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Ewa

Transdev se renforce sur le continent américain

Transdev North America wins contract for the Fairfax County (2019.26.04)

L’autorité « Regional Transportation Commission of Southern Nevada a choisi First Transit, désormais détenu par Transdev,  pour exploiter et maintenir, à partir du 1er juillet, son service de bus.  Ce qui représente plus de 40 millions de trajets par an effectués dans le sud de l’Etat, comprenant la ville de Las Vegas, avec plus de 400 véhicules et près de 1 500 employés.

Le groupe français rappelle qu’il a a aussi remporté à Orlando en Floride, un contrat d’exploitation et de maintenance pour assurer, à partir du 1er juin prochain, les services de transport de personnes à mobilité réduite (PMR ou paratransit) de la région.

Au Canada, l’opérateur a remporté quatre contrats de transport urbain avec EXO, l’Autorité publique de mobilité de la Grande Région de Montréal (hors Montréal ville). « Ces contrats qui démarreront mi-2024, pour un montant annuel de 40 millions d’euros, ont une durée allant de 8 à 10 ans. Pour en assurer l’exploitation, Transdev Canada investira dans une flotte de 135 véhicules répartis sur trois dépôts, pour un investissement global de plus de 35 millions d’euros« , indique-t-il dans un communiqué du 24 mai.

Son activité globale sur le continent nord-américain s’élève à près de 2,8 milliards €, avec les chiffres consolidés après acquisition de First Transit en mars 2023

Ewa

La RATP prend la mer en remportant le réseau de transports de Toulon

Bateau bus Toulon

RATP Dev déloge Transdev du poste de conduite des transports en commun (bus, bateaux-bus) de la métropole toulonnaise, le réseau « Mistral ». Associée à associé à l’autocariste local, SNT-Suma, la filiale du groupe RATP a remporté le contrat de DSP (511 millions d’euros) pour six ans. Il a démarré le 1er mai.

L’opérateur s’ est engagée à augmenter l’offre kilométrique avec trois lignes à haut niveau de service et la promesse d’une amélioration de la desserte des secteurs de Hyères et de Six-Fours, ainsi que de la base navale, en navette maritime.

La métropole a un projet de création d’un BHNS de 28 kilomètres pour desservir les villes de La Seyne-sur-Mer, Ollioules, Toulon, La Valette-du-Var et La Garde

Ewa

Les comptes de Transdev sont dans le vert

metro quito equateur

Nouveaux marchés de métros, de RER et de trains à l’international, acquisition du leader des transports publics aux Etats-Unis où Transdev double de taille, retour des usagers, développement des bus électriques. L’opérateur de transport public signe une année commerciale honorable en 2022, avec un résultat net positif de 20 M€. Un rebond toutefois freiné par la flambée des prix de l’énergie.

Le premier trimestre 2023 n’est pas marqué par une nouvelle victoire ferroviaire de Transdev en France. Début mars, l’opérateur de transport public a vu lui filer sous le nez l’Etoile d’Amiens, le premier lot de TER ouverts à la concurrence dans les Hauts-de-France et qui restera finalement à la SNCF. En revanche, 2022 aura été « l’année de la reconquête », selon Thierry Mallet, pdg du groupe. Il présentait le 21 mars les résultats financiers de l’exercice 2022, dans les salons de la Caisse des dépôts (CDC), qui détient 66% de l’entreprise. Le reste est détenu par le groupe familial allemand Rethmann.

Des résultats annuels « en forte croissance », s’est félicité le dirigeant. A commencer par une progression de 10% du chiffre d’affaires qui atteint 7,7 milliards d’euros, porté par le démarrage de nouveaux contrats et l’augmentation des recettes commerciales avec le regain de fréquentation dans les transports en commun. L’entreprise a retrouvé 90% de son niveau pré-Covid en Ile-de-France, 80% en régions et à l’international où elle réalise les deux-tiers de son chiffre d’affaires. L’an passé, le groupe a transporté en moyenne 8,8 millions de passagers par jour sur les réseaux qu’il exploite dans 19 pays.

« Shadow operateur » pour le Grand Paris Express

Qu’est-ce qui a fait les bonnes affaires du Français en 2022 ? Le gain du métro de Quito en Equateur, de celui de Toronto au Canada, du S-Bahn (type RER) d’Hanovre en Allemagne où Transdev est le deuxième opérateur ferroviaire après la Deutsche Bahn, et le retour aux commandes des trains suédois (entre Copenhague et Malmo).

En France, où le groupe réalise 35% de son chiffre d’affaires (2,7 milliards d’euros), il a perdu à Bordeaux, gagné à Saint-Etienne, renouvelé ses contrats sur d’autres réseaux urbains et interurbains, et réussi à sauver 40% de ses contrats de bus en grande couronne d’Ile-de-France, ouverts à la concurrence. Il a remporté le contrat d’exploitation du futur téléphérique urbain entre Créteil et Villeneuve Saint-Georges (Val de Marne) qui sera en service en 2025. Mais ne s’est pas positionné sur le métro automatique Grand Paris Express sauf en « shadow operator », c’est-à-dire en opérateur de l’ombre pour accompagner et conseiller la Société du Grand Paris dans le choix des candidats.

Le chiffre d’affaires 2022 est aussi porté par les généreuses aides publiques post-Covid accordées par certains pays aux opérateurs de transport public. Au Pays-Bas, Transdev a ainsi reçu 40 millions d’euros. L’Allemagne avait également mis en place un système de protection, auquel est venu s’ajouter l’effet du ticket à neuf euros expérimenté pendant trois mois et qui a fait bondir l’usage du transport public outre-Rhin. Et donc, les recettes commerciales de Transdev.

Fenêtre de tir pour la croissance externe

L’opérateur annonce au final un résultat d’exploitation (Ebit) de 81 millions d’euros en 2022, « en forte hausse », un résultat opérationnel courant qui a bien résisté (87 M€) malgré l’envolée des prix de l’énergie en Europe dont l’impact est estimé à 82 millions d’euros. Le groupe a terminé l’année dans le vert avec un résultat net positif de 20 millions d’euros.

Il a continué de réduire son endettement qui se situe un peu au dessus d’un milliard en 2022 (-81 M€ en 2022, -39% depuis 2019) en cédant des actifs financiers, notamment ses parkings en Suède, pour se recentrer sur son métier de transporteur public subventionné. « On a rationalisé notre portefeuille », dit Thierry Mallet.

« On a racheté First Transit aux Etats-Unis au fonds d’investissement suédois EQT avec nos propres moyens, sans demander l’appui de nos actionnaires, et maintenu notre niveau d’investissement à environ 500 millions en 2022 », note son directeur financier, Marcos Garcia. « C’est le moment d’acheter, reprend le pdg. Il y a une fenêtre de tir, la hausse des taux d’intérêt est en train de décourager les fonds d’investissement, le marché est de nouveau ouvert à des prix raisonnables ».

« Carton plein » aux Etats-Unis

Avec la finalisation début 2023 de l’acquisition de First Transit, leader des transports publics nord-américains (20 000 collaborateurs qui s’ajoutent aux 80 000 du groupe français), Transdev va doubler de taille aux Etats-Unis avec un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros. Cette acquisition américaine lui a déjà rapporté le contrat d’exploitation des transports urbains de Las Vegas. « On est en train de faire carton plein aux Etats-Unis qui ont un très fort potentiel de croissance », selon Thierry Mallet. Le groupe qu’il dirige est désormais implanté dans 44 Etats américains sur 50. Transdev a également planté son drapeau dans six provinces canadiennes, où il s’apprête à conduire, entre autres, le métro de Toronto.

C’est aussi sur le continent américain (Nord et Sud) que le groupe exploite un très grand nombre de bus électriques (470). Même si pour l’instant, la flotte la plus électrifiée du groupe reste celle des Pays-Bas, avec 500 bus électriques sur 1 500. Au total, Transdev vise 3 000 bus électriques. La crise de l’énergie, qui a pesé sur la rentabilité du groupe en Allemagne en 2022, n’existe pas outre-Atlantique.

Toujours aux Etats-Unis, le marché du transport à la demande de personnes à mobilité réduite, le « paratransit », est énorme. Contrairement à la loi Handicap qui n’a jamais trouvé de vrais développements en France, l’American Disability Act est très appliqué et très porteur pour les opérateurs de transport. Enfin, avec First Transit, Transdev s’est découvert un nouveau métier, celui de mainteneur dédié : véhicules de police, de pompiers, de camions de ramassage des déchets ou d’ambulances, pour le compte des collectivités locales.

Le pays de l’oncle Sam devient donc le deuxième marché du groupe au logo rouge après la France où « les régions doivent rester attentives à faire de la place aux nouveaux entrants sur le marché des TER, pour ne pas les décourager », insiste Thierry Mallet. Un appel du pied avant la décision des Pays de la Loire pour l’attribution des premiers lots de lignes ferroviaires régionales. Elle doit tomber avant l’été prochain.

Nathalie Arensonas

Ewa

Comment booster l’électromobilité malgré la crise ?

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Pour améliorer son bilan carbone, le secteur du transport a amorcé sa transition énergétique en se tournant notamment vers des véhicules électriques. Ce qui a conduit les opérateurs à revoir leur façon d’exploiter, guidés par les performances de ces véhicules. Quels enseignements en tirent-ils ? Et quelles sont les conséquences du nouveau contexte avec la hausse des prix de l’énergie et les risques de coupure de courant cet hiver ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles ont répondu les représentants de Keolis, de Transdev de la RATP et de la SNCF, au côté d’un élu, lors de cette conférence précédant la remise des prix du Palmarès des mobilités 2022.

En peu de temps, les opérateurs de transport public ont réussi à verdir leur flotte, que ce soit en France ou à l’international. Ainsi, 20 % des 26 000 véhicules utilisés par Keolis dans le monde roulent déjà grâce à des énergies alternatives, dont 1 000 à l’électrique. Le groupe en prévoit 2 500, d’ici à 2024.
Ce qui implique forcément des évolutions. « L’intégration de véhicules électriques demande de raisonner en termes de système de transport et plus par rapport au véhicule », explique Thierry Guinard, le directeur Bus et énergie chez Keolis. Il faut apprendre à gérer la flotte en tenant compte des recharges et de l’autonomie des véhicules sur toute leur durée de vie, puisque les batteries perdent en performance avec le temps. D’où la nécessité d’affecter les véhicules en fonction du service qu’ils vont pouvoir réaliser.
Keolis a également mené des formations adaptées pour que les équipes d’exploitation prennent en compte ces variables. Les compétences des équipes de maintenance ont aussi évolué. « Il faut non seulement des compétences de mécaniciens mais aussi des techniciens pour suivre le monitoring des bus et veiller à ce que les véhicules aient le bon niveau de recharge », souligne Thierry Guinard.

Rétrofit

Pour l’heure, si le mode électrique peut répondre aux besoins du transport urbain, ce n’est pas encore le cas pour l’interurbain, en raison d’un manque d’offre de produits de la part des constructeurs européens et du peu de stations d’avitaillement. De ce fait, ne pourrait-on pas chercher à rétrofiter un car, autrement dit, changer la motorisation sur le matériel existant ? « On en parle beaucoup, mais il n’y a pas encore de cars autorisés à circuler. C’est une piste pour pouvoir transformer les flottes d’autocars, mais la filière doit se structurer, s’industrialiser et il faut que le processus d’homologation se fluidifie et soit moins onéreux, car obtenir un certificat reste cher et long », regrette Thierry Guinard.
L’hydrogène pourrait apporter une solution complémentaire à l’électrique, avec des véhicules qui parcourent plus de 300 à 400 km, là où l’électrique ne sait plus faire. Tanguy Bouton, directeur de Transdev, confirme qu’en urbain, 90 % des besoins peuvent être couverts avec des véhicules électriques à batterie. Pour l’interurbain, Transdev teste une ligne avec un bus retrofité en Normandie avec son projet Nomad Car Hydrogène. Si l’expérience fonctionne, l’entreprise pourra dupliquer l’usage de véhicules rétrofités à l’hydrogène sur l’ensemble de son parc.
En attendant une offre d’hydrogène mature, Keolis qui s’est fixé comme objectif d’avoir 30 % de son énergie décarbonée, se tourne vers les énergies alternatives au diesel disponibles : biogaz ou biocarburant. « Mais il faut rester prudent car si, comme Air France-KLM vient de l’annoncer avec Total, le secteur aérien passe des contrats sur des carburants durables, nous ne serons pas les premiers servis ! », prévient le directeur de Keolis qui continue à chercher la meilleure solution à proposer aux autorités organisatrices pour limiter leur impact environnemental. « La panoplie disponible est vaste. Ella va d’une solution électrique avec rechargement en ligne ou en dépôt, aux véhicules mixtes, au biogaz ou à l’hydrogène avec des usages bien identifiés », résume Thierry Guinard.

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Thierry Guinard

Choix territoriaux

Pour diminuer de 50 % les émissions de CO2 générées par la circulation de ses bus, la RATP a amorcé sa transition énergétique avec son programme Bus 2025 lancé en 2015. En Ile-de-France, l’entreprise a déjà déployé 800 bus biométhane et 600 à l’électrique, sur un parc de 4 600. La régie a aussi transformé six dépôts pour pouvoir recharger ses véhicules, et réalise des travaux sur 11 autres en simultané, sans arrêt de l’exploitation.
François Warnier de Wailly, le directeur du programme bus 2025 du groupe RATP, plaide pour plus de facilités administratives afin qu’une filière d’électromobilité puisse se mettre en place.
Le passage à l’électrique nécessite des changements dans la gestion des véhicules. « Il faut appréhender une notion de système avec le bus électrique », indique François Warnier de Wailly. Ce qui implique que les fournisseurs de bus dialoguent avec les fournisseurs de bornes électriques. « Avec le temps nous montons en compétence, mais la crise actuelle conforte notre conviction qu’il faut conserver un mix énergétique », poursuit le dirigeant.
La RATP a revu ses ambitions électriques à la baisse en répartissant de façon équilibrée le recours au gaz et à l’électricité. Elle prévoit désormais d’avoir 50 % de véhicules au gaz et 50 % en électrique (contre 80 % prévus précédemment) en Ile-de-France. « En région parisienne, l’autorité organisatrice souhaite valoriser la filière biométhane », explique le représentant de la RATP. Ce sont donc avant tout les territoires qui définissent le choix de l’énergie, en fonction de leur capacité à la produire. « On ne part plus du véhicule alimenté par une énergie venue en tanker du bout du monde. Il faut se demander quelle est l’énergie disponible sur un territoire, et c’est aux transporteurs de mettre à disposition une offre qui en tienne compte », explique François Warnier de Wailly.

Kilométrage plus poussé

Passer à l’électrique nécessite un investissement plus important, pour le véhicule et sa recharge : le coût d’acquisition est le double de celui d’un véhicule thermique. Ce qui peut être compensé par son prix au kilomètre roulé. « Avec le coût de l’énergie il y a 2 ans, le kilométrage réalisé en électrique revenait à 25 % de celui en diesel et il fallait 15 ans et un roulage de 100 000 km annuels pour parvenir à être iso entre thermique et électrique. Plus on fait rouler un véhicule électrique, plus son coût de revient baisse », souligne Tanguy Bouton, en se référant aux modèles pratiqués dans les pays nordiques, où les véhicules électriques roulent beaucoup plus qu’en France, avec de ce fait un coût de possession total bien moins élevé que dans notre pays. En Europe du nord, précise-t-il, les bus électriques exploités par Transdev roulent jusqu’à 120 000 km par an, contre 60 000 km en France.
D’où son souhait de pouvoir utiliser les véhicules électriques au maximum de leurs capacités. « En augmentant le nombre de kilomètres parcourus, on peut réduire d’un quart la facture énergétique et se rapprocher du coût total de possession d’un thermique sur sa durée de vie », affirme-t-il.
Mais cela demanderait de modifier les habitudes françaises. « Dans les contrats d’exploitation, il est prévu de renouveler le parc fréquemment afin de bénéficier des dernières normes et de moins polluer. Cela n’a plus de sens avec le véhicule électrique qui ne pollue pas davantage, quel que soit son âge. D’un point de vue environnemental, il est plus vertueux de l’exploiter sur une durée plus longue », plaide le directeur de Transdev. Il rappelle que le retrofit de véhicules thermiques en électrique ou en hydrogène, permet d’exploiter des châssis jusqu’à 25 ans, l’instar de ce que Transdev fait en Australie ou en Amérique Latine. Contre 12 ans actuellement en France.
« Avant la crise, le coût total de possession d’un véhicule électrique était 30 % plus élevé que celui d’un diesel. La flambée du gazole a fait baisser cette différence », signale Thierry Guinard, en rappelant que si le diesel continue à augmenter, le coût total de possession de l’électrique deviendra plus intéressant. Mais il ajoute que le coût n’est pas la seule donnée à prendre en compte quand on passe à l’électrique : il faut aussi inclure les émissions carbone et le bruit.
Autre piste pour améliorer le bilan économique du véhicule électrique : comprendre le vieillissement des batteries. « Si on sait pousser sa durée de vie avec un bon usage, l’électrique gagnera sur le plan économique et environnemental », assure Thierry Guinard.
De son côté, pour prolonger la durée de vie des véhicules, la RATP travaille avec les constructeurs sur le calibrage de leur recharge, afin d’en améliorer la qualité et de mieux les préserver. Elle compte aussi sur l’intelligence de la data.

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François Warnier de Wailly

Durée de vie

« Faire durer le matériel, la SNCF qui conserve ses trains 40 ans, en a l’habitude », assure Luc Laroche, le directeur des Programmes innovation système ferroviaire à la SNCF, avant de rappeler que le ferroviaire est, par nature, peu émetteur de gaz à effet de serre. Un trajet en TGV émet 12 fois moins d’émissions qu’en voiture électrique, 26 fois moins qu’en véhicule thermique et 25 fois moins qu’en avion, énonce-t-il.
Pour améliorer encore son bilan carbone, la SNCF veut doubler la part de marché du rail, en la faisant passer de 10 à 20 %. « Nous voulons faire préférer le train à la voiture, en réalisant des investissements permettant d’améliorer la qualité de service, l’accessibilité et en améliorant les transports de bout en bout », détaille Luc Laroche. La SNCF a aussi pour ambition de sortir du diesel. Si l’électrification des voies est une possibilité, cela revient à un million d’euros du km en moyenne. « Impossible d’avoir un retour sur investissement sur des lignes peu fréquentées », reconnaît Luc Laroche. C’est pourquoi la SNCF explore la piste des trains à batterie et à hydrogène. « Le train à batterie, que nous allons tester dans 5 régions, offre une autonomie de 80 km, suffisante pour couvrir la plupart des parcours. Reste à trouver des solutions pour recharger rapidement, via les caténaires ou en statique. Le train à hydrogène pourrait, de son côté, apporter une solution pour le fret et les longs trajets », indique Luc Laroche.

Panneaux photovoltaïques

Pour réduire sa consommation d’énergie, la SNCF mise sur l’écoconduite et sur son futur TGV, le TGVM, qui sera plus aérodynamique, avec un emport plus important. La société ferroviaire a aussi prévu d’installer des panneaux photovoltaïques sur ses terrains pour produire de l’énergie verte. « L’augmentation du prix de l’énergie confirme l’intérêt d’installer des panneaux photovoltaïques sur les dépôts, car cela permettra de parvenir à 50 % d’autoconsommation en dépôt », indique de son côté François Warnier de Wailly.
« Les panneaux photovoltaïques peuvent permettent d’écrêter la consommation des bâtiments, mais c’est insuffisant pour alimenter des véhicules, d’autant que les bus tournent la journée et qu’il faut les recharger de nuit, au moment où il n’y a pas de soleil », relativise Thierry Guinard. Pour avoir de l’énergie verte en quantité suffisante afin d’alimenter les flottes de véhicules électriques, mieux vaut se tourner vers des partenaires qui soient capables de disposer de fermes photovoltaïque ou éolienne.

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Tanguy Bouton

Smart charging

Pour limiter ses besoins en électricité, la RATP cherche à consommer mieux, en rechargeant l’énergie quand le réseau peut la fournir, au meilleur prix, avec une énergie la plus décarbonée possible. « On essaye de faire du smart charging », assure le directeur. Selon lui, c’est un élément déterminant pour tous les opérateurs aujourd’hui. « Ce qui est nouveau avec l’électrique, c’est que la planification de la recharge devient le point névralgique de l’exploitation », souligne également Tanguy Bouton. En cette période de tension sur l’énergie, le stockage des énergies renouvelables intermittentes devient un enjeu. Transdev a commencé à y répondre à Eindhoven où l’opérateur renouvelle les batteries de sa première flotte de véhicules électriques, après 5 ans de service, et les utilise pour du stockage stationnaire. « L’usage de ces batteries de seconde vie prend de l’intérêt dans un contexte de tension énergétique. Le déploiement de ce genre de solution permettra de faire baisser le coût de l’énergie et celui des véhicules électriques. Et si le coût de l’énergie augmente, la solution du stockage devient encore plus intéressante », souligne le directeur de Transdev.

Ecrêtage des pointes

Alors que le gouvernement envisage des coupures de courant cet hiver et demande aux entreprises de s’y préparer, la SNCF se dit prête à écrêter les pointes pour éviter le blackout,
Luc Laroche évoque des batteries de stockage à côté des sous-stations qui alimentent le réseau, afin de les charger en dehors des pointes et de pouvoir utiliser l’énergie stockée au moment des pics de demande. La SNCF, qui est le premier consommateur industriel d’électricité en France, cherche aussi à diminuer sa consommation en ayant recours à la digitalisation. Elle réfléchit à un système d’exploitation qui anticiperait la pointe des trains, avec le recours à des algorithmes. « On pourrait demander aux conducteurs d’adopter une écoconduite et d’aller le plus vite possible hors périodes creuses, puis moins vite lors des pointes. Ce qui demande d’avoir une vision globale sur le plan de transport. Si un jour la demande est très forte en électricité, il sera toujours possible de rouler au diesel sous les caténaires avec les trains mixtes », poursuit Luc Laroche.
Et il prévient : « s’il y a des coupures, ce qui est important, c’est d’avoir un délai de prévenance, pour pouvoir trouver le bon équilibre entre diminuer la consommation et effectuer les transports ». Il précise que cela demande du temps car il faut alors repenser tout le plan de transport. « C’est un très gros travail d’ingénierie qu’on est capable de faire avec de la préparation. ».
« S’il devait y avoir des coupures électriques, elles seraient ponctuelles et très limitées, de l’ordre 15 minutes. Si on sait « effacer » un gros consommateur durant un quart d’heure, on peut éviter la mise à plat du système pour tout le monde », rassure Thierry Guinard.
Pour envisager un effacement partiel et baisser la puissance durant quelques minutes, suffisantes pour garder le système en fonctionnement, Keolis dialogue avec Enedis. De même, comme de nombreuses entreprises, la RATP a signé la charte Ecowatt, et pris l’engagement de réduire ou décaler sa consommation lors des alertes sur le réseau, afin d’éviter les coupures. « Nous avons pris des mesures pour être capables de s’effacer et de décaler la charge électrique la nuit. Ce qui demande d’avoir des bornes de recharge avec une puissance suffisante », précise François Warnier du Wally. Mais si une nuit il n’était pas possible de recharger, l’entreprise compte sur sa mixité énergétique pour sécuriser ses plans de transport et assurer au moins le service minimum.

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Luc Laroche

Digitalisation

« L’AO doit mettre en œuvre une intelligence collective sur les modes de défaillances et la digitalisation des transports doit pouvoir apporter des solutions », poursuit le directeur de la RATP. « Jusque-là les données servaient à optimiser la maintenance. Aujourd’hui il faut les collecter et les traiter pour optimiser l’usage des flottes, aider à la décision, piloter la recharge, faire des prévisions d’autonomie et limiter la consommation d’énergie », renchérit Tanguy Bouton, en constatant que le métier d’opérateur se transforme avec l’électro mobilité. « On assiste à une forte digitalisation de la profession ».
« Si on devait manquer d’électricité, il serait regrettable de ne pas avoir d’autre solution que de remettre du thermique, mais ce qui est certain c’est qu’il faudra réduire les cadencements », estime Jean-François Irigoyen, président du syndicat des mobilités des Pays Basque-Adour, qui a démarré l’électrification du réseau baptisé TXIK TXAK avec la mise en service de 18 bus-tram électriques sur la ligne Bayonne-Hendaye avant de poursuivre avec la mise en place de minibus électriques.

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Jean-François Irigoyen

Panoplie d’offres

Tirant les conclusions de cette accélération de l’électromobilité, François Warnier de Wailly résume un sentiment général : « Nous avons appris que nous étions capable de réaliser une transition énergétique rapidement et massivement. Le passage à l’électrique nous offre l’opportunité de travailler en système, de faire en sorte que le monde de l’énergie et du transport apprennent à travailler ensemble ».
« Le véhicule électrique est une solution, mais pas la seule pour être zéro émission », poursuit Thierry Guinard. Il encourage à utiliser toute la panoplie d’offres disponible avec l’usage le plus optimal et le plus efficace possible. Il rappelle que développer une offre de transport public de qualité pour inciter le transfert modal vers les transports en commun est aussi un moyen de décarboner.
« En matière d’électro mobilité, il n’y a pas une solution sur étagère qui réponde à l’ensemble des besoins, mais des offres variées qui évoluent jour après jour. On assiste à une transformation de la profession qui génère un engouement en raison des challenges rencontrés », ajoute Tanguy Bouton. « Après l’électrification, la grande vitesse, le train entre dans une troisième révolution qui s’appuie sur la digitalisation, l’automatisation et la décarbonation », ajoute Luc Laroche. « Pour décarboner, il n’y a pas une énergie à privilégier. Il faut mettre le bon service au bon endroit et avoir le courage de supprimer des lignes qui naviguent à vide en trouvant d’autres solutions », conclut Jean-François Irigoyen.

Valérie Chrzavzez

Ewa

Scandinavie : le retour de Transdev sur l’Öresund

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Comme prévu, Transdev a repris à l’opérateur historique suédois SJ l’exploitation des trains régionaux transfrontaliers du détroit de l’Öresund pour le compte d’Öresundståg AB, qui réunit six autorités organisatrices régionales ou départementales du sud de la Suède. Ces trains relient les gares de Copenhague, la capitale danoise, à Malmö, du côté suédois du détroit, avant de continuer vers Göteborg, Karlskrona ou Kalmar.

Pour Transdev, il s’agit d’un retour, après deux ans d’absence, sur une desserte que le groupe français avait déjà exploitée entre décembre 2014 et décembre 2020. A cette dernière date était entré en vigueur un nouveau contrat, de huit ans plus deux années en option, entre Öresundståg AB et l’opérateur historique suédois SJ. Contrat rapidement résilié d’un commun accord par les deux signataires, Öresundståg AB n’étant pas satisfait de l’état général des trains, et SJ ne s’y retrouvant pas financièrement.

C’est dans ces circonstances que Transdev a été rappelé pour deux ans, jusqu’en décembre 2024. Entre-temps, un nouvel appel d’offres sera lancé pour l’exploitation et la maintenance des trains régionaux transfrontaliers. En attendant, Transdev a repris la quasi-totalité des 700 salariés de SJ Öresund, la filiale mise sur pied par SJ il y a deux ans.

La maintenance du matériel roulant, un parc de 111 rames X31K ou X32K aptes à circuler sur les réseaux ferrés suédois et danois, est quant à elle reprise par l’entreprise spécialisée Mantena, filiale de Vy (anciens chemins de fer de l’Etat norvégien). A l’occasion du changement d’horaire de décembre dernier, 24 de ces rames, qui appartenaient aux Chemins de fer de l’Etat danois (DSB) ont été transférées à Skånetrafiken, l’autorité organisatrice des transports de Scanie, désormais responsable des trains régionaux sur la lien fixe de l’Öresund.

P. L.

Ewa

Le défi social dans les transports publics franciliens

GPRC Conf 2022

La rentrée a été marquée par le manque de conducteurs de bus en Ile-de-France, se traduisant par une diminution de l’offre (en particulier à Paris intra-muros où l’offre était 25 % inférieure à ce qui était attendu par IDFM, l’autorité organisatrice des transports). Les différents acteurs de la mobilité, invités de la table ronde qui s’est tenue juste avant la cérémonie de remise des Grands Prix de la Région Capitale, ont cerné l’origine des tensions et expliqué leurs plans pour y remédier.

Les opérateurs de transport peinent à recruter. « Nous connaissons des difficultés de recrutements inédites », reconnaît Alexandre Guyot, DRH bus et tramways à la RATP. Pour retenir et attirer les meilleurs talents, les différents opérateurs se font concurrence entre eux et subissent celle d’autres secteurs d’activité également en tension en cette période où le taux de chômage s’établit autour de 7 %. En région parisienne, où le coût de la vie est plus élevé qu’ailleurs, la pénurie de main-d’œuvre est exacerbée par les départs vers la Province.

Pour faciliter le recrutement de conducteurs de bus, le gouvernement a publié un décret (n° 2021-542) permettant d’abaisser l’âge minimal de conduite de 21 à 18 ans. Les pouvoirs publics cherchent aussi à renforcer l’apprentissage. Pour autant, la situation reste tendue. La RATP qui évalue ses besoins à 1 500 conducteurs de bus cette année, en avait embauché 820 à fin septembre.

De leur côté, les entreprises d’Optile recherchent 800 conducteurs. Leur président, Youenn Dupuis constate : « Entre 2015 et 2019 l’offre en grande couronne a augmenté de 20 %. Jusqu’alors, nous étions parvenus à relever le défi de cette croissance. Mais la tension s’est accentuée en raison de la hausse du taux d’absentéisme des conducteurs en poste. » Sous sa casquette de président d’Optile, « il y a là un sujet structurel, lié au niveau social de la France. Comparé au même secteur à l’international, on est à des niveaux qui ne se justifient pas par l’exercice de ce métier », insiste Youenn Dupuis. Egalement DGA IDF de Keolis, il pointe un problème et évalue à 3 % l’augmentation de l’absentéisme. La RATP est tout particulièrement touchée par cette vague d’absentéisme. Le renforcement des contrôles menés en interne a permis de relever 500 arrêts frauduleux concernant 230 salariés et a donné lieu à des révocations et des licenciements. Pour faciliter le retour à la normale, la RATP a mis en place une prime de présence. « Depuis octobre et au moins jusqu’à la fin de l’année, les conducteurs assidus toucheront entre 100 à 200 € mensuels », explique le DRH.

Transdev fait aussi la chasse aux arrêts maladie de complaisance. Pierre Talgorn insiste sur la nécessité de mieux concilier vie privée et professionnelle. « Pour garder et attirer des candidats aux postes de conduite, nous devons chercher à concilier les rythmes de vie professionnel et personnel, prendre en compte les trajets domicile travail de nos salariés et travailler avec eux sur les salles de repos et les sanitaires », préconise le directeur régional IDF chez Transdev.

Keolis a également réalisé un sondage auprès de ses conducteurs, dont les résultats ont permis de tordre le cou à certains préjugés. « Nous avions tendance à penser qu’ils voulaient des horaires de bureaux, travailler de jour, ce qui n’est pas toujours le cas. Certains préfèrent travailler le matin, d’autres les soirs ou le week-end. Nous essayons d’en tenir compte », assure Youenn Dupuis.

Renforcer l’attractivité des métiers

Tous cherchent des panoplies de mesures pour rendre les métiers plus attractifs. Chez Transdev, cela passe par l’envoi de candidatures simplifiées et par un système de cooptation incitatif. « Nous versons une prime aux salariés qui parrainent des candidats », détaille Pierre Talgorn. Le dirigeant mise aussi sur la communication pour valoriser et mieux faire connaître le métier de conducteur, y compris sur le terrain. Pour présenter le métier et tenter de susciter de nouvelles vocations, Transdev va à la rencontre des Franciliens, avec un bus pour l’emploi équipé d’un simulateur de conduite. « Sur une demi-journée, nous pouvons recevoir jusqu’à 50 CV », se félicite Pierre Talgorn. « Nous favorisons aussi l’apprentissage et avons plus de 300 postes en formation prévus d’ici la fin de l’année. Tout cela cumulé devrait nous permettre de passer la vague difficile », espère-t-il. 

La situation s’est déjà améliorée. « Nous avons connu une vraie difficulté au sortir de l’été, au moment où des salariés avaient prolongé leurs congés. Les efforts menés par l’entreprise ont permis de rétablir la situation. Nous sommes passés de 250 conducteurs manquants en septembre, à moitié moins, en recourant à l’intérim. Pour assurer le service, chaque matin, nous réorganisons le planning en fonction des absences de dernière minute, en donnant priorité au scolaire et au transport à la demande dans des lieux où l’on est dépendant du service. Et nous effectuons des rotations, pour que ce ne soit pas toujours les mêmes usagers qui soient impactés », détaille-t-il.

La SNCF n’est pas tout à fait logée à la même enseigne. « Nous avons la chance que le métier de conducteur de train soit encore attractif », affirme Sylvie Charles. La directrice de Transilien rappelle que cette profession permet de gagner 32 000 euros annuels, auxquels peuvent s’ajouter 5 000 euros de variable.

Actuellement, il manque encore 50 conducteurs sur les 2 650 employés par Transilien. D’où la suppression de quelques trains. En cause : le Covid qui a fait prendre du retard dans les formations. Or, former un conducteur prend un an…

Pour accélérer le mouvement, la SNCF souhaite réduire le temps de formation à 10 mois. Elle le fait déjà dans quelques écoles. « Dédier les conducteurs à la ligne à laquelle ils seront destinés pour leur premier emploi permettrait de réduire à quatre mois leur formation. Ils auraient ensuite la possibilité d’en changer en recourant à la formation continue », explique Sylvie Charles. Avec le risque, reconnaît la dirigeante, d’une certaine monotonie au fil du temps. « Mais il est possible d’évoluer fortement au sein de la SNCF », rappelle-t-elle.

Nouveaux publics

Pour recruter, les entreprises se tournent vers de nouveaux publics. Elles vont chercher des candidats à la reconversion, militaires, postiers… et proposent de les former au métier de conducteur de bus pour la deuxième partie de leur carrière. En Ile-de-France, des centres d’apprentissage ont été ouverts et, en guise d’incitation, IDF mobilités promet une prime de 2000 € aux personnes qui se formeront.

La féminisation des équipes fait aussi partie des ambitions. « Il faut changer les préjugés. Pour être conducteur, plus besoin de compétences techniques. Le métier a évolué. Quand il y a une panne, pas besoin de savoir faire de la mécanique, il faut connaître les procédures », indique Sylvie Charles.

Transilien a mis en place des partenariats avec les universités, notamment avec celle d’Evry, où des professeurs sont chargés de repérer les étudiants en échec qui pourraient devenir conduire des trains. La faculté prend en charge l’enseignement théorique et la SNCF la partie pratique. Pour que les candidats puissent vérifier s’ils sont faits pour ce métier, la SNCF leur propose un Mooc. La compagnie vérifie aussi leurs capacités d’apprentissage et de raisonnement.

Partenariat à revoir avec les AO

« Ce qui s’est passé à la rentrée dans les transports publics, en raison de la pénurie de conducteurs, est désastreux », commente de son côté François Durovray, le président de l’Essonne. « Il y avait une vraie attente. Beaucoup de Franciliens soucieux de réduire leur impact environnemental, avaient décidé d’abandonner leur voiture. Confrontés aux dysfonctionnements, ils ont renoncé. Il faut en tirer les leçons », estime l’élu, également administrateur d’IDFM. « Pour attirer des talents, il faut revaloriser les métiers de service. Démontrer qu’être conducteur, cela a du sens, que ce sont des acteurs de la transition, utiles aux autres. »

Regrettant que notre pays valorise davantage les professions intellectuelles aux dépens de celles de la main et du cœur, il invite au changement. « Ce qui passe par une meilleure répartition de la valeur entre les différents métiers », affirme François Durovray. Le président de l’Essonne recommande aux opérateurs de transport d’accueillir des collégiens pour leurs stages de 3e, afin de leur faire connaître les métiers et susciter des vocations. Il leur suggère également d’aller piocher des candidats parmi les deux millions de bénéficiaires du RSA. 

« Dans mon département, 37 % des bénéficiaires du RSA ont entre 25 et 35 ans. Il faut leur offrir des perspectives d’emploi. La région doit nous aider à nous adresser à ces personnes et à les former pour les remettre dans un processus positif. » François Durovray considère que la crise francilienne a mis le doigt sur la nécessité de renforcer le partenariat entre AO et opérateurs. « Cette crise arrive alors qu’on était arrivé à la fin d’un cycle. Les opérateurs avaient peu de visibilité sur le plan de charge pour les années à venir. On doit se poser la question de l’avenir, des besoins de mobilité, au-delà de nos mandats électoraux, pour mobiliser les moyens techniques et humains. »

L’impact de la concurrence

Si les opérateurs reconnaissent qu’améliorer les salaires peut contribuer à l’attractivité, Pierre Talgorn, rappelle qu’un chauffeur de bus démarre à 1900 €, sans compter la partie variable. Au-delà des conditions salariales, il faut aussi créer un climat de confiance, comme l’a constaté Transdev après avoir voulu réorganiser le travail, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des bus Optile. « Nous avons été confrontés à la forte sensibilité des conducteurs aux changements. Nous avons réagi et réajusté le temps de travail pour donner des garanties supplémentaires sur les rémunérations et les conditions de travail », rapporte Pierre Talgorn. « Chez Keolis, l’ouverture à la concurrence a permis d’instaurer un dialogue avec les employés et les OS, pour formaliser et cadrer les choses », affirme Youenn Dupuis. « Il y a deux phases dans la mise en place de nouveaux contrats. Une première phase de stabilisation. Le temps de recréer une entreprise ex nihilo, avec des salariés venant de différentes sociétés. Ensuite seulement on peut travailler à l’harmonisation pour gagner en performances. Cela ne doit intervenir que lorsque collectif est créé et que la confiance vis-à-vis de l’équipe de direction est là », prévient-il.

Pour la RATP, l’ouverture à la concurrence du réseau historique de bus de la RATP est prévue à partir du 1er janvier 2025. Le changement concernera 16 000 conducteurs (4 700 bus) 19 000 salariés perdront leur statut et seront transférés vers les entreprises qui auront remporté les lots. « Nous nous y préparons. Le temps de travail est un sujet essentiel et le législateur a décidé de mettre en place des règles spécifiques pour les conducteurs de bus ou d’autocar dont le parcours est majoritairement effectué dans la zone dense urbaine francilienne », explique Alexandre Guyot.

La direction mène des discussions avec les organisations syndicales pour se préparer aux échéances de 2025. « Tout le monde est rétif aux changements. Les faire accepter demande de la proximité et du sens. Il faut répondre aux interrogations légitimes des salariés. C’est pourquoi nous sommes en attente des textes qui permettront d’éclairer les conditions des transferts », souligne le DRH.

Pour anticiper les changements à venir, la RATP a procédé, le 1er août dernier, à la modification de l’organisation de travail des conducteurs de bus de la RATP. « Nous avons enregistré 269 démissions de conducteurs de bus dans les premiers mois de 2022. Le double par rapport à 2019. Mais le turn-over reste limité à 2 %, bien moindre que dans d’autres secteurs », précise Alexandre Guyot, en référence aux affirmations de syndicats sur une envolée du nombre de démissions.

La recrudescence des incivilités peut aussi peser dans la décision des conducteurs de bus à quitter le métier. « Les conducteurs qui avaient été traités en héros durant le Covid se retrouvent à nouveau victimes d’insultes. Ce manque de reconnaissance les affecte et a pu en pousser certains à passer à autre chose », regrette Youenn Dupuis. Keolis forme son personnel aux gestes et postures permettant d’éviter de rentrer en conflit avec les voyageurs et diffuse des messages de prévention.

De son côté, Transilien compte non seulement sur ses agents de sûreté mais aussi sur des techniques d’influences comportementales comme le recours aux Nudges, qui cherchent à inciter les voyageurs à adopter des comportements citoyens.

Plus globalement, François Durovray appelle à une réflexion sur la place à accorder au travail dans notre société. « Il faut en faire un débat politique et citoyen. C’est le meilleur coup de main qu’on pourrait donner pour résoudre les difficultés de recrutement auxquelles les sociétés sont confrontées ». Et l’élu de conclure :  « Pour trouver des solutions à ces tensions, il va falloir qu’on se réinvente. »

Valérie Chrzavzez

Ewa

Recalé en Ile-de-France, l’Espagnol Moventia ne désarme pas

Josep Maria Marti , pdg du groupe de transport espagnol Moventia, dont la filiale française Moventis est dirigée par un ancien de Transdev et ex-directeur général de Smovengo.

Candidat malheureux aux appels d’offres d’Ile-de-France Mobilités pour les lignes de bus de la grande couronne, Moventia vient de remporter coup sur coup les contrats de bus de la communauté d’agglomération de Grasse et des vélos en libre-service de la métropole de Rouen.

Ne dites pas à Josep Maria Marti qu’en cinq ans, Moventia, le groupe de transport qu’il dirige en famille, n’a fait que deux prises sur l’Hexagone : Montbéliard et tout récemment Grasse. Et réussi à percer dans deux autres villes françaises, Clermont-Ferrand et Marseille, pour prendre le guidon des vélos partagés, avec sa filiale Inurba. Bientôt trois avec Rouen où, selon nos informations, l’Espagnol a remporté le marché.

Il a en revanche échoué en Ile-de-France, sur les appels d’offres des lignes de bus Optile, en grande couronne. « En France, les appels d’offres sont extrêmement fermés », commente le pdg de Moventia.

« Transdev et Keolis nous savonnent la planche »

« En 2017, Montbéliard était un ballon d’essai et surtout, le moyen de montrer comment on travaille, c’est un cycle de développement long, il faut démontrer aux élus nos capacités industrielles, les rassurer sur nos différences. Faire la chispa, comme on dit en espagnol », poursuit Josep Maria Marti. La chispa ? L’étincelle.  A Montbéliard, on a même réussi à gagner de l’argent », se défend l’opérateur de transport catalan.

Faire des étincelles sur le marché français n’est visiblement pas chose facile, « Les deux majors du secteur, Transdev et Keolis, défendent leur forteresse, font un lobbying intense auprès des élus, nous savonnent la planche », reprenait Jorge Azevedo, directeur du développement France de Moventia, le 22 novembre lors d’un point presse. Avant de filer au salon des Maires qui se tenait à deux pas, porte de Versailles… Cet ancien de Transdev a aussi dirigé Smovengo, l’opérateur de Vélib’ Métropole, le service de vélos en libre-service de la Ville de Paris et des 60 communes de la métropole.

Deuxième concessionnaire Renault en Espagne

Originaire de Sabadel, dans la région de Barcelone, le groupe familial bientôt centenaire, créé par le grand père des actuels dirigeants (trois frères et sœurs) avait donc remporté en 2017 son premier contrat hexagonal en 2017 à Montbéliard (142 000 hab.) pour exploiter pendant six ans et demi le réseau de bus urbains, jusqu’alors aux mains de Keolis. Un contrat de 112 millions d’euros, remporté selon Jorge Azevedo en gagnant la confiance des syndicats. La même année, l’Espagnol gagnait un contrat de bus urbains à La Mecque.

Cinq ans après, en novembre 2022, le Catalan qui a également une grosse activité de concessionnaire automobile multi-marques (c’est le deuxième concessionnaire Renault en Espagne) vient de déloger Transdev de Grasse dans les Alpes-Maritimes. La communauté d’agglomération (100 000 hab.) lui a confié les clés du réseau de 70 bus, dont 9 électriques, et la construction d’un nouveau dépôt. Un contrat de dix ans qui démarre le 1er janvier 2023 pour un montant de 100 millions d’euros. Moventia dit étudier trois nouveaux appels d’offres sur l’Hexagone, principalement dans des villes moyennes.

Nathalie Arensonas

Moventia en chiffres

Implantations : Espagne (bus, tramways, vélos), France (bus, vélos), Finlande (bus, vélos), La Mecque (bus)
1 850 bus
45 000 vélos (dont 30 000 en France), 4 500 stations
41 tramways (à Barcelone)
150 millions de passagers/an

Ewa

La Cour des Comptes pointe la faible rentabilité de Transdev malgré une organisation « pertinente »

RER Brême

Le contrôle des entreprises bénéficiant de concours financiers publics étant prévu par le code des juridictions financières, la Cour des Comptes s’est penchée sur la situation de Transdev. L’institution de la rue Cambon a publié hier l’intégralité du rapport qu’elle consacre à cet opérateur de transport public, présent dans 17 pays, sur tous les continents, et exploitant 17 modes de transports : bus, trams, métros,  tram-trains, trains (plus précisément, 820 trains transportant dans cinq pays 180 millions de passagers par an), mais aussi navettes maritimes ou téléphériques…

Dressant le bilan de la période 2017-2020, la Cour des Comptes estime que le groupe français, fortement affecté par la crise sanitaire, a mis en place une organisation « pertinente » et que sa stratégie a été « confortée« . Toutefois, notent les « Sages » de la rue Cambon, son chiffre d’affaires, de plus en plus tourné vers l’international (64 % en 2020), a connu une baisse significative en 2020 (- 8,9 %). « Le résultat opérationnel est très fluctuant selon les exercices (EBIT négatif en 2018 et 2020), d’où une faible rentabilité sur la période étudiée. De même, le résultat net est déficitaire en 2018 (- 94,3 M€) et surtout en 2020 (- 112 Md€) », écrivent-ils.

Situation déficitaire en Allemagne

Les rapporteurs pointent une situation contrastée selon les pays. « Si l ’activité se révèle rentable en France (143 M€ au total entre 2017 et 2020), celle poursuivie dans les autres pays européens et dans le reste du monde s’avère en revanche déficitaire (respectivement – 70 M€ et – 150 M€ au cours de la période étudiée) »

Ainsi, la France reste le principal marché de Transdev, qui y emploie 31700 salariés (42 % des effectifs) réalisant un chiffre d’affaires de 2,5 Md€, soit 36 % de l’activité du groupe en 2020. Mais le recul de l’activité par rapport à 2019 (-12,2 %) est plus marqué que celui de la moyenne du groupe (-8,9 %).

L’Allemagne constitue zone particulièrement importante pour Transdev, détenu à hauteur de 66 % par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et, depuis janvier 2019, à hauteur de 34 % par le groupe allemand Rethmann. Avec 6000 salariés, l’activité procure la deuxième source de revenus du groupe derrière la France et juste devant les États-Unis. Elle est en progression pour le transport par bus grâce à l’acquisition de la holding Rhenus Veniro. Mais cet accroissement de l’activité en Allemagne a nui à sa profitabilité. « Le résultat net, déjà déficitaire en 2019 (– 25 M€), a chuté durant la crise sanitaire pour atteindre – 74 M€ en 2020. Il s’agit de la filiale ayant enregistré la plus forte perte enregistrée au sein du groupe en 2020« , indique le rapport.

Vigilance aux Etats-Unis

L’Amérique du Nord, où Transdev emploie environ 17 000 salariés, représente 17 % des activités du groupe, avec un chiffre d’affaires marqué par une forte baisse en 2020 (- 16,2 %) à 1 145 M€. « Sur la période étudiée, les activités outre-Atlantique sont fortement déficitaires, même si les pertes se sont réduites en fin de période, le total des pertes nettes s’élevant à respectivement à 328 M€. Le poids des charges de personnel y est particulièrement élevé par rapport au reste du groupe. La situation aux États-Unis appelle ainsi à une vigilance particulière« , prévient le gardien des finances publics.

La répartition des activités du groupe au niveau mondial et les négociations qui ont eu lieu au plus près du terrain pour adapter les contrats ont permis au groupe Transdev de limiter les pertes au cours de la crise sanitaire, reconnaît la Cour. Et les mesures prises par la direction de Transdev ont porté leurs fruits. Ainsi, après s’être recentré sur le B2G (c’est-à-dire sur les activités assurées pour le compte des autorités publiques) et avoir optimisé sa trésorerie, le groupe a su réduire son endettement et profiter des mesures prises par les autorités publiques pour aider les entreprises de transport à faire face à la chute de leurs recettes suite aux restrictions de déplacements imposées par le Covid.

Cependant, ajoute l’institution, « sur l’ensemble de la période, la rentabilité opérationnelle de Transdev est faible et ses fonds propres sont en baisse (- 13,8 % entre 2017 et 2020). Le groupe doit rester vigilant sur le sujet des provisions pour risques et charges, ces dernières augmentant de manière significative sur la période étudiée (+ 46,5 %), du fait des litiges (« claims ») en cours dans la zone Amérique ».

D’où la recommandation de « poursuivre le recentrage sur les activités et les implantations les plus rentables, avec une vigilance particulière sur les contrats aux États-Unis. » Parmi les autres recommandations, la Cour insiste sur l’importance de la prise en compte du facteur humain,  puisque »le recrutement et la fidélisation des conducteurs représentent un enjeu spécifique pour l’ensemble des filiales du groupe » du fait notamment du taux de rotation des personnels structurellement important (autour de 23 % en moyenne, mais 15 % en France et 50 % aux États-Unis). Un aspect fondamental pour toutes les entreprises de transport qui cherchent à attirer des candidats, d’autant plus dans un contexte d’ouverture à la concurrence.

Marie Hélène Poingt

Ewa

Transdev récupère les trains de l’Öresund en Suède

train de l resund en livre publicitaire en sortie du tunnel du hallandss

Le 10 décembre prochain, Transdev reprendra à l’opérateur historique SJ l’exploitation des trains régionaux du détroit de l’Öresund pour le compte d’Öresundståg AB, qui réunit six autorités organisatrices régionales ou départementales du sud de la Suède. Ce changement interviendra deux ans seulement après le précédent, qui avait vu SJ succéder à Transdev, exploitant de décembre 2014 à décembre 2020. A cette dernière date est entré en vigueur un contrat de huit ans, plus deux années en option, entre Öresundståg AB et SJ. C’est ce contrat qui a été résilié d’un commun accord par les deux signataires, Öresundståg AB n’étant pas satisfait de l’état général des trains et SJ ne s’y retrouvant pas financièrement. En vertu de l’accord entre les deux parties, Transdev a été nommé exploitant à titre provisoire à partir de décembre prochain, en reprenant le personnel roulant de SJ, le temps de lancer un nouvel appel d’offres pour l’exploitation et la maintenance des trains régionaux de l’Öresund. Un nouveau responsable de la maintenance à titre provisoire doit également être choisi.

Ewa

Un ancien de Suez à la direction Europe de Transdev

Antoine Grange

Thierry Mallet, lui-même ex-Suez, n’en finit pas de puiser dans le vivier de son ancien groupe. Dernier recrutement en date du PDG de Transdev, Antoine Grange va prendre, à partir du 19 avril, le poste de directeur Europe de l’opérateur de transport public.

Agé de 52 ans, polytechnicien, ancien élève de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées (1995) et de l’Université Technique de Munich, Antoine Grange travaillait jusqu’alors sur le projet de nouvelle entité « New Suez », après avoir été directeur général Recyclage & Valorisation, Suez Asie. Directement rattaché à Thierry Mallet, il est chargé de la zone européenne comprenant les Pays-Bas, la Suède, le Royaume-Uni et l’Irlande, l’Espagne et le Portugal, la République Tchèque et la Slovaquie et le Maroc.