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Ewa

La Renfe s’intéresse à la liaison Lyon – Marseille

Spanish high speed trains AVE Class 103 and Avant Class 104, Malaga, Maria Zambrano station
octobre 2008
(c) CC - Glucke

La compagnie ferroviaire espagnole a annoncé le 1er juillet son intention de venir concurrencer la SNCF sur le marché français. La Renfe a en effet indiqué dans un communiqué que « le conseil d’administration de Renfe Operadora a approuvé lors de sa réunion d’aujourd’hui l’entrée de la compagnie dans la grande vitesse en France ». Une arrivée qui pourrait avoir lieu dès la fin 2020, au moment où les grandes lignes commerciales s’ouvriront à la concurrence.

L’opérateur historique ne précise pas le nom des lignes sur lesquelles il a demandé des autorisations mais indique seulement que dans un premier temps, il ne compte pas desservir Paris en raison des « difficultés techniques » et des « contraintes imposées ». La liaison Lyon – Marseille est à l’étude, a toutefois déclaré un porte-parole à l’AFP.

Déjà présente en France sur les lignes Madrid – Marseille et Barcelone – Paris exploitées en coopération avec la SNCF, la Renfe répond ainsi à la compagnie française qui a récemment indiqué vouloir lancer un service de TGV low cost en Espagne avec un partenaire local.

Ewa

La Bretagne s’engage pour dix ans supplémentaires avec la SNCF

Inauguration du train régional REGIO 2N, 15 octobre 2014
Photo Charles Crié/Région Bretagne

Et de dix ! La Bretagne est en effet la dixième région à avoir décidé, le 28 juin, de renouveler son contrat TER avec la SNCF. Un protocole d’accord a été signé le 28 juin sur la convention qui va pouvoir s’appliquer pendant dix ans. Ne manque donc plus qu’une région, les Hauts-de-France, pour que SNCF Mobilités affiche complet. Les négociations sont bien avancées et devraient très prochainement aboutir, assure une porte-parole.

Dans cette convention BreizhGo, la SNCF s’engage à réduire de 6 % ses coûts de production (coûts au train-km) d’ici à 2028. Dans le même temps, l’offre va être augmentée de 11 %, ce qui aboutira à faire circuler chaque jour un total de 380 trains régionaux et à améliorer la complémentarité avec les TGV. Les signataires de la convention s’engagent aussi sur une hausse des recettes de 20 % grâce à des actions de « dynamisation commerciale avec des tarifs attractifs, un système de distribution performant et des taux de fraude en baisse ». La contribution régionale prévisionnelle s’établit à 101,7 M€ HT en 2019.

En revanche, la concurrence n’est pas au programme. Les indicateurs sont plutôt favorables dans cette région périphérique, avec non seulement, pour les TER, des coûts de production les moins élevés de France, mais aussi la meilleure régularité du pays. L’âge moyen du parc y participe : 26 Regio 2N ont été livrés entre 2014 et 2019, permettant de faire tomber l’âge moyen du matériel roulant de 23 ans en 2002 à huit ans aujourd’hui. En plus d’avoir décidé cette cure de jouvence, la région a consacré 15 millions à un programme de modernisation du centre de maintenance de Rennes, désormais bien dimensionné pour l’ensemble de l’entretien du parc régional.

M.-H. P.

Ewa

Gare de Moissac, locaux disponibles, 93 m², déposer un projet…

1001moissac

En lançant l’opération 1001 gares, Gares & Connexions espère revitaliser de très nombreuses gares qui passent un peu sous le radar. Certes, on est dans un registre plus soutenu que les quelque 1 500 haltes équipées d’abris de quai. On est dans le dur, avec des « bâtiments voyageurs », « BV » pour les intimes. Mais ce millier de gares n’ont pas de commerces et leurs 300 voyageurs par jour en moyenne ne suffisent pas pour en attirer. On est très loin du modèle City Booster dont raffole Gares & Connexions.

Mais il ne faut pas baisser les bras et la question revêt quelque importance : du fait de changements techniques (comme la fermeture de postes d’aiguillages de plus en plus centralisés) ou dans la distribution (fermeture de guichets), on se retrouve avec des espaces vacants, environ 200 m2 en moyenne, ce qui n’est pas excellent pour l’image de la SNCF, alors que ces espaces peuvent répondre aux besoins des territoires.

Espaces de coworking, vente de primeurs ou de produits saisonniers

Aussi, pour « rapprocher l’offre de la demande », comme dit Claude Solard, directeur général de Gare & Connexions, ses collaborateurs en régions sont allés voir les collectivités territoriales. Idée : recueillir ou susciter des projets locaux, proches de la mobilité, et qui ont besoin d’espace. Sans attendre, d’ailleurs, se font jour des initiatives locales, comme la création d’espaces de coworking, ou réservés à des ventes de primeurs, de produits locaux, de produits saisonniers.

Une plate-forme numérique a été mise en ligne : www.1001gares.fr. Y sont rapidement décrits les emplacements de 296 gares pour commencer. 14 m² à Rethel (Ardennes, 1 229 voyageurs/jour), 44 m² à Vierzon (Cher, 2 722 voyageurs/jour), 224 m² à Coutras (Gironde, 874 voyageurs/jour), 327 m² à Saint-Georges-de-Commiers (Isère, 6 voyageurs par jour), etc.

Une centaine de projets d’ici la fin de l’année

La SNCF demande aux acteurs intéressés de déposer des projets, après quoi elle lancera des appels à manifestation d’intérêt, forme simplifiée de l’appel d’offres. Elle voudrait valider une centaine de projets d’ici la fin de l’année. Pour faciliter les opérations, la SNCF apportera 20 millions d’euros, afin de mettre les espaces en conformité.

Un tel modèle n’est pas fait pour gagner de l’argent. Et les loyers s’annoncent modiques. Il ne s’agit pas d’en perdre non plus. Gares & Connexions a selon Claude Solard trois objectifs : « rendre service au voyageur », agir selon un « intérêt économique et d’image », et assurer « la responsabilité sociale et sociétale de la SNCF ».

C’est à Auxerre que devait être lancée l’opération. La canicule a eu raison de la manifestation escomptée ; reste qu’Auxerre est un bon exemple de ce qu’on peut faire. Une ancienne halle accueille une école du numérique, Web Force Trois, avec l’aide de la communauté d’agglomération de l’Auxerrois. Et un FabLab a pris place dans un autre lieu, avec le soutien d’une association. Avis aux amateurs, et aux professionnels.

F. D.

Ewa

Auvergne-Rhône-Alpes et la SNCF signent un moratoire sur la fermeture des guichets

Moratoire SNCF Auvergne-Rhône-Alpes

Laurent Wauquiez, président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et Frank Lacroix, directeur national TER SNCF, ont signé le 27 juin un moratoire sur la fermeture des guichets dans les gares. Après une vingtaine de guichets fermés depuis deux ans, 17 étaient menacés en 2019 et début 2020. « Le moratoire qui est une première en France a deux effets : il gèle les fermetures et permet de partir à la reconquête du terrain perdu », a insisté Laurent Wauquiez.

Dans la convention globale entre les deux partenaires, les rôles sont clairs : la SNCF apporte son expertise d’opérateur et la région fait les choix, qu’elle finance. « Il y a eu des malentendus », concède Franck Lacroix, et l’autonomie de gestion de la SNCF a ses limites pour la région : « quand je paie, je veux un service complet », insiste son président. Il reste à trouver des « solutions alternatives, on va travailler ensemble » ont déclaré les deux partenaires. Ils se donnent trois mois et citent quelques pistes : ouverture partielle de guichets (deux jours par semaine), service en mairie ou en office de tourisme assuré par des agents formés, guichet mobile, testé à Saint-Flour (Cantal) lors des jours de marché, et même remise en service là où des lignes ont été rouvertes/rénovées (Boën)…

Lors de la signature du moratoire, le président de région avait invité des élus des groupes communiste et socialiste qui avaient déjà tiré la sonnette d’alarme le 22 mai sur les fermetures de guichets.

Claude Ferrero

 

Ewa

La SNCF s’engage sur le long terme avec un producteur d’énergie renouvelable

solaire c sncf

SNCF Energie, filiale à 100% de SNCF Mobilités, a signé avec le producteur d’électricité renouvelable Voltalia un contrat pour lui acheter directement 143 mégawatts sur 25 ans.

Ce contrat d’achat direct sur le long terme entre un producteur d’énergie renouvelable et un consommateur, appelé Corporate Power Purchasing Agreement, est le premier de cette ampleur signé entre un producteur renouvelable et un grand consommateur en France. Cet engagement de SNCF Energie va permettre à Voltalia de construire les trois centrales solaires nécessaires à la production de cette électricité.

SNCF Mobilités indique dans un communiqué que les 143 mégawatts de ce contrat « représentent entre 3 et 4 % de la consommation d’électricité nécessaire à la circulation des trains de SNCF Mobilités à horizon 2022-2023 ». La SNCF a « pour ambition d’atteindre 40 à 50% d’énergies renouvelables dans son mix de consommation d’électricité de traction des trains à l’horizon 2025 », précise encore le groupe qui annonce également être engagé dans des négociations avec divers producteurs d’énergies renouvelables afin de signer six à sept fois le volume de ce premier contrat au cours des deux ou trois années à venir.

Ewa

La SNCF vise le zéro émission en 2035

TGV 2020 visuel extérieur

La SNCF veut prendre un train d’avance en matière de développement durable : elle annonce qu’elle atteindra la neutralité carbone à l’horizon 2035, soit 15 ans avant le calendrier national et européen qui prévoit le zéro émission en 2050. Selon Sophie Chambon-Diallo, la nouvelle directrice du Développement durable, différentes actions, pour certaines engagées depuis plusieurs années, doivent y conduire. « Ce qui change aujourd’hui, c’est que nous allons systématiser notre démarche, avoir une approche industrielle », a expliqué l’ancienne directrice RSE du groupe Atos, le 25 juin, au cours d’une présentation de la politique de la SNCF dans ce domaine.

Baisse de la consommation énergétique

Côté matériels roulants, le groupe veut à la fois baisser sa consommation énergétique (ce sera le cas par exemple avec le futur TGV 2020 conçu pour consommer 20 % en moins d’énergie) et développer l’utilisation de nouvelles formes d’énergie. L’objectif est de sortir du diesel en 2035.

Un train hybride sera ainsi testé en 2020 avec Alstom, puis mis en service en 2021. Un partenariat est mis en place avec les régions Centre-Val-de-Loire, Grand Est, Nouvelle Aquitaine et Occitanie (lire aussi https://www.ville-rail-transports.com/ferroviaire/constructeurs-veulent-verdir/). L’expérimentation du train à hydrogène devrait aussi débuter en 2022, en Occitanie (lire plus sur www.ville-rail-transports.com/ferroviaire/loccitanie-prend-la-voie-de-lhydrogene/). Cinq régions pourraient commander une quinzaine de rames dès cette année

« Nous avons aussi décidé d’utiliser un agrocarburant, le colza, car il est produit en France, fait vivre 75 000 agriculteurs et n’émet ni particules ni CO2. Nous devrions voir circuler ces trains fonctionnant au colza dans les trois à cinq prochaines années », annonce Sophie Chambon-Diallo.

Dans le même temps, la SNCF veut devenir productrice d’énergie à partir de l’installation de panneaux photovoltaïques sur ses gares et ses sites de maintenance. Ce principe avait déjà été annoncé il y a plusieurs années, « mais désormais nous changeons d’échelle », assure la directrice du Développement durable. Le technicentre d’Hellemmes dans les Hauts-de-France fonctionnera à 85 % en auto-consommation à partir du second semestre et celui de Romilly-sur-Seine dans le Grand Est atteindra les 100 % à la fin de l’année. « Sept usines vont être construites et intégrer cette dimension en amont, dès leur conception. Ce sera aussi le cas pour toute nouvelle gare« , souligne Sophie Chambon-Diallo. A Paris, la halle de la gare Saint-Lazare pourrait devenir une source de production solaire pour alimenter la gare. Une étude de faisabilité doit le confirmer.

Zéro déchet

Autre axe de conduite : l’économie circulaire pour parvenir au zéro déchet en 2035. Pour traiter de façon industrielle le matériel roulant radié, huit nouveaux centres seront créés pour traiter plus de 1000 caisses par an et alimenter les filières de recyclage.

Dans le cadre des travaux de renouvellement des infrastructures, il est possible de recycler 150 000 tonnes de rail chaque année, soit en les réutilisant sur les petites lignes, soit en les revendant dans le bâtiment par exemple car elles peuvent devenir des poutres et servir d’IPN. De même, actuellement 40 % du ballast est réinjecté dans les voies lors des opérations de rénovation. La SNCF vise désormais le 100 %. Une opération d’autant plus intéressante qu’elle génère des recettes : les reventes de matériaux ont rapporté 45 millions d’euros l’année dernière.

Dans les gares aussi, la SNCF vise le zéro plastique en 2035. Des expérimentations sont lancées pour tester de nouveaux modèles de gestion des déchets issus des gares et des trains, annonce la société nationale.

Pour atteindre ses objectifs, la SNCF s’attend à une diminution globale de ses émissions de gaz à effet de serre et de particules de 5 à 6 % par an. A chaque fois, ses indicateurs seront soumis à des commissaires aux comptes pour vérifier, activité par activité, que les engagements sont bien tenus. Une exigence qui doit s’imposer aux managers au même titre que les objectifs de résultats, affirme Stéphane Volant, le secrétaire général du groupe. En espérant, ajoute-t-il, que demain, dans les appels d’offres, le bilan carbone affiché par chaque candidat représente un critère de choix majeur aux yeux des autorités organisatrices qui choisiront les exploitants de transports.

Marie-Hélène Poingt

Valorisation des trains….

Le train est responsable de 2,6 % des émissions de CO2 du secteur des transports

80 % des trains sont électriques mais la moitié des TER sont encore équipés de traction thermique

Un train hybride permet de baisser de 20 % la consommation d’énergie et d’émissions polluantes

55 000 tonnes de matières sont recyclées chaque année : acier, cuivre, aluminium, inox, verre.

 

… et des infrastructures

3 millions de tonnes de matériaux sont démantelés chaque année (dont 81 % de ballast, 11 % de rail, 8 % de traverses)

En 2018,la valorisation a porté sur : 700 000 tonnes de ballast, dont 90 % ont été réemployés par la SNCF,

150 000 tonnes de rail (acier), dont 15 % ont été réemployés, 85 % recyclés,

2500 tonnes de cuivre des caténaires et 360 000 tonnes  de traverses en béton et bois.

SNCF Réseau dispose d’un stock de matériaux réutilisables de pus de 1300 millions de tonnes qui vont être progressivement recyclés, réemployés ou revendus.

Ewa

Travaux d’été en Ile-de-France : « Nuits longues » sur le RER A, coupures ailleurs

(c) Patrick Laval photorail
chantier IDF 2014
Ratp ligne 6

Pour le cinquième été consécutif, le renouvellement de la voie et du ballast sur le RER A, cette fois entre Auber et Vincennes, sera le plus grand des chantiers lancés par la RATP. Mais contrairement aux fois précédentes, pas d’interruption totale du trafic : les travaux s’effectueront en « nuits longues », avec fin de service dès 21 ou 22h en semaine et interruption totale les week-ends et du 10 au 18 août.

Travaux estivaux sur le RER B également, tant côté RATP (entre Lozère et Saint-Rémy-lès-Chevreuse du 20 au 28 juillet) que SNCF (deux voies sur quatre fermées entre La Plaine-Stade-de-France et Aulnay-sous-Bois du 27 juillet au 18 août). Ceci pour créer des retournements supplémentaires à Orsay et au Bourget, tout en renouvelant les voies et les aiguillages.

Du 15 juillet au 24 août, la traversée parisienne du RER C connaîtra sa 22e interruption estivale, pour 100 m de jet grouting au Pont de l’Alma et des remplacements de rails. Alors que sur le RER E, le trafic sera interrompu du 15 juillet au 25 août entre Haussmann-Saint-Lazare et Gare-du-Nord-Magenta pour adapter les hauteurs de quais et préparer le prolongement vers l’ouest. D’autres travaux impacteront les lignes H, J, L, N, P, R et U.

Côté métro, la ligne 6 sera fermée du 1er juillet au 1er septembre entre Montparnasse et Trocadéro pour la réfection du viaduc. Et les tramways auront leur lot de chantiers (T1, T2 et T3a).

Enfin, les chantiers en cours se poursuivront, comme l’électrification Paris – Troyes (coupure sur la ligne P du 12 juillet au 24 août) et le renouvellement de la caténaire au sud de Bibliothèque-François-Mitterrand (RER C). Dans le métro, l’automatisation de la ligne 4 et la préparation du prolongement de la 11 se poursuivent. Et le tram-train T4 devrait rouvrir en septembre.

P. L.

 

Ewa

IBM, la SNCF et le lanceur d’alerte, une affaire qui n’en finit plus

Denis Breteau, 53 ans, est sans doute le dernier cheminot licencié de 2018, « radié des cadres » (l’équivalent du licenciement pour faute dans le secteur public), après 19 ans dans l’entreprise dont 14 au service des achats. Le 26 décembre 2018, l’ingénieur de e.SNCF, direction numérique logée à l’Epic de tête SNCF, recevait sa lettre de radiation signée de Benoit Tiers, directeur général de e.SNCF. Assortie d’une notification de sanction. Raison officielle du licenciement, « son refus répété d’accepter les postes proposés par sa hiérarchie, depuis sa mutation des achats vers e.SNCF ». En réalité, les relations étaient très tendues depuis 2010 entre l’ex-acheteur de la SNCF et sa hiérarchie, depuis qu’il avait alerté, puis dénoncé, ses supérieurs sur la manière dont étaient passés certains contrats informatiques.

« Denis Breteau avait quitté en avril 2016 la direction des achats contre laquelle il avait porté des accusations de harcèlement, pour être rattaché aux services informatiques (…) Responsable d’un projet de développement d’une application destinée à la gestion RH, il a bénéficié à l’occasion de cette affectation d’une promotion (…) Il a toujours refusé de s’impliquer dans ce processus de reclassement », indique la SNCF que nous avons interrogée. Denis Breteau, lui, a vécu les choses très différemment : « J’ai été nommé responsable d’une application de gestion des contrats d’intérim, « BAPS », abandonnée trois mois après mon arrivée. Je n’avais plus rien à faire, j’étais au placard, on brisait ma carrière ».

Renvoi d’ascenseur à IBM ?

A partir de juillet 2017, il n’avait plus aucune mission, à tel point qu’il restait chez lui. La direction l’oriente alors à l’Espace initiatives mobilité (EIM), cellule de reclassement interne. « Un Pôle Emploi interne à la SNCF, un mouroir !, selon Jean-René Delepine, du syndicat Sud Rail, membre du conseil d’administration de SNCF Réseau et défenseur de Denis Breteau. Il y a des milliers de cheminots à l’EIM, des pauvres hères qui ne sont plus employables ! », ajoute le syndicaliste. « Entre juillet 2017 et août 2018, quatre propositions de postes ont été faites à M. Breteau : deux sur Lyon, deux sur Paris avec des possibilités de télétravail (il habite Valence, NDLR). Il a refusé toutes ces propositions », indique un porte-parole de l’entreprise dans une réponse écrite à nos questions. « A Paris, on me proposait de m’occuper de la mise en cohérence de la politique RH, alors que je suis ingénieur informaticien. Quant aux deux postes à Lyon, ils étaient à la direction des achats, sous les ordres de ceux dont j’avais dénoncés les agissements dans l’affaire IBM, il y avait risque de harcèlement« , rétorque Denis Breteau. Ce que SNCF conteste.

L’affaire IBM ? Selon l’ancien acheteur, père de cinq enfants, il paierait le fait d’avoir dénoncé certaines passations de contrats ou des appels d’offres qu’il jugeait biaisés, car « saucissonnés », et dont aurait bénéficié le groupe informatique IBM. C’est à ce moment là que les ennuis commencent pour Denis Breteau. Une affaire complexe qui remonte à 2010, et pour laquelle la direction de la SNCF dément tout lien direct avec le licenciement de son agent. En résumé, la SNCF réfute toute volonté de représailles, et conteste les faits allégués.

Rappel des faits. En 2010, la SNCF avait créé une filiale, Stelsia, qui passait certains contrats de prestations informatiques de gré à gré avec IBM. La SNCF est pourtant soumise aux procédures de la commande publique qui l’oblige à organiser des appels d’offres, et interdit le « saucissonnage », qui consiste à ficeler des contrats d’un montant inférieur à 1,5 million d’euros, seuil au-delà duquel tout marché doit faire l’objet d’un appel d’offres. « Ces pratiques existaient, quant à Stelsia, il s’agissait d’une société écran pour détourner les règles européennes des marchés publics », indique Denis Breteau. « L’ensemble des marchés avec IBM, qui remontent à plus de dix ans, est en règle. Tant les contrôles indépendants, externe (mission de contrôle de Bercy dirigée à l’époque par Noël de Saint-Pulgent, NDLR) et interne, que la Commission des marchés de SNCF n’ont relevé aucune irrégularité », se défend la SNCF pour qui Stelsia était une « petite » filiale (558 M€ de chiffre d’affaires en 2016, source Infogreffe), dissoute en 2017 et « qui ne représentait qu’une part infime des achats de SNCF » (14 milliards d’euros, dont environ un milliard pour les produits et services informatiques, selon une source proche du dossier). Denis Breteau avait porté plainte contre X en 2012 devant le Parquet de Lyon pour infraction financière et pour harcèlement. Classement sans suite, les juges estiment que M. Breteau n’avait pas d’intérêt personnel à agir.

Sans suite, c’est aussi comme cela que ses supérieurs hiérarchiques lui auraient demandé de classer un certain nombre d’appels d’offres informatiques, « pour ensuite passer des marchés de gré à gré avec IBM pour du matériel ou des services dont on n’avait pas forcément besoin ou que l’on payait deux à trois fois plus cher que celui qui aurait été obtenu par appel d’offres », assure le lanceur d’alerte. Un renvoi d’ascenseur suite à l’énorme marché logistique d’un milliard d’euros lancé par IBM et remporté en 2008 par Geodis ? C’est ce que confirment certaines sources syndicales, c’est la conviction de Denis Breteau.

Lanceur d’alerte ou pas ?

« Toute entreprise, même publique, prend quelques libertés pour les achats en urgence, mais dans le cas d’IBM, il s’agissait de malversations qui s’apparentent à de la corruption », estime t-il. J’ai alerté très tôt mes supérieurs hiérarchiques qui m’ont répondu que tout était légal. A mon sens, il s’agissait de malversations moralement inacceptables pour une entreprise publique, j’ai décidé de dénoncer ces pratiques », raconte le lanceur d’alerte. Un statut reconnu et protégé depuis la loi Sapin II de décembre 2016 qu’il ne se voit pas accordé par sa direction : « Denis Breteau n’est aucunement un lanceur d’alerte au sens de la loi (1) car il ne correspond pas à sa définition, et les faits dénoncés n’ont reçu à aucun moment le moindre commencement de preuve », indique la SNCF pour qui « il est indispensable de séparer clairement les deux sujets : l’instruction en cours du parquet financier (qui s’est saisi du dossier SNCF-IBM en 2017 NDLR)) et l’affaire Denis Breteau ».

Lanceur d’alerte ou pas, les salariés du secteur public ou privé peuvent pourtant dénoncer tout «fait de corruption» sans risquer de perdre leur poste, selon le Code du travail.

A l’époque, la seule à réagir, c’est la Commission européenne : saisie par Denis Breteau en 2015, elle met en demeure la SNCF de mettre fin fin aux activités de Stelsia , estimant qu »i s’agit « d’une construction artificielle (…) contraire au droit européen de la commande publique ». Sans appel ! SNCF considère « qu’il s’agit d’une divergence d’interprétation du droit des marchés publics : Stelsia, en tant que filiale (privée, NDLR), était-elle soumise ou non à la réglementation européenne ? Cette question juridique n’a jamais été résolue et la Commission européenne n’a pas ouvert de procédure contentieuse sur ce point », nous répond la SNCF. En effet, le recours de Bruxelles s’est éteint puisqu’en 2017, Florence Parly, alors directrice générale stratégies et finances de SNCF (aujourd’hui ministre des Armées) engage la dissolution de la filiale incriminée. Sommée par le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, de mettre de l’ordre dans les procédures d’achats, Florence Parly règle la question, mais le problème dénoncé par le lanceur d’alerte a bel et existé. Depuis 2017, tous les achats du groupe ferroviaire public sont revenus dans le giron de la direction des achats, mutualisée aux trois entités : SNCF, SNCF Mobilités et SNCF Réseau.

Echec de la rupture conventionnelle

Une autre zone d’ombre plane sur le différend qui oppose le lanceur d’alerte à son entreprise et lui a coûté son poste : une négociation en vue d’une rupture conventionnelle aurait été tentée en 2017 pour finalement échouer, les deux parties ne réussissant pas à se mettre d’accord sur le montant du chèque de départ. Interrogée, la SNCF n’a pas répondu à cette question précise. De son côté, Denis Breteau affirme que début 2017,  cherchant à mettre fin à ce conflit interminable (changements d’affectation, refus de postes, mises à pieds), le DRH de e.SNCF, Stéphane Feriaut, lui aurait proposé un deal de départ : dix années de salaires. « La proposition était moralement acceptable : je ne perdais ni ne gagnait d’argent par rapport aux années qui me séparaient de l’âge de la retraite (j’avais alors 52 ans), on ne pouvait donc pas m’accuser d’avoir lancé l’alerte pour m’enrichir », analyse Denis Breteau. Des discussions en vue de ce départ négocié se seraient alors engagées avec Marie Savinas, DRH de l’Epic de tête SNCF. Elle aurait proposé 350 000 euros, D. Breteau aurait surenchéri à 450 000 euros, « la somme que j’aurais touché à la SNCF jusqu’à mon départ à la retraite », calcule-t-il. La DRH aurait jugé la demande « démesurée », et aurait finalement proposé 250 000 euros. Fin de la négociation, et un doute qui s’installe : Denis Breteau est-il un lanceur d’alerte désintéressé ? Ou a-t-il été piégé par sa direction ?

Il sera finalement licencié fin 2018 et a saisi début 2019 les Prud’hommes en référé, pour demander l’annulation de la sanction et sa réintégration à la SNCF. « A l’évidence, ce licenciement est l’aboutissement du harcèlement discriminatoire engagé contre lui, pour son rôle de lanceur d’alerte relative à des pratiques contraires aux règles de la commande publique », jugent Julien Troccaz, Eric Santinelli et Jean-René Delepine, représentants Sud Rail aux conseils de surveillance et d’administration des trois entités du groupe SNCF, dans un courrier adressé mi-janvier aux dirigeants,  Frédéric Saint-Geours, Guillaume Pepy et Patrick Jeantet.

Le dossier des contrats IBM/SNCF est sur le bureau du Parquet national financier (PNF) qui s’est saisi de l’affaire en février 2017 et a ouvert une enquête préliminaire. « J’ai transmis les pièces apportant les preuves de mes allégations », expose le lanceur d’alerte qui a de nouveau été entendu début 2019, ainsi qu’un autre témoin, par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, suite à la parution d’un article de nos confrères du Parisien. Le bureau français de Transparency international s’intéresse aussi au dossier et Anticor a récemment envoyé un courrier au chef de la Mission de contrôle économique et financier des transports, rattachée à Bercy. Sans réponse, elle compte se constituer partie civile. L’affaire SNCF-IBM est loin d’être terminée. La lanceur d’alerte, lui, est au chômage.

Nathalie Arensonas

(1) la loi du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite loi Sapin II,  apporte une définition claire : «Un lanceur d’alerte est une personne physique qui révèle ou signale, de manière désintéressée et de bonne foi, un crime ou un délit, une violation grave et manifeste d’un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France, d’un acte unilatéral d’une organisation internationale pris sur le fondement d’un tel engagement, de la loi ou du règlement, ou une menace ou un préjudice graves pour l’intérêt général, dont elle a eu personnellement connaissance.

 

Ewa

Les résultats de la SNCF marqués par la grève contre le pacte ferroviaire

montage sncf mobilites

Une année particulière marquée par la plus longue grève de son histoire (41 jours selon ses calculs), c’est sous cet angle qu’il faut regarder les comptes 2018 de la SNCF, a expliqué le 28 février Guillaume Pepy en présentant les résultats du groupe. « Compte tenu de la grève, la hausse du chiffre d’affaires de 1,3 %, est modeste. Mais à partir du second semestre, une fois la grève achevée, la croissance a atteint 3,4 % », a commenté le président du directoire, pointant la « résilience » de l’entreprise et le « rebond fort » enregistré au second semestre.

Le résultat net affiché par la SNCF est modeste : 141 millions pour un chiffre d’affaires de 33,3 milliards d’euros. Il était de plus d’ 1,3 milliard en 2017. Sa contraction est expliquée par le manque à gagner dû à la grève évalué à 890 millions d’euros (SNCF Mobilités et Réseau confondus). La cession d’une filiale immobilière pour 766 millions d’euros a toutefois permis de rester dans le vert. Hors élément exceptionnel, le résultat net récurrent est négatif à 214 millions d’euros. Enfin, côté SNCF Réseau, la dette s’est alourdie de 3 milliards d’euros en atteignant 49,6 milliards en 2018.

Pour Guillaume Pepy, qui préfère retenir la performance du deuxième semestre, la croissance est tirée par le  « redécollage des trafics TER, avec parfois des trajectoires de croissance très élevées, plus élevées que le TGV ». Elle s’explique aussi par les bons résultats d’Eurostar et de Thalys, ainsi que par ceux du TGV à bas coûts Ouigo, qui accroît son trafic de presque 50 % chaque année. Revers de la médaille, Ouigo en phase de développement (Paris-Toulouse doit prochainement ouvrir) ne gagne toujours pas d’argent et cannibalise une partie de la clientèle des TGV classiques. «Mais ce qui nous intéresse, c’est de mener une politique de volume », explique le dirigeant.

Les filiales participent aussi fortement à la croissance, comme Keolis qui affiche un bond de 17 % de son activité à l’international grâce à quelques beaux contrats (tout particulièrement l’exploitation des trains au Pays-de-Galle, le plus gros contrat de son histoire) et a maintenu, voire renforcé, sa présence en France (+3,4 %).

Ombre persistante au tableau : Fret SNCF, toujours déficitaire, et qui a durement subi les effets de la grève. « « Des clients sont partis et ne sont pas revenus », souligne Guillaume Pepy, en rappelant le projet de filialisation de Fret SNCF. La procédure, qui passe par une autorisation européenne, est suspendue par des recours, indique encore celui qui est aussi PDG de SNCF Mobilités.

Pour 2019, la SNCF table sur une croissance de l’activité de 4 %. Et prévoit un niveau toujours conséquent d’investissements : plus de 10 milliards d’euros (8,9 milliards investis dans les infrastructures et le matériel roulant ferroviaire en 2018). Il est notamment prévu de mettre en service 150 trains neufs (contre 115 l’année dernière). Avec en toile de fond la perspective d’ouverture la concurrence : fin 2019 pour les TER, fin 2020 pour les TGV. La SNCF va donc devoir continuer à tailler dans ses coûts pour être en ordre de bataille et répondre aux futurs appels d’offre. Le plan performance a déjà permis d’économiser 530 millions d’euros. « Quand nos concurrents arriveront, ils se lanceront avec les structures les plus légères possibles ». Le plus dur reste à faire ?

MH P

Ewa

Mouvements au conseil d’administration de l’UTP

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Avec le départ de Richard Dujardin, écarté de Transdev fin 2018 du poste de directeur général France, l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) présidée par Thierry Mallet, dirigeant de Transdev, remet son conseil d’administration en ordre de marche et accueille trois nouveaux administrateurs.

En toute logique, Edouard Hénaut, ex-Suez, et qui a succédé à R. Dujardin le 28 janvier, fait son entrée à l’UTP. Michel Boudoussier, directeur général adjoint corporate de Getlink (anciennement Eurotunnel) occupe le siège de Jacques Gounon et enfin, Jean Agulhon, DRH du groupe RATP succède à Philippe Martin au poste d’administrateur de la fédération professionnelle.

Le conseil d’administration de l’UTP compte 24 administrateurs : 16 représentants du transport urbain et huit représentants du secteur ferroviaire, opérateurs et gestionnaires d’infrastructure.