sur-Yon – Les Sables-d’Olonnes/ Nantes-La Rochelle / Nantes – Cholet / Angers – Cholet
Les inaugurations de tramways se sont succédées ces derniers jours. Après Besançon, le premier Citadis compact d' Alstom a été mis en service sur la première ligne de tramway du Pays d'Aubagne et de l'Etoile le 1er septembre (photo de droite)… Spécialement conçu pour répondre aux besoins des réseaux de taille moyenne (de 50.000 à 100.000 habitants), le tramway offre la plus grande capacité sur le marché en proportion de sa taille (22 mètres), et peut transporter jusqu'à 146 passagers.
Le Mans (photo de gauche) a également inauguré sa deuxième ligne de tramway le 30 août. Le réseau passe de 15,4km à 19km et la flotte de Citadis de 26 à 34 rames grâce aux 8 rames supplémentaires commandées en 2012 pour renforcer l’offre sur la ligne 1 et assurer l’exploitation de la ligne 2. Les 8 dernières rames ont subli des modifications et l'accessibilité a été renforcée : sièges élargis, buzzers aux portes et un affichage clignotant aux portes de sortie, interphonie, barres de maintien .
D'une longueur de 30 mètres, les tramways Citadis de la ville du Mans transportent tous les jours plus de 48 000 personnes.