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Ewa

Concurrence : Valérie Pécresse réaffirme sa volonté d’une ouverture « progressive » des bus RATP

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Valérie Pécresse, auditionnée par les sénateurs de la commission aménagement du territoire et développement durable, sur l’ouverture à la concurrence des bus de la RATP.

Valérie Pécresse est auditionnée le 11 octobre en fin d’après-midi par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, au sujet de la proposition de loi du sénateur centriste Vincent Capo-Canellas sur l’ouverture à la concurrence des lignes de bus de Paris et de la petite couronne. Elle sont exploitées aujourd’hui par la RATP.

La présidente de l’Ile-de-France et de son autorité des transports, Ile-de-France Mobilités (IDFM), se dit favorable à une libéralisation « progressive« , sur un calendrier échelonné, comme cela été le cas pour les 36 lots de lignes de bus de la grande couronne (réseau Optile). Le processus d’ouverture a duré deux ans.

Pour les lignes parisiennes et de la proche banlieue (308 lignes, 4 500 bus, 19 000 salariés), les appels d’offres sont lancés, la collectivité a prévu d’attribuer les contrats à partir de septembre 2024 et jusqu’en octobre 2025. Les nouveaux délégataires – la RATP et ses concurrents – prendraient ensuite le volant entre l’été 2025 et fin 2026. « L’enjeu est de réussir chaque mise en service et pour cela, de laisser 9 à 12 mois à l’opérateur lauréat pour bien préparer le démarrage du contrat », justifie IDFM.

Le big bang était initialement prévu pour le 1er janvier 2025, mais devant le risque de conflit social alors que se profilent les Jeux olympiques, le patron de la RATP, Jean Castex, a œuvré pour son report. Le calendrier a été décalé de deux ans, au maximum. De son côté, Valérie Pécresse invoque qu’il « n’a jamais été question de transférer toutes les lignes le 1er janvier 2025 « , mais qu’elle a toujours envisagé une « ouverture progressive« .

L’élue insiste surtout sur la mise en place d’un  « cadre social très protecteur pour les collaborateurs de la RATP ». En suivant les recommandations de la mission confiée à Jean-Paul Bailly (ex-dirigeant de la RATP) et Jean Grosset (membre du Cese, directeur de l’Observatoire du dialogue social de la Fondation Jean Jaurès). Ils préconisent de :

  • limiter les changements de lieu de travail pour permettre aux anciens agents de la Régie de rester affectés à leurs dépôts actuels, et pas seulement à leur ligne. « Et s’ils veulent changer de dépôts, ce sera à négocier avec les opérateurs », indique Valérie Pécresse.
  • limiter les transferts de personnels en excluant des personnels du siège (RH, comptables, services juridiques) qui sont peu concernés dans leur activité par le bus (700 salariés concernés),
  • récupérer chez IDFM certaines missions stratégiques comme la supervision du trafic, la coordination opérationnelle des opérateurs en cas d’incidents, « pour mieux gérer l’information des voyageurs en service perturbé ». Une trentaine d’agents seraient concernés.
  • Comme pour le réseau Optile en grande couronne, IDFM dit vouloir imposer aux nouveaux opérateurs de maintenir les conditions sociales dont ils bénéficient aujourd’hui à la RATP : le fameux « sac à dos social ». Avec des conditions sociales supérieures à celles prévues dans le décret sur le cadre social territorial (CST),  » pour tous les agents« , insiste Valérie Pécresse.
  • En ce qui concerne la sûreté, IDFM obligera dans les nouveaux contrats les opérateurs de recruter des agents de sécurité supplémentaires. « Au total, 400 agents de sécurité supplémentaires seront prévus dans les contrats de bus à Paris et petite couronne », pointe l’élue francilienne.

La proposition de loi sur l’ouverture à la concurrence sera débattue en séance publique au Sénat les 23 et 24 octobre.

N.A

Ewa

Vers une hausse du versement mobilité en Ile-de-France ?

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Dans le long bras de fer entre Valérie Pécresse et l’Etat pour combler le déficit d’exploitation des transports publics franciliens, évalué à 500 millions et à 1,5 milliard avec les futures lignes du Grand Paris Express, la patronne d’Ile-de-France Mobilités (IDFM) est-elle en train de parvenir à ses fins ? A l’issue d’une rencontre en début de semaine avec Clément Beaune, un accord serait au bout du crayon du ministre délégué aux Transports, avec la garantie de ressources durables pour financer les transports collectifs de la région capitale.

Et comme l’une des principales ressources, c’est le versement mobilité (VM), taxe dont s’acquittent les entreprises de plus de 11 salariés, la solution défendue depuis des mois par Valérie Pécresse, c’est son déplafonnement, en vue d’une augmentation pour financer l’offre supplémentaire de transports en 2024 liée aux Jeux olympiques et à l’extension de plusieurs lignes – les 11 et 14 du métro, ou le RER E. Or, seul le gouvernement peut décider d’une telle hausse. La patronne d’IDFM, et de la région, menace de ne pas ouvrir les lignes nouvelles si elle ne parvient pas à un accord avec l’Etat sur le financement des transports publics de la région en général, et du surcoût des Jeux olympiques, en particulier.

Favorable à de nouvelles marges de manœuvre fiscales dès 2024, Clément Beaune a obtenu l’accord de la Première ministre Elisabeth Borne pour inscrire le déplafonnement du VM dans la loi de Finances pour 2024 (il ne sera toutefois pas dans le projet de loi, le PLF, qui sera présenté en Conseil des ministres le 27 septembre).

Actuellement, les transports franciliens sont financés à 52,5% par cette fiscalité dédiée et à 47,5% par les contributions des collectivités locales et par les recettes tarifaires. Les collectivités locales vont-elles devoir délier les cordons de la bourse, et les usagers subir une nouvelle hausse du Passe Navigo ?  Réponses le 26 septembre lors du prochain conseil d’administration d’IDFM.

Valérie Pécresse qui exclut d’augmenter la tarification du Passe Navigo, et annoncé lors du dernier Sommet du Grand Paris une tarification supplémentaire pour les détenteurs de billets olympiques, a fait voter un vœu en juillet dernier dans lequel elle demande « le triplement de la taxe de séjour », ce qui pourrait rapporter 200 millions d’euros à l’autorité organisatrice des transports franciliens.

Pas plus que le déplafonnement du versement mobilité, la hausse de la taxe de séjour n’est pas dans le PLF. Va-t-elle se dénouer, elle aussi, à coup d’amendements, au Parlement ?

Nathalie Arensonas

Ewa

Keolis confirmé sur les lignes 16 et 17 du futur métro Grand Paris Express

Valérie Pécresse

Les premières attributions de lignes du prochain métro automatique autour de Paris, le Grand Paris Express, ont été actées mardi 30 mai par le conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités. Et c’est bien Keolis, candidat pressenti, qui exploitera à partir de fin 2026 les premiers tronçons des lignes 16 et 17, entre Saint-Denis-Pleyel et Clichy-Montfermeil, et Saint-Denis-Pleyel – Le Bourget.

Keolis exploitera donc la station Saint-Denis-Pleyel qui sera desservie pour les JO 2024 par la ligne 14 prolongée jusqu’à Orly, et exploitée par la RATP.

Les extensions vers Noisy-Champs, le Triangle de Gonesse, le Parc des Expositions de Villepinte et Le Mesnil-Amelot via l’Aéroport Charles-de-Gaulle, interviendront au cours de ce contrat de 300 millions d’euros qui démarre au 1er juillet 2023 pour sept ans (avec trois années optionnelles).

Le nom du vainqueur de la ligne 15 Sud sera connu le 18 juillet, a annoncé Valérie Pécresse qui a redit devant la presse ses inquiétudes sur le financement des coûts d’exploitation du nouveau métro. « Cela représente 300 millions d’euros pour les premières lignes qui doivent être mise en service, la 16 et la 17. Je n’ai pas le moindre sou pour cela. L’horloge tourne ».

La présidente de la région et de son autorité organisatrice des transports, Ile-de-France Mobilités (IDFM) se refuse pour autant à augmenter le prix des billets et le Passe Navigo. Elle insiste sur les pistes avancées pendant les Assises du financement des transports publics organisées en janvier dernier (taxe sur les billets d’avion, surtaxe de séjour, taxe Amazon sur les colis du e-commerce, écotaxe logistique sur les véhicules polluants, plus-value immobilière sur la vente des biens situés près des gares du nouveau métro etc.). Un rapport de l’Inspection générale des finances et du conseil général du développement durable a récemment été remis gouvernement. « Pour l’instant, je n’ai ni le son, ni l’image« , a taclé, comme à son habitude, Valérie Pécresse.

IDFM aura besoin de 1,4 milliard d’euros supplémentaires par an quand le métro du Grand Paris sera achevé au début des années 2030. Et dès 2024, il lui faut trouver 800 millions (dont 200 millions pour financer les transports des Jeux olympiques et paralympiques). « Ce que nous voulons, c’est une réponse globale jusqu’en 2030 pour pouvoir voir venir sereinement, et pouvoir ouvrir sereinement ces lignes. Si nous ne sommes pas en mesure d’en financer l’exploitation, je n’ouvrirai pas les lignes en 2024« , menace l’élue LR.

N.A

Ewa

Valérie Pécresse s’explique sur la mise en concurrence des transports franciliens

Valerie Pecresse, en juillet 2017, au siège de la région Ile de France à Paris.
© Lewis JOLY 
Cette image est la propriété de Lewis Joly, aucune utilisation autorisée sans accord préalable.

Alors qu’on attend de connaître plus précisément les modalités de la fin du monopole de la RATP sur ses bus à Paris et en petite couronne, programmée à partir de janvier 2025, Valérie Pécresse a voulu présenter ce matin un premier bilan de la concurrence mise en place depuis 2020 pour les bus de la grande couronne francilienne. La présidente de la région, également présidente d’Ile-de-France Mobilités, donne un « satisfecit » général à la démarche engagée depuis trois ans. Selon elle, « les résultats sont meilleurs que ceux des anciens contrats« . En particulier, les taux de régularité ont progressé et de nouveaux services « apportent des améliorations substantielles« , avec des fréquences « renforcées« , des tracés « plus pertinents », des correspondances « mieux assurées« , davantage de bornes d’information et d’agents de sécurité. La patronne de l’Ile-de-France demande encore des efforts en matière de régularité (l’objectif est de dépasser 89 % de taux de ponctualité) et dans le domaine de l’information voyageurs.

« Un choix fort a été fait : celui de recomposer les périmètres des réseaux desservis pour qu’ils collent à des bassins de vie. Nous sommes ainsi passés de 150 contrats d’opérateurs à 37 délégations de service public. Depuis trois ans, 31 contrats ont été attribués, dont 21 sont en service. Il en reste encore six à attribuer« , rappelle l’élue, qui souhaite s’inspirer de cette démarche pour la mise en concurrence des bus de la RATP. « Je souhaite que l’on procède de la même façon pour les douze lots de bus RATP qui seront mis en concurrence, dont dix en banlieue et seulement deux à Paris. En gardant la date du 31 décembre 2024 décidée par la loi et en ouvrant progressivement comme on l’a fait en grande couronne ».

Selon elle, l’intérêt de cette méthode est « d’apprendre, éventuellement de ses erreurs. Et d’avoir un délai de neuf mois entre le moment où on dévoile le nom de l’opérateur retenu et la date à laquelle cet opérateur exploite effectivement les lignes. Car cela ne s’improvise pas. Un opérateur ne peut pas reprendre du jour au lendemain un réseau qu’il ne connaît pas« .

La concurrence sur tous les fronts

En grande couronne, 20 réseaux ont changé d’opérateurs, rappelle encore la patronne de région capitale. Suite à des mouvements sociaux, IDFM avait fait appel à Jean-Paul Bailly, ex-PDG de la RATP, pour plancher sur les conditions sociales des transferts. Depuis, l’autorité organisatrice des transports franciliens a relevé à 15 %, dans les notations de ses appels d’offres, le critère social. « La mission Bailly se poursuit sur l’ouverture à la concurrence des bus RATP. Je présenterai ses conclusions d’ici l’été ». Déjà, tous les appels d’offres concernant les douze lots ont été lancés.

Moins médiatisée, la concurrence se poursuit aussi sur d’autres fronts : les nouvelles lignes de tramway, la ligne L (l’appel d’offre a été lancé) et le Grand Paris Express. IDFM a annoncé hier qu’elle prévoyait de confier à Keolis, l’exploitation des lignes 16 (Saint-Denis-Pleyel – Clichy-Montfermeil) et 17 (Saint-Denis-Pleyel – Le Bourget). Il y avait urgence à le faire car, même si ces ligne ne sont pas attendues avant 2026 et 2027, la gare de Saint-Denis Pleyel fait partie du lot et doit être exploitée d’ici les JO 2024. Enfin, on devrait aussi connaître rapidement, avant l’été, l’opérateur qui exploitera la ligne 15. Un lot très important.

MH P

 

Ewa

Comment sortir les transports franciliens de l’impasse financière ?

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Valérie Pécresse a fait ses calculs : pour ouvrir les 300 kilomètres de lignes supplémentaires prévus en 2024 et doubler ainsi le réseau des transports franciliens (dont le prolongement de la ligne 14 jusqu’à l’aéroport d’Orly, ou celui de la ligne du RER Eole entre Saint-Lazare et Mantes-la-Jolie dans les Yvelines), et assurer l’offre supplémentaire de transports nécessaires pour les JO 2024, il lui faut 600 millions d’euros de plus. « Et pas question de revivre le ping-pong de l’an passé avec l’Etat. Nous avons trois mois devant nous, il faut un accord avant la fin du printemps », avise-t-elle.

Plus qu’une partie de ping pong, c’est surtout un bras de fer qu’avait entamé la patronne de la région et d’Ile-de-France Mobilités (IDFM) avec le gouvernement, à l’automne 2022, pour inscrire 200 millions d’euros d’aides de l’Etat aux transports collectifs franciliens dans le projet de loi de finances 2023. Et combler ainsi le déficit de l’autorité organisatrice de la mobilité, frappée par la flambée du coût de l’énergie, et pas totalement remise de la chute des recettes commerciales liée à la baisse de fréquentation depuis la crise du Covid.

Pas d’argent, pas de nouvelles lignes

Si la fréquentation des métros, bus, trams et Transilien a repris des couleurs fin 2022 pour revenir à peu près à son niveau d’avant la crise sanitaire, les grands rendez-vous qui attendent IDFM en 2024, dont le début de l’exploitation du métro automatique Grand Paris Express, vont lui coûter 800 millions supplémentaires en 2024 (600 pour financer les nouvelles lignes), selon les chiffres avancés par Valérie Pécresse. « Je n’ouvrirai pas de nouvelles lignes si je n’en n’ai pas les moyens », a-t-elle menacé le 23 janvier lors des Assises du financement des transports franciliens co-organisées par IDFM et la préfecture d’Ile-de-France, au siège de la Région à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).  « Et les besoins vont augmenter jusqu’en 2030 [avec le Grand Paris Express , ndlr] : il faudra alors 2,3 milliards par an dont 1,6 pour financer les nouvelles lignes », a repris la patronne des transports franciliens.

Avant le blocage et le psychodrame auxquels les deux parties sont désormais habituées, l’Etat et la région tentent donc une nouvelle méthode : des Assises pour mettre sur la table toutes les pistes de financement possibles et i(ni)maginables. Parmi lesquelles « l’autonomie fiscale d’IDFM », réclamée par Valérie Pécresse qui lui permettrait de fixer le taux de versement mobilité acquitté par les entreprises de plus de 11 salariés et qui financent plus de la moitié du coût des transports publics. Le Medef est vent debout.

Mais aussi une surtaxe de séjour dans les hôtels de 3 à 5 étoiles, une TVA à 10% sur les meublés touristiques, type Airbnb, la TVA à 5,5% pour les transports publics, une « écotaxe logistique » sur les véhicules de livraison en fonction de leurs émissions polluantes, une « taxe Amazon » sur les   colis du e-commerce. Ou bien encore une plus-value immobilière sur la vente de biens situés près des gares du futur réseau de métro automatique. Pas question en revanche d’augmenter les tarifs du passe Navigo, lequel est passé au 1er janvier dernier de 75 à 84,10 euros mensuels, prévient Valérie Pécresse.

« La guerre des JO n’aura pas lieu »

Les Assises ont fait salle comble, les pistes de financement ont fusé, « l’imagination fiscale était débridée », a commenté Marc Guillaume, le préfet d’Ile-de-France. A l’exemple d’une « éco-contribution sur les revenus de tous les Franciliens », proposée par le maire de Gif-sur-Yvette (Essonne) Jean-François Vigier, qui préside le groupe UDI à la Région Ile-de-France.

Venu clôturer les Assises pour « sortir du blocage » et définir « avant l’été des solutions de financement pérennes », Clément Beaune a annoncé le lancement d’une mission d’expertise de la situation financière des transports publics franciliens par l’Inspection générale des finances et le Conseil général de l’environnement et du développement durable. Leur rapport est attendu pour mars. « Rendez-vous en avril, et d’ici à l’été pour avoir une trajectoire de financement pérenne d’Ile-de-France Mobilités dans le projet de loi de finances pour 2023 », a indiqué le ministre des Transports qui veut s’assurer que « la guerre des JO n’aura pas lieu ».

Il s’est également dit « ouvert à une discussion dans les prochaines semaines sur l’évaluation du calendrier de l’ouverture à la concurrence » des lignes de bus de la RATP.

Nathalie Arensonas

Ewa

Les quatre demandes de Valérie Pécresse à Elisabeth Borne (et ses craintes)

Valerie Pecresse, en juillet 2017, au siège de la région Ile de France à Paris.
© Lewis JOLY 
Cette image est la propriété de Lewis Joly, aucune utilisation autorisée sans accord préalable.

« Elisabeth Borne est une personne de grande qualité, intelligente avec une grande capacité de travail », a souligné le 17 mai Valérie Pécresse, en marge d’une conférence de presse sur l’ouverture à la concurrence dans les bus. Mais, a-t-elle ajouté, « je pense qu’elle aura une difficulté : c’est qu’elle n’est pas élue… »

Interrogée sur ses principales demandes dans le domaine des transports, la présidente d’Ile-de-France, candidate LR malheureuse à la présidentielle, a indiqué porter principalement quatre revendications : la première, est également régulièrement réclamée par la profession : c’est la TVA à 5,5 % pour les transports du quotidien. « Une mesure importante pour la transition énergétique et dans un contexte inflationniste. Cela permettrait de ne pas augmenter les tarifs et de financer les transports publics » , commente Valérie Pécresse.

Deuxième demande, celle qui est aussi présidente d’IDFM attend « une priorité claire » en faveur des transports du quotidien. « Je crois que c’était la conviction d’Elisabeth Borne. Il faut qu’elle la garde. Je pense avant tout aux RER B et D. C’est une priorité absolue en Ile-de-France ».

Troisièmement, édicte Valérie Pécresse, « il faut que l’Etat actionnaire joue son rôle auprès de SNCF Réseau. Il n’est pas normal que tous les trois mois, SNCF Réseau augmente ses tarifs et fasse un chantage au calendrier. Ce n’est plus possible ! »

Enfin, l’élue demande à l’Etat de faire voter une loi « pour qu’enfin des recettes financent le fonctionnement du Grand Paris Express, sans avoir besoin d’augmenter les tarifs ». Il y a urgence, rappelle Valérie Pécresse, la première ligne du Grand Paris Express devant être mise en service dans deux ans. « Il y a trois ans, Edouard Philippe, alors Premier ministre, m’avait dit qu’on allait voter une loi ». Depuis, elle attend toujours…

Une dernière question sur la proximité d’Elisabeth Borne et de Catherine Guillouard qui lui a succédé à la tête de la RATP et qui s’est réjouie hier soir de sa nomination à Matignon?  « J’espère que cela ne donnera pas lieu à un ralentissement de l’ouverture à la concurrence concernant la RATP… », tacle la présidente de région.

Marie Hélène Poingt

Ewa

RER NG : un retard qui tombe mal pour Valérie Pécresse

Intérieur RER NG

Coup de sang de la principale cliente d’Alstom et de la SNCF ou posture d’une possible candidate aux élections présidentielles ? Toujours est-il que le tweet envoyé par Valérie Pécresse le 26 octobre est cinglant : « Sentiment de trahison et rupture de confiance: le RER de nouvelle génération d’Alstom/Bombardier aura 2 ans de retard! Je dénonce « un naufrage industriel » qui pénalisera durement les voyageurs du RER D. Malgré les 3 Mds€ engagés par ⁦@IDFmobilites ».

A ce sujet, dans un courrier adressé à Jean-Pierre Farandou, Valérie Pécresse souligne que la SNCF – qui l’a quand même informée par un audit que la première rame du RER NG serait retardée à mi-mai 2023 – « n’a pas été en mesure d’empêcher ces dérives de planning successives ». Des dérives qui s’ajoutent aux années de retard prises durant le processus d’appel d’offres, initialement lancé en 2012 par la SNCF, pour n’aboutir qu’en 2017, avec le choix de l’offre Alstom-Bombardier, après deux tentatives déclarées « infructueuses ». Ironie de l’histoire, l’offre de CAF avait alors été rejetée au prétexte que le site de Bagnères-de-Bigorre n’aurait pas eu les capacités industrielles suffisantes…

Quatre ans plus tard, la présidente d’Île-de-France juge la situation « totalement inacceptable » dans son courrier  adressé à Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom et seul constructeur du RER NG depuis sa reprise de Bombardier. Selon Valérie Pécresse, les « retards répétés » sont dus « principalement à des défauts d’organisation relevant d’un manque manifeste de maîtrise du processus industriel, inconcevable de la part d’un leader mondial du secteur ».

Valérie Pécresse exige que la SNCF demande 64 millions d’euros de pénalités pour le retard sur la première tranche de 71 rames.  La révélation de ce retard du RER NG, qui doit rouler sur les lignes du RER D et E, intervient quelques semaines après l’annonce d’un surcoût de 1,7 milliards d’euros de la part de SNCF Réseau sur le chantier du prolongement vers l’ouest du RER E.

Interrogé par BFM Business, Alstom indique que « plusieurs éléments nous ont contraints à décaler la livraison des premiers trains, notamment la grande complexité technique de ce nouveau matériel, ainsi que l’intégration d’un nouveau système de signalisation, des évolutions du cahier des charges en cours de projet et l’impact de la crise sanitaire sur la production, les campagnes d’essais et nos fournisseurs ».

De son côté, SNCF Voyageurs « regrette vivement les retards accumulés dans les livraisons par Alstom-Bombardier du RER NG et partage le mécontentement de son autorité organisatrice Ile-de-France Mobilités ». L’entreprise rappelle avoir « déclenché dès mai 2021 un audit externe qui a confirmé le retard pris par Alstom, identifié des risques, émis des préconisations à l’intention d’Alstom et permis de définir un nouveau planning de livraison ». Un nouveau planning qui reporte les livraisons après les prochaines élections présidentielles.

P. L.

Ewa

Valérie Pécresse : « Je crois à la reprise des transports »

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La présidente de la région Ile-de-France (et d’IDFM) tacle SNCF Réseau, raconte les négociations avec la SNCF et la RATP, veut « doper » la politique vélo et s’exprime sur la reprise du transport aérien. Une interview organisée le 4 décembre, dans le cadre de l’AJTM (Association des journalistes des transports et des mobilités).

Après une année très difficile, comment s’annonce 2021? 

Valérie Pécresse : La situation actuelle est tendue. La crise a privé les transports publics franciliens de 2,6 milliards d’euros de recettes. Soit 25 % du total.

Quand on perd 25 % de recettes, c’est compliqué. Pour compenser ces pertes, j’ai engagé un bras de fer avec l’Etat avec un triple objectif : ne pas baisser l’offre de transport, ne pas augmenter le prix du Pass Navigo (sinon on aurait dû l’augmenter de 20 euros) et maintenir notre plan d’investissement qui court jusqu’en 2028. Grâce à ce programme, tous les trains seront soit rénovés, soit neufs d’ici la fin 2021. Cela concerne plus de 700 rames.
Le gouvernement a accepté de verser en cash un milliard d’euros pour les pertes liées au versement mobilité et 1,6 milliard en avances remboursables (avec un remboursement plus important à partir de 2028, ce qui correspond à la fin de notre programme d’investissement).

Cette solution sert aujourd’hui de modèle aux autres autorités organisatrices des mobilités (qui réclament un plan de soutien au gouvernement, ndlr). J’avais essayé de les emmener avec moi au moment des négociations avec l’Etat mais cela n’a pas été possible, les élections en juin les ont désorganisées et elles attendaient l’arrivée des nouvelles équipes municipales.

Quel est le niveau de fréquentation des transports publics franciliens actuellement? 

V. P. : En novembre, la fréquentation atteignait 35 % de niveau habituel,. La première semaine de décembre, ce taux est remonté à 40 %.

La sujet, pour la région, cela va aussi être de faire revenir les touristes. Ce qui passera notamment par la reprise des grands salons professionnels.

Le budget d’IDFM est-il encore menacé en 2021? 

V. P. : Pour 2021, nous avons inscrit dans nos comptes un besoin de financement d’un milliard d’euros mais nous sommes encore dans le flou. Tout dépendra de la situation sanitaire et du vaccin. On considère que le virus impactera l’économie jusqu’en juin. Et les touristes ne reviendront pas avant l’été.

On peut aussi considérer qu’avec le télétravail et le lissage des pointes, la crise peut avoir un effet bénéfique sur les transports publics. S’il y a du télétravail un ou deux jours par semaine, je ne crois pas qu’il y aura un impact sur les recettes. Même quand on est en télétravail deux jours par semaine, on continue à utiliser les transports publics aller faire ses courses, emmener ses enfants à l’école ou se déplacer pour ses loisirs… Le pass Navigo  dézoné est suffisamment attractif pour que les Franciliens continuent à l’acheter. Il y a une prise de conscience sur le fait qu’on doit pouvoir mieux utiliser les transports.

Mais pour moi, 2021 sera l’année de la qualité du service. Ce qui se retrouvera dans les nouveaux contrats de la SNCF et de la RATP.

Vous allez justement signer le nouveau contrat avec la SNCF le 9 décembre. Qu’est-ce qui va changer et où en êtes-vous du côté de la RATP, avec laquelle les négociations paraissent très tendues?

V. P. :  On sait que je me bats et que je suis une négociatrice dure car je crois que les grands opérateurs de transport doivent mettre les clients au centre du jeu.

Dans le cadre de son nouveau contrat, la SNCF proposait la même offre de transport mais pour 200 millions d’euros de plus! C’est pourquoi ça a pris un peu de temps… On a changé la logique pour mettre les clients au coeur du contrat. En tant qu’autorité organisatrice, je suis la première cliente des opérateurs. Parmi les avancées, j’ai obtenu 100 millions d’euros de bonus-malus et un remboursement automatique des voyageurs quand le taux de régularité est inférieur à 80 % pendant au moins trois mois.  En contrepartie la SNCF voulait récupérer 100 millions d’euros dans le montant de base du contrat…  Aujourd’hui, le contrat avec la SNCF est un bon contrat.

Avec la RATP, on n’est pas en retard. On devait signer en décembre. Il n’est pas impossible que ça prenne deux ou trois mois supplémentaires. Les risques ne sont pas très élevés pour la RATP qui gagne beaucoup d’argent. C’est IDFM qui assume les risques et qui réalise les infrastructures.

Ni la RATP ni la SNCF ne peuvent se plaindre car nous sommes la seule région qui a un taux d’exécution de son contrat de plan Etat-Région atteignant 90% en décembre. Dans les autres régions, ce taux atteint 60 % en moyenne. Nous allons d’ailleurs devoir signer un avenant au CPER d’1,7 milliard pour 2021 et 2022 pour pouvoir continuer les travaux.

Nous nous sommes déjà mis d’accord sur les investissements : ils doubleront dans le prochain contrat SNCF et RATP. Mais prenez garde à ceux qui veulent remettre en cause le financement! Le budget de fonctionnement des transports publics franciliens atteint 10,8 milliards d’euros. Ce sera même 11,8 milliards avec le Grand Paris Express en 2030. On doit donc trouver 12 milliards par an. Il est impossible d’augmenter la contribution des entreprises. Si ce n’est pas les entreprises, qui paiera? Les contribuables? Allez expliquer aux Franciliens qui ont choisi de se déplacer en vélo de payer davantage d’impôts pour les transports publics…  La qualité de l’infrastructure se paye.  Il faut réfléchir à des recettes nouvelles.

L’appel d’offres pour Nexteo sera-t-il lancé en décembre comme vous le demandiez? 

V. P. : Nexteo est voté. L’appel d’offres sera lancé avant la fin de l’année. Le problème maintenant, c’est qu’il faut que SNCF Réseau arrête d’être en retard sur ses chantiers et arrêtent d’avoir des surcoûts de 30 % comme sur Eole.

Nous avions proposé d’avoir un contrat avec SNCF Réseau comme nous en avons un avec Transilien. Mais c’est compliqué car le réseau ferré accueille aussi d’autres trafics, les trains grandes lignes, les trains de fret…

Mais on a un sujet avec SNCF Réseau, un vrai. 800 millions d’euros de régénération sont programmés par an sur le réseau francilien. Mais Réseau n’arrive pas forcément à les réaliser. Il est vrai qu’il doit aussi faire face à des commandes politiques. On lui demande par exemple d’accélérer Roissy-Picardie. Je ne sais pas combien cela concerne de passagers. Mais sur les lignes du RER B et D, on a 1,6 million de voyageurs par jour. Je ne veux pas jouer la grosse région Ile-de-France contre la petite Picardie, mais il faut donner la priorité aux lignes les plus fréquentées.

La commande du nouveau matériel roulant (MI20) pour le RER B se fait attendre. Qu’en est-il? 

V. P. : Nous allons voter les crédits le 9 décembre. La RATP doit signer ce marché. Le vrai sujet, ce n’est pas les quelques semaines de retard éventuel de ce marché. Le vrai sujet, c’est la décision du tribunal administratif sur CDG Express. Nous avions obtenu de la SNCF et d’ADP que sur les 2 milliards d’euros du projet, 500 millions soient affectés au RER B. La décision du tribunal suspend non seulement les travaux sur CDG Express mais aussi les travaux sur le RER B (dont la reprise du pont de Soissons à Saint-Denis, indispensable non seulement à CDG Express mais aussi aux RER B). Maintenant l’affaire va aller devant la Cour d’Appel. J’ai écrit à la Cour d’Appel pour expliquer qu’il y a un intérêt primordial à régénérer le RER B avec les 500 millions. Si les travaux sont stoppés, il y aura un vrai retard. Tout le monde n’a pas bien vu les conséquences de cet arrêt qui ne concerne pas seulement les accès de l’aéroport mais aussi les 900 000 voyageurs du RER B Nord.

Quelle est votre réaction sur l’accord sur la gare du Nord entre Paris et la SNCF? 

V. P. : Je suis extrêmement satisfaite et soulagée de la fin du blocage pour cette gare qui est en quelque sorte la porte de Paris. Le chantier va enfin pouvoir démarrer, sans sacrifier aux conditions de voyage ni aux ambitions du projet de modernisation de la gare. La région a toujours soutenu ce projet. Je ne pense pas que les commerces du quartier seront lésés.

Je suis satisfaite car on va doubler les escalators et les ascenseurs, ce qui va apporter une plus grande accessibilité à la gare. Et les voyageurs du quotidien ne perdront plus de temps dans leurs acheminements pour prendre leurs trains. Nous resterons vigilants sur ces questions.

Mais au départ, le projet était auto-financé. S’il y a moins de commerces, il y aura moins de recettes pour financer le projet…

Allez-vous poursuivre votre politique en faveur du vélo ? 

V. P. : La pandémie, mais aussi avant les grèves à la SNCF et à la RATP, ainsi que l’arrivée du vélo électrique, ont permis de faire bondir l’utilisation du vélo. On recensait 650 000 trajets en vélo chaque jour en Ile-de-France il y a dix ans. Nous en attendons 2 millions en 2021.

L’utilisation accrue s’observe aussi en grande couronne où on ne pensait pas que cela arriverait. Plusieurs actions y ont contribué : les aides à l’achat d’un vélo électrique et le lancement des Véligo qui sont aujourd’hui au nombre de 20 000 et qui facilitent le passage à l’achat d’un vélo personnel. Je rappelle que les Véligo ont représenté le plus gros marché public européen passé pour des vélos électriques en location longue durée. En novembre, on avait versé 66 000 primes à l’achat d’un vélo électrique d’un montant de 500 euros. On en avait budgété 30 000. On va maintenir cette prime car on arrive à déclencher l’acte d’achat avec cette prime.

Pour qu’une politique vélo fonctionne, il faut pouvoir circuler en toute sécurité et disposer de parkings sécurisés. On travaille sur tous ces sujets. Avant la crise, le plan vélo était doté de 200 millions d’euros. Nous sommes en train de doper ce plan. La région veut aider les collectivités à financer leurs politiques en faveur de la bicyclette, comme c’est le cas du Val d’Oise qui travaille sur ses départementales. La région concentre ses efforts pour supprimer les discontinuités dans les cheminements : la subvention est passée de 2 millions à 6 millions d’euros pour supprimer les points bloquants.

Notre volontarisme a rencontré celui du collectif Vélo Ile-de-France qui nous a proposé le RER V. C’est-à-dire 9 lignes pour les vélos qui reprennent les trajets des grandes pénétrantes dans Paris. La région a pris le leadership pour la coordination du projet. Nous prévoyons aussi d’implanter un parking vélo dans chaque gare d’Ile-de-France, avec 140 000 places d’ici 2030. Et j’ai proposé 70 000 places sécurisées le long du tramway parisien.

Selon vous, quel modèle économique faut-il mettre en place pour les transports publics malmenés par la crise? 

V. P. : Je suis peut-être déraisonnablement optimiste mais je crois à une vraie tendance de fond à la hausse pour les transports du quotidien. Je vous livre une anecdote : le patron de Vinci Autoroutes m’a raconté avoir constaté une baisse du trafic sur l’autoroute A86 juste après l’arrivée des nouveaux trains Franciliens sur la ligne L. Donc quand la qualité des transports publics s’améliore, on préfère les utiliser.

Je ne pense pas non plus que le transport aérien est mort. Les vols longs courriers vont continuer à augmenter. La Chine, gravement affectée par la crise du Covid, enregistre aujourd’hui un trafic aérien en hausse.

Je ne crois donc pas à une baisse à venir de la mobilité. C’est pourquoi je me mobilise sur la décarbonation des transports. Les véhicules électriques sont trop chers pour les particuliers. La région a donc décidé d’octroyer une prime de 2500 euros à tous ceux qui optent pour le rétrofit transformant une voitures thermique en véhicule électrique. Nous pensons qu’il va y avoir un changement des règles du jeu et nous souhaitons créer une filière industrielle autour de cette technique. C’est toute l’ambition de la reconversion du site de Renault à Flins qui a pour objectif de faire rouler des véhicules 1 million de km en les rétrofitant régulièrement. C’est une lutte contre l’obsolescence des voitures. Si un grand industriel comme Renault croit au rétrofit, c’est une bonne nouvelle. La région pourrait être pionnière en matière de recyclage industriel. Pour moi, c’est un très beau projet.

En parallèle, nous subventionnons aussi l’installation de bornes de recharge électrique sur notre territoire, avec l’objectif d’en tripler le nombre : Il y a 4000 bornes aujourd’hui, nous en aurons 12 000 d’ici à 2023.

Marie-Hélène Poingt 

 

 

Ewa

Ile-de-France Mobilités cesse de payer la SNCF et la RATP

Valérie-Pecresse

Valérie Pécresse a fait monter d’un cran la pression dans son bras de fer engagé avec l’Etat en mettant à exécution sa menace d’arrêter de payer la SNCF et la RATP. La décision a été prise à l’unanimité, toutes couleurs politiques confondues, au cours d’un conseil d’administration du 8 juillet, a souligné la présidente d’Ile-de-France Mobilités, également présidente de la région. But de la manœuvre : obtenir de l’Etat une compensation financière lui permettant de faire face aux pertes subies par les transports publics avec la crise sanitaire et évaluées à 2,6 milliards d’euros sur l’année 2020.

La mesure s’applique de façon provisoire « pour le mois de juillet et jusqu’à ce que le budget 2020 d’IDFM soit de nouveau équilibré », a précisé Valérie Pécresse, en expliquant qu’elle faisait valoir la clause d’imprévisibilité contenue dans les contrats signés avec la SNCF et la RATP. Ce sont environ 400 millions d’euros qui ne seront pas versés ce mois-ci à la SNCF (200 millions d’euros) et à la RATP (200 autres millions) pour rétribuer leurs prestations. En revanche, les transporteurs du réseau Optile ainsi que du réseau PAM et ceux qui exploitent les services de transport scolaire continueront à être payés sinon, a expliqué la présidente, leur trésorerie ne leur permettrait pas de survivre.

L’Etat propose 425 millions d’euros

Malgré cette décision, les trains, métros, bus et tramways ne vont pas s’arrêter de rouler. La RATP explique avoir fait des efforts de sécurisation de la trésorerie avec des financements levés dès mars qui vont lui permettre de tenir. Elle anticipe un impact global sur le chiffre d’affaires de 380 millions d’euros à l’échelle du groupe si le partage des risques tel qu’il est prévu dans le contrat s’applique. De son côté la SNCF adopte un ton plus revendicatif en rappelant qu’elle a réalisé l’offre de transport commandée par IDFM et qu’elle « mettra tout en oeuvre pour obtenir rapidement le règlement des sommes dues« .  

« Ile-de-France a été exemplaire et a payé 100 % des services de transport pendant les mois de confinement (en mai et juin), malgré un niveau de service limité à 30 %, les restrictions de voyageurs, les portillons ouverts, l’impossibilité de payer ses billets à bord des bus et la distanciation physique imposée par le gouvernement (mesure qui n’a été mise en place nulle part ailleurs) », se justifie Valérie Pécresse. « Nous avons ainsi évité à la SNCF et à la RATP d’arrêter leur service et de mettre leur personnel en chômage partiel dont le coût aurait pesé sur l’Etat ». Le coût versé pour le service non réalisé est évalué à 600 millions d’euros.

Pour le moment, l’Etat n’a proposé que 425 millions d’euros alors que les pertes estimées à 2,6 milliards n’ont pas été remises en question par l’expertise mandatée par l’Etat, affirme encore l’élue francilienne (Libres ! ex LR). 425 millions, cela représente à peine 16 % du montant des recettes perdues, estime IDFM, qui s’attend encore à des pertes d’1,5 milliards d’euros en 2021, puis à 500 millions d’euros en 2022.

Valérie Pécresse en appelle à Jean Castex

Si une taxe Covid devait être appliquée, elle se chiffrerait à 20 euros supplémentaires chaque mois sur le prix du pass Navigo. Selon la patronne de l’Ile-de-France, « il est hors de question que ce soient les voyageurs qui paient la crise du Covid alors que partout ailleurs, c’est l’Etat qui a payé les pertes supportées par les transports publics et lancé des plans de soutien massifs de plusieurs milliards d’euros, que ce soit en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède, aux Etats-Unis… ». Et de rappeler que d’autres secteurs, à commencer par l’aéronautique et l’automobile, ont déjà reçu un appui conséquent de l’Etat. « Comment expliquer que les transports publics, premiers transports écologiques et populaires, soient laissés de côté ? », s’interroge-t-elle en insistant sur l’importance stratégique du secteur, indispensable à la bonne marche de l’économie de l’Ile-de-France et, au-delà, du pays.

Valérie Pécresse, qui a déjà pris contact avec Jean Castex sur le sujet, agite une autre menace : IDFM a passé plus de 10 milliards d’euros de commandes auprès d’Alstom, Bombardier et CAF… Si la situation reste bloquée, ces investissements seraient remis en cause. « Il y aurait des conséquences dans toute la France. Des dizaines voire des centaines de milliers d’emplois sont concernés ».

Marie-Hélène Poingt

 

Ewa

Pourquoi Valérie Pécresse veut accélérer l’ouverture à la concurrence dans les transports

Valerie Pecresse, en juillet 2017, au siège de la région Ile de France à Paris.
© Lewis JOLY 
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Affirmant vouloir tirer les leçons de la grève, Valérie Pécresse a décidé d’accélérer l’ouverture à la concurrence dans les transports franciliens. Ile-de-France Mobilités a officialisé sa décision le 5 février lors de son conseil d’administration. « L’Ile-de-France a été particulièrement touchée pendant les grèves. Parmi les enseignements que je tire de cet épisode douloureux pour de nombreux Franciliens, l’accélération de la mise en concurrence est prioritaire pour baisser les coûts et augmenter la qualité de service. Mon objectif est de redynamiser l’ensemble du service public de la mobilité en faisant d’Ile-de-France Mobilités le coordinateur des transports de la Région. Nous préparons ce chantier dès aujourd’hui », a expliqué Valérie Pécresse, la présidente d’Ile-de-France Mobilités, également présidente de la région.

Les premières lignes SNCF ouvertes à partir de 2023

Se basant sur le calendrier législatif qui prévoit à partir du 1er janvier 2023 la possibilité d’ouvrir à la concurrence huit lignes ferroviaires actuellement exploitées par SNCF Transilien, l’autorité organisatrice des transports franciliens indique qu’elle lancera un appel à manifestation d’intérêt dès 2021. Auparavant, elle aura mené tout un travail, notamment avec la SNCF, pour élaborer le futur cahier des charges (personnels, matériels…) et définir les premiers lots de lignes à ouvrir à la compétition « avec l’échéancier pour les premières années (2023-2025) ».

Sont plus particulièrement visées les lignes J (qui dessert l’ouest de l’Ile-de-France, allant de Saint-Lazare à Ermont-Eaubonne, Gisors, Mantes-la-Jolie et Vernon-Giverny), P (qui relie l’est de la région, allant de la gare de l’Est à Château-Thierry et la Ferté-Milon via Meaux, ainsi qu’à Provins et Coulommiers) et R (desservant le sud-est régional, reliant la gare de Lyon à Montereau et Montargis). Des liaisons sur lesquelles « on a besoin d’amélioration des services », explique Valérie Pécresse dans une interview au Parisien du 5 février.

A la fin de 2021, IDFM estime que la procédure d’appel d’offres concernant les lignes mises en concurrence pourrait être lancée et le choix du futur exploitant décidé un an plus tard. Le nouveau contrat pourrait alors être effectif fin 2023.

 

Une demande de révision du calendrier pour les RER, les tramways et les métros

En revanche, la région n’est pas satisfaite du calendrier mis en place pour les RER et les métros. Pour le RER, il diffère selon les lignes : la concurrence sera autorisée à partir de 2025 pour le RER E, entre 2033 et 2039 pour les RER C et D et à partir du 1er janvier 2040 pour les RER A et B. Pour le métro l’ouverture à la concurrence est fixée en 2039, alors que « les autres régions peuvent, elles, mettre en concurrence toutes les lignes de trains de leurs territoires à partir de 2023 », souligne IDFM.

Valérie Pécresse, qui juge ce calendrier « trop tardif », souhaite « avancer le processus de dix ans », indique-t-elle encore au Parisien. L’autorité organisatrice veut saisir le gouvernement d’une demande de modification de la loi pour accélérer l’ouverture à la concurrence des RER, tramways et métros avant 2030. Rappelant qu’elle veut aussi « lancer l’ouverture à la concurrence des bus RATP pour être prête fin 2024 », la présidente d’IDFM affirme que « l’objectif, c’est que tout le réseau puisse être ouvert à la concurrence à l’horizon 2030 ».

 

Satisfaction chez la concurrence

Cette volonté d’accélérer satisfait les opérateurs concurrents, à commencer par Transdev. « Grand Est, Sud, les Hauts-de-France, l’Etat avec les Intercités et maintenant l’Ile-de-France, on voit bien que la dynamique est enclenchée. Nous ne pouvons que nous en féliciter », se réjouit un cadre de Transdev.

En revanche, la réaction de la Fnaut Ile-de-France est plus mesurée. « Ce n’est pas la priorité pour nous. Nous pensons que cela va être compliqué d’un point de vue technique et administratif. Nous préconisons de commencer par une expérimentation car les réseaux sont très imbriqués. Comment seront gérés les sillons et les conflits entre opérateurs ? Nous ne voudrions pas que le système se rigidifie », commente-t-on à la Fnaut. Avant d’ajouter : « toutefois pour les RER A et B, tout confier à un seul opérateur pourrait avoir un intérêt… ». Selon certains commentateurs, cette déclaration de Valérie Pécresse pourrait aussi servir à faire pression sur la SNCF avec qui elle est en négociation pour élaborer le prochain contrat d’exploitation des trains franciliens. Des négociations qui tardent à aboutir…

 

Indignation à gauche

Ces annonces ont suscité également une vive opposition du parti communiste qui a dénoncé un « choix catastrophique pour les transports franciliens et avant tout pour les usagers ». « Valérie Pécresse veut être la Thatcher des transports en Île-de-France. On le voit au Royaume-Uni, où la concurrence généralisée ne marche pas », a réagi Jacques Baudrier, conseiller communiste de Paris et administrateur.

M.-H. P.