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Ewa

Les Héros du fer. Une interview exclusive de Oleksandr Pertsovskyi, PDG des Chemins de fer ukrainiens- Voyageurs

Oleksandr Pertsovskyi, PDG des chemins de fer ukrainiens

Le patron de la branche voyageurs des Chemins de fer ukrainiens Oleksandr Pertsovskyi, a accordé la nuit dernière par Skype une interview à Ville, Rail & Transports (*voir la vidéo ci-dessous). Parti de chez lui le premier jour de l’invasion pour ne plus y revenir, le jeune dirigeant (36 ans) rappelle que le train est le seul moyen d’évacuation des réfugiés qu’il veut acheminer « jusqu’au dernier moment ». Et salue le courage des cheminots qui prennent chaque jour d’énormes risques. Déjà 26 d’entre eux ont perdu la vie.

Ville, Rail & Transports. Dans quel état se trouve le réseau ferré ukrainien aujourd’hui ? Quelles parties du territoire ne pouvez-vous plus desservir ?

Oleksandr Pertsovskyi. Actuellement, 90 % du réseau ferré est intact malgré quelques ponts détruits. Cinq ou six grandes gares ne sont plus accessibles, comme celle de Marioupol ou de Mykolaïv. Mais nous pouvons contourner les voies et équipements endommagés grâce à des routes alternatives. Dans ce cas, les réfugiés montent dans des bus qui les conduisent dans des gares accessibles.

Il y a deux axes majeurs, un vers l’Est (vers la Russie et la Biélorussie) et l’autre vers l’Ouest. L’axe Est n’est plus accessible : il n’est plus sous contrôle ukrainien et nous n’y avons plus accès. L’axe Ouest en revanche fonctionne. Mais il est attaqué sur plusieurs fronts, venant des zones Nord, Est et Sud. La partie Ouest se fait progressivement encercler.

VRT. Combien de réfugiés avez-vous déjà transporté ?

O. P. Au 11 mars, nous aurons transporté deux millions de personnes. Ce chiffre reste approximatif car en ce moment nos trains transportent quatre à cinq fois plus que leur capacité. Comme nous avons arrêté notre système de billetterie, nous embarquons autant de personnes que possible sur les trains. Nous faisons un gros compromis sur la sécurité…

Les trains sont pleins dans un sens. Dans l’autre sens, ils sont remplis de vivres et de matériels.

VRT. Combien de cheminots travaillent pour faire fonctionner les chemins de fer ?

O. P. Nous sommes le premier employeur du pays avec 230 000 cheminots. 70 à 80 % travaillent au niveau opérationnel et sont sur le terrain. Et tous restent en contact avec l’entreprise. Ils aident à protéger le matériel, à l’entretenir et à garder les dépôts en état de marche.

Certains cheminots ont quitté leur ville, beaucoup sont partis de l’Est du pays pour aller à l’Ouest. Et, de là où ils sont, ils essaient de contribuer au fonctionnement de l’entreprise. Dans leur majorité, ils restent très actifs.

VRT. Avez-vous perdu beaucoup de matériel roulant ? Dans quel état se trouve-t-il ?

O. P. Le matériel roulant qui était proche de la frontière biélorusse a été attaqué car une réserve de fioul se trouve à côté. En attaquant cette réserve au début du conflit, les Russes ont détruit des trains et le dépôt a été endommagé. Des trains ont déraillé.

Au nord de Marioupol, des trains attendaient, prêts à évacuer des réfugiés. Mais ils ne pouvaient pas partir, tellement les bombardements étaient intensifs. Et le réseau a été endommagé. Fort heureusement, personne n’est mort dans l’attaque.

Nous avons tout de même réussi à acheminer du matériel roulant là-bas pour évacuer des gens vers Kiev. Aujourd’hui, on attend le cessez-le-feu pour réparer le matériel.

VRT. Dans quel état d’esprit êtes-vous ? Et quel est celui des cheminots ?

O. P. Chaque jour, nous nous livrons à un véritable numéro d’équilibriste. Nous espérons pouvoir évacuer les réfugiés jusqu’au dernier moment.

Lors des attaques, il y a toujours un risque d’encerclement de la rame, de la ville, ou de destruction de l’infrastructure. A chaque fois, le risque est fort de voir le train et nos personnels rester coincés… Malgré toute la coordination mise en place avec les militaires et malgré la data, nous ne sommes jamais totalement sûrs de pouvoir partir.

Comme le train est le seul moyen d’évacuation, nous faisons tout pour protéger les équipes et les réfugiés. Nous sommes tout le temps sous la pression des autorités locales, mais nous préférons retarder les trains pour être sûrs de les faire passer en sécurité.

Je suis fier du courage des conducteurs, des agents de bord, des personnels de l’infrastructure et de la maintenance. Tout le monde prend d’énormes risques.

VRT. Y a-t-il eu beaucoup de victimes parmi les cheminots ?

O. P. Vingt-six cheminots sont morts en travaillant ou en dehors de leur travail. Pour aider les employés, pour les encourager, nous sommes aussi sur le « front », pour être avec eux, à leur côté, pour leur montrer que personne n’est assis derrière son bureau. Nous sommes toujours en mouvement.

Nous avons mis en place des protocoles pour assurer la sécurité de l’infrastructure. Des ingénieurs vérifient la stabilité du réseau. En temps normal, les trains peuvent rouler jusqu’à 160 km/h. Nous avons instauré des limitations de vitesse : 60 km/h dans les régions les plus attaquées, et 80 km/h dans les régions moins exposées. Cela rend la gestion des horaires très complexe mais réduit le risque au maximum.

VRT. Qu’est-ce qui vous tient debout ?

O. P. Les gens sont forts, il y a beaucoup de résilience. Très peu d’agents ont disparu. L’immense majorité est restée à son poste et continue à être active pour faire tourner les trains. Chacun à sa façon, cela peut être de chercher à assurer la sécurité, en étant dans les gares qui sont bondées…

Beaucoup de monde cherche à quitter les villes bombardées, se rue dans les gares. Un des grands défis est de maintenir la sécurité dans les gares. Il y a des milliers et des milliers de gens qui veulent monter dans les trains. Or, nous sommes limités en nombre pour assurer la sécurité dans les gares, car la priorité de la population est avant tout de défendre la ville. Nous travaillons dans des conditions extrêmement stressantes.

Avant la guerre, nous avions beaucoup travaillé sur le marketing et la satisfaction clients car nos enquêtes montraient que nos passagers nous critiquaient pour nos retards et nos prix. Maintenant, les gens ne payent plus le train, mais ils se montrent solidaires et ils donnent de l’argent pour soutenir l’entreprise… malgré le manque de confort dans les trains !

Ce soutien est une force qui motive les cheminots.

En interne, nous avons mis en place un programme de motivation qui s’appelle « le héros de fer » pour honorer toutes les personnes qui se surpassent ou qui sortent du cadre de leur métier. Ce programme sélectionne jusqu’à une dizaine de cheminots tous les jours : ça peut être un conducteur qui a été dans une zone dangereuse, un agent à bord d’un train ou encore un patron de dépôt.

VRT. Disposez-vous d’assez d’électricité pour le réseau, compte tenu des menaces sur l’énergie nucléaire ?

O. P. La moitié du réseau est électrifiée et la distribution de l’énergie reste gérable. Nous avons eu très peu de pannes de courant jusqu’à présent. Et quand il y en a, nous pouvons utiliser des trains diesel.

Une sorte de rééquilibrage s’est opérée en faveur des trains de voyageurs puisqu’il y a moins de trains de marchandises. Le fret ferroviaire acheminait avant la guerre 800 000 tonnes par jour, il ne représente plus que 200 000 à 250 000 tonnes par jour. Nous pouvons donc récupérer du matériel fret plus puissant pour tracter des trains de passagers.

L’Ukraine n’a pas assez de locomotives. Nous avons d’ailleurs un partenariat avec Alstom qui devait nous livrer du matériel. Nous disons merci à Alstom de s’être dissocié de son partenariat avec la Russie. Cela montre que cette entreprise a une éthique.

VRT. Etiez-vous préparé à ce scénario de guerre ?

O. P. Non, il n’y avait aucune préparation à la guerre. Aujourd’hui, il faut improviser en permanence, savoir s’adapter aux fluctuations des situations. Dans le métier ferroviaire, on prépare les plans de transport une fois par an. Maintenant, il faut le faire quotidiennement, c’est très compliqué. C’est le challenge le plus dur en ce moment, mais ce n’est rien comparé à ce que font ceux qui défendent le pays.

VRT. Plus précisément, quel est votre rôle de manager en cette période ?

O. P. Il faut trouver un équilibre entre gérer la boîte (c’est « business as usual » avec des réunions sur le fonctionnement de la structure) et aller sur le terrain, être toujours en mouvement, se montrer au côté des cheminots et auprès des clients. Il faut faciliter les circulations, aller dans les dépôts, se déplacer au travers du pays. C’est toujours un challenge de pouvoir se déplacer.

L’autre changement, c’est que nous avons donné beaucoup plus de pouvoirs aux équipes régionales pour gérer les circulations et le fonctionnement de l’entreprise. Il y a six régions. Avant la guerre, tout était beaucoup plus centralisé. Désormais, il faut réagir vite et prendre des décisions basées sur chaque situation locale. Le système fonctionne très bien.

VRT. Vous êtes jeune (36 ans, nous avez-vous dit), comment êtes-vous arrivé à la tête de la division voyageurs des chemins de fer ukrainiens ?

O. P. Mon histoire est différente du parcours du cheminot classique. J’ai passé toute ma jeunesse en Ukraine, puis obtenu une bourse pour étudier aux USA, où j’ai étudié la finance. J’ai ensuite travaillé plusieurs années chez DHL sur la logistique.

En 2016, le gouvernement a lancé un appel aux Ukrainiens travaillant à l’étranger pour aider à la transformation du pays. L’objectif était de rendre plus professionnelles les entreprises publiques. J’ai commencé à travailler pour la Poste, le deuxième employeur du pays, et nous avons alors beaucoup travaillé à rendre l’entreprise plus proche de ses clients. Il y a un an et demi, j’ai été invité à reprendre la direction des chemins de fer ukrainiens. Maintenant, la majeure partie de l’équipe dirigeante est composée de jeunes managers qui ont plutôt une formation économique et commerciale. Notre pays cherche à casser les monopoles. Ce qui le différencie de notre voisin à l’Est, qui ne l’accepte pas.

Quand Poutine a annoncé la guerre, il a d’ailleurs affirmé que les organismes d’Etat comme la Poste et les chemins de fer étaient dirigés par des agents de l’Ouest… C’est aussi une de ses raisons pour remettre notre pays dans le droit chemin.

VRT. Quel est votre quotidien et arrivez-vous à voir votre famille ?

O. P. Avec des journées de 18 heures, 19 heures, je n’ai pas le temps de réfléchir… J’ai quitté mon domicile la première nuit de l’attaque et ne suis toujours pas rentré. Je suis tout le temps en mouvement.

J’ai toujours senti que cette invasion allait arriver mais pas à cette échelle. J’avais un bagage avec le strict nécessaire déjà prêt.

Quand la guerre a commencé, j’ai réussi à faire évacuer mes parents qui étaient à l’Est, ainsi que ma fiancée et mon fils, grâce au service ferroviaire. Cela me permet d’être concentré à 100 % sur mon job. Et d’aider les gens.

Quand je pense aux conducteurs de train, aux risques qu’ils prennent pour acheminer des trains à travers le pays, je suis encore plus motivé. C’est pareil pour tout le monde dans l’entreprise.

L’Ukraine avait énormément d’ambitions pacifiques. Le projet pour notre entreprise, c’était la rénovation du matériel roulant, une nouvelle application… Nous avons travaillé jusqu’au dernier moment sur nos projets.

Bien sûr, parallèlement, je réfléchissais à des plans d’urgence au cas où… mais je n’imaginais pas une telle ampleur. Nous avons quand même réussi à anticiper mais, jusqu’au dernier moment, je ne savais pas que ça se passerait ainsi. C’est surréaliste.

VRT. Quelles sont vos relations avec le gouvernement ?

O. P. Nous sommes très proches du gouvernement. Nous travaillons directement avec le ministère des infrastructures qui coordonne tous les réseaux et les différents modes de transport. Par exemple, nous avons ouvert une nouvelle route d’évacuation multimodale. Nous acheminons en train les réfugiés jusqu’à la ville d’Izmaïl. Après, ils voyagent par bateau et remontent le Danube jusqu’en Roumanie.

VRT. Comment coopérez-vous avec les autres entreprises ferroviaires européennes ?

O. P. Nous nous félicitons du partenariat mis en place avec les chemins de fer polonais. Avant la guerre, moins de 1 000 passagers voyageaient chaque jour entre la Pologne et l’Ukraine. Désormais, c’est entre 20 000 et 25 000. Nos amis polonais permettent à un plus grand nombre de trains ukrainiens de rentrer en Pologne et facilitent les procédures. Je peux aussi citer la coopération avec nos amis italiens qui nous donnent des trains médicalisés pour expatrier, sur la frontière ouest, les blessés vers d’autres pays européens.

VRT. Quels messages avez-vous le plus envie de faire passer ?

O. P. Je suis optimiste. Quand j’ai un moment, je réfléchis avec mes équipes à l’après. Le prochain chapitre, ce sera la reconstruction. Une Ukraine prospère dans laquelle le ferroviaire jouera un très grand rôle. Je crois en un très grand réseau ferroviaire européen. J’ai un message à faire passer à l’industrie : un jour ou un autre, ce cauchemar va se terminer. On va reconstruire et inviter les voyageurs enthousiastes ainsi que les experts ferroviaires à travailler avec nous. J’encourage tout le monde à réfléchir à cet avenir pour ouvrir de nouvelles perspectives. Le prix que nous payons, c’est pour que l’Ukraine reste libre et continue à faire partie de l’Europe.

L’autre message, c’est que je veux remercier la communauté internationale ainsi que les compagnies ferroviaires qui ont décidé de nous soutenir et de ne plus opérer dans le pays qui lance cette incroyable agression.

Propos recueillis par Frédéric Demarquette et Marie-Hélène Poingt

Ewa

Christelle Mary, nouvelle directrice du cabinet de Christophe Fanichet

Christelle Mary

Depuis le 1er mars, Christelle Mary a pris le poste de directrice du cabinet de Christophe Fanichet, en remplacement de Lucie Ruat « appelée à d’autres fonctions au sein de l’entreprise », selon un communiqué de SNCF Voyageurs. Elle intègre également le comité exécutif de la SA.

Diplômée de l’ESCP Europe, Christelle Mary a rejoint la SNCF en 2006, après avoir travaillé pour le cabinet Deloitte. Depuis 2018, elle était directrice d’établissement gares Transilien, lignes L et RER A.

Ewa

A Lyon, le Sytral va lancer un appel d’offres séparant l’exploitation des bus et des métros

Lyon tram

Evoqué depuis plusieurs semaines, l’allotissement du réseau de transports en commun lyonnais sera effectif d’ici trois ans. Concédée depuis près de 30 ans à Keolis, sa gestion sera ouverte à la concurrence à partir de 2025. Les élus du Sytral se sont prononcés, jeudi 10 mars, en faveur d’une segmentation en deux lots distincts : le métro et le tramway, d’une part, les bus et trolleybus, d’autre part.

La démarche de sélection débutera dans les prochains jours avec le lancement des appels d’offres à l’échelon européen. Les candidats auront jusqu’au mois d’avril 2023 pour remettre leur offre et les délégataires seront désignés en mars 2024.

Le premier lot, qui concerne 1 290 salariés, comprend également le funiculaire, le Rhônexpress, la gestion des infrastructures, l’informatique, la sécurité et le contrôle des titres. Il sera attribué pour une durée de dix ans (2025-2034). La concession du second lot, qui intéresse 2 850 employés, n’excédera pas une durée de six ans (2025-2030).

Selon Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon et du Sytral, cet allotissement permettra « d’améliorer la qualité du service rendu aux usagers ».

Jacques Donnay

Ewa

La Normandie décide de réduire son offre de TER

Ferroviaire Haute Normandie

Constatant une baisse de fréquentation dans ses trains depuis la crise sanitaire (-21 % fin 2021, – 10 % attendus cette année), la Normandie a annoncé le 10 mars avoir demandé à la SNCF de réduire à partir du 28 mars « le nombre de trains, sur les lignes de et vers Paris, développé depuis 2020 (+22 %) afin de conserver une offre basée sur les fréquentations réelles et équivalente en nombre de trains à celle de 2019 ».

« A ce jour, les trains depuis et vers Paris ont un taux de fréquentation d’en moyenne 46 %, bien en deçà de la valeur d’équilibre du service (60 %) », justifie un communiqué, précisant toutefois que « des échanges avec les associations d’usagers sont toujours en cours avant de finaliser l’offre de transport en détail ».

Il est ainsi prévu de supprimer les trains supplémentaires mis en place depuis 2020 sur les axes Paris – Caen – Cherbourg, Trouville – Deauville, Paris – Rouen – Le Havre et Paris – Vernon – Rouen, en semaine uniquement. Il s’agit de trains qui circulent en pleine journée et en semaine dont la fréquentation est comprise, en moyenne, entre 20 et 30 %.

Pour reconquérir les voyageurs, la région et la SNCF préparent un plan de relance commerciale, avec des offres à petits prix qui seront proposées à partir du printemps et la valorisation des destinations normandes.

Ewa

L’Etat signe un protocole d’accord avec les Pays de la Loire pour les « petites lignes » ferroviaires

Pays de la loire

Après les accords signés avec les régions Grand Est, Centre-Val de Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, le ministère des Transports a annoncé le 9 mars avoir conclu un protocole d’accord avec les Pays de la Loire pour « pérenniser les 670 km de petites lignes de la région ». L’investissement prévu est de 335 millions sur la période 2023-2028 et concerne dix lignes, dont La Roche-sur-Yon – La Rochelle, Le Mans – Alençon ou encore Nantes – Châteaubriant. Ces accords ont été lancés après la mission du préfet Philizot qui a établi un état des lieux des 9 000 km de lignes fines du territoire.

Ewa

Brutal coup d’arrêt sur les lignes de métro à Lyon

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La décision finale ne sera pas officialisée avant quelques semaines, mais la cause semble entendue : les lignes de métro en projet dans le plan de mandat du Sytral, l’autorité organisatrice des transports de l’agglomération lyonnaise, devraient être abandonnées. C’est en tout cas le message que Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon et du Sytral, a fait passer jeudi 3 mars. Exit donc la future ligne E, qui devait desservir le 5e arrondissement de la capitale des Gaules et l’ouest lyonnais. Exit aussi les extensions programmées de la ligne D, censée désenclaver le quartier populaire de la Duchère, et celles des lignes A et B, qui devaient quant à elles desservir les communes de banlieue de Vaulx-en-Velin et Rillieux-la-Pape.

Principal fer de lance de la politique de transport des équipes métropolitaines précédentes, le métro n’entrait pas forcément dans les plans de la nouvelle majorité écologiste. Une frilosité naturelle, que le risque de surendettement de la société des Transports en Commun Lyonnais (TCL) est venu renforcer depuis quelques mois. Confronté à une très forte baisse de la fréquentation depuis le début de la crise sanitaire, le réseau lyonnais ne parvient pas à repartir de l’avant. Les recettes de billetterie sont toujours très inférieures à leur total de 2019 et les pertes cumulées au terme de la période 2020-2030 sont estimées à 850 millions d’euros. « Si nous maintenons le niveau d’investissement à ce qui était prévu avant la crise, soit 2,5 milliards d’euros, nous mettrons 17 ans à rembourser la dette, au lieu de huit actuellement », affirme Bruno Bernard.

Priorité aux BHNS et au tramway

Elevée au rang de priorité par le maire de la commune concernée, l’extension de la ligne B vers Rillieux-la-Pape nécessiterait un milliard d’euros d’investissement, tandis que, dans le même temps, « la mise en service d’un bus à haut niveau de service (BHNS) coûterait entre 100 et 200 millions et celle d’une ligne de tramway environ 400 millions d’euros », rapporte Jean-Charles Kohlhaas. Le vice-président de la Métropole de Lyon en charge des Transports évoque un différentiel sensiblement identique pour la desserte de l’ouest lyonnais. Alors que la création de la ligne E du métro vers Tassin représenterait entre 1,5 et 2 milliards d’euros, un tramway express empruntant un parcours comparable impliquerait un investissement compris entre 700 millions et un milliard d’euros. « Cela justifie le lancement d’études plus poussées », estime Bruno Bernard, qui évoque également des délais de mise en œuvre nettement plus courts pour la seconde solution.

En dépit des appels à revoir ses positions, la majorité métropolitaine verte semble bien décidée à faire le choix de la rigueur budgétaire. Les projets alternatifs au métro prendront la forme de BHNS et de tramways semi-enterrés, solution qui permettrait d’économiser sur le creusement des tunnels, puisqu’ils seront moins gros et surtout moins nombreux, avec une partie du trajet effectué en surface. « La seule question qui importe réellement est de savoir jusqu’à quel niveau nous pouvons financer un projet », tranche le président du Sytral.

Jacques Donnay

Ewa

Un rapport sénatorial très critique sur la politique ferroviaire en France

Ouigo TGV low cost SNCF

A croire qu’ils se sont donné le mot ! Quelques jours après les critiques formulées devant le Sénat par Bernard Roman, le président de l’Autorité de régulation des transports, à l’encontre de la politique ferroviaire du gouvernement, c’est au tour de deux sénateurs d’étriller un peu plus les choix des pouvoirs publics en la matière. Dans un rapport intitulé « Comment remettre la SNCF sur les rails » et remis le 9 mars à la commission des finances, le sénateur de l’Eure (Union centriste) Hervé Maurey et son homologue du Cantal (Les Républicains) Stéphane Sautarel ont appelé à « remettre à plat » le modèle et le financement de la SNCF, estimant que « la réforme de 2018 ne sera pas suffisante pour assurer la viabilité économique de la SNCF et du système ferroviaire ».

Sans nier l’ampleur de la crise sanitaire, ils estiment que ses conséquences n’expliquent pas tout. Selon eux, la réforme de 2018 était indispensable, avec la fin du statut, la reprise de la dette, l’ouverture à la concurrence… Mais il faut désormais aller plus loin.

Un milliard annuel de plus pour la régénération du réseau

Leurs recommandations s’adressent d’abord à l’Etat mais aussi à la SNCF qui doivent prendre des « engagements sur le long terme ». A l’Etat, ils demandent des engagements financiers plus importants, via des trajectoires pluriannuelles claires avec des objectifs de report modal. Actuellement, estiment les deux sénateurs, les efforts annoncés par le gouvernement ne sont pas à la hauteur des besoins, ni à la hauteur des engagements pris pour respecter le Green Deal. Au contraire, le projet de contrat de performance Etat-SNCF Réseau va dans le sens d’une dégradation du réseau, affirment-ils. « Le rationnement des moyens est mortifère », souligne Stéphane Sautarel. Il faudrait, selon lui, consacrer un milliard d’euros supplémentaire chaque année pendant dix ans pour régénérer le réseau. Ce qui représenterait un montant de près de quatre milliards d’euros annuels (contre un investissement prévu cette année de 2,8 milliards, déjà rehaussé mais pas suffisamment pour rajeunir le réseau ferré).

Commande centralisée et ERTMS

De plus, le projet contractuel ne prévoit pas de moderniser le réseau, ce qui risque d’affaiblir encore plus le système ferroviaire. Les deux rapporteurs reprennent à leur compte le plaidoyer de Luc Lallemand, le PDG de SNCF Réseau, en faveur de la mise en place d’une quinzaine de postes de commande centralisées du réseau pour remplacer les quelque 2 200 postes d’aiguillages actuellement disséminés sur le territoire. « Aujourd’hui, un tiers des postes d’aiguillage sont encore actionnés à la main », note le rapport sénatorial. Mettre en place la commande centralisée du réseau coûterait cher mais le retour sur investissement serait très rapide.  « En France, la modernisation des postes d’aiguillage nécessiterait forcément de créer dans un premier temps un cash-flow négatif, mais en réalité c’est une dette vertueuse car elle permettrait probablement, sur une période de dix ans de doubler les gains de productivité de l’entreprise, évalués aujourd’hui entre 1,5 et 1,6 milliard d’euros en 2026 », avait expliqué à Ville, Rail & Transports Luc Lallemand en avril 2021 lors d’une rencontre organisée par le Club VRT.

Dans un second temps, le gestionnaire des infrastructures souhaiterait le déploiement du système de signalisation ERTMS, qui pourrait aussi contribuer à plus d’efficacité dans la gestion des circulations des trains et favoriserait l’interopérabilité européenne. Déploiement également souhaité par les sénateurs qui pointent « la situation structurelle dégradée (qui) est la principale faiblesse du système. Elle reste empreinte d’archaïsme ». Ce plaidoyer sénatorial devrait aussi donner du baume au cœur à Jean-Pierre Farandou, le PDG du groupe SNCF, qui fait du lobbying en ce sens depuis plusieurs mois. Mais il s’adresse surtout à la future équipe gouvernementale qui sortira de l’élection présidentielle.

Sortir Réseau du groupe SNCF

La SNCF n’est toutefois pas épargnée par les critiques. Selon le rapport, l’objectif d’un retour à l’équilibre financier du groupe SNCF est incertain car il dépend beaucoup des performances de ses filiales, à commencer par son logisticien Geodis, et dans une moindre mesure de Keolis. Ce qui masque ses faiblesses. « La compétitivité de la SNCF n’est pas suffisante », martèle Stéphane Sautarel. Elle doit absolument faire des efforts de productivité, estime le rapporteur en rappelant qu’il « faut trois fois plus d’agents pour faire circuler un train en France, comparé à d’autres pays européens ». Le rapport estime qu’il faudrait réduire davantage les effectifs de la SNCF, en les diminuant de 2 % par an, et plaide pour une réforme en profondeur de l’organisation du travail avec un recours accru à la polyvalence. Les sénateurs se réfèrent aux calculs de la Cour des comptes selon lesquels il serait possible « d’économiser 350 millions d’euros annuels grâce à une meilleure polyvalence ».

Pariant sur la concurrence, les deux sénateurs recommandent aussi la sortie de SNCF Réseau du reste du groupe. « Faire cohabiter le gestionnaire des infrastructures et l’exploitant dans un même groupe n’est, de notre point de vue, pas satisfaisant, n’offrant pas toutes les garanties nécessaires », souligne Hervé Maurey, en estimant que faire dépendre en partie les ressources de SNCF Réseau des gains de SNCF Voyageurs « n’est pas sain ». D’autant que les recettes du TGV (principal contributeur) ont chuté avec la crise sanitaire et la désertion d’une partie non négligeable des voyageurs d’affaires.

Enfin, les rapporteurs pointent une trajectoire d’évolution des péages « irréaliste et insoutenable pour les régions ». Et recommandent de s’inspirer des exemples étrangers pour réduire le prix des péages (ils doivent couvrir le coût marginal et non le coût d’investissement, précisent-ils), ce qui aurait aussi l’avantage, selon eux, de permettre de réduire le prix des billets et de favoriser l’essor du ferroviaire.

M.-H. P.

Ewa

Keolis assainit ses comptes et se renforce en Ile-de-France

Marie Ange Debon-LC

Après les pertes de 2019 et 2020, Keolis a redressé la barre l’année dernière en enregistrant un léger résultat net de 20 millions d’euros. L’activité a connu une nette amélioration avec un chiffre d’affaires en hausse de 10,3 % à 6,3 milliards d’euros. La fréquentation a été globalement en recul de 30 % sur l’ensemble de l’année par rapport à 2019, mais avec une nette différence entre le premier et le second semestre. « Le premier semestre 2021 a été impacté par les restrictions sanitaires avec une fréquentation en baisse de – 30 %, puis le second semestre a vu le retour à un niveau de service quasi normal avec la reprise de la fréquentation, toutefois encore à – 10 % », souligne Christelle Villadary, la directrice financière. La rentabilité opérationnelle du groupe (EBITDA récurrent), en progression de 30 % à 690 millions d’euros, s’affiche légèrement au-dessus du niveau d’avant-crise.

Un bilan assaini

Ce bilan « assaini », selon les mots de Marie-Ange Debon, la présidente du directoire, a été obtenu notamment grâce à la maîtrise des frais de structure, à des gains de productivité, à l’ajustement de l’offre à la demande ou encore au « soutien des pouvoirs publics de certains pays », particulièrement au Canada, en Suède, aux Pays-Bas.

Le développement commercial est resté soutenu, tant à l’international qu’en France, poursuit la dirigeante. A l’international, qui représente la moitié de l’activité, Keolis cite en particulier ses contrats gagnés en Australie (avec l’attribution d’un nouveau contrat d’exploitation de bus au nord de Sydney, démarré en novembre) ou le contrat à Dubaï (tramway et métro automatique exploités depuis septembre 2021), ou encore en Suède (contrat de bus 100 % électrique à Göteborg notamment). Bernard Tabary, le directeur exécutif International prévoit une activité globalement en hausse en 2022 malgré la fin du contrat Wales and Borders aux Pays-de-Galles et l’arrêt de l’activité en Allemagne dont le chiffre d’affaires avoisinait les 200 millions d’euros mais représentait un gros foyer de pertes.

En France, l’année a été riche en appels d’offres concernant le transport urbain et interurbain, qui ont apporté au groupe 300 millions d’euros de chiffre d’affaires et 65 millions d’euros en solde global positif. Parmi les contrats emblématiques remportés l’an dernier, Frédéric Baverez cite le réseau de Thionville, le contrat PAM 77 ou encore les Alpes Maritimes où le groupe va déployer 120 véhicules électriques, « soit la plus grosse flotte interurbaine électrique », souligne le directeur exécutif France. L’entreprise va devoir défendre tout particulièrement cette année ses positions à Bordeaux et à Dijon, deux gros contrats qui arrivent à échéance. En offensif, il candidate notamment pour les contrats de Perpignan et Valenciennes qui doivent être attribués avant la fin de l’année.

L’Ile-de-France dans le viseur

Les regards sont surtout tournés vers l’Ile-de-France, où 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires sont ouverts à la concurrence depuis 2020 (ce qui représente la moitié du transport conventionné en France). Déjà, 18 lots ont été attribués sur les 37 lots définis par Ile-de-France Mobilités (IDFM). Keolis en a déjà gagné six, soit 36 % de parts de marché, ce qui fait de la filiale de la SNCF « l’opérateur qui a le plus crû sur le marché Optile », commente Frédéric Baverez. L’opérateur de transport public est aussi en compétition pour les lignes 16 et 17 du Grand Paris, et le sera sur la ligne 15, un « dossier moins avancé », note le dirigeant. Sur les lignes ferrées de banlieue, Keolis répond en joint-venture avec Transilien, à commencer par les lignes T4, T11 et P.

Keolis lorgne aussi les bus de la RATP qui doivent être ouverts à la concurrence en 2025 et dont les appels d’offres vont bientôt être lancés. Le groupe sera candidat sauf si, explique Frédéric Baverez, les conditions sociales prévues par la loi n’évoluent pas. « Le gouvernement a mis quelques pilules empoisonnées pour favoriser la RATP. On veillera à ce que les pilules ne soient pas létales », affirme-t-il. La disposition qui permet aux conducteurs de se faire licencier s’ils le souhaitent par l’opérateur retenu pour exploiter des bus RATP est trop risquée, estime-t-il. « Aucun opérateur ne peut raisonnablement répondre à un appel d’offres s’il y a un risque, par exemple, que sur 700 conducteurs, 200 veulent se faire licencier tout en sachant qu’avec leur expérience ils retrouveront très facilement après du travail, explique-t-il. Ce point devrait être couvert par IDFM » Selon lui, finalement, « le législateur a transféré à IDFM la charge de l’improductivité de la RATP ».

Marie-Hélène Poingt

Ewa

La SNCF dévoile un nouveau projet pour la gare du Nord

Gare du nord

Après l’abandon en septembre 2021 du grand programme de rénovation de la gare du Nord, pour cause de dérapages financiers et calendaires, la SNCF a revu à la baisse ses ambitions : le nouveau plan qu’elle a présenté le 3 mars aux élus et aux associations d’usagers ou de riverains, consiste avant tout à s’adapter à la hausse prévisible du trafic et à favoriser l’intermodalité pour un coût global de 55 millions. Soit bien moins que les 600 millions d’euros programmés par StatioNord, la société réunissant Ceetrus (groupe Auchan) et SNCF Gares & Connexions, somme qui risquait de s’envoler à 1,5 milliard d’euros.

Le projet Horizon 2024, – c’est son nom – doit en effet répondre à l’augmentation de fréquentation que devraient susciter deux grands événements sportifs : d’abord la Coupe du monde de rugby en 2023, du 8 septembre au 28 octobre (10 matchs au Stade de France dont les quarts, demis, et la finale), puis les jeux Olympiques de 2024, du 26 juillet au 11 août, suivis des jeux Paralympiques, 28 août au 8 septembre.

« Nous devons améliorer les flux de voyageurs dans la gare », explique Hélène Marbach, directrice du projet Horizon 2024 à SNCF Gares & Connexions. Ainsi, dans la partie Grandes lignes de la gare, trois kiosques commerciaux situés au milieu du quai transversal seront retirés. Ce qui doit permettre d’agrandir les espaces d’attentes et de mieux séparer les zones dédiées aux déplacements de celles consacrées à l’attente. Le local destiné aux personnes en situation de handicap sera aussi étendu, notamment en prévision des jeux Paralympiques.

Sur la mezzanine, le terminal Transmanche doit être réaménagé, toujours dans l’objectif de fluidifier le parcours des voyageurs. « Aujourd’hui, il y a le contrôle de billets, puis la douane française, puis la douane britannique, et enfin le contrôle des bagages. Nous allons ajouter de nouveaux sas de contrôle, en gagnant sur un local technique », poursuit Hélène Marbach.

Côté Transilien. la SNCF prévoit de changer les escaliers mécaniques qui mènent aux quais souterrains de la gare ainsi qu’au métro. Ce sera d’ailleurs le point de départ du chantier en octobre prochain. Un réaménagement de la ligne de contrôle est également prévu. Aujourd’hui décalés, ces portillons seront à terme alignés et permettront, en prenant notamment la place d’un commerce déjà fermé en prévision du premier projet de réaménagement, de gagner un espace d’attente de 200 m2, avec deux petits kiosques pour du café et des snacks. « Le matin, dans le sens des arrivées, c’est fluide. les navetteurs quittent les quais rapidement. Mais le soir, dans le sens Paris – banlieue, c’est important d’avoir un espace pour les voyageurs qui attendent leur train, même quelques minutes », souligne-t-on encore du côté de Gares & Connexions.

Autre nouveauté, la création d’une liaison entre les quais du Transilien et la gare routière. Celle-ci va faire l’objet d’une modification importante. « A terme, ce sera une nouvelle entrée de la gare », explique Raphaël Ménard, le président du directoire de l’AREP, la filiale architecture du groupe SNCF. « L’espace de la gare routière, un peu délaissé, sera transformé en un parvis haut mêlant bus, mais aussi piétons et vélos, avec la halle ».

Pour créer cette nouvelle entrée, l’immeuble du 177 rue du faubourg Saint-Denis, où entrent les bus, sera démoli. C’est aussi par là que les bus sortiront. La rampe qui débouche sur le parvis de la gare (aujourd’hui utilisée par les bus), rue de Dunkerque, sera réservée aux piétons et aux vélos. Ils pourront ainsi facilement accéder à la nouvelle halle abritant 1 000 places de stationnement, construite spécialement le long de la gare routière. L’AREP a choisi une réalisation reprenant « les codes architecturaux de la gare en forme de halle pour s’intégrer dans son environnement », précise Raphaël Ménard.

Sur le parvis de la gare, l’espace réservé aux piétons sera agrandi notamment en gagnant sur la voirie, où seuls les transports en commun pourront circuler. Les taxis devront déposer leurs clients en surface, sur le côté ouest de la gare, dans le prolongement de la rue de Compiègne. La prise en charge se fera en sous-sol, au niveau -1 du parking Effia.

« L’avantage d’avoir une agence d’architecture dans le groupe, a permis de se mettre au travail très rapidement après l’après l’abandon de StatioNord », explique Raphaël Ménard. Les travaux devraient commencer en octobre par le changement des escaliers mécaniques. « Nous allons procéder par sous-projets », souligne Hélène Marbach : dépose taxi, quai transversal, ligne de contrôles… « Ils seront exécutés les uns indépendamment des autres de manière à réduire l’impact sur l’exploitation de la gare. » Ces travaux seront toutefois interrompus pendant les quelques semaines le coupe du monde rugby. Ils devraient être achevés pour 2024.

Parallèlement à ces premières réalisations, la SNCF va continuer à réfléchir à une rénovation de plus grande ampleur à plus long terme. « Tous les travaux d’Horizon 2024 sont évidemment pérennes », précise toutefois Hélène Marbach.

Du côté du Collectif Retrouvons le nord de la gare du Nord qui fustigeait le premier projet d’agrandissement de la gare, la satisfaction semble de mise. « Nous sommes satisfaits de la manière dont le dialogue est instauré avec les associations. C’est heureusement le contraire de ce qu’on avait connu avec le précédent projet StatioNord, qui s’était fait sans concertation », affirme Serge Rémy, son président qui voit plus loin : « Il faut que le dialogue se poursuive, pour imaginer la gare du Nord à l’horizon 2030-2035. Nous ne sommes pas des spécialistes du ferroviaire. En revanche, nous sommes spécialistes de l’usage qu’on en fait, comme voyageurs, comme riverains. Il faut penser au diptyque gare du Nord-gare de l’Est, et pourquoi pas y inclure Magenta, et même Pleyel, pour que l’ensemble soit connecté et facile d’accès et d’usage pour les voyageurs ».

Le Collectif souhaiterait que la Commission nationale du débat public soit saisie du sujet de la gare du Nord. « C’est courant en Allemagne, pourquoi pas en France ? ». Le Collectif a écrit dans ce sens au gouvernement.

Yann Goubin

Ewa

Un pont ferroviaire pour les réfugiés ukrainiens 

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Seule issue pour fuir la guerre après la suspension des vols des compagnies aériennes : la voie terrestre. Rapidement, des opérateurs ferroviaires ont mis en place une sorte de pont ferroviaire pour aider les populations à fuir les zones de conflit. Il s’agit notamment d’un train de nuit quotidien reliant Prague en République tchèque et Przemysl, à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, puis assurant le retour, toujours de nuit, acheminé par l’opérateur ferroviaire tchèque RegioJet. « Il y a dix voitures-couchettes et jusqu’à dix wagons de fret ferroviaire », précise Nike Brooks, le secrétaire général de l’association Allrail, qui souhaite mettre l’accent sur la mobilisation de nombreuses compagnies ferroviaires, publiques et privées.

« Organisé au pied levé » par RegioJet, poursuit Nike Brooks, le premier de ces trains a quitté le 1er mars Prague à destination de Przemysl, en partenariat avec les chemins de fer ukrainiens Ukrzaliznytsia (UZ), l’organisation caritative tchèque Člověk v tísni (« personnes dans le besoin » en tchèque) ainsi que les entreprises de fret ferroviaire ČD Cargo et Rail Cargo Group. Chaque soir vers 20 heures, un train part de la gare centrale de Prague pour se rendre à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, après des arrêts dans quelques grandes villes (dont Pardubice en République tchèque ou Cracovie en Pologne). A l’aller, il transporte jusqu’à 600 palettes de nourriture destinées à Kiev, mais c’est un train des chemins de fer ukrainiens (UZ) qui prend le relais de la frontière jusqu’à la capitale ukrainienne. « En effet, à Przemysl, il est facile de changer de train car l’écartement ferroviaire est différent entre l’Ukraine et la Pologne », rappelle Jakub Svoboda, directeur des Affaires internationales pour RegioJet. Au retour et roulant de nouveau de nuit, le train, souvent plein à partir de Przemysl, offre 400 couchettes aux réfugiés. Le transport est gratuit et de la nourriture et des boissons sont distribuées à bord.

Les cheminots ukrainiens assurent un service intensif

Chaque jour, de nombreux trains UZ assurent aussi l’évacuation de civils à partir d’autres villes ukrainiennes sinistrées. « Avec un parc vieillissant et des infrastructures en état moyen, les cheminots UZ assurent un service intensif pour évacuer les réfugiés loin des zones de combat dans des conditions dantesques avec le risque d’une attaque à tout moment par l’aviation russe », indique de son côté le conducteur belge de trains Eurostar, Benjamin Gravisse, sur son compte Twitter Red Samovar. Fin connaisseur de la Russie et de l’Ukraine, il estime que « les Russes (principalement l’armée de l’air) ayant lancé des opérations plus massives ces derniers jours, il y a fort à parier que le réseau des UZ est fortement impacté dans la partie est du Pays ». Et il ajoute que « les cheminots ukrainiens (ils sont 375 000 selon lui, ndlr) ont aussi coupé le transit des trains de fret en provenance de la Russie, ce qui impacte sérieusement la logistique russe (les Russes exploitant au maximum les RZD pour leur logistique) ».

Citons aussi, parmi les autres compagnies ferroviaires mobilisées, la tchèque ČD, qui a mis en place des liaisons ferroviaires entre différentes villes tchèques et Przemysl, ou encore la compagnie publique polonaise PKP Intercity, qui dessert également la ville frontalière de Przemysl. « Ses trains sont aménagés pour accueillir des blessés ainsi que pour transporter du matériel humanitaire (nourriture, médicaments et couvertures) », rapporte le secrétaire général de l’Alliance des nouveaux entrants du transport ferroviaire de voyageurs. « PKP Intercity se charge aussi de coordonner différentes initiatives de solidarité à travers le réseau polonais et à la frontière avec l’Ukraine. Et il a aménagé ses gares pour l’accueil et la distribution de vivres en faveur des réfugiés ukrainiens. »

Enfin, ailleurs sur le continent, de nombreux opérateurs ferroviaires européens ont décidé de transporter gratuitement les réfugiés sur leurs réseaux. C’est le cas notamment de la SNCF, de la DB, de Transdev Deutschland, de Flixtrain (Allemagne), de Leo Express (République tchèque), de Westbahn, des ÖBB (Autriche), de MTRX (Suède), des NS (Pays-Bas) ou encore des DSB (Danemark).

Plus de deux millions de réfugiés ont déjà quitté le pays selon le Haut-Commissariat pour les Réfugiés. L’ONU estime que ce nombre pourrait atteindre quatre millions dans un futur proche.

Marie Hélène Poingt