Je me connecte

E-mail*
Mot de passe*

> Mot de passe oublié?

Je m'inscris

*Champs obligatoires

Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent.
1. Mon Compte
2. Mes activités
3. Mes Newsletters

Vous devez lire et accepter nos conditions générales de vente et d’utilisation *

* Mentions obligatoires

Je souhaite recevoir la newsletter :

Je m'enregistre

Mot de passe oublié ?

Ewa

UIC HighSpeed 2023 à Marrakech : les nouveaux horizons de la grande vitesse

italie tgv

Reprogrammée en mars 2023 et relocalisée à Marrakech, la onzième édition du congrès UIC HighSpeed s’est ouvert le 7 mars. Jusqu’au 10 mars, elle permettra de faire le point sur le développement de la grande vitesse ferroviaire dans le monde, qui a connu un fort coup d’accélérateur dans le secteur « Afrique du Nord – Moyen-Orient » depuis la précédente édition, à Ankara en 2018.

Si une certaine pandémie n’avait pas bouleversé le cours des événements depuis trois ans, la onzième édition du congrès UIC HighSpeed se serait tenue à l’été 2020 à Pékin. Un choix tout à fait justifié à l’époque, alors que le réseau ferré chinois s’était enrichi ex nihilo de 40 000 km de lignes à grande vitesse en à peine 12 ans.

Mais après un premier report à l’été 2022, le congrès a été relocalisé au Maroc, dont le réseau ferré est un pionnier de la grande vitesse sur rail en Afrique. Avec le recul, ce choix se révèle judicieux du point de vue géographique : ces derniers mois ont vu les contrats succéder aux protocoles d’accord en Égypte, autre pays du nord de l’Afrique, alors que de l’autre côté de la mer Rouge, réalisations et projets fleurissent sur la péninsule arabique… en attendant des lignes nouvelles au nord du golfe Persique.

Question chiffres, une barre symbolique a été franchie, avec un cumul qui a dépassé en 2020 les 50 000 km de lignes à grande vitesse dans le monde, les 60 000 km étant atteints à la fin  2022. Et si, sur ce total, de l’ordre des trois quarts se situent désormais en Asie, avec le spectaculaire développement du réseau chinois, et de l’ordre d’un quart se situe en Europe, le reste du monde représente pour l’instant à peine 1 700 km de lignes (auxquelles on ajoute, dans les statistiques, les 735 km du corridor nord-est aux Etats-Unis).

Pour ce qui est des kilomètres de lignes en construction, le grand moteur reste la Chine, à domicile ou désormais chez ses voisins (en commençant par le Laos). Désormais, du nouveau est à attendre ailleurs, avec les chantiers en Californie, les contrats en Égypte ou en Indonésie. Et au Moyen Orient, Etihad Rail (Émirats arabes unis) et Oman Rail (Oman) ont été admis comme nouveaux membres par l’UIC. Mais les réalisations concrètes sont très inégalement réparties à travers le monde, comme nous montre un petit tour du monde de la grande vitesse ferroviaire.

Horizons bouchés en Amérique du Sud

Si certains projets progressent, d’autres sont à l’arrêt… voire abandonnés. Ceci est particulièrement le cas en Amérique du Sud, région pourtant jugée très prometteuse il y a une bonne quinzaine d’années. Au Brésil, alors que les besoins de déplacement sont criants entre São Paulo et Rio, villes idéalement distantes de 450 km, le projet de ligne à grande vitesse Rio de Janeiro – São Paulo – Campinas (511 km) reste évoqué, mais « à long terme ».

Et dans les pays voisins, parmi lesquels l’Uruguay est le seul dont les chemins de fer soient à écartement standard, la situation n’est pas plus brillante. L’Argentine est vaste… mais peu peuplée une fois que l’on quitte les envions de Buenos Aires et les projets des années 2000 semblent totalement abandonnés, contrairement au Chili, où un projet de ligne à 220 km/h entre Santiago et Valparaiso pourrait être réalisé à long terme : la distance n’est que de 127 km, mais le relief pose d’importants problèmes…

Prudence en Amérique du Nord

Il y a un quart de siècle, l’Amérique du Nord était « the place to be » pour les bureaux d’études qui commençaient à cumuler les retours d’expériences du Japon ou d’Europe. À plusieurs occasions, une carte des grands corridors des États-Unis ou du Canada qui mériteraient des relations à grande vitesse a été présentée au public, alors que plusieurs projets avaient été lancés au milieu des années 1990, portant aussi bien sur des lignes nouvelles (Texas, Floride) que sur des commandes de nouveaux trains pendulaires. Concrètement, le seul résultat de cette première vague de projets a été la mise en service fin 2000 des trains Acela par Amtrak, sur la ligne classique (corridor nord-est) entre Washington, Philadelphie, New York et Boston.

Ces deux dernières décennies ont vu les très lents progrès du projet de ligne à grande vitesse californienne, en dépit des obstacles dressés tant par le président Trump (financement) que par Elon Musk (« projet » concurrent Hyperloop). Si les travaux de construction ont démarré sur le tronçon central de la ligne, le moins intéressant commercialement, son ouverture de bout en bout devrait prendre des décennies 

Sur la côte atlantique, Amtrak avait commandé, à la fin de la présidence Obama, une nouvelle génération de trains Acela à Alstom. Ces trains articulés et pendulaires, dont les motrices sont très similaires à celles du TGV M, devraient accueillir leurs premiers voyageurs cet automne.

C’est entre Houston et Dallas, au Texas que pourrait ouvrir la première ligne à grande vitesse des Etats-Unis (385 km), avec le projet Texas Central Railway, qui semble toutefois se heurter à des obstacles fonciers… et de management.

Un autre projet réaliste (mais pas à grande vitesse car à 130 km/h sur ligne classique et 200 km/h maximum sur ligne nouvelle) a commencé à devenir réalité en Floride, avec la mise en service par la société privée Brightline de la relation sur ligne classique de Miami à West Palm Beach en 2018, alors que l’ouverture de la ligne nouvelle vers Orlando est attendue pour cette année.

Et au Canada, le modèle de train – à traction diesel – livré par Siemens à Brightline en Floride a également été commandé par Via Canada pour renouveler complètement son parc de matériel roulant sur le grand axe entre Québec, Montréal, Toronto et Windsor. Un axe où une ligne à grande vitesse n’est pas à exclure à long terme, voire très long terme, tout comme entre Edmonton et Calgary ou Vancouver, Seattle et Portland… ce qui nous ramène aux Etats-Unis, où les projets ne manquent pas autour de Chicago ou en Californie.

Multiplicité des modèles européens

Les ouvertures de lignes nouvelles semblent marquer le pas sur le Vieux continent, même si elles se sont poursuivies en Espagne ou en Allemagne en 2022, alors que les projets d’intérêt national ou européen ne manquent pas. Et côté exploitation, l’Italie, l’Espagne et la France découvrent la concurrence sur rail à grande vitesse.

Par « grande vitesse ferroviaire », plusieurs modèles de développement se côtoient à travers l’Europe. Malgré la compatibilité entre son réseau ferré classique et ses lignes à grande vitesse, la France semble continuer de développer ces derniers de façon très indépendante du premier, surtout pour ce qui est des gares en périphérie (même si certaines, comme à Reims, Valence ou Avignon, sont aussi desservies en TER). Ce type de développement se retrouve, plus logiquement, en Espagne et en Grande-Bretagne, du fait de certaines incompatibilités entre réseaux ferrés classique et à grande vitesse (écartement entre rails en Espagne, gabarit des caisses, voire électrification en Grande-Bretagne). A l’autre extrémité du spectre, l’Allemagne (ainsi que nombre de voisins, telle la Belgique) ouvre des bouts de quelques dizaines de kilomètres de lignes nouvelles, entre des villes où des arrêts fréquents sont marqués, complétés par des lignes classiques « améliorées ». Ce type de développement est effectivement plus intéressant pour des pays où les villes importantes sont rarement distantes de plus de 100 km, mais il se fait au prix de vitesses moyennes largement moins élevées que dans le modèle français. Quant à l’Italie, avec de longues direttissime mais des gares en centre-ville, elle combine le meilleur des deux écoles.

Toujours est-il que l’Europe s’est donné un objectif de doubler le trafic à grande vitesse de 2022 à 2030 et de le tripler pour 2050. Si cet objectif est sans doute impossible à atteindre, le potentiel à exploiter reste considérable, que ce soit grâce à une meilleure utilisation des infrastructures existantes, d’une part, ou par la création de lignes nouvelles, d’autre part, en particulier dans l’est et le nord du continent. Comment mieux utiliser les lignes existantes ? Lorsque ces lignes sont saturées, la mise en œuvre d’une signalisation ETCS, avant même une uniformisation à l’échelle européenne, à terme, devrait immédiatement permettre de faire passer quelques trains de plus par heure (16 entre Paris et Lyon après équipement, au lieu de 13 actuellement, par exemple).

Mais toutes les lignes à grande vitesse ne sont pas saturées. Jusqu’à tout récemment, c’était particulièrement le cas en Espagne, premier réseau à grande vitesse d’Europe et deuxième du monde avec quelque 4 000 km de lignes, mais qui assurait seulement le septième trafic mondial, largement derrière la France, l’Italie et l’Allemagne. Auparavant, c’était aussi le cas en Italie, avant que l’arrivée d’un deuxième acteur, NTV, fasse faire un bond de 50 % du trafic à grande vitesse à l’échelle du pays (voire plus entre Rome et Milan, où le train a quasiment tué l’avion… et par ricochet la compagnie aérienne Alitalia) par rapport au temps où l’offre se limitait aux seuls trains de l’opérateur historique Trenitalia.

Inconnue sur les autres continents, la concurrence sur les mêmes rails s’est en effet fortement développée ces dernières années en Europe dans le domaine de la grande vitesse ferroviaire, en commençant par l’Italie, où l’offre est non seulement devenue plus abondante, mais où les tarifs sont plus abordables, alors que le service a été amélioré par l’opérateur historique Trenitalia… qui est depuis parti à la conquête des marchés français (en se limitant, pour commencer, à la relation Paris – Lyon – Turin – Milan) et espagnol (dans ce dernier cas en coopération avec la compagnie aérienne Air Nostrum, sous l’appellation Iryo).

En Espagne, c’est un modèle original – encadré – de mise en concurrence qui a été appliqué, avec, comme autre concurrent de l’opérateur historique Renfe, un opérateur à bas coût : Ouigo. Ce dernier a attaqué avec des tarifs très bas sur les relations les plus demandées, popularisant ainsi la grande vitesse ferroviaire dans un pays où la Renfe en avait fait un produit de luxe (à réseau équivalent, le trafic à grande vitesse de la Renfe était d’un tiers du trafic français avant 2020).

Outre l’avion entre Madrid et Barcelone, qui restait une des principales relations aériennes européennes malgé l’offre de la Renfe, la concurrence a fait une autre victime en Espagne : la politique élitiste de l’opérateur historique.

Des lacunes à l’ouest, des vides à l’est et au nord

Reste que le réseau européen de lignes à grandes vitesse – de fait, il faudrait plutôt parler des réseaux nationaux – présente encore de nombreuses lacunes à l’ouest… et des vides à l’est et au nord. En Europe de l’Est, ce qui se rapproche le plus d’une ligne à grande vitesse est la magistrale centrale (CMK) en Pologne, en cours de modernisation et de passage à 200 km/h (voire 240 km/h à terme), entre la sortie sud-ouest de Varsovie et les bassins de Katowice et Cracovie. A cette ligne ouverte il y a bientôt un demi-siècle pourrait s’en ajouter une autre vers l’ouest… Ceci alors qu’en République tchèque, cinq lignes nouvelles en projet autour de Prague raccourciraient les temps de parcours intérieurs… et entre les pays voisins. 

Et plus au sud, la Chine contribue à la modernisation de l’axe Budapest – Belgrade en commençant par un tronçon de 75 km en Serbie, au sud de Novi Sad. Plus au nord, l’actualité encourage les pays baltes à faire progresser le projet Rail Baltica (670 km) de ligne nouvelle à voie normale vers la Pologne.

Côté réalisations, le Danemark a bien inauguré en 2019 une ligne nouvelle de 56 km au sud de Copenhague… mais sans trains à grande vitesse pour l’instant. En Suède et en Finlande, l’amélioration du réseau classique a été remarquable depuis les années 1990, alors que plusieurs tronçons potentiellement à 250 km/h ont été ouverts en Suède. Mais le grand pas, qui permettrait de relier en deux ou trois heures les trois premières villes du pays (Stockholm, Göteborg et Malmö) au moyen de lignes nouvelles, est toujours aussi dur à franchir après trente ans de réflexions, alors que la concurrence routière et aérienne bénéficie plus facilement de moyens et garde ses parts de marché quand les trains mettent trois à quatre heures… Or si le train concurrence bien l’avion jusqu’à trois heures et demie de parcours, les parts de marché de ces deux modes sont à égalité à quatre heures.

En Grande-Bretagne, un projet sans cesse repoussé au cours des décennies est désormais en chantier : la ligne nouvelle HS2 (High Speed 2) entre Londres et Birmingham (225 km) dans un premier temps, voire vers le nord-ouest et le nord de l’Angleterre (341 km). Et ce, malgré de réels obstacles qui ne sont pas tous d’ordre géologique : lorsqu’il ne traverse pas des secteurs fortement urbanisés, le tracé risque de perturber des secteurs à haute valeur écologique. Cela explique que le prix de construction au kilomètre soit de 20 à 30 fois plus élevé dans le cœur de l’Angleterre que dans la campagne française…

Entre Europe et Asie

A cheval entre Europe et Asie, la Russie et la Turquie ont développé leurs trains à grande vitesse de manière différente. Malgré des distances a priori immenses, la Russie présente des relations potentiellement intéressantes de quelques centaines de kilomètres, à commencer par Moscou – Saint-Pétersbourg (650 km), dont la ligne classique, au tracé essentiellement rectiligne a été retravaillée en rendant les passages à niveau infranchissables par les automobilistes pour être parcourue à 250 km/h par des rames Sapsan techniquement proches des ICE 3 allemands. Une vraie ligne nouvelle Moscou – Saint-Pétersbourg est prévue, de même qu’entre Moscou et Nijni-Novgorod (421 km), voire Ekaterinbourg… premier pas vers la Sibérie et l’orient ?

En Turquie, c’est dans les régions entre Istanbul et Ankara que s’est développé un réseau à grande vitesse qui dépasse aujourd’hui les 1 000 km de lignes, alors que plus de 1 500 km sont en construction des deux côtés du Bosphore. A plus long terme, 2 000 km de lignes en projet feraient de la Turquie un maillon de l’itinéraire sud des routes de la soie…

Du Maroc au Moyen-Orient

De la Turquie, où s’est déroulée la précédente édition du congrès UIC HighSpeed, passons au Maroc, qui accueille celle de 2023. Entre ces deux éditions, le Maroc est devenu, fin 2018, le seul pays d’Afrique à offrir une desserte par trains à grande vitesse, avec l’ouverture de la ligne de 186 km entre Tanger et Kenitra, d’où les trains Al Boraq peuvent poursuivre vers Rabat et Casablanca par le réseau classique… en attendant une ligne nouvelle de 400 km avant la fin de la décennie, prolongée vers Marrakech. A plus long terme, une ligne de 240 km vers Agadir est envisagée, alors qu’au nord, les études pour un tunnel sous le détroit de Gibraltar a été relancé.

En Égypte, si les contrats signés en 2022 entre les autorités chargées de transports et Siemens se matérialisent, un réseau de quelque
2 000 km de lignes nouvelles devrait relier les principales villes du delta du Nil, remontant la vallée du fleuve jusqu’à Abou Simbel, et connectant les mers Méditerranée et Rouge.

Au nord de cette dernière, des projets séparés se sont concrétisés ces dernières années en Arabie saoudite. En 2018, côté mer Rouge, la ligne Haramain, autorisée à 300 km/h, a été ouverte entre Médine et La Mecque par Djedda (453 km), deux ans après le lancement des trains à 180 km/h sur la ligne de Riadh à Dammam (449 km), préalablement modernisée. Ligne « nouvelle » ou « modernisée » ne signifie donc pas automatiquement « à grande vitesse », même lorsque les distances sont élevées, ce qui est particulièrement le cas pour la ligne nord-sud, destinée en premier lieu au fret, et au projet de « pont terrestre » entre mer Rouge et golfe Persique.

Non loin de ce dernier, au nord de la péninsule, Etihad Rail compte ouvrir quelque 1 200 km de lignes d’ici deux ans aux trains de voyageurs entre les principaux pôles des Émirats arabes unis. Ces trains seront les plus rapides en traction diesel du monde à 200 km/h, ex-aequo avec certaines relations en Grande-Bretagne et la future desserte Brightline vers Orlando, en Floride. Toujours au bord du golfe, Bahreïn et le Qatar envisagent de lancer une ligne à 350 km/h de Manama à Doha (180 km).

Au nord du golfe Persique, l’Iran mériterait des trains à grande vitesse, du fait des distances entre ses villes principales, le réseau routier étant insuffisant et le réseau ferré classique lacunaire, obligeant souvent les candidats au voyage à prendre l’avion… Une première ligne à 250 km/h est attendue pour les prochaines années entre Téhéran et Ispahan, via Qom (410 km), avant une ligne de Téhéran à Machhad (926 km, mais limitée à 200 km/h) et de Qom à Arak (117 km à 250 km/h maximum). D’autres relations sont à l’étude.

Quadrillage chinois et ambitions régionales

En Chine, le développement du réseau à grande vitesse donne le vertige, avec 43 000 km de lignes ouvertes en moins de 15 ans, suivant un quadrillage du territoire. Après l’achèvement du premier plan vers 2015, le temps est venu de réaliser le deuxième plan, qui revient à doubler huit lignes nord-sud et quatre lignes est-ouest. Un tel doublement est en cours au nord de Kunming, dans le sud du pays, alors que plus au sud, une ligne nouvelle de 406 km a été ouverte vers Vientiane, au Laos, fin 2021. Plus tout à fait de la grande vitesse, avec 160 km/h, mais cette ligne est un premier pas vers une liaison entre la Chine et Singapour via Bangkok et Kuala Lumpur, qui se terminerait en suivant plus ou moins le tracé d’une ligne à grande vitesse dont le projet semble bien abandonné par les acteurs locaux après avoir fait beaucoup parler de lui au cours des décennies précédentes… Sur cet itinéraire vers Singapour, la section de Bangkok à Nakhon Ratchasima (253 km), sur l’itinéraire vers Vientiane, est en construction en Thaïlande.

Japon, Corée du Sud et Taïwan

Dans ces trois pays, le réseau à grande vitesse avait déjà atteint une certaine maturité au cours de la décennie précédente, ce qui n’exclut pas de nouveaux projets. Pionnier de la grande vitesse ferroviaire depuis 1964, le Japon est sillonné par quelque 3 000 km de lignes quasi-indépendantes du réseau ferré classique, alors que près de 600 km sont en construction ou en projet pour compléter, voire boucler les lignes ouvertes au cours des six décennies précédentes.

En Corée du Sud, une des trois grandes lignes du réseau de 873 km constitué de 2004 à 2017 au départ de Séoul devrait être rallongée de 49 km jusqu’à Mokpo, au bord de la mer. Ici, lignes classiques et à grande vitesse sont connectées. Et à Taïwan,  des autorisations ont été données pour prolonger localement la ligne de 350 km ouverte en 2007, totalement séparée du réseau classique.

Au sud de l’Asie

Entre les projets et les réalisations, il y a la réalité. Et les projets n’ont pas manqué en Australie il y a un quart de siècle, mais depuis, dans ce vaste pays insulaire à faible population, les efforts se sont surtout concentrés sur la modernisation de l’existant. Toutefois, rien n’est exclu à très long terme entre les grands pôles urbains du sud-est (Melbourne, Canberra, Sydney et Brisbane).

En Inde, pays le plus peuplé du monde désormais, la priorité est donnée à l’électrification totale du vaste réseau ferré classique. Ici, une douzaine de corridors à grande vitesse sont à l’étude depuis une quinzaine d’années et les premiers travaux ont débuté ces derniers mois sur celui de Bombay (Mumbai) à Ahmedabad (508 km), dans l’ouest du pays, qui pourrait constituer une amorce de ligne vers Delhi. Ici le modèle japonais est appliqué…

Alors qu’en Indonésie, sur l’île de Java, c’est l’industrie chinoise qui a presque terminé la construction d’une ligne à 300 km/h est entre Djakarta et Bandoeng (142 km), l’objectif étant de prolonger de 570 km ce premier tronçon vers Surabaya.

Et après ?

Ces derniers exemples semblent infirmer l’idée que seuls les pays « riches » ont les moyens de réaliser des chemins de fer à grande vitesse, d’autant plus que la main-d’œuvre serait essentiellement payée avec des salaires locaux (a contrario, certains pays qui, eux, ne manquent pas de ressources, hésitent à franchir le pas, en particulier à cause des coûts élevés de la main-d’œuvre et du foncier).

En particulier, la Chine (mais elle n’est pas la seule) a intérêt à exporter son savoir-faire, il n’est pas impossible que des projets de lignes à grande vitesse soient proposés à travers l’Afrique, à l’instar des lignes nouvelles réalisées en Éthiopie et au Kenya.

Patrick Laval

Ewa

L’engagement (trop?) ambitieux de la SNCF d’obtenir 98,5 % de ponctualité dans les Hauts-de-France

Logos TER Hauts-de-France

Pour remporter l’exploitation du premier lot de lignes (l’Etoile d’Amiens) ouvert à la concurrence par les Hauts-de-France, la SNCF s’est notamment engagée à tenir un taux de ponctualité de 98,5 %. Soit un taux « extrêmement ambitieux  », nous ont affirmé les différents experts ferroviaires que nous avons interrogés. Selon eux, si on excepte le Japon (ainsi que les lignes de métro automatique en circuit fermé), aucun réseau ferroviaire au monde n’affiche une telle performance. De multiples causes peuvent venir perturber les circulations comme des intrusions sur les voies, des heurts avec des animaux sauvages ou avec des véhicules sur des passages à niveau, ou encore avec d’autres trains (fret, TGV… ) passent par les mêmes voies.

Tout dépend en fait des conditions qui encadreront cet engagement dans le futur contrat entre l’exploitant ferroviaire et la région. Ces précautions peuvent permettre de s’en affranchir plus ou moins.

Le mode de calcul retenu est primordial, souligne Luigi Stähli, directeur associé au sein du cabinet SMA. En France, on considère qu’un train est en retard s’il arrive 5 minutes après l’heure prévue (plus précisément 5,59 secondes, c’est-à-dire tant que les 6 minutes ne sont pas atteintes). La Suisse retient de son côté un seuil de 3 minutes au-delà duquel l’horaire est considéré dépassé.

Pour calculer la régularité, on peut prendre en compte la ponctualité par train ou par tranches horaires. Ou bien le moment de son arrivée à sa destination finale, ce qui permet de ne pas comptabiliser les retards lors d’arrêts intermédiaires et de tenter de rattraper le temps perdu en bout de course.

On peut aussi évaluer la régularité en se référant au nombre de voyageurs impactés, comme le demande Ile-de-France Mobilités, mais c’est plus pénalisant qu’une moyenne prenant en compte la régularité pendant les heures creuses et de pointe.

L’exploitant peut également se donner des marges de manœuvre via ses réservations de sillons auprès du gestionnaire d’infrastructure et dégrader son temps de parcours alors que son matériel lui permettrait d’aller plus vite. « On peut aussi prévoir des temps de correspondances plus longs », poursuit Luigi Stähli.

La SNCF, qui voulait certainement gagner coûte que coûte (on entend dire que le montant de son offre serait de 5 % inférieur à celui de son concurrent Transdev) devra donc relever un vrai challenge. En janvier 2023, le taux de ponctualité des trains dans les Hauts-de-France atteignait 90,3 % (mais il était de 86,8 % un mois auparavant). Pour l’économiste Yves Crozet, « la SNCF fonctionne en silo : certains services s’engagent sur des performances que d’autres services sont incapables de tenir ».

Un risque élevé financièrement en raison des sanctions prévues en cas de dysfonctionnements.

MH P

 

Ewa

Déjà 26 000 km de véloroutes réalisés, encore 5360 (les plus durs) à lancer

img 3333 scaled e1610964992108 1560x420 1
465 kilomètres supplémentaires de véloroutes sont programmés cette année au Schéma national des véloroutes (SNV). Ils formeront un total de plus de 26 000 km une fois réalisés (plan disponible ici :  https://www.velo-territoires.org/wp-content/uploads/2023/03/carte-SNV-2023_web.pdf).
Le Schéma national des véloroutes (SNV) est établi depuis quinze ans par l’Observatoire national des véloroutes, administré par Vélo & Territoires. Cette association qui réunit 188 adhérents, principalement des collectivités territoriales, a pour mission de développer le vélo dans tous les territoires.
Les propositions d’itinéraires sont étudiées par une instance dédiée, animée par Vélo & Territoires autour de l’État (Mission vélo et marche), d’agences et établissements de l’État (Cerema, Ademe, Voies navigables de France) et d’associations d’élus et d’usagers (Club des villes et territoires cyclables et marchables, Association française pour le développement des véloroutes et voies vertes). La procédure suit un cycle de trois ans depuis la consultation des territoires jusqu’à l’arrêté ministériel, qui acte leur intégration au SNV, alternant des phases d’instruction et des temps d’échange avec les porteurs de projets.
En 2022, le bilan avait été meilleur avec 510 km de véloroutes ouverts dont 370 km d’itinéraires nationaux et 140 km d’EuroVelo (véloroutes euroépennes). Toutefois, il était resté en deça de l’exceptionnelle année 2020 et ses 1 240 km réalisés, grâce aux inaugurations de fin de mandats et à l’accélération des aménagements en lien avec la crise sanitaire.
Désormais, il reste encore 5 360 km d’itinéraires nationaux à réaliser pour tenir le cap de la France à vélo 2030. Cela correspond à un cinquième du SNV actuel, et c’est « probablement le plus compliqué à réaliser d’ici 2030 », explique Vélo & Territoires dans son analyse, puisqu’il « concentre les projets de résorption de discontinuités cyclables nécessitant des acquisitions foncières et parfois la réalisation d’un ouvrage d’art. Pour tenir le cap, près de 700 km doivent être réalisés chaque année ».
Le financement semble prendre du retard. « En septembre dernier, on nous a annoncé un Plan Vélo à 250 millions d’euros pour 2023, mais concrètement, les dispositifs tardent à se mettre en place« , explique Chrystelle Beurrier, la présidente de Vélo & Territoires, dans un communiqué. «Ce que nous demandons, c’est que 2023 constitue l’année-plancher du Plan vélo et que le premier comité interministériel vélo, annoncé pour ce mois-ci, confirme que les montants de cette année 1 seront progressivement augmentés pour atteindre 2,5 milliards d’euros sur le quinquennat »
Yann Goubin

Ewa

Après l’acquisition de First Transit, Transdev devient un opérateur de premier plan en Amérique du Nord

Transdev North America wins contract for the Fairfax County (2019.26.04)

Transdev a annoncé le 7 mars avoir reçu les autorisations réglementaires nécessaires aux Etats-Unis et au Canada, pour finaliser le rachat de First Transit, l’un des plus grands opérateurs privés de mobilité en Amérique du Nord.

Cette transaction, annoncée à l’automne dernier, fait du groupe français « le premier opérateur de services de transport public aux États-Unis et au Canada« , annonce-t-il dans un communiqué, en précisant couvrir désormais « une variété complète de modes de transport, notamment les bus et cars, le transport PMR, les services de navettes, le ferroviaire, le tramway et la maintenance des flottes« .

Ewa

Les transports très fortement perturbés le 7 mars

grève sur le rer a e1675163006582

Un train sur cinq en moyenne sur les lignes TER, TGV (Inoui et Ouigo), ainsi que sur les  RER C et D, et les trains des lignes franciliennes J, L, N et R. Un train sur trois sur les RER B et A, et sur les trains de banlieue des lignes H, K et U. Un train sur dix sur les lignes E et P et aucun Intercités. Ce sont les prévisions de la SNCF pour le 7 mars, journée de mobilisation appelée par l’intersyndicale pour protester contre la réforme des retraites (en savoir plus : https://www.sncf.com/fr).

Côté RATP, la régie prévoit un « trafic très perturbé sur les réseaux RER et Métro. Le trafic sera perturbé sur les réseaux Bus et Tramway » (https://www.ratp.fr/).

 

Ewa

Railcoop confirme son choix de lancer un service minimum en juin 2024

Railcoop
La coopérative Railcoop a confirmé le 2 mars, le lancement en juin 2024 d’un service voyageurs entre Bordeaux et Lyon suite à la validation par son assemblée générale. Soit deux ans plus tard que les prévisions initiales. Et avec un service minimum puisqu’il n’est  prévu qu’un aller-retour sur deux jours entre Bordeaux et Lyon.
« Une rénovation légère des rames sera engagée dès 2023. La commercialisation des billets se fera dans un premier temps à bord des trains et via des partenaires« , souligne dans un communiqué la coopérative ferroviaire, qui exploite déjà des trains de fret entre Capdenac (Lot) et Saint-Jory (Haute-Garonne).
Les sociétaires ont choisi de financer ce premier service voyageurs principalement sur fonds propres, s’affranchissant du soutien des banques et de nouveaux investisseurs institutionnels que la coopérative attend.
Pour réaliser ce premier service, la coopérative doit toutefois encore lever 4,1 millions d’euros en 2023 afin de couvrir les investissements nécessaires, notamment l’achat d’une rame tricaisse X72500 additionnelle. Elle mène actuellement de front deux levées de fonds, l’une en parts sociales (via son site), l’autre en titres participatifs, à destination de sociétaires comme de non sociétaires (sur la plateforme Lita.co).
Y. G.

Ewa

Une nuit avec un Boa pour changer les rails

Train Boa en Seine-Saint-Denis février 2023
Le train Boa porte bien son nom. En une courte nuit de travail, entre le 31 janvier et le 1er février dernier, ce train usine de renouvellement de rails, a « avalé“ 1 120 mètres de rail au nord-est de la gare Sevran (Seine-Saint-Denis), en direction de celle de Vert-Galant. C’est là que se déroule un chantier de renouvellement de rails, qui s’étend entre La Plaine Saint-Denis et Mitry. Au total, 15 km de voies – donc le double de rails –, sont concernées par ce chantier, qui se déroule en deux étapes les nuits de semaine : du 9 janvier au 3 février, puis du 6 au 25 mars 2023.

L’âge moyen du rail : 29 ans

Cette section de la ligne 229000 La Plaine – Hirson/Anor, est surtout empruntée par les RER B. Elle voit passer près d’un million de voyageurs par jour. L’âge moyen du rail sur ce secteur est de 29 ans. C’est un peu plus que la moyenne des renouvellements à mi-vie qui est de 23 ans. Il devenait donc nécessaire de les changer, même si le reste de la voie, les traverses et le ballast, pouvait encore être conservé quelques années.
Pour cette opération de maintenance, sur des voies très empruntées, SNCF Réseau a opté pour le train usine Boa de TSO filiale de NGE, qui est utilisé la nuit, pour réduire les conséquences sur les circulations. D’ailleurs, lorsque le train travaille sur la voie 2 bis, la voie contiguë 1 bis est encore empruntée par les derniers RER B, déviés sur cette voie, de 21 h 20 à 23 h 30. Ensuite les voyageurs sont transportés par bus, jusqu’à la fin du service.

600 à 800 mètres de rails renouvelés

En moyenne, le Boa est capable de renouveler entre 600 et 800 mètres de rails, contre 300 et 400 mètres avec des méthodes classiques qui recourent notamment à des engins de levage rail-route et nécessitent de grandes équipes.
Autre avantage, « le Boa » n’impose pas de limitation temporaire de vitesse (LTV), à l’issue du chantier. Une fois le train usine passé, les circulations peuvent reprendre à vitesse normale, ce qui limite l’impact sur l’exploitation. Si le train Boa se libère des contraintes de la LTV, c’est grâce au chauffage des rails neufs. Ils sont réchauffés à la température à laquelle ils seront majoritairement utilisés, autour d’une vingtaine de degrés. En chauffant ainsi les rails, on obtient une dilatation moyenne et on les soude aussitôt, imposant une légère contrainte sur l’ensemble de la voie qui donne sa rigidité à l’ensemble.
Le train Boa, qui mesure 600 mètres, se divise en quatre ateliers qui s’étalent ainsi sur plus de 2 km. Chacun joue un rôle dans le renouvellement des rails.
img20230203000144
En tête, le premier élément du train décharge les rails neufs sur la voie. Ils sont guidés par des bras de manutentions articulés qui les posent entre les rails, et non à l’extérieur comme dans les chantiers classiques. La seconde étape est confiée au wagon soudeur qui assemble, par soudure électrique, les barres de 108 mètres déchargées quelques mètres avant. Il forme ainsi des longs rails qui sont repris le troisième atelier. C’est le plus long et le plus imposant. Il est composé de plusieurs postes intégrés dans la même machine : dévissage des écrous, ramassage des attaches, dépose des rails à changer, pose des nouveaux rails, de joints neufs, d’attaches neuves et vissage de l’ensemble avec des écrous neufs. Seul le ramassage des anciennes attaches et des joints, de la pose de nouveaux et du vissage sont effectués manuellement. Le reste, comme la récupération du rail neuf au centre de la voie, ou le dévissage, est mécanisé et automatisé. Un tel chantier peut mobiliser jusqu’à 15 personnes.
À la suite de cette substitution, on peut assister à une avant-dernière étape, celle de la soudure des nouveaux rails, ceux posés la veille. Pour cette opération, les compagnons effectuent une soudure par aluminothermie, mesurant au millimètre près l’espacement des deux abouts à rassembler. Très techniques – chaque soudeur engage sa responsabilité et “signe“ son travail d’une marque propre –, les soudures par aluminothermie sont aussi très spectaculaires par le dégagement de chaleur, de lumière et de fumée. Sans parler des gerbes d’étincelles provoquées par les rabotages qui suivent les soudures.
Puis un long train récupère les rails usagés. Ils sont chargés et découpés à bord, en barre d’une centaine de mètres. Au petit jour, le train prendra le chemin du fournisseur de rail, Ascoval, qui les refondra, en vertu de la politique de SNCF réseau en matière de recyclage des matériaux de ses chantiers.
À 4 h 30, le chantier s’arrête, et après les vérifications d’usage, la voie est rendu aux circulations, à la reprise du service, vers 5 h 30.
Yann Goubin

Ewa

Cinq millions pour accélérer la sécurisation des sites ferroviaires stratégiques en Île-de-France

gare de l'Est
L’État va apporter une aide de cinq millions d’euros pour mieux sécuriser les sites ferroviaires stratégiques. C’est ce qu’a annoncé Clément Beaune, le ministre des Transports, alors qu’il visitait, le 22 février, la sous-station de SNCF Réseau à Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis. Cette sous-station alimente en énergie électrique une large partie des trains de l’Est de l’Île-de-France, notamment la gare de Paris-Est, la LGV, et le RER E dont le tunnel EOLE jusqu’à Haussmann Saint Lazare (et plus tard Nanterre Université lors de la mise en service).
Cette aide s’ajoutera aux 21 millions d’euros déjà programmés en 2023 et 2024 par SNCF Réseau pour la sécurité des installations. « L’objectif est de sécuriser environ 130 sites en Île-de-France d’ici à 2024, 109 à la charge de la SNCF, 20 à 25 pour l’État » grâce à des « clôtures, alarmes, détecteurs de personnes, vidéosurveillance ou encore en badges d’entrée », avait précisé le 21 février sur France Inter le ministre, ajoutant que « c’est la première fois que l’État aide directement la SNCF à sécuriser le réseau ».
Cette mesure intervient après l’incendie de câbles près du poste de Vaires-sur-Marne qui commande notamment une grande partie des circulations de Paris-Est. Cet incident avait entraîné deux jours de quasi-paralysie de la gare, les 24 et 25 janvier.
Y. G. 

Ewa

La DB va fermer des lignes pour rénover son réseau

Train de la Deutsche Bahn

Plus question de procéder à de petites réparations sur un réseau ferré dans un piteux état. Cette fois, la compagnie ferroviaire allemande, Deutsche Bahn (DB) a décidé de mettre les bouchées doubles avec un programme radical de rénovations avec des fermetures de ligne. Objectif : permettre à ses trains grandes lignes de retrouver leur ponctualité. En 2002, seulement deux tiers d’entre eux sont arrivés à l’heure, c’est-à-dire avec moins de six minutes de retard.

« La DB a accumulé ces dernières années un tel retard d’investissement que ses trains ne peuvent plus arriver à l’heure », déplore Karl-Peter Naumann, le porte-parole de l’association des usagers du train « Pro Bahn ». L’une des raisons du sous-investissement était le projet d’entrée en bourse, abandonné depuis. « Nous avons besoin d’un nouveau concept de rénovation pour assurer plus de qualité, de ponctualité et de fiabilité sur le réseau », a reconnu lui-même le directeur des infrastructures, Berthold Huber.

4200 km à rénover d’ici 2030

Plus question d’intervenir comme avant avec des chantiers qui se succèdent. Cette fois, les lignes seront fermées sur une période de cinq mois pour une rénovation de fond en comble des traverses, du ballast, des voies, des aiguillages, des signaux, des postes d’aiguillage mais aussi des gares. « La DB a déjà testé deux fois une fermeture complète temporaire de tronçons. C’est beaucoup plus efficace », estime Karl-Peter Naumann.

Le plan prévoit d’ici à 2030 la rénovation complète de 40 tronçons d’une longueur total de 4200 kilomètres. Les travaux débuteront l’année prochaine avec la « Riedbahn » entre Francfort-sur-le-Main et Mannheim, l’une des liaisons ferroviaires les plus fréquentées d’Allemagne. La fermeture est prévue après la fin du Championnat d’Europe de football organisé en été par l’Allemagne. Les tronçons Hambourg-Berlin et Emmerich-Oberhausen suivront en 2025 puis les tronçons Cologne-Hagen, Hambourg-Hanovre, Nuremberg-Regensbourg, Cologne-Dortmund-Hamm en 2027, Würzburg-Nuremberg en 2028, Stuttgart-Ulm en 2029 et Osnabrück-Münster en 2030.

Pour que son plan fonctionne, la DB doit organiser des services de remplacement par bus, un autre défi alors que les entreprises du secteur font face à une pénurie de véhicules et de conducteurs. « Le succès du programme ne dépendra par des chantiers mais du bon fonctionnement des déviations des trains et des services de bus », estime Karl-Peter Naumann, le porte-parole de l’association des usagers du train « Pro Bahn.
Christophe Bourdoiseau
___________________

Ewa

L’état dégradé du réseau ferroviaire grec en cause dans une collision meurtrière

catastrophe ferroviaire. Collision entre un train de voyageurs et un convoi de fret en Grèce le 28 février 2023

C’est l’un des pires accidents ferroviaires en Europe : le 28 février, vers 23h30, 57 personnes sont mortes et 85 ont été blessées après la collision entre un convoi de fret et un train de voyageurs qui reliait Athènes à Thessalonique dans le nord de la Grèce. Le choc s’est produit à la sortie d’un tunnel, au nord de la ville de Larissa, dans le centre du pays. Les deux trains se sont trouvés sur la même voie et y ont circulé pendant plusieurs kilomètres avant de se heurter de plein fouet. Sous la violence du choc, les locomotives et les voitures de tête ont été pulvérisées et les conducteurs sont morts sur le coup. Un incendie s’est alors déclaré.

Le train Intercity transportait 342 passagers, dont de nombreux étudiants qui rentraient à Thessalonique après un week-end prolongé. La majorité des victimes se trouvaient dans les premières voitures.

Un chef de gare inexpérimenté

Une enquête a été aussitôt ouverte. Mais très vite, la vétusté du réseau ferroviaire a été évoquée. Et la polémique a enflé. Le président du syndicat des conducteurs de trains Kostas Genidounias, cité par l’AFP, a ainsi affirmé que « tout se fait manuellement, les systèmes électroniques ne fonctionnant plus depuis 2000″. Les représentants syndicaux avaient d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme quelques semaines auparavant.

Le chef de gare de Larissa, qui a avoué une « erreur » devant la justice, a été arrêté le 1er mars et poursuivi pour « homicides par négligences » et pour avoir provoqué des « blessures corporelles ». Or, d’après la chaîne de télévision publique ERT, ce chef de gare de 59 ans était inexpérimenté, n’ayant reçu qu’une formation de trois mois avant d’être nommé à ce poste. Il n’y serait arrivé qu’il y a 40 jours après un emploi au ministère de l’Education. De son côté, le ministre des Transports a annoncé sa démission.

Les cheminots ont entamé une grève le 2 mars, la confédération des syndicats dénonçant « le manque de respect dont on fait preuve les gouvernements au fil du temps envers les chemins de fer grecs, ce qui a conduit à ce drame« .

Une société rachetée par les FS

L’accident a suscité une immense colère dans tout le pays et des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes. A Athènes, des manifestants réclamant des comptes se sont rassemblés, le 3 mars, devant le siège de la compagnie grecque Hellenic Train mise en cause pour de nombreuses négligences ayant abouti à ce terrible accident, qualifié de tragédie nationale par les autorités publiques.

En 2017, la société des chemins de fer grecs (Trainose) avait été achetée par la société publique italienne FS, dans le cadre du programme de privatisations décidée par les créanciers de la Grèce empêtrée dans une grave crise financière. « Les retards trouvent leur origine dans les pathologies chroniques du secteur public grec, dans des décennies de faiblesse » a reconnu devant la presse le porte-parole du gouvernement.