L’ouverture à la concurrence des lignes de bus de Paris et de la petite couronne se poursuit avec son lot de surprises : RATP Cap Ile-de-France limite la casse en conservant un lot, Transdev fait son entrée sur la petite couronne et l’italien ATM, opérateur des transports de Milan, débarque à Paris. Les trois entreprises « pressenties » au terme des appels d’offres seront soumises au vote lors du conseil d’administration du 10 avril.
Le lot attribué à RATPCap Ile-de-France concerne 19 lignes de bus et les centres opérationnels de Massy et Morangis. Ses bus desserviront les communes de Massy, Wissous, Chilly-Mazarin, Morangis, Paray-Vieille-Poste, Athis-Mons, Savigny-sur-Orge et Juvisy-sur-Orge.
Transdev opèrera les 19 lignes de bus des communes de Montreuil, Bobigny, Pantin, Les Lilas, Drancy, Bagnolet, Bondy, Noisy-le-Sec, Les Pavillons-sous-Bois ainsi que neuf arrondissements parisiens (IIIe, IVe, Ve, Xe, XIe, XIIe, XIIIe, XIXe, XXe). Il récupèrera aussi les deux centres opérationnels de Flandre et Pavillons.
ATM desservira le sud des Hauts-de-Seine et notamment les communes de Châtenay-Malabry, Châtillon, Clamart, Fontenay-aux-Roses, Issy-les-Moulineaux, Le Plessis-Robinson, Malakoff, Meudon et Vanves. Cela représente au total 18 lignes de bus, dont 5 lignes Noctilien, et un centre opérationnel bus de Fontenay.
Nouveau venu dans le paysage des transports français, Azienda Trasporti Milanesi (ATM) est l’opérateur des réseaux de métro, trams et bus de la commune de Milan, qui en est l’unique actionnaire. ATM est également présent à l’étranger, à Copenhague, où il opère l’ensemble du réseau de métro et à Salonique en Grèce.
Pour les nouveaux opérateurs, les mises en service seront échelonnées sur dix-huit mois, entre l’été 2025 et fin 2026.
Sud Rail a déposé, le 24 mars, un préavis de grève des contrôleurs pour la période allant du 17 avril au 2 juin, couvrant donc les congés de printemps et les ponts de mai. Cette menace, dévoilée par Le Parisien du 24 mars, est portée par le syndicat au nom du collectif national des contrôleurs (CNA), à l’origine du mouvement de grève massif qui avait perturbé le trafic lors des fêtes de fin d’année 2022.
Le collectif réclame une augmentation de la prime de travail de « 100 euros mensuels minimum ». Il estime que la direction n’a pas pris en compte plusieurs alarmes sociales et fait le choix du conflit plutôt que de répondre positivement à « des revendications claires et atteignables ». Le préavis a donc pour objectif de forcer la direction à revenir autour de la table, pour « un dialogue social sérieux ».
Les contrôleurs réclament aussi un « respect des horaires collectifs du travail ». Dans un communiqué, la fédération Sud Rail dénonce « la volonté de productivité grandissante » portée par la direction de SNCF Voyageurs et la dégradation des conditions de travail des contrôleurs et contrôleuses « au fil des semaines ». Elle met notamment en cause un nouveau logiciel qui entraine des modifications de planning imprévisibles à moins de 48 heures.
La direction de SNCF Voyageurs se dit « extrêmement attentive » à la situation. « Le dialogue est continu et nourri avec les représentants des organisations syndicales représentatives », affirme l’entreprise ferroviaire, « très sensible aux conditions d’exercice du métier » de contrôleur. Elle assure aussi avoir tenu tous les engagements pris ces dernières années.
Le collectif de contrôleurs est né d’une mobilisation spontanée d’agents sur les réseaux sociaux en 2022. Il a compté jusqu’à 3500 membres, ce qui représente la moitié des contrôleurs de la SNCF.
Cdiscount Voyages, jusqu’alors spécialiste des voyages en avion et en ferry (son activité historique), enrichit son catalogue : la filiale de Casino propose depuis le 24 mars des séjours et des trajets en train, ainsi que des trajets en bus et en covoiturage, grâce à un partenariat noué avec deux plateformes, Tictactrip et son voyagiste Verytrain. « Cdiscount Voyages négocie avec Tictactrip qui dispose d’un catalogue proposant du bus, du train et du covoiturage et avec Verytrain dont le catalogue propose des séjours hôtel + train. Il y a donc une offre de voyages en train dans les deux cas « , explique un porte-parole du distributeur.
« Cette stratégie répond à une double dynamique : la forte croissance du marché ferroviaire et l’engouement des voyageurs pour des solutions de transport plus responsables », souligne Cdiscount Voyages dans un communiqué, estimant que « la mobilité durable s’impose comme une priorité pour de nombreux voyageurs ».
Les voyageurs peuvent comparer et réserver leurs billets via un onglet « Train + Bus » sur le site cdiscount.com. La plateforme a choisi le moteur de recherche et de vente Tictactrip car c’est « l’application avec le plus grand catalogue de destinations et de transporteurs en France ».
Actuellement, 36 offres combinant voyages et séjours sont disponibles sur le site. Il devrait y en avoir 200 d’ici cet été.
Les trains de voyageurs transmanche assurés par Eurostar suscitent de longue date l’intérêt de nouveaux entrepreneurs mais leurs projets tardent à se réaliser. Après Evolyn, consortium dont les partenaires sont des industriels et fonds d’investissement français, britanniques ainsi que la famille espagnole Cosmen, qui promettait un service en 2026, et Virgin qui a annoncé récemment vouloir lever 800 millions d’euros pour concurrencer Eurostar, voici le nouveau venu Gemini Trains. Ses promoteurs ont annoncé le 24 mars vouloir lancer une compagnie ferroviaire pour exploiter des liaisons entre Londres et Paris d’une part, Londres et Bruxelles d’autre part. En espérant un démarrage pour la fin 2028.
L’équipe, présidée par Lord Tony Berkeley, un ingénieur ayant participé à la construction du Tunnel sous la Manche, « comprend des experts en commerce, finance, opérations, billetterie, et politique des transports, ainsi qu’une expertise de très haut niveau sur le marché ferroviaire français et européen », indique dans un communiqué la société Gemini qui est enregistrée en Grande-Bretagne.
« L’équipe travaille sur le projet depuis deux ans », explique Francis Nakache, ex-directeur général de Caf France, qui s’était reconverti dans le consulting et a rejoint l’aventure à l’été 2023 en tant que conseiller spécial. Des contacts ont été pris avec les régulateurs, les gestionnaires de gares et d’infrastructures, les gouvernements, les exploitants, tant côté français que britannique, souligne-t-il. Au Royaume-Uni, Gemini a déposé une demande auprès de l’Office of Rail and Road pour accéder au dépôt de maintenance international d’Eurostar à Temple Mills, qui est déjà fortement utilisé. C’est ce qui a incité les porteurs du projet à sortir du bois car cette requête peut être rendue publique.
La société Gemini envisage de lancer, dans un premier temps, entre trois et cinq fréquences sur la ligne Londres-Paris et sur Londres-Bruxelles. Avec « une approche novatrice en matière de vente et de billetterie » et des tarifs attractifs pour attirer une clientèle loisirs. Lesquels seront équilibrés avec une offre business. « Notre business plan a été challengé de façon très pointue », affirme encore Francis Nakache.
Reste à réaliser d’autres étapes essentielles, en particulier lever des fonds (le montant n’est pas dévoilé) et acheter des trains « de toute nouvelle génération ». Ce sera dans les prochains mois, affirme l’ex-dirigeant de Caf France.
Les taux de panne enregistrés par les RER NG sur la ligne E du RER sont tellement élevés que Transilien SNCF Voyageurs a demandé cette semaine à Alstom la suspension des livraisons…. en attendant que le constructeur trouve des solutions.
Les voyageurs pensaient profiter de trains confortables et fiables grâce à l’arrivée progressive, depuis novembre 2023, d’un nouveau matériel, les RER NG (Nouvelle génération) sur la ligne E du RER. La réalité est toute autre : les retards et suppressions de trains se sont multipliés depuis la mise en service complète, en décembre dernier, de la ligne prolongée de Haussmann-Saint-Lazare jusqu’à Nanterre. Sur le tronçon Magenta-Nanterre, la ponctualité était de 89 % en janvier alors qu’elle était attendue à 93 % dans le contrat signé avec Ile-de-France Mobilités.
Tous les acteurs impliqués dans la gestion de la ligne ont une part de responsabilité dans les dysfonctionnements. Mais si la situation s’améliore depuis quelques semaines sur le RER E, c’est avant tout grâce au rodage de la ligne et à des mesures correctrices prises au fur et à mesure, affirme-t-on côté SNCF. En revanche, le taux de panne des nouveaux trains livrés par Alstom reste très important. Il est «deux fois supérieur à ce qui était attendu, et quatre fois supérieur à celui des anciennes rames MI2N (que le RER NG est censé remplacer sur la ligne, ndlr) », détaillait le 12 mars Tarik Khalidi, directeur de l’exploitation et de l’information voyageurs cité par Le Parisien. « Les non-qualités de fabrication constatées sur les rames nouvellement livrées ont un impact trop important sur la qualité du service rendu aux voyageurs de la ligne E du RER », précise de son côté Transilien.
Conséquence, Transilien a décidé cette semaine de demander à Alstom l’arrêt des livraisons des RER NG, nous indique la SNCF confirmant une information de Mobilettre. Selon nos informations, la suspension est prévue jusqu’en septembre mais pourrait être plus limitée si Alstom parvient à redresser la barre.
Transilien, qui agitait depuis plusieurs semaines cette menace face à Alstom, a anticipé la situation en gardant les trains actuels vieillissants. Mais cette solution a des limites : comme ce matériel devait être radié, la maintenance a été réduite au minimum, ce qui accroit le risque de panne pour ces trains aussi…
Alstom affirme travailler « en étroite collaboration avec SNCF pour poursuivre le plan d’actions qui a été défini conjointement, résoudre les défaillances dans les meilleurs délais ». Et rappelle que « le RER NG est un matériel nouveau et innovant. Aussi comme tout processus d’innovation et tout matériel roulant nouvellement mis en service, il doit passer par une phase de fiabilisation en exploitation, afin de corriger les éventuelles anomalies ou « défauts de jeunesse ». Le constructeur pointe d’autres causes, en particulier un problème de graisse en excès, conduisant à une insuffisante adhérence des roues sur le rail, ce qui entraîne le patinage des trains et un risque d’arrêt en pleine voie. « Dans le cas du RER E, la problématique a été accentuée du fait de la non-miscibilité de la graisse employée sur le RER NG et celle des anciens matériels MI2N », souligne Alstom dans un communiqué.
Valérie Pécresse demande un plan d’action
Réagissant aux dysfonctionnements enregistrés sur Eole, Valérie Pécresse a envoyé le 3 mars une lettre à Alain Ribat, le directeur de SNCF Voyageurs Transilien. Dans cette lettre que nous avons pu lire, la présidente d’Ile-de-France Mobilités pointait en particulier la présence de graisses non-miscibles entre les rames Ml2N et les nouvelles rames RER NG pouvant perturber l’adhérence des roues sur le rail et nécessiter une interruption pour nettoyer les rails.
L’élue, également présidente de la région, a demandé à la SNCF un plan d’action sous deux semaine, en lien avec Alstom et SNCF Réseau pour résoudre les problèmes et revenir à un haut niveau de ponctualité. La ponctualité de la ligne est descendue sous les 90 % pour les mois d’octobre et de décembre 2024, alors qu’elle était depuis plusieurs années à des niveaux bien supérieurs, rappelle-t-elle également.
130 rames RER NG attendues à terme par Transilien
Transilien SNCF Voyageurs dispose de 36 RER NG, dont 26 RER circulent quotidiennement sur Eole.
A terme, 130 rames RER NG sont attendues par le transporteur.La commande s’élève pour le RER E à 2,8 Md€, réalisée par SNCF Transilien pour le compte d’Île-de-France.Plus de 600 000 voyageurs empruntent chaque jour la ligne E.
Rail Baltica, le projet de liaison ferroviaire traversant les pays baltes (Lettonie, Lituanie et Estonie) pour les relier au réseau de transport européen avance. Bouygues TP et NGE ont gagné le contrat de conception et réalisation du tronçon principal en Estonie, en partenariat avec des entreprises estonienne, finlandaises et suédoises (GRK Eesti AS, GRK Finland Ltd, AS Merko Ehitus Eesti, Sweco Finland Oy et Sweco Sverige AB). Le montant du contrat gagné par les deux groupes français s’élève à 394 millions d’euros (60 % pour Bouygues et 40 % pour le groupement NGE) et jusqu’à 540 M€ avec les options (fourniture de traverses, de rail d’attaches).
La Deutsche Bahn a versé près de 200 millions d’euros d’indemnités en 2024 en raison des retards de ses trains, un nouveau record. Le nombre de demandes a atteint 6,9 millions contre 5,6 l’année précédente.
La compagnie ferroviaire allemande paie une indemnité à partir d’une heure de retard. L’application « Navigator » offre un dédommagement facile et rapide.
Dans plus de 80% des cas, les retards s’expliquent par la vétusté des infrastructures et d’un réseau surchargé. Plus d’un tiers des ICE (37,5%) ont ainsi accusé un retard en 2024 (comptabilisé comme tel à partir de 6 minutes).
Le programme de rénovations forcées du réseau (avec 41 corridors entièrement reconstruits) doit améliorer la ponctualité des trains d’ici 2027. « Nous visons d’ici-là une amélioration de 80% », a déclaré un porte-parole de la DB.
Alstom a annoncé le 19 mars avoir signé avec Le Havre Seine Métropole un accord cadre de quatre ans pour la fourniture de rames Citadis nouvelle génération, destinées à l’extension du réseau de tramway de l’agglomération. Le contrat comprend une commande minimale de huit tramways. Les premières livraisons auront lieu en 2027, en vue de la mise en service de la nouvelle ligne C.
D’une longueur de 33 mètres sur 2,40 m de large, les rames offriront une capacité de 206 passagers. Elles sont équipées de portes entièrement vitrées accessibles de plain-pied, et dotés de zones réservées aux usagers en fauteuil roulant et aux poussettes.
« Les nouveaux tramways Citadis ont été en outre conçus pour réduire de 16 % les opérations de maintenance préventive sur leurs 30 années de service commercial », assure le constructeur dans un communiqué. De plus, « ils permettent de réduire la consommation d’énergie de 25 % par rapport au matériel actuel, grâce à une nouvelle motorisation, une gestion efficace du confort climatique et des éclairages 100 % LED ». Enfin, ils sont « éco-conçus, recyclables à 95 % et revalorisables à 98 %. »
Par ailleurs, le constructeur ferroviaire français va livrer, à partir de 2026, 27 rames Citadis de nouvelle génération à la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS). Cette commande supplémentaire s’inscrit dans l’accord-cadre de huit ans, signé en avril 2023 entre l’Eurométropole et Alstom, pour un montant maximum de 250 millions d’euros. Un premier lot de 12 rames avait été commandé en 2023 et sera progressivement livré à partir du printemps 2025.
Les nouvelles rames vont progressivement remplacer la flotte des Eurotrams arrivant en fin de vie. Du fait de leur vocation transfrontalière, elles seront homologuées pour circuler en Allemagne.
Profitant de la rénovation de la grande halle voyageurs de la gare d’Angoulême (Charente), Gares & Connexions a souhaité expérimenter la solarisation de la verrière, « une première nationale » selon Éliane Barbosa, directrice exécutive des gares régionales et parisiennes SNCF.
Au total, 840 modules photovoltaïques seront déployés sur des lanterneaux de la verrière pour une puissance totale de 327,6 kWc. La production permettra de couvrir environ 40 % des besoins en électricité de la gare. La livraison de ce chantier d’un montant global 17,4 millions d’euros est prévue pour la fin mars 2026.