Les préconisations de Franck Leroy pour financer les mobilités

Franck Leroy était l’invité du Club VRT le 2 juillet. Le président de l’AfitF a fait part de ses préconisations alors que l’on attendait les conclusions de la conférence sur le financement des transports. Sous sa casquette de président de Grand Est, il a évoqué la politique novatrice mise en place dans sa région, tant en matière de financement que d’ouverture à la concurrence.
Un modèle à inventer
La France paie aujourd’hui le prix de ses choix passés en matière de politique des transports, a rappelé Franck Leroy en guise d’introduction lors du Club VRT organisé le 2 juillet. Les infrastructures ferroviaires portent ainsi les stigmates du « tout TGV », une politique menée pendant 40 ans, au cours desquels la France a concentré ses investissements sur les lignes à grande vitesse.
Un choix à double tranchant : « si les réseaux de LGV font partie des plus performants au monde, les transports du quotidien sont les parents pauvres de cette politique », a rappelé le président de l’Agence de financement des infrastructures de France (AfitF). En pointant le vieillissement et les ralentissements (quand ce ne sont pas des fermetures) sur les lignes locales.
De même, le réseau routier français, autrefois fleuron européen, est victime d’un sous-investissement chronique, regrette Franck Leroy. Ce réseau a dégringolé au 18ᵉ rang mondial, selon un rapport du Forum économique mondial.
Dans un contexte où la ressource publique se fait rare, il faut redresser la barre.
Pour Franck Leroy, des pistes de financement existent pour améliorer les mobilités sans alourdir la fiscalité des ménages. « Il faut créer de nouvelles recettes ou réorienter certaines ressources déjà existantes », souligne le patron de l’Afitf.
La fin des concessions autoroutières, programmée entre la fin 2031 et 2036, donne la possibilité à l’État de reprendre la main afin de réorienter les recettes des sociétés d’autoroutes vers le financement des infrastructures routières et ferroviaires, tout en maintenant le niveau des péages actuels.
« Une telle décision doit s’anticiper et se prendre dès 2028 », insiste celui qui est aussi le président de la région Grand Est. Il évalue la manne à plusieurs milliards d’euros annuels sans impact sur les usagers.
Autre possibilité : le recours aux quotas carbone européens (ETS), en faisant contribuer les entreprises polluantes. À la clé, selon Franck Leroy, cinq milliards d’euros qui pourraient être fléchés sur les infrastructures de transport les plus décarbonées.
L’élu du Grand Est évoque aussi la création de fiscalités nouvelles, comme celles accordées à l’Île-de-France avec la loi de finances 2024, qui a institué une taxe additionnelle à la taxe de séjour, au profit d’Île-de-France Mobilités. Ou bien l’instauration d’une taxe sur la plus-value immobilière générée par les investissements dans les transports.
Il cite l’exemple de Strasbourg où, depuis la mise en place du Reme (nom de son RER métropolitain), des communes du Bas-Rhin bénéficient désormais de quatre trains quotidiens vers Strasbourg et voient la valeur des biens immobiliers s’envoler. « Cela ne serait pas choquant qu’une telle taxe finance des transports collectifs », plaide l’élu, défendant une forme de retour sur investissement collectif.
Le président de région table aussi sur la concurrence pour faire baisser les coûts du transport ferroviaire avec l’arrivée de nouveaux acteurs, à l’instar de ce qui s’est passé dans le secteur de la téléphonie. La région Grand Est en a fait l’expérience en confiant l’exploitation de la ligne Nancy-Contrexéville à Transdev, en groupement avec NGE et la Caisse des dépôts. Elle estime à 30 % les économies réalisées par rapport à ce que lui aurait demandé SNCF Réseau pour rénover cette ligne qu’elle souhaite relancer.
« L’ouverture à une saine concurrence impose aux gestionnaires d’être très compétitifs », commente Franck Leroy.
Sauver le soldat AfitF
Alors que le gouvernement cherche à faire des économies tous azimuts malgré les immenses besoins, des parlementaires mal avisés et « mal informés » ont eu la mauvaise idée de proposer de supprimer l’Afitf.
« Nous avons eu la désagréable surprise d’apprendre, le jour des 20 ans de l’Afitf, qu’un amendement visant à la supprimer avait été adopté dans le cadre du projet de loi de simplification de la vie
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Publié le 12/05/2025 - Valérie Chrzavzez